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Changer de paradigme (relationnel)

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Amarena

le mercredi 05 mars 2025 à 02h16

artichaut
Un post de @Alastor m'a inspiré…

Je me dis que la conquête pourrait être remplacé par la rencontre.

Non pas la rencontre au sens des "sites de rencontres" (on date et on nique), mais une rencontre au sens de découvrir l'autre : chercher à savoir qui il/elle est, comme dit @Alastor essayer de connaître, comprendre et respecter, bref s'intéresser réellement à l'autre.

La conquête a un but, caché ou visible, conscient ou inconscient.
La rencontre, n'a d'autre but qu'elle-même.

La conquête utilise le rencard pour arriver à ses fins, mais ne se place pas véritablement dans une dynamique de rencontre de l'altérité.

La rencontre elle, construit son chemin au fur et à mesure, n'a ni but, ni attentes, ni étapes. Il n'y a pas d'escalator dans une rencontre en tant que telle. Juste une exploration réciproque du monde de l'autre.

Peut-être qu'il y a quelque chose du changement de paradigme, qui commence déjà là.
Ne rien attendre, ne pas aller vers, mais faire avec l'existant. Inventer en construisant. Chaque rencontre étant unique (et duale, puisque chacun·e découvre le monde de l'autre).

Merci pour ce post qui m'inspire la réflexion suivante : il me semble que "l'énergie de rencontre" est très souvent a priori considérée (et traitée) comme une envie de conquête dès lors qu'elle n'exclut pas immédiatement, entièrement et même explicitement tout potentiel sexuel/sensuel. Ce qui du coup perturbe le fait de laisser la rencontre aller son chemin, voire la tord carrément.

Message modifié par son auteur il y a 6 mois.

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Alabama

le vendredi 07 mars 2025 à 15h02

artichaut
On nous apprend que le but ultime pour un homme c'est la sexualité hétéro (pour le dire crûment mettre sa bite dans un vagin). Et c'est fou tout ce qu'un homme est prêt à faire (même inconsciemment) pour obtenir ça. Et le pire c'est qu'une fois obtenu, une fois le graal atteind, ça n'a quasi plus de valeur (ou ça va la perdre très très vite). On ne cherchais pas à rencontrer l'autre, on cherchais à obtenir ça. À obtenir ce qui me semble être LA validation pour un homme cis. Si t'as pas ça t'es un râté, un moins que rien.
Il me semble y avoir dans la rencontre hétéro une vraie faille sociétale. On ne vient, instinctivement, pas y chercher la même chose.

Complètement en phase avec ce passage.
Dans ma vie, j'ai eu beaucoup de "coups d'un soir".
J'adorais l'idée de rencontrer une personne qui m'attire, de passer une nuit avec et de vivre ce qu'il y avait à vivre. Je me souviens d'un homme, qui m'avait dit "oh lala mais tu sais j'ai beaucoup bu je serai bon à rien". Et je lui ai dit que je m'en foutais. Même si il y avait une envie de ma part assez claire : être (très) proche de l'autre physiquement, je n'avais pas comme but ultime le coït, ou même aucune pratique sexuelle particulière. Ce qui me poussait, c'était la rencontre sexuelle/sensuelle. Ce n'est pas tout à fait une rencontre neutre, dans le sens où mon but était physique. Mais j'ai pu, à force, me rendre compte du gap qu'il y avait entre ce à quoi j'aspirais (une véritable rencontre, sans script, on aurait pu se caresser les mains juste, ou dormir ensemble en se touchant que ça m'aurait tout à fait convenu), et ce que recherchaient les hommes avec qui je passais ces nuits. La rencontre ne s'est pas toujours faite en réalité, voire même elle a été rejetée par l'autre, puisque nombre d'entre eux cherchaient juste à me faire "entrer dans leur script" hétérosexuel.

Je n'ai pas de gêne à ce qu'une rencontre ait une finalité : jouer au scrabble, aller à la pêche, faire des câlins ou faire du sexe.
Ce qui m'a toujours frustrée en revanche, et qui a mis un stop à mes envies d'aventures d'un soir (ou plus car si c'est chouette, pourquoi ne pas recommencer plus tard...), c'est de n'être pas rencontrée pour qui je suis, mais d'être rencontrée parce que je suis une femme et qu'avec moi on peut cocher la case "j'ai baisé une meuf". La nuance est de taille.
Dans la rencontre en tant que telle, ok on décide de plutôt faire du sexe ensemble, mais dans ce cadre tout est ouvert, on ne sait pas ce qu'on va faire. Et puis peut-être même qu'en cours de route, on va finalement faire autre chose que ce qu'on avait prévu.
Dans le script hétéro, la rencontre n'est pas possible et je deviens l'objet de la rencontre, non plus un sujet.

