Première expérience PolyA malheureuse
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Yanoule (invité)
le mercredi 06 août 2025 à 11h10
Bonjour à toustes
J’ai besoin d’avis extérieurs de personnes polyA et de retours d’expériences car j’ai vécu une première expérience de relations plurielles il y a quelques mois qui s’est mal passée, et qui me rend encore aujourd’hui malheureuse et pleine de culpabilité.
Ca va être un peu long, et vous allez surement voir des redflags dans mon comportement, mais merci d’avance pour votre attention
Le contexte :
J’ai 25 ans et je suis en couple depuis plus de 6 ans avec mon copain. C’est une relation que j’ai globalement toujours trouvée chouette, épanouissante et valorisante, qui me faisait me sentir chanceuse. Nous nous sommes mis ensemble jeunes, donc nous nous sommes pas mal construits ensemble, notamment dans notre rapport à l’amour et aux relations.
Notre relation était exclusive dans un premier temps, puis nous avons commencé à parler de la possibilité d’être non exclusifs. Cela partait au début du constat que nous avions tous les deux très peu d’expérience, que nous nous projetions à rester ensemble longtemps, et que nous imaginions qu’un jour nous aurions peut-être envie de découvrir d’autres choses avec d’autres personnes. C’était plutôt dans une optique sexuelle. A cette période là je lisais/écoutais pas mal de contenu qui questionnait le modèle du couple monogame qui prend toute la place au détriment des autres relations, et nous en parlions pas mal. J’avais envie de déconstruire la jalousie, la possessivité etc. (même si ça ne se fait pas en un claquement de doigt…). A force de discussions où nous étions sur la même longueur d’onde, nous avons décidé de franchir le pas et de nous définir comme couple non exclusif, ou libre, ou ouvert, sans vraiment mettre de cadre précis, car l’idée était que l’autre ne soit pas une contrainte, et ça restait en construction.
C’est resté plutôt théorique les années qui ont suivi, mais c’était déjà chouette d’avoir des crushs sans culpabiliser et de pouvoir en parler à mon copain sans avoir l’impression de trahir. Je me suis quand même rendu compte que l’aspect purement sexuel ne m'intéressait pas vraiment, et que ce dont j’avais envie avec ces crushs c’était d’apprendre à se connaître, de connecter, de partager de l’intimité, d’avoir une relation spéciale etc. (plus l’envie de plaire on va pas se mentir). Et ça me questionnait car j’avais du mal à imaginer concilier ça avec ma relation avec mon copain. Le polyamour m’apparaissait comme un idéal de vie (en termes de liberté, de compersion, de rapport à l’autre et à soi etc.), mais je ne me projetais pas vraiment dedans. Car même si j’essaye de déconstruire le couple “classique” dans ma tête et de construire d’autres imaginaires, je reste attachée à ce modèle de duo assez fusionnel, où on partage beaucoup de choses, sait tout de l’autre et de sa vie, affronte la vie à deux en partenariat, construit un foyer ensemble, voir une famille etc. Et j’ai beaucoup de mal à me sortir de l’idéal de l’escalator relationnel et à ne pas me projeter dans tout ça avec quelqu’un. Donc avec le polyamour, en multipliant les relations, j’ai un peu peur de perdre en qualité et en intensité (parce que moins de temps à se consacrer, peut être moins de disponibilité émotionnelle, moins cette notion qu’on est une priorité l’un pour l’autre etc.). J’ai beaucoup de mal à déconstruire l’idée que le bonheur passe par construire une vie à deux, en couple amoureux qui dure toute la vie.
Donc j’imaginais plutôt qu’on puisse vivre des relations passagères, légères, pas très intenses émotionnellement, qui nous permettrait de vivre des choses sans complètement modifier ce modèle. Tout en me questionnant sur ma capacité à faire ça. En prenant cette décision d’ouvrir notre couple, j’avais l’impression que notre lien était assez solide pour que rien ne puisse le remettre en question. Mais à une période où j’avais un gros crush sur un gars, en imaginant vivre un truc avec lui ça m’a quand même beaucoup interrogée car j’avais peur que ça me fasse “oublier” mon copain, d’avoir envie de vivre une relation de couple avec l’autre gars, et de ressentir une frustration de rester dans une relation légère, que ça se termine etc. Bon rien ne s’est passé avec ce mec donc finalement la question ne s’est pas plus posée que ça, et tout est redevenu à la normale avec mon copain, mais il me restait quand même ce questionnement : “comment vivre quelque chose avec quelqu’un qui me plaît sans tomber amoureuse ou du moins sans que cet état amoureux ne remette en question ma relation avec mon copain ?”.
L’histoire :
J’avais un crush sur un mec (appelons le Bidule), depuis assez longtemps, on se croisait de temps en temps car c’était un pote de pote, sans qu’on se rapproche énormément. Il a quitté la ville où nous vivions tous les deux, ça m’a rendue un peu triste, et nous avons commencé à échanger par messages. C’est moi qui ai envoyé le premier message, mais je ne pensais pas que la conversation durerait spécialement et je n’attendais rien. Il m’a paru très réceptif, et nous avons commencé à échanger tous les jours, la conversation ne s’arrêtait pas. Au début c’était une conversation assez légère et banale, qui nous permettait de nous connaître un peu plus, mais petit à petit la conversation a pris un tournant beaucoup plus profond, intime, philosophique, nous nous confions, parlions de nos visions de la vie et de nos valeurs etc. avec des messages très long. Je savais qu’il savait que j’avais un copain (ils s’étaient même déjà croisés), donc je ne l’ai pas spécialement évoqué au début (ce qu'il m'a reproché par la suite). Au bout de plusieurs semaines de discussion ininterrompue je l’ai quand même mentionné pour être sûre qu’il n’y avait pas de quiproquo. Puis nous avons parlé de relations non exclusives donc j’ai eu l’occasion de parler de mon positionnement à ce propos. Je voyais bien que ces échanges, et même rien que le fait d’avoir cette conversation continue avec lui, me plaisait beaucoup, et déjà ça me faisait un peu peur car je ne pouvais pas m’empêcher de projeter des choses avec lui et de sentir une menace pour ma relation avec mon copain. Et en même temps je n'imaginais pas vraiment que Bidule puisse avoir envie d'une relation avec une meuf déjà en couple, car ça ne me semblait pas une position très facile (moins de disponibilité, de projections selon le schéma qui me semblait envisageable etc.)
En parallèle avec mon copain nous avions une relation à distance, n’habitant pas dans la même ville, et comme nous étions (surtout moi je pense) dans une dynamique de prendre soin de nos amitiés, passer du temps avec nos ami.es, et très occupés, nous nous voyions peu. Nous parlions tous les jours par message pour garder le contact, mais je voyais bien que j’étais beaucoup moins intéressée par cette conversation-là (forcément, il n’y avait pas le côté nouveau et excitant, le jeu de séduction). Je ne lui ai pas trop parlé de ma conversation et de mon rapprochement avec Bidule à ce moment-là (je pense que ce n’était pas très honnête de ma part d’ailleurs), mais je reparlais plus souvent des modalités de notre relation non exclusive et de crushs pour être sûre que je ne faisais rien qui dépassait ses limites. A ce moment-là nous n’avions pas complètement tranché concernant à quel point nous voulions être au courant des histoires de l’autre, c’est aussi pour ça. Je me sentais quand même m’éloigner de mon copain, des sentiments peu intenses (par exemple pas tellement de manque de se voir si peu, contente de le revoir, mais sans plus etc.). Lui n’était pas très bien dans notre relation, mais sans savoir me dire pourquoi. Je ne comprenais pas le problème (car j’essayais de compenser cet éloignement émotionnel, et je n’arrivais pas à comprendre s’il le percevait ou pas car lorsque je lui demandais s’il trouvait que j’étais distante il me disait non) et je sentais que j’avais du mal à prendre bien soin de lui, à vraiment prendre le sujet en main, à être disponible pour lui etc. (en plus j’étais un peu agacée qu’il n’arrive pas à identifier et exprimer ses émotions en toute honnêteté).
