Il faut bien commencer quelque-part ?
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(compte clôturé)
le vendredi 26 décembre 2008 à 21h31
Mais je ne sais pas bien par quel côté prendre la chose.
Et puis je ne suis pas très doué pour raconter, surtout quand c'est moi qu'il faut que je raconte.
Par un petit bout de ma vie peut-être ?
Vas-y Benjamin, essaye. Lance-toi !
Comme beaucoup de monde, j'ai eu des petites histoires d'amours adolescents. De ces amours éphémères et pas forcément très intéressants, quand on y repense quelques années après…
Alors je ne vais pas tourner autour du pot : une de mes premières « amourettes » vaguement consommée me lassa aussi vite que cela est courant à cet âge.
En bon lâche de mec que j'étais, n'étant pas dans le même établissement scolaire que la donzelle, je chargeais mon petit frère de lui dire que je ne souhaitais pas vraiment la revoir. C'était un peu con, pas courageux, et en tout cas très médiocre, mais ainsi fût fait.
Manque de chance, la jeune fille n'allait pas très bien dans sa tête à cause de nombreux problèmes familiaux. Quelques semaines après, elle tentait de se suicider, même si je ne l'appris que quelques mois plus tard.
J'ai beau être lâche et con (ou l'avoir été ? ce n'est pas à moi de le dire, mais j'espère un peu moins, en tout cas), je n'en suis pas forcément moins sensible : une culpabilité invisible m'a rongée, au point de limiter au maximum mes rares relations amoureuses, et de me débrouiller pour ne jamais y mettre un terme moi-même. Ho, je dis ça relativement facilement maintenant, mais il m'a fallu plusieurs années pour me rendre compte de l'ampleur des dégâts de ma connerie sur moi-même, et presque autant pour réussir à me l'avouer puis à réussir à le raconter.
Je n'ai jamais revu cette fille. Sarah, elle s'appelait. Je ne me souviens même plus de son nom de famille…
Que vient faire cette petite histoire-ci sur un site dédié au polyamour ?
Mais attendez trente-secondes de plus ; ce n'est que la mise en situation.
Il y a maintenant trois ans, une fille fantastique est apparue dans mon monde. Et, encore mieux : elle m'a couru après comme jamais personne avant elle. Et moi, entre ces quelques problèmes personnels que j'ai racontés plus haut, et quelques autres que je ne souhaites pas narrer ici, je me suis refusé à elle pendant plus d'un an. Ouais, carrément, malgré le fait que j'ai déjà saisi à quelle point elle était géniale.
Un an passa donc, et un jour je finis par craquer aux assiduités de la jolie et talentueuse demoiselle, amoureux comme jamais je ne l'avais jamais été, et comme je le suis toujours. Ce fût entre autres grâce à elle que je réussi à me sortir de cet espèce de carcan émotionnel que je m'imposais depuis des années, suite à cette rupture désastreuse avec cette Sarah.
Mais cette fois, ce fût la demoiselle qui sembla se lasser la première, moins de trois mois après, et tomba dans les bras d'un autre.
Argh ! Ce fût douloureux, à la mesure de cet amour immense dans ce cadre conventionnel qui était le seul que je connaisse.
Mais comme je tenais à elle, je fis ce que beaucoup considèrent parfois comme une bêtise : je pris sur moi pour conserver avec elle tout ce qu'il était possible d'amitié et de bonne relations. D'autant que c'était un besoin qu'elle aussi éprouvait et me faisait ressentir.
Moins de trois mois après, elle se lassa de ce type qui m'avait remplacé. Et comme tout bon amoureux masochiste, je retentais ma chance. Avec succès.
Vous voyez déjà le topo ? Non, pas encore clairement, je le sens. Les choses se sont ainsi répétées… Ho, je ne compte plus, mais à la louche, je dirais quatre ou cinq fois. Oui, à ce point. Et ce fût à chaque fois presque aussi désagréable pour moi. Oui, j'en ai entendu des variantes sur le thème « mené par le bout du nez ». Mais vous pouvez vous en abstenir : je suis certain de l'estime et de l'affection qu'elle me porte.
