Réalité existentielle de la solitude et comment apprécier mon café du matin...
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demeter
le mercredi 27 mars 2013 à 10h35
Ce matin, je suis tombé à nouveau sur cet article de redpsy.com :
redpsy
• "Je suis moi. Je suis le seul à être moi et je suis différent de tous les autres, même si je ressemble à beaucoup de personnes dans les divers aspects de ce que je suis. Je suis seul avec ma vie; personne ne peut s'occuper adéquatement de diriger ma vie, de voir à mon bonheur et à ma satisfaction de chaque moment. Je suis le seul à posséder ma vie et ne veux la donner à personne d'autre.
• Je suis avec toi, mais différent de toi. Jamais nous ne pourrions devenir réellement semblables ou unis au point de faire disparaître les différences entre nous. Je ne suis pas responsable de ta satisfaction et je ne compte pas sur toi pour me procurer la mienne. J'aime que tu sois différent car c'est par tes différences que je trouve avec toi de quoi me satisfaire dans notre contact.
• Ce que je peux faire de mieux pour que notre contact soit satisfaisant pour nous deux, c'est d'être ce que je suis aussi ouvertement que j'en suis capable et de te laisser être ce que tu es de la façon dont tu choisis de l'être. Je peux aussi me laisser toucher par ce que tu es et y réagir à travers tout ce que je suis.
• C'est cette façon d'être ensemble qui me satisfait et m'enrichit, ou me permet de constater rapidement que notre contact n'est pas bon pour moi et que je ne veux pas le poursuivre. Je crois que notre contact peut nous satisfaire tous les deux; autrement je ne serais déjà plus ici. Mais si je constate que je me suis trompé et que l'un ou l'autre de nous deux n'y trouve pas son compte, je préfère me retirer et trouver d'autres moyens d'obtenir ce que je cherche.
• Si je t'aime, c'est parce que tu concrétises au moins en partie ce que j'aime et ce à quoi j'accorde de la valeur; mon amour pour toi dépend de cela, mais il n'est pas indispensable que tu correspondes à ces exigences, car je n'ai pas besoin de t'aimer pour vivre et tu n'as pas besoin de mon amour pour avoir de la valeur et vouloir vivre. Je ne veux pas de contact avec toi sur d'autres bases que la recherche de notre satisfaction mutuelle; je suis le seul vrai gardien et responsable de ma satisfaction et je ne veillerai en rien à la tienne."
En dehors de toute intention qui semble émerger de ce qui pourrait ressembler ici à une profession de foi, de tout mode de vie qu’il soit polymamoureux ou monojesaispasquoi, de toute éthique qu’il sous-entend, de toute émotion contenue dans la réalité de la relation, de tout acte posé, j’ai l’impression qu’il décrit au mieux l’écologie viable d’une relation quelle qu’elle soit, que les personnes concernées décrivent ou non la relation en ces termes.
Alors pourquoi suis-je toujours obstiné à vouloir conserver des relations que je ne vis que rarement de cette manière ? A force de discuter aussi souvent de cela, d’alimenter la relation par l’analyse de la relation, n’avez-vous pas vous aussi cette désagréable impression de courir après un idéal qui ne se satisfait jamais de sa réalisation ? Dans ce cas, comment lâcher un peu et prêter plus d’attention au soleil et au vent dans les arbres, aux sourires des gens quand arrive le printemps… Bah, en écrivant ici peut-être, avec un peu de bol… Oui, mais non... Y a des jours comme ça...
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Siestacorta
le mercredi 27 mars 2013 à 13h04
Bon lien, merci.
J'aime beaucoup la dédramatisation de la solitude.
(si un admin passe par là, il veut bien mettre un t à la place du c, dans existentielle du titre ?)
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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LittleJohn
le mercredi 27 mars 2013 à 13h34
Siestacorta
(si un admin passe par là, il veut bien mettre un t à la place du c, dans existentielle du titre ?)
