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Comment construire des relations saines ?

Romantisme
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Alabama

le samedi 27 avril 2024 à 23h16

J’ai vu passer il y a quelques jours sur mon compte insta «  demander à quelqu’un de combler nos besoins, c’est introduire une relation client/fournisseur » et je ne sais plus la conclusion mais en gros c’est pas bien.

J’avoue que ça me fait bien cogiter.
D’un côté, oui bien sûr, je suis d’accord avec ça en théorie. L’autre n’est pas là pour être notre fournisseur de bien-être, sécurité affective ou je ne sais quoi. Et bien sûr des demandes du type «  je veux que tu t’habilles comme ci ou comme ça » c’est évident pour moi que c’est toxique.

Et en même temps, le patriarcat est là. Et peu d’hommes arrivent dans leurs relations amoureuses et aussi amicales en sachant relationner dans le sens, exprimer ses émotions quand y a un problème et aussi quand y en a pas. Bref pour faire court, la charge émotionnelle.

Et pour être en capacité de prendre sa part de charge émotionnelle, cela demande un changement en profondeur, ça ne se fait pas en 5mn.

De ce que je vois autour de moi, les hommes changent et se déconstruisent surtout au contact (sous l’aiguillon devrais-je dire 😅) de leurs amoureuses.

Et donc, je ne sais plus trop où j’en suis.

J’ai le sentiment de demander à mon amoureux de changer pour que je puisse me sentir en sécurité dans la relation, ce qui me semble être pas ouf, et en même temps, j’ai en tête un passage du livre de bell hooks, «  Les hommes, la masculinité et l’amour, la volonté de changer » où elle dit en substance : on ne peut changer personne contre son gré, mais on peut pousser les hommes qui l’acceptent à changer. Elle part du principe que ce sont les femmes qui ont la possibilité de faire changer les hommes, de les amener à l’amour (amour au sens large). Elle ne dit pas que ça doit se produire dans la relation amoureuse non plus, on peut imaginer que ce soit à un niveau plus Collectif. Mais le fait est que la relation amoureuse est une motivation assez efficace apparemment.

Ça pose plusieurs problèmes : la fatigue du côté des femmes, et le sentiment d’avoir toujours un train de retard du côté des hommes.

Voilà c’est le bazar dans ma tête, je me demande comment on sait que c’est sain ou que ça ne l’est pas ?

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artichaut

le dimanche 28 avril 2024 à 01h36

J'ai l'impression qu'il peut y avoir plusieurs choses en jeu dans ce que tu nommes : des choses ponctuelles et concrètes (par exemple de la gestion de quotidien) et des choses plus transversales, plus insidieuses, ou plus fondamentales (les notions de respect, de consentement, d'équité, etc).
Pour avancer dans ta/tes question/s, j'ai l'impression qu'il y aurait aussi une distinction a faire entre les besoins et les limites.
Enfin il y a probablement une part qui n'est pas réductible à de la théorie, et qui ne peut se réfléchir que en contexte, à l'appui de cas particuliers.

*
Je suis un homme, je peut parler de mon vécu.

J'ai changé a plein d'endroits. Je ne dis pas que je n'ai pas un éternel train de retard, et que je ne suis pas encore loin du compte, mais clairement, en matière d'empathie, de gestions des émotions, de charge relationnelle,… je n'en suis pas au même point qu'il y a 10 ou 20 ans.

Ce qui m'a fait changer (a peu près dans l'ordre d'importance, et chronologique) :
- les copines (principalement les féministes, et principalement les très proches, dans le spectre amies-amoureuses)
- les écrits, podcasts, films, etc (principalement des écrits féministes, mais aussi et dans mon cas c'est notable, des écrits d'hommes)
- mes réflexions, auto-analyses, meta-analyses, les prises de consciences, ma volonté de changer et d'aller vers un monde meilleur et de meilleures relations, certains changements qui en entraînent d'autres, voire font boules de neige, la constatation des transformations apportées par les changements, etc
- des grands drames de la vie
- les copains (au début pas forcément les plus proches, plutôt même des inconnus, et avec le temps de plus en plus les proches)

Les endroits où je refuse de changer :
- si ou quand je ne comprends par les raisons du changement invoqué
- si je ne suis pas intimement convaincu de l'intérêt dudit changement
- quand le changement me met trop en fragilté, voire en danger, qu'il touche à une colonne vertébrale de ma personnalité
- quand je sens que le sol se dérobe sous mes pieds, ou qu'on veut me convaincre qu'on sait mieux que moi ce que je vis, ce que je pense, ce que je ressent
- si ça dépasse certaines de mes limites

Ces refus ne sont pas toujours rédhibitoires et définitifs, ça dépend, parfois c'est juste une question de temps.

Ce qui inversement me fait changer :
- comprendre
- valider intimement et intellectuellement le but et/ou le processus
- la passion de la remise en question pérpétuelle et du décorticage (intellectuel d'abord, émotionnel ensuite)
- l'empathie et l'amour

*
Chronologiquement, je pense que sans l'abnégation et le dévouement de certaines copines féministes (tantôt dans la geulante, tantôt dans le soin) je n'aurais pas changé, ou bien peu.

Inversement aujourd'hui je sens que je me suis beaucoup autonomisé en changement.

