Polyamour.info

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(France)

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Discussion : Impression curieuse...

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demeter

le samedi 30 mars 2013 à 01h48

C’est vrai que cela me paraît bien curieux : non pas cette impression, mais curieux de faire référence à platon quand on parle d’amour et de polyamour, curieux de vouer un culte à la raison quand on constate que le concept même d’aimer enferme l’acte d’aimer dans une définition, aussi logique soit-elle, dans une illusion de savoir. Le concept en lui même implique que ce qui est conceptualisable induit une division : il y a celui qui raisonne sur ce concept et les autres, il y a la vérité et l'ignorance. Or, dans le domaine relationnel, ce qui divise éloigne toujours d’aimer. Je peux au pire regretter ma propre conceptualisation narcissique, mais jamais la souhaiter, sinon pour remédier justement à mes angoisses personnelles si présentes, à mes fuites.

Y aurait-il une raison d’exister en dehors de la plénitude d’exister ? Si on tentait plutôt de définir l’intelligence non pas comme une expression de la raison, de la certitude, mais comme une perception directe de la réalité, avec la part de ce que je suis d’individu biologique et culturé, à la fois dans ce je ressens et de ce que je conçois, et qui rencontre en l’autre une autre perception du monde, une autre histoire de vie, ou même simplement une autre façon de la présenter ? C’est dans cette seule rencontre, cette interdépendance, que peut naître non seulement le fait d’aimer mais aussi la transmission d’un savoir, de tout savoir, en amont de la didactique et de l’argumentation que je voudrais bien considérer quand j’en aurai le temps.

Le mythe de la caverne est pour moi le constat de l’inefficacité de la pensée, qui s’affirme souvent dans un autre mythe qui est celui de l’autonomie de la volonté. Il est créateur de violence car il donne évidemment raison ou tord quand on s’appuie sur le postulat de l’existence d’un concept qui saurait se saisir de la réalité pour nous permettre de la modeler. Mais je ne crois pas que cela soit ainsi que fonctionne la pensée, sinon cela se saurait, et les civilisations se seraient débarrassées depuis longtemps de toute violence (et peut-être également ce faisant de toute vie). Bon, à dire vrai, il est probable que je ne me supporterais sûrement pas très longtemps si je devais me rencontrer … mais je dois pourtant apprendre au moins à vivre avec.

Message modifié par son auteur il y a 12 ans.

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Discussion : Réalité existentielle de la solitude et comment apprécier mon café du matin...

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demeter

le mercredi 27 mars 2013 à 10h35

Ce matin, je suis tombé à nouveau sur cet article de redpsy.com :

redpsy
• "Je suis moi. Je suis le seul à être moi et je suis différent de tous les autres, même si je ressemble à beaucoup de personnes dans les divers aspects de ce que je suis. Je suis seul avec ma vie; personne ne peut s'occuper adéquatement de diriger ma vie, de voir à mon bonheur et à ma satisfaction de chaque moment. Je suis le seul à posséder ma vie et ne veux la donner à personne d'autre.
• Je suis avec toi, mais différent de toi. Jamais nous ne pourrions devenir réellement semblables ou unis au point de faire disparaître les différences entre nous. Je ne suis pas responsable de ta satisfaction et je ne compte pas sur toi pour me procurer la mienne. J'aime que tu sois différent car c'est par tes différences que je trouve avec toi de quoi me satisfaire dans notre contact.
• Ce que je peux faire de mieux pour que notre contact soit satisfaisant pour nous deux, c'est d'être ce que je suis aussi ouvertement que j'en suis capable et de te laisser être ce que tu es de la façon dont tu choisis de l'être. Je peux aussi me laisser toucher par ce que tu es et y réagir à travers tout ce que je suis.
• C'est cette façon d'être ensemble qui me satisfait et m'enrichit, ou me permet de constater rapidement que notre contact n'est pas bon pour moi et que je ne veux pas le poursuivre. Je crois que notre contact peut nous satisfaire tous les deux; autrement je ne serais déjà plus ici. Mais si je constate que je me suis trompé et que l'un ou l'autre de nous deux n'y trouve pas son compte, je préfère me retirer et trouver d'autres moyens d'obtenir ce que je cherche.
• Si je t'aime, c'est parce que tu concrétises au moins en partie ce que j'aime et ce à quoi j'accorde de la valeur; mon amour pour toi dépend de cela, mais il n'est pas indispensable que tu correspondes à ces exigences, car je n'ai pas besoin de t'aimer pour vivre et tu n'as pas besoin de mon amour pour avoir de la valeur et vouloir vivre. Je ne veux pas de contact avec toi sur d'autres bases que la recherche de notre satisfaction mutuelle; je suis le seul vrai gardien et responsable de ma satisfaction et je ne veillerai en rien à la tienne."