À toi aussi, ça brûle la rétine ? :D
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(compte clôturé)
le mercredi 27 mars 2013 à 14h03
J'ai bien vue un petit qqch qui grattait la rétine mais je voyais pas où..
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Siestacorta
le mercredi 27 mars 2013 à 14h04
Ca l'irritait, peut-être :-)
Mais bon, on en fait tous à un moment ou l'autre.
Et même de bonne foi : ça fait à peine quelques mois que j'ai compris qu'on écrivait candaulisme et pas caudalisme. Je sais pas, je me disais que ça revenait tellement à faire la queue... bon.
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bouquetfleuri
le mercredi 27 mars 2013 à 17h19
Ah, le beau sujet…
Ou comment vivre avec son idéal, sans s’en charger ni s’en décharger.
J’ai besoin d’aimer pour vivre. La vie ne m’intéresse pas si je ne suis pas amoureux.
Préparer mon petit déjeuner, admirer un soleil couchant, soigner un rhume ou même boire un bon vin ne trouvent grâce à mes yeux que si avant, pendant et après ces actes quotidiens je sais qu’il existe une, des personnes qui m’enrichissent par leurs existences, par leur désir.
Seule l’effervescence entre deux personnes amoureuses réalise entièrement le sens de ma vie. Être le meilleur de celui que je peux être, devenir qui je suis ne s’exprime que dans ces bulles-là.
Rien de ce qui s’évalue dans une grille comptable, sociologique ou culturelle, rien de ce qui est quantifiable ne m’intéresse, mon idéal est ailleurs, dans le souffle empressé de mon amoureuse, dans sa respiration et son écriture, au loin ou près de moi, dans ses mots intérieurs et son envie de me retrouver.
Voilà aussi pourquoi, quand tout passe, quand tout disparaît hors le souvenir, je peux rester seul, amoureux de ma solitude. Alors je retrouve dans le vent qui fait chanter les arbres la voix de mon amoureuse et dans un sourire printanier la fraîcheur d’une autre amoureuse. Et mon idéal perdure, parce que j’ai aimé, parce que j’aime.
Et quand, au détour d’un long dialogue une femme me redonne vie, je ne suis plus moi tout seul et je me découvre, construit par elle, comme par ceux qui m’entourent. Je ne possède ni son temps ni son espace, ni ses goûts ni ses envies, ni ses mots ni ses références, mais elle me possède en m’offrant un instantané de son histoire, au moment où elle me regarde.
Elle n’est pas mon unique, mais elle n’est pas interchangeable. Notre histoire est unique et je ne perds rien de cette histoire en acceptant de n’être pas seul.
J’ai découvert l’infinité amoureuse quand j’ai cessé de vouloir maîtriser ce sentiment, quand j’ai accepté de me perdre au creux de son attention.
Frêle esquif dans la tempête, je chavire sans cesse et me noie avec délice dans cet océan de bonheur.
Tant pis !
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Cendre
le jeudi 28 mars 2013 à 22h45
J'ai peur de paraître bien prosaïque, après telle tirade, mais j'aimerais bien, moi aussi, faire de l'amour mon but dans la vie.
Désirer et se sentir soi-même désirée est l'une des plus belle sensation qu'il m'a été de vivre, celle que je souhaite ardemment reproduire.
C'est très récent, chez moi, ces aspirations. Pendant longtemps, les activités solitaires avaient ma préférence, comme traverser une forêt (à cheval, si possible), ou m'absorber dans mon code.
Aujourd'hui, je constate avec effarement que j'apprécie de plus en plus de travailler en binôme, en assistante (ou expert, c'est selon) auprès de mes collègues, et de moins en moins de faire moi-même dans mon coin.
Je suis en train de changer profondément.
Et ce facteur déclenchant, ce désir qu'un homme a eu de mieux me connaître, plus proche, plus serré, plus intime, plus sensuel. L'idée que cette fontaine là de plaisir et de jouissance n'avait aucune raison de trouver sa source en une unique personne, quelque soit l'amour que je porte à cette dernière.