Ça me donne le sentiment qu'au moins pour moi, il y a eu besoin de quelque chose comme un déclic (enfin plusieurs déclics, car il a aussi fallu passer des caps de désillusions, de fausses victoires, de découragement, de prosélytisme mal placé, des traversées de conflits, etc.) pour en arriver à une relative autonomie, pour être capable d'aller chercher moi-même des ressources, de l'aide, des discussions auprès de mes pairs, etc.

Bon le monde à changé, le féminisme est devenu mainstream. Peut-être que certaines choses sont plus accesibles, plus ententables aujourd'hui (en tout cas aux plus jeunes générations). Peut-être qu'il y a moins de taf, ou qu'il faut moins de temps pour déclencher des déclics ?

*
Je ne sais pas si ça t'aide…

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Alabama

le dimanche 28 avril 2024 à 11h05

Effectivement, il y a une distinction entre les besoins et les limites.
Les limites, j'étais déjà pas trop mauvaise mais là je me suis encore améliorée : quand un truc ne me convient pas, je le dis. Il m'aura fallu presque 2 ans pour affirmer que je ne peux pas être en relation avec quelqu'un qui fait passer son boulot avant tout le reste, et assumer que mon minimum serait de se voir tous les 15 jours. Ça s'est fait calmement, ça lui apportait visiblement aussi à lui d'accepter ce rythme, maintenant il est content. Là-dessus, je n'ai pas de questionnement, j'ai simplement posé une limite me concernant, et il a décidé de l'accepter.

Concernant les besoins, je pense aux besoins d'attention et de valorisation. Comme aller vers l'autre (pour un appel, un câlin..), faire des compliments sur ce qu'on aime chez l'autre, etc...

A mon besoin d'un partage réciproque des émotions, plutôt que tout garder pour soi ou que je sois la seule à les exprimer.

Une partie de ces demandes sont liées à mes insécurités, notamment la peur que l'autre ne verbalise pas les désaccords et finisse par me quitter sans que je sache pourquoi : c'est lié à des choses de mon enfance.

Mais l'autre partie est liée au genre : je n'ai pas ce type d'insécurité avec mes amies femmes et en général toutes les personnes qui savent dire ce qu'elles pensent et ressentent.

J'ai tendance du coup à beaucoup questionner l'autre pour comprendre, et à être régulièrement vexée pour des petites choses qui viennent appuyer sur mon insécurité liée au fait que je manque d'attention de l'autre. Je sais m'excuser quand je me rends compte que j'ai tort, mais encore faut-il que l'autre me le dise, et j'ai face à moi quelqu'un qui a une peur panique du rejet, donc je ne sais pas quand j'exagère ou non.

artichaut
Les endroits où je refuse de changer :
- si ou quand je ne comprends par les raisons du changement invoqué
- si je ne suis pas intimement convaincu de l'intérêt dudit changement
- quand le changement me met trop en fragilté, voire en danger, qu'il touche à une colonne vertébrale de ma personnalité
- quand je sens que le sol se dérobe sous mes pieds, ou qu'on veut me convaincre qu'on sait mieux que moi ce que je vis, ce que je pense, ce que je ressent
- si ça dépasse certaines de mes limites

J'explique toujours pourquoi je demande telle ou telle chose.
Quand l'autre se fige, je n'insiste pas, j'essaie de ne pas dépasser les limites de l'autre si je les sens ( je ne suis pas avec une personne qui sait les poser), mais peut-être qu'il m'arrive de les dépasser sans le savoir.

J'essaie de ne pas chercher à convaincre l'autre ni de nier ce qu'il ressent, mais il m'arrive d'utiliser des arguments pragmatiques quand je vois des grosses incohérences. Exemple : il dit que notre relation est très importante dans sa vie, mais dans les faits, le temps que l'on pouvait passer ensemble dépendait de sa charge de travail, sachant qu'il est constamment débordé, donc là j'ai utilisé des faits tout en lui laissant le droit de penser/ressentir que notre relation est aussi importante que son travail, cela a créé une prise de conscience chez lui et depuis on se voit plus souvent.

Déjà en te répondant et en cherchant des exemples, je me rends compte que certes je suis souvent pas contente pour des trucs, mais mon empathie est toujours présente, à tout moment. Il m'arrive de lui asséner des vérités sur lui-même dont il n'est pas conscient, mais en général c'est juste une phrase en passant, jamais toute une discussion où je lui dirais qu'il est comme ci et comme ça et qu'il pense plutôt ceci ou ressent plutôt cela. Je le garde pour moi la plupart du temps, j'essaie de rester focalisée sur mes ressentis à moi (j'y arrive pas à 100%, mais j'y mets de l'attention dans nos discussions). J'ai dit "vérité", car je lui avait dit un truc il y a 1 an 1/2 qu'il a découvert en thérapie il y a 2 mois.

Sur le polyamour j'ai fait des demandes restrictives à des moments, mais c'était toujours temporaire.

En fait je pense que si je me questionne autant, c'est aussi parce que c'est une personne qui s'affirme difficilement sur certains plans, et donc j'ai peur qu'il s'adapte pour me faire plaisir et qu'au final ça ne parte pas du coeur. On a ces discussions à des moments. Il me répond que non, mais le doute persiste en moi.

