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(France)

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Discussion : Mono / Poly, un déséquilibre de pouvoirs ?

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aviatha

le mercredi 23 octobre 2013 à 17h09

Personnellement (et il est évident que mon jugement n'est pas du tooouuuut biaisé :-P ), je vois effectivement un rapport de force, et pour moi c'est le poly qui est perçu comme dominant, du moins dans le cas d'un couple installé où l'un se révèle poly à un moment.
Parce que, qu'on le veuille ou non, le discours qu'on entend c'est "j'ai changé, j'ai décidé du coup de changé les règles de notre contrat à moi seul, tu ne peux rien faire contre ça et si tu veux continuer avec moi tu n'as pas d'autre choix que d'accepter". Et quand on dit que le mono a toujours le choix de partir, comme je l'ai déjà entendu ici, je n'appelle pas ça un choix, j'appelle ça une reddition, et comme chacun sait, la reddition, c'est l'option de ceux qui n'ont plus rien à perdre, à qui on a déjà tout pris.
Après, bien sûr, il y a des monos qui font de la résistance (volontairement ou pas d'ailleurs), et des poly qui savent bien qu'ils doivent sérieusement mettre de l'eau dans leur vin s'ils ne veulent pas retrouver la maison éteinte et les placards vides en rentrant. Et là, le rapport de force est mobile. Il est en fonction de celui qui a le plus à perdre, qui est le plus fragile peut-être, le plus prêt à céder à l'autre pour ne pas le perdre, et ça varie selon les circonstances et les évènements. Ça fait un peu équilibre de la terreur j'ai l'impression. "A l'amour comme à la guerre"

EDIT: je reviens sur cette idée du "capital amoureux", de "ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier". En ayant parfaitement conscience que je ne suis pas la mieux placée au monde pour en savoir quoi que ce soit, je pense tout de même que c'est vrai. Ça ne veut pas dire que l'amour d'un poly pour un conjoint ne peut pas être immense et fort et tout ce qu'on veut, mais à mon sens il a forcément toujours moins à perdre dans ce genre de situation. Même si je n'en suis pas fan, reprenons l'exemple des enfants. Des parents aiment leurs enfants, tous leurs enfants (même si je suis aussi partisane de la théorie comme quoi il a TOUJOURS un préféré, mais passons). Si des parents d'une fratrie, mettons de trois, perdent un enfant c'est un drame, une douleur comme il en existe peu, et je pense que c'est une des pires tragédies de la vie, pour en avoir eu des exemples dans mon entourage. Mais la présence de leurs autres enfants les consolent, ça ne veut pas dire qu'ils aimaient moins celui qu'ils ont perdu pour autant ni que les autres sont des roues de secours, mais cela les consolent. Si des parents perdent leur enfant unique, ils sont dévastés, détruits, et rien ne les relèvent, souvent même le couple ne survit pas, c'est dire. Oui, dans un rapport de force qui remue des sentiments aussi forts et parfois aussi violents, il est évident que le mono a plus, bien plus à perdre. Mais ça ne veut pas dire que le poly en face ne perd rien pour autant, son chagrin aussi existe, mais il perd beaucoup moins.

Message modifié par son auteur il y a 12 ans.

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Discussion : Amoureuse de 2 hommes : incapable de gérer

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aviatha

le mercredi 23 octobre 2013 à 14h29

On ne te trouve pas lourde du tout je te rassure.
Je te donne à réfléchir cette phrase que tu as toi-même produite "si mon mari avait quelqu'un d'autre, j'aurais l'impression qu'il ne m'aime pas à 100% comme je l'aime". Ce qui veut dire 2 choses. Soit, puisque tu aimes quelqu'un d'autre actuellement, tu n'aimes pas ton mari à 100%, si on suit ton raisonnement, soit tu reproches à ton de projeter sur ton amour pour un autre quelque chose qui, pour toi aussi, relève d'une évidence viscérale. Donc, je ne sais pas où est l'incohérence, mais à mon avis la source de toute ta confusion est là.