Message modifié par son auteur il y a 6 mois.

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Alabama

le vendredi 07 mars 2025 à 15h14

Pour revenir au changement de paradigme, ces derniers temps je me rends compte que je ne sais plus vraiment ce qui différencie pour moi la rencontre amoureuse de toute autre rencontre. J'ai eu un "crush" récemment sur une personne, qui m'a dit qu'elle ne souhaitait pas qu'on "sorte ensemble". Je n'ai pas osé lui demander quelle était sa définition toussa toussa, car j'aurais eu l'impression de vouloir la convaincre d'un truc qu'elle refusait et comme on se connaît peu, je ne voulais ps prendre le risque d'être mal comprise.
Mais en réalité, je trouvais que l'enthousiasme de la rencontre était très fort des deux côtés, et que pour ma part, je me sentais un peu amoureuse. Et sincèrement je me suis dit que "ne pas faire de sexe" (ce que j'entends dans "ne pas sortir ensemble") n'allait pas changer grand chose à l'enthousiasme et aux sensations fortes que je ressentais en sa présence. Je n'avais aucune envie de faire du sexe avec cette personne si tel n'était pas son souhait, et de toutes façson, avant d'avoir couché pour la première fois avec quelqu'un, j'ai rarement "envie de sexe", je sais juste que j'ai envie de "proximité physique", ce qui peut vouloir dire énormément de choses. Je ne sais pas ce qui sera possible avec la personne en question, mais on s'est d'ores et déjà dit qu'on avait envie d'être proches, de se toucher et de se faire des câlins.

La seule chose qui me fait peur, dans ces relations où je ressens des choses fortes sans qu'il y ait d'étiquette "relation amoureuse", c'est le manque d'engagement de l'autre. Je ne peux pas faire abstraction de la société dans laquelle on vit, qui dévalorise fortement l'amitié. J'ai nommé cette peur à cette personne, en disant que je voulais la rencontrer sans empressement, car souvent quand une relation amoureuse tierce arrive dans l'équation, la relation amicale se trouve mise de côté voire carrément délaissée, et j'en ai déjà souffert suffisamment de fois pour ne plus vouloir foncer tête baissée.

En cela, le mot "relation amoureuse" moi me sécurise, car pour la plupart des gens cela rime avec de l'engagement à travailler sur la relation, à discuter, et ça autorise à exprimer des émotions comme la jalousie, le manque... émotions qui sont peu admises dans les relations amicales plus classiques et cela me frustre pas mal. Il est difficile de dire dans une relation amicale "eh ça me frustre pas mal que tu me tiennes pas au courant de quand tu pars plus d'un semaine". Pour beaucoup de gens ce serait vu comme un débordement, alors que moi je trouve ça ok de se dire ces choses-là, et de trouver des manières de faire avec.

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Alinea7

le vendredi 07 mars 2025 à 19h24

@Alabama j'aime bien cette continuité relationnelle que tu décris. Il me semble que dans le script de la relation amoureuse, il y a une injonction au bisou/sexe pour acter l'existence de la relation, et la bascule dans le champ relationnel qui donne ensuite droit à un certain nombre d'attentes et privilèges.

Et j'aime bien justement ce changement vers une construction des relations et du soin à l'autre qui ne découle pas d'injonctions permettant de prétendre au titre de "couple".

Pour moi c'est un peu dû à la culture cinématographique populaire qui simplifie les interactions et les relations pour que les gens puissent en peu de temps comprendre des choses qui seraient autrement longues et difficiles à montrer.

Peut-être que la majorité des gens sont rassurés d'être dans ce genre de schémas, ça leur permet de se repérer.

