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D'un point de vue polyamoureux: différence entre 'aimer' et 'être amoureux'

Bases
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astrogirl

le vendredi 17 octobre 2014 à 11h56

Cher-e-s polyamoureux/ses,

Cela fait un moment que je médite sur cetre question.
La différence entre 'aimer' quelqu'un et 'être amoureux', du point de vue lutin.

D'une perspective monogame, j'entendais 'être amoureux' comme un état transitoire qui vise à la formation d'un projet commun, en général le couple. C'est un etat irrationnel, aveugle et euphorique. Etre amoureux veut dire vouloir incessamment être avec l'autre personne, vouloir absolument construire quelque chose ensemble, vouloir et être prêt à changer sa vie pour construire ce projet commun.
'Aimer' intervient lorsque ce processus reussit et prend fin. Et alors, le rationnel entre en jeu.
Pour résumer, 'être amoureux' se termine lorsque le processus de découverte s'achève.

Par contre, dès lors qu'on se met dans le polyamour, on ne pense plus nécessairement au couple comme objectif (je me rappelle d'une discussion très interessante sur ce forum intitulée 'le couple, c'est quoi?' Et qui m'avait beaucoup aidée). Et même, on ne pense plus nécessairement à 'construire' des choses ensemble, mais plutôt, disons, à 'vivre' des choses ensemble.
Construire quelque chose veut dire a) avoir assez d'espace dans sa vie pour pouvoir construire b) être prêt à détruire pour reconstruire. Par contre, si on veut 'vivre', on a simplement besoin de liberté (flexibilité, temps).

Je sais bien que donner un nom, mettre une etiquette aux sentiments est secondaire. Mais je me sens perdue. J'ai besoin de mettre de l'ordre dans mes sentiments, de les observer tels qu'ils sont, les comprendre et les gérer.

Bref, comment entendez vous ces deux notions?

Si une personne vous dit : je suis amoureux de toi, mais cela ne change rien dans ma vie. Voyez-vous une contradiction? Ou non? Je veux dire, si la personne ne veut absolument rien changer dans sa vie, n'est ce pas condamner cet amour d'emblée, en faire un amour mort/né.. Comme si on disait a un oiseau 'vole', mais après lui avoir coupé les ailes..?

Beaucoup de questions, oui.
Merci de m'éclairer :)

A bientôt!!

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Tcheloviekskinoapparatom

le vendredi 17 octobre 2014 à 12h36

Des questions bien intéressantes en tous cas. J'ai un peu de mal à saisir ce que tu entends là :


Construire quelque chose veut dire a) avoir assez d'espace dans sa vie pour pouvoir construire b) être prêt à détruire pour reconstruire. Par contre, si on veut 'vivre', on a simplement besoin de liberté (flexibilité, temps).

S'assurer d'avoir de la flexibilité et du temps ce n'est donc pas "construire" pour toi ? Parles-tu de projets de vie (enfants, maison) ou simplement de projets en général (voyages... mais un simple rendez-vous n'est-il pas déjà un projet ?). Ou bien parles-tu de la construction de la relation, de la construction de la communication entre partenaires, de la confiance ?


Si une personne vous dit : je suis amoureux de toi, mais cela ne change rien dans ma vie. Voyez-vous une contradiction ?

Perso je vois une contradiction - mais il faut peut-être préciser ce que signifie "cela ne change rien dans ma vie".

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astrogirl

le vendredi 17 octobre 2014 à 13h06

Salut Tcheloviekskinoapparatom (difficile d'écrire ton pseudo quand même.. J'ai dû copier/coller..)

Merci de me répondre et ravie que cela soit intéressant :)

Pardon, cette phrase que tu as citée est en effet confuse. Ce que je veux dire,

Que ce soit 'construire' ou 'vivre' (la seule différence entre ces deux notions à mon sens, c'est un degré d'engagement différent, mais un engagement quand même), il est necessaire de disposer, dans sa vie, de suffisant d''espace'. Par espace j'entends : liberté, flexibilité, temps, énergie. Mais lorsqu'on dit à son/sa chéri-e 'je t'aime mais cela ne change rien dans ma vie', cela ne veut pas dire aussi, d'une certaine manière: 'je n'ai pas d'espace à te consacrer'? et donc, du coup, condamner cet amour, le tuer dans l'oeuf?
Et donc, comment est-ce possible que cela soit de l'amour?

astrogirl
"Cela ne change en rien ma vie"

Veut dire: tu resteras dans le secret. Je n'assumerai pas cet amour. Et aussi: je ne ferais aucun effort pour me rapprocher géographiquement de toi.