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Discussion : Polyamoureuse pas assumée

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aviatha

le mardi 22 octobre 2013 à 18h29

Je suis d'accord, chacun prend ses responsabilités. Effectivement, accepter de rester, c'est accepter sa souffrance, on peut la refuser, il n'en reste pas moins que celle-ci n'apparait pas un beau jour par magie, elle a une cause et cette cause est "l'autre a changé le contrat que nous avions négocié et qui m'allait en un contrat où je n'ai pas eu mon mot et qui m'est imposé alors qu'il me fait du mal". C'est tout ce que je dis. Et je reste d'accord avec le fait que, une fois cela posé, rien ne sert de culpabiliser l'autre avec sa souffrance, elle est un fait, pas un argument.
Pour une vie positive, il faut être en accord avec soi-même, pour une relation positive il faut être en accord avec l'autre (c'est le principe de jouer au poker en se mettant d'accord sur les règles, si tu veux être en accord avec toi-même et changer les règles tout le temps, tu joue au solitaire tout seul, personne t'en empêche)
Et je suis d'accord sur le fait que la peur fait que les coming-out sont souvent maladroits, ce qui donne du coup l'impression à l'autre d'être piégé, et finalement abouti à exactement ce dont on avait peur

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Discussion : Polyamoureuse pas assumée

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aviatha

le mardi 22 octobre 2013 à 16h38

@ LuLutine

Autant je suis d'accord avec le fait que culpabiliser l'autre par le biais de sa propre souffrance est une chose inutile et un peu vicieuse, et il vaut mieux se prendre en main, autant je ne suis pas d'accord, mais alors là pour le coup pas du tout avec le fait de dire "ce n'est pas toi qui fais activement quelque chose, c'est lui qui souffre tout seul".
Parce que c'est faux. Comme je l'ai dit, on ne peut pas commencer une partie de Monopoly avec quelqu'un, décider en plein milieu de partie que finalement, on va jouer avec les règles du Risk, lui demander de rester jouer avec nous et lui reprocher de faire la gueule.

Si, elle fait activement quelque chose. Ils ont entamé une relation sur un contrat, conclu en commun, d'un commun accord et librement consenti qui satisfaisait les diverses parties. Puis elle change le contrat en cours de route et lui dit que maintenant il va falloir accepter ce nouveau sur lequel il n'a pas eu son mot à dire, n'a pas été consulté et qui ne lui va pas. Et il souffre de ce changement. Alors, je suis bien d'accord sur le fait de dire que ce n'est pas volontaire et ça n'a rien à voir avec la figure classique de l'égoïsme "je fais ça pour me faire plaisir et tant pis pour ta gueule", bien sûr. Mais il n'en demeure pas moins qu'elle fait activement, volontairement et consciemment quelque chose. Changer toute seule un contrat prévu pour deux. Et c'est de cet acte qu'il souffre.

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Discussion : Amoureuse de 2 hommes : incapable de gérer

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aviatha

le mardi 22 octobre 2013 à 16h30

Salutations ma chère,

Alors où chercher... bonne question. Regarde peut-être ce que tu ressens pour ton amoureux, peut-être ne supporterais-tu pas que ton mari ressente la même chose pour une autre femme, mais dans ce cas, pourquoi cela te semble-t-il si normal et anodin quand cela vient de toi ?
Où est-ce que cela va vous mener... j'en sais rien, et je doute que qui que ce soit puisse avancer une réponse fiable en l'état actuel.
S'il pense à toi même quand il fait l'amour avec elle, il faut pas s'étonner qu'elle vive mal la situation et soit dans une position de refus : on sent ce genre de chose, et je trouve ça d'une extrême violence psychique, c'est arrivé une fois avec mon compagnon, et non seulement j'ai tout stoppé net, mais il a failli prendre ma main dans la figure...
Peut-être que cette mini pause peut être une idée, pour permettre à tout le monde de souffler.

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Discussion : "Tu finiras seule, sans enfant, avec un boulot nul, dans ton appartement en location". Eloge de l'espoir par mes amis monogames heureux...

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aviatha

le vendredi 18 octobre 2013 à 18h09

Comme je le disais aussi, il ne faut pas me prendre au pied de la lettre en ce moment, et si j'ai pu paraître agressive, j'en suis désolée.
En fait, l'analyse que tu fais, d'autres l'ont déjà faite avant toi, parfois de façon plus ou moins insistante, et c'est comme avoir à se répéter encore et encore. Pour l'histoire du bac à douche (j vais appeler ça comme ça désormais, c'est une trouvaille), je pense que c'est plus lié au fait de faire quelque chose dont on a besoin mais qui est fondamentalement en désaccord avec ce qu'on est.
Sentie agressée, peut-être, de la même manière que ma douche m'agresse en refusant de s'arrêter de fuir et mon frigo de faire du givre, je suis particulièrement imbuvable en ce moment.^^
J'ai enfin trouvé le courage de répondre à ton MP (qui du coup est plus court, j'ai enlevé tout ce que j'ai déjà traité ici), je ne sais pas à quelle heure je pars pour la projection, ni quand est mon train demain matin, si je ne répond pas pendant 3 jours, ne va pas croire que tu m'as vexée, je serais juste pas là. Il en faut plus pour que je me mette à bouder :-)

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Discussion : "Tu finiras seule, sans enfant, avec un boulot nul, dans ton appartement en location". Eloge de l'espoir par mes amis monogames heureux...

