Jalouse moi aussi... poly de tête et mono de coeur ?
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Jasmine
le lundi 13 mai 2013 à 11h25
Bonjour à tous,
J’atterris ici, comme bien d’autres avant moi, dans un sentiment de totale confusion.
Je vis avec C. depuis 12 ans et nous avons un enfant de bientôt deux ans. Après cette naissance difficile dont je vous épargne les détails, j’ai passé deux années très éprouvantes (dépression, difficulté à me sentir mère et femme) et commençais à entrevoir une éclaircie (envie de reprendre en main mon corps, de travailler sur ma perte de libido, j’avais commencé à étoffer ma collection de sex toys ;-) et à essayer de me faire belle pour m’aimer à nouveau/le laisser m’aimer). Mais j’ai senti qu’il avait une relation amoureuse car il a été très maladroit pour la masquer, comme si inconsciemment il désirait que je l’apprenne (il s’est par exemple subitement mis à cacher son téléphone et à l’emporter partout, même pour changer une couche ;-) et il n’évoquait plus du tout cette femme avec qui il travaille quasi quotidiennement). Je l’ai donc interrogé et il a rapidement admis qu’il vivait quelque chose (de pas bien défini, c’est le début) avec elle.
Nous avions déjà évoqué l’éventualité de voir/faire l’amour avec d’autres, et comme il se déplace régulièrement pour son travail qui est très dur physiquement et intellectuellement (il est indépendant donc a beaucoup de responsabilités), j’admettais qu’il ait besoin de « décompresser » et je l’imaginais sans mal passer la nuit avec des rencontres ponctuelles. Mais je devais pressentir que je ne le supporterais pas, car je lui avais demandé de me « préserver », de me « protéger » de ces histoires en faisant en sorte que je n’apprenne rien. Mais je crois que, même si j’ai toujours admis qu’on pouvait aimer plusieurs personnes en même temps, je n’avais jamais osé imaginer que lui puisse tomber amoureux. Alors quand j’ai compris qu’il était amoureux, qu’il était réellement dans cette phase durant laquelle on a sans cesse l’autre à l’esprit, on le désire constamment, on lui dit des mots d’amour, on en est « dingue », je me suis littéralement effondrée, et je n’ai pas compris pourquoi.
Lui imaginait qu’il pouvait vivre ces deux histoires en parallèle sans que cela ait une quelconque répercussion sur notre vie à nous, notre famille ; mais je pense que même si je n’avais pas été au courant, l’homme de ma vie est amoureux, et il est changé à jamais par ce fait. Impossible de cloisonner, c’est illusoire et un peu puéril de le croire, à mon sens. Même sans connaître l’existence de cette femme, j’aurais vécu avec un homme différent. Et puis il avait déjà commencé à faire des choix qui ont des conséquences sur nous : il a très peu de temps à consacrer à sa famille car très pris par son travail, ce dont je lui ai toujours été reconnaissante car il le fait pour nous. Mais, et je le comprends, il a un énorme besoin de passer du temps avec elle et avait prévu de passer le week-end avec elle lorsque je l’ai « démasqué » ; il a réussi à dégager du temps pour elle alors que son fils et moi passons notre vie à l’attendre (et quand il est à la maison il est épuisé). Il a, la semaine dernière, réussi à dégager une journée entière pour la retrouver, alors qu’il se plaint constamment d’être débordé…
Ils ne savent pas du tout où ils vont ; cette femme, appelons-la S., est mariée (couple traditionnel exclusif avec méchant adultère toussa toussa) et d’un point de vue professionnel, sa liaison avec C. pourrit être interprétée comme une faute et la rendre publique serait très dommageable pour elle (milieu d’hommes dans lequel il est déjà difficile de s’imposer comme femme à responsabilités). Il est donc impensable, de son côté, d’assumer cette liaison… jusqu’à quand ?
Lorsqu’il a constaté à quel point j’étais dévastée, C. a émis l’hypothèse de rompre avec S. ; mais je ne peux endosser la responsabilité de le priver de ce qui est bon, de ce qui lui fait du bien et l’épanouit. Je n’ai pas à intervenir dans sa vie privée, et ce n’est pas parce que je leur « imposerais » de ne plus coucher ensemble qu’ils cesseront de s’aimer (d’ailleurs ils travailleront toujours étroitement ensemble, et serait donc une torture pour eux et moi, j’aurais toujours le doute). Et je suis sûre que cela nourrirait du ressentiment chez lui, et qu’il me reprocherait tôt ou tard d’être un obstacle à son bonheur. Je lui ai donc demandé de ne pas la quitter, car je ne veux pas, en plus de subir cette situation, être coupable de quoi que ce soit.
J’ai donc essayé de réfléchir à une façon de vivre cette situation intelligemment. Je l’aime et je souhaite son bonheur, donc défaut de me réjouir pour eux, je devrais être capable d’être un minimum bienveillante. J’avais déjà lu auparavant à propos du polyamour, j’ai lu Françoise Simpère. Quand mon cerveau est en état de marche, j’entrevois une possibilité de vivre cela avec un peu de sérénité. Mais quand mon cerveau est sur off et que mes tripes prennent le dessus, je suis une petite fille terrorisée et terrassée par la douleur. Je l’imagine lui dire les mots qu’il ne me dit plus, je l’imagine emporté par la fébrilité, enivré par le désir et la tendresse qu’il a pour elle, et j’ai le sentiment de ne plus exister pour lui, d’être occultée. Mais, même si intellectuellement le polyamour me semble somme toute naturel, que je sais que ce qu’il lui donne, il ne me le prend pas à moi, je me rends compte que j’ai toujours été mono et exclusive. Je ne me suis jamais autorisée à m’imaginer avec un autre homme, et je crois qu’inconsciemment j’espérais qu’il en soit de même de son côté. Mais à présent il est évident qu’il n’a aucun mal à vivre et se faire du bien sans moi, alors que moi je ne me sens exister qu’à travers lui. Me serais-je oubliée en route ? A quel point suis-je dépendante de lui ?
J’ai une très faible estime de moi, j’ai toujours eu le vague sentiment que je vivais le syndrome Jean-Claude Duss ,-) : il m’avait choisie sur un malentendu et je ne manquerais pas de le décevoir un jour, il s’apercevrait tôt ou tard que je ne suis pas à la hauteur. Je ne m’aime pas et ai du mal à admettre qu’il m’aime, bien qu’il me le répète sans cesse. J’ai du mal à comprendre ma jalousie, ai-je tellement peur d’être abandonnée ? Est-ce que je considère que seul son regard sur moi m’autorise à exister ? Est-ce que je me sens privée d’existence lorsque je sais que sa tête et son cœur sont « mobilisés » par S. ?
Bref, je suis totalement perdue et certainement très confuse ; j’aimerais essayer de surmonter cette jalousie qui est mon problème et pas le sien, mais souvent je crains de ne pas avoir la force (comme je vous l’ai dit, j’ai deux ans de dépression derrière moi et j’étais déjà « à terre » lorsque la bombe a explosé) et je sens que j’ai très peu de ressources à consacrer à ce « combat » contre moi-même.