C'est en partie à cause de ceci, pour éviter de me faire mal et de se culpabiliser elle-même, qu'elle a fini par me restreindre à une relation amicale… aussi profonde qu'ambigue, moi restant avec mon cœur et ma bite sous le bras (©Jacques Brel), et elle continuant à vaguabonder de l'un à l'autre tous les trois mois. On pourrait régler une horloge atomique sur le rythme de ses amourettes aussi volatiles que sincères.
C'est en visitant ce site que j'ai su mettre deux mots faciles pour étiquetter ça : « monogamie en série ».
Ho, ce n'était pas facile pour moi, et ça ne l'est d'ailleurs toujours pas, je tente de rester honnête avec moi-même.
Et c'est en tentant de garder cette honnêteté que je me dis que je suis moins jaloux de ces pauvres types qui, contrairement à moi, ne resteront pas dans la vie de cette fille venue des cieux, que de sa capacité à garder cette liberté d'aimer.
Et c'est en tentant de garder cette liberté que je me dis que j'aimerais aimer une autre qu'elle, que j'aimerais *réussir* à en aimer une autre. Je suis convaincu au plus profond de moi-même que cet amour que j'ai pour elle perdurera à peu près quoi qu'il arrive. Mais j'ai besoin de plus que ce qu'elle voudra bien m'offrir tant qu'elle aura peur de me faire mal avec sa manière d'aimer, que je ne lui reproche même plus.
Et mon masochisme a des limites.
La solution polyamoureuse serait-elle LA solution ?
Merci de m'avoir lu.
Benjamin,
Polyamoureux ?
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(compte clôturé)
le vendredi 26 décembre 2008 à 22h32
Salut!
Toi polyamoureux dans l'âme peut-être... Elle, polyamoureuse en devenir?
Je ne vois qu'une chose à faire: lui en parler.
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bohwaz
le samedi 27 décembre 2008 à 00h59
Peut-être qu'effectivement il faut arrêter de penser en binaire et tenter une approche un peu moins manichéenne (enfin quoi que là on a trois stades possibles, 0 (pas de relation), 1 (amitié), et 2 (relation amoureuse)).
Ou tout du moins en parler avec elle, peut-être que chacun de votre côté cela peut vous aider à mettre des mots sur les sentiments.
Le polyamour n'est pas *la* solution tes maux, par contre cela peut beaucoup t'aider, je pense, à réfléchir à la question et entrevoir des idées et possibilités un tant soit peu plus épanouissantes que rester dans une case qui ne vous convient pas forcément.
Je tiens à préciser une chose, les articles qui sont pour le moment sur le site ne propagent pas forcément la réalité des polyamoureux-ses, qui ont parfois des vécus très différents. Par exemple certain-e-s acceptent et sont parfaitement heureux-ses si leur partenaire ne dévoile pas qu'il/elle a une autre relation à ses partenaires. Alors que ce qui est exposé ici pour le moment vante plutôt une franchise totale envers toutes les personnes impliquées.
Il n'y a pas une seule "bonne" démarche, il y a seulement des outils pour aider à construire ses relations différemment afin d'essayer de créer des situations plus faciles et enrichissantes à vivre.
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(compte clôturé)
le samedi 27 décembre 2008 à 11h56
J'abonde dans ton sens, Bohwaz. Benji (tu permets?), il faut déterminer, à coups d'expériences peut-être difficiles, quel est le mode de vie qui te convient à toi tout seul / à toi avec cette fille / à toi avec les femmes en général.
Tout se dire n'est pas la panacée non plus, j'ai des relations qui préfèrent ne rien savoir et d'autres avec lesquels la relation s'enrichit en parlant des autres liens. Pas de modèle de communication, en l'occurrence.
Ne pas raconter, c'est aussi une histoire de jardin secret; tout comme "tout dire" peut empoisonner une relation sous couvert de franchise totale.
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(compte clôturé)
le samedi 27 décembre 2008 à 23h58
> Benji (tu permets?)
C'est absolument comme tu veux, tant que je suis capable de me reconnaître. :)
Pour être complet, je dois bien dire que je ne suis pas parfaitement à l'aise dans cette relation actuelle, et que je cherche une meilleure manière de la vivre.