Aussi je me demande est-ce qu'il faut partager tous nos états d'âme ?
Depuis quelques temps, c'est ce que je fais, à chaque fois qu'un truc me soûle j'en parle, pour éviter l'effet cocotte minute. Pour l'instant je trouve ça bénéfique, dans le sens où j'ai le sentiment de pouvoir plus lâcher prise sur mes attentes, du fait qu'elles sont dites. Mais à la fois, ça rend les choses un peu lourdes.

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Alabama

le dimanche 28 avril 2024 à 11h06

@artichaut : j'ai l'impression d'un dialogue avec toi sur ce forum depuis quelques jours XD je me demande si mes questions intéressent d'autres que toi.

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Xyn

le dimanche 28 avril 2024 à 11h33

Salut, vos questions et échanges m'intéressent au plus au point. Et je les lis avec attention.
Je n'ai malheureusement pas toujours l'énergie et le temps de répondre sur le forum. Ce n'est pas mon mode de communication le plus simple en ce moment.

Ce sujet me touche particulièrement pour plusieurs raisons, dont la mention de "La volonté de changer" qui est mon livre de cœur de l'année dernière.

Je vais essayer de me joindre à vous et d'apporter ma vision, je ne promets rien.

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Alabama

le dimanche 28 avril 2024 à 11h45

Merci Xyn !
Ça fait plaisir de savoir que des gens lisent avec intérêt 😄
En tous cas je serai super intéressée d'avoir ton retour sur ce que ce livre fait émerger chez toi. Je me rends compte en te répondant que j'adorerais avoir des discussions mixtes sur ce type de livres ! Je ne sais pas quel est ton gente ce qui m'a laissé la liberté d'imaginer que tu es peut être un homme.

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artichaut

le dimanche 28 avril 2024 à 12h17

Alabama
@artichaut : j'ai l'impression d'un dialogue avec toi sur ce forum depuis quelques jours XD je me demande si mes questions intéressent d'autres que toi.

J'avoue, j'ai hésité à répondre à cause de ça !
Changer, en tant qu'homme, c'est aussi apprendre à laisser de la place. Il y a parfois besoin de silence, d'espace, pour que d'autres puissent s'exprimer. Alors je vais arrêter de monopoliser ce forum pendant quelques jours.

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Lili-Lutine

le dimanche 28 avril 2024 à 12h48

Mon cheminement dans les relations non-monogames m'a enseigné au fil du temps la finesse des équilibres à trouver entre autonomie et interdépendance, semblable à la danse complexe entre deux partenaires égal·e·s en talents mais différent·e·s dans leurs expressions

Ma pratique occasionnelle du BDSM m'a permis aussi de cultiver, pas à pas, une compréhension approfondie de la négociation et du consentement
Ces pratiques, semblables à des rituels précisément orchestrés, requièrent une clarté et une équité qui m'ont bien mieux outillées pour reconnaître et articuler mes besoins de manière autonome, tout en me libérant de plus en plus significativement des liens de dépendance ou d'emprise

Lors de mes interactions avec mes partenaires, je cherche à atteindre un équilibre qui maintient notre intégrité individuelle tout en renforçant nos liens – une démarche comparable à l'établissement d'une connexion entre deux entités distinctes et pourtant interconnectées
Ces dialogues constants sont la fondation sur laquelle nous bâtissons des relations qui respectent nos limites, notre individualité, et notre engagement mutuel

L'opposition aux schémas patriarcaux est un combat de longue haleine pour moi, nourri par la persévérance et la résilience
Je suis stimulée par les progrès que j'observe chez certains hommes de mon cercle proche, notamment lorsqu'ils collaborent avec des partenaires investi·e·s dans la création d'une société plus équitable, œuvrant activement à une distribution plus équilibrée des responsabilités émotionnelles

Pour moi, les relations saines se manifestent il me semble par des contextes ou des environnements caractérisés par une communication franche et un consentement mutuel éclairé

Lorsque je me sens épaulée dans l'expression de mes désirs et besoins, je constate que notre interaction est épanouissante pour moi
Si je me sens accablée ou confrontée à une résistance face à un changement qui me semble essentiel, cela me sert de signal pour réexaminer la dynamique en cours

La solidité des liens que je tisse repose tant sur ma capacité à m'adapter et à comprendre en profondeur les particularités de mes partenaires, que sur leur aptitude à embrasser et à interagir avec mes traits intrinsèques, y compris mes fonctionnements neuroatypiques et mon TDAH
Une relation saine, pour moi, est une voie à double sens où l'impact de nos fonctionnements individuels sur l'autre est reconnu, respecté et intégré dans notre manière de coexister

Je suis pleinement consciente que mes imperfections façonnent qui je suis
Malgré l'expérience que j'ai accumulée, je fais encore des erreurs, qui aujourd'hui, de plus en plus, loin d'être des obstacles, sont des jalons précieux de mon parcours personnel d'apprentissage

Je m'engage au mieux de mes possibilités, en saisissant chaque obstacle comme une occasion de progresser et de m’améliorer

Accepter ma vulnérabilité et admettre l'échec sont des démarches fondamentales qui, à mon avis, orientent plus sûrement pour moi vers des relations authentiques et enrichissantes

Chaque nouveau jour est pour moi l'opportunité de renforcer mes connexions avec autrui, d'enrichir notre compréhension mutuelle et de faciliter notre évolution personnelle et collective, indépendamment du format relationnel ou affectif de chaque échange

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Lili-Lutine

le dimanche 28 avril 2024 à 13h13

artichaut
J'avoue, j'ai hésité à répondre à cause de ça !
Changer, en tant qu'homme, c'est aussi apprendre à laisser de la place. Il y a parfois besoin de silence, d'espace, pour que d'autres puissent s'exprimer. Alors je vais arrêter de monopoliser ce forum pendant quelques jours.

