Je veux en parler au monde entier !
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(compte clôturé)
le vendredi 06 avril 2012 à 13h57
Bonjour Tess'O
Je pense comprendre ce que tu entends par pansexuel mais je préférerais que tu me l'expliques. Je ne connais pas et pas de trace de ce mot sur mon dico. J'ai plus de 40 ans, je m'intéresse à beaucoup de choses mais là j'avoue mon ignorance. Eclaire moi s'il te plait. Merci
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Anouk
le vendredi 06 avril 2012 à 14h34
Salut Anna!
Tes messages exsudent le bonheur, bravo! Je comprends pourquoi ils ont inspiré tant de réponses. Tu as tant à lire que je serai brève:
J'ai des enfants de deux hommes avec qui je vis. C'est merveilleux, et je ne pourrai que t'encourager à réaliser ton rêve.
Seulement ne mens pas. Surtout pas à tes enfants. Le mensonge est une faute irréparable, une tâche indélébile. On ne peut pas maîtriser la vérité. D'ailleurs mes deux filles ressemblent de façon frappante à leur pères respectifs. Chacune semble plus attachée à son parrain qu'à son père, mais elles savent qui sont leurs parents, car leur histoire leur appartient.
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LuLutine
le vendredi 06 avril 2012 à 16h48
Bonjour Tess'O,
Si tu ne veux pas utiliser les mots "polyamour" et "pansexualité" qui de toute façon amèneraient des questions et/ou des interprétations de la part de tes parents, tu peux faire des périphrases.
Moi, j'ai l'habitude de dire aux gens que je ne suis pas exclusive (sous-entendu, dans mes relations amoureuses ; c'est en général clair dans le contexte ou alors je le précise).
Tu peux aussi être factuelle : "Vous savez, j'ai un amoureux, mais....j'ai aussi une amoureuse. Ils sont tous les deux au courant." Pas besoin de longues explications, ils poseront les questions qu'ils ressentent le besoin de poser.
Pour ma part je ne donne pas trop d'explications sur ma vie à mes parents. Je le regrette, mais ma mère a tendance à vouloir se mêler de tout dès qu'elle connaît un seul détail de ma vie...c'est donc plus pragmatique de ne rien dire explicitement (même si je m'arrange pour qu'ils commencent à se douter de ma situation ^^ ).
Bon courage à toi !
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CharlieBear
le vendredi 06 avril 2012 à 22h37
Bonjour Tess'O
En parler à nos parents... well, sujet épineux.
Je n'ai pas de conseils particuliers mais je peux partager mon expérience personnelle...
J'ai 19 ans, pansexuelle et polyamoureuse aussi.
Je ne suis pas "définie" comme telle aux yeux de mes parents mais on en a parlé à diverses occasions de ma vie.
Déjà il y a le fait de ramener une fille à la maison. Ma mère a été choquée. Elle a pleuré.
Elle m'a juste dit qu'elle avait l'impression d'avoir raté quelque chose dans mon éducation. à ce moment de l'histoire, j'ai cru qu'elle stigmatisait le fait d'etre gay. alors qu'en fait je crois maintenant qu'elle avait juste peur que je ne sois pas bien dans ma peau en temps que "femme". Et puis elle a réfléchi à la question. Le temps a passé, parrallèlement j'ai eu un copain. Elle a cru que ma "phase" était passée. Et j'ai rencontré Alice, il a fallu à nouveau se battre, pour dire que "oui, j'ai le droit d'aimer qui je veux", meme si s'en sont suivis de longs débats de société sur la place du couple monogame comme modèle de société, et "à quoi ressemblera notre société si ce cadre n'est pas respecté ? ".
Après 4 ans de discours là dessus, je crois qu'elle a compris pour le coté pansexuel. Et même qu'elle se pose des questions sur la société nouvelle à laquelle nous devons donner le jour.
Mais je ne sais vraiment pas si je pourrais encore lui parlé de polyamour. Je ne suis meme pas sur d'avoir les mots.
Des fois il vaut mieux attendre que l'occasion se présente je suppose...