Pour revenir à Bidule, je ne savais pas trop comment la situation allait évoluer, je me disais qu’on verrait bien quand on se reverrait en vrai (encore une erreur de ma part je pense vu le contexte), mais lui a tenu à expliciter un minimum la situation, et m’a dit qu’il sentait que notre conversation nous rapprochait etc. C’est resté assez flou (erreur encore une fois je pense), mais je lui ai dit que je ne savais pas trop ce qu’il pouvait y avoir entre nous (car du mal à me projeter dans ce modèle comme je l’évoquais plus tôt, et aussi parce que je ne savais pas ce qui serait ok pour lui), que j’avais peur qu’il souffre de la situation etc. Il m’a dit ne pas avoir d’attente pour l’instant et nous avons conclu que nous en parlerions à l’oral lorsque nous nous reverrions et nous avons repris notre conversation. En tout cas le fait que je sois en couple ne le dérangeait pas pour le moment. A partir de ce moment, où il avait été clarifié que nous avions envie de plus qu’une amitié, je me suis dit qu’il fallait que j’en parle à mon copain, mais nous ne nous sommes vus qu’un mois plus tard. J’étais très stressée par la situation car je voyais à quel point je m’emballais, à quel point notre conversation me plaisait, il me plaisait, et je me disais bien que je ne me contenterais pas d’une relation “casual” avec Bidule, et je me disais que c’était peut-être un trop grand risque d’essayer de vivre quelque chose avec lui, vis-à-vis de mon copain. Et puis je n’imaginais pas vraiment que les deux relations puissent cohabiter à long terme. Mais j’avais aussi très envie de vivre ça, et je me disais que c’était l’occasion de mettre en pratique ce mode de relation dont nous parlions depuis longtemps avec mon copain. Je voyais la relation avec mon copain comme mon couple socle, et celle avec Bidule comme quelque chose à inventer. Et que je préférais avoir une relation qui me frustrait un peu avec lui plutôt que pas du tout de relation.
Quand j’en ai parlé à mon copain, ça s’est très bien passé, il l’a bien pris, m’a dit qu’il était content pour moi etc. Nous avons clarifié certaines choses : ça ne devait pas avoir d’impact sur notre relation, et je devais le tenir au courant globalement sans lui dire exactement à quel moment je voyais Bidule. Cependant l’idée que notre relation avec mon copain puisse se finir à cause de ça avait quand même fait son chemin dans ma tête, on a également parlé de séparation etc. et je pense que ça lui a provoqué des insécurités (normal).
Ensuite assez rapidement j’ai vu Bidule, c’était très très chouette. Pendant une semaine on s’est vus dès qu’on pouvait, on était très tendres, c’était très intense. Ça m'a rappelé ce que c’était le désir, l'admiration, d’avoir envie de passer des journées au lit à discuter et à explorer le corps de l’autre, ne pas dormir, manger n’importe quand, avoir envie de tout savoir de l’autre. Je me sentais hyper bien avec lui et tout de suite j’ai senti une grande confiance envers lui, beaucoup d’intimité et une forte connexion.
Nous parlions souvent des modalités de notre relation, de nos attentes et besoin, mais ça restait un peu flou, car je ne savais pas très bien comment je vivrais ces deux relations à moyen terme, comment mon copain le vivrait et quelles insécurités il aurait, est-ce que j’arriverais à jongler entre les deux et à prendre soin des deux relation etc. Et je pense que pour Bidule ça ne donnait pas un cadre clair et sécuritaire. Ces discussions me rendaient toujours un peu triste, parce que sur le moment j’avais juste envie d’être célibataire, que d’un claquement de doigt tout le contexte autour disparaisse, et de pouvoir vivre pleinement cette relation avec lui. J’avais déjà envie de partir en vacances ensemble, rencontrer ses potes, sa famille, me projeter dans une relation à long terme etc.