Je n’arrive pas non plus à identifier cette impression d’être humiliée, d’être celle qui s’occupe de la maison et de l’enfant, qui est toujours disponible, derrière la porte quand il rentre (par exemple je savais qu’il revenait d’une journée avec elle, et je l’ai appelé – j’ai attendu qu’il soit dans le train pour ne pas les déranger- pour que le repas soit prêt à son retour… incorrigible bobonne !), tandis que lui dispose de son temps et de ses femmes. En plus, j’ai le vague sentiment de me « sacrifier », de m’impliquer seule dans cette « ouverture » du couple pour les protéger, et la clandestinité de leur relation me pèse beaucoup. Serait-ce moi la plus avancée dans cette démarche vers le polyamour, ne veulent-ils pas rester dans ce schéma de l’adultère « bourgeois » tandis que je me démène au risque de me brûler les ailes ?
Avez-vous déjà vécu quelque chose de similaire ? Cette foutue douleur, immense, étouffante, qui me colle les pires idées noires dans la tête, finit-elle par s’estomper ? Quand commence-t-on à respirer à nouveau ?
Désolée pour cette tartine certainement indigeste, et merci à l’avance pour vos réponses. J’ai indiqué l’adresse de ce site à C., il est donc susceptible de nous lire ;-)
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tsampa
le lundi 13 mai 2013 à 13h32
Bonjour Jasmine,
Merci pour ta description claire et détaillée de ce qui t'arrive. Je n'ai pas l'expérience ou le recul pour te donner des conseils hyper pertinents, mais je vois deux choses à considérer :
- cette phase de passion que C. a pour S. dure un certain temps, quelques mois, d'autant plus qu'ils se voient tous les jours. C'est très variable selon les personnes et les situations, mais ça ne sera pas éternel, ça c'est sûr. C'est pour toi un moment plus difficile à passer.
- il me semble tout à fait légitime de demander à C. qu'il t'aide plus sur les tâches quotidiennes, ou du moins qu'il se débrouille pour ne pas empiéter là-dessus à cause du temps qu'il se ménage pour S. Il n'y a pas de raisons que ce soit toi qui supporte l'effort matériel de cette nouvelle relation. Tu sembles l'accepter, au moins intellectuellement, et c'est une piste pour vivre la situation de manière plus apaisée, honnête et claire entre vous deux, avec pourquoi pas une vision à moyen terme, mais je pense qu'il doit lui aussi faire des efforts pour en arriver là.
Voilà, ce n'est que ma modeste contribution, mais je suis sûr que tu auras des réponses intéressantes sur ce forum. Courage !
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Jasmine
le lundi 13 mai 2013 à 14h13
Merci pour ta réponse Tsampa.
Je suis peut-être impatiente de parvenir à une phase de "stabilisation" alors que je suis en pleine tempête. Ils ne savent eux-même pas où ils en sont (ils ne se voient pas tous les jours mais sont en contact mail SMS Tél... Et se voient pour le boulot quand C. est en déplacement - et depuis récemment il fait le déplacement juste pour elle, elle est Parisienne et nous sommes en province). Comme leurs rencontres sont limitées, ils patientent comme ils peuvent et je les imagine "tout fous" en attendant la prochaine rencontre, et l'idée qu'il pense tout le temps à elle quand il est avec moi, qu'il guette la moindre occasion pour l'appeler ou lui envoyer un message, comme le "vulgaire" mari volage des pièce de théâtre de boulevard, ça me blesse beaucoup. Je dis "l'idée" parce que je ne sais pas s'il le fait en réalité et non, mon chéri si tu me lis, je ne fouille pas dans ton téléphone, j'ai peur que ça ne fasse que m'enfoncer. Mais je crains que cette situation ne fasse qu'attiser la passion des amours débutantes (je suis sûre que Roméo n'a jamais été plus fou de Juliette que quand il était sous son balcon).
Mais il faut que je patiente et leur laisse le temps d'évoluer, bien que ça m'angoisse de ne pas savoir où on va tous les trois (encore pour toi mon chéri, oui, je suis embarquée dans le bateau, même si tu le vis comme une intrusion dans ta vie privée).
D'autre part il m'est difficile de demander à C. d'intervenir davantage dans les tâches quotidiennes, tout simplement parce qu'il se tue au boulot pour nous, et que c'est grâce à ça que j'ai pu prendre un congé parental, créer mon entreprise freelance pour pouvoir travailler à la maison tout en m'occupant de notre fils (je ne gagne pas ma vie et suis dépendante financièrement de lui, et en plus je suis débordée et m'occupe mal de la maison). Je crois que de me sentir redevable de m'aide pas à "me défendre", même si personne ne m'attaque ;-) j'ai peur de me complaire dans un rôle de "sacrifiée", car je ne veux pas me sacrifier mais investir pour nous, en baver maintenant pour que nous accédions tous, à terme, à un mode de vie plus épanouissant, et non pas morfler indéfiniment en attendant que le mari découvre le pot au roses et fasse un massacre... Et quatre malheureux. Mais j'ai le curieux sentiment d'être la plus engagée dans cette démarche, alors que je n'ai rien demandé et que je subis la situation. Si lui ne se voit pas comme poly, mais juste bigame clandestin, je pense que je m'échine pour rien.
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Eve-Lyne
le lundi 13 mai 2013 à 14h31
Je vais prendre un peu de temps pour te répondre car je crois que je comprends très bien ta situation.
Je suis maman de 2 enfants de 1 an 1/2 et 3 ans 1/2. Je suis à la maison avec eux et mon compagnon est professionnellement très très occupé. Lui a eu plusieurs amoureuses à coté, et maintenant une en particulier dont il est très très amoureux. Nous vivons le polyamour depuis plusieurs années déjà, et je suis 100 % favorable au concept... dans ma tête, comme tu le dis si bien, mais pas encore tout à fait dans mon coeur.
Notre situation est un peu différente parce que nous vivons le polyamour depuis plus longtemps, et à priori de façon plus sereine et plus poussée aussi puisque je connais très bien son autre compagne et l'apprécie beaucoup.
Mais comme toi j'ai des problèmes personnels qui me pourrissent littéralement la vie et on se ressemble beaucoup: faible estime de soi, manque de confiance, dépendance affective, peur de l'abandon. Ma jalousie, au contraire de toi, je ne l'ai mise à jour qu'après 2 ans de thérapie, tellement elle était bien refoulée, et maintenant j'en souffre, oui. Enfin, je souffrais avant, mais je ne savais pas mettre des mots dessus plutôt. Je m'étais souvent dit qu'il était vraiment anormal pour quelqu'un qui avait été en telle carence affective comme j'ai pu l'être de ne pas être jalouse du tout. Et bien c'est chose faite.
Comme tu as pu le noter, je suis dans une démarche de développement personnel et j'ai entamé une thérapie il y a 2 ans 1/2. Donc maintenant je peux dire que je me connais bien, que je sais comment je fonctionne et pourquoi je souffre, même si ça ne résout pas tout à fait le problème.
Donc, au vu de mon histoire, qui a l'air de ressembler à la tienne, voilà ce que je pourrais te dire:
- Ce n'est pas un problème avec le polyamour que tu as, mais un problème dans ton couple, ou plutôt un problème avec toi même, une incapacité à t'aimer et te sentir aimer. Selon moi, ce problème ne se résoudra pas à sortir du polyamour, ce serait plutôt une façon de se voiler la face pour moins souffrir.
