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Que doit on dire ?

Bases
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(compte clôturé)

le lundi 04 juillet 2022 à 07h54

La discussion avec ma femme à 1 heure du matin m'a amené à cette interrogation. Si le sujet fait doublon avec un autre, n'hésitez pas à m'indiquer le lien.

Donc, ok, nous communiquons beaucoup plus qu'avant. Nous abordons des sujets que je n'aurais jamais oser discuter il y a seulement 6 mois. C'est bien.

Quid de la qualité et de l'opportunité des réponses que nous nous faisons ? Que cache nos réponses? que doit-on dire?
L'on me dit, à raison, d'exprimer envers l'autre mes sentiments, mes états d'âme...mais encore ?

J'illustre mon propos par un exemple. Il est établi que cette semaine a été un beau loupé qui a failli avoir de lourdes conséquences. De sa faute à priori. Pas si simple.

Il y a une semaine, quand elle m'a dit, je vais chez la sœur de monsieur 2 pour aider au déménagement pour un jour ou deux. C'est ok ? Elle attendait quoi comme réponse ?

J'ai répondu : pas de problème, prends ton temps (m'en souviens pas mais je la crois). Je n'avais aucunement envie de la voir partir. C'était pas le bon moment. le "prends ton temps" a donc été lourd de conséquences.

j'aurais pu dire: je ne veux pas, ou non, pas d'accord ou encore, si ça te fait plaisir. La réalité était que je ne voulais pas qu'elle y aille. Fallait il lui dire ?

Autre exemple, quand elle me demande (je ne parle pas d'hier) à son retour si j'ai passé un bon we, je peux répondre, non, we pourri t'étais pas là.
Ou encore, super we, j'ai couché avec la voisine et le voisin en même temps (hypothèse d'école), ou, et c'est ce que je lui ai dit, oui pas mauvais we, j'ai bricolé un peu, beaucoup lu. C'était simplement faux.

Elle attend quoi comme réponse et que dois-je donc lui dire ?
la formulation même de la question induit ma réponse.

Nous nous mentons constamment. Avec les formes, certes, mais quand même...

Il est prévu qu'elle et monsieur 2 partent pendant le pont du 14/07. Et là, je ne me fait pas d'illusion, 4 jours dans une chambre d'hôtel unique (en fait j'en sais rien) il va se passer des choses. Forcément. Du moins j'imagine, peut-être à tord.

Je dois lui dire que ça me mine ? que je n'arrive pas à dépasser le côté sexuel ? Que tout ira bien ?

Dois-je provoquer en elle de la culpabilité ? lui gâcher son WE ? Prendre sur moi lui faire la bise et lui filer une boite de préservatifs (sans latex) ?

Je n'ai pas toutes les réponses. J'ai (nous avons) encore du boulot je crois.

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Geraaldine (invité)

le lundi 04 juillet 2022 à 11h59

Je pense qu'il faut dire les choses tout en évitant d'impliquer l'autre directement.
Pour le coup de déménagement, elle a posé son envie d'aller déménager sur un jour ou deux. Une réponse adaptée à mon sens, lui dire que ça n'allait pas être facile pour toi.
J'espère que tu auras saisi le sens de ma réponse.
Il est difficile de communiquer, entendre de son autre que la situation que j'ai choisi le fait souffrir n'est pas agréable. Mais avouer ses peurs permet justement d'en parler et de travailler sur ce sujet.

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Caoline

le lundi 04 juillet 2022 à 13h02

Pour la semaine passée je dirais que les responsabilités sont plutôt partagées si tu avais exprimé le contraire de ton ressenti.

Dire ce que l'on ressent et dire à l'autre ce qu'il ou elle doit faire ce n'est pas du tout la même chose.
Donc dire que tu n'as pas du tout envie, ce que tu ressens oui, dire "je ne veux pas" non.
Et dire le contraire de ce que l'on pense ou ressent, c'est pire je pense, ça ne peut pas tenir la route.

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GeorgyPorgy

le lundi 04 juillet 2022 à 13h14

Bonjour @Donald,

Tes questionnements me parlent beaucoup, et ce sont des interrogations qui m'habitent beaucoup depuis le début de mon "histoire" avec le polyamour.

