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Discussion : [Texte] Le polyamour, Le nouveau miracle au pouvoir dégraissant – Brigitte Vasallo, janv 2018

Siestacorta
le lundi 08 janvier 2018 à 13h03
Merci !
J'ai dû le dire autrement ailleurs sur le forum : ni le polyamour ni la monogamie ne "fonctionnent", parce que les gens ne sont pas des piles.
Discussion : L'individualisme et le polyamour — La mauvaise influence

Siestacorta
le lundi 08 janvier 2018 à 12h58
Hm.
Ca réduit beaucoup l'individualisme au néo-libéralisme, au consumérisme, à une pensée libertarienne...
Il y a toute une façon de penser l'individualisme qui ne dit pas "moi d'abord et ensuite débrouillez-vous" mais plutôt "si je peux me connaître moi-même, j'ai une meilleure chance de respecter et aider l'autre, et si lui se connaît-lui-même, on pourra mieux prendre nos décisions communes".
Inversement, prôner l'altruisme comme "l'autre a généralement raison de me demander d'être solidaire", c'est plus une morale qu'une éthique.
Le "bien" est défini par avance comme communautaire, l'indépendance serait non-seulement un refus du commun, mais un refus de toute contrainte et de toute responsabilité. Ce qui est faux, quelqu'un d'indépendant sait choisir les contraintes acceptables et même rendre des contraintes fertiles.
Au lieu de considérer sa responsabilité comme permanente, il la mesure pour savoir quand la prendre, quand la partager, quand elle n'est pas tenable.
Un individu qui a compris ce qu'est la vie en société et la place qu'il peut y tenir ne s'en coupe pas, se donne le choix d'accepter des contrats avec elle, avec les gens.
"Contrat" est un mot un peu fort, disons qu'il s'associe en connaissance de cause. Il s'engage, non pas parce qu'on a décidé pour lui que c'était "bien" (ou altruiste), mais parce qu'il l'a compris par lui-même, pour lui-même, et qu'il tient compte de ce que l'autre y trouve.
Je pense que si on ne prend pas cette responsabilité de faire la différence entre ce qui est bon pour soi et ce qui est bon pour soi avec l'autre on se retrouve à confondre non seulement son bien individuel et le bien tout court, mais aussi le nous et le toi avec moi. Au point de trouver juste de voir une priorité à chercher le bien de l'autre même quand l'autre n'a pas participé à ce choix.
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.
Discussion : Comment en parler ?

Siestacorta
le vendredi 05 janvier 2018 à 13h42
Je crois que tu peux te faire un minimum de culture poly, lui en parler, en expliquant qu'il s'agit pas pour toi de définitivement nommer votre situation ainsi, mais de lui montrer qu'il y a plein de gens qui n'ont pas peur de la non-exclusivité.
Il s'agit pas forcément de lui faire admettre qu'elle est poly quand elle ne souhaite peut-être pas le devenir, mais de lui faire comprendre qu'il y a des façons pour toi de faire avec sa liberté.
Depuis combien de temps êtes vous en relation ? Quel âge avez-vous ?
Autre piste : faire le point sur les aspects concrets de la situation à propos desquels tu aurais besoin de communiquer. Que tu saches déjà toi les nommer, ce que tu ressens à leur égard.
Je suggère des protocoles de discussion, comme la Communication Non Violente ou le protocole Imago (voir l'exemple du Miroir à la moitié de la page)
Évidemment ça marche beaucoup mieux si vous vous êtes tous les deux engagés à utiliser les outils et que vous faites chaque étape chacun votre tour...
Par ailleurs tu peux faire le point entre toi et toi si tu préfères vivre comme tu vis aujourd'hui ou faire avec d'éventuels changements de vie entrainés par une recherche de transparence. Est-ce que tu serais ok de la voir communiquer plus ouvertement avec l'autre homme, à ce qu'elle intègre officiellement ses rencontres dans l'emploi du temps, à déterminer, après que vous ayez posé votre situation, si vous avez envie ou besoin que quelqu'un de l'entourage connaisse une partie de l'histoire...
Enfin, une idée qui m'est venue et que je te soumet juste au cas où : sa recherche de compartimentation peut avoir une autre explication que la culpabilité de pas faire comme tout le monde. Elle peut vouloir protéger un amant qui serait lui-même infidèle...
Discussion : Polyamour ou non ?

Siestacorta
le jeudi 04 janvier 2018 à 18h53
Kuoni
Mon épouse est en couple avec un autre homme, pas moi.
Notre "contrat" stipule que notre vie à "3" est acceptée.
Mais on a jamais discuté la possibilité que je rencontre quelqu'un. C est un débat différent que je devrai ouvrir , si cela arrive un jour.
Je ne pars pas du principe que c est œil pour œil, dent pour dent. J accepte qu elle soit polyamoureuse. Mais je comprendrais qu elle ne soit pas naturellement "prête" de ce fait à accepter l inverse, sans avoir le droit de ressentir de la jalousie, de la peur...
Evidemment ! l'autre a parfaitement "le droit de ressentir" jalousie ou peur, tout autant la liberté d'en parler, de faire des demandes de limites (qui seront acceptées ou non).
Dans le cas de Douce, ça me semble aller un peu au delà, "lui ne veut pas me partager avec un autre que mon compagnon", dans un échange où il a beaucoup été question de promesses... J'ai vraiment l'impression qu'il compte d'emblée sur une forme d'exclusivité, et ça peut être significatif de sa façon d'être en relation avec ses partenaires.
Douce semble culturellement mono, et explore sa situation sous l'angle poly. Elle propose un début de contrat moral à un amant lui aussi culturellement mono, un peu coureur sur les bords. Alors, si ça se trouve dans leur relation ils en ont rien à fiche de l'équité, mais si dans le poly on en parle si souvent, c'est aussi pour souligner que la liberté et la responsabilité sont équitablement réparties...Donc que ya pas de raison de trouver normal que l'attente d'une femme sera de limiter les rencontres et l'attente d'un homme sera de les multiplier, plutôt des raisons d'être circonspect si la proposition va pourtant dans ce sens : ça commence à ressembler plus à du machisme banal qu'à du polyamour. Faut pas tirer de conclusion hâtive, mais ça fait déjà quelque chose qui gratte un peu.
Dans le dialogue entre un homme coureur assez probablement infidèle et une femme qui se pose plein de questions sur si elle peut construire quelque chose à partir de là, et avec une perspective crédible qu'elle se sente plus résignée qu'acceptante après cette attente exprimée d'exclusivité de la part de l'homme, je crois que c'est bien de souligner le côté pro-actif et égalitariste d'un choix polyamoureux.
La liberté d'aller ailleurs, c'est comme une revendication forte qui donne du muscle à la possibilité d'influer sur le cadre de relation même quand on ne va pas ailleurs. Si dans le polyamour on demande la Lune, on obtiendra plus facilement un deal sur le lancer de satellites :-)
Même si bon...
Pour revenir à la situation présentée, d'un côté une infidélité (pas "un adultère", puisque Douce n'est pas mariée), de l'autre un homme infidèle et a priori pas dans la transparence ni avec elle, ni avec la mère de son deuxième enfant... Amener 4+x personnes dont deux pas volontaires vers du polyamour assumé, ça me parait vraiment coton.
Et dans l'autre option de maintien du secret, la marge de liberté qui peut être ouverte entre deux gros blocs de cachotteries me semble très restreinte, et le bien-être de chacun plutôt précaire. Je ne peux qu'espérer que chacun se responsabilisera au mieux, mais ça tient vraiment sur un fil.
En revanche, Douce, même si subjectivement, à partir du peu que tu as exposé, je crois pas fortement à une sortie pleinement polyamoureuse mais plutôt à "restreins tes attentes ou pars" (ce sont que des estimations au jugé, évidemment), j'estime que tes questions ont tout à fait leur place ici, puisque tu te le demandais. Même si au final tu n'entrais pas dans un parcours poly, venir discuter ici pour t'interroger sur tes choix face à des relations multiples (les tiennes ou celle de ton amant) te donnera sans doute un éclairage meilleur.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Polyamour ou non ?