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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Tcheloviekskinoapparatom

le vendredi 17 octobre 2014 à 14h51

Il y a un principe fort sage qui se transmet parmi les polyamoureux : ne pas commencer une relation si on n'a pas d'espace pour (par exemple parce qu'on a déjà une vie sentimentale qui prend trop de temps, mais il y a bien sûr d'autres raisons possible).


Mais lorsqu'on dit à son/sa chéri-e 'je t'aime mais cela ne change rien dans ma vie', cela ne veut pas dire aussi, d'une certaine manière : 'je n'ai pas d'espace à te consacrer' ?

Je remarque que tu es passée de "je suis amoureux" à "je t'aime" :-) Or, tu pointais justement une différence, et je pense que ça fait sens. On peut aimer des tas de gens sans que ça prête à conséquence et le leur dire - de ce point de vue je suis la jurisprudence Solange.

Quant à savoir ce qu'une personne spécifique personne veut dire si elle dit ça, le mieux est toujours... de le lui demander.


Veut dire : tu resteras dans le secret. Je n'assumerai pas cet amour. Et aussi : je ne ferais aucun effort pour me rapprocher géographiquement de toi.

Ah ! Là tout d'un coup je me sens assez concerné par cette situation ! J'ai exactement ce cas dans ma vie en ce moment. Enfin exactement... rien n'est jamais exact.

La question du coup c'est : que faites-vous au juste ? Rien et il a juste dit ça une fois ? Vous communiquez souvent ? Vous vous voyez ? Et la question qui suit c'est : es-tu prête à te contenter de ça ?

A mon sens l'important n'est pas de comprendre l'autre si il/elle dit qu'il/elle est amoureux/se et qu'on trouve que son comportement ne colle pas : on a tous des bizarreries, des contradictions, des modes de fonctionnement particuliers.

L'important est de connaître et d'accepter les limites d'une interaction avec quelqu'un. Ne pas se laisser manipuler que ce soit de manière volontaire ou involontaire. Connaître ses limites à soi et les faire connaître. Mais tout ça dans l'idée de chercher à préserver les belles choses qui peuvent l'être.

Je peux t'en dire plus sur ma propre situation en MP si ça t'intéresse.

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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astrogirl

le vendredi 17 octobre 2014 à 18h06

Encore une fois, tu as tout à fait raison Tchelov (je me permets d'abréger ce pseudo :)

Je voulais dire 'je suis amoureux de toi, mais cela ne change en rien la situation'
Par situation, j'entends clandestinité et eloignement géographique.

Merci pour le lien de Solange. J'ai beaucoup 'aimé'.. Et c'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre.
Elle a tout à fait raison, on se construit des schémas, des attentes et on se complique l'existence, rien que pour ces 3 (jolis) mots.

Mais quand même, j'aimerais toujours savoir, pour vous, chers lutins et lutines, est-ce que être amoureux de quelqu'un implique des conséquences ou pas nécessairement?
Je trouve sinon ce principe que tu mentionnes bien sage, en effet. Même si l'amour est illimité, le temps et l'énergie, eux, le sont. C'est important d'en etre conscient.

Il n'a pas dit cela textuellement, mais telle est la situation. Mais, ce que je cherche à comprendre, ce n'est pas une chose qu'il a dit, mais ce que je ressens moi. Et voir comment gérer cet amour de mon côté.

Sinon, pour répondre à tes questions:
- on communique énormément. Surtout par email (on s'ecrit des lettres fleuves qui peuvent aller jusqu'à 20000 signes, accompagnés de chansons et d'articles à partager, poèmes, extraits de livres... Les sujets se rétroalimentent. On a tellement de choses à se dire qu'on a toujours l'impression, que quel que soit le média, qu'on n'aura jamais le temps de finir, et que les sujets ne prendront jamais fin. Ce qui est super, intellectuellement) en moyenne 2/3 fois par semaine, et messages (facebook) quasi quotidiennement.
Aussi, de temps en temps, il m'envoie des lettres, cartes postales, avec quelquefois un livre en cadeau (Mais je ne peux malheureusement rien lui envoyer par courrier. Je ne connais d'ailleurs ni son adresse, ni son numero de telephone portable. Ce qui me blesse, en fait, parce que je trouve que c'est peu me connaitre que penser que je pourrais lui faire du mal par ces canaux. S'il savait, je préfèrerais me faire du mal à moi que de lui faire du mal.. Mais evidemment, je me retiens de lui dire cela..)