C'est très perturbant de se heurter à ses ambivalences : faut-il dire? pas dire? dire seulement ceci ou cela?

Exprimer tes ressentis, les trucs qui te font flipper, ce qui te convient / ne te convient pas, surtout dans ta situation est je pense indispensable. T'auto-censurer en considérant que ça va générer de la culpabilité en face ne fera que perpétuer une situation qui te fait souffrir. Tu ne peux pas préjuger de la réaction de ta femme, face à cela. Mais au moins elle aura les éléments en sa possession pour évaluer en conscience ce qu'elle en fera, si elle ajuste son comportement à ce que tu as exprimé. Ce sera de sa responsabilité. Ca ne veut pas dire que tu lui enlèves de l'autonomie.

De mon côté, sans avoir été capable à me rendre à des conclusions tranchées, je me suis convaincu qu'arriver à "dépasser" ma manière de communiquer sur des sujets compliqués était la bonne approche.

Mais force est de constater qu'on est pas tous équipés de la même façon pour se frotter à des changements pareils.
Je m'explique.

J'ai grandi dans une famille avec quasiment zéro communication émotionnelle. C'était vrai pour mes parents (chose que j'ai toujours pris pour de la pudeur, mais en grandissant je me suis rendu compte que beaucoup plus de choses se jouaient là dedans - faudra que je pose un fil là dessus d'ailleurs à l'occase). Et ça s'est transmis aux enfants - fatalement. On ne sait tout bonnement pas se parler de nos émotions, de nos attentes respectives, ou alors quand on le fait on est super maladroits, le peu de fois où c'est arrivé ça m'a donné l'impression qu'on se trouvait un peu comme des cons avec un bordel sur les bras dont on ne savait que faire... On a plutôt tendance à se focaliser sur les "bonnes" choses (souvenirs, plaisanteries) quand on se retrouve en famille. Et pourtant, comme tous, on aurait notre lot de trucs à démêler si on était plus "compétents" et qu'on acceptait de les sortir du placard. Mais les années passent, et ça ne bouge pas.

Je travaille encore beaucoup dessus. Tout ça n'est pas encore limpide pour moi, mais je pense que j'ai développé au fil des années des mécanismes d'évitement dans à la fois ma communication envers les autres ET aussi la communication envers "moi-même" (dans le sens relation à soi-même, écoute & respect de mes émotions). C'est lié à cette histoire qui est la mienne, à quel profil d'attachement je me suis rattaché en grandissant.

C'est l'entrée dans ces questions d'amours plurielles qui m'a permis d'évoluer sur ces aspects.

C'est un travail de dingue, mentalement épuisant à mon goût, de parvenir à être au plus juste là dessus.

Je me suis depuis toujours affiché comme très "flexible" quand il s'agissait de donner mon avis sur une décision. Genre "c'est okay pour moi si c'est ce que tu préfères". Mon côté raisonnable, je veux te faire plaisir, je suis un bon petit qui va pas faire de vagues, pas provoquer de tracas. Y compris dans ma relation de couple. Le souci avec ça, c'est qu'en apparence, ça satisfait tout le monde MAIS qu'en fait ça a 2 effets pervers :

- Ca habitue les autres avec qui je suis en relation avec ce type de réponses neutres & diplomates. C'est bien pratique quand même. Et puis, quand on change, qu'on évolue un peu là dessus, qu'on affirme plus qui l'on est, ce que l'on veut / ne veux pas... Ben ça n'est pas compris, pas entendu, c'est pris pour une lubbie. Ca fonde presque la relation si on y réflechit : chaque protagoniste a pris un rôle historiquement, je suis ce personnage là & tu es ce personnage ci dans notre pièce - ça fout le bordel si je change de costume à un moment donné.

- Dans le cadre de sujets plus profonds, ca m'empêche d'être à l'écoute des mes attentes réelles, ça m'entraine à prendre sur moi, et ça m'empêche de me sentir "entendu" (normal car je NE dis PAS). Mais au fond, au delà du mental que je peux arriver à contrôler, dans les tripes, ca créée une colère sourde, une frustration qui reste bien tapie, enfouie cachée...
Mais dire ce que l'on ressent soi-même, ce que l'on voudrait, souhaiterait au final, même si c'est parfois inconfortable, source de conflit etc. c'est ce qui donne une place dans une relation en particulier. C'est se respecter & respecter les autres.

