Transition d'un couple mono, comment s'y prendre ?
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Anthov
le dimanche 14 juin 2020 à 16h27
Bonjour,
J'ai récemment été confronté à la réalité du polyamour et sa dure contrepartie quand on est en couple mono depuis de nombreuses années : comment accepter l'engagement émotionnel envers une autre personne, comment gérer la solitude, la jalousie, la peur de l'abandon, le manque de confiance en soi.
Pour vous situer mon cas, je suis en couple depuis près de 20 ans avec Monique, 2 enfants. Couple heureux et très fusionnel, en symbiose totale tout en étant assez indépendants l'un et l'autre (chacun ayant ses activités perso). Certes nous avons eu quelques moments plus distendus mais nous sommes toujours restés à l'écoute l'un de l'autre et nous avons toujours dialogué, parlé de nos envies, de nos craintes, ...
Il y a quelques années Monique à commencée à évoquer l'envie d'une relation avec une autre femme. On a d'abord évoqué une relation à 3 mais elle m'a souvent parlé de polyamour à ce moment là et j'avoue ne pas en avoir compris tous les méandres (voire tout mélangé). Après une amourette qui a pris fin rapidement, j'ai pris un peu plus conscience de l'implication émotionnelle qu'elle pouvait avoir mais sans que cela ne soit vraiment un problème pour moi (la relation n'ayant pas durée). Je l'ai accompagnée dans son chagrin d'amour, même si elle n'avait pas conscience que s'en était un, et ça nous a encore rapproché.
En début d'année Monique a rencontrée Paulette. Ce qui au départ avait été convenu comme un jeu entre nous 3 a très vite escaladé et elles sont tombées très amoureuse. Cela a été très clair dès le début pour elles. Je suis resté à ce moment dans ma vision du couple mono (nous 2 + 1) et j'ai eu beaucoup de mal à accepter qu'elle vive quelque chose d'aussi intense avec une autre personne, que ce soit différent d'avec moi, qu'elle se comporte comme j'ai toujours voulu qu'elle se comporte avec moi (beaucoup de tendresse, câlins, mots doux, d'appétit sexuel... Attention, je ne dis pas qu'elle n'est pas comme ça avec moi, c'est juste que là c'est multiplié par 1000).
Les derniers mois ont été très durs pour moi car j'ai assisté à leur amour naissant, j'ai même encouragé cette passion par amour pour Monique en lui laissant prendre du temps avec elle, parce qu'elle en ressent le besoin, parce que je m'entends très bien avec Paulette, parce que je n'imaginait pas encore la force de l'implication sentimentale. Mais cela n'a pas été de tout repos face au gros déséquilibre que ça a engendré où toute l'attention de Monique était portée sur Paulette.
Nous avons aujourd'hui passé une grosse tempête pendant laquelle des traits peu glorieux de ma personnalité sont ressortis amplifiés (colérique, emporté, négatif) et j'ai découvert la jalousie (à espionner ses messages, à essayer de savoir ce qu'elle faisait tout le temps, contrôler cette relation, faire des reproches). Paulette elle de son côté ayant toujours eu une attitude de respect, à dire qu'elle n'avait pas envie de détruire quoi que ce soit mais voulant vivre cet amour également et accepter tout ce que Monique voudrait lui offrir.
Aujourd'hui tout le monde semble faire des efforts pour que ça fonctionne, j'essaye de voir en Paulette une équipière plutôt qu'une concurrente, mais nous n'avons pas encore trouvé un équilibre qui satisfasse tout le monde. Elles se voient des fois plusieurs fois par jour, mais de manière assez courte de sorte que ça n'influe pas sur la vie de famille. Elle prend du temps aussi un soir de la semaine et un peu le week-end de temps en temps. On se voit aussi quand on se regroupe avec des amis communs ou bien elle prévoit de faire une soirée avec les amis de Paulette. Tout ça me convient, mais ça ne suffit pas, Monique veut avoir des projets avec Paulette (ce mot me fait trembler), elles veulent passer plus de temps ensemble, se retrouver pour passer la nuit, faire un week-end toutes les deux...