@artichaut, tes contributions au forum sont précieuses, et même si tu décides de prendre du recul, ton travail de réflexion est une source d'inspiration et de discussion pour beaucoup d'entre nous <3

N'oublions pas que pour chaque personne qui écrit, il y a de nombreuses autres qui lisent et réfléchissent en silence, enrichissant leur compréhension et leur perspective grâce à tous ces échanges !

Ta voix compte, et ta perspective en tant qu'homme enrichit notre espace partagé <3

Message modifié par son auteur il y a un an.

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Alabama

le dimanche 28 avril 2024 à 14h00

@artichaut : j’espère que tu n’as pas pris mon constat pour une critique. J’avais le sentiment moi aussi de trop intervenir, de faire trop de ping-pong avec toi car justement j’apprécie tes réflexions.

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GeorgyPorgy

le lundi 29 avril 2024 à 11h56

Hello

Je plussoie dans le sens de @Xyn et @Lili-Lutine : je lis vos échanges & vos interventions @artichaut et @Alabama avec beaucoup d'intérêt (mais en silence / à distance). En fait, je décroche assez vite des nombreux posts qui tournent rapidement au pugilat entre défenseurs & pourfendeurs du polyamour, qui je trouve, finissent un peu par tourner en rond sans vraiment apporter de perspective constructive. Les threads comme les votres au contraire mobilise beaucoup plus mon attention, et mon intérêt.

Le fait que vous abordiez les choses sous des angles différents, en mettant à distance la stricte thématique du "je veux vivre le polyamour mais mon/ma partenaire est pas ok" rend les réflexions & les pistes d'évolution personnelle beaucoup plus riches.

Perso, j'hésite de plus en plus à intervenir directement pour livrer mon expérience ou mes réflexions, par manque de temps, peur de pas arriver à articuler ma pensée correctement & d'être mal compris, le souci de "ne pas la ramener" non plus en tant qu'homme qui "parle de lui" etc.

Mais le sujet du changement à prendre en charge en tant qu'homme dans les relations me parle & m'occupe beaucoup l'esprit ces quelques dernières années

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Alabama

le lundi 29 avril 2024 à 13h49

Si à un moment vous en avez l’envie et l’énergie je pense que j’adorerais entendre vos questionnements d’hommes sur ces sujets. Se faire mal comprendre est le risque de tout échange. Je me fais moi même mal comprendre tout le temps.

C’est un des sujets qui traversent en ce moment ma relation d’ailleurs : je fatigue de prendre les risques. Aller vers l’autre, dire ses sentiments même quand c’est flou, amener des sujets sur la table, prendre du temps d’introspection au lieu de laisser les choses couler, c’est prendre le risque du rejet, de la mauvaise compréhension, du conflit. Et c’est aussi ce qui rend la charge émotionnelle difficile à porter.

Et en même temps, si je reste avec cette personne c’est aussi que j’accepte de faire avec là où il en est aujourd’hui. Tout en ayant l’espoir (l’attente ?) que ça évolue.

En fait quand on dit «  il ne faut pas vouloir changer l’autre », parfois ça me désespère et je me dis que si j’accepte les inégalités de genre un peu insidieuses, celles qui viennent remettre en question en profondeur nos identités telles qu’on les a construites, alors rien n’est possible, ou alors je quitte celui-ci amoureusement en espérant trouver mieux, et je trouve que ça a un petit côté neo libéral qui me plaît moyen.

Au final je crois que je me questionne autant sur quel est le degré d’inconfort il est sain de vivre dans une relation, que ce soit être la personne qui doit «  changer » et acquérir certaines «  compétences relationnelles », ou la personne qui aiguillonne et apprend la patience 🤔

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GeorgyPorgy

le lundi 29 avril 2024 à 16h00

Oui tu as raison @Alabama - et en même temps, je mesure l'ironie d'utiliser l'argument "peur de pas me faire comprendre" qui par la même occasion renvoit exactement à ce qu'il faudrait changer dans notre rapport & notre présence à la relation en tant qu'homme : prendre le risque de se dévoiler, malgré les risques.

Donc aller, je prends le temps d'écrire quelques mots :) - j'espère que ce sera plutôt clair, désolé si c'est un peu décousu ...

Je vais pas sortir grand chose d'original, mais globalement les impulsions de changement dans ma vie & mon expérience d'homme en relation, sont liées à des femmes. C'est pas forcément le fruit d'une expression directe, en mode on parle & ca déclenche des changements chez moi, ou alors un conflit & je me prends un coup de pied au cul qui me secoue sérieux & me fait évoluer. C'est plus fin, et c'est plutôt leur importance dans mon existence qui a fait que j'ai évolué je pense.

L'impulsion la plus récente & la plus nette c'est ce qui m'a amené à fréquenter ce forum. Etre tombé amoureux d'une femme, tout en étant en couple & toujours en amour avec ma compagne.