Ne pas dire, c'est poursuivre (dans mon cas en tout cas) le jeu des projections, des intuitions forcément (au mieux) approximatives, (au pire) totalement à côté de la plaque.

J'ai dit la vérité à ma compagne, j'ai dit aussi la vérité à la personne dont je suis tombé amoureux. Ce que ça a provoqué n'est pas conforme à l'idéal (euphémisme). Mais au moins, j'ai le sentiment d'avoir été entendu - et ça, je me rends compte que c'est nouveau comme sentiment pour moi.

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bonheur

le lundi 04 juillet 2022 à 14h31

La communication amoureuse. Je crois que dans un premier temps, il ne pas penser que l'autre devine ou lit dans nos pensées. Et puis, dans la communication, il y a ce que l'on exprime et la façon dont autrui reçoit le message et l'interprète. Et puis, entre ce que l'on pense exprimer et la réalité de nos mots, il y a un décalage. Autrement dit, la communication parfaite, n'existe pas.

Après, il y a l'expression de faits et là encore l'interprétation s'initie dans le raisonnement intellectuel. @Donald, je ne pense pas que ta femme pense mal faire. Elle fait ainsi car elle a l'habitude de l'indépendance (si j'ai bien compris). Peut-être que pour elle entre deux jours et une semaine... ça ne change pas grand chose. Et si tu étais ok pour deux jours, quelques jours de plus... Elle n'a pas ce réflexe de se préoccuper du temps qui lui a paru sans doute rapide alors qu'il t'a paru interminable. Nous n'avons pas tous les mêmes nuances temporelles. J'avais un amoureux, à une époque, qui était grrr ! Il disparaissait et réapparaissait à sa guise. Entre temps, il dit qu'il était très occupé et qu'il pensait à moi. Bon ok, sauf que sans m'envoyer un message pour me dire "je pense à toi", ben... Le silence est salvateur parfois, sauf quand il se transforme pour autrui en un gigantesque vide. Et bien, en communication, il ne faut pas reprocher le silence, il faut exprimer le vide ressenti et ses méfaits.

Concrètement, c'est beaucoup une question de vocabulaire aussi. On exprime son ressenti, sans supposer celui des autres. Et puis, se dire que si l'autre va partir, et bien ce sera clair tôt ou tard. Sinon, rester avec quelqu'un juste pour rester, perso je trouve que c'est du masochisme.

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GeorgyPorgy

le lundi 04 juillet 2022 à 14h37

Je dis pas que ça marche à tous les coups, mais il existe des exercices pratiques pour dépasser un peu les automatismes de communication qu'on a pu développer au fil des années. Ca vaut le coup d'essayer si tout le monde est d'accord...

Il y en a un qui m'a paru pertinent dans ce sens, c'est la "l'écoute mirroir".
Ca peut paraitre un peu artificiel par rapport à nos conversations traditionnelles, mais ça a ses vertus je pense.

Il faut :

- choisir un sujet en particulier à aborder ensemble (un truc dont j'ai besoin de parler)
- se sentir disponible pour écouter
- un émetteur : c'est elle / lui qui va aborder le sujet, parler de ce qui est ressenti de son côté
- un récepteur : celui / celle qui écoute

L'émetteur va parler (seul.e) et le récepteur va écouter. L'émetteur devra formuler sous forme de : "Quand il se passe ça... j'ai le sentiment de (émotion)...", "dans mon corps, je ressens que...", "j'ai ressenti ça quand..." etc. L'autre ne doit pas réagir, il / elle regarde, peut toucher, tenir la main mais ne doit pas renvoyer ses propres perceptions. Le but est de se placer en observation du monde de l'autre.

Ensuite, le récepteur va pouvoir basculer en émetteur mais sans contre-argumenter. Plutôt en réagissant sur sa compréhension de ce qu'il / elle a entendu, écouté, presque en reformulation: "si j'ai bien compris, tu ressens cela .... quand....", ou encore "ce qui m'a touché dans ce que j'ai entendu...".