C'est une chose qu'aujourd'hui je comprends (plus d'indépendance émotionnelle et sexuelle, sans la crainte de devoir rendre des comptes) mais que j'ai encore du mal à accepter. Le fait de me retrouver seul avec les enfants, la peur qu'elle me quitte pour vivre avec elle ou bien qu'elle ne ressente plus la même chose pour moi alors qu'elle me répète souvent qu'elle est là et que rien n'a changé envers moi... Mais j'ai toujours un doute et je suis toujours dans l'attente d'un signe, d'une caresse, d'un mot qui me rassure et quand celui-ci ne vient pas, je m'assombri et ça nuit à notre relation.
L'intensité de leur relation qui au début me comblait pour elles me fait me sentir envieux de leur amour. Je me pose du coup des questions sur mes propres envies et je suis prêt à laisser la porte ouverte à de nouvelles rencontres, mais je ne sais pas si Monique serait prête, elle, à l'accepter, bien qu'elle m'assure du contraire (un peu en mode "je serais bien obligé, puisque je me l'autorise à moi").
Comment faites-vous pour que ce soit fluide ? Pour ne pas qu'elle se sente "rendre des comptes" ou "demander l'autorisation" ? Comment faire pour ne pas se sentir délaissé ou déprécié ? Pour éteindre la jalousie quand elle se pointe ? Pour éviter de sortir un reproche mal placé ?
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bodhicitta
le lundi 15 juin 2020 à 15h10
Je pense que si vous êtes capable de parler franchement, d'exprimer les tracas dûs à la situation, aussi bien l'un que l'autre, la fluidité s'installe d'elle même.
C'est en forgeant qu'on devient forgeron...
Pour ce qui est de rendre des comptes ou non, tout dépend de ce qui est mis en place dans votre relation (qui doit pouvoir être évolutif je pense)
Quant à la jalousie, pour t'aider à vivre avec, gardes à l'esprit que votre relation est unique, irremplaçable. P t être que après un w end toutes les 2 elle se rendra compte de façons plus flagrante du pourquoi elle t'aime (aussi), et que oui elle est heureuse de te retrouver. Un peu comme moi qui suis partie un grand w end de chez moi, j'étais bien contente de partir, et encore plus heureuse de rentrer.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Anthov
le mardi 16 juin 2020 à 13h34
Bonjour,
Merci pour cette réponse.
C'est dans cet état d'esprit que j'avance aujourd'hui. Je tente un peu de réapprendre à marcher, et ce n'est pas toujours facile. Le message que j'ai posté au dessus a été écrit il y a plusieurs jours. Formaliser clairement et structurer mon récit a été cathartique, j'ai même hésité à le poster mais je me suis dis que tout conseil serai bon à prendre...
En parcourant ce forum j'ai découvert le livre sur la compersion que j'ai commencé à lire et ce que j'ai lu jusqu'ici me conforte dans mes choix et mon introspection. J'ai évoqué ce livre aux intéressées puis j'ai fais un point très clair sur mon cheminement actuel. J'ai besoin de formaliser et d'exprimer beaucoup plus les choses qu'elles, cela semble plus évident pour elles et ne se posent pas toutes ces questions. Pour autant cela a commencé à lever une chape de plomb qui m’oppressait mais qui oppressait également les 2 autres partenaires.
Je me sens plus serein aujourd'hui mais j'ai encore souvent des petits moments de doutes, il faut que je travaille ce sentiment d'insécurité avec Monique pour que tout ce passe pour le mieux.
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bodhicitta
le mardi 16 juin 2020 à 14h38
Je pense, et j'aime me dire, qu'on ne peut vivre Que ce qu'on est capable d'imaginer. Pour ça si tu as besoin de théoriser, theorises, si tu as besoin de rêver, rêves.
Mais n'oublies pas de vivre, comme ça viens aussi...
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.