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Alastor

le samedi 08 mars 2025 à 14h23

Alabama
Complètement en phase avec ce passage.
Dans ma vie, j'ai eu beaucoup de "coups d'un soir".
J'adorais l'idée de rencontrer une personne qui m'attire, de passer une nuit avec et de vivre ce qu'il y avait à vivre. Je me souviens d'un homme, qui m'avait dit "oh lala mais tu sais j'ai beaucoup bu je serai bon à rien". Et je lui ai dit que je m'en foutais. Même si il y avait une envie de ma part assez claire : être (très) proche de l'autre physiquement, je n'avais pas comme but ultime le coït, ou même aucune pratique sexuelle particulière. Ce qui me poussait, c'était la rencontre sexuelle/sensuelle. Ce n'est pas tout à fait une rencontre neutre, dans le sens où mon but était physique. Mais j'ai pu, à force, me rendre compte du gap qu'il y avait entre ce à quoi j'aspirais (une véritable rencontre, sans script, on aurait pu se caresser les mains juste, ou dormir ensemble en se touchant que ça m'aurait tout à fait convenu), et ce que recherchaient les hommes avec qui je passais ces nuits. La rencontre ne s'est pas toujours faite en réalité, voire même elle a été rejetée par l'autre, puisque nombre d'entre eux cherchaient juste à me faire "entrer dans leur script" hétérosexuel.

Je n'ai pas de gêne à ce qu'une rencontre ait une finalité : jouer au scrabble, aller à la pêche, faire des câlins ou faire du sexe.
Ce qui m'a toujours frustrée en revanche, et qui a mis un stop à mes envies d'aventures d'un soir (ou plus car si c'est chouette, pourquoi ne pas recommencer plus tard...), c'est de n'être pas rencontrée pour qui je suis, mais d'être rencontrée parce que je suis une femme et qu'avec moi on peut cocher la case "j'ai baisé une meuf". La nuance est de taille.
Dans la rencontre en tant que telle, ok on décide de plutôt faire du sexe ensemble, mais dans ce cadre tout est ouvert, on ne sait pas ce qu'on va faire. Et puis peut-être même qu'en cours de route, on va finalement faire autre chose que ce qu'on avait prévu.
Dans le script hétéro, la rencontre n'est pas possible et je deviens l'objet de la rencontre, non plus un sujet.




Message modifié par son auteur hier à 15h.

Je n'ai absolument pas un mot a changer a ce que tu dis @Alabama.
J'aurais pu écrire exactement la même chose.
Merci à toi.

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 19h52

Alabama
Ce qui me poussait, c'était la rencontre sexuelle/sensuelle.

Oui, même dans le sexe : la rencontre.
Quand les mecs auront compris ça, voudrons (sincérement) ça, le monde changera littéralement de face.

Alabama
Mais j'ai pu, à force, me rendre compte du gap qu'il y avait entre ce à quoi j'aspirais (une véritable rencontre, sans script, on aurait pu se caresser les mains juste, ou dormir ensemble en se touchant que ça m'aurait tout à fait convenu), et ce que recherchaient les hommes avec qui je passais ces nuits. La rencontre ne s'est pas toujours faite en réalité, voire même elle a été rejetée par l'autre, puisque nombre d'entre eux cherchaient juste à me faire "entrer dans leur script" hétérosexuel.

Ça me fait penser à un truc qu'on voit très souvent dans des films/séries (je l'ai même déjà vu dans un clip sur le consentement, le comble !) :
Une interaction sensuelo-sexuelle hétéro commence… quelque chose empêche qu'il y ai pénétration vaginale (le mec qui ne bande pas, on n'a pas de capote, etc) et du coup tout s'arrête. Et le mec est tout penaud, et la meuf le console. Mais aucun·e, dans le film, n'a l'idée de faire autre chose (même sensuellement-sexuellement parlant).
Dans le clip consentement, il/elle se rhabillaient, et sortaient chercher une capote… (ouf la santé de la meuf et l'honneur du mec, étaient sauf).

Alabama
Je n'ai pas de gêne à ce qu'une rencontre ait une finalité : jouer au scrabble, aller à la pêche, faire des câlins ou faire du sexe.

Le problème c'est quand la finalité n'est pas nommée.
Exemple
- "faire des câlins" quand la vraie finalité est… faire du sexe
- "faire du sexe" quand la vraie finalité est… pénétration du vagin ou éjaculation masculine… voire validation affective et sociale.
etc.

Alabama
Dans la rencontre en tant que telle, ok on décide de plutôt faire du sexe ensemble, mais dans ce cadre tout est ouvert, on ne sait pas ce qu'on va faire. Et puis peut-être même qu'en cours de route, on va finalement faire autre chose que ce qu'on avait prévu.

La base du consentement (et d'une rencontre) quoi : pouvoir changer d'avis en cours de route.
Ce qui est au mieux vécu par les mecs comme de la versatilité ("elle sait pas ce qu'elle veut"). Le script de l'escalator sexuel hétéro primant sur le consentement et la rencontre.

Alabama
Dans le script hétéro, la rencontre n'est pas possible et je deviens l'objet de la rencontre, non plus un sujet.

Voilà.