Siestacorta
le jeudi 04 janvier 2018 à 16h30
Pour commencer par la question posée dans le titre du fil :
- si c'est pour dire "est-ce que c'est du polyamour, est-ce que ma relation avec cet homme est du polyamour" ?
La réponse est "aujourd'hui, non".
SI j'ai compris, déjà, de ton côté, tu es en train de tromper un partenaire ? (et pas un mari donc ce n'est pas, techniquement, de l'adultère). Je juge pas ça, ta vie affective et comment tu prends soin de toi et des autres, ça peut prendre des formes variées.. Mais bon, je crois que si tout cela est voué à durer, alors l'honnêteté est à terme un meilleur choix .
Par ailleurs, lui te demande explicitement de ne pas avoir d'autres partenaire que ton compagnon ?
Le déséquilibre des libertés me gêne beaucoup, même si tu n'aurais pas l'usage de ta liberté. Il existe des cadre poly avec des limites "numériques" (pas plus de x compagnon plutôt que le pas plus de 1 de la monogamie), mais dans l'histoire que tu racontes, la demande me semble a priori plutôt pousser dans le sens d'un gars pas particulièrement ouvert, qui cherche à garder votre relation mais s'est pas beaucoup intéressé à ce que ça signifierait de l'entretenir à la façon poly.
- si la question est "est-ce que je dois me mettre au polyamour", la réponse risque d'être nettement plus compliquée...
Histoire de prendre ce problème par un bout, deux questions :
- la "vraie relation de couple" de ton amant avec la mère de son 2e enfant, c'est une relation ouverte ou il est infidèle ?
- est-ce que tu penses que cet homme s'engagerait aussi à une relation avec toi si tu n'avais plus d'engagement avec ton compagnon historique ?
Parce que promettre à une femme libre une fidélité non-exclusive, une durabilité de la relation, c'est très différent que de le promettre à une femme déjà engagée et en plus contrainte par ses propres secrets. La seconde promesse, c'est un peu comme dire à un eskimo "oui, oui, si un jour t'as besoin d'un climatiseur pour avoir de l'air frais, promis, on se débrouillera", quand la première c'est le même climatiseur pour un habitant d'une région où il ya des vrais étés très chauds après les hivers. Pas la même prise de risque que la demande se concrétise...
Donc il peut compter sur les limites de ce que tu peux prendre comme place pour faire durer votre relation...
S'il était engagé avec toi dans du polyamour (a priori pas, parce qu'en ayant déjà une relation, envisager d'en avoir lui d'autres et annoncer qu'il ne souhaite pas que toi tu en es, ça me parait pas venir d'un pratiquant de l'ouverture consentie et informée des relations...), ça l'emmènerait sur des situations qu'il ne souhaite pas forcément (que tu rencontres d'autres, que tu puisses demander où il en est, qu'il y ait la possibilité qu'il devienne un jour connu de ton compagnon, que tu prennes plus de place dans sa vie si tu te retrouvais plus disponible..). Le polyamour ouvre des possibilités, il a peut-être pas forcément envie d'en avoir beaucoup !
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Compètement perdu...

Siestacorta
le lundi 25 décembre 2017 à 17h25
Bonjour, tusse, et joyeuses fêtes.
Ton message dit que tu aimes encore beaucoup cette femme. Je t'apprend rien, mais je te confirme que rien dans ce que tu dis, dans les temps de pause, ne semble aller dans le sens d'une séparation définitive. Vous vous laissez toujours une porte.
Vous vous faites de la peine (en amour, ça arrive, il ne faut pas l'occulter mais pas non plus considérer que c'est "la fin" à cause de ça), mais jusqu'ici la peine ne vous rend pas la relation impossible.
Je ne te promet pas que tu sauras dépasser la jalousie. Certains n'y arrivent pas. Mais sans promettre à ton aimée d'y arriver, tu peux dire que tu vas essayer d'y travailler, si elle est prête à voir ce qu'elle peut faire pour te ménager.
Ce que tu dis de ton aimée me fait penser qu'elle a un gros besoin de mouvement, d'investissements qui se renouvellent. Pas seulement en relation amoureuse : elle voyage, change de pays, fait des expériences, tente de changer la forme de son engagement avec toi (c'est à dire qu'elle ne revient pas sur votre début d'histoire, mais qu'elle cherche à la transformer)... J'ai l'impression que c'est cette part de son caractère qui lui fait envisager le polyamour. Je ne sais pas si c'est ce qui lui conviendrait ou vous conviendrait en relation, mais, dans l'idéal c'est vrai que ça permet de concilier ce goût de la nouveauté et la fidélité à ce qu'on chérit déjà.
Il y a des accords qui peuvent se faire pour que votre relation vive avec l'ouverture poly, ils sont cependant différents de ceux que, plus ou moins explicitement, la plupart des gens passe quand ils commencent une relation.
Si vous allez dans le sens poly, il faut intégrer ça, en plus du mode de pensée poly qui serait possible pour vous.
Ceci dit, un triangle amoureux avec une deuxième fille n'est qu'une des possibilités... J'ai l'impression que ton aimée ne cherche pas une liberté trop fortement conditionnée.
Bon, tu écris que "partager te ferait trop mal"... C'est peut-être vrai. Mais je crois que tu as déjà vu des changements forts dans votre relation, que tu as réussi à espérer. Je ne dis pas que ça suffira toujours, mais une fois le choc d'un changement possible encaissé, une confiance mutuelle peut se cultiver.
C'est du boulot, il ne faut pas se le cacher. Mais tant que tu ne peux pas faire autrement que de l'aimer, ça peut valoir la peine (si elle aussi elle bosse, hein. C'est pas tout de constater qu'on aime plusieurs personnes, si on désire vivre poly, faut bosser la communication, le savoir-vivre... ya pas que toi qui devrait être dans l'effort, lire sur le sujet... Et vu que ton aimée a eu tendance à communiquer plutôt après-coup, c'est clair que ça lui en demanderait aussi).
Discussion : Pourquoi?