De temps en temps, je lui parle en tchat sur skype et, plus rarement, on fait une communication video.

Perso j'ai toujours fui les relations à distance, et du coup, fui tous les modes de communication virtuels. Je trouve qu'ils créent une illusion de la réalité, une illusion d'avoir cette personne à nos côtés alors qu'elle est à 10000 lieues de là et qu'on n'a qu'une simple image derrière un écran. En plus de générer une dépendance, cela est frustrant et toxique pour notre vie réelle. On finit par passer plus de temps dans une illusion, derrière un écran.

En fait, avec le polyamour, des relations qui, selon une perspective monogame auraient été trop frustrantes (à distance, ou clandestine de son côté) me sont apparues comme possible, ou, disons, moins impossibles :) parce que le manque, l'absence seraient justement compensés par la présence d'autres amours.
Et voilà que, à peine ce mode de vie assumé, je me retrouve avec le jackpot: 2 en 1 : distance et adultère. :-)

Pour se voir:
On se voit très rarement, malheureusement. Comme c'est une relation clandestine et à distance, on se voit quand il peut voyager près de moi et passer me voir. Ce qui est assez aléatoire. L'année dernière on s'est vu 3 fois, au total 15 jours.
En fait j'ai décidé, de mon côté que, comme c'est une relation clandestine et tant qu'elle le restera, je n'investirai pas là-dessus. C'est à dire qu'il est le bienvenu à me rendre visite. Mais je ne voyagerai pas spécialement pour lui (sauf si c'est vraiment à côté).
Je considère que cette relation a une épée de damoclès suspendue au dessus, et que le jour où sa compagne va découvrir la vérité, elle se brisera.

Du coup, j'ai décidé
- de la vivre quand même, mais sans y miser de mon côté.
- faire tout ce qui est en mon possible pour préserver, protéger, notre connection intellectuelle qu'on alimente par correspondance. Je ne voudrais pas la perdre. Et même, je serais prête à sacrifier les rencontres, arrêtrer de nous voir si besoin est (on se voit si rarement de toute façon). Ma décision de ne pas mettre du mien pour nous voir vient de là.

Si je suis prête à me contenter de cela:
J'aimerais préserver les belles choses, comme tu dis Tchelov, et réduire au minimum les souffrances/frustrations.
En deux mots: j'accepte la réalité et je fais avec. Mais mon dilemne est 'je fais quoi avec?'

Accepter la réalité:
Je crois en la formule: 'donner selon ses possibilités, prendre en fonction de ses besoins'. Donc, ne pas demander à mon amoureux plus ce qu'il ne peut m'offrir. En mode monogame, cela aurait été impossible pour moi, evidemment. Mais dans un schéma polyamoureux, d'autres relations equilibreraient, compenseraient le manque occasionné par cette relation.

Faire quoi avec (hein?) :
Je tente d'y voir plus clair (en moi, pas dans la relation) et cherche à poser des limites, pour me protéger, à moi, et protéger les belles choses de cette relation et pouvoir les vivre sans trop souffrir.

Merci de me lire et de me répondre

Bises

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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Tcheloviekskinoapparatom

le vendredi 17 octobre 2014 à 19h58

Tu as l'air d'avoir déjà pris des décisions très sages ! Ne pas demander aux gens plus que ce qu'ils peuvent offrir, c'est tellement important.

Perso dans ma relation assez similaire j'ai eu des moments assez difficiles où je me posais ce genre de question "je fais quoi avec ?". Depuis notre dernière clarification sur les limites de ce qu'on pouvait faire ensemble, je ne me pose plus cette question : on fait ce qu'on fait, je n'ai pas autre chose à en faire. Ça m'allège l'esprit et ça me permet de vivre les autres aspects de ma vie tranquillement, comme elle m'y encourage d'ailleurs.

Mais il y a une autre question qui se pose : il y a une situation actuelle, et on peut arriver à l'accepter ou pas. Mais il y a aussi la possibilité que la situation évolue, non ? Y penses-tu ? En avez-vous parlé (ouverture de son couple par exemple) ?

Perso je sais qu'il y a des possibilités d'évolution de la situation, je suis donc amené à gérer un équilibre délicat entre l'acceptation de la situation actuelle, qui me satisfait en tant qu'acceptation, et un potentiel changement de situation qui modifierait les possibilités.... difficile de ne pas laisser libre cours à ses espérances !