En dehors de toute intention qui semble émerger de ce qui pourrait ressembler ici à une profession de foi, de tout mode de vie qu’il soit polymamoureux ou monojesaispasquoi, de toute éthique qu’il sous-entend, de toute émotion contenue dans la réalité de la relation, de tout acte posé, j’ai l’impression qu’il décrit au mieux l’écologie viable d’une relation quelle qu’elle soit, que les personnes concernées décrivent ou non la relation en ces termes.

Alors pourquoi suis-je toujours obstiné à vouloir conserver des relations que je ne vis que rarement de cette manière ? A force de discuter aussi souvent de cela, d’alimenter la relation par l’analyse de la relation, n’avez-vous pas vous aussi cette désagréable impression de courir après un idéal qui ne se satisfait jamais de sa réalisation ? Dans ce cas, comment lâcher un peu et prêter plus d’attention au soleil et au vent dans les arbres, aux sourires des gens quand arrive le printemps… Bah, en écrivant ici peut-être, avec un peu de bol… Oui, mais non... Y a des jours comme ça...


———
[Edit] Voir aussi : Solitude et non-monogamies (fil général)

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Discussion : Je ressens ce besoin de ne pas cantonner ma vie amoureuse et tendre au couple.

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demeter

le lundi 18 mars 2013 à 20h51

MetaZet, je vais sûrement faire un hors sujet, dans ce cas n'en tiens pas compte, mais (qui sait ?) je crois qu'il y a plusieurs façons de dire les choses et les émotions sous des mots très différents. En allant sur ton blog on trouve en page d'accueil ces mots :

MetaZet
« Le principal but de ce blog est de faire la promotion et le développement d'une démarche sceptique de recherche qui se veut un peu différente de ce que l'on entend communément par scepticisme ou zététique sans pour autant désavouer ces approches dans leurs principes et leurs acquis. Essentiellement, il s'agira ici d'adopter une perspective qui à la fois dépasse et englobe le scepticisme contemporain, le faisant reposer, contrairement à l'habitude et même un peu paradoxalement, sur une attitude épistémologique de confiance dans nos capacités à connaître le réel et dans le témoignage humain. J'entends aussi être constructif et non pas simplement critique, et aborder des domaines traditionnellement négligés par le mouvement sceptique actuel, comme les croyances religieuses, morales, métaphysiques, surnaturelles...
Ainsi, on trouvera ici, entre autres, des réflexions sur l'éthique et les mœurs, des articles concernant l'identité personnelle et la question de la survie, une critique des religions et croyances dogmatiques, pseudo- voire anti-scientifiques, et/ou moralistes, mais aussi une recherche raisonnée d'alternatives. »

et même si dans l'écriture ma syntaxe et mon champ lexical s'apparentent plus souvent au tien, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ces dialogues d'Audiart par je ne sais quelle alchimie d'inférences obscures :

Audiart

« - Écoute ma bonne Suzanne. Tu es une épouse modèle.
- Oh...
- Mais si, t'as que des qualités et physiquement, t'es restée comme je pouvais l'espérer. C'est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c'était à refaire, je crois que je t'épouserais de nouveau. Mais tu m'emmerdes.
- Albert !
- Tu m'emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour mais tu m'emmerdes. »
(Un singe en hiver, 1962)

Au fond, c'est peut-être ça la différence éthique entre la didactique et la pédagogie, entre un professeur et un enseignant.