Siestacorta
le dimanche 24 décembre 2017 à 01h58
Francesco2211
Merci pour ta réponse aussi.
J'essaye d'en tirer un complètement de mon jugement en évitant une expérience du mal, oui. Dans beaucoup de cas on peut savoir qu'on se fait du mal sans l'essayer personnellement, par exemple en sautant par la fenêtre, donc c'est judicieux éviter de sauter ou pire de faire sauter quelqu'un par la fenêtre.
Je comprend le raisonnement ; mais dans la mesure où la prise de risque inutile que tu cherches à éviter serait valable aussi pour la monogamie. D'autant qu'il y a assez d'exemples d'échecs douloureux de la monogaime pour estimer qu'il y a clairement un risque de faire mal ou se faire mal là aussi.... Donc, interroger le risque de l'option poly doit se faire à l'échelle du risque de l'option mono, aussi rigoureusement.
Sinon : il y a aussi un côté scientifique de la démarche à faire des expérience ! Sachant que la plupart des risques qu'on prend ne sont comparables à des sauts par la fenêtre que très théoriquement, en pratique décider d'embrasser un ou plus de personne ne conduit pas souvent à l’hôpital.
Comparaison n'est pas raison, etc...
Et si j'insiste sur la valeur de l'expérience subjective, empirique, c'est que les façons de se faire mal sentimentalement dans les relations amoureuses sont vraiment variables... Par exemple, en terme de "mal", beaucoup parlent de "LA jalousie", mais en fait, la peine de chaque personne jalouse dépend de son tempérament (peur de l'abandon, blessure narcissique, dépendance affective..). On a pas tous le même béton qui nous attend sous toutes les fenêtres et certains ont le vertige quand ils sont aux premier étage.
Et on fait pas exprès ! on parle d'une matière émotionnelle. J'ai lu et entendu tant de témoignages qui disent "sur le papier je pense que le polyamour est meilleur, en pratique j'en suis pas capable" que j'ai besoin d'insister : il suffit pas que ça nous semble intellectuellement faisable, il ne faut pas se faire souffrir en voulant le faire par "devoir moral", tout en faisant souffrir l'autre parce que notre discours volontaire ne correspond pas à nos réactions in vivo.
Je passe à un tout autre point.
Je ne crois pas au partenaire idéal, donc je peux pas t'aider sur cette partie du développement. Je crois à l'investissement, aux efforts conscients, aux attentes et aux déceptions... et ça marche dans toutes formes de relations.
Si, quand même : objectivement, je trouve que c'est lourd d'être l'unique responsable de tous les types de satisfactions affectives (sécurités, romantismes, érotismes...) de quelqu'un. J'espère pouvoir apporter le plus possible d'épanouissement, mais en souhaitant le bien de l'autre, je lui souhaite au-delà de celui que je peux lui apporter, donc y compris quand ce n'est pas moi qui l'apporte.
Mettons qu'on s'aime vraiment, mais qu'elle adore les voyages et que moi je peux pas mettre les pieds dans une gare ou un aéroport sans paniquer. Je crois que l'aimer c'est me dire qu'elle va pouvoir voyager et embrasser quelqu'un à Venise, que moi je serai heureux si elle peut faire cela tout en conservant sa relation avec moi.
Ou mettons qu'on s'aime très fort, qu'on est pratiquement sûr qu'on va rester ensemble toute la vie, mais qu'elle aime aussi les filles, et que j'en suis pas une.
Ben faut qu'elle y aille, ce serait trop bête de pas vivre ça.
Ce sont des exemples simplistes, mais ça parle assez bien de ce que j'estime être une vraie limite à ce qu'on veut vivre en amour si on choisit l'exclusivité.
Voilà... Ca reste subjectif, parce que je parle de ce que je me sens moi capable de faire, laisser faire, je peux pas prétendre qu'universellement les gens réagissent comme ça ni devraient réagir comme ça. Mais je pose ça en face des limites contractuelles d'une relation exclusive, un contrat que rien ne nous oblige à signer : je crois que puisque la vie ne nous donne pas "physiquement" des limites aussi restrictives que ce que nous propose l'amour monogame et puisque regarder au-delà est possible, qu'il ya des gens qui sont d'accord pour qu'on le fasse, alors on a raison d'essayer.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Pourquoi?