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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astrogirl

le vendredi 17 octobre 2014 à 22h47

"on fait ce qu'on fait, je n'ai pas autre chose à en faire"

C'est excellent et cela m'inspire.

Quant à l'ouverture de son couple: evidemment que j'y pense. Mais cela fait 2 ans que j'espère, et toujours rien. Du coup je n'espère plus trop.

On en a parlé, oui, mais sans aborder la question de front. Ce n'est pas evident de lui dire 'et si tu ouvrais ton couple?' Je pense que cela devrais venir de lui. (Je lui ai quand même suggéré de lire Françoise Simpère et de lire la Salope Ethique'. Sauf qu'il est reticent.. Et déteste les ouvrages de 'self-help..)

Mais ce que j'ai compris, de nos nombreuses discussions sur le sujet, c'est qu'il craint de perdre sa compagne (de qui il est amoureux aussi, je précise, et avec qui il partage un enfant). Je dirais aussi qu'étant donné l'éloignement géographique et le fait qu'on se voit si peu, il devrait se dire 'à quoi bon risquer son couple?' 'Et à quoi bon risquer de me perdre aussi', vu que, comme il voyage beaucoup de par son travail, et c'est lors de quelques uns de ces voyage qu'il arrive à me voir, s'il parle de moi à sa compagne et qu'elle prend les choses mal (je doute qu'elle sautille de joie), cela aurait pour conséquence probablement une crise de son couple, une perte de confiance (justifiée, evidemment), et (ce que j'essaie d'éviter) une rupture totale de tout lien avec moi...
Le problème est que de son côté, il y a un mensonge qui dure depuis 3 ans au total, et duquel je voie difficilement une sortie.

Du coup, d'un côté je fais avec, de l'autre j'attends sans trop espérer non plus.

Et comme on se voit si rarement, le risque de se faire choper est moindre, tout comme l'est son sentiment de culpabilité.
Et c'est pour cela que j'ai décidé de laisser les choses ainsi, c'est-à-dire ne pas faire un effort pour aller le voir. Pour en fait, ne pas augmenter le risque de se faire choper.

Pas evident, tout cela. Mais je me suis promise, depuis le tout début, de ne prendre aucune decision à la hâte, de garder les choses en perspective, et de garder en tête surtout que le plus important pour moi, le plus beau de notre relation est cette connection intellectuelle que je ne voudrais pas perdre.

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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LuLutine

le samedi 18 octobre 2014 à 03h28

Tcheloviekskinoapparatom
L'important est de connaître et d'accepter les limites d'une interaction avec quelqu'un. [...] Connaître ses limites à soi et les faire connaître. Mais tout ça dans l'idée de chercher à préserver les belles choses qui peuvent l'être.

Je plussoie !

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astrogirl

le samedi 18 octobre 2014 à 12h00

En effet.. Très belle citation.
Accepter la réalité est primordial en effet.
Mais en même temps, on ne peut s'empêcher d'espérer une évolution de la situation.

Tchelov, tu peux me dire comment tu fais? (En MP si tu veux)

Sinon, 'aimer' v. 'être amoureux', ça ne parle à personne?

Au passage, j'aimerais dire que j'adore ce forum et l'intelligence de cette communauté. C'est un de ces rares espaces qui nous pousse à grandir. Merci!

Excellente jounée.

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ScottBuckley

le dimanche 19 octobre 2014 à 06h30

astrogirl
En effet.. Très belle citation.
Accepter la réalité est primordial en effet.
Mais en même temps, on ne peut s'empêcher d'espérer une évolution de la situation.

Tchelov, tu peux me dire comment tu fais ? (En MP si tu veux)

Sinon, 'aimer' v. 'être amoureux', ça ne parle à personne ?

Au passage, j'aimerais dire que j'adore ce forum et l'intelligence de cette communauté. C'est un de ces rares espaces qui nous pousse à grandir. Merci !

Excellente journée.

Bonjour Astrogirl,

- " accepter la réalité "... Pour ma part, il s'agirait plutôt d'observer la réalité d'abord, sans jugement, avec le recul nécessaire, y compris et surtout en dehors du cadre & des lunettes et routines habituelles,
... puis d'envisager les 10 ou 30 ou 1001 ou + manières d'approcher cette réalité pour la faire évoluer dans le sens qui correspond à mes valeurs, recherches, pratiques, défis, avec des sens et une direction éthiques,

> par des actes concrets qui trouvent leur place dans une vie quