Les images qui pourrissent la vie
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Mouse
le vendredi 14 novembre 2025 à 20h29
Bonjour
Je suis une polyamoureuse débutante. J’aime profondément mon amoureux et je sais que c’est réciproque. Je n’ai pas peur de le perdre ou de la comparaison. Cependant dès que je sais qu’il va y avoir de l’intimité entre lui et ma meta j’ai plein d’images désagréables qui tournent en boucle dans ma tête et qui m’angoissent. Je finis presque par essayer de déconstruire le lien magique qui nous unit pour me protéger. J’ai beau chercher le besoin ou la peur derrière ces émotions je ne trouve pas.
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Neels
le vendredi 14 novembre 2025 à 23h02
Bonsoir, c'est dommage de le vivre ainsi.
N'est-il pas beau d'imaginer un être aimé, heureux dans des ébats ?
Personnellement avec ma douce lorsque l'un a un rdv, nous nous le disons afin que la personne qui est seule programme une soirée de son côté pour ne pas cogiter toute la soirée....
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Hestia
le samedi 15 novembre 2025 à 08h22
Je comprends, je vis la même chose même si ça s’atténue progressivement.
Neels
Bonsoir, c'est dommage de le vivre ainsi.
N'est-il pas beau d'imaginer un être aimé, heureux dans des ébats ?
Non, je ne trouve pas ça beau, plutôt écœurant. J’aime notre sexualité « à nous » mais je n’ai pas des bonnes images de la sexualité en dehors (pour nous 2, pas que pour lui). Et j’ai arrêté de trouver ça dommage ;) parce que sinon je suis focalisée sur le fait de culpabiliser parce que je devrais ressentir autre chose que par la recherche de solution 😉
@Mouse personnellement ce qui m’a aidé (je te laisse voir si des idées t’aideraient) :
1/ retrouver du « contrôle » : j’ai identifié ce que je pouvais supporté, et en ai parlé avec mon amoureux pour trouver des solutions qui soient adaptées à nos besoins (les miens, les siens et ceux de sa relation).
2/ exprimer et être entendue sur le fait que je le vive mal (sans que l’autre cherche à argumenter, juste qu’il soit empathique avec mon vécu)
3/ entendre ce qu’il en retire de positif : globalement moins il m’en parle, pire c’est
4/ passer du temps à ce que j’aime quand il a des rdv (faire des activités avec mes chiens, voir des ami.e.s)
5/ avoir des nouvelles régulières de sa part quand il est avec ses autres relations (plusieurs messages par jour. Même une photo de la balade qu’ils ont fait ou un petit bisous de bonne nuit, mais ne pas me sentir mise de côté)
6/ attaquer un travail psy sur ma vision de ma sexualité qui n’est pas hyper positive et que je projette sur lu
Bon courage en tout cas 🫂
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Mouse
le samedi 15 novembre 2025 à 09h14
@Neels je comprends bien que ce soit dommage pour autant je le vis et je le ressens.
Là concrètement il est en week-end avec elle et moi je suis avec mes enfants. Et honnêtement être avec mes enfants me réjouit mais ne m’occupe pas l’esprit.
Merci @Hestia. Effectivement cela est culpabilisant d’entendre que je ne réagis pas comme il faut. Notre sexualité est parfaite pour nous 2. Je lui ai déjà parlé de mon malaise et il est très à l’écoute. Mais il est évidemment impensable qu’il n’est pas d’intimité avec ma meta.
Je me réjouis vraiment pour lui mais ce sont ces images qui viennent me polluer alors que je pensais accepter cette situation
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artichaut
le samedi 15 novembre 2025 à 19h27
Mouse
dès que je sais qu’il va y avoir de l’intimité entre lui et ma meta j’ai plein d’images désagréables qui tournent en boucle dans ma tête
est-ce que tu connais ta meta ?
parfois connaître la personne aide à endiguer nos fantasmes envahissants
Mouse
J’ai beau chercher le besoin ou la peur derrière ces émotions je ne trouve pas.
les fois où j'ai vécu ce que tu décris, c'est des fois où j'étais en fragilité dans le lien avec la personne, ou en fragilité dans le lien avec moi-même (où je me perdais dans la relation)
mon besoin était de me recentrer, de m'ancrer, de me donner de l'auto-empathie, de me faire plaisir, de retrouver l'amour de moi-même (et plutôt pas auprès d'une autre personne, ce qui sinon déplace le problème, et souvent l'accentue)
ma peur était de disparaître (l'autre disparaît donc je disparaît, car je suis trop dépendant de l'autre, de l'image de moi-même par l'autre : s'il ne veut plu de moi, s'il n'est pas avec moi, c'est que je n'existe pas)
ma solution perso, à toujours était de revenir à moi
(au sens propre et au figuré)
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Mouse
le samedi 15 novembre 2025 à 21h01
Merci @artichaut pour ton éclairage.