Siestacorta
le samedi 23 décembre 2017 à 14h48
Je comprend l'intention de fond, de cohérence avec toi-même.
Ceci dit, tu essaies d'avoir sur le sujet du polyamour une "bonne" attitude avant d'en faire une expérience empirique.
C'est difficile de déterminer ton jugement si ta connaissance de toi-même dans une situation de polyamour est trop réduite...
Bon. Sinon, je vais reprendre un argument que je crois avoir piqué à Audren (mais je ne saurais pas être plus précis) c'est qu'on demande toujours au polyamoureux s'il a conscience du mal qu'il peut faire à un partenaire en mettant sa jalousie à l'épreuve, mais on ne demande pas au monogame s'il se rend compte du mal qu'il peut faire en demandant à son partenaire de se fermer à une partie de son potentiel affectif.
A mon sens, un bien qu'on peut faire avec la non-exclusivité, c'est de ne pas "faire semblant" que l'univers n'a qu'un partenaire à nous faire rencontrer. Admettre d'emblée que parmi les évènements d'une vie, il y a des rencontres successives, et ne pas les décréter mutuellement exclusives, ça me parait pragmatique : on s'évite de mentir pour assouplir la vie, on évite de faire mal ou de contraindre l'autre à se faire mal pour respecter un engagement qui n'est pas pris en connaissance de cause (on prend des engagements et on fait un pari sur le déroulement de nos vies futures).
Un mal qu'on peut faire avec la non-exclusivité, c'est que préserver sa liberté et celle de l'autre n'est pas forcément agréable : ça veut dire qu'au lieu de prendre en amont la responsabilité de s'engager à une promesse arbitraire ("nous serons fidèles"), on multiplie les moments où chacun va endosser sa responsabilité, assumer qu'il change plus de vies que la sienne, quand il s'investit dans plus de relations. Et cette peur de la liberté est douloureuse, je pense que c'est un élément important dans beaucoup de jalousie ressentie chez des gens qui pourtant souhaitent l'épanouissement de leur partenaire : "maintenant que l'autre est libre de ses rencontres, je renonce à une garantie "classique" de continuité, les efforts qu'on doit faire pour préserver la relation deviennent plus conscients (donc potentiellement plus inquiétants) que dans le cas où on avait pas envisagé la liberté et les changements".
Pour moi le polyamour ne pose pas que c'est toujours beau d'aimer, qu'il n'y a pas de mal à ça. Il dit que les gens ont des besoins différents là-dedans, et les prend en compte, plutôt que de dire que la beauté de l'amour n'existe que dans l'exclusivité.
Enfin, quand tu dis qu'en conséquence d'un bien systématique apporté dans l'amour polyamoureux,
francesco
la sexualité avec tous serait un bien parce qu'elle va créer des liens forts dans la communauté/groupe et ça c'est positif. Et pour les choses mal pendant qu'on reste avec les choses bien, on peut penser seulement au bien..
tu vas plus loin que beaucoup de polyamoureux. D'abord parce que la façon dont on met la sexualité comme motivation de nos rencontres dépend beaucoup des individus. Il y en a pour qui c'est pas du tout, d'autres pour qui c'est ni nécessaire ni suffisant, d'autres qui verront bien selon le partenaire.
Autrement dit, il s'agit moins d'estimer le bien que peut faire le polyamour "en général" à tes partenaire que d'estimer de quel bien tu as besoin et de quel bien chaque partenaire à besoin et voir si ce bien spécifique-là est praticable, ce qu'ils signifient en liberté sexuelle, contraception et prophylaxie, communication, perméabilité et souplesse de la vie quotidienne, projets de vie.
Tu peux faire un point sur tes propres besoins, et en tirer des convictions sur ce que tu proposes, mais c'est toujours avec quelqu'un d'autre, qui va avoir ses propres attentes et demandes sur le bien...
Bonnes recherches à toi !
Message modifié par son auteur il y a 6 ans.
Discussion : Parler polyamour avec son conjoint .... sur le tard