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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Discussion : Je ressens ce besoin de ne pas cantonner ma vie amoureuse et tendre au couple.

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demeter

le dimanche 17 mars 2013 à 01h06

Des conseils ? Ce que je dis là n'a aucune importance. (cela je le pense vraiment) mais :
Ne penses tu pas que tu t'égares en défendant l'idée de polyamour ? Comment ton épouse pourrait être rassurée si tu ne prends pas le temps de l'écouter quand elle te fait (maladroitement peut-être, mais la peur prend des tas de formes) part de la peur qu'elle ressent à cette idée. Je parle de l'écouter, pas d'argumenter pour obtenir une autorisation que tu n'auras probablement pas de cette façon. Il ne s'agit pas de lui faire comprendre quelque chose qu'elle ne saurait pas, qu'elle ne comprendrait pas.

Et toi comment pourrais tu abandonner cette idée qui te permet d'exister si tu as l'impression de ne pas être entendue quand tu lui en parles ? Cela ressemble plus à une absence de communication (en dehors des mots j'entends, dans la réalité de vos affectivités) entre vous deux qu'à un problème de polyamour. Comme un cercle de communication qui tend vers le bas à briser votre relation. Derrière tes mots si théoriques, il y a votre vie, il y a tes sentiments, les siens, tes peurs, les siennes, ce que tu redoutes, ce qu'elle redoute ce qui te pèse, ce que tu espères, ce que vous espérez, ensemble. Laisse tomber tes théories, si ces théories ne sont pas aidantes...Tu y reviendras plus tard si tu en as besoin, mais la vie passe, et les idées ne sont pas la vie. Parlez vous plutôt de vous que du polyamour ou de toute autre idée de justice ou d'injustice, plutôt que de ce qui devrait être ou ne devrait pas être..

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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Discussion : Poly ou Mono ?

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demeter

le vendredi 15 mars 2013 à 13h23

alps
J'ai la qualité de pouvoir choisir ce que je veux ou non indépendamment de mes pulsions et émotions et sentiments. C'est ce qui me distingue de l'animal soumis au destin de ses pulsions. La faculté à les dompter. .

Quand même, dire ça, cela fait très 19 e siècle, tu ne trouves pas ? Tandis que les animaux vivraient dans la biologie, la sensorialité, l'irrationalité et l'affectivité, tu vivrais dans un monde intellectuel, coupé du monde sensible, et qu'il faudrait s'évertuer à rendre perfectible au vu d'une morale idoine... Les représentations de chacun dépendent largement de ses rapports avec ce qu'il sent, ressent, de ses émotions. Si tel n'était pas le cas, le monde ne serait pas dans un désordre aussi visible. A moins que tous nous ne soyons complètement stupides et démunis d'intelligence et qu'il nous faudrait vite nous soumettre à la bonne idée, celle qui nous sauvera...
Bon, j'ai faim...

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Discussion : Poly ou Mono ?

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demeter

le vendredi 15 mars 2013 à 11h03

alps
@demeter
ben pour etre monogame sur toute une vie il faut avoir certaines qualités. Une forte volonté et une soumission à ses idéaux par exemple. Parce qu'évidemment dans le cadre d'un mariage monogame on peut tomber amoureux ou etre tenté de voir ailleurs. Qu'est ce qui nous retiens ? l'amour que l'on porte à son conjoint et au projet commun et la faculté à réprimer ce genre de désirs.

Là, je comprends ce que tu dis et je suis (presque) d'accord avec cette analyse. Il se trouve justement que la soumission à un idéal est une qualité dont je me passerais volontiers. Pourquoi trouves tu si bien de te soumettre à quelque chose ?

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Discussion : Poly ou Mono ?

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demeter

le vendredi 15 mars 2013 à 09h38

Bon, allez, je te fais la même : visiblement, tu ne comprends pas...

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Discussion : Poly ou Mono ?

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demeter

le vendredi 15 mars 2013 à 09h33

alps
visiblement tu n'as lu que les derniers messages.

Ben non, j'ai même répondu en première page. Mais je ne vois pas le rapport.

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Discussion : Poly ou Mono ?

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demeter

le vendredi 15 mars 2013 à 08h14

alps
Si demain ma femme me dit la meme chose. Ben c'est terminé. Pas parce qu'elle devrait choisir entre lui ou moi. Mais surtout parce que l'on aurait pas du tout la meme vision du couple.

Ca tu n'en sais rien, tu le crois. Mais tu as l'air de le croire tellement que cela sera sûrement vrai. Cela te permettra ainsi de continuer à penser que tu avais raison, mais pas d'être heureux, encore moins d'être libre, puisque tu te soumettras à cette pensée. Quant à l'abandon de toi pour l'autre, il faudra faire une croix dessus...

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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Discussion : Poly ou Mono ?

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demeter

le jeudi 14 mars 2013 à 12h10

Il me semble que tu cherches à rationaliser une situation humaine en y plaquant un système de pensée qui jugerait éthique tel ou tel comportement. Ce qui conduit inexorablement à une réponse bien ou mal. Est-ce si important de juger éthique une situation qui ne repose pas sur une réalité ? Bien sûr on peut discuter à l'infini du bien fondé de telle ou telle pratique, on peut même regretter que le monde ne soit pas tel que l'on voudrait qu'il soit. Il me semble plus intéressant pour vivre de manière intéressante de comprendre simplement cette réalité, plutôt que de chercher à la modifier. Du reste je pense même que le seul changement réel, que la seule révolution sociale passe par la compréhension de soi même et du monde tel qu'il est plutôt que par l'intention manifeste d'un changement dont on est la plupart du temps bien incapable, même si cela a un côté exaltant de s'enfermer dans un système de pensée. Cela ne s'apparente pas à un laisser faire, mais bien à la compréhension d'un équilibre écologique dans lequel nous sommes partie et tout. Tu parles par exemple de décorrélation des sentiments et du sexe. Crois tu véritablement cela possible ? L'envie, une "liberté" sexuelle, serait-elle possible en dehors des émotions et des sentiments internes de chacun ? Une éthique sans compromis ne relève-t-elle pas d'un comportement névrotique pathologique, d'une inadaptation à la réalité, d'une illusion qui réduit le vivant à une mort prématurée, sans possibilité d'actualisation ? à une manière de vivre qui s'appuie essentiellement sur un passé que l'on perçoit tellement présent que l'idée de ce qui devrait être, ou a été, prend le pas sur tout ce qui donne sens à ce que l'on vit. Pour ma part, l'idée de polyamour est aussi contraignante et illusoire que celle de monogamie quand on s'y réfère pour justifier ses actes. En revanche, elle permet un concept qui permet au moins un temps d'élargir un champ d'observation que l'on a tendance à restreindre au nom d'une soi disant expérience à ce que l'on croit connaitre déjà, à rendre moins transparent un environnement que l'on ne voit plus à force d'y être totalement immergé. Mais en quoi le polyamour est-il l'opposé de la monogamie ? Pourquoi chercher à les opposer ? De la même façon, la haine est elle vraiment l'opposé de l'amour ? la dépendance l'opposé de l'autonomie ? Est-ce Paris la plus belle ville du monde ou bien Rio ? Ce sont des débats stériles, non ? N'est-ce pas plutôt le conformisme à telle ou telle idée, telle ou telle religion qui empêche véritablement d'aimer, de se comprendre, d'exister ? Sommes nous "formatés" par des idées et des croyances fausses, ou bien ces croyances sont-elles simplement une réalité qu'il faut prendre en compte plutôt que de les rejeter ?....
Bon, je cause, cela me défoule.

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Discussion : Amour et amitié : différences ?

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demeter

le vendredi 08 mars 2013 à 01h15

MetaZet
Attention, ce que je vais écrire va peut-être te peiner, donc je précise que je ne suis animé d'aucune animosité à ton endroit :-)

Ce paragraphe, presque sans retouche, pourrait être repris par les tenants de l'ordre moral monogame pour condamner le polyamour.

