Vivre en couple, mais chacun chez soi
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(compte clôturé)
le mardi 13 avril 2010 à 14h10
Selon l'Institut national d'études démographiques, 3,8 millions de Français partagent leur vie... à distance
Ils sont appelés VCCS (couple " vivant chacun chez soi ") par les Québécois, LAT (living apart together) (" vivre ensemble séparément "), par les Anglo-Saxons. En France, l'Institut national d'études démographiques (INED) a choisi de les baptiser CNC, pour " couple non cohabitant ".
Ce sont autant de sigles qui résument une seule et même forme de conjugalité, moins marginale qu'elle n'y paraît. Car si Jacques Dutronc et Françoise Hardy avaient étonné dans les années 1970 en adoptant le mode de vie " ensemble mais pas sous le même toit ", le célèbre couple a depuis fait des émules.
Dans son rapport, " Portrait de familles ", publié le 15 janvier, -l'INED affirme que près de 8 % des 18 ans à 79 ans, soit 3,8 millions de Français, vivent en couple, mais à distance. Une situation qui, selon les auteurs de l'étude, demeure avant tout subie.
Environ 60 % des couples non cohabitants seraient ainsi éloignés de leur moitié sans qu'ils l'aient choisi, le plus souvent à cause de contraintes professionnelles. " Franchement, je ne vois aucun avantage à cette situation ! ", explique Rozenn Dromiou. En septembre 2009, cette institutrice lilloise avait été mutée à Rennes, laissant, à regret, son conjoint et ses enfants dans le nord de la France. " C'est compliqué financièrement avec deux loyers à payer et mes allers-retours entre les deux villes. C'est aussi difficile à gérer avec mes enfants et mon conjoint, puisque nous sommes trop peu de temps ensemble, explique-t-elle. Mais ça doit être une période de transition avant que mon conjoint soit, lui aussi, muté en Bretagne. "
Même passagère, cette période de non-cohabitation peut s'avérer périlleuse. Après vingt-sept ans de vie commune, Colette Podevin et son conjoint avaient décidé, en 2002, de vivre sous des toits différents. L'aventure a duré sept ans et s'est achevée fin 2009. " On avait tous les deux besoin d'indépendance, de ne plus empiéter sur le territoire de l'autre. En ayant chacun un appartement dans des villes différentes, il y avait moins de contrainte dans notre vie de couple. Mais cette situation ne doit pas trop durer... Soit le couple reprend une vie commune, soit la relation se termine ", affirme-t-elle.
La " vie à deux " et en toute indépendance de domicile pourrait donc, dans certains cas, être un remède aux couples en crise ? Ce point de vue est partagé par Bernard Geberowicz, psychiatre et thérapeute familial : " Choisir de ne plus partager son logement, c'est un moyen de se séparer sans se séparer, d'éviter la gestion et l'érosion du quotidien, quitte à aller vers l'illusion. Mais c'est une situation qui est rarement viable à long terme pour des couples qui ont déjà vécu ensemble. Cela peut davantage l'être pour des jeunes ou des unions de deux divorcés qui décident à la base de vivre avec cette indépendance. "
C'est d'ailleurs dans ces deux dernières catégories de couples que le pourcentage de non-cohabitants est le plus élevé. Près de 28 % des 18 ans à 25 ans ont ainsi adopté cette forme de conjugalité plurielle qui leur permet de réaliser une transition confortable entre le cocon familial et la vie d'adulte. Mais la catégorie ayant connu l'évolution la plus sensible est celle des personnes divorcées qui, pour 17 % d'entre elles, ont choisi de ne plus faire domicile commun dans le cas d'une nouvelle relation de couple.
Si la présence d'enfants, dont on veut protéger la stabilité, peut être un facteur justifiant que l'on s'oppose à ce choix, les privilèges de l'indépendance sont, d'un autre côté, primordiaux. " C'est difficile d'avoir un nouveau domicile commun après avoir repris une vie de célibataire ", avoue Madeleine. Cette femme divorcée, qui requiert l'anonymat, s'est remise en couple depuis vingt ans, mais sans adresse commune. " A l'origine de ce choix, il y a peut-être aussi une peur de l'échec. On ne veut pas répéter les mêmes erreurs. Mais au bout du compte, même s'il est difficile de laisser autant de liberté à son partenaire, on a les avantages du couple sans les inconvénients. On vit chacun de son côté tout en sachant qu'on peut compter sur l'autre ", estime Madeleine qui, comme son conjoint, vit en Seine-et-Marne.