J'ai quelques éléments qui me font dire qu'une forme de polyamour serait éminement envisageable, sans pour autant trop savoir vers quoi je m'embarque.
Quelque-part, je rêve d'une histoire « à la André Gorz »[1].
D'un autre côté, nous avons plusieurs fois parlé avec un certain plaisir de la relation que cet autre existentialiste qu'était Jean-Paul Sartre avait avec Simone de Beauvoir…
Il y a aussi cette proximité plus qu'ambigue qui nous a lié physiquement plus qu'il n'aurait été d'usage, alors qu'elle était censément occupée par ses coups de cœur du moment…
Mais jusqu'à il y a peu, c'était surtout de l'abstraction, et dans cette mesure, rien ne m'a jamais vraiment gêné : au fond, chacun se conduit dans sa vie amoureuse comme il lui convient tant que c'est fait honnêtement et avec le respect de son ou ses partenaires.
En ce qui me concernait, je me bornais cependant à réfléchir en terme de monogamie classique, par habitude et convention. Parce-qu'a priori, c'était plus simple, aussi…
Bref… Je suis maintenant sans guère de préconçus, et je me dis que le pire est très probablement derrière. En ça je te suis, Clémentine : il y a peut-être des trucs à tenter, même si ça risque de ne pas forcément être très évident tout le temps. Je suis (irrationellement ?) assez confiant : dans le pire des cas, la relation qu'on a pour le moment tiendra le coup, et ce serait déjà bien. Mais pas top.
Sinon, me connaissant, et en constatant la manière dont tout s'est passé jusque là, je dois bien dire que je préfère savoir et en parler, plutôt que les choses soient cachées. Et puis, tout du moins jusqu'à son dernier coup de cœur (où nous nous sommes un peu engueulés, mais pas vraiment à cause de celui-ci), elle prenait du plaisir à m'en parler à l'occasion, voir à prendre conseil. Et de la manière dont ça se faisait, je ne peux pas non plus dire que ça me dire que ça m'ennuyait.
Je ne sais pas encore ce que donnerait la réciproque, et j'en suis curieux. :)
Bref… Je ressens pas mal d'interrogations, et presque autant d'appréhension.
Aucun doute : je lui en parlerais. Pour le moment, je tente de mûrir ça un peu dans ma tête, et puis j'attends un peu que sa dernière liaison se tasse un peu pour qu'elle soit un peu plus ouverte à ce sujet. :P
Je l'enverrais d'ailleurs sur ce site et cette discussion d'ici pas trop longtemps (même si je doute un peu qu'elle y laisse le moindre mot).
Merci à vous qui m'ouvrez peut-être des voies plus intéressantes.
Ça fait un peu du bien d'en parler, et de voir que d'autres vivent ce genre de relations un peu hors-cadre.
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(compte clôturé)
le dimanche 28 décembre 2008 à 00h58
Le monde est petit! L'un des thèmes chers à Gorz est la décroissance, modèle qui me plaît et que j'essaie de suivre au plus près depuis quelque temps. Et André Gorz, je suis heureuse de connaître son existence grâce à toi!- qui prône des idées si révolutionnaires pour la société, et vit en même temps une monogamie si complète qu'il décide de mourir avec son épouse... les gens qui réunissent des contraires en eux me fascinent. Ils ont des dimensions "internes" immenses pour contenir autant de trucs différents!
Je sors un peu du sujet, mais finalement, tenter de vivre selon un modèle libertaire à réinventer chaque fois que nécessaire, ça demande beaucoup de ressources et de courage, un profil de phénix ou une tronche de cake, à choix.
Que ce soit comme lui dans son univers d'idées appliquées, ou le PA.
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(compte clôturé)
le dimanche 28 décembre 2008 à 09h24
Raaa, André Gorz ! Depuis que je l'ai découvert en septembre 2007, je suis assez fan : il m'a permis de mettre des mots sur mes pensées, et de les dévelloper un peu plus loin et de manière cohérente.