J’ai peur ( au moins là il y a une peur 😅) qu’en me recentrant sur moi je me ferme et mettes de la distance. Ce qui serait d’autant plus injuste vers mon amoureux qui est très attentif à mes besoins même s’il ne peut tous les satisfaire.
Concernant rencontrer ma meta j’ai peur ( encore une finalement) de l’effet inverse. Tant que je ne la vois pas je n’ai aucun problème de comparaison.
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crest
le dimanche 16 novembre 2025 à 06h18
Mouse
Je finis presque par essayer de déconstruire le lien magique qui nous unit pour me protéger.
Oui. Parce que plus tu penses et ressens que ce lien est magique, spécial, unique au monde, que tout est (ou semble être) parfait, et plus c’est contradictoire frontalement avec les autres sensations et pensées qui te « pourrissent la vie ».
Comment faire face à cette contradiction ?
C’est d’autant moins facile que tu as peur de mettre de la distance avec la personne aimée.
En réalité je pense qu’il s’agit de mettre de la distance avec une forme de relation avec la personne aimée, dont on a fait le centre de sa vie. Construire la non-exclusivité le demande, à mon sens. Ce n’est pas facile, il y a beaucoup d’obstacles. L’idéologie (poly)amoureuse en fait partie, pour moi.
La personne aimée ne t’aidera pas beaucoup car elle n’est pas en train de construire de la non-exclusivité, du moins au début. Les problèmes arriveront plus tard pour elle alors que pour toi c’est déjà là.
L’entente sexuelle (qui peut être encore plus grande qu’avant) n’est pas un bon indicateur de la situation, à savoir le décalage de vécu entre les deux partenaires qui ont du mal à l’admettre puisqu’ils sont sensés être « amoureux »… comme avant ?
J’ai beau chercher le besoin ou la peur derrière ces émotions je ne trouve pas.
Oui parce que la personne en face semble la même, continue à nous aimer, nous rassure sur ses sentiments envers nous etc. Alors qu’est-ce qui ne va pas ?
Déjà, dis-toi que ces émotions sont la norme, au sens où ne pas les ressentir c’est l’exception.
Si tu as besoin de cloisonner, et par exemple ne pas en savoir tellement (juste ce qu’il faut) sur l’autre personne, alors fais respecter cette limite (et c’est pas forcément facile pour ton partenaire qui peut au contraire avoir très envie de te faire part de ce qu’il vit).
Globalement je pense que chercher les causes en soi-même de ces angoisses est une impasse, à moins qu’il y ait des signaux de grande dépendance affective auparavant dans la relation (et dans ce cas aller consulter un tiers professionnel est le bon réflexe). La non-exclusivité peut aussi être une ouverture au monde des autres en général, ou bien à des relations privilégiées mais non amoureuses, à des formes de spiritualité, etc. Une autre vie est possible 🙂
Message modifié par son auteur il y a 4 jours.
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artichaut
le dimanche 16 novembre 2025 à 10h54
Mouse
J’ai peur ( au moins là il y a une peur 😅) qu’en me recentrant sur moi je me ferme et mettes de la distance. Ce qui serait d’autant plus injuste vers mon amoureux qui est très attentif à mes besoins même s’il ne peut tous les satisfaire.