- La clé pour en sortir, serait de soigner ton estime de toi. T'aimer toi même pour pouvoir te sentir aimée de ton compagnon. Se sentir aimable pour pouvoir se sentir aimée. Après une fois que tu te sens aimée, cela ne doit plus poser de problème que ton compagnon en aime une autre, puisque tu ne te sens plus dépossédée de cet amour.
- Comme toi mes problèmes ont commencé après la naissance de ma fille. C'est particulier aux femmes à mon sens. Enfant, on refoule nos émotions, on se construit une armure bien solide pour ne plus voir émerger ses souffrances. Et quand vient la première grossesse, l'armure vole en éclat et tout ce que l'on s'était caché avec tant de soin remonte. Oui, tu souffres certainement beaucoup, mais ce ne sont pas des souffrances d'aujourd'hui. Peut être ne pas chercher à reconstruire ton armure, ce ne serait que reculer pour mieux sauter, ça reviendrait même plus tard, peut être encore plus fort. Si j'ai un conseil à te donner, c'est d'entreprendre des démarches maintenant pour prendre soin de toi, parce que la bonne nouvelle, c'est que si jeune maman, on est aussi fragile et souffrante, ces mêmes souffrances sont plus accessibles, plus facilement qu'à toute autre période de la vie, et on a l'occasion de pouvoir les affronter vraiment efficacement. Moi je le fais avec l'aide d'un thérapeute, sans ça me paraissait vraiment trop difficile.
- Tu as à coeur le bien être de ton compagnon, ce que tu accepte avec le polyamour est courageux et je pense qu'il doit en être conscient. Entreprendre un travail sur soi est quelque chose de très difficile et tu auras besoin de soutient. Je pense que dans le contexte, tu peux être soutenue par un homme qui t'aime, profites en...
- Pour le sentiment de se sacrifier, je connais bien. Il ne faut pas rester comme ça. Il y a un travail à faire sur toi, sur le pourquoi tu ressens ça, et sur le couple, sur votre façon de vivre. N'attends pas que ton compagnon le fasses pour toi, affirmes toi et imposes le respect de tes besoins, c'est au moins aussi important que de penser aux siens.
- Ne pas culpabiliser surtout, tu auto-aggraves ton problème. Tu as du vivre des choses difficiles pour vivre ça aujourd'hui, ce n'est pas de ta faute, et je te trouve très courageuse de vouloir en sortir.
- Enfin une dernière chose. Il est parfois plus difficile de simplement savoir la relation de ton compagnon avec son amoureuse que de la vivre vraiment auprès d'eux, parce qu'il y a un gros risque que tu l'idéalises. Même si ça te fais peur, n'hésites pas à te renseigner, poser des questions, voir rencontrer la personne. Voir qu'elle n'a rien de plus que toi, ou pas les mêmes atouts, savoir qu'ils ne vivent pas non plus le conte de fée que tu peux t'imaginer.
En tout cas, je trouve beau votre démarche et ta façon de voir les choses, même si tu n'arrive pas à vivre encore tout ça sereinement. La maternité et la vie avec un jeune enfant sont un grand bouleversement. Beaucoup de choses vont changer, c'est sur, mais les choses ne resteront pas difficiles comme ça ad vitam aeternam. Je sais qu'il est facile de désespérer quand on est dedans, mais ce n'est qu'une période à passer, gardes le cap !
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Jasmine
le lundi 13 mai 2013 à 15h36
argh, ma réponse a disparu suite à une déconnexion...
Je reviens plus tard, mon fils a terminé sa sieste !
Merci à tous
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oO0
le lundi 13 mai 2013 à 15h42
Jasmine
... j’ai le vague sentiment de me « sacrifier », de m’impliquer seule dans cette « ouverture » du couple pour les protéger, et la clandestinité de leur relation me pèse beaucoup.
De mon point de vue, ce n'est pas vaguement le cas, mais plutôt effectivement le cas, même si, viscéralement, tu ressens un besoin d'exclusivité. De mon point de vue, il s'agit avant tout de laisser l'autre libre d'autres relations plutôt que chercher d'autres relations pour soi.
Sinon, je ne pense pas que tu as une si mauvaise estime de toi puisque tu refuses de porter la culpabilité de mettre fin à leur relation, bref, te laisser aller à l'illusion de pouvoir contrôler sa vie affective.
Jasmine
... je pense que même si je n’avais pas été au courant, l’homme de ma vie est amoureux, et il est changé à jamais par ce fait. Impossible de cloisonner, c’est illusoire et un peu puéril de le croire, à mon sens. Même sans connaître l’existence de cette femme, j’aurais vécu avec un homme différent. [...]
Lorsqu’il a constaté à quel point j’étais dévastée, C. a émis l’hypothèse de rompre avec S. ; mais je ne peux endosser la responsabilité de le priver de ce qui est bon, de ce qui lui fait du bien et l’épanouit. Je n’ai pas à intervenir dans sa vie privée, et ce n’est pas parce que je leur « imposerais » de ne plus coucher ensemble qu’ils cesseront de s’aimer (d’ailleurs ils travailleront toujours étroitement ensemble, et serait donc une torture pour eux et moi, j’aurais toujours le doute).
Tu peux manquer d'une certaine estime de toi-même, mais ne passe pas à côté d'actes qui montre que tu peux avoir une forte estime de toi-même. Tu n'as probablement jamais imaginé pouvoir t'estimer pour de telles raisons, mais c'est l'occasion de l'envisager. Tu choisis l'homme que tu aimes tel qu'il est plutôt que celui que tu aurais aimé pouvoir aimer. Tu constates avec réalisme que, quoi que tu fasses, il y a une réalité que tu ne peux pas changer et que tu préfères autant que possible respecter cette réalité, la réalité d'une relation sous la coupe de la passion. L'esprit dont tu témoignes montre du respect pour cette passion, le pressentiment qu'elle mérite quelque part que lui soit épargnée les préjugés de l'adultère en même temps que l'acceptation que celui que tu considères comme l'homme de ta vie a une "vie privée".
Tu identifies clairement ce qui menace l'estime que tu as de toi : la peur d'être la bobonne qui se sacrifie. La passion a quelque chose d'adolescent et, dans l'histoire, c'est toi qui te comportes en adulte alors que tu es déjà au sans dessus dessous et il y a là une forme d'héroïsme. Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas adultes, mais s'ils sont honnêtes avec eux-mêmes, ce n'est pas cette passion qui font d'eux des adultes vu que, comme tu sembles en parler, il s'agit d'une manière de se libérer du poids de la vie adulte. Cela n'a en soi rien de condamnable de garder une part de soi adolescent ou encore, enfant, c'est même sain car réduite à la vie adulte, la vie serait aride. Ce qui serait d'ailleurs malsain, c'est que vous réduisiez votre relation, toi et ton compagnon, aux responsabilités parentales des adultes.