Au milieu de cette semaine, j’ai eu mon copain au téléphone et je sentais que je n’avais pas très envie de lui parler, de passer du temps avec lui, il me parlait de projets de vacances et ça m’angoissait. Ça m'a un peu paniquée. Et le reste du temps j’étais peu disponible pour lui.
Il y a ensuite eu une semaine où Bidule et reparti et nous échangions à nouveau par messages, et pendant cette semaine j’étais hyper stressée car je sentais que je m’attachais énormément à lui, et que ça avait un fort impact sur mon engagement et mon implication dans la relation avec mon copain, qu’il prenait toute la place dans ma tête etc.
Nous en avons parlé un peu avec Bidule, et je lui ai dit que deux choses me stressaient : 1. Peur de l’impact de notre relation sur celle avec mon copain, 2. Peur qu’une relation où on ne puisse pas se projeter dans l’ascenseur relationnelle avec Bidule, et aussi avec moins de disponibilité et de temps, puisque j’étais déjà en couple, ne nous convienne pas ni à lui, ni à moi, et nous frustre. On s’est appelés pour en discuter et il m’a dit qu’il tombait amoureux, que dans ces conditions ça ne pouvait pas marcher et qu’il fallait que je fasse un choix. Pour moi le seul choix possible aussi rapidement était de rester avec mon copain, donc nous avons mis fin à ce début de relation et décidé de couper le contact.
Sauf qu’à ce moment-là je n’étais pas du tout sûre que c’était le choix que j’avais envie de faire. J’étais complètement croc de Bidule et ça me fendait le cœur d’arrêter la relation là, alors que j’y voyais tellement de potentiel, et qu’il me plaisait tant. Par ailleurs j’avais envie de ressentir à nouveau l’intensité du début de relation, le désir, l’impression que je suis trop jeune pour ne plus jamais revivre ça. Je me suis demandée ce que toutes ces émotions disaient de ma relation avec mon copain, si je l’aimais toujours ou si la relation n'avait pas glissé vers une amitié affectueuse, et j’avais peur de passer à côté d’une occasion de vraiment être amoureuse à nouveau. Ca m’a torturée pendant des semaines, j’avais l’impression qu’au fond je voulais être avec Bidule, mais que j’étais incapable de prendre la décision de quitter mon copain car trop de souvenirs ensemble, de projections, de confort surement, de conditions réunies pour que notre futur ensemble soit chouette. Et l’impression d’une trop grande trahison envers lui aussi, trop de culpabilité. J’étais très très triste de ne plus voir et parler avec Bidule, je m’en voulais énormément de l’avoir entraîné là-dedans. J’ai fait part de mes doutes à mon copain, sans savoir quelle serait l’issue de cette situation. Je lui en ai fait baver, car je pense que j’avais malgré moi beaucoup de ressentiment à cause du fait de ne pas pouvoir vivre cette histoire, et je me suis sentie complètement coupée de mes émotions/sentiments envers mon copain, j’étais agacée par tout ce qu’il faisait, j’étais sèche, désagréable, ou froide, très peu affectueuse. Et par ailleurs très angoissée par le futur, les projections de vie à deux, la peur de rester dans une relation qui ne m’épanouit plus mais que je ne peux pas me résoudre à quitter.