Histoire de continuer un peu le hors-sujet, Bohwaz, il a écrit quelques trucs auxquels tu devrais aussi accrocher : nottament « L'immatériel », où il parle du logiciel libre comme moyen de subversion du capitalisme, et des systèmes de production, le tout dans une analyse que je trouve très pertinente, surtout en sachant qu'il avait quatre-vingt ans quand il l'a écrit.
J'avoue : je ne l'ai pas encore lu ; c'est l'unique cadeau de Noël que je souhaitais, mais je ne l'ai pas encore reçu. :P
Et… pour revenir un peu dans le sujet, je ne ressens pas cette forte monogamie d'André Gorz comme contradictoire avec un modèle libertaire tel que je le conçois. Au fond, ils ont fait exactement ce qu'ils ont voulu jusqu'au bout. Et non seulement ça ne semble avoir nuit à personne, mais en plus leur relation a été ultra-féconde (je te conseille de lire « Lettre à D., histoire d'un amour »).
Ils semblaient bien avoir trouvé un modèle de relation qui leur convienne – aussi classique parraisse-t-il –, et c'est entièrement à leur honneur.
Moi, je sais « juste » qui j'aime et souhaite continuer à aimer…
Je pense pouvoir dire sans trop de problème que c'est réciproque…
Il reste à nous trouver un modèle de relation qui nous permette de nous épanouir au mieux et sans douleur.
Plus j'y pense, et plus je me dis que ce ne sera pas facile, mais maintenant j'ai une idée de la direction dans laquelle regarder.
Bises à tous les deux. :)
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françoise (invité)
le dimanche 28 décembre 2008 à 12h12
Bonjour,
A mes débuts dans cette recherche- j'avais 17 ans!- je pensais que c'était u nouveau modèle de couple. Plus j'ai avancé, plus j'ai découvert et compris que c'est d'abord un choix individuel, et ce que ça m'a d'abord appris, c'est à être bien avec moi, à ne plus craindre la solitude, à aller vers les autres parce qu'ils m'intéressent et on pour combler un manque. En corollaire, il faut laisser à l'autre, aux autres, l'autonomie de choisir ce qui leur convient: se dire, pas se dire, etc. Je connais même des cas où l'un est poly, l'autre mono, ils en ont parlé et sont d'accord pour vivre ainsi. Ce sont donc bien des choix individuels, il ne s'agit pas de remplacer le couple monogame par le couple polyamoureux!
Je profite de ce site pour vous dire que je publie au printemps un livre qui parle à la fois de la théorie et de la pratique en ce domaine, avec plein de témoignages reçus depuis dix ans. Au final, ça donne un bouquin très politique, car la vie privée est aussi un reflet des normes sociales en économie, en écologie, en rapports de pouvoir, etc.
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(compte clôturé)
le dimanche 28 décembre 2008 à 13h16
Bien sûr que c'est politique, et le reste... L'émergence publique de cette manière de vivre les relations peut se faire parce que d'autres tabous sont mieux acceptés; l'évolution des tolérances constritue des bases mouvantes sur lesquelles les lois et la jurisprudence s'appuient pour suivre. Et dans la foulée, les droits nationaux et internationalux doivent bien suivre, l'économie et les relations de commerce et d'échanges internationaux bougent, tout est lié... Finalement, on s'aperçoit que vivre ainsi nous engage, nolens volens, dans un processus bien plus large. La goutte d'eau ne le sait pas, mais elle fait partie de la grande rivière!
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kalo
le dimanche 28 décembre 2008 à 15h53
N'ayons pas la prétention d'établir de nouvelles normes, c'est en accord avec les autres éléments de la relation, dans le respect des désirs et de la sexualité de chacun que nous devons élaborer les règles qui favorise l'épanouissement de tous....
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(compte clôturé)
le dimanche 28 décembre 2008 à 17h58
Aucune prétention de quoi que ce soit, juste le constat que la norme va aller du côté des normes multiples si l'on peut dire.
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(compte clôturé)
le mardi 30 décembre 2008 à 20h33
J'aurais pu répondre plus tôt, mais je me suis forcé à prendre quelques jours de réfléxion avant de le faire.