L'autre est à ce moment là en miroir à son tour.

Le but est vraiment de créer un terrain & des règles du jeu propices à éviter l'utilisation d'arguments / contre-arguments, les projections, les réactions en "direct" qui jouent & ont pour effet soit qu'on s'auto-censure (on anticipe les réactions de l'autre) soit qu'on parte dans une spirale du conflit.

Ca parait tout con présenté comme ça, mais c'est vraiment pas évident.

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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(compte clôturé)

le lundi 04 juillet 2022 à 15h53

@Geraaldine et @Caoline, j'ai bien compris ce que vous avez écrit. Je vois la nuance entre parler de ses ressentis sans accuser l'autre d'en être responsable tout en étant sincère et vous rejoignez @GeorgyPorgy :

"Ca habitue les autres avec qui je suis en relation avec ce type de réponses neutres & diplomates. C'est bien pratique quand même. Et puis, quand on change, qu'on évolue un peu là dessus, qu'on affirme plus qui l'on est, ce que l'on veut / ne veux pas... Ben ça n'est pas compris, pas entendu, c'est pris pour une lubbie. Ca fonde presque la relation si on y réflechit : chaque protagoniste a pris un rôle historiquement, je suis ce personnage là & tu es ce personnage ci dans notre pièce - ça fout le bordel si je change de costume à un moment donné."

C'est tout à fait ça. Donc dire les choses, oui, celles qui sont vrais, mais je vois toujours un peu de manipulation (inconsciente sans doute) dans ses questions finalement. je dois répondre "correctement" à la question posée. On s'attend à une réponse, pas à une autre. Vous voyez ce que je veux dire ? Et j'ai peur de sa réaction car @bonheur, oui ma femme est très très indépendante, et oui, je la connais, elle n'est absolument pas consciente de ce qu'elle fait. Sa réaction hier au soir en est la preuve, elle était totalement effondrée à l'idée de m'avoir blessé.
Quand elle décide de partir en vacances sans moi par exemple, elle me l'annonce et elle part...C'est arrivé un paquet de fois. Elle repart avec une amie en Septembre. J'en ai l'habitude maintenant. Ou quand le dimanche elle m'envoie un message à 11h30 : "Je ne mange pas à la maison bon appêtit" Avant cela me faisait drôle, maintenant je me dis "youpi, je vais me faire des frites ! " Ma femme a une vie sociale riche, café, spectacles, concerts, clubs, cinoche, théatre... Heureusement qu'elle a un abonnement SNCF...

Bref, je referme la parenthèse.

@GeorgyPorgy, je pourrais rebondir sur l'ensemble de ton post. Visiblement nous avons hérité de la même famille. C'est un poids.

Merci pour vos réponses. je ne suis pas très prolixe à l'écrit, l'oralité me sied mieux. Je me régale avec ma psy. je vais donc vous relire avec attention. J'aime prendre mon temps. Je vais sans doute demander à ma femme de lire ce sujet car vos réponses sont riches. Elle me dira non, j'insisterais un peu. Elle est têtue. Très.

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Profil

GeorgyPorgy

le lundi 04 juillet 2022 à 16h48

@Donald

Je comprends la nuance que tu fais entre exprimer clairement ton ressenti et la manière dont on te pose la question.

Mais es-tu absolument certain que ca n'est une projection que tu fait? Peut etre qu'elle ne reflechit pas vraiment a la maniere dont elle pose la question? Que ca sort naturellement de cette façon...

Dans tous les cas, cette partie tu peux pas vraiment la controler.

Le mieux est-ce que ca ne serait pas de continuer a exprimer ton ressenti de la maniere la plus authentique possible, en s'efforçant de ne pas tenir compte de ce que tu induit être une question orientant ta propre réponse?

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(compte clôturé)

le lundi 04 juillet 2022 à 17h37

@GeorgyPorgy. Il est possible effectivement que mon hypersensibilité me mette en mode "alarme" sans justification, à l'affût de la moindre inflexion de voix, d'un silence un poil trop long, d'un mot involontairement mal choisi.

Oui, c'est possible.

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