Lulutine a surement proposé une bonne méthode...
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oO0
le samedi 07 avril 2012 à 02h49
Salut Tess'O,
De prime abord, je ne voyais pas grand chose à rajouter à ce qu'avait exprimé Lulutine et CharlieBear. Effectivement, je pense qu'un langage simple, voire factuel - "comme j'ai un amoureux et une amoureuse" - vaut mieux que d'utiliser des termes abstraits qui peuvent faire fuir. Un autre risque des termes abstraits, c'est d'engendrer un débat d'idées là où tu attends une reconnaissance de ta personne en termes d'acceptation. Il y a donc le langage qui te permet de te comprendre et celui qui te permet de te faire comprendre. Quant au propos de Charlie, il ramène à la relation à tes parents et illustre la possibilité que cela puisse être fécond, même si sujet à discussions. Finalement, comme elle le fait remarquer, un jour où l'autre, l'occasion d'en parler viendra.
Si finalement, j'ai quelque chose à rajouter, c'est la possibilité de prendre une question qui te fait peur avec humour pour désamorcer tenter de désamorcer l'emprise de cette peur autant chez toi que chez tes parents.
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Pour ma part, je ne suis pas pansexuel, juste un hétéro non-exclusif. Si je l'avais été, je ne pense pourtant pas que cela aurait changé grand chose dans ma relation à mes parents... pourtant extrêmement catholique. Malgré cela, c'est passé tout en humour d'où le fait que je pense pouvoir ajouter la proposition de cette possibilité. Reste que l'humour n'est, ici, efficace qu'à condition de reposer sur des principes sérieux.
Premier principe : Ce n'est pas le consentement des parents qui importe, exception fait de la question de ce qui se passe dans le domicile parental. Ce qui importe, c'est le consentement de chaque personne avec qui tu as une relation.Deuxième principe : Être attentif à ne faire souffrir personne d'une relation avec une autre personne tout en sachant bien que la souffrance fait partie de la vie affective ainsi que de l'apprentissage de la vie affective. Quelque part, ce deuxième principe découle du premier puisque le consentement à une relation exclusive ou non-exclusive concerne en partie la souffrance par rapport à une relation avec une autre personne.
1) De qui le consentement importe ? Pour ma part, je n'avais aucune envie d'en parler à mes parents, mais ils ont posés des questions. Je ne me sentais pas prêts d'y répondre, mais j'y ai répondu... en coupant court spontanément à leur attitude de réprobation : je leur ai fait remarquer que ce n'était pas leur consentement qui importait - avec un grand sourire, style que de toute évidence la question de coucher ensemble ne se posait même pas. (Depuis l'enfance, flirter avec le complexe d'Oedipe constitue un réflexe spontané pour remettre à sa place la sexualité de chacun. Il s'agit, ici, d'une stratégie humoristique d'inversion du complexe d'Oedipe plutôt embarrassante pour les parents puisqu'elle ramène au tabou de l'inceste. Voilà pourquoi je pense que la pansexualité n'aurait pas changé grand chose, sinon ajouté du comique à la situation : l'embarras de mon père n'aurait sûrement pas manqué de faire rire lorsque je lui aurais fait remarquer que son consentement n'importait pas puisqu'il n'était de toute évidence pas question de coucher avec et que, s'il avait à y redire, cela ne pouvait que signifier de sa part des désirs pour le moins guère... catholique ?)
2) Éviter de souffrir et de faire souffrir. Après la neutralisation de l'attitude de réprobation, suit celle de l'appréhension légitime de la souffrance chez les parents, soit le risque pour leur enfant de souffrir ou de faire souffrir. Pour ce qui est d'en souffrir, c'est mon père qui s'en est inquiété. Pas très longtemps, puisque je lui ai répondu que je ne demandais pas mieux que d'avoir une ramure de cerf, voire d'élan tout en lui faisant observer que j'avais toutes les chances d'en rester au stade du chevreau dont les cornes sortent à peine, soit d'être un cocu raté. Depuis, il en rit et n'hésite pas à en rire avec moi lorsque l'occasion se présente et qu'il en a envie.