Être adulte, ce n'est pas que être adulte ou encore, ce n'est pas tuer en soi tout ce qu'il y a de l'enfance ou de l'adolescence. (Comment vivre avec des enfants, puis des adolescents, sinon ?) Comme le chante Téléphone dans Fait divers : "Tuer l'enfant, tu es l'enfant, tuer l'enfant qu'on a dedans, c'est ça l'auto-avortement." Il ne tient qu'à toi de ne pas te laisser piégée par l'image de la bobonne qui se sacrifie, de ne pas laisser cette image tuer l'enfance et l'adolescence en toi. N'avorte pas cette part de toi qui veut encore séduire comme à l'adolescence, être aimée comme à l'enfance ! L'adolescence à elle-même ses pièges qui tue l'enfance. Par exemple, tous ces complexes qui font qu'une adolescente devient une femme incapable de s'aimer pour quelques rondeurs alors qu'enfant, un sourire lui suffisait pour se sentir belle. Puis, il ne tient qu'à lui de ne pas se laisser piéger par culpabilité dans une image de toi qui se sacrifie.
Je n'ai pas de vie de famille, je me sens incapable d'être à la hauteur d'une vie de famille, mais je sais par contre qu'un enfant est l'occasion de ne pas perdre son enfance et un enfant, comme cet enfant que vous partagez, me semble être justement ce moment donné de la vie adulte qui rappelle à soi l'enfance, qui rappelle de ne pas l'avorter.
Pour ce qui est de ta part d'adolescence, tu peux remarquer que son sens de l'autodérision est bien là, puisque tu sais rire du manque d'estime dont tu souffres plutôt que de te complaire dans sa souffrance lorsque tu l'évoques comme un syndrôme du malentendu à la Jean-Claude Duss. (De nombreuses personnes y verront au contraire le signe d'une mauvaise estime de soi, mais j'y trouve pour ma part un humour qui me permet de me libérer de peurs dont je ne veux pas être le jouet, bref, un humour que j'apprécie et qui me permet de m'apprécier; bref, encore de nourrir mon estime personnelle.) L'adolescence, ce n'est pas les complexes qui ne sont qu'une épreuve de l'adolescence, c'est l'art de se les passer sous la jambe comme les abus d'autorité ou les excès de morale.
Sinon, je te trouve trop dans l'empathie par rapport aux risques qu'ils prennent alors que cela ne relève nullement de ta responsabilité, mais de la leur. Est-ce une erreur ou n'est-ce pas une erreur ? Le choix que tu as fait de respecter leur vie privée te libère de cette question comme pour un frère, une soeur, un ami, une amie ou votre enfant une fois qu'il commencera à s'émanciper de votre responsabilité. Tu peux être dans l'empathie, mais ne te laisse pas envahir par elle au point de porter ce que tu n'as pas à porter. Rien ne t'empêche cependant d'émettre des réserves comme ta crainte d'un simple adultère "bourgeois". Note que vous aviez déjà en fait une relation ouverte, toi et ton compagnon, ce qui vous éloigne déjà pas mal du simple adultère "bourgeois". La seule chose qui puisse être en ta responsabilité, c'est d'être prête comme pour un frère ou une soeur, un ami ou une amie qui vit une liaison qui, comme tu le constates, ou personne ne sait souvent où elle va... et va finalement parfois mal. C'est tout ce qui puisse être de ta responsabilité, rester présente et encore, ce n'est pas une responsabilité à laquelle tu es obligée.
Jasmine
Avez-vous déjà vécu quelque chose de similaire ? Cette foutue douleur, immense, étouffante, qui me colle les pires idées noires dans la tête, finit-elle par s’estomper ? Quand commence-t-on à respirer ?
Je n'ai pas vécu cette foutue douleur étouffante qui colle les pires idées noires dans la tête, pas dans ces circonstances. Comme tu l'écris, la dépression y est pour beaucoup et était déjà là avant. Ca, j'ai connu et c'est ma vie avec mes proches, familles et amis, qui m'a aidé le plus. (Je n'ai pas de famille à charge.) J'ai lâché beaucoup de leste concernant les questions relatives aux relations amoureuses. Elles sont là, elles resteront là, mais je me sens beaucoup plus libre en leur accordant un rôle secondaire, un peu comme dans l'enfance qui n'a pas besoin de relations amoureuses pour s'étonner du monde et s'y épanouir. Certes, les questions des relations amoureuses font déjà partie de l'enfance, de ces rêves qui l'émeuvent, mais elle est beaucoup moins absorbée par ces questions que l'adolescence et, quelque part, plus équilibrée, même si l'adolescence est un moment d'absorption nécessaire pour leur donner une place dans sa vie.
En bref, ce qui me permet de respirer, c'est de relativiser l'importance de l'amour et de me concentrer sur les personnes qui me sont importantes en sachant qu'elles ne prendront souvent pas l'importance que j'aurais souhaitée. Bref, quelque part, polyamour ou pas, amour ou pas, qu'importe, ce qui m'importe ce sont les personnes réelles en chaire et en os. Personnellement, c'est là que je respire.
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Voilà, j'en resterai probablement là.
Ce qui m'intéresse, ici, c'est que tu passes à côté de nombreuses qualités que tes choix démontrent et qui méritent de nourrir l'estime que tu peux avoir de toi en même temps que vous risquez de passer à côté d'une occasion importante d'épanouissement dans une vie adulte, celle de renouer avec une enfance que l'image habituelle de la vie adulte tend à pousser à abandonner derrière soi comme une faiblesse. Il y a plus de raison d'avoir confiance que le contraire, notamment en raison de qualités que vous démontrez, mais également de ce qui s'offre à vous.
J'ai d'autant plus de raison d'en rester là que je sais moins de quoi je parle au contraire de Eve-Lyne.
Je constate cependant qu'il y a effectivement une part de soi qui renoue effectivement avec l'enfance, mais avec de fait plus de bouleversements que je ne suis capable de l'imaginer. Des bouleversement qui semblent nécessiter une forme d'héroïsme qui m'échappe, mais qui fait que ce n'est pas pour rien qu'il y a une fête des mères, puis des pères. D'un autre côté, l'enfance me semble plus une solution qu'un problème, elle est cette part de soi qui a le plus d'expérience affective. Cette part de soi qui a commencé par connaître la faim sans savoir ce qu'était la faim, l'absence sans savoir ce qu'était l'absence et j'en passe. Même si l'enfance ne les a pas surmontées seules, elle en a surmonté de nombreuses.
P.-S.: C., si jamais je te donne l'impression de te juger, détrompe toi. Il m'est arrivé une fois de tromper une amie par le passé et je n'ai même pas envisagé l'hypothèse de rompre avec la personne avec qui je la trompais. De plus, vu que vous étiez déjà dans une relation ouverte, cela fait une différence importante par rapport à la promesse que je lui avais faite de ne pas la tromper. Je suis donc bien mal placé pour juger.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Jasmine
le lundi 13 mai 2013 à 16h14
Merci pour vos réponses, c'est un réel soutien que je ne peux pas trouver auprès de mes proches qui s'empresseraient de juger, de désigner un bourreau et une victime, un salaud et une innocente, et de conclure à l'inéluctable rupture.