Siestacorta
le mardi 19 décembre 2017 à 12h48
Les situations de tromperie sont généralement pas faciles à démerder.
Dans l'absolu, oui toutes les personnes concernées pourraient se retrouver ensemble dans une situation polyamoureuse, mais ça sert à rien de se le poser comme horizon, un peu de la même manière que c'est pas pragmatique de planifier une vie maritale dès les premiers jours d'une relation. Faut pas vendre la peau de l'ours... non il le faut pas.
Les personnes qui nous plaisent, à qui nous plaisons et à qui nos aspirations de vie (en amour ou autre chose) ont des chances de convenir sont rares.
Et les personnes qui dealent avec compréhension la révélation d'un mensonge le sont aussi.
"Mes intentions sont bonnes, j'ai en tête la possibilité ultérieure d'être honnête", ça change pas cela, du point de vue de la personne à qui on révèle une infidélité : elle a de grande chance de n'être ni prête à réviser ses aspirations amoureuses, ni prête à comprendre qu'on ait pas respecté l'engagement qu'on avait avec elle.
Maintenant, love80, dans ta situation spécifique, il y a l'antécédent d'une conversation.
Celle-ci n'est pas forcément l'antécédent d'une ouverture... Peut-être que ta compagne connait ton inconstance passée, est assez honnête pour parler de ses propres penchants, et se baserait sur cet épisode pour dire "ok mais là on est tous les deux sur un autre engagement". La culture monogame valorise beaucoup cette évolution possible, peut-être y est elle sensible... Donc peut-être qu'il y a d'autres traits de ta compagne qui font de ce moment une ouverture, mais en soi ça n'en est pas forcément une plus facile à aborder, juste la preuve qu'elle est capable d'être honnête et qu'à un moment elle était d'accord pour parler (et seulement parler) du sujet. C'est pas mal, c'est mieux que beaucoup pour qui la non-exclusivité n'était même pas une possibilité moralement admissible, mais c'est pas non plus une garantie de lendemain qui chante sur ce thème.
Par ailleurs, du côté de la personne rencontrée récemment, entre savoir qu'il y a déjà une personne et faire avec un temps, et imaginer une situation polyamoureuse où ta compagne aurait autant d'importance pour toi qu'aujourd'hui, ya un monde... et c'est un monde mono, ses perspectives ont quelques chances d'être différentes des tiennes.
Tout ça n'est pas indépassable. gdf témoigne d'une histoire où le plomb s'est changé en or, après beaucoup de travail et de recherche difficiles, où évidemment le seul mot "polyamour" n'a pas suffi à rendre la situation acceptable pour tout le monde.
Je comprend bien que lorsqu'on ne sait pas faire autrement, face aux contraintes monogames, on se retrouve à mentir. La promesse d'exclusivité de la monogamie ne peut pas être une règle pragmatique pour tout le monde, tant que c'est pas compris, les mensonges et les déceptions en sont une conséquence.
Mais ça nous déresponsabilise pas pour autant dans nos choix : exclusivité, tromperies, adultère (au passage, ce terme se définit par rapport au mariage...) monogamie en série, célibat, libertinages, polyamours... On est libre, on a bien heureusement la possibilité de faire de nouveaux choix, mais ceux qu'on a fait avant comptent et ne seront pas annulés par ceux qu'on fera après, encore moins aux yeux de ceux impliqués dans les premiers.
Parmi les choix que tu as fait, il y a celui de pas t'en tenir à ton engagement précédent. Cela te conduit actuellement à une situation où tu mens.
Je vais prendre pour acquis que tu veux conserver ta relation actuelle.
- il y a la question que tu poses : comment en parler.
C'est à dire, soit : (A) parler des épisodes récents tels quels, pour ce qu'ils sont, indépendamment de l'horizon poly. Tu peux parler, si c'est pas déjà fait, de tes échecs à rester dans des engagements monos. Et tu vois comment ta compagne réagis. T'assumes que ça peut être douloureux pour elle et te contraindre à rompre avec la personne que tu as rencontrée, et pas déboucher du tout sur une ouverture, enthousiaste ou pragmatique. Mais, si sa réaction te le permet, tu peux amener cette idée de polyamour, que tu connais à peine mieux que ta compagne, donc tu assumes le risque du tournant dans votre relation. A ce stade là, avec pas mal de chance et une confiance mutuelle rare, il y a une toute petite possibilité que tu puisses poursuivre ta nouvelle histoire... Mais avec de gros changements.
Ou (B) parler de polyamour et si c'est ok, embrayer sur la suite en donnant par la suite un début "officiel" à la nouvelle relation. Je pense que le mensonge est matière à embrouilles (ah bon, finalement ta compagne ne veut plus de moi ? Mais notre rencontre a eu lieu avant que tu parles de polyamour ! Ou : mais ? Je croyais que vous ne vous connaissiez pas à cette époque ?). Et cela implique que la nouvelle personne dissimule aussi, au moment où tu te propose au contraire de commencer un style de vie où l'honnêteté et la communication compteront beaaaaucoup.
Je te déconseille ce mensonge ; après te jurer qu'aucun polyamoureux ex-mono ne l'a commis... Ça, je parierais pas dessus.
- qu'en pense l'autre personne ? Est-elle prête au poly ? Je sais bien que finalement la question ne se pose pas que pour elle. En gros si tu abordes le sujets avec ta compagne, et que la personne nouvelle n'est pas intéressée par ce scénario, le questionnement de fond sur ton envie de vivre autre chose que le couple traditionnel demeure - t'en as la preuve, autant assumer... C'est même une option : tu poses dès maintenant la question à ton amante, et si sa réponse est moins ferme que ta tendance à rencontrer (elle est dans la situation mais ses aspiration mono demeurent), tu rompt parce que ça ne peut pas marcher avec ta recherche, et tu commences avec ta compagne à discuter polyamour... Il te reste à estimer si t'es capable d'avouer ton écart en parallèle.
- es-tu ok pour que ta compagne non seulement fasse des rencontres, mais puisse les aborder différemment que tes envies "d'extras" ? C'est à dire, mettons que toi tu rencontres par-ci par-là des femmes avec qui cela ne dure pas ni n'implique de changements notables de ta vie. Ta compagne peut faire de même ; mais elle pourrait aussi vivre une histoire plus déterminante. Autrement dit, tu ne seras pas le seul à décider comment le couple est ouvert. Vous serez... forcément plus de deux à déterminer ça.
Bref. Une des choses qui font tenir l'exclusivité puis le mensonge, c'est que sur le moment, c'est plus facile que la non-exclusivité et la communication.
Après, on constate pour autant pas que la monogamie (avec ou sans tromperie) se passe ni comme prévu, ni bien : les pourcentages de divorce, de couples qui ne durent pas et d'infidélité ne peuvent pas être totalement détachés du principe même de l'exclusivité.
Le polyamour n'est pas non plus un chemin de pétales de roses.
Je veux dire que c'est déjà un chemin exigeant.
Est-ce que ça vaut la peine selon toi de l'envisager, sachant que par ailleurs tu as tout le travail de parler d'une infidélité à faire en plus ? Pourquoi ?
Selon ta réponse à ça, le "comment en parler à un conjoint sur le tard" changera beaucoup...
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Arguments de la manosphère contre le polyamour

Siestacorta
le dimanche 17 décembre 2017 à 13h06
Mais c'est pas plutôt une question d'échelle, ce "gêne égoïste" ?
De ce point de vue, l'humanité et donc les individus, ne sont que des moyens d'évolution.
Avec déjà l'idée que l'évolution ne va pas dans la direction d'un comportement "parfait" des individus ou de règles de vie systématiquement bonnes, mais au contraire, une adaptation permanente à des paramètres de milieu.
Les comportements sexuels ne seraient "les meilleurs" que dans la mesure où ils sont utiles... et ils ne le sont qu'à un moment, dans un contexte, pas à un autre.
L'évolution me parait "souple". Elle fait avec ce qu'elle trouve sur son chemin. Les individus et leur organisation sociale seraient une diversité d'expériences qui n'ont de sens dans l'évolution que si les expériences ne s’arrêtent pas sur certains résultats plus que sur d'autres. C'est pas utile de proclamer que l'évolution a un but précis sur les comportements d'individus, de mâles, femelles, parents, nullipares, parce que le milieu et les conditions de vie offrent trop de diversité pour qu'un comportement donné soit plus important qu'une diversité de comportements en cours ou à venir.
L'utilisation de moyens de contraception, la santé, l'accès à l'alimentation et la vie en société déterritorialisée tels que nous les connaissons actuellement sont autant de paramètres assez jeunes à l'échelle humaines.
Nous sommes individuellement mis dans des situations complexes, parce que notre nature de mammifère tente de s'adapter à ça. Mais vouloir résoudre ces difficultés en posant "qu'est-ce qu'aurait fait le mammifère idéal qui va dans le sens de l'évolution", c'est réduire l'expérience de l'évolution à ses résultats antérieurs, quand l'intérêt même de l'évolution est le changement.
En gros, avec ce que je comprend (peu), je crois que l'évolution n'a aucune vocation à prescrire des comportements sexuels (ou sociaux) précis, mais au contraire, à les laisser se tenter. Polygamies, monogamie et techniquement, ya d'autres possibilités dans les éprouvettes...
Dans une société, une espèce, il y a toujours des minorités qui ne suivent pas les fonctionnements soi-disant éprouvés. Elles peuvent se mettre dans des impasses, ou être le moteur d'un changement, ou encore représenter une alternative face à des situations différentes de celle qui a vu le groupe naître et grandir.
Au mieux, le polyamour avec son égalitarisme du point de vue des sexes, est un marqueur parmi d'autres d'un changement d'une expérience humaine longue et multiple, et je crois qu'en donner d'avance les résultats serait manquer d'humilité ; au pire, dans notre comportement, nous pourrions être une forme d' hopeful monsters, ayant effectivement tenté un changement radical, et espérant que ça se passe bien.
A l'échelle du génome ou des espèces, il y a peut-être quelques généralités qui durent... le temps qu'elles doivent durer. A l'échelle individuelle, on a tout intérêt à faire exactement ce qu'il nous convient, même si ça va à l'encontre des comportements mieux connus, parce qu'avoir beaucoup de possibilités d'adaptation (et beaucoup de milieux différents) est une caractéristique de l'humain.
(badaboum)
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Un·e anarchiste mono - Après la chute, le déni?