Pour ce qui est de faire souffrir, ce sont les deux qui se sont inquiété. Là, il n'y a pas à rire, c'est le moment de se montrer sérieux. Je les ai rassuré sur le fait que je prenais mes précautions autant pour ne pas faire souffrir d'une autre relation que ne pas faire souffrir d'autres relations que les miennes. Il s'agit en quelque sorte de se montrer aussi responsable que pour les MST, rassurer sur sa capacité à prendre ses précautions sauf qu'il s'agit d'autres précautions, ici, relative au consentement à une relation non-exclusive des personnes concernées.
Les personnes concernées, cela nous ramène aux parents, au fait que ce n'est pas leur consentement qui importe, mais celui des personnes concernées. Tu as raison de t'inquiéter de ta relation à tes parents à ce sujet car, au delà de votre relation, il y a celle au regard des autres dont le consentement n'importe pas davantage. (Personnellement, lorsque les autres me jugent un peu trop à mon goût, le fait que mes parents - pourtant extrêmement catholique - ne me jugent à de quoi en faire taire plus d'un et d'une. Rares sont cependant les occasions où j'ai à y recourir et j'y recours avec humour sans jamais avoir dû jusqu'ici pousser l'humour jusqu'à la provocation à laquelle je l'ai poussé avec mes parents. La provocation consisterait, ici, à faire remarquer à une personne qui n'est pas concernée que si elle s'acharne à juger, c'est qu'elle est plus concernée par une relation avec moi qu'elle ne veut le laisser entendre.) Enfin soit, si tu te sens en confiance dans le regard des personnes avec qui tu es entrée dans la vie, tes parents, il y a beaucoup moins de chance que le regard des autres atteignent ta confiance en toi. Reste que bien avant tout cela, j'imagine que c'est actuellement l'horreur de devenir une inconnue auprès de deux des personnes qui te connaissent le mieux, tes parents, qui motive. En tous cas, pour ma part, c'est ce qui m'a motivé à leur répondre alors que je ne me sentais pourtant pas prêt. (Je ne te conseille pas d'en faire autant, j'ai eu de la chance, notamment celle de n'avoir jamais pris au sérieux l'amour et le sexe, juste les personnes, ce qui fait que je leur ai répondu en riant comme s'il s'agissait d'un sujet sans importance en me souciant du quart comme du tiers de leur réaction. Le peu de soucis que je me faisais sur le sujet leur a enlevé les leurs à mon sujet sans pour autant leur laisser croire qu'il s'agissait d'insouciance puisque je me souciais du principal : ne pas souffrir et, surtout, ne pas faire souffrir.)
En conclusion, mon expérience me donne à penser que la clé de ta relation avec tes parents réside dans l'humour et les principes que tu partages avec eux, soit ta capacité à discerner ce dont tu peux rire (leur consentement qui n'est nullement concerné par tes relations exception faite du domicile parental) ainsi que ce dont tu ne peux pas rire (le risque de souffrir et de faire souffrir) et, ensuite, les peurs qui se cachent derrière tes appréhensions et qui sont probablement aussi les leurs (le risque de souffrir et de faire souffrir). Le rire permet, ici, de désamorcer l'emprise des peurs d'où l'importance de cerner autant l'humour que les peurs que vous partagez ainsi que les principes qui peuvent vous rassurer mutuellement à leur sujet. (Ces principes peuvent être différent de ceux que j'ai mentionné, tout comme les peurs et l'humour.) Quant au meilleur moment pour leur en parler, c'est lorsqu'ils seront prêts, soit lorsqu'ils poseront des questions ou tenteront des approches du sujet et que tu te sentiras prêtes à leur répondre. Si tu ne te sens pas prête d'y répondre, tu peux post-poser tout comme ils l'ont probablement fait concernant leur relation ainsi que les relations amoureuses et sexuelles en général. Souvent les parents considèrent qu'il faut que leur enfant ait une certaine maturité pour en parler. De la même manière, en tant que leur enfant, tu as le droit de considérer l'état de maturité qui te convient pour en parler, notamment celui de votre relation parent-enfant. Reste que les évènements de la vie peuvent vous mettre face à face sur le sujet avant que vous soyez prêts. Je te déconseille alors l'humour qui peut leur faire croire que tu n'en as rien à foutre et je te conseille plutôt de les rassurer quant aux risques de souffrir et de faire souffrir.