Mais je me suis dit que c’était une phase, une réaction au chagrin, qu’il ne fallait pas que je me fasse aveugler par l’ENR et que la sérénité et l’amour dans la relation avec mon copain allaient revenir. Je ne trouvais pas acceptable de mettre fin à une relation qui sur le papier semblait si bien, et de remettre en question cette relation stable, durable, pour quelque chose de nouveau et incertain. Tout en ayant toujours l’impression que mon choix n’était pas complètement fait, que peut-être j’allais prendre le risque de tenter un truc avec Bidule. J’avais tellement envie de vivre une relation avec lui que j’ai cherché toutes les raisons de mettre fin à ma relation avec mon copain (sans en trouver de suffisante), et alors que notre relation me semblait à peu près parfaite, j’ai quand même identifié des choses qui me manquent. Et j’ai l’impression d’être à cette phase où je pose les bases pour mon avenir, et que mes choix ont beaucoup trop d’impact sur le reste de ma vie et ça me paralyse. Je sais que c’est une vision assez traditionnelle et un peu triste mais je n’arrive pas à me sortir de ça.
Depuis je suis super malheureuse, je pense toujours à Bidule en permanence et je n’arrive pas à tourner la page, je pleure encore très souvent. Il me manque, parler avec lui me manque, et être passée à côté d’une relation avec lui me rend très très triste et me frustre énormément, et j’imagine encore des scénarios où on va finir par vivre quelque chose ensemble (même si je sais que lui ne le veut plus, il a peut-être même une autre relation), ce que je ne trouve vraiment pas ok pour mon copain. Je sais que je suis en pleine cristallisation, j’idéalise un truc non vécu, mais je n’arrive pas à en sortir, et je ne peux pas m’empêcher d’imaginer ce que pourrait être ma vie avec lui.
Avec mon copain ça va un peu mieux, mais je ne me sens quand même pas à l’aise, pas vraiment dedans, j’ai l’impression de le garder dans une situation qui n’est pas épanouissante pour lui, où il n’est pas aimé à sa juste valeur, soutenu comme il devrait etc. (en espérant que ça évolue évidemment, mais ça me pose quand même des questions éthiques). Au niveau intimité physique j’ai toujours un gros blocage. Et je me sens toujours stressée et découragée par la vie et le futur. J’essaye de recoller les morceaux, mais je me sens un peu un pied dedans, un pied dehors. Et je sais que c’est dur à vivre pour lui. Et c’est très dur d’à la fois gérer mon chagrin et prendre soin de notre relation. Etre avec quelqu’un, mais avoir envie d’être avec quelqu’un d’autre, je trouve ça assez violent.
J’ai revu Bidule une fois (plusieurs mois s’étaient écoulés), et ça m’a fait un coup, car je me suis encore dit “C’est incroyable qu’un mec aussi chouette ait eu envie d’avoir une relation avec moi, et horrible que j’y aie renoncé”. On a discuté, de ce qui s’était passé, de où en est notre relation maintenant. Il a été blessé, et pour faire le deuil de la relation il m’a quand même pas mal dévalorisée dans sa tête et il a pas mal de reproches à me faire (il faut savoir que c’est quelqu’un qui a un système de valeur assez strict). Il pense notamment que le cadre était trop flou et que c’était ma responsabilité de le clarifier (je suis assez d’accord avec lui là-dessus). Il trouve que j'ai envoyé des signaux contradictoires, et n'a plus confiance en ma capacité à gérer mes émotions. En effet, j'ai tenu à insister sur le fait que ma relation avec mon copain était précieuse pour moi, et que je ne voulais pas qu'elle se termine, mais je pense que ma confusion et mes doutes pouvaient se percevoir. Il considère que ce n’est pas éthique, voire violent, d’être amoureux et d’avoir une relation polyamoureuse hiérarchique, car ça implique un rapport de domination. Et qu’il y a trop de déséquilibre entre la personne qui a deux relations, et celles qui n’en ont qu’une. Je ne sais pas trop quoi en penser, et j'ai bien conscience que cette position peut être douloureuse. Comme je sais que les relations hiérarchiques sont quand même courantes dans le polyamour, que pensez-vous de ça ? Est-ce que ça peut fonctionner de manière satisfaisante pour lea "deuxième amoureuxse" ?