C'est devenu un désir impérieux. Quelque chose qu'il me fallait satisfaire. Que je ne pouvais plus « faire ce qu'on attendait de [moi], ce que [je] croyais que [je] devais faire »
Et dans la foulée, découvrir ces réalités existentielles de la solitude et de la liberté, qui me ramène à mes fonctionnements premiers, qui doivent me servir de loupiotes, pour éclairer le brouillard dans lequel je navigue, histoire de ne pas me perdre moi même dans ce désir des autres.
Merci de m'avoir montré que je pouvais accueillir autant d'amour en moi.
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dominik
le mercredi 24 juillet 2013 à 17h32
pinaise , que c'est bien écrit cette tirade de m'sieur bouquet fleuri ... suivie par celle de Cendre qui est bien bien chouette également
je découvre petit à petit ce forum , et je prends beaucoup de plaisir avec certaines lectures ...
je remonte ce post beaucoup pour le plaisir , mais aussi pour le retrouver facilement , parceque je compte bien le faire lire à ... qui voudra ...
j'y joints un court extrait de texte de Christian Bobin , citation qui navigue sur des horizons certes différents , quoique , on est bien également dans la Réalité existentielle de la solitude .. et du café du matin , dans tous les cas , çà me parait très voisin dans la façon de tenir la barre ...
.. pour le plaisir de l'esprit donc ..
j'écris, je ne fais rien. J'aime cette vie là pauvre en événement. Ce retrait fait place nette, et ce qui peut sembler austère n'est que la disposition de toutes choses - pensées, fruits et encres - en vue de la plus grande abondance qui soit. Je bois un café, pour la brûlure de la tasse entre les doigts. Je regarde une peinture, pour le silence. J'attends mais ce n'est pas pour attendre. Je me tais, je ne fais rien, et dans ce rien d'une soirée, j'apprends lentement à nommer ce qui me comble et m'échappe : l'émerveillement d'une petite feuille verte égarée dans la crue des lumières.
Christian Bobin
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Anarchamory
le vendredi 26 juillet 2013 à 16h55
Deneb
La solitude n'est rien à côté du manque de café...
(+) :-D
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Sidony
le vendredi 26 juillet 2013 à 18h07
Merci pour ce partage. Les mots sur les sentiments ça me fait du bien.
:-)
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clairobscure (invité)
le mardi 30 juillet 2013 à 16h04
Je connais déjà ce texte et ce site depuis longtemps, et elle résume bien ce que j'ai fini par comprendre qui est primordial dans la recherche du bonheur, même si c'est quelque peu contradictoire:
"Je ne veux pas de contact avec toi sur d'autres bases que la recherche de notre satisfaction mutuelle; je suis le seul vrai gardien et responsable de ma satisfaction et je ne veillerai en rien à la tienne."
Je garde surtout à mon coeur la première partie de cette idée. Il faut peut-être ajouter l'ingrédient "être autonome c'est aussi aller demander soi-même aux autres ce qu'on attend d'eux, comme une faveur et non un dû".
Pourtant, l'échec de la collaboration pour parvenir à cet équilibre satisfaisant est tellement destructeur, que je me demande si ce "contact" vaut mieux qu'accepter de vivre en parallèle en évitant les contacts qui heurtent...
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Pinklady
le mardi 30 juillet 2013 à 17h40
Qu'il écrit bien notre Bouquet fleuri...la solitude ne m'est agréable que quand mon cœur est rempli d'amour, que qd je sais que je suis seule par choix, que quand je sais que les êtres aimes ne sont loin que géographiquement mais que j'existe dans leur cœur à cet instant même. Mais qd le doute s'installe qd la peur prend la place voila qu'elle devient destructrice cette solitude.