Eve-Lyne, j'avais fait une longue réponse mais une coupure réseau l'a jetée aux oubliettes... Nos parcours se ressemblent, mais tu as fait bien plus de chemin que moi.
Je sais que le coeur de mon problème est ma faible estime de moi, qui me pourrit la vie depuis bien longtemps et que l'actuelle situation ne fait qu'exposer en pleine lumière. Simplement là, je ne peux plus conserver les oeillères que je veille à bien laisser en place depuis si longtemps.
Je suis malgré tout contente d'arriver, ne serait-ce que ponctuellement, à prendre un peu de recul et à considérer la situation avec un peu de lucidité.
J'ai effectivement compris que c'était nettement plus vivable quand je suis au courant, et que j'ai besoin d'en savoir plus sur elle pour la rendre plus humaine, réelle, et envisager de ne pas la voir comme une menace mais comme une femme amoureuse... du même homme que moi.
Vendredi C. avait prévu de lâcher le boulot pour passer la journée avec elle, j'avais senti quelque chose et c'est moi qui suis allée pêcher l'info (il m'a dit chercher le moyen de me l'annoncer, surtout pour pas que je me pointe à son boulot et que je tombe sur ses collègues qui à tous les coups le croyaient avec moi ;-) ) mais si je ne l'avais pas interrogé, me l'aurait-il dit ? En tout cas j'ai passé ma journée de ménagère normale, en sachant qu'ils étaient ensemble, qu'ils faisaient l'amour. Ça a été douloureux, mais je sais que ç'aurait été pire si je l'avais découvert après-coup, ou si j'avais été au courant "en douce" dans leur dos.
Je sais que ça dérange C. que je m'immisce dans leur vie, leur histoire. Lui voulait garder ça "privé", encapsulé, pour lui ça n'a aucune incidence sur nous, notre famille ; sur ce point je ne suis pas d'accord. Il a l'impression de devoir me rendre des comptes, je leur gâche le plaisir... Cette nuit j'ai rêvé qu'il me disait qu'il était en colère contre moi. C'est pour cela que j'ai peur que mes efforts soient vains : il n'est pas dans une démarche polyamoureuse, en tout cas pas encore. Il voudrait que cela ne change rien, mais je pense qu'il ne faut pas que je prenne l'entière responsabilité de la réorganisation de notre couple ; il va falloir qu'il se mouille. Car pour l'heure j'ai l'impression d'être la seule à assumer le fait que nos vies ne seront plus jamais les mêmes, et qu'il faut se retrousser les manches.
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Jasmine
le lundi 13 mai 2013 à 16h24
RIP, merci pour ta réponse ; je suis sensible à ton évocation de l'enfance... J'ai l'impression que cette part de moi est perdue, et j'ai très peur qu'il n'y ait plus de magie dans ma vie, et je suis jalouse de S. certes, mais aussi de leur liberté (relative) et de ce qu'ils vivent. Comme j'estime ne pas mériter grand-chose, je crois que même si j'étais moi-même dans une démarche d'ouverture (j'aimerais à nouveau tomber amoureuse et revivre ces premiers moments), j'ai la conviction que ça m'est désormais interdit. Jean-Claude Duss a eu une ouverture, il a concrétisé, mais la vie ne lui réserve pas d'autres cadeaux.
Il faut préciser que C. est mon premier et unique amour, et que personne ne m'avait aimée avant lui ; je ne vois pas pourquoi on tomberait amoureux de moi davantage maintenant qu'à l'époque. Je n'ose pas espérer ce genre de cadeau, je n'ose pas espérer devenir poly pratiquante de peur d'être confrontée à l'absence totale de prétendant ;-) Pour tout dire avant de rencontrer C., je m'étais faite à l'idée que l'amour n'était pas pour moi (les hommes qui m'ont plu ne se sont jamais intéressés à moi) et que je vieillirais seule. C. a été un chance immense, je l'ai aimé tout suite et je suis tombée du cocotier quand il m'a avoué que je lui plaisais aussi, j'étais partie pour un béguin à sens unique, comme d'hab ;-)
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Cendre
le lundi 13 mai 2013 à 18h34
Jasmine,
Trois mots, quand même, pour te dire que ton témoignage me touche. Que je te trouve courageuse, et que j'ai l'impression que ton C. est pas mal perdu dans l'affaire.
Donc oui, le mouiller, parce que oui, vous êtes trois dans le bateau. Lui beaucoup plus que mon mari (dans notre histoire, c'est moi qui ai fait entrer le polyamour). Qu'il fasse lui aussi son bout de chemin vers toi, pour que tu ailles mieux, comme tu fais ton bout de chemin vers lui, pour qu'il soit heureux.
Et bien sûr que tu es digne d'être aimée. Je vais pas répéter RIP, mais exactement parce que tu as la force de remettre en cause un tel tabou de notre société.
Et c'est pas parce que ce serait "naturel" ou "normal" chez toi, ou parce que tu "n'as pas à faire d’effort" que ce que tu fais n'as pas de valeur. Au contraire. De mon point de vue, plus c'est facile pour nous de faire quelque chose, plus on doit en être fier, plus on doit avoir confiance en soi, parce que c'est quelque chose que l'on est sûr de pouvoir refaire en nombreuses circonstances.
Trouve tes qualités dans tout ce que tu fais sans même y penser, parce que c'est normal et qu'il faut bien, ou mieux, dans ce que tu fais parce que cela te fait plaisir.
Aime toi pour cela.
Et trouve un café poly.
C'est un espace de vie dont je ne pourrais me passer aujourd'hui.
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Notes :
Pour le texte perdu, moi, j'installe, sur FireFox et sur Chrome, l'extension Lazarus qui me sauve tout ce que je tape au fur et à mesure.
Pour C., c'est étrange, penser à lui me fait penser à ce que je ressent pour D, mon adultère à moi, que je ne vois plus (même si on s'aime) parce qu'en fait, il n'a jamais vraiment été poly (de moins tel que je le conçoit).
(I will be dumped if another partner requests it, regardless of the reason.
tacit.livejournal.com/346761.html )
Sentiment teintée de condescendance, d'avoir eu la force d'assumer mon polyamour, de le faire entendre à mon mari, et pas lui.
Il semble qu'il soit plus facile, dans nos schémas de sociétés actuels, pour un homme d'être adultère, alors qu'une femme ressent plus le besoin de construire une éthique comme le propose le polyamour...
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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farfalla
le lundi 13 mai 2013 à 20h41
bonjour Jasmine,
je comprend ce que tu vie, surtout : "Je l’imagine lui dire les mots qu’il ne me dit plus, je l’imagine emporté par la fébrilité, enivré par le désir et la tendresse qu’il a pour elle, et j’ai le sentiment de ne plus exister pour lui, d’être occultée"
j'ai la même peur, la même souffrance, elle rentre de chez son amoureux épuisée (de ses sorties) se repose et repart en pleine forme, je n'ai pas le sentiment de "sacrifice" que tu peu ressentir. Par contre je pense que le sentiment d'"abandon" que nous ressentons ne doit pas être que notre travail, les poly vous devez comprendre que vous avez toujours de l'amour, avec l'un ou l'autre (l'une ou l'autre), et que le choix que nous faisons d'accepter que vous viviez ce bonheur, et pour nous de rester Mono, implique que vous redoubliez d'affection, non ce n'est pas un concours de celui ou celle qui est le plus aimé, non ce n'est pas un dû : tu va vivre ta vie alors tu me dois plus d'amour ; mais bien un manque, vous partez vivre un bonheur, qui nous rend heureux aussi, le retour est un moment de bonheur que l'on à envie de partager, de sortie de la routine : tu es rentré (comme si tu été partis travailler plusieurs nuits) je te fait plaisir je te désire parce que nous sommes heureux tout simplement, mais le problème c'est souvent que vous (les poly) avez déjà votre "cotât" affectif, alors nous sommes déçu, frustré, "abandonné".