Siestacorta
le vendredi 15 décembre 2017 à 16h13
En fait, il s'agit pas tant d'anticiper que d'avoir les mots pour le moment où il y aura un évènement à décrire. Pas anticiper au sens "stresser d'avance", parce que ça pourra se passer sans douleurs, mais avoir quelques idées sur les enjeux concrets.
Le post d'artichaut soulève les bonnes questions là-dessus.
Je te suggère aussi un de mes articles pour débutants préférés sur le site.
Au jugé, je crois pas que tu sois sur le point de commettre les erreurs dont parle le texte, mais ça donne de bonnes bases pour comment un truc qui bugge alors qu'on a plein de bonnes intentions.
Dans ton témoignage, tu parles peu de l'approche de la personne avec qui tu avais cette relation jusqu'ici monogame. Et c'est vrai que ton questionnement départ, c'est plus tes propres réactions.
C'est plutôt une bonne attitude à mon avis : à la fois faire en priorité sa part du boulot, et pas penser à la place de l'autre.
Beaucoup de témoignages ici, écrits souvent dans des périodes de crise, font l'inverse : parle beaucoup de l'autre, dans une forme de sidération.
Quand je répondais à ce genre de post, j'espérais encourager ce recentrage qui a été le tien assez rapidement.
Mais tu évoques une autre forme d'un même moment de perte de repère, en parlant de déni. Pour moi, ça veut dire que tu as conscience, tout autant que ceux qui vivent cela seulement au négatif, qu'il y a un bouleversement dans la relation (pas forcément une calamité...)
Ce changement n'est pas qu'intérieur... La part intérieur semble prendre un bon cap, mais celle qui ne dépend pas de toi, tu ne te prononces pas dessus.
Intellectuellement, je pense que c'est plutôt sain. Mais j'avoue qu'il manque peut-être une "marche psychologique" dans cette histoire de "fait accompli".
Quand cette personne que tu aimes annonces son désir de deux relations simultanées, c'est donc après avoir passé plusieurs nuits ?
Il doit y avoir beaucoup de confiance entre vous : d'abord pour qu'elle t'en ait parlé si vite, ensuite pour que ta réaction actuelle soit rapidement ouverte.
Est-ce que cette confiance se base simplement sur vos caractères respectifs, une grande compréhension mutuelle, ? ou est-ce que le changement arrive à un moment de votre histoire qui est là, peut-être sans souffrance, mais qui mériterait d'être communiqué (entre vous surtout, ici si besoin) pour bien comprendre, ne pas nier la nature du changement en cours ?
Tu peux être philosophiquement et même affectivement prêt au lâcher prise dans la relation, et encore une fois, c'est probablement la meilleure attitude quelle que soit la suite.
Je questionne quand même, pour être sûr de pas rater un point important, une forme de déni à laquelle je n'avais pas songé en première lecture, c'est à dire : non pas nier ses propres réactions ou ressentis mais occulter les parties de l'histoire de la relation et des paroles de l'autre qui pourraient donner un sens différent au changement actuel.
Est-ce que le changement (l'ouverture plutôt que la personne qui entre...) dans la relation peut s'intégrer dans votre perception commune de celle-ci, avec une certaine continuité assumée, ou est-ce que cet épisode arrive en faisant suite à d'autres "faits accomplis sans en parler" dans votre histoire ?
Autrement dit, pour répondre exhaustivement, je tente de vérifier si la question d'un déni ne se poserait pas sur la partie de l'histoire qui précède.
C'est une réponse un peu cérébrale aux questionnement cérébral de départ, c'est bien possible que ce soit sans fondement. Mais au cas où ce mot, déni, manifesterait une intuition à interpréter...
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Arguments de la manosphère contre le polyamour

Siestacorta
le vendredi 15 décembre 2017 à 15h42
En tout cas ça fait plaisir de lire un post "solide" intellectuellement... merci Amerys.
Discussion : Un·e anarchiste mono - Après la chute, le déni?

Siestacorta
le jeudi 14 décembre 2017 à 09h20
Mono-anar
il y a clairement un élément déclencheur dans mon cheminement. C'est presque idiot, mais c'est la prise de conscience que quoi que je fasse, rien ne pourra m'assurer que mon aimé·e sera toujours avec moi. Et que tout ce que je projette sur la vie est une fiction qui crée des attentes et donc de l'angoisse. C'est étrangement l'acceptation que ma relation n'est pas éternelle, que mes proches sont mortels, qui a été libérateur. Je crois que je me cachais la précarité de la vie. Accepter la mort, alors que je refoulais sa possibilité, a été libérateur.
Ce genre de pensée n'est pas spécifique aux relations amoureuses, donc je me demande si, idéaux libertaires mis à par (le côté livresque en tout cas), il y a pas déjà tout un parcours personnel antérieur, qui amènerait à cette acceptation aujourd'hui. Voir la "précarité de la vie" en concluant l'intérêt d'en aimer la richesse plutôt qu'en se crispant, ça peut être le fruit de tout un travail. Du coup, cet évènement amoureux est peut-être plutôt mieux vécu que prévu parce qu'il arrive au bon moment pour toi (ou pour ta relation).
Mono-anar
Je crois qu'au contraire l'autonomie affective a amélioré très nettement ma communication. Je ne suis pas paralysé par la peur, j'exprime simplement mes ressentis, mes émotions, sans essayer de modifier le comportement de l'autre. Mais j'ai encore beaucoup de progrès à faire, car j'ai une certaine pudeur à parler avec ielle de sa relation avec sa nouvelle relation, je n'ai pas l'habitude.
Vous en êtes déjà à communiquer personnellement directement, beaucoup de relations ouvertes se vivent sans passer par ce stade (volontairement ou non...). Donc c'est déjà énorme, surtout si le "tiers-aimé" (pas une expression employée par d'autres que moi, c'est un peu verbeux mais parlant) est partant pour participer consciemment à l'équilibre de l'ensemble.
Pour ce qui est de la pudeur : c'est à toi de trouver tes marques sur les sujets qui te touchent sur lesquels tu as besoin de retours de la part de ta relation ou de sa nouvelle relation, et les moments où la vie privée est importante.
Respecter la relation naissante parce qu'on a décidé que c'était ok qu'il y en ait une, c'est un beau travail à faire ; il s'ajoute à celui de faire vivre avec des moyens révisés la relation plus ancienne. Il se peut que ton aimée soit absorbée par la nouveauté, la découverte, son propre tournant... C'est assez souvent délicat de voir que l'attachement ancien ne peut pas être considéré comme assez acquis pour ne pas avoir besoin de soins particuliers à ce moment de l'histoire. A vous de décider ensemble desquels, à quoi faire attention pour que le changement d'équilibre ne se fasse pas aux dépens de besoins fondamentaux (le minimum de temps, d'expression d'affection, de projet que vous estimez nécessaires).
En tout cas, c'est chouette de lire le témoignage de quelqu'un qui a pu voir autre chose que la difficulté initiale, et qui peut envisager d'avoir confiance en soi et en l'autre sans penser que son couple historique en serait la condition sine qua non...
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Un·e anarchiste mono - Après la chute, le déni?