Encore une fois, j'ai bien du mal à mettre de l'ordre dans mes pensées et dans mes phrases.
Je vais tenter de rester dans l'ordre de la généralité plutôt que de m'attacher à des cas particuliers et des exemples ; ça m'aidera peut-être à mettre mes idées au clair.
Après avoir soigneusement pesé mes sentiments, je dois dire…
… que je balance soigneusement entre plusieurs sentiments et pulsions plus ou moins résistibles.
D'un côté, il y a indubitablement cette empathie qui me permet de ressentir en partie sa joie, son excitation, ses doutes, lors de chacun de ses nouveaux courts amours. Vraiment, je trouve qu'elle y gagne à chaque fois un truc en elle de plus durable que la beauté que tout le monde arbore quand il a un nouvel amour : de la liberté, de la sensibilité, des points de vue nouveau, de la solidité aussi… C'est juste… merveilleux de le constater à chaque fois, et vraiment cela me fait ressentir un amour renouvellé. Même quand l'expérience en question était objectivement merdique, elle en sort meilleure.
Quand j'y repense, je ressens des frissons rien qu'à y penser.
D'un autre côté, j'ai justement beau savoir qu'elle a en elle le caractère et les ressources pour se tirer sans vraie casse d'à peu près n'importe-quelle relation foireuse, je m'inquiète un peu pour elle à chaque fois, car je sais bien à quel point elle tombe amoureuse de l'un ou de l'autre pour un petit rien, en ne voyant que ce qu'elle veut voir.
Mais pour ceci, à la limite, je m'en inquiète vraiment de moins en moins. À vrai dire, c'est peut-être là que mon envie de poly-amour commence : je lui envie cette capacité de voir plus facilement chez les gens ce qui lui plaît plutôt que le reste.
Et oui, comme il en est question sur ce site, il y a aussi chez moi ce problème de confiance en soi, qui va en général assez bien, mais qui s'écroule parfois pour pas grand-chose. C'est probablement la cause de la plus grande partie de cette jalousie que je ressens et que je ne peux pas nier. J'ai beau savoir qu'il y a clairement un truc durable, il y a des moments où j'aurais besoin d'une attention dont je ne bénéficie pas, car c'est quelqu'un d'autre qui l'a. C'est… frustrant. Qu'on me comprenne bien : ce n'est pas que quelqu'un d'autre bénéficie de ses attentions qui m'emmerde (à la limite, je suis même content pour lui aussi, car je sais à quel point ses attentions peuvent faire du bien), mais ce serait plutôt de ne pas pouvoir en bénéficier moi-même quand j'en ai besoin, alors que j'aurais au contraire tendance à me plier – avec plaisir – à ses besoins quand elle les manifeste.
Ouais, je sais, c'est une raison un peu égoïste sur les bords, mais j'espère au moins qu'avoir compris ça me permettra d'agir dessus.
Je sais que mon envie de plier ainsi à certains de ses désirs l'embête pour moi : elle sent que ça me fait nier une petite partie de mes propres besoins (il est d'ailleurs bien question de ce problème sur ce site ; il m'a été agréable de voir ainsi mettre des mots sur mon ressenti), et que ça me rend donc moins… désirable.
Que voulez-vous ? Mon plaisir est pourtant là aussi ?
Alors voilà : je ne peux pas nier le fait de l'aimer comme je n'ai jamais aimé, comme je ne pensais pas qu'il était possible d'aimer, et que j'espère garder avec elle la relation la plus durable et la plus profitable pour nous deux.
D'un autre côté, ce n'est pas non plus avec cette « simple » amitié que je vais avancer, et en plus je risque de finir par l'emmerder plus que de raison.
Si me libérer d'elle par d'autres – dont je me privais en partie jusque là – peut me le permettre, et en bonus nous rapprocher, oui il est possible que le polyamour soit une solution.
Ho, je suis content d'avoir ainsi tout formulé par écrit. :]
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Sinon Françoise, je t'ai vu parler de lutinage, et j'ai cru voir que pas mal de personnes préféraient ce terme à celui de « polyamour ».