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aviatha

le vendredi 18 octobre 2013 à 17h22

Il a à me répondre une chose que je comprends parfaitement, et que je ne peux pas lui reprocher : les gens ne sont pas des meubles, il n'est pas facile de les prendre et de s'en séparer, pas si on tient à leur bien-être. Il a été dépassé par les évènements. Déjà, parce qu'il n'a pas voulu cette situation, elle lui est tombée dessus un matin sans prévenir, ça n'a jamais été un changement volontaire de sa part. D'autre part, parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il a déclenché. Elle est ultra-dépendante de lui, il est devenu sa seule source de confiance en elle, presque son seul pilier, il ne peut pas interrompre leur relation sans la faire sauter, sans qu'elle foute en l'air cette année d'étude qui est primordiale pour elle, sans créer de lourds dégâts chez elle. Pourtant, il me l'a dit texto il y a quelques jours, il a beaucoup plus à perdre à me laisser partir qu'à la quitter, mais il ne peut se résoudre à prendre une décision qui, pour lui, est presque équivalente à lui tirer dessus.
Pour ce qui est de l'affection pour moi-même, comme tu en parles dans ton MP j'y avais répondu, mais je vais le re-faire là du coup (comme ça j'en aurais moins à re-taper^^). Mon estime de moi et mon égo vont très bien, merci pour eux. Je suis Bac+5 et j'entre en doctorat l'an prochain, je suis comédienne, j'aime ce que je fais et je défends un des films sur lequel j'ai bossé à un festival ce soir, j'aime mon jeu d'actrice, ma voix chaude et vibrante, mon corps, même nue devant 200 personnes, j'ai une cohorte d'amis que j'adore avec qui j'ai des liens très forts et profonds, je fais la fierté de mes parents et je ne me suis jamais aussi bien entendu avec mon petit frère que ces dernières années, je sais défendre mes idées et mes visions artistiques et j'ai tous les jours la preuve que je plais et qu'on me désire. Je n'ai pas besoin de son regard pour exister. Je n'ai pas peur de l'abandon, ni que personne ne m'aime, ni de ne pas me sentir comprise, ni de quoi que ce soit, c'est juste du chagrin.
Et il sait que si jamais il décide, un jour, de faire finalement de tout ça son mode de vie, il me perd dans l'heure qui suit. Je suis très au fait de ce que je peux supporter ou non. Là (mais on a déjà eu ce débat sur un autre fil), c'est l'espoir que ça va passer qui me fait rester, et je m'avance vers la porte au fur et à mesure que cet espoir faiblit.

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aviatha

le vendredi 18 octobre 2013 à 16h05

Alors j'avais répondu au MP que tu m'a retourné, la boite a bugué et j'ai franchement la flemme de tout retapé, donc je commence là, et je répondrais, plus tard, parce que l'informatique, parfois ça saoule ^^

Alors ce qui est du donnant-donnant. Je n'attendais rien en retour, j'attendais que cela passe, je considérais la situation comme une parenthèse. Mais là, elle s'éternise et j'arrive au bout de mes forces. Pour ce qui est de la situation de plaisir, il était évident que je ne serai jamais à l'aise dans cette situation, dès le départ, pour moi comme pour lui (ou peut-être a-t-il espéré que ça changerait pour moi, mais jamais je ne lui ai laissé croire). Je ne trouve pas autant de plaisir ? Je ne trouve AUCUN plaisir dans cette situation. Je suis comme en sommeil, j'attends que ça passe, pour donner une idée, elle m'est tellement douloureuse que j'envisage sérieusement de rayer définitivement une personne que j'aime énormément depuis 6 ans et qui tient une place majeure dans ma vie pour ne plus avoir à la subir. Je sais pas à quoi ça correspond sur l'échelle de la douleur hospitalière mais ça doit être pas mal. Donc je ne l'ai pas accepté pour de mauvaises raisons, je l'ai accepté pour la seule raison qui était possible, moi toute seule je ne me serais jamais infligée une telle chose, je suis peut-être cinglée mais je suis pas maso.
Pour répondre clairement à ta question : non, la quantité suffisante n'y est pas, non, la qualité ne suit pas non plus, non, ce que je cherche ne peut se trouver ailleurs puisque j'ai besoin que cela vienne de la personne que j'aime et que je n'aime que lui, oui, je songe sérieusement à interroger le bien-fondé du fait de continuer. De toute façon, et cela a été clair entre nous depuis le début, c'est un arrangement temporaire, si jamais il avait envisagé de faire de cette nouvelle situation un monde de vie permanent je me serais barrée il y a des mois, plus d'un an peut-être. C'est uniquement parce que c'était temporaire que je suis restée, mais là même le temporaire commence à être trop long pour moi.