Siestacorta
le mercredi 13 décembre 2017 à 22h03
Ce qui peut nourrir un déni "de bonne foi", ce serait le soulagement de penser que l'histoire n'est pas terminée...
Mais dans les témoignages que je connais, ce qui ressemble plus à du déni, c'est quand quand quelqu'un va super bien quand l'autre est là, puis souffre la majorité du temps, tout en se répétant "je vais m'adapter, je fais encore mieux qu'avant parce que moi je fais des efforts pas comme d'autres mais non je fais pas de reproche du tout".
Dans ce que tu racontes, j'entends pas tellement de dissonance.
Peut-être des questions pour te mettre sur une piste :
- est-ce que dans d'autres circonstances tu t'es déjà vu zapper un temps émotionnel plutôt que de le traverser ?
- tu décris un volte-face dans tes émotions, depuis quelques jours. Si tu creuses, est-ce qu'il y a une pensée, une image, un évènement, qui a marqué ce changement ? Parfois, trouver ce qui sonnait vrai pour moi, dans une période de doute, a pu avoir un effet aussi radical sur ma perception. J'avais juste réussi à trouver ce que je voulais.
En tout cas mes compliments pour prendre sur toi cette transformation, tu sembles réellement appliquer un motto poly courant, le fameux "own you feelings" (assumer que ce qu'on ressent vient de nous, même quand l'autre y joue un rôle).
Par contre, je dirais (plus préventivement que par rapport à ce que tu décris) l'indépendance affective n'est pas vouée à remplacer le dialogue avec l'autre. Il ne peut pas compter sur ta seule autonomie pour que tout se passe bien, et pour faire avec les changements concrets (dans l'emploi du temps, la communication) ; c'est mieux de rien prendre comme évident, même en partageant les meilleures intentions politico-éthiques. Communiquer, maintenir les engagements qu'on prend d'un jour à l'autre...
Tiens, dans cette phase de ton parcours, tu seras peut-être intéressé par quelques réflexions sur l'autonomie affective (au sens large).
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Polyamour, une forme d'égoïsme ?

Siestacorta
le mardi 12 décembre 2017 à 16h56
Tom29Tom
Dans la mesure où nous sommes des animaux sociables, et qu'une vie sans aucun amis ou sans amours est difficilement supportable. La recherche de l'amitié n'est t'elle pas fondé sur une nécessité individuelle.
Comme animaux sociaux, nous ne pouvons pas faire autrement que construire des liens, ce n'est pas exclusivement une nécessité individuelle puisque l'intérêt de cette sociabilité est mutuel.
Tom29Tom
Si nous ne nous sentions pas obligé de nous sentir aimé et que malgré tout nous avions des amis. L'amitié comme l'amour ne serait elle pas plus noble ?
Noblesse, égoïsme... C'est un questionnement moral - peut être éthique, ça dépend si on croit beaucoup à une norme.
Je crois pas que le nombre de relations importe pour déterminer définitivement leur qualité morale. Des relations uniques et néfastes en partie parce qu'elle sont uniques, yen a plein, des relations plurielles et bénéfiques parce qu'elles sont plurielles, ça se trouve aussi.
Mais j'aimerais bien moi aussi de la précision sur "égoïsme" ? Avec la définition que j'utilise pour moi, je sais que c'est néfaste, je sais que je suis égoïste, et que je ne le suis pas plus que la plupart des gens.
Je pense aussi que l'amour, unique ou pluriel, est facilement égoïste (on s'emballe, on est "plein de soi" avec des lunettes roses qui nous font un peu oublier d'autres rapports humains, et la peur du manque peut mettre à mal l'empathie).
Ceci dit, on peut aimer, amoureusement, et établir une relation en souhaitant à l'autre du bien sans en être le seul pourvoyeur ; c'est à dire, sans croire qu'aimer nous garantisse d'être le seul aimé. C'est une forme de désintéressement (pas absolu, hein, mais présent) que beaucoup de polyamoureux valorisent.
Mais dans ta question, ça dit quoi, "égoïsme" ?
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Polyamour, une forme d'égoïsme ?

Siestacorta
le mardi 12 décembre 2017 à 15h17
L'amitié une forme d'égoïsme ? c'est assez discutable : qu'est-ce qu'il y a derrière cette affirmation, qu'est-ce qui permet de vérifier ce point ?
Sinon, assez partialement, je peux dire que la revendication de monogamie est relativement égoïste, puisqu'elle affirme que la seule façon pour l'autre d'être bien c'est de n'aimer que moi.
Discussion : Comment gérez vous les relations avec des amis mono qui vous attirent ?