Pour ma part je ne souhaite toujours pas être poly, et si je devais rencontrer quelqu'un parce que j'ai un manque affectif, alors pour moi ce n'est plus du polyamour et c'est dommage ...
j'espère ne pas avoir été trop brouillon, désolé
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oO0
le lundi 13 mai 2013 à 21h02
Jasmine, c'est plutôt dans la direction indiquée par Cendre qu'il faut comprendre ma réponse, plutôt qu'une question polypratiquante. Poly ou mono, cela importe moins que les questions d'estime de soi telle que le développe Eve-Lyne et ne fut-ce que ton parcours de vie offre de quoi nourrir l'estime que tu peux avoir de toi. Poly de tête et mono de coeur, tu n'as pas à choisir entre la tête ou le coeur, ce qui importe c'est que ce conflit ne détruise pas l'estime que tu as de toi, mais au contraire que les qualités que te révèle ce conflit la nourrisse. La lucidité dont tu te montres capable bien que sous l'effet d'une jalousie au sujet de laquelle tu te montres tout aussi lucide n'a rien de banale. (Farfalla a raison d'insister sur le fait que cela mérite de l'attention, cela n'a rien de banale.)
Une part de toi le sait, fait de l'humour et des clins d'oeil là où tu souffres de ce manque d'estime et cette part mérite d'être prise en compte pour nourrir une meilleure estime, c'est une part de toi où tu sais garder confiance en toi. Même chose pour la croyance que tu vieillirais seule alors que cela fait plus de dix ans que tu vieillis avec C., cela mérite mieux que la conviction que quoi que ce soit de plus t'es interdit sous prétexte que tu as déjà eu plus que ce que tu croyais que tu aurais alors que cela prouve le contraire. Tu le sais, c'est d'ailleurs une de tes sources d'humour où tu puises tes clins d'oeil.
Quant à l'enfance, elle a deux ans et te tend les bras tous les jours.
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Désolé de pas trop comprendre le côté jalousie, la peur de l'abandon, je préférais accorder de l'attention à ce qui nourrit l'estime et la confiance en soi plutôt que ce qui nourrit la jalousie et la peur de l'abandon.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Leolu
le lundi 13 mai 2013 à 22h48
J'ai l'impression que ce qui nuit à beaucoup de couples, c'est l'aspect fusionnel.
Je suis quelqu'un de très fusionnel. J'ai donc connu les deux extrêmes :
- J'ai enfermé mon amoureuse dans un couple mono-mono sclérosant : peu de sorties, peu d'amis, beaucoup de choses pour les enfants, pour notre famille, pour notre cocon, je l'admirais, je lui obéissais, je l'assistais dans ses idées... C'était trop. Elle est partie au bout de 12 ans.
- J'ai une amie qui m'apprécie beaucoup. Beaucoup. On a vécu amoureusement quelques mois. Et j'ai vu combien elle est incroyablement maternelle, conciliante, généreuse, très romantique, très humble et très effacée, surtout en ma présence... C'était trop. Je l'ai quittée. J'avais l'impression de vivre avec ma mère ! Pourtant elle est adorable et toujours à mon écoute. On se comprend bien... mais on évite désormais de parler de notre relation plus qu'amicale parce qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde. Alors, on reste juste amis. Ce qui la crucifie intérieurement...
Est-ce moi qui ai changé autant, en 10 ans ? Ou est-ce qu'une vie trop fusionnelle est vouée à l'échec ? Ce qui fait la richesse d'une relation, c'est ce qui nous a plu chez l'autre au moment de la rencontre : indépendants, sociables, ouverts sur le monde, avec nos propres passions et nos propres amis...
Autant de choses qu'on perd souvent avec le temps, dans une vie familiale. Surtout si on a longtemps rêvé à cette communion de pensée et de vie ! Alors, il arrive aussi qu'on perde tout intérêt pour cet "autre" avec qui l'on vit... (et j'ai été cet "autre")
"Oui, mais il y a les enfants, le travail, les obligations, les traites... On ne peut pas rester comme avant. Il faut être plus responsable !"
Je n'en suis plus si sûr.
Les enfants ? Si on les confine dans un cocon, ils deviennent sauvages et timides (ou au contraire inquiétants parce que jamais à la maison). On croit que la crèche et l'école les sociabilise ? Pas vraiment, en fait... Rien ne vaut l'exemple parental. Comme une maman qui va voir ses copines de grossesse, puis du judo du gamin, puis du club de danse... Toujours chez l'une ou chez l'autre (avec les enfants).
Le ménage ? On en fait toujours trop. Et trop bien, à la "Bree Van de Kamp".
Le mari ? Oui, il est fatigué. Mais s'il profite du cocon, ce n'est pas ce qui le "nourrit". S'il a besoin de repos, qu'il se repose seul (et on peut sortir). Sinon, c'est qu'il a besoin de partage. Et là, l'épouse attentionn... non ! La "femme complice" pourra prendre le relais. Celle qu'on était quand il nous a connue, enfants ou pas...
J'aurais donc tendance à oublier "l'autre" et à penser à cette "autre" que je pourrais être.
Mais je me trompe peut-être. Je ne suis qu'une homme (hem... si peu, parfois)...
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Jasmine
le lundi 13 mai 2013 à 23h34
C'est vrai que je me découvre une certaine force dans cette histoire, que je ne soupçonnais pas et dont, je commence à le penser, je peux me féliciter, en toute modestie ;-) C. trouve d'ailleurs cela admirable, cette façon de ne pas totalement me laisser emporter par la douleur (même si parfois je sombre), de réfléchir et d'envisager une autre manière de vivre notre couple et l'amour en général. Il me trouve "complètement cinglée" car je parviens à plaisanter de la situation, pas seulement de JC Duss mais du fait qu'il vive une histoire d'amour, quand je suis allée faire les courses je lui ai proposé de lui rapporter des préservatifs et du champagne... sans hostilité aucune, en plaisantant de bon coeur. Je lui ai même suggéré de louer un studio à Paris car il vont vite en avoir marre des hôtels, il n'y avait même pas pensé :-)
Par ailleurs je ne me sens pas déçue ni frustrée par une quelconque négligence de sa part, car il est toujours autant en demande de câlins et de rapprochement physique, et c'est moi, avec ma foutue estime de soi en berne, qui le repousse depuis x temps. De là à me dire que c'est moi qui l'ai bien cherché, qu'il va trouver ailleurs ce qu'il n'a pas avec moi... chassez le naturel, je reviens au galop me vautrer dans la culpabilité et l'auto-dénigrement ! Il me soutient qu'il ne cherche pas à remplacer quoi que ce soit ou combler un manque qu'il aurait auprès de moi ; il est tombé amoureux d'une fille bien, voilà tout. Et quand ma raison fonctionne, elle l'admet bien volontiers. Quand la peur reprend le dessus, je me sens mise en compétition et comparée, et forcément perdante... Je ne peux plus occulter mon profond problème d'estime plus longtemps ; S. ou pas, poly ou pas, ça torpille notre couple et c'est en réglant ça qu'on s'en sortira.