il y a peut-être un truc genré dans tout ça
avoir peur de disparaître / avoir peur d'être injuste
avoir peur pour soi / avoir peur pour l'autre
je pense que si +de femmes s'autorisaient à penser d'abord à elles
et que si +d'hommes se préocuppaient aussi des autres
le monde s'en porterait mieux
(et le 1er n'a pas à attendre le second pour s'enclencher, car l'un entretient l'autre)
"penser d'abord à soi", n'est pas un égoïsme pour moi (ou alors j'aime l'égoïsme), mais la condition nécessaire pour ne pas s'oublier dans la relation, donc pour vivre de saines relations
l'empathie et l'amour, nous permettant ensuite de penser aussi à l'autre, aux autres
à mon sens, ce n'est pas injuste de se recentrer sur soi, c'est indispensable
et +on le fait rapidement quand c'est nécessaire, +ça peut être court, et on peut revenir au lien
au lieu de rentrer dans des cycles infinis où l'on s'oublie, se raccroche à l'autre, se fait des reproches, et ainsi de suite
que ton amoureux soit très attentif à tes besoins me semble juste normal, et la conséquence de son amour
ce n'est pas le punir que penser à toi, mais au contraire —a fortiori dans un contexte poly— prendre tout le monde en compte y compris toi-même
mais peut-être que mon vécu genré n'est pas transposable…
Mouse
Concernant rencontrer ma meta j’ai peur ( encore une finalement) de l’effet inverse. Tant que je ne la vois pas je n’ai aucun problème de comparaison.
dans mon expérience c'est le contraire
ou disons que rencontrer l'autre, ouvre la porte de la connaissance (de l'autre) et de l'empathie, ce qui endigue la compétition, donc la comparaison compétitive
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Jack Haddy (invité)
le dimanche 16 novembre 2025 à 15h41
Je trouve surtout qu'il est sain de se recentrer sur soi. Sain pour soi-même, et, corollaire, sain pour les relations.
Un travail difficile mais dont les fruits sont tellement rassérénant est illustré par ces mots d'une célèbre mexicaine: "Tombe d'abord amoureux.se de toi-même, puis de la vie, et enfin de qui tu veux".
La mise en compétition relevée par @artichaut est uniquement source d'angoisse, merci de le rappeler :-)
Plus globalement, certaines mémoires de ce forum se souviendront de mes difficultés d'ouverture de couple d'il y a quelques années, et j'aimerais témoigner qu'il est très possible de faire les ajustements nécessaires à une vie non-exclusive épanouie. Courage!
J.
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Aki
le lundi 17 novembre 2025 à 14h40
MouseCependant dès que je sais qu’il va y avoir de l’intimité entre lui et ma meta j’ai plein d’images désagréables qui tournent en boucle dans ma tête et qui m’angoissent. Je finis presque par essayer de déconstruire le lien magique qui nous unit pour me protéger.
Tu visualises facilement des situations dans ta tête ?
J'ai beaucoup vécu ça quand j'ai arrêté d'être monogame et que j'ai été "poly-acceptant" avec ma première partenaire poly. Ca a été plusieurs fois très difficile (et ça s'est aggravé lorsqu'on a totalement cessé de partager de la sexualité ensemble), et j'ai rompu au bout de deux ans. en ayant déconstruit le lien magique qui nous unissait, comme tu dis. Mais on est redevenus ami-es, puis colocataires, quelques années plus tard.
Avec l'expérience, en rencontrant des personnes déjà en couple ouvert ou poly, ce problème s'est grandement résolu. Ces images sont devenues moins fréquentes et ont fini par disparaître.
Mes stratégies ont été, selon les cas, de :
- ne pas avoir à visualiser ces scènes, en faisant autre chose qui stimulait mon imaginaire ailleurs : films, romans, jeux vidéos, etc. Déni ou divertissement ?
- les visualiser, au contraire, et me rendre compte que ça faisait mal mais que je n'en mourais pas et que la personne revenait vers moi (souvent de bonne humeur). #thanksherman
Avec le temps, j'ai fini par constater les impacts positifs de la non-exclusivité à plusieurs niveaux (la liste est longue). Ce qui fait que ces images désagréables au départ sont devenues de plus en plus associées à des sentiments positifs (je rejoins @Neels, là-dessus). Dans le domaine de la sexualité, ça m'a même rendu parfois un peu trop curieux car je trouvais ça sympa d'imaginer mes amoureuses et mes métas ensemble.
Mais j'ai arrêté de convoquer cet imaginaire et laissé de côté ces images de choses qui, au fond, ne me regardent pas.
Bon courage @Mouse.
J'espère que tu trouveras une manière de ne plus être importunée par ces images et que tes angoisses s'apaiseront aussi.