Ceci m'embête un peu, car j'y vois une différence de taille, que tu souligne d'ailleurs toi-même en rappelant le sens du verbe lutiner : « faire la cour ». Pour moi, faire la cour c'est juste une partie de la séduction, et la séduction n'est pas encore l'amour : tout au plus, la manifestation à l'autre que quelque-chose en lui nous plaît, et _peut-être_ le désir de se découvrir assez pour savoir s'il peut y avoir de l'amour… ou pas.
En bref : juste l'apparence de la superficie du début de l'amour.
Plus grand-chose, quoi… Je comprends que ça soit excitant, mais au fond ce n'est pas aussi intéréressant ni aussi durable.
Enfin je me trompe peut-être, mais c'est comme ça que je ressens le truc pour le moment priori, quoi. :)
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Aujourd'hui, j'ai donné à la belle l'adresse de cet fil de discussion ; je ne sais pas quand elle prendra la peine de le lire ; probablement d'ici une bonne semaine, vu ses occupations du moment. :)
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(compte clôturé)
le mardi 30 décembre 2008 à 20h35
Pour ce qui est du côté politique de la chose privée, il me semble évident que tout commence à son propre niveau, quand on tente d'être cohérent au quotidien avec ses idées sur un mode de vie qui convienne à soi comme à chacun.
À ce sujet, j'aime tout particulièrement cet aphorisme d'Ayerdhal :
« Il ne faut pas confondre politique et politicien.
La politique, c'est le nuancier de couleurs avec lequel chacun devrait repeindre le monde pour conserver la maitrise du pinceau dans la grande œuvre collective et plutôt bigarrée que compose l'humanité.
Le politicien, lui, est un professionnel du badigeon monochrome qui s'enrichit sur le dos de ceux qui ne veulent pas faire le boulot eux-même. »
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(compte clôturé)
le mercredi 31 décembre 2008 à 00h56
Lutinage : le mot est joli, elfique, c'est chercher à alléger la chose qui fait scandale, sans la banaliser, mais en l’aérant. J’aime l’idée de prendre la vie comme un jeu, ne dit-on pas que les enfants se construisent avec le jeu, surtout quand ils jouent aux grands. Je préfère ça à l’attitude de certains de ma famille « La vie est une tartine de m… qui se déguste lentement / variante : la vie est une vallée de larmes / etc." Recommencer à jouer, quel plaisir!
Benji, il me semble que ton amoureuse peut t’apprendre à être à l’écoute de tes propres besoins… et à déterminer comment tu peux les satisfaire : avec elle seule, avec d’autres personnes. Mais le premier pas, c’est de les cerner. En te lisant, je sens confusément que la jalousie est liée au sentiment de priorité qu’on pense devoir obtenir d’une personne en particulier. Mais si cette personne disparaît, on va nécessairement devoir trouver comment répondre à ce besoin ; peut-être moins bien, mais peut-être pas. Bien se connaître, ça doit forcément déboucher sur les petits recoins d’où partent d’autres couloirs donnant sur d’autres dimensions de soi. Je parle d’expérience… ayant changé d’avis du tout au tout ces derniers mois sur ce qui me plaisait : j’ai croisé la route de l’homme, fin observateur, qui s’est fié à ses cinq sens plutôt qu’à mon discours. Sans expérience personnelle lui-même sur quelque chose que je lui disais ne pas aimer, il a mis de côté préjugé et ignorance, et nous avons avancé en écrivant notre propre atlas. Qui a en effet une sorte de 4ème dimension, une équation à inconnues qui viennent d'autres alphabets... et la plus ahurissante des découvertes sur moi-même, pour ma part!
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françoise (invité)
le mercredi 31 décembre 2008 à 11h02
Effectivement, Clémentine, je retiens dans Lutinage plutôt le côté Elfique et léger, car ce mode de vie demande de s'alléger des pesanteurs sociales et psychologiques, et je pense, paradoxalement, que l'amour devient plus profond lorsqu'il s'allège des pesanteurs, alors qu'il reste très superficiel- au niveau de la séduction et du rapport de forces- quand il se fait pesant. De plus, polyamour insiste sur la multiplicité des amours, alors que dans le Lutinage- j'insiste beaucoup sur ce point dans mon prochain livre- il s'agit d'ouvrir les possibles, c'est-à-dire de suivre les évolutions de la vie sentimentale, ce qui fait qu'un "poly" peut traverser aussi des périodes monogames ou solitaires, ce qui ne l'empêche pas de rester "poly" dans l'esprit.