Et parce que (mais tu arrives, tu es toute nouvelle, tu n'y es pour rien), j'en ai vraiment vraiment marre qu'on me sorte cette réponse à chaque fois, je vais en faire une réponse complète et générique que je copie-collerais à chaque fois à l'avenir:
Oui j'ai la possibilité d'avoir d'autres gens, plein, si je disais oui à tous ceux qui me font des avances, il y aurait pas assez de jours dans la semaine pour que je leur consacre un soir chacun. Oui, il y en a avec qui ça se concrétise en ce moment (c'est une de mes symptômes donc c'est plus pathologique qu'autre chose mais passons), et non ça ne m'ouvre pas des portes "cosmiques vers un nouvel âge réminiscent", puisque généralement j'ai juste envie de me noyer dans le bac à douche après (et c'est très déstabilisant pour les messieurs en question). Oui, ça compense sans doute quand même un peu, comme être sous perf' compense la dénutrition, mais c'est pas une vie pour autant.
Alors oui, pour reprendre ton analogie, j'ai des crevettes et du homard et de la langouste sur la table... mais je suis allergique aux fruits de mer, et faute de mieux, malgré les brûlures d'estomac et l'urticaire que ça me donne, je me gave pour ne pas mourir de faim.

Voilà, je ne veux absolument pas avoir l'air agressive, mais je sais que ces jours-ci je le suis tout le temps (j'ai eu un petit souci au rein, ils ont dû diminuer mes médocs, du coups je mords tout le monde^^), donc s'il y a des formules un peu sèches, il ne faut pas y faire attention :-)

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aviatha

le jeudi 17 octobre 2013 à 23h52

Je perds surtout tout ce qui est dans la liste immense que je n'ai pas le courage de faire, dont je parlais plus haut.

Aviatha
Si je m'amusais (rire jaune, ça m'amuse pas, je finirais sous perf' de prozac...) à faire la liste de tout ce qui a changé, de tout ce qui a été perdu entre nous depuis qu'elle est dans sa vie, je pourrais remplir une copie double sur les quatre feuilles, et encore, il faudrait que j'écrive serré... Là, le côté destructeur vient plutôt de l'impression que tout ce qui est donné à l'autre nous est arraché

Message modifié par son auteur il y a 12 ans.

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aviatha

le jeudi 17 octobre 2013 à 23h39

Je suis pas sûre d'avoir tout suivi (mon cerveau est une compote en ce moment) mais clairement, même si je conçois qu'on puisse mal vivre les limites de sa propre puissance dans le désir (comme dans peut-être tous les domaines, j'en sais rien), dans mon cas c'est plutôt la perte qui est difficile à vivre.
Si je m'amusais (rire jaune, ça m'amuse pas, je finirais sous perf' de prozac...) à faire la liste de tout ce qui a changé, de tout ce qui a été perdu entre nous depuis qu'elle est dans sa vie, je pourrais remplir une copie double sur les quatre feuilles, et encore, il faudrait que j'écrive serré... Là, le côté destructeur vient plutôt de l'impression que tout ce qui est donné à l'autre nous est arraché, et, pour revenir à ce que disait Notomys, ça par exemple, c'est un problème strictement poly (puisque "normalement" il n'y a pas de tiers chez les monos).
Donc effectivement, il y a des côtés douloureux et destructeurs dans tout, et je pense qu'il faut être conscient, comme tu dis, qu'il y a des problèmes que tout un chacun, poly y compris, rencontre dans ses relations.

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aviatha

le jeudi 17 octobre 2013 à 19h10

Notomys
Du coup, c'est une des raisons qui me pousse à m'intéresser au polyamour, au delà de mon ami polyamoureux, car précisément, j'ai l'impression que c'est une philosophie de la non violence, de la continuité, de la fluidité, où il n'y a pas de ruptures précisément, mais des agencements dans le temps. Et que si rupture il y a c'est davantage dans la concertation, le dialogue et un cheminement qui un jour diffère, mais sans heurt.