P.-S.: Désolé pour mes longueurs.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Tess'O (invité)
le samedi 07 avril 2012 à 14h41
Bonjour, et merci tout le monde pour vos réponses, vraiment.
Eh bien ça y est je l'ai dit ! Je ne savais pas comment aborder le sujet, mais au cours d'un repas sans mon frère, mes parents plaisantaient sur le fait qu'ils semblait être un vrai tombeur, à croire qu'il aurait plusieurs petites amies, etc. Il est petit donc c'était vraiment pour rire, mais justement j'ai continué en disant que ce n'était pas grave au contraire. Et j'ai avoué (un peu maladroitement) que j'avais "deux petits copains, enfin amoureux, avec qui je sors quoi" et puis j'ai rajouté "mais l'autre c'est une fille." (vu qu'ils savent pour mon amoureux hétéro mâââle)
Surprise : ma mère n'était pas du tout étonnée, elle m'a même dit qu'elle s'en doutait. C'est sa réaction que j'appréhendais plus (concernant le polyamour plus que le fait que ce soit une personne de sexe féminin)
Mon père ne se doutait pas du tout de ça, mais il est vraiment super et a dit que ça lui était complètement égal.
Bref ça c'est vraiment bien passé. Comme vous l'avez conseillé je n'ai pas employé de termes un peu trop complexes, ça viendra peut-être.
Pour ceux qui ont demandé : la pansexualité est l'orientation sexuelle des gens (dits donc pansexuels) attirés par les autres sans considération de leur genre ou de leur sexe. En gros, que ce soit un trans, un genderfluid, un hôme viril, peu importe, les pansexuels sont attirés par la personne (cela ne veut pas dire qu'elle ne prend pas en compte son physique hein! seulement que le genre et le sexe n'entrent pas dans l'appréciation du physique) La pansexualité se différencie donc de la BIsexualité, qui est le fait d'être attiré par les hommes et les femmes.
Je pense d'ailleurs que mes parents me croient bisexuelle, mais on verra plus tard pour expliquer ça ;)
Leur dire de vive voix a été un soulagement, j'espère maintenant qu'ils prennent mes relations au sérieux, je pense qu'un peu de temps suffira aussi. Il faut aussi que je le dise à mon frère, j'ai un peu peur de ses moqueries mais l'enjeu n'est pas le même, je tiens beaucoup à l'approbation de mes parents tandis que l'avis de mon petit frère ne m'importe pas vraiment.
Merci encore pour le soutien ! Il faudra que je me crée un vrai compte un de ces jours quand même..
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(compte clôturé)
le samedi 07 avril 2012 à 14h56
Bonjour Tess'O,
Je suis contente que ta démarche est aboutie positivement. Merci pour tes explications, j'aurai appris qque chose. Je dois être un peu comme ça aussi finalement. Je suis généralement plus attirée par la personne en elle-même que par son physique ou son sexe. J'avoue malgré tout que j'ai plus souvent eu de coup de coeur pour des hommes que pour des femmes même si à trois reprises j'aurai volontier franchi le pas de ce que j'aurai alors appelé de l'homosexualité. En fait, j'en avais rien à faire que c'était des femmes, c'était des personnes rayonnantes et j'étais bien avec elles, tout simplement. Je vais devoir réfléchir et peut être me redéfinir. J'ai eu bien fait de poser la question. Merci encore(+) . Bonne continuation et joyeux amours
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oO0
le mercredi 11 avril 2012 à 19h55
Salut Tess'O,
tout d'abord, merci pour tes nouvelles. Pour le reste, je vais être beaucoup moins long. Je t'inviterai juste à te pencher sur la question de tes attentes et de celles des autres.