Je pense que j'aurai besoin de passer par une phase de développement de ma vie "sans lui", car nous sommes socialement isolés, surtout moi depuis que je suis à la maison. Je sens bien que je m'appauvris, je ne me nourris plus des échanges avec les autres. Mes rares amis sont loin et je les vois 2 fois par an, et je comptais sur C. pour être ma "fenêtre" vers l'extérieur, mais lui non plus ne développe pas d'amitiés. Même avant la naissance de notre fils, nous sortions peu, ou seulement tous les deux ; il est vrai que nous avons été (surtout moi) fusionnels et je pense que cela nous a laissés sur le bord de la route sociale. Notre fils grandissant, il va être plus facile de remettre le nez dehors et de vérifier dans les yeux des autres que j'existe bel et bien, et peut-être même que je suis "aimable". Et si C. ne suit pas, il va falloir que je cesse de tout faire ne fonction de lui et que j'expérimente pour comprendre que non, mon existence ne dépend pas de lui. Je ne suis pas moins vivante quand il est occupé avec une autre histoire.
Et peut-être qu'avec des rencontres, des personnes "neuves" qui m'apprécieront, je passerai de poly-friendly à poly-pratiquante ;-) J'espère que si cela arrive, C. sera aussi disposé que moi à trouver un fonctionnement suffisamment équilibré. Si je parviens à dompter ma jalousie, cela n'implique pas qu'il est tenu d'y arriver si la situation s'inverse...
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(compte clôturé)
le mardi 14 mai 2013 à 00h17
Si je peux me permettre: vu l'intelligence dont vous faites preuve, l'effort d'analyse, la bienveillance à l'égard de C, le courage pour surmonter le chagrin, vous avez toutes les raisons d'avoir de l'estime pour vous et de vous faire confiance.
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Jasmine
le mardi 14 mai 2013 à 11h16
Et merci encore à tous pour tout ce soutien et cet éclairage... Vous contribuez à me maintenir la tête hors de l'eau, et ce n'est pas rien. Bises à la ronde !
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Siestacorta
le mardi 14 mai 2013 à 12h12
farfalla
bonjour Jasmine,
je comprend ce que tu vie, surtout : "Je l’imagine lui dire les mots qu’il ne me dit plus, je l’imagine emporté par la fébrilité, enivré par le désir et la tendresse qu’il a pour elle, et j’ai le sentiment de ne plus exister pour lui, d’être occultée"
j'ai la même peur, la même souffrance, elle rentre de chez son amoureux épuisée (de ses sorties) se repose et repart en pleine forme, je n'ai pas le sentiment de "sacrifice" que tu peu ressentir. Par contre je pense que le sentiment d'"abandon" que nous ressentons
Bonjour !
Histoire de se faire une idée, depuis quand dure cette seconde relation ? (si tu l'as dit ailleurs dans le forum, fais-moi seulement un lien vers le post).
farfalla
Pour ma part je ne souhaite toujours pas être poly, et si je devais rencontrer quelqu'un parce que j'ai un manque affectif, alors pour moi ce n'est plus du polyamour et c'est dommage ...
Oui et non. En fait c'est pas une question de poly mais de rapport à l'amour.
C'est possible dans un cadre poly, mais tout autant ailleurs.
Si on rencontre quelqu'un par manque affectif, même en étant mono et célib, l'amour est fortement conditionné par ça.
Il arrive que ce soit à tel point qu'un mono se sente volé / trahi quand son aimé estime juste qu'il n'est pas le seul à devoir combler le manque que le mono avait déjà avant qu'ils se rencontrent.
Bref, il peut y avoir de l'amour et du manque affectif en même temps : l'amour n'est pas un sentiment sanctifié, qui rend beau, généreux et compréhensif. C'est un ressenti profond, riche, mais l'aspect moral, c'est nous qui l'ajoutons dedans.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Eve-Lyne
le mardi 14 mai 2013 à 14h03
Jasmine, moi aussi je trouve que tu fais preuve d'une analyse intelligente et pertinente de toi même, sans être dénuée d'humour, qui plus est. Et tu pourras te trouver tous les défauts de la terre, c'est quelque chose de rare ici bas !
Dans une théorie axée sur le développement personnel, on dit que l'on passe de inconsciemment incompétent, à consciemment incompétent, puis consciemment compétent, et enfin vient le temps où l'on n'y pense même plus, on est sois même, c'est tout. A priori tu te situes dans le deuxième passage, le plus difficile à assumer, parce que l'on se voit tel que l'on est, et on est encore impuissant à devenir celui que l'on voudrait être. C'est extrêmement frustrant. Mais des personnes conscientes, il y en a peu, je t'assure, et c'est par là que tu peux aller à la reconquête de l'estime de toi.
Pour ce qui est de l'isolement, tu verras, quand ton enfant va entrer à l'école, ça va te faire du bien. D'abord parce que ça va te redonner du temps, et ensuite parce que tu vas y croiser beaucoup d'autres parents. Ici j'ai la chance d'avoir pu mettre ma fille dans une école à pédagogie alternative, et c'est super parce que je peux y rencontrer plein de gens ouverts d'esprit et intéressants. On a crée des liens facilement et rapidement, juste à la sortie de l'école.
Sinon, essayes de fréquenter les rencontres poly, je ne sais pas si c'est facile pour toi, mais c'est très riche. Ce sont des endroits où tu peux t'ouvrir sans avoir peur du jugement de l'autre.
Si tu es un peu coincée avec ton fils, il y a aussi d'autres solutions, les rencontres parents enfants, les groupes de parole. Moi par exemple qui suis pour l'allaitement long et l'éducation non violente, il a été facile pour moi de discuter avec des gens forcément un peu différents et ouverts d'esprit. D'ailleurs il n'est pas rare que je parle polyamour, sujet que j'aborde rarement auprès de mes anciennes connaissances...
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Jasmine
le mercredi 15 mai 2013 à 19h43
Que ça fait du bien de vous lire et d'être tombée sur cette communauté intelligente, sensible et non jugeante... Difficile de trouver cela dans ma vraie vie dans la pampa bourguignonne (je risque pas de trouver un café poly à la coopérative agricole du coin). Eve-Lyne, nous avons tellement de points communs : allaitement long (j'y suis encore), ENV, pédagogies alternatives (hélas hors de portée pour nous) !
Je suis un peu silencieuse ces dernières heures car j'ai la sensation de m'enliser, je replonge... C. est parti en déplacement professionnel à l'étranger, et il dormira avec elle, dans une ville que j'aurais voulu découvrir avec lui... mais c'est avec elle qu'il y fera l'amour chaque soir avant de rentrer la semaine prochaine. J'aimerais arrêter de me torturer, mais mes forces m'abandonnent.