Comment dire... de quoi parles tu au juste ?

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Discussion : Amour et amitié : différences ?

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demeter

le jeudi 07 mars 2013 à 18h57

coquelicot
Pourquoi destructeur au contraire ca peut etre constructif ; ouvrir le champ des possibles !

Les repères sur lesquels on peut s'appuyer ne sont pas tellement malléables. Assurément chacun a ses limites, mais même si on peut vivre de manière à les repousser, ou parfois les perdre dans certaines circonstances, personne n'est un extra terrestre et ne peut vivre sans dignité, ni même décider de le faire. Alors oui on peut faire consciemment des actes qui n'ont pas de sens, mais il ne faut pas s'attendre à en trouver un comme par magie, mais plutôt s'attendre à se retrouver un peu "perdu". La déconstruction des rituels de socialisation et des valeurs qui constituent notre champ affectif conduit, quand cela est fait de manière brutale et sans autre construction pour prendre la place, à l'isolement et/ou à la violence. Ouvrir le champ des possibles ne se fait que dans une climat de sécurité et dans la reconnaissance, l'assentiment d'un groupe et de nos propres valeurs, celles que l'on a reçues par éducation au moins.

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Discussion : Amour et amitié : différences ?

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demeter

le jeudi 07 mars 2013 à 16h49

MetaZet
Et pourquoi pas ? Ça peut se concevoir sans condescendance. Si le mot "charité" rime trop avec "pitié", on peut dire à la place : "bienveillance", "rendre service", "amitié", etc.

Oui, tu peux aussi "marcher sur les mains, à poil avec une plume rose dans les fesses" pour détendre des amis un peu tendus lors d'une soirée. L'idée peut être tentante et ça peut se concevoir en toute rationalité (enfin tout dépend de ce que l'on appelle rationalité). Mais bon, par charité, je ne le conseillerais pas, cela risque d'être un tantinet destructeur.

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Discussion : Renoncer au polyamour

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demeter

le jeudi 07 mars 2013 à 10h51

clairobscure
...mais justement ce n'est pas toujours un choix, alors il reste quoi ? l'accepter ? pour ça il faut se trouver de bonnes raisons,

Ben non justement. Le renoncement, comme tout ce qui se ressent, c'est une réalité, pas l’œuvre de la raison. Les mots, les symboles partagés, les nôtres et ceux des autres dans la communication qu'ils permettent, peuvent masquer ce renoncement, l'analyser à l'infini, l'interdire, l'empêcher, le provoquer, le justifier, au mieux en rendre compte peut-être, mais je ne crois pas que la raison serve à grand chose dans ce cas là. En attendant il reste la souffrance, l'envie, l'amertume, l'espoir, la passion, le désespoir, une palette infinie d'émotions, de sentiments, de sensations physiques plus ou moins agréables à vivre que chacun décline comme il peut dans son contexte de vie, présent et passé, la vie en somme.
Je ne crois pas que l'on puisse modifier seul son ressenti sur le seul fait d'une idée qu'il faudrait rationaliser, à laquelle il faudrait se soumettre à la place de la précédente à laquelle on se soumet déjà, pour une cause, aussi vertueuse peut-elle sembler aux autres. Cela arrive seulement quand on confronte suffisamment longtemps ses sens à la rencontre des autres, à ce qui fait sens, quand on ressent pour soi un avantage ou un inconvénient majeur.
L'évocation d'une cause extérieure ("par amour", c'est à dire une cause vertueuse*, "pour quelqu'un", c'est à dire une personne physique) n'est qu'une manière de dire sans l'avouer qu'on ne renonce pas, mais qu'on cherche à faire porter aux autres, en toute bonne foi, sous prétexte de " raison" ou de "rationalité", notre incapacité à obtenir ce que l'on veut, ou à faire ce que l'on pense devoir faire. Une façon de se soulager à moindre frais, mais le "problème" n'est pas réglé. Cela permet de différer, et notre lâcheté semble bien être une protection qui parfois s'avère efficace. Il vaut mieux être lâche et vivant que courageux et mort. C'est à se demander si ces deux mots "lâcheté" et "courage", n'ont pas fait plus de morts que la peste et le choléra.