Bien sur, j'aurais pu emprunter le chemin "monogamie en série", quitter ma compagne actuelle pour démarrer une nouvelle vie avec cette nouvelle personne. Mais je pense qu'en prenant le temps d'y réflechir vraiment, j'avais l'intuition que tout ça était plus complexe & que suivre un tel schéma était pas en phase avec mes émotions, mes sentiments, mes attentes, et que le résultat final me paraissait totalement absurde. J'ai eu un besoin de m'interroger en profondeur, de questionner le sens de ma vie de couple, du cadre de référence dans lequel j'évoluais, de trouver des pistes plus satisfaisantes, de me documenter, de me sortir d'explications trop binaires... (Au final, la relation s'est terminée & je n'en entretiens pas de nouvelle pour info). A ce moment, j'ai aussi franchi le pas de consulter une thérapeuthe (chose que j'aurais du activer il y a 20 ans quand ma mère est décédée prématurément) - et sans savoir dire pourquoi, il était important pour moi d'entreprendre cette démarche avec une femme et pas avec un homme.

Mais je pense que si j'ai emprunté ce chemin, c'est aussi le fruit d'une histoire & notamment de certains aspects malheureux de mon expérience d'ado / jeune adulte. J'ai beaucoup eu à coeur d'aider une maman gravement malade relativement jeune dans un foyer plutôt heureux, mais avec un papa à l'ancienne qui faisait pas grand chose à la maison (euphémisme). Je pense que ça m'a ouvert une sensibilité & une empathie à ce qu'elle vivait en tout aspect de son existence (quotidien, manque de soutien, maladie, problèmes financiers, les ado qui font des conneries...), qui s'est renforcée bien après son décès quand j'ai appris qu'elle avait aussi vécu un épisode s'approchant de mon histoire (elle a eu un amant).

Après, je pense que les hommes, on part de loin effectivement dans ce rapport & cette présence aux relations. Notre construction sociale de base est plutôt merdique sur cet aspect, et je suis le fruit précis d'un modèle archétypal d'une famille nucléaire où maman assume tout de A à Z à la maison (y compris j'imagine le soin de la relation de couple si je me fis à mes souvenirs d'enfant). Me viens à l'esprit une réplique de film où un fils dit à son père : "j'ai perdu beaucoup de temps à essayer de pas te ressembler". (si quelqu'un à la ref, j'ai oublié...)

De fait, le facteur important je pense c'est d'avoir des déclencheurs, qui permettent une prise de conscience de cette position de privilège (en tant qu'homme, bien souvent par défaut, on n'assume que peu ou pas du tout cette charge relationnelle) & de garder le souci d'y accorder l'importance qu'elle mérite. On sera jamais champion de ce truc, même avec la meilleure volonté du monde & on va sans cesse se faire rattraper par la patrouille de nos réflexes appris... Mais conserver déjà le souci permanent du "tendre vers..." (plus d'empathie, plus de soutien, une meilleure prise en compte de l'autre...) s'est progressivement ancré en moi de manière durable, j'espère.

Y'a un truc qui s'est beaucoup développé chez moi ces dernières années suite à mes réflexions autour des relations & du polyA, c'est la sensibilité à l'altérité. Je pense qu'on peut pas tout "résoudre" par de la communication, et que certaines choses, certains phénomènes, certains conflits, certains noeuds peuvent demeurer en dépit de tous nos efforts & notre bonne volonté - et j'ai appris à l'accepter & à le respecter sans en développer une trop grande frustration. Et c'est aussi une façon que j'ai trouvée pour sortir de la conflictualité.

Pour rejoindre aussi certaines de tes reflexions @Alabama : dans mon couple, j'ai le sentiment que c'est plutôt moi (homme) qui porte la charge relationnelle (en tout cas pour ce qui concerne les sujets du couple, de son cadre etc.). C'est moi qui suscite des meta-discussions sur ce qu'est la relation, ce qu'elle signifie, les endroits problématiques & comment on le vit etc. C'est assez lourd en vrai, et insécurisant dans la mesure où certains points provoquent régulièrement des conflits - j'avoue un certain découragement dans ce domaine depuis quelques temps. Je m'interroge sur la pertinence de poursuivre des efforts en ce sens, comme toi je comprends

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mox2

le lundi 29 avril 2024 à 16h21

@Alabama et @artichaut,
Je vous remercie vivement pour la prise de hauteur que vous apportez aux discussions, et vos échanges même si vous pouvez avoir l'impression en ce moment de n'être que deux à les partager sont très enrichissant à la lecture, et me font beaucoup cogiter !

Je suis particulièrement intéressé par les réflexions que @artichaut lance ou relance régulièrement, que ce soit le changement de paradigme, la thématique de l'habiter, les perspectives de genre et de classe part rapport au poly-A, et les liens que l'on peut faire avec le capitalisme-extractiviste/patriarcal ambiant... Qui pose la question qui m’intéresse au plus haut point : comment articuler ces réflexions et d'autres pour construire un monde meilleur ?? ici et maintenant si possible !

Allez ! Je m'engage ! Vous pourrez compter sur moi pour participer à vos discussions sur ces thèmes ! Et je vais commencer par celui-ci !

Comme indiqué dans mon profil (en construction), j'ai connu deux grandes relations dans ma vie, la première mono "parce que c'est comme ça" s'est très mal terminée. Fort de cette leçon, j'ai souhaité en prendre le contrepied, mais aussi acter la réalité observer : "je ne peux pas forcer quelqu'un à changer", "je ne peux pas empêcher quelqu'un de voir qui iel veut, comme iel veut", au point que même une personne extrêmement angoissée que je la "trompe"... me "trompe" elle même !!!

Aujourd'hui je vis une relation "PolyA". Je met doublement des guillemets car :
1. bien que "nouveau" dans le PolyA j'en constate moi aussi les limites, mais ce sera pour un autre topic ! ;)
2. le "contrat" que nous avons formulé ne parle pas de PolyA ! (je n'aime pas trop le mot de contrat, on pourrait dire un deal, une constitution de notre relation, le cadre, etc.. j'imagine que c'est propre à chacun, nous on l'appelle comme ça entre nous)

Ce contrat / cadre se veut le moins cadrant possible : nous nous contentons de reconnaitre la liberté et l'indépendance de chacun à vivre sa vie dans la poursuite de son propre bonheur. Puis nous insistons sur le fait que le consentement éclairé de chaque partenaire est nécessaire dés qu'il y a un doute à propos d'une situation qu'elle soit physique, émotionnelle ou informationnelle. En fait simplement, l'autre est un être vivant dont je n'ai pas le contrôle, reconnaitre sa liberté me semble un pléonasme, mais dans notre société et dans notre culture, et après ma grande expérience mono, ça m'a semblé être indispensable !

Personnellement, je n'ai pas changé parce qu'on me l'a demandé, mais parce que j'ai été confronté à des situations problématiques et que je, j'ai souhaité les résoudre. Ma femme possessive et jalouse comme un poux finit par me tromper, cela génère tout un tas d’émotions négatives chez elle et chez moi, mais clairement c'est elle qui vivait la contradiction. Qu'est ce que je peux faire ? Existe-t-il une solution ? C'est là que j'ai découvert le polyA
Le mythe du mariage monogame exclusif n'est qu'un mirage aux alouettes bourré à la lie d'injonctions contradictoires, quel paradigme permettrait de mieux décrire la réalité de nos relations humaines avec plus de cohérence ? pour mieux les vivre et éviter de générer tout un cortège d'émotions négatives ou toxique ? qui sont par ailleurs largement misent en valeur depuis notre enfance à travers le concept d'amour romantique par exemple.

En tant que homme et amoureux je suis désolé de voir les femmes, particulièrement celle auxquelles je tiens, être quotidiennement victimes du patriarcat. Pourquoi sont-elles dévalorisées au point d'avoir à se battre pour obtenir un tant soit peu de confiance en soi ? Pourquoi doivent-elles toujours se justifier auprès de leur alter-ego sous prétextes qu'ils soient masculins ? Pourquoi à compétence égale elles n'ont pas les même poste ? Pourquoi devraient-elle avoir peur dans la rue ou n'importe où ?

Pour moi être amoureux signifie vouloir le bonheur de l'autre, peu importe que ce soit avec ma compagnie, avec quelqu'un d'autre ou bien seule dans une rue ! Et quand je prend conscience des problèmes je cherche des solutions. Bien que je ne puisse changer que moi même.. Pour ce qui est des autres êtres vivants, je ne peux que les influencer au mieux...

Je dois vous laisser, j'essaierai de compléter plus tard dés que j'aurai un moment :)

Message modifié par son auteur il y a un an.

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artichaut

le lundi 29 avril 2024 à 20h12

Alabama
@artichaut : j’espère que tu n’as pas pris mon constat pour une critique.

(Non, non t'inquiètes. C'était juste un constat que tu partageais, et avec lequel je suis d'accord. Merci à vous pour les multiples encouragements. Et je constate avec plaisir que laisser de la place, incite d'autres à venir poster.)

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artichaut

le dimanche 05 mai 2024 à 00h54

Alabama
Effectivement, il y a une distinction entre les besoins et les limites.
Les limites, j'étais déjà pas trop mauvaise mais là je me suis encore améliorée : quand un truc ne me convient pas, je le dis. Il m'aura fallu presque 2 ans pour affirmer que je ne peux pas être en relation avec quelqu'un qui fait passer son boulot avant tout le reste, et assumer que mon minimum serait de se voir tous les 15 jours. Ça s'est fait calmement, ça lui apportait visiblement aussi à lui d'accepter ce rythme, maintenant il est content. Là-dessus, je n'ai pas de questionnement, j'ai simplement posé une limite me concernant, et il a décidé de l'accepter.

Pour moi ce que tu décris ressemble presque plus à des besoins (ou des demandes) exprimés, qu'à une limite.

Je m'explique.
Selon moi une limite est quelque chose qui ne concerne que nous même et qui s'exprime par la négative (exemple : Je ne veux pas être touché·e par suprise). Elle doit pouvoir s'exprimer sous la forme "Je ne veux pas que je" (exemple : Je ne veux pas que je soit touché·e par suprise). Si elle s'exprime sous la forme "Je veux que tu", ou "Je ne veux pas que tu", j'ai l'impression que ce n'est pas une limite mais une demande.

Certes toi-même tu dis "Je ne veux pas". Mais se voir tous les 15 jours, pour moi c'est clairement une demande. Et ce qui ressemble à une limite c'est que tu exprimes "Je ne peux pas être en relation avec toi, si tu n'acceptes pas ça". Sauf que c'est quelque chose qu'il doit faire, et non pas quelque chose qu'il ne doit pas faire (exemple : ne pas me toucher par surprise).