Je me rends compte que je me suis totalement "projetée" dans C. quand je suis tombée amoureuse de lui, dans une forme, certainement, de dépendance affective.
(hs, cela me fait penser à tous les articles que l'ai lus sur internet avant d'atterrir ici, qui disaient grosso merdo qu'accepter l'adultère, ce n'était pas une preuve d'amour mais de dépendance. Je ne m'y suis pas retrouvée, d'une parce que le terme d'adultère ne m'a pas du tout semblé coller à la situation - d'instinct, je sens que ce terme n'est pas pour moi -, et de deux parce que je n'ai jamais eu besoin de preuve, je ne suis pas flic ;-) )
Pour revenir à nos moutons, il me semble que l'estime de soi au ras des pâquerettes et la dépendance affective sont étroitement mêlées (sinon sœurs jumelles), et l'étendue des dégâts me laisse sidérée. Je m'aperçois que je ne m'autorise tellement pas à exister sans lui que quand je l'imagine non pas m'oublier, mais disons me "mettre en sourdine" quand il l'aime elle, eh bien je n'existe plus à mes propres yeux. Je fais face à ma propre disparition, à ma sidérante vacuité, c'est comme assister à sa propre mort, et c'est terrifiant. Je vois bien qu'il y a urgence à me sortir de cet état, mais je sais que ça ne pourra pas aller vite... Voilà où j'en suis. Dépendance toujours, ma drogue de prédilection m'échappe en la personne de C. et je me remets à fumer alors qu'on avait arrêté il y a 10 ans...
Pour ce qui est des modalités pratiques de notre petit ménage à... (combien sommes-nous ? S. est-elle disposée à s'impliquer vraiment ? Et son mari, quand fera-t-il sa fracassante entrée ?), je pressens que j'aurai prochainement besoin d'entrer en contact avec S. Pour l'heure je suis encore trop confuse (allez, pas tant que ça, hein ;-) ) et à fleur de peau, mais je pense que cela nous fera avancer. J'ai des sentiments tellement ambivalents envers elle qu'il va falloir ancrer tout ça dans le réel avant que je devienne dingue... Parfois je lui souhaite tout le mal du monde (de moins en moins ; dans les premières heures je voulais ruiner sa carrière et son mariage, mais le soufflé est rapidement retombé), parfois je m'inquièterais presque pour elle (la situation qu'elle vit vis-à-vis de son mari me semble, à moi, inconcevable : elle l'aime mais elle lui ment, et mentir c'est manipuler, et manipuler c'est exercer un pouvoir sur l'autre, et c'est quelque chose que je ne peux envisager dans une relation d'amour)... L'autre jour je voyais les plus belles pivoines de mon jardin, mes préférées, et l'idée de lui en offrir m'est tombée dessus sans prévenir - un geste d'apaisement, pour lui dire que je sais qu'elle est quelqu'un de bien et que je souhaiterais tellement la paix et la sérénité... Et puis bon, à l'heure qu'il est elle est peut-être nue avec C., et mes pivoines je me les garde ;-) Je me les garde tellement que je les vois faner sous la pluie, elles n'auront finalement profité à personne, quel gâchis...
Vous constatez que je suis lancée à fond de train dans le montagnes russes !
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LuLutine
le jeudi 16 mai 2013 à 00h22
Jasmine
Je me rends compte que je me suis totalement "projetée" dans C. quand je suis tombée amoureuse de lui, dans une forme, certainement, de dépendance affective.
Je pense que beaucoup de personnes dans une relation exclusive peuvent avoir tendance à réagir ainsi.
Certaines ne se rendent jamais vraiment compte de cette dépendance, parce qu'elles restent ad vitam aeternam dans cette relation exclusive où, potentiellement, l'autre sera "toujours" (je mets des guillemets, c'est pas absolument tout le temps, mais une bonne partie du temps quand même !) "là pour elles".
Les événements que tu vis aujourd'hui t'ont visiblement fait prendre conscience de cette dépendance. Tu peux penser que cette prise de conscience est "normale", automatique en ayant une relation avec un polyamoureux (qui ne sera pas toujours "là pour toi"), mais laisse-moi te dire que malgré ce genre d'expérience, certaines personnes sont incapables de se remettre en question comme tu le fais, et d'entrer dans la réflexion et le dialogue constructif.
Tout ça pour dire que, malgré l'image que tu dis avoir de toi, je pense que tu peux au contraire avoir une vision très positive de toi : tu te prends en main, tu réfléchis, tu es prête à dialoguer pour trouver des solutions, tu n'écartes même pas l'éventualité de rencontrer "l'autre", ce qui est - selon moi - un très grand pas !
Je pense que tu es sur une voie qui te permettra d'évoluer positivement quelle que soit la suite !
Et je voulais aussi dire deux mots à propos de cette remarque d'un précédent message :
Jasmine
Il faut préciser que C. est mon premier et unique amour, et que personne ne m'avait aimée avant lui ; je ne vois pas pourquoi on tomberait amoureux de moi davantage maintenant qu'à l'époque.
Je dirais que dans la vie on a parfois des surprises !
Le fait qu'il ait pour l'instant été "le seul" ne veut rien dire. Vraiment. Absolument rien. Surtout si tu prends un minimum confiance en toi, que tu fais des rencontres...même sans le chercher, ça peut arriver un jour ! J'aurais tendance à dire qu'il ne faut rien tenir pour immuable.
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lam
le jeudi 16 mai 2013 à 10h34
Jasmine
et mes pivoines je me les garde ;-) Je me les garde tellement que je les vois faner sous la pluie, elles n'auront finalement profité à personne, quel gâchis...
Salut. Moi je pense que tes pivoines t'auront fait plaisir à toi et c'est un bel usage de ces fleurs, non?
Aussi je plussoie les retours qui soulignent le coté cohérent et lucide de ta démarche et de ta réflexivité.
En lisant ce fil j'ai l'impression que C. est un peu paumé, et toi très ouverte, très arrangeante - ce qui est à ton honneur.
Tu es prête à lui proposer d'utiliser de l'argent pour louer un studio à paris. Chouette. Et pour toi? tu envisages quoi comme truc chouette qui te fasse du bien?
Ne pas chercher de réciprocité (je ne parle parle pas d'égalité stricte mais d'équité) n'est à mon avis pas bon pour ton estime de soi.
Si tu es prête à faire garder ton fils, est-ce que prendre du temps pour toi te parait envisageable?
Sinon je ne peut m'empêcher d'ajouter que les tâches reproductives parfois appelées "travail de l'ombre" (soin aux enfants, faire à manger, faire les courses, faire le ménage...) ne sont jamais valorisées, sauf dans le cas des divorces où le parent "au foyer" (dans l'écrasante majorité des cas la femme dans un couple hétéro) peut bénéficier de prestations compensatoires. Tu le sais surement déjà mais ton ami n'aurait pas la même vie sans ton travail quotidien, votre enfant non plus, donc votre famille non plus.
Pas facile de se valoriser autour de ce travail dans une société qui ne le reconnait que très peu souvent. Bon courage en tous cas.