*Maintenant si le mot "amour" n'est qu'un mot neutre, sans notion de bien et de mal, mis sur un ressenti, il peut être une explication. Mais, culturellement, il est quand même chargé très fortement de connotation positive pour ne pas prêter à confusion.

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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Discussion : Amour et amitié : différences ?

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demeter

le mercredi 06 mars 2013 à 11h56

MetaZet
Par ailleurs, j'ai en tête l'exemple d'une personne de ma connaissance qui a eu une aventure charnelle avec quelqu'un en dépit d'absence de désir physique et de sentiment amoureux. Et ça me semble assez logique : on peut ne pas être attiré physiquement par quelqu'un sans que ce quelqu'un nous dégoûte pour autant, sans qu'il y ait pour autant de répulsion.

"Ça me rappelle l’histoire de ce type qui s’était jeté dans un cactus après s’être mis tout nu ; moi aussi, je lui ai demandé pourquoi.
- Alors ?
- Il m’a dit que sur le moment, l’idée l’avait tenté."

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Discussion : Renoncer au polyamour

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demeter

le mardi 05 mars 2013 à 20h24

LuLutine
"Renoncer par amour", ça n'a aucun sens. C'est accepter de se rendre malheureux pour l'autre.

gdf
Je ne suis pas d'accord. Renoncer, ce n'est pas obligatoirement être malheureux ! Choisir c'est renoncer, renoncer c'est choisir.

Il me semble que vous dites la même chose cependant. Comme le dit Siestacorta, l'amour, comme toute propriété d'un individu, tout ce qui le caractérise, n'est pas une vertu. Sauf si on le considère ainsi, ce qui est tellement souvent le cas que le double sens de cette explication/excuse prête à confusion tant il est confondu. En revanche ce renoncement n'est réel que lorsqu'il est vécu comme un choix.

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Discussion : Renoncer au polyamour

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demeter

le vendredi 01 mars 2013 à 03h03

Juste une remarque en passant, je ne sais comment dire cela, mais ce que j'apprécie et me surprend Cendre dans ton questionnement au fil de tes messages c'est que tu sembles apprendre de toi et des autres avec une facilité à raisonner comme si cela t'était à la fois proche et étranger, comme si ce raisonnement te servait vraiment à savoir comment être au milieu de ce que tu ressens. C'est surement un peu vrai pour tout le monde remarque, et ce que je dis inutile du coup, mais bon, il est tard et j'avais envie de le dire....

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Discussion : Renoncer au polyamour

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demeter

le vendredi 01 mars 2013 à 02h01

Cendre
Est-ce que vous avez déjà été en contact avec des partenaires qui ont fait ce type de renoncement, qui ont renoncé à la vie polyamoureuse, qui ont réintégré le cadre rassurant du monoamour, par amour pour leur partenaire.

Si c'est bien cette raison là qu'il se donne, ce renoncement ressemble plus à une idée qu'à une réalité. Le "renoncement" ne peut qu'être interne, profondément en correspondance avec celui qui le vit. On peut renoncer par fatigue, parce que les contreparties ne sont pas suffisantes, par la certitude d'avoir fait tout ce que l'on pouvait sans pouvoir aboutir, ou simplement parce que cela ne convient pas, mais renoncer "par amour pour un partenaire", je ne vois pas où cela peut mener hormis de faire porter à l'objet de cet amour une responsabilité qu'il risque d'avoir bien du mal à porter si ce n'est qu'un moyen de temporiser ou de masquer une absence de renoncement. En quoi l'amour peut il se nourrir de renoncement ? Cela ne relève-t-il pas plus du mythe que de la réalité ? Peut-être certains mythes font-ils tellement partie de la réalité, qu'ils deviennent constitutifs de la relation et "tiennent" quelque temps, mais ils permettent également de se glisser l'air de rien dans un rôle de prince ou de princesse. Hélas les rôles ne sont que des rôles, même si l'on y croit vraiment. Une façon de se protéger, mais au détriment de l'autre et parfois même de soi. En tout cas le déséquilibre engendré dans la relation entre son épouse et lui par semblable explication me paraitrait, lui, bien réel.