Siestacorta
le samedi 02 décembre 2017 à 17h26
Je pense que la souplesse relationnelle d'un certain nombre de poly est à la fois pragmatique et surestimée.
C'est pragmatique d'offrir à chaque relation tout ce qu'on peut y mettre, indépendamment des normes sociales sur l'amitié, l'amour, le désir. J'aimerai beaucoup qu'il y ait plus de ce pragmatisme dans la société... c'est pas le cas, faut faire avec.
Mais surtout, ni les gens ni les relations ne sont fluides à tous les moments de leur histoire. Un désir de sensualité n'est pas un ange qui passe, pas forcément. C'est aussi un moment qui va donner du sens à d'autres moments pour les deux personnes impliquées (deux parce qu'il faut bien commencer par quelque part :-D ) .
C'est à dire que l'attachement qui existe dans une amitié et qui peut s'exprimer dans une ouverture poly va rencontrer un changement d'intimité et aussi de projection.
On prend le lien idéal d'une amitié (définie par désintéressement, générosité, altruisme, légèreté) puis par la caresse on va vivre quelque chose de plus : on va en quelques gestes écrire un chapitre de l'histoire, on peut rarement faire comme si ça ne changeait rien pour la suite. Une autre intimité dans l'attachement...
Et c'est pas forcément la faute à ces benêts de monos qui auraient un horizon trop restreint : même dans des relations entre poly notre ouverture bute sur le fait que selon le contexte des caresses (la personne, le moment où ça arrive dans sa vie), ces dernières prendront un sens plus fort, plus contraignant donc, que la simple ligne désir => expression du désir.
Bref : les gestes charnels peuvent parfois être très simples, mais faut être deux dans la simplicité... Et la simplicité dans les relations humaines, je pense que ça se trouve pas juste parce qu'on est au moins deux à y croire.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Ils se déchirent, je suis témoin

Siestacorta
le mardi 28 novembre 2017 à 16h23
Lanteans
Je pensais leur proposer de venir lire les différents témoignages sur ce forum. Sans parler de polyamour au sens strict, cela pourrait éventuellement leur ouvrir des pistes de réflexion. Qu'en pensez-vous ?
a priori je recommande pas trop, dans ce cas là.
L'histoire que tu racontes ne contient à ce que tu dis pas d'ouverture au polyamour en amont, en tout cas clairement pas de "c'est pas grave si la vie continue sans qu'on soit que tous les deux".
Donc pour des monos dans un moment de crise, si l'option poly rentre dans l'échange, ça peut être une tentative d'éluder le problème, plutôt que de le résoudre : soit en se disant " on essaie de croire à n'importe quoi dans l'urgence plutôt que penser à une séparation", soit "oh, c'est possible de dédramatiser, ya des gens qui font ça très bien", alors qu'en réalité de leur point de vue, ya déjà un "drame".
Je dis pas qu'il y a aucun chemin à faire qui ne transforme à terme leur point de vue sur leur relation ou les relations, mais je crois pas que parle de polyamour ce soit le moment, ça mélange deux sujets complexes... Et ta mère identifierait tout "potentiel d'ouverture" à l'amante de ton beau-père, ce qui aiderait pas à l'ouverture attendue.
Ca peut être une étape à un moment de leur chemin, mais je crois qu'en parler d'emblée ça peut conduire soit au déni de leur difficulté actuelle, à se braquer, au mieux à un truc qui ne les intéressera pas sur le moment.
Je pense que cette idée de leur montrer le site et ses contenus te vient d'un besoin d'aider... Et je crois vraiment que c'est un coup à se faire du mal de s'impliquer de trop. L'idée même que tu as eu d'être conciliatrice, même si tu l'as écartée ensuite, montre ton propre malaise.
Tu peux écouter quand ils en ont besoin, parler de possibilités de conciliation par un pro, si par chance c'est entendu tant mieux.
Mais tu dois aussi prendre pas mal de recul, accepter que des fois, on ne peut pas faire le bien des autres malgré eux, et que les douleurs de la vie peuvent pas forcément être évitées, au mieux modérées.
C'est un truc triste, de devoir lâcher prise sur le bien-être qu'on souhaite aux proches, mais paradoxalement, cette prise de recul nous ouvre à une bienveillance plus large, permet d'être du côté de ceux qu'on aime même quand ils disent ou font des choses qu'on ne comprend pas.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Ils se déchirent, je suis témoin

Siestacorta
le mardi 28 novembre 2017 à 13h07
Si tu as assez de dialogue avec ton beau-père pour placer l'idée d'un conseiller conjugal, un rapport d'adultes et pas seulement d'enfant qui doit respecter une inaccessibilité parentale, alors ça peut valoir la peine.
Ta mission c'est pas de lui faire accepter, c'est juste qu'il envisage ça d'une autre manière que "c'est l'idée de ma compagne avec qui je suis en conflit, donc c'est pas une bonne idée".
S'il ne t'entend pas, tu auras quand même pris ta responsabilité. C'est complètement normal de pas avoir de solution à la place de sa famille...
C'est possible que sa réticence actuelle soit liée à son sentiment de culpabilité : sur le papier, il est en faute, il se sent en faute, donc il a peur qu'une personne de plus lui fasse des reproches avant qu'il ait d'une manière ou d'une autre décidé de ce qui était bon pour lui.
Raconter "j'ai fauté", pour lui ce serait ne faire que valider les reproches qu'il reçoit.
Alors que le rôle d'un conseiller conjugal (d'un bon psy tenant ce rôle, en tout cas), c'est pas de faire entendre une vérité morale sur le couple, mais
- d'aider à dialoguer quand le dialogue semble impossible,
- puis décider si, avec ce dialogue on peut continuer à faire un couple ou si on serait chacun plus heureux en laissant cette partie de sa vie derrière soi. Ah oui, un conseiller conjugal peut arriver à conseiller une fin du couple, en tentant que ce soit le moins inutilement blessant possible (et pourquoi pas constructif).
L'avantage pour ton beau-père, ce serait que dans ce travail, il aurait un espace où justement il n'aurait pas forcément tort, où il pourrait dire ce qui lui est arrivé.
(il se passera d'autres choses aussi mais c'est un argument de vente :-) )
Ca ne garantit pas que ce sera bien accueilli par sa compagne - pas du tout - mais ça garantit que chacun doive dire, en plus des ressentis déjà exprimés, autre chose justement que des reproches et des mea culpa.
Bref, qu'on sorte d'un conflit qu'on fait durer par absence de dialogue plutôt que de penser et exprimer clairement qu'il y a une relation après le conflit qui sera différente de ce qu'elle était avant.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Spolyers ! Un fil qu'il est bien pour la culture G

Siestacorta
le jeudi 23 novembre 2017 à 21h12
C'est pourtant pas incohérent, vu que The Master avait aussi changé de sexe à sa précédente incarnation...