Est-ce réellement l'approbation de tes parents que tu attends ? (Pour ma part, mes parents n'approuvent pas plus qu'ils ne désapprouvent. Mon attente consistait à me sentir moi-même face aux personnes qui me sont importantes, soit éviter d'avoir le sentiment de me cacher et de les tromper sur qui je suis.)
Est-ce que ton petit frère attend de savoir qui tu es ? Avec la curiosité de l'âge, vous aurez tôt ou tard l'occasion d'en parler. D'expérience, à condition d'une bonne entente qui laisse place à la confidence, les occasions d'en parler ne manquent pas entre frères et soeurs. (Forcer la révélation de l'identité dans laquelle tu te reconnais ne peut que laisser un sentiment d'artificialité, comme un effet de mode ou une manière de se rendre intéressant.) Mais surtout, les attentes de ton petit frère ne sont probablement pas de savoir qui tu es, mais qui il est, soit que tu sois là pour lui face à cette question. Comme tu t'en doutes, ses réponses ne seront pas tes réponses, ce qui sur une question aussi intime que l'identité peut lui donner l'impression que la tienne est invasive, soit empiète sur la sienne. Gérer la découverte de la question de son identité et en plus, de la tienne, cela peut être trop pour lui. (Tout cela peut te sembler très égocentrique, mais ce l'est et c'est normal lorsqu'il s'agit de la question de l'identité qui exige de savoir se (re)centrer sur soi-même.) Ainsi, savoir comment tu as appris à accepter qui tu es peut, par contre, l'aider. Ce qui importe, c'est plutôt le comment tu es arrivé à apprivoiser la question de qui tu es que où cette question ta conduit. Échanger sur la manière de vivre la question de son identité plutôt que sur le résultat de cette question m'a, pour ma part, permis d'éviter nombre de conflits. Ce n'est plus la différences des réponses qui compte, mais le fait de faire face à une même question qui engendre leur différence : "Qui suis-je ?"
En somme, une certaine mesure s'impose. Entre "Je veux en parler au monde entier !" qui, en poussant la caricature jusqu'au sens littéral, reviendrait à aller jusqu'à crier "Moi, je suis polyamoureu(x/se) !" à chaque à inconnu(e) croisé(e) dans la rue et n'en parler à personne et s'empêcher d'être soi devant chaque personne, il y a un équilibre à trouver : qui, quand, où et surtout, pourquoi et comment ?
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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CharlieBear
le vendredi 13 avril 2012 à 22h20
Pour rebondir sur tes dires RIP,
Je crois ce qui est important c'est de se sentir libre de pouvoir en parler. de ne pas le vivre comme une honte mais sereinement. Pour ma part, je l'intellectualise très bien mais je suis encore incapable de dire "hum, j't'aime bien, mais j'en aime d'autres" à la personne que je frequente.
Après, en parler à tout le monde, plus complusivement que spontanément, je ne pense pas que ce soit très bon non plus. c'est presque réduire la globalité de ta personnalité à tes pratiques sexuelles/sentimentales... or on est des etres bien plus complexes que ça :)
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oO0
le dimanche 15 avril 2012 à 01h07
Salut CharlieBear,
je pense que tu résumes bien la longueur inutile de mes propos : "Se sentir libre d'en parler." Après, je ne faisais que caricaturer le "En parler à tout le monde !" J'ai pris le sens littéral, mais c'est bien évidemment au sens figuré qu'il faut l'entendre, par exemple, l'euphorie d'une certaine liberté de parole.
Il y a un plaisir à en parler et, peut-être, le trouver peut t'aider à te libérer petit à petit. En parler à la personne que tu fréquentes peut aussi être un signe de confiance que tu lui fais. Je pense que, quelle que soient les conséquences possible du fait d'en avoir parlé, à condition d'un certain état d'esprit vers lequel ce plaisir peut te guider, il y a moyen que cela se passe bien. Il peut y avoir un certain plaisir à se livrer et, de ce fait, de se sentir délivré, le plaisir de l'échange. Même si cet état d'esprit ne garantit nullement que cela puisse se passer entre vous comme tu le veux, cela peut aider à ce que cela se passe bien quoi qu'il se passe.