Je peux me tromper, mais j'ai l'impression qu'une limite implique une non-action de la part de l'autre.

Pourquoi j'insiste sur ça (au risque de paraître couper les cheveux en quatre, ou prétendre mieux savoir que les autres) ? Parce que je me suis rendu compte que je me plantais souvent, moi-même, par rapport à ça.
Je suis quelqu'un qui exprime beaucoup ses limites. Et je me suis rendu compte que parfois j'exprimais juste des demandes. Ou bien, que je ferais mieux d'exprimer clairement une demande.

Une limite pour moi, c'est quelque chose de vraiment catégorique, de non négociable, et qui remet en cause la relation, si elle n'est pas respectée. Et ce n'est pas néo libéral dans ces cas là d'arrêter la relation, c'est une question de la plus haute importance, par exemple, de survie ou de santé mentale.

Et le degré d’inconfort qu'il est sain, ou en tout cas non toxique, de vivre dans une relation me semble justement fonction de nos limites.
Apprendre à connaître nos limites et les partager à l'autre, me semble alors primordial. Mais c'est loin d'être facile. Et parfois seule l'expérience peut nous amener à les identifier.

Ensuite, tant qu'on n'est pas dans des dépassements de limites, le seuil de tolérance de chacun·e est différent, et n'a pas a être le même.

J'ai le sentiment que vouloir vivre une relation hétéro dans ce monde, c'est de facto accepter un certain état de fait.
Ce monde, les personnes qui le composent, et les liens qui en découlent, ont une certaines inertie. Des choses peuvent bouger, d'autres non, ou alors très lentement.

J'ai le sentiment que tu pose deux questions :
- L'inconfort que tu es toi-même prête à accepter pour vivre cette relation.
- Le risque de dépasser les limites de l'autre (surtout que tu dis ne pas être avec une personne qui sait les poser et qui de surcroît a une peur panique du rejet) ou qu'il veuille s'adapter pour te faire plaisir et qu'au final ça ne fonctionne pas (puisque ça ne vient pas du coeur).

À la première, toi seule peut y répondre, en tenant compte de tes limites, en pesant le pour et le contre de ce que t'apportes cette relation. Je ne dis pas du tout que c'est facile à déterminer. Et j'ai bien conscience que souvent vous vous faites avoir. Et je comprends la lassitude ou la désertion des relations hétéros.

À la deuxième, lui seul peut répondre. Et ça ne devrait pas être à toi de le faire (de prendre ça en charge, en plus de tout le reste).

Je ne dis pas qu'il ne doit pas y avoir de prévenance. Le consentement ce n'est pas juste dire Non (poser ses limites), c'est aussi constamment donner du pouvoir à l'autre pour lui donner la possibilité de dire Non (ou merde, ou ce qu'il voudra).
Mais quand même, j'ai le sentiment, qu'il y a des choses que tu ne peux pas savoir pour lui.

Perso, mon warning, c'est si je vois l'autre souffrir (de la relation ou de mes comportements) ou qu'il me dit qu'il souffre. Pas juste être ponctuellement blessé·e, mais souffrir, dans la durée.
Dans ces cas là, c'est pour moi le signe que ça va trop loin, et qu'il faut arrêter.

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artichaut

le dimanche 05 mai 2024 à 12h18

Cette question des besoins et des limites m'intéresse beaucoup. J'y pense beaucoup, et je sens que j'ai besoin d'y mettre de la clarté.
Je crains que tu ne te sente jugée @Alabama par le début de mon post (mon but n'est pas de dire à ta place ce qui est limite ou besoin chez toi, mais de creuser la question des limites et de leur étendue, chez moi et en soi).
À la fois ça me semble dans le sujet des « relations saines », à la fois je ne voudrais pas dévoyer ton post. Je peux tout à fait créer un fil spécifique pour parler de limites & besoins.

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LeGrandStyle

le dimanche 05 mai 2024 à 16h41

J’aimerai parfois voir l’intimité des relations sur 1 mois, pour voir comment les personnes interagissent ensemble. On a l’impression d’être semblable dans des cadres sociaux définis (au travail, à école, dans les transports etc.) mais les écarts sont sûrement plus grand qu’on ne le s’imagine.
J’ai tendance à poser le cadre de la relation (car attendu en tant qu’homme?), et de ce fait avoir plusieurs partenaires n’aident pas forcément à se rendre compte du décalage.

Pour example, je n’ai jamais de dispute dans mes relations. J’ai souvent entendu que ne pas avoir de dispute signifie que les personnes ne s’aiment pas etc. mais bon discuter calmement de nos désaccords est aussi une alternative…
C’est juste pour illustrer le décalage qu’il peut y avoir entre ce que nous vivons dans notre intimité, et un peu comme le polyamour, on peut être limité car on ne savait même pas que cela était possible.

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Alabama

le dimanche 05 mai 2024 à 23h22

artichaut
Selon moi une limite est quelque chose qui ne concerne que nous même et qui s'exprime par la négative (exemple : Je ne veux pas être touché·e par suprise). Elle doit pouvoir s'exprimer sous la forme "Je ne veux pas que je" (exemple : Je ne veux pas que je soit touché·e par suprise). Si elle s'exprime sous la forme "Je veux que tu", ou "Je ne veux pas que tu", j'ai l'impression que ce n'est pas une limite mais une demande.