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Houba
le dimanche 29 décembre 2013 à 23h04
Seriez vous en train d'insinuer que l’être humain est un mammifère ayant un besoin physiologique d'amour ( au même titre que la nourriture ou l'oxygène) ? Serait-ce la seule entité (lié au développement de notre encéphale) sur cette planète dans ce cas ? Ou ne s'agit-il que d'une construction intellectuelle, sociétale, d'un conditionnement ? Pour exemple: l'attachement mère-enfant existe, de façon plus ou moins durable, chez les mammifères, pas chez les poissons ou les reptiles. Et chez les mammifères, quelques espèces ont une vie sociale, et semblent avoir des relations privilégiées durables entre individus (amour ?)...mais chez l'humain, ça a l'air très poussé (amour !)...surtout devant son café du matin... ;o)
Est ce que des humains peuvent être heureux sans amour ? La vie vaut-elle d’être vécue sans amour (attention aux constructions morale sociales)...non dira notre ami Bouquet fleuri...mais les autres ?
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aviatha
le dimanche 29 décembre 2013 à 23h24
Oui l'être humain a un besoin physiologique d'amour, ceux qui en sont dépourvus développent d'ailleurs des pathologies assez lourdes, quand ils ne se laissent pas tout simplement mourir.
Mais il est loin, très très loi, d'être le seul animal sur cette planète dans ce cas. Citons en vrac les gorilles dont les scènes de jalousie peuvent être monstrueuses, les bonobos qui peuvent se laisser mourir de voir leur partenaire aller avec un autre, les animaux domestiquent qui peuvent mourir de dépression à la mort ou la disparition de leurs maîtres, les éléphants qui recouvrent et veillent leurs morts parfois des jours durant, les orques qui s'échouent volontairement pour tenir compagnie aux mourants dans leurs derniers instants, les baleines qui disposent d'un chant particulier pour le deuil, les dauphins qui peuvent porter pendant des jours sur leur nageoire dorsale le cadavre d'un petit mort-né, le refus des chimpanzés d'accueillir un nouveau partenaire quand le leur vient de mourir, surtout si la mort est violente, et cela parfois pendant des années...
En réalité, il n'y a pas beaucoup d'êtres sensibles pour qui la vie vaille d'être vécue sans lien affectif fort, sans "amour" au sens large du terme (y compris la famille, le lien avec les humains...). Sans doute que les humains ne le peuvent pas non plus.
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Boucledoux
le lundi 30 décembre 2013 à 08h24
J'ai parcouru le fil en biais et je ne suis pas fan des comparaisons naturalisantes mais quand même ils me semblaient beaucoup plus open les bonobos non ?
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aviatha
le lundi 30 décembre 2013 à 13h08
Les bonobos sont tout sauf "open", en fait^^ Mais ils ont une sexualité perso et une sexualité sociale,et pendant longtemps on a tout mis dans le même sac en disant qu'ils s'accouplaient avec tout le monde. En vérité la sexualité sociale ne représente pas grand chose dans leur monde émotionnel (et n'est d'ailleurs jamais fécondante), mais elle sert de cohésion de groupe, et elle se pratique entre tous les individus, y compris frères et sœurs et adultes et pré-pubères, ce qui est absolument impensable pour la sexualité perso (l'interdit de l'inceste existe chez eux comme chez tous les grands primates, et un jeune qui se ferait réellement assaillir par un adulte appelle aussi tôt les autres adultes à l'aide).
C'est un peu comme nous quand on fait la bise le matin au bureau, on la fait même à des gens qu'on irait pas forcément embrasser de nous-même, mais ça maintient l'esprit d'équipe. Sur leurs affections perso, les bonobos sont des hypersensibles, et là je parle d'amour, mais on a vu aussi un cas qui concernait des amis d'enfance, dont l'un s'est senti abandonné quand l'autre a eu d'autres amis, et qui en avait des crises de désespoir à se jeter la tête contre la vitre de l'enclos. Quand je compilais les observations, ils m'ont parfois fait l'impression de ces autistes qui sont capables de contact proche et parfois dérangeant avec tout le monde sans y voir le moindre problème mais qui sont des écorchés vifs émotionnels et pour qui toute légère distance est marque d'un profond désamour .