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Tess'O (invité)
le dimanche 15 avril 2012 à 14h23
Bonjour tout le monde,
Pour répondre à RIP, ce n'était pas tellement leur approbation que j'attendais (mais l'avoir est vraiment génial et rassurant, surtout à mon âge). Je voulais surtout qu'ils me voient comme je suis et pas comme ils m'imaginaient jusqu'à présent : hétéro et, bien sûr mono. Je pense que je n'en aurai pas parlé s'ils n'avaient pas été au courant d'une de mes relations. Etant donné qu'ils savaient pour mon ami homme, hétéro, mono, ils pensaient tout "naturellement" que j'étais dans le même moule, en gros. Ne pas leur dire que j'étais aussi avec une personne (de sexe féminin) relève du mensonge par omission et je n'aime pas ça... Je suis très discrète sur ma vie amoureuse avec ma famille mais c'est vrai que j'avais l'impression de faire semblant de rentrer dans une norme dans laquelle je ne me reconnais absolument pas.
Quand à mon petit frère, il est tout de même assez grand pour comprendre ce genre de choses. C'est important pour moi de le faire savoir aux gens dont je suis très proche pour les raisons ci-dessus mais je ne pense pas que mon orientation forge une grande partie de mon identité... Mon frère n'y a rien trouvé à redire d'ailleurs, il n'était même pas étonné ni rien, il n'est peut-être pas encore formaté au rêve du Grand Amour Unique et Véritable ;) et puis il adore de se moquer de mon amoureux, maintenant il peut aussi se moquer de mon "amoureuse" (j'ai utilisé des pronoms féminins pour simplifier le truc à ma famille), donc il est deux fois plus content/saoulant haha.
A l'extérieur, aux gens de mon âge, j'en parle assez facilement maintenant. La plupart des gens ne sont pas du tout choqués ni agressifs, juste étonnés. Finalement, ce qui dérange plus, c'est qu'un de mes partenaires soit trans* ... Encore une fois, je pourrais ne pas en parler, mais comme la plupart de mes connaissances sont au courant de l'une ou l'autre de mes relations, ne pas le dire quand le sujet arrive leur laisse supposer que je suis dans un schéma classique mono et ce n'est pas vrai... Donc sans le crier partout, il y a quand même des moments où dire la vérité n'est absolument pas problématique, la majorité des gens se fichent pas mal du nombre de personnes que j'aime ... et c'est tant mieux !
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(compte clôturé)
le lundi 16 avril 2012 à 19h43
Bonjour Tess'O
Tu as raison, être soi-même ça fait du bien. Moi non plus je n'aime pas que l'on me voit telle que je ne suis pas. Quand je parle relations amoureuses avec d'autres -amis, collègues, etc- ( et le sujet revient souvent ) je n'hésite pas à dire qui je suis. Par contre j'explique au mieux ce qu'est le polyamour et surtout la différence avec le libertinage. L'amalgame est trop vite fait. Jusqu'à présent, je n'ai rencontré de réactions vraiment vives ou contre. J'ai même l'un de mes meilleurs copains qui affirme que l'on ne peut pas vraiment aimer deux personnes simultanément. On a débattu du sujet, il est libre de son opinion et moi du mien. Ce n'est pas un obstacle entre nous. Récemment, une connaissance commune s'étonnait de notre amitié (en fait on est collègue mais on n'a pas le droit de sympathiser au boulot, c'est un peu compliqué mais ça existe) qu'elle découvrait. On lui a répondu en riant "qu'on n'était pas d'accord sur grand chose mais qu'on s'aimait bien quand même". Comme quoi, on peut avoir des avis divergeants et s'apprécier quand même. Les gens qui t'apprécieront t'accepteront telle que tu es. La vérité est salvatrice, garde cette qualité.