Je comprends ta définition, elle a le mérite d'être simple. Mais je me demande si elle recouvre toutes les situations. J'y ai réfléchi pendant un trajet en voiture aujourd'hui. Et je me suis dit que pour moi une limite, c'est quand je dis "non", "stop", "ça suffit". Donc ça peut inclure une situation qui ne va pas, et déboucher sur l'expression d'un besoin et une demande pour y répondre.

Je me suis dit que derrière chaque limite, il y a un besoin à combler. Par exemple, si je pose comme limite de ne pas venir chez moi à l'improviste (qui correspond à ta définition de "ne pas faire quelque chose"), cela peut être pour répondre à un besoin de solitude, ou un besoin de temps de préparation à la sociabilité, ou le besoin de concentration, etc...

Quand je dis "stop" au fait de se voir peu, le besoin derrière c'est un besoin de lien, d'attention, de contact et de considération. Pour combler ce besoin, je demande à l'autre qu'on se voit plus souvent et que ce ne soit pas le travail qui soit systématiquement prioritaire.

Je propose ça car ta définition me laisse sur ma fin. Je "sens" que je dépasse mes propres limites quand j'accepte une situation qui ne me convient pas. Et ça ne me satisfait pas de considérer qu'il n'y aurait rien à voir avec les limites dans ce cas.

artichaut
Une limite pour moi, c'est quelque chose de vraiment catégorique, de non négociable, et qui remet en cause la relation, si elle n'est pas respectée. Et ce n'est pas néo libéral dans ces cas là d'arrêter la relation, c'est une question de la plus haute importance, par exemple, de survie ou de santé mentale.

La situation dont je parle plus haut correspond à ce que tu dis dans ce paragraphe : j'aurais stoppé la relation amoureuse (et proposé un temps sans se voir avant de reprendre une relation non-amoureuse ensuite) s'il avait continué à mettre le boulot avant tout le reste dans sa vie.

Je pense que si certains besoins ne peuvent être comblés dans une relation, cela légitime aussi d'arrêter, donc je ne pense pas que l'on puisse différencier besoin et limite sur ce critère-là.

T'en penses quoi de cet agencement limite-besoin ?

artichaut
À la deuxième, lui seul peut répondre. Et ça ne devrait pas être à toi de le faire (de prendre ça en charge, en plus de tout le reste).

Tu as entièrement raison là-dessus.
Ce qui m'a amenée à me questionner sur pourquoi j'ai tant besoin de savoir si je dépasse une de ses limites ou non, à ne pas lui laisser la responsabilité de les nommer.
J'en suis arrivée à la conclusion que je prends plus que ma part de responsabilité, ce qui me donne un faux sentiment de contrôle sur la situation. Si j'ai besoin de contrôler la situation, c'est que quelque chose me fait peur. En l'occurrence, j'ai peur que l'autre finisse par regretter, se dire qu'en fait ce n'est pas ce qu'il veut, et fuir sans rien dire, quelque chose comme ça. Et ça c'est une peur qui m'appartient intimement. Et qui me fait vouloir contrôler certaines de mes relations (les plus intimes) par excès de prévenance ou d'anticipation, pour tenter d'éviter que le lien soit rompu et que je ne comprenne pas la raison.

GeorgyPorgy
Mais conserver déjà le souci permanent du "tendre vers..." (plus d'empathie, plus de soutien, une meilleure prise en compte de l'autre...) s'est progressivement ancré en moi de manière durable, j'espère.

Merci pour ton témoignage.
Je retiens cette phrase, que je trouve très puissante.
Je pense que c'est déjà énorme, ce tendre vers, et que personne ne peut faire plus que cela. Si une gross minorité d'hommes se mettaient à "tendre vers", je pense que le monde aurait déjà une autre couleur.
Je pense que quand je me mets à votre place, je ressens une forme d'empathie car je me dis que c'est énorme comme déconstruction. Quand je vois à quel point c'est douloureux pour les hommes autour de moi, de se regarder en face (apprendre à se connaître profondément), je réalise que cela demande un sacré travail. Vous avez eu le luxe de ne pas vous en soucier pendant des années, et quelque part, vous auriez pu choisir de continuer comme ça. Même si je suis convaincue que cela mène à beaucoup de belles choses, comme des relations plus intimes, plus profondes et plus vraies, y compris avec soi, je vois bien que cela demande une bonne dose de courage et d'inconfort que de déconstruire une masculinité classique.

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Alabama

le dimanche 05 mai 2024 à 23h31

LeGrandStyle
J’ai tendance à poser le cadre de la relation (car attendu en tant qu’homme?), et de ce fait avoir plusieurs partenaires n’aident pas forcément à se rendre compte du décalage.

Que veux-tu dire par "poser le cadre" ? Dans mon esprit, ça se pose à deux, du coup je m'interroge.

LeGrandStyle
Pour example, je n’ai jamais de dispute dans mes relations. J’ai souvent entendu que ne pas avoir de dispute signifie que les personnes ne s’aiment pas etc. mais bon discuter calmement de nos désaccords est aussi une alternative…

Moi je me dispute quand je me sens face à un mur, que j'ai le sentiment que l'autre ne cherche pas ou n'arrive pas à comprendre ma perspective. Ou que les discussions n'ont mené à rien de concret malgré les accords trouvés. Pour moi une dispute c'est lié à l'échec de la communication.

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