Je rejoins un peu Siesta là-dessus, et pour cause... Être poly, ça a aussi ses emmerdes et ses violences, elles sont différentes, certes, mais faut pas idéaliser non plus. La continuité, la fluidité, je pense pas, parce que chaque nouvelle relation est un à-coup de roulis dans l'équilibre du bateau et il faut le retrouver à chaque fois, et parfois il y en a qui vont passer par-dessus bord. Les ruptures sont, sans doute, effectivement, plus dialoguées, mais ça n'empêche pas la violence des sentiments (en ce moment, je dis clairement au mien que je pense sérieusement à partir parce que je commence franchement à en avoir ma claque de tout ça, et on a beau être un couple qui dialogue beaucoup depuis six ans, poly ou pas, chaque fois qu'il m'entend prononcer cette éventualité, il est au bord de l'attaque nerveuse).
Plus encore, quand tu parles de pas de "ruptures précisément" et de simple "cheminement qui diffère", je dirais qu'on contraire, les efforts et l'énergie colossales que j'ai dû déployer pour supporter ce changement et cette autre relation de son côté le plus longtemps possible fait que si je décide de reprendre mes billes, il n'y aura jamais aucun retour en arrière possible, j'aurais trop donné pour une blessure trop grande pour pouvoir jamais vouloir lui redonner une place importante dans ma vie. Donner beaucoup et tenter beaucoup plus de choses que les couples "classiques" conduit aussi plus facilement je crois à se dire qu'on a tout tenter et qu'on y reviendra pas.
Après, ce n'est que mon point de vue individuel, mais tout est fait de point de vue individuel. Je rejoins beaucoup dominik, pour moi, avant toute chose, il y a vraiment à faire le ménage dans des choses qui t'encombrent.

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aviatha

le jeudi 17 octobre 2013 à 17h10

Les MP arrivent directement dans ta boîte mail, celle avec laquelle tu t'es inscrite.
Et si on devait se baser juste sur sa propre expérience, je devrais comparer cinq ans de bonheur en monogamie exclusive avec mon cher et tendre à un an de dépression depuis qu'il a quelqu'un d'autre... Donc n'allons pas trop vite en besogne ^^

Message modifié par son auteur il y a 12 ans.

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Discussion : "Tu finiras seule, sans enfant, avec un boulot nul, dans ton appartement en location". Eloge de l'espoir par mes amis monogames heureux...

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aviatha

le jeudi 17 octobre 2013 à 00h33

Encore une fois, je maintiens, il me semble normal que tu ne puisses renoncer à cet homme, il est le seul avec qui tu peux être toi. C'est le fait de ne pouvoir finalement être toi qu'avec une seule personne au monde qui me semble problématique, ni ton autre compagnon, ni tes amis, ni ta famille. Du coup, ça te donne aussi peu de recul possible vis à vis de lui.

Pour ce qui est de l'écriture, je comprends tout à fait, et je te cite ainsi l'exemple de la différence pour moi entre une relation amoureuse, tu l'as dit toi-même, mais qui n'est pas bénéfique (cela éteint des choses chez toi et t'empêche d'écrire), et une, toute aussi monogame et exclusive et normée et tout ce que tu veux (du moins du temps où ça allait bien), mais où le couple "élève" les individus au lieu de les fondre (là où mon compagnon et moi nous sommes mis à écrire à quatre mains). C'est plus qu'un petit signe à mon sens. Et ça n'a rien à voir avec le mono, le poly, la norme, la marge, la sécurité, la liberté , ou quoi ou qu'est-ce, c'est une question d'être dans ce qui convient à notre nature profonde.

Pour le reste, je te vois en MP.

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Discussion : "Tu finiras seule, sans enfant, avec un boulot nul, dans ton appartement en location". Eloge de l'espoir par mes amis monogames heureux...

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aviatha

le mercredi 16 octobre 2013 à 13h15

A la lecture de ton récit, il y a une chose qui me frappe (nan en fait il y en a plein, mais faut bien commencer quelque part).
Je n'ai pas vraiment l'impression que ce soit une histoire d'amour pluriel te concernant. Quand je regarde le déroulement de ton récit, on dirait plutôt que tu es tombée amoureuse d'un poly dont le mode de vie (en polyamour et en général, genre tu parles de vouloir avoir des enfants lui n'en veut pas, mais tous les poly ne sont pas contre les gamins loin de là) ne te convenait pas et te faisait souffrir. Et que partant du principe que tu n'aurais jamais avec lui la relation à laquelle tu aspires (visiblement même aujourd'hui tu es plutôt exclusive alors qu'il est poly, tu parles encore des enfants, lui maintient qu'il n'en veut pas), tu t'es jetée contre d'autres hommes comme on se jette la tête contre un mur, dans l'espoir que ça effacerait tout. Et bien entendu ça marche pas.