Je me sens hyper honteuse de cette situation, d’avoir entraîné Bidule dans cette histoire mal cadrée où j’étais pas assez sûre de moi et pas assez déconstruite, de maltraiter mon copain depuis et de lui faire de la peine. J’ai l’impression d’avoir été égoïste en cherchant à vivre ça. (En tout cas ça me confirme dans mon impression que je ne suis pas faite pour le polyamour, c’est pas vraiment le débat).
Est-ce que vous avez déjà vécu une situation similaire, où une nouvelle relation venait remettre en question votre relation socle ? Comment gérez-vous lorsque quelqu’un dont vous tombez amoureux ne veut plus relationner avec vous à cause du contexte de polyamour ?
Merci beaucoup d’avoir lu jusqu’au bout, et merci d’avance pour vos avis et partages 🙏
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LeGrandStyle
le mercredi 06 août 2025 à 17h36
Yanoule
Est-ce que vous avez déjà vécu une situation similaire, où une nouvelle relation venait remettre en question votre relation socle ? Comment gérez-vous lorsque quelqu’un dont vous tombez amoureux ne veut plus relationner avec vous à cause du contexte de polyamour ?
Oui c’est relativement fréquent, et il n’y a rien à y faire. Le polyamour c’est multiplié les relations, et donc les ruptures.
Pour ce qui est de la culpabilité, je pense que tu as été aussi claire que tu le pouvais, et il a tout de même choisi de continuer la relation malgré “le flou”. À noter qu’il s’est bien gardé de t’informer qu’il était monogame, et que s’il tomberait amoureux il te demanderait de quitter ton conjoint.
Un peu trop facile de te faire peser la responsabilité de votre rupture.
Tu as été égoïste, mais c’est important de l’être car personne ne le sera pour toi.
Il a été dans les exactes mêmes proportions égoïste en te demandant de choisir.
Ne te prends pas trop la tête, tu n’as vraiment rien de bien grave à te reprocher.
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Athena60
le mercredi 06 août 2025 à 23h15
Bonsoir Yanoule,
L'état émotionnel dans lequel tu te trouves est parfaitement compréhensible. C'est très dur de renoncer à une relation quand on y est attachée. Ta réflexion et les questions que tu te poses sur le polyamour démontrent une vraie maturité.
Concernant cette histoire avec "Bidule", ton comportement a été éthique de A à Z (transparence sur l'existence de ta relation socle, discussions sur le polyamour" et de ses modalités, etc). Ce n'est pas parce qu'on éprouve des doutes et que l'on avance avec des incertitudes que l'on n'est pas fiable. Le cheminement poly se construit au fur et à mesure.
Ce qui ressort de ton récit :
1. Ta communication est excellente, tu exprimes tes émotions, il n'y a pas de non-dits, les choses sont claires concernant ta relation socle ("j'ai tenu à insister sur le fait que ma relation avec mon copain était précieuse pour moi, et que je ne voulais pas qu'elle se termine"). De plus, tu indiques clairement ton souci de l’autre (« j’avais peur qu’il souffre de la situation »)
2. Ton copain est une perle : il est ouvert d'esprit, heureux de discuter avec toi de tes crushs, empathique et en total soutien. Votre relation me paraît solide.
3. "Bidule" ne s'est pas montré honnête. Bizarrement, c'est une fois que ça se termine que les reproches tombent. Trop facile. Ce n'est pas parce qu'on est blessé que ça autorise à être blessant. Une relation se construit à deux : même si "flou" il y a pu avoir, qu'est-ce qui l'empêchait de te poser directement les questions ? Ce n'est pas uniquement de ta responsabilité et je pense que, si le cadre est flou pour lui, c'est que c'est dans son intérêt de ne pas le clarifier (à quel moment le « il m’a dit ne pas avoir d’attente pour l’instant » s’est transformé en « il fallait que je fasse un choix » ?).