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oO0
le vendredi 20 avril 2012 à 21h08
Salut Tess'O,
merci pour les nouvelles et, bon vent pour la suite : you have got the move ! Et encore merci, une deuxième fois, pour :
Tess'O
"Encore une fois, je pourrais ne pas en parler, mais comme la plupart de mes connaissances sont au courant de l'une ou l'autre de mes relations, ne pas le dire quand le sujet arrive leur laisse supposer que je suis dans un schéma classique mono et ce n'est pas vrai... Donc sans le crier partout, il y a quand même des moments où dire la vérité n'est absolument pas problématique..."
Je ne vois pas quoi rajouter de plus, mais j'ai du mal à faire comprendre cela parfois. (Cela ne s'est avéré problématique, pour moi, qu'à l'intérieur de mes relations, du moins la plupart.) gcd68, tu l'exprimes bien à ta manière : être en désaccord sur beaucoup de choses, voire simplement différents, mais s'apprécier quand même. Personnellement, j'essaie de miser sur cette attitude là car miser sur le contraire reviendrait à présupposer que les personnes concernées n'en sont pas capables, ce qui est... insultant. Bref, prendre le risque d'être déçu, plutôt que d'insulter leur ouverture d'esprit.
Pour le reste, l'inutilité de mon grand blabla me fait bien rire, bien que son utilité consistait principalement à ouvrir quelques pistes de prudence. Oser être soi, oui, mais lorsque c'est opportun : comme ne pas laisser ses proches supposer que nous sommes quelqu'un d'autres. Quelque part, cette logique du moment opportun, c'est aussi être prudent et deux fois plutôt qu'une. Tout comme toi, j'ai profité du même genre d'opportunité, non seulement parce que cela me semblait prudent du point de vue de possibles malentendus par la suite et ensuite parce que j'avais envie d'être avec eux et qu'être avec eux sans être soi, ce n'est pas possible.
Chaque fois, j'ai l'impression qu'il n'y a rien à dire, puis je reste sur le sentiment qu'il y aurait encore plein de choses à dire, mais le principal, c'est de vivre !
P.-S.: Vous avez l'air de formé un sacré duo de comique avec ton petit frère.
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Tess'O (invité)
le samedi 21 avril 2012 à 15h20
RIP : "Bref, prendre le risque d'être déçu, plutôt que d'insulter leur ouverture d'esprit." et "Oser être soi, oui, mais lorsque c'est opportun"
Exactement !! Et je dois dire que j'ai été beaucoup moins souvent déçue que je pensais l'être. C'est peut-être parce que je m'entoure de personnes géniales et tolérantes (et jeunes, ça compte). Et puis aussi je ne risque rien à le dire pour le moment, les études c'est pas comme un boulot, je ne peux pas me faire "virer" pour ce genre de choses... Apparemment ça a l'air d'être les cas dans certains jobs, ouch! Donc oui je peux "être moi" et ça c'est génial quand même. Sans pour autant oublier que "moi", c'est pas uniquement mon orientation sexuelle ni la façon dont je vis mes relations, loin de là (j'espère).
Après, comme j'ai l'ai dit, je sais qu'il y a une ou deux de mes connaissances, que j'apprécie par ailleurs, qui n'approuvent pas du tout. Mais surtout parce que je suis avec une "fille"... C'est pas tellement du rejet du polyamour, c'est surtout de l'homophobie. J'ai en particulier un camarade de classe qui m'a carrément dit dans des termes très crus que les hommes et les femmes sont faits pour coucher ensemble, un point c'est tout. (Il est très croyant, donc Dieu nous a fait ainsi et caetera...) Je me suis un peu énervée avec lui sur ce sujet, mais d'un autre côté il est toujours vraiment très gentil avec moi et avec tout le monde en fait, et il n'a jamais été irrespectueux envers mes relations, alors que je sais pertinemment qu'il trouve ça dégueulasse. Bref, situation étrange. Et ceux qui trouvent le polyamour "bizarre", eh bien on en parle pas trop ensemble et voilà...
En fait, les fois où j'en parle un peu avec des gens dont je suis pas super proche, c'est surtout quand j'ai l'impression qu'il existe qu'un seul modèle rêvé pour les jeunes (et surtout les filles!) de mon âge : un gentil mari, un mariage exclusif et hétéro, voilà. Que ça fasse rêver certaines, ok, mais là c'est assez étonnant (à notre époque) que la très grande majorité des gens n'envisagent absolument pas un autre moyen de vivre.