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Discussion : Notre opacité paradoxale

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demeter

le mercredi 13 février 2013 à 13h43

Siestacorta
On peut raconter des expériences passées, une fois les gens et les coeurs apaisés. Mais, justement, on ne va parler que d'un passé "classé", que chacun supporte de voir raconté - et même cette seconde condition est très restrictive.
Message modifié par son auteur hier à 18h.

« Une vie que l’on supporte de voir raconter » me semble en effet une réalité très différente « d’une vie que l’on supporte de voir racontée » et l’emploi du participe passé y prend tout son sens. Il me semble qu’ici est pour moi un lieu de réorganisation des histoires, ce qui permet la construction ou la consolidation d’un présent vécu au jour le jour mais dans lequel on ne se voit plus, on ne peut plus se voir, parce qu’il est difficile de prendre conscience de l’eau dans laquelle on se baigne, de la même manière que l’on ne sent plus sur sa peau un bijou qui ne nous quitte pas depuis des années et dont on est incapable de dire si on le porte ou non sans s’assurer de sa présence en le touchant du doigt. Il faut du temps à chacun pour donner une cohérence à sa vie, une pseudo-rationnalité dans un environnement qui nous échappe ou a souvent tendance à vouloir le faire. Il me semble que cette auto-censure existe bien vis-à-vis de tiers qui pourrait s’y retrouver, mais pas seulement. Elle est aussi une mise à distance, une confirmation de sa propre existence et de sa propre histoire dans la dignité et le respect, une possibilité d’analyse et est donc aussi nécessaire que l’intimité partagée dans laquelle on se noie par une trop grande proximité. On peut l’appeler politesse ou éthique, ou bien rituel social, ou névrose, enfin d’un nom qui désigne un code relationnel qui disparaît souvent dans une relation familiale ou intime, parce que l’on en vient à s’en dispenser, à en sauter des étapes que l’on considère tellement acquises qu’elles n’ont plus lieu d’être. Elle permet une communication plus élargie, qui n’en est pas moins réelle, et confirme une appartenance ou une place social dans un groupe dans lequel on peut, on pourrait, se reconnaître, malgré une diversité culturelle qui me semble n’avoir jamais co-existée dans les siècles précédents. Je ne vois pas cela comme une perte de liberté d’expression, mais plutôt comme une autre manière de le dire en respectant ceux qu’on aime sans les faire souffrir et en se respectant soi-même. En revanche, quand cette auto-censure, d’« interdiction », prend le statut de « privation », alors le discours prend des allures d’appel à l’aide, pour que d’une histoire qui se raconte mal, on puisse faire une histoire bien racontée, un socle sur lequel on peut s’asseoir pour continuer autre chose.

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Discussion : Le polyamour n'est pas une destination, mais une manière de vivre ?

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demeter

le vendredi 11 janvier 2013 à 01h10

Green-Pixie, nous sommes probablement d'accord sur le fond, mais tu établis une analogie entre deux notions qui n'ont pas nécessairement de rapport entre elles, qui ont chacune une connotation émotionnelle forte : "le bonheur" et "le polyamour", et qui mises côte à côte ont tendance à faire croire à un lien de cause à effet entre les deux ou établir des similitudes qui semblent ne pas être sans rapport entre elles dans la manière dont tu les présentes.