Autre point concernant Bidule : « Il considère que ce n’est pas éthique, voire violent, d’être amoureux et d’avoir une relation polyamoureuse hiérarchique, car ça implique un rapport de domination ». En fait, il est juste vexé de passer « en second ». Si tu préfères une relation poly hiérarchique, c’est ton droit le plus strict ! Il n’y a aucun rapport de domination dans la mesure où le respect de l’autre a toujours été au cœur de ton comportement. Exprimer ses craintes auprès de ses amoureux ne devrait pas être source de reproches. C’est au contraire la construction ensemble de relations vraies et authentiques.
Je me retrouve dans ton expérience. En couple depuis 14 ans, je suis tombée amoureuse d'un homme avec qui la connexion a été intense dès le démarrage (la fameuse ENR). Cet homme ne voulait pas entendre parler de ma relation socle (alors qu’il savait que j’étais en couple depuis le jour de notre rencontre), il se montrait désobligeant envers mon mari et ne montrait aucune empathie. J’étais aveuglée par les sentiments que je lui portais. Mon mari, au contraire, était dans le soutien le plus total : il m’encourageait à explorer mes aspirations poly, se montrait empathique et était heureux pour moi (même si l’attitude de mon autre partenaire était franchement hostile à son égard). Ca s’est terminé puisqu’il n’y avait aucune volonté manifeste de sa part de construire une relation plurielle. J’avais toujours été claire sur le sujet : ma relation socle était importante pour moi. Son désir – certainement inconscient - de me faire quitter mon mari était devenu une source de mal-être pour moi. Un an plus tard, ce qui me paraissait confus me paraît évident, les moments difficiles m’ont servi à consolider les bases de mes relations futures. La rupture avec mon autre partenaire était nécessaire et souhaitable. J’ai eu l’opportunité de faire d’autres rencontres bien plus honnêtes et franches.
Le temps guérit les blessures. Bon courage.
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Alabama
le mercredi 06 août 2025 à 23h27
Etant donné que les autres ont bien répondu concernant la majorité de tes questionnements, j'ai envie d'aller un peu à rebrousse-poil et de répondre à cette question que tu poses :
Yanoule
Comme je sais que les relations hiérarchiques sont quand même courantes dans le polyamour, que pensez-vous de ça ? Est-ce que ça peut fonctionner de manière satisfaisante pour lea "deuxième amoureuxse" ?
C'est effectivement courant que des couples se "mettent" au polyamour après plusieurs années de vie de couple très classique et monogame. Et pour s'ouvrir au polyamour, il est plus rassurant de se dire que le couple de base, passera de toutes manières avant les relations secondaires.
De mon point de vue, dans cette configuration-là, cela demande d'être extrêmement clair dès le départ, à savoir que toute nouvelle relation sera très circonscrite, et n'aura pas les mêmes droits que la relation "historique".
Ce que j'en pense, c'est que c'est une source de problèmes dans 90% des cas.
Pour que ça se passe bien, je pense qu'il faut se limiter à des relations secondaires avec :
- des personnes ayant besoin d'énormément de solitude et qui ont peu besoin de voir d'autres gens et besoin de très peu d'engagement. Typiquement ce que l'on appelle des "relations comète"
- des personnes elles-mêmes en couple socle avec une autre personne
- des personnes qui ont au moins une autre relation où elles ne sont pas "secondaires" en-dehors de la relation avec toi
En dehors de ça, je pense que ce n'est pas vraiment sain et que cela crée beaucoup de souffrance pour la personne qui n'a qu'une relation secondaire avec toi. Elle n'a pas la sécurité affective que toi tu trouves dans ton couple socle et donc risque d'accepter tes conditions même si c'est trop dur à vivre, car la plupart des gens préfèrent un lien amoureux insatisfaisant plutôt que pas de lien amoureux du tout.