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oO0
le samedi 21 avril 2012 à 22h01
Yep, Tess'O,
clairement, oui, la question de qui tu es ne se résume pas au sujet de ce forum. (Une manière simple de se le figurer, c'est que si cela s'y résumait, nos vies s'y résumerait. Personnellement, cela n'occupe qu'une petite partie de ma vie à défaut de pouvoir la partager autrement qu'en conversation, soit aussi en relation.) L'expression "ne pas en faire tout un plat" me semble toute indiquée.
Pour ton camarade de cours très croyants, son attitude se rapproche de cette capacité de s'apprécier au delà des désaccords qu'évoquait gcd68. Cette capacité me semble reposer sur la conscience qu'une personne mérite le respect quelle que soient ses opinions et ses croyances. En même temps, c'est simple et compliqué à la fois. Je simplifierais cela par l'art d'être d'accord sur ses désaccords, mais ...
Sinon, pour ce qui est d'un modèle unique, avec les années les nuances ne vont pas tarder à se faire dans les discours et si tu observes la réalité de leur relation, tu peux déjà observer toutes ces nuances apparaître. L'observation de la réalité est souvent bien plus efficaces que les débats d'idées puisqu'au final, la vie se passe des mots qui vont avec. Cela fait quelques années que je discute relation avec mes frères et soeurs dont certains sont à peine plus âgé que toi, voire moins et leur discours ne cesse de se nuancer. C'est dans l'observation des milles et unes facettes d'une relations - dont le sujet de ce forum n'en est qu'une, importante, certes, mais qu'une - que, finalement, nous prenons le plus de plaisir, le plaisir de la nuance. C'est en travaillant les détails des relations, particulièrement les petits détails qui leur apporte de la saveur que les échanges peuvent s'assouplir et ne pas se braquer dans des débats d'idées à la grosse louche. Même les petits conflits et les défauts d'une personne ou de la relation ont leur charmes et ce sont souvent ces petits détails qui, à condition d'un certain humour à l'égard d'une réalité contrariante par définition pour la volonté, qu'il est possible de retrouver cet effet euphorisant de la parole - histoire de rejoindre le sujet du fil. (Un livre qui me fait bien rire à lire à mes amis à haute voix, "Le paradoxe amoureux" de Bruckner.)
Tchüss
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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(compte clôturé)
le mardi 24 avril 2012 à 16h47
Chère Tess'O,
J'ai dit "adieu" récemment à mon second amoureux. Un peu trop compliqué à expliquer, simplement la monogamie -et le mensonge (non-dit) que cela implique parfois- a encore de beaux jours devant elle. Lorsque j'ai indiqué cela à mon ami (celui avec qui je bosse mais avec lequel je ne peux pas entretenir de relation amicale dans le cadre de mon boulot) il a été surpris puis peiné pour moi. Il n'y croyait pas car il avait malgré tout compris que je tenais beaucoup à cet homme. Donc, il ne conçoit pas que je puisse aimer deux hommes simultanément mais paradoxalement conçoit que cette séparation m'affecte. J'avais envie de lui dire de réfléchir à cela mais je me suis abstenue. Son jugement conscient explique "qu'il n'est pas possible d'aimer deux personnes simultanément" et son subconscient résonne différemment. Il reste un ami génial qui est là quand je vais bien et aussi quand je vais moins bien. C'est de personnes comme lui dont je veux m'entourer. En conclusion, tout le monde ne peut pas être toujours en accord avec tes convictions, mais les personnes qui te respectent et qui sont disponibles dans les bons comme dans les mauvais moments, valent ton amitié en retour.
Est-ce que cela vaut la peine d'en parler à ton entourage, oui. En tout cas cela peut t'aider à t'entourer de personnes qui te conviennent. Un dialogue respectueux, même divergeant, est obligatoirement constructif. Afficher sa vraie personnalité, c'est se connaitre, s'assumer et tu as le courage de le faire. Bravo!!!