Pour ton mariage, je n'en attribuerais pas l'échec au fait qu'il y avait encore cet homme dans un coin de ta tête ou au fait que tu n'es pas taillée pour le mariage ou quoi ou qu'est-ce, mais au fait, tout simplement, que tu avais un mari violent. Et quelle que soit la configuration, il ne peut jamais sortir quoi que ce soit de bon d'une situation de violence conjugale. Point.

Après, je me pose une question. Tu dis que ta relation est exceptionnelle avec cet homme car il est le seul avec qui tu peux être toi, et c'est une raison suffisante à elle toute seule. Mais pourquoi ne peux-tu pas être de même avec ton compagnon actuel ? Qu'est-ce qui t'empêche de lui faire part de tes angoisses, de tes craintes, de tes aspirations, c'est quand même le mec avec qui tu vis, il te vois avec une tête de zombi le matin au réveil, il sort les poubelles quand tu lui demandes et il a déjà dû te supporter une fois ou deux avec la crève et donc le sex-appeal d'une mygale asthmatique, tu n'es pas en "représentation" devant lui, pourquoi ne pas te confier ?

Tu dis que tu penses que personne d'autre que cet homme ne pourrait supporter tes extrémités. Peut-être que c'est vrai dans ton entourage actuel, et que c'est là d'où vient le fond du problème. Dans mon cas, je suis malade depuis longtemps, et mes extrémités sont parfois d'une violence inouïe (un de mes amis a dû me maitriser physiquement une fois, il a eu du mal alors qu'il a des années de sports de combat derrière lui et qu'il fait peut-être le double de mon poids), donc à ce niveau-là, je connais. Mon compagnon les supporte, il est même un des seuls à pouvoir les calmer et les prévenir, mais j'ai des amis qui prennent le relais aussi et qui se sont habitués à mes crises, sans me juger, ce que les tiens ont du mal à faire manifestement.

Plus largement, il me semble normal, dans un milieu aussi jugeant que tu le décris, de s'accrocher corps et âme à la seule personne qui ne nous juge pas (ou dont on a l'impression, je ne sais pas vraiment comment pense ton compagnon actuel). Je pense qu'avant de te demander si tu aimes untel et aussi untel, si lui c'est un ami ou un amoureux, si tu veux vivre comme ci ou comme ça, il faut d'abord faire le ménage. On ne construit rien de solide dans un marais (ou alors il faut être cajun...). Prend le temps de trouver des gens qui te comprennent, qui n'ont pas de jugement moral et qui t'aimeront pour ce que tu es, par la façade que tu donnes. Je pense que le début du problème est là.

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Discussion : Une lumière pour ma lanterne ? Poly ou paumée ?

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aviatha

le dimanche 13 octobre 2013 à 17h06

Toutes mes condoléances, très chère, à toi et aux trois petits, qui doivent eux aussi se sentir bien seuls au monde.

Toutes mes pensées vous accompagnent

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Discussion : Amour = Souffrance

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aviatha

le vendredi 11 octobre 2013 à 13h22

Honnêtement, je ne sais pas. Et puis j'étais très jeune, mes parents m'entouraient et suivaient mon traitement de près, donc ce n'est pas comme ce demander ce que je ferais aujourd'hui en tant qu'adulte, franchement j'en sais rien

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Discussion : Amour = Souffrance

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aviatha

le jeudi 10 octobre 2013 à 16h31

Encore une fois, on tombe d'accord que le fait d'avoir les informations de base et les accepter (ou de dire qu'on les accepte sans que ce soit vraiment le cas si je me souviens bien de tes expériences malheureuses) est très différent d'un changement de trajectoire en plein parcours.
Si c'est mourir pour que l'autre souffre moins (même juste une mort psychologique) j'ai du mal à voir comment ça marche (et c'est pour ça que mon exemple à dévier). Si c'est quelqu'un qui t'aime, normalement, n'importe quel aggravation de ton état doit aggraver le sien. Mais j'ai bien compris que tu étais tombée une ou deux fois sur des spécimens que ça n'effleuraient pas trop...
Pour le psychique, je ne sais pas ce que tu appelles long terme (cette définition varie beaucoup selon les individus, j'ai remarqué), mais je crois que si. J'ai été en continu chaque jour dans cet état pendant trois ans. Du brouillard. Du vide, et un corps qui marche comme une erreur, et rien qui ne donnait envie de vivre si ce n'était cette promesse de la psychiatre "un jour ça ira mieux". Et c'était vrai, je ne le voyais pas bien sûr, mais pendant ce temps l'esprit guéri. Je pense que c'est vivable si on arrive à s'accrocher à cet espoir. Aujourd'hui, je sais que même si je me traine des journées entières et que je dors parfois 16 heures par jour (autant dire qu'il reste pas beaucoup de temps pour "vivre"), ce n'est pas une "vraie" mort psychique, le cerveau dort pour se reconstruire, j'ai l'air de rien foutre et en fait c'est un chantier titanesque à l'intérieur. Et un jour ça ira mieux. L'espoir, encore. J'ai des ongles très durs, ils se plantent très bien dedans ^^

Et je crois que Yoni rebondissait sur la situation de missbliss, il ne me semble pas non plus que tu ai dit quelque chose dans ce sens.