On pourrait presque ajouter : si c'est gratuit, c'est toi le produit.
Le sexe hétéro hors travail du sexe, se résume souvent à ça.

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 20h19

Alabama
La seule chose qui me fait peur, dans ces relations où je ressens des choses fortes sans qu'il y ait d'étiquette "relation amoureuse", c'est le manque d'engagement de l'autre. (…)
En cela, le mot "relation amoureuse" moi me sécurise, car pour la plupart des gens cela rime avec de l'engagement à travailler sur la relation

Et quel dommage !
Ça m'attriste de lire ça.

C'est pour ça, que globalement, mon changement de paradigme (en simplifié et pour être facilement compris par tout un·e chacun·e) se résume finalement à revaloriser l'amitié et proposer d'élargir le cadre, en y amenant des choses habituellement réservées au couple (les meta discussions, les mots d'amour, la proximité physique, etc) …quitte à renoncer au sexe (pour ne pas créer d'ambiguïté malaisante, de flou anxiogène, ou de bascule émotionnelle vers un champ ultra scripté, donc borné) et parfois renoncer aux mots d'amour, en tout cas les plus connotés, tels que les "je t'aime" (pareil, pour ne pas créer de flou autour de l'amour-amoureux et de tous les scripts associés).

Alinea7
Il me semble que dans le script de la relation amoureuse, il y a une injonction au bisou/sexe pour acter l'existence de la relation, et la bascule dans le champ relationnel qui donne ensuite droit à un certain nombre d'attentes et privilèges.

Et j'aime bien justement ce changement vers une construction des relations et du soin à l'autre qui ne découle pas d'injonctions permettant de prétendre au titre de "couple".

C'est exactement ça !

Et ta bascule dans le champ relationnel me renvoie à ma réflexion sur la rencontre vs la relation (1, 2).

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 20h31

Alabama
J'ai eu un "crush" récemment sur une personne, qui m'a dit qu'elle ne souhaitait pas qu'on "sorte ensemble". Je n'ai pas osé lui demander quelle était sa définition toussa toussa, car j'aurais eu l'impression de vouloir la convaincre d'un truc qu'elle refusait et comme on se connaît peu, je ne voulais ps prendre le risque d'être mal comprise.
Mais en réalité, je trouvais que l'enthousiasme de la rencontre était très fort des deux côtés, et que pour ma part, je me sentais un peu amoureuse. Et sincèrement je me suis dit que "ne pas faire de sexe" (ce que j'entends dans "ne pas sortir ensemble") n'allait pas changer grand chose à l'enthousiasme et aux sensations fortes que je ressentais en sa présence.

Je trouve justement que ça aurait valu le coup de lui demander ce qu'iel entendait par "sortir ensemble" (aller faire des courses ? aller au cinéma ?)
Et c'est probablement ce que j'aurais fait… mais je suis du genre à mettre les pieds dans le plat, et mettre l'autre mal à l'aise.
Je suis vraiment allergique à cette "pudeur langagière" systémique.

Tu déduis que c'est "ne pas faire de sexe" , mais aussi bien çà inclut plein d'autres choses (comme "ne pas être amoureux", "pas de sensualité", "pas se tenir la main dans la rue", etc …et peut-être des choses que tu ne peux pas imaginer, toucher telle partie de son corps, utiliser tels mots, te savoir amoureuse, même un peu, etc).
Et cette ambiguïté risquerait de produire des situations bien plus génantes (en tout cas ce serait ma peur) que le petit malaise lexical (refuser les sous-entendus soit-disant implicites).

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Robje

le mardi 11 mars 2025 à 22h08

Je trouve ta réflexion intéressante, surtout sur l’idée que la rencontre en elle-même a de la valeur, sans forcément avoir une finalité prédéfinie. C’est vrai qu’on a tendance à mettre les relations dans des cases bien définies, alors qu’en réalité, elles pourraient se construire plus librement, selon les envies et les moments.

En te lisant, ça me fait penser à des réflexions autour de l’anarchie relationnelle, qui remet en question les hiérarchies entre amour, amitié et sexualité. Je ne sais pas si tu te reconnais dans cette approche, mais il y a quelque chose d’assez proche dans ce que tu dis sur l’importance de la spontanéité et du fait de sortir des scripts habituels.

Pour ma part, ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir échanger librement, sans pression ni non-dits. J’aime les relations où on peut tout se dire, où il n’y a pas d’attentes figées, et où les choses évoluent naturellement sans qu’on se sente obligé de suivre un scénario précis.

Je trouve ce sujet vraiment intéressant.

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