Je répète ce que je viens de dire, mais le bonheur n'est sans doute pas une destination, ni même à mon sens une manière de vivre, c'est une expérience. Le bonheur ne peut être là, sans arrêt à chaque instant, il ne résulte pas d'un choix raisonnable, ni même des évènements qui parsèment la vie mais plutôt du regard que l'on porte sur les choses que l'on vit et des personnes qui sont là autour pour entendre ce discours. Il ne peut être écrit à l'avance, il ne s'applique qu'à une vie donnée, pas à la vie en général. Chaque évènement, chaque rencontre, chaque acte, peut donner lieu à un drame ou à une jouissance, une honte ou une fierté, selon le tricotage que chacun fait avec son entourage, ses relations, le sens que l'on y met, sa capacité de résilience, sa capacité au milieu des autres à faire d'un vécu une histoire qui peut être entendue, partagée, reconnue. Le danger est multiple d'en faire une analogie avec une manière de vivre : faire croire tout d'abord que ce bonheur résulte d'un choix individuel ne dépendant pas de la société dans laquelle il s'opère, de la qualité de son entourage, faire croire à la qualité même de ce choix, voire même au mérite de telle ou telle manière de vivre et par conséquent, et ce serait le comble, transformer justement ce bonheur en objectif à atteindre.Il ne s'agit pas de banaliser et ou d'amoindrir la portée des actes, mais de comprendre que chaque parcours peut permettre ou non de vivre ce bonheur.

Le concept de polyamour quand à lui, est justement à mon sens une manière de vivre, c'est à dire un regard porté sur les choses, une façon de raconter, d'exprimer, de tricoter ses ressentis avec l'environnement, de matérialiser, voire de revendiquer un cadre de pensée, en rapport avec un parcours de vie, c'est à dire de mettre des mots sur quelque chose de déjà vécu, dont on a cru pouvoir tirer une leçon. Il est possible ici, dans certains milieux, comme dans beaucoup de pays, il n'est surement pas possible ailleurs, avec d'autres personnes ou dans certains autres où pourtant les gens sont heureux également. Comme tous les cadres, il est structurant, il est aussi enfermant. Il permet de construire également un discours social dans lequel certains pourront y faire leur place, y trouver leur bonheur. Mais ce n'est pas une expérience, ce sont des mots qui racontent cette expérience, et préparent les suivantes, un sens donné à des évènements. Nul doute que cela te plaise et que tu t'y sentes bien. Mais comme toute philosophie, le concept atteint ses limites à donner du bonheur quand il devient plus enfermant qu'ouvert. Comme tu le dis toi même, il n'est pas une recette miracle pour donner du bonheur, mais simplement et là je me répète encore, un éclairage, une expression d'un vécu (et bien d'un seul : de celui qui le raconte) que l'on écrit d'une certaine façon et qui permet des instants de bonheur pour certains et de malheur pour d'autres. En s'enfermant dans ce concept, comme dans tous les concepts, toutes les philosophies, toutes les religions, certains y écriront une histoire, un regard sur leur vie qui les conduit au suicide, d'autres qui les conduiront à une vie heureuse. Ce concept peut paraitre plus ouvert que d'autres, dans la mesure ou il s'oppose à un dogme préexistant ; s'il n'est pas compris et présenté en tant que modèle auquel il convient d'accéder ; mais il n'est pas plus éclairant qu'un autre. Il n'est pas besoin, comme le souligne Katouchka de s'y référer pour comprendre, pas nécessaire de vivre des amours plurielles pour "confronter son point de vue aux autres, sa jalousie, ses peurs, ses réalités aux autres vécus ..." Il est libérateur s'il représente un besoin inavouable, mais est aussi enfermant qu'un autre s'il devient lui même dogmatique, et comme le dit Pive s'il "cherche" à prouver quelque chose.

Les oxymores par ailleurs ne sont pas réservés à Beaudelaire et au spleen, ni au drame cornéliens mais bien à la condition humaine en général et sa "merveilleuse médiocrité" avec laquelle chacun doit composer. Rien de pessimiste la dedans si ce n'est justement le sens que tu mets sur mes mots au travers du filtre de ta propre histoire. Je n'aimerais pas que mon ressenti soit récupéré pour en faire un discours social en faveur ou non du polyamour, un discours qui ne m'appartiendrait plus. Je n'aime pas les étiquettes et chacun vit avec ses drames parce qu'il est nécessaire de grandir pour ne pas mourir. Certains s'en sortent d'autres non. Il est certain que nos représentations et la manière dont elles sont accueillis ou acceptées, produisent des émotions différentes, avec plus ou moins de bonheur.

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