Benjamin, que tu te sentes "frustré" parfois n'a rien de surprenant et ce n'est même pas de la jalousie, juste un appel pour savoir si tu es vraiment aimé ou pas. Hélas, c'est très difficile à savoir! J'ai connu des hommes soi-disant très amoureux... et aux abonnés absents dès que leur belle avait besoin d'eux, et d'autres, apparemment moins attentionnés au quotidien, mais toujours présents en cas de besoin.
Il faut du temps pour savoir si on aime vraiment et si on est vraiment aimé, et pour prendre ce temps sans angoisses, cultiver la confiance en soi, indispensable. Le Lutinage, c'est un choix de confiance en soi et de confiance en l'autre...
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françoise (invité)
le mercredi 31 décembre 2008 à 11h09
J'oubliais, pour Benjamin: n'hésite pas à exprimer ce que tu ressens, sans acrimonie, sans accuser l'autre. pas lui dire "Tu ne t'occupes pas assez de moi" mais "J'aime quand tu penses à moi" ou bien "j'ai besoin d'attentions pour me sentir aimé". Te taire sous prétexte de ne pas empiéter sur sa liberté- je le sais, je l'ai fait autrefois et c'était une erreur- risque de te rendre morose et frustré, et elle ne comprendra pas pourquoi, puisqu'elle ignorera ton besoin et tes désirs. Ca lui laisse le droit de te répondre "je sais, mais désolée, je n'ai pas assez de temps poour tout", et peut vous permettre de discuter sereinement de ce que vous éprouvez l'un et l'autre et l'un pour l'autre.
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(compte clôturé)
le mercredi 31 décembre 2008 à 11h17
Oui! Et parfois (ou devrais-je dire souvent?) on n'est pas aimé comme on voudrait l'être, et la question à se poser reste la même: cela me convient-il?
Un couple d'amis m'a dit une fois que chacun d'eux avait une perception différente de ce qui leur parlait vraiment comme preuve d'amour.
Elle: des attentions, des fleurs, un petit cadeau ici et là, un câlin en passant
Lui: habiter avec elle
Comme ils habitaient ensemble... c'est elle qui lui offrait ce dont elle avait elle-même besoin [IMG]http://smileys.sur-la-toile.com/repository/Amour/0029.gif[/IMG], c'est malin...
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dido (invité)
le mercredi 31 décembre 2008 à 15h33
hello ..
je me sens comme le vilain petit canard..Parce que mon amoureux est polyamour et que moi pas..alors suite deux ans de relations très fortes nous nous sommes séparés, pour qu' il puisse vivre sa nature amoureuse. pleinement et s'épanouir .et construire ses relations en liberté ,sauf qu'en fait séparés on est très malheueux et que j'ai l'impression que pour un polyamoureux il a beaucoup du mal à aller vers les autres ..alors il revient vers moi épisodiquement.....comment si après avoir aimé profondément quelqu'un ..rien n'était plus comme avant ..je ne témoigne pas en faveur du polyamour, mais il est évident que certains visages du polyamour peuvent etre compliquer ..
alors est ce non plus intelligent de cacher :les parts d'ombres du polyamour, si honnêtement l'on désire, l'approfondir et en parler ;;
affectueusement ,
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(compte clôturé)
le mercredi 31 décembre 2008 à 16h42
Pas sûre d'avoir compris ta dernière phrase, dido, tu veux bien reformuler?
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(compte clôturé)
le mercredi 31 décembre 2008 à 16h45
Et puis tu sais, on n'est pas tous fait au même moule: Françoise a commencé à 17 ans, et moi je me suis transformée en cygne il n'y a pas si longtemps. Je veux dire que je me suis sentie exclue jusqu'à il y a peu, et que là j'ai grandi très vite en une année!