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Discussion : Amour = Souffrance

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aviatha

le jeudi 10 octobre 2013 à 14h51

@Tsampa
Ouais, j'aime moyen les boîtes. Déjà parce qu'au final ça colle jamais avec ce qui se passe en vrai. Et ensuite parce que je crois que j'ai beaucoup trop de réaction empathiques pour réagir de façon "rangée"^^

@LuLutine
Nan là pour le coup je suis d'accord avec Maia, le désir charnel est, peut-être pas le baromètre, mais au moins un indicateur fort dans une relation. Si en plus tu ajoutes à ça une baisse de désir physique, mais d'un côté seulement, tu obtiens une formidable sensation de rejet de l'autre côté, donc je pense que c'est vraiment un élément à considérer.

Effectivement, on peut faire le choix de ne pas choisir si ça implique un renoncement qu'on ne se sent pas capable de faire, je dis juste qu'il faut, dans ce cas, être aussi prêt à la violence de la réaction en face. Car encore une fois dire "tu souffres mais prendre une décision me ferait souffrir, donc je préfère ta souffrance à la mienne", même si c'est compréhensible, c'est violent comme message à recevoir dans la tronche.

Petit HS (oui, c'est mâââââââl), parce que tu parles beaucoup de "pour moi faire un choix c'est comme mourir", "je juste envie de mourir si je fais ça", "autant se tirer une balle dans la tête tout de suite si..." et j'avoue que ça me laisse perplexe. En fait (et si ce n'est pas le cas, je m'excuse par avance à plates coutures et à plat ventre), j'ai l'impression que c'est des expressions de quelqu'un qui n'a jamais eu sa vie en jeu, qui n'a jamais eu à la défendre.
Quand j'avais 10 ans, je suis tombée très malade, on a eu peur que je ne vive pas. Pendant des jours je me suis accrochée, dans le noir complet (je ne supportais pas la lumière), le silence absolu (je ne supportais pas le bruit) et la solitude (j'avais tellement mal que même quand ma mère était là, c'était comme être seule au monde), je me suis accrochée à la vie avec les ongles, avec les dents, pendant des jours, j'avais des hallus à cause de la fièvre, je voyais une ombre assise au pied de mon lit et j'étais persuadée que c'était la mort qui me guettait, je n'osais pas dormir ou relâcher ma vigilance, quand j'y repense après coup, c'était comme se débattre pour ne pas se noyer, pendant des jours. Je me suis tellement battue pour vivre, je sais tellement à quel point on est capable de puiser dans toutes les forces de son corps et de son esprit pour la conserver que dire "faire ça ou subir ça pour moi c'est comme mourir" me parait une absurdité. Même du fin fond du brouillard de médocs quand j'étais sous camisole chimique, même si, techniquement, mon corps s'est laissé mourir à certaines sombres périodes, même si l'idée m'a traversé l'esprit, jamais, jamais je ne me suis dit clairement "j'ai envie de mourir, je préfère mourir que...", j'ai payé trop cher pour vivre !
Mourir pour l'autre, c'est une autre histoire. Quand j'ai guéri, j'étais encore en convalescence quand mon premier amoureux est mort, quelques semaines plus tard, et j'ai su que j'aurais pu donner ma vie si ça avait pu le sauver, cette vie que je venais si chèrement de défendre. Mais c'est normal. Il y a des degrés d'amour qui poussent à ça, quelle mère ne mettrait pas sa vie en jeu pour ses enfants, par exemple ? Mais ceux pour qui on en est capable se comptent sur les doigts d'une main, et encore une main qui aurait pas tous ses doigts. Pour ma part, je sais qu'il y a deux êtres au monde devant lesquels je me dresserai en rempart contre ce qui pourrait les menacer et quel que soit le prix à payer, et deux c'est pas beaucoup. Il y en a un des deux, par exemple, que j'ai déjà arraché une fois aux griffes de la mort, j'ai encore des sueurs froides quand je repense à quel point ça s'est joué à peu ce jour-là et j'ai une parfaite conscience d'à quel point j'étais prête à tous les efforts et tous les sacrifices pour le maintenir en vie.
Tout ce pavé indigeste pour dire que "faire souffrir l'autre est moins pire que me tuer moi", je trouve que c'est un emploi exagéré du terme tuer, pour moi ce n'est jamais que deux souffrances face à face dont une pense (à tort ou à raison) qu'elle est pire que celle de l'autre, et qu'il y a des sacrifices qu'on ne ferait effectivement pas... sauf pour ces rares quelques uns.