Pour autant, le modèle conjugal du futur ne se situe pas forcément sous des toits distincts. Catherine Villeneuve-Gokalp, sociodémographe à l'INED, avait été, en 1985, la première experte à étudier ce mode de vie en couple lors d'une enquête qui avait abouti à des résultats sensiblement similaires : " Je ne crois pas que le phénomène va s'accroître. Avoir deux logements coûte trop cher aujourd'hui, explique-t-elle. Et il est rare de voir des couples qui veulent avoir un enfant ne pas souhaiter vivre ensemble. "
Yann Sternis
" Portrait de familles ",
sous la direction d'Arnaud Régnier-Loilier (INED, 2010, 555 p. 29 ¤).
J'ai pensé que cet article pouvait être éventuellement un point de départ pour parler du polyamour et de l'habitat. Notamment pour ceux qui vivent des relations à niveaux (primaire, secondaire etc.), comme pour ceux qui trouvent que le polyamour s'accomode mieux d'un habitat séparé, ou encore ceux qui pense que vivre à 3 ou plus est possible.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Siestacorta
le mardi 13 avril 2010 à 14h40
Ben c'est déjà bien que ce soit envisagé, ça... Juste pour dire "c'est pas un scandale, pas une monstruosité".
Une distinction abordée par l'article est la vie chacun chez soi comme "moment du couple" et celle comme projet de vie.
C'est ça que je trouve intéressant, innovant.
J'ai eu toujours les oreilles qui s'aplatissaient façon chat contrarié, quand j'entendais "ce mec veut pas qu'on s'installe ensemble, il veut pas qu'on ait de projet".
Je fais toujours la différence...
Message modifié par son auteur il y a 5 ans.
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Nounours
le mardi 13 avril 2010 à 15h51
Sujet intéressant et qui par certains pts me sont proches (Les 3 premiers mots de mon profil: liberté, autonomie et polyamour)
Pas le temps de développer! :-(
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Tchu
le mardi 13 avril 2010 à 20h20
Je n'ai pas attendu de me révéler polyamoureuse pour comprendre que vivre seule tout en étant en couple me convenait mieux que la cohabitation amoureuse.
Je suis quelqu'un d'un peu territorial. J'ai besoin de mon cocon. Partager mon espace de vie avec quelqu'un a toujours été difficile. D'ailleurs j'ai toujours eus la chance, chez mes parents, d'avoir une chambre spacieuse, où l'on n'entrait pas sans frapper. De l'intimité, quoi.
J'ai habité avec un amoureux pendant 5 ans. Lorsqu'on a emménagé ensemble, ce n'était pas vraiment par choix, mais par nécessite : emplois du temps difficiles à concilier pour se voir aussi souvent que nous en avions besoin, volonté de disposer de plus d'espace pour moins cher.
Avec du recul, c'était moins le quotidien qui me pesait (parce que le quotidien, ça se change, ça se bouleverse, ça se transforme), mais le fait de, souvent, me sentir mal à l'aise dans ma propre maison. Très vite, moins d'un an après notre emménagement, je me suis sentie soulagée lorsque j'étais seule à la maison.
C'est probablement lié à notre histoire de couple personnelle, bien sûr. Nous étions des solitaires patentés, et moi, j'ai affirmé au fil du temps ma volonté d'indépendance.
Ça fait trois ans que je vis seule. Au début, j'assumais mal cette indépendance pourtant choisie, et je considérais cette situation comme temporaire "en attendant de me caser" (huhu :D)
Un ex pour qui j'avais des sentiments m'avait proposé d'emménager avec lui, j'ai hésité, et finalement, j'ai refusé. Il a rompu avec moi en partie pour cette raison, mais je ne lui en veux plus.
Parce qu'en fait, j'adore ça. Présentement je suis à la maison, peinarde, avec un masque qui pue sur la figure, et je n'ai aucune intention de cuisiner ce soir, parce que j'ai une flemme monumentale.
Faire ça tout en habitant en couple demande des compromis que je ne veux plus faire, parce que j'ai la ferme impression que c'est sacrifier trop de libertés acquises pour quelque chose qui, étant donné mon caractère, risque de mal tourner.
Ca ne signifie pas que je ne m'engage pas avec les personnes que j'aime. Je m'engage autrement et tout aussi durablement.
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Tchu
le mercredi 14 avril 2010 à 09h38
Non merci, sans façon. Le coté communautaire me rebute complètement.
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Drya
le mercredi 14 avril 2010 à 09h43
Hum, j'aime tellement la vie avec mon amoureux que je pourrais difficilement me passer de ce plaisir tant que je suis en couple. C'est plein de petites choses partagées. Même si avoir au moins une chambre où on peut s'isoler est absolument nécessaire! Sentir 24/24h la présence de quelqu'un dans la même pièce, c'est vraiment insupportable à la longue.
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(compte clôturé)
le mercredi 14 avril 2010 à 10h43
Comme Tchu, toupareil pour moi. Le nec plus ultra étant de n'être pas trop loin quand même, pour des raisons logistiques... je garde en mémoire le couple Oury-Morgan, qui habitait des appartements mitoyens, avec porte double pratiquée entre les deux. Quand les deux battants étaient ouverts, l'un comme l'autre était le bienvenu à passer le seuil...
En même temps la proximité demande aussi de réfléchir à la possibilité de se laisser aller à contrôler les allées et venues du partenaire.
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Junon
le mercredi 14 avril 2010 à 15h24
Mon idéal n'est pas du tout communautaire. Mais ma foi, vivre à 3 dans un très très grand espace (voyez les loups? ben nous on est pareils en termes de territoire)...
Pas sur le même palier, par contre. Deux amis:amants maudits se sont lancés là-dedans...psychodrame de couloirs si jalousie incontrôlable assurés!
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LuLutine
le jeudi 15 avril 2010 à 15h51
Drya
Sentir 24/24h la présence de quelqu'un dans la même pièce, c'est vraiment insupportable à la longue.
Vécu 2 ans avec un amoureux dans un studio.
C'est lui qui avait choisi studio plutôt que 2 pièces (il y avait des deux pièces de la même taille).
Au bout d'un an, c'est lui qui a pété un plomb (bon on en a pété chacun deux ou trois petits avant ;) ) et qui ne voulait plus me voir.
(Bon au bout de 15 jours il ne pouvait pas non plus vivre sans moi.)
C'est plus agréable de se voir depuis qu'on n'habite plus ensemble.
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MelleChat
le jeudi 15 avril 2010 à 16h13
Présentement, je vis "à deux" dans un grand espace. Et c'est la seule condition qui fait que j'y arrive. Enfant unique, petite fille solitaire, femme "adulte" (enfin, parfois j'essaye) sauvage, j'ai besoin de mon espace.
Ici, j'ai un étage privatisable, rien que pour moi et un Mr Chat qui comprend très bien les messages subliminaux (ou beaucoup moins subliminaux :)).
A deux dans un studio, je finis en taule pour meurtre... :)
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Junon
le jeudi 15 avril 2010 à 16h20
Je suis comme toi MelleChat, c'était la condition sine qua non d'une installation à 2: au moins 4 pièces pour limiter la casse...
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LuLutine
le jeudi 15 avril 2010 à 19h50
MelleChat
Enfant unique, petite fille solitaire, femme "adulte" (enfin, parfois j'essaye) sauvage, j'ai besoin de mon espace.
Le pire c'est que je ne suis pas enfant unique mais mon amoureux oui !
Enfin, c'est peut-être justement ce qui a fait que moi je cherchais plutôt un deux pièces (consciente de ce que c'est de vivre avec quelqu'un d'autre) alors que lui a choisi sans trop hésiter un studio...
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(compte clôturé)
le jeudi 15 avril 2010 à 20h08
Mézigues, je fais clairement la relation entre mon besoin viscéral de solitude, mon quant-à-moi et les 50 cm autour de mon lit qui étaient mon seul territoire perso jusqu'à mes 17 ans. Ca vaccine.
Je suis chez moi, personne n'a le droit de venir me fairche en s'invitant. J'ai horreur des visites-surprises, mais non pas des impromptus qui me laissent la demi-heure pour me préparer - me baladant en tenue d'Eve la plupart du temps, c'est pas cool de recevoir les gens en peignoir et chignon croulant avec un crayon planté dedans.
Je ressens vite l'envahissement, et je rentre chez moi pour pouvoir recharger mes batteries. Habiter sous le même toit, gloups. Faudrait que j'aie une bonne discussion avec le quelqu'un qui serait tenté par la vie à deux, que je lui explique que j'ai pas réglé ça, et que j'ai trouille de devenir aigre, parce que ça me ressouvient de quand on se battait avec ma sœur.
Quand elle est partie de la maison deux ans avant moi, j'ai eu l'impression d'avoir gagné à l'Euro-Million, comme ce mec qu'on voit dans sa piscine devant sa villa, flottant dans un fauteuil-bouée et sirotant son coquetèle: "Je m'suis dit :Y'a une justice, quand même!"
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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(compte clôturé)
le vendredi 16 avril 2010 à 00h34
Moi, j'espère que je serai Tchu quand je serais grande. (+)
(ben oui faut faire les transformations par étapes, trop difficile sinon !)
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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(compte clôturé)
le vendredi 16 avril 2010 à 07h35
Ben moi j'aurais bien aimé être un mélange de Tentacara, Junon, Lam et Tchû, quand que j'étais p'tite.
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aime_mi_trente
le mercredi 26 mai 2010 à 10h51
A l'opposé du "chacun chez soi", il y a l'habitat communautaire. Avec des appartements privés mais des parties collectives qui servent à se retrouver, ou à gérer des aspects pratiques de manière plus intelligente ou plus conviviale : lessive, repas, détente...
Je n'ai jamais rencontré de gens qui m'ont dit être, ne serait-ce qu'un peu, attirés par un style de vie "communautaire".
Pourtant je garde un souvenir nostalgique de ma vie en campus, où beaucoup d'entre nous avions développé un style de vie convivial, avec beaucoup de partage. Les voisins étaient choisis, et nous avions une alternance de moments privés ou partagés.
J'ai connu un groupe de familles de post-soixante-huitards qui ont fait construire un logement pour vivre ce type de vie. Ca s'est plutôt bien passé, mais leurs enfants n'ont pas souhaité prolonger l'expérience.
Je trouve ça dommage, et un peu à l'image des difficultés qu'éprouvent certains à comprendre le PA. Le cliché est trop souvent que l'existence d'un groupe ou d'un collectif nuit à l'individu, à l'intimité. Je crois au contraire que quand on est bien dans sa peau, bien dans sa vie, on n'a pas peur des autres, et on sait gérer sans se poser de questions l'alternance des moments à soi et des moments partagés. Et que c'est cool de ne pas avoir à traverser Paris pour passer 10 minutes avec des amis.
Une version simplifiée consisterait à avoir ses amis comme voisins. Devenir ami avec ses voisins, pourquoi pas avec un peu de chance, mais faut pas rêver : on est tous un peu sélectifs, non ?
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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LuLutine
le mercredi 26 mai 2010 à 22h01
aime_mi_trente
Je n'ai jamais rencontré de gens qui m'ont dit être, ne serait-ce qu'un peu, attirés par un style de vie "communautaire".
Va voir Eric_48 ;)
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ERIC_48
le mercredi 26 mai 2010 à 22h31
Je suis justement en train de lire, et moi j'avais le même problème (rencontrer des gens qui m'ont dit être attirés par un style de vie "communautaire")
Disons presque.
Parce que j'en ai rencontré quand-même, mais pas en france, ou pas poly, ou pas très décidé, etc.
Je continue de lire, et je reviens