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Discussion : Amour = Souffrance

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aviatha

le mercredi 09 octobre 2013 à 23h43

A mon avis, ta situation relève plus d'un (gros) besoin de rééquilibrage et de redéfinition des contours, que d'un véritable choix. Ou alors, il dépend effectivement de toi, mais indirectement. Pas "est-ce que je choisi O ou J", mais "est-ce que vouloir faire des projets avec J est suffisamment important pour moi pour que je prenne le risque de voir O prendre la porte", par exemple.

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Discussion : Amour = Souffrance

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aviatha

le mercredi 09 octobre 2013 à 17h13

La question est intéressante, et je pense qu'on peut distinguer deux cas. Celui où, pour X ou Y raison, la situation devient difficile pour une ou deux personnes, alors qu'elle était bien tolérée avant (ce que tu sous-entends quand tu dis "elles ne supportent plus de partager", ce qui implique qu'à un moment elles supportaient), auquel cas c'est effectivement à eux, à mon sens, de faire le choix de ne plus vivre ça par ce qu'ils sont malheureux, le changement a opéré en eux, à eux de faire le tri. Et il y a le cas, comme celui de missbliss, où la situation a été initiée par la personne "du milieu" (j'ai pas d'autre terme là tout de suite) qui a entraîné les deux autres, laquelle situation n'a peut-être jamais été vraiment supportée par les deux en question, auquel cas j'estime que c'est à la personne qui a initié volontairement et en toute connaissance de cause le changement de palier aux conséquences éventuelles. Les deux situations ne sont pas du tout semblables à mon sens et ne relèvent pas de la même dynamique. Dans un cas, il est normal de ne pas vouloir prendre une décision pour compenser un changement qui a opéré chez quelqu'un d'autre, dans l'autre, il me parait dérangeant de laisser assumer aux autres la "résolution" d'une situation qu'on a soi-même initiée.

Comme on parle couramment d'un amour pour désigner une relation (mon premier amour, mon plus grand amour et autres), je pense que, de toute façon, même s'il ne signe pas l'échec du polyamour en général (pas plus qu'une rupture n'est la mort de tout amour), le fait d'être dans un triangle où deux personnes souffrent sur le long terme est un échec de ce polyamour.
Personnellement, mais cela n'engage que moi, si je me retrouve dans ce genre de situation que je n'ai pas choisi et qui me fait souffrir et que la personne en face m'explique clairement qu'elle refusera toujours de prendre une décision et que, si la situation devient insupportable, ce sera à moi de me débrouiller avec ça, je l’interprète comme le fait que ma souffrance n'est pas une chose importante à ses yeux. Et que l'amour que je lui donne et celui qu'elle a pour moi sont somme toute moins importants que l'idée qu'elle se fait de l'amour. Inutile de dire que si mon cher et tendre s'était comporté ainsi, j'aurais claqué la porte depuis des mois.
Également, mais ça, ça doit être moi encore (et ce qui me pousse à m'occuper de la demoiselle de mon cher et tendre malgré toute l'envie de monde que j'ai que toute cette situation s'arrête), je ne peux pas concevoir qu'on puisse avoir les moyens de faire stopper la souffrance de quelqu'un et se refuser à le faire, surtout quand c'est quelqu'un qu'on aime. Par exemple, elle est quelqu'un de très impulsive et prend mal beaucoup de choses venant de sa part, mais elle est aussi très triste et seule, car elle n'a personne à qui confier vraiment tout ça. Hormis moi. Alors je la rassure, je la calme, je lui explique comment il fonctionne, au détriment de mon idéal qui voudrait sans doute quelque part que ça se casse la gueule entre eux sans qu'il soit question de "tranchage violent dans le vif", mais bon, sur le moment c'est juste une petite nénette angoissée, alors mon idéal attendra, parce qu'elle a besoin d'être consolée. Je ne dis pas que c'est une bonne chose, c'est juste que j'ai du mal à concevoir qu'on puisse faire autrement, surtout quand c'est des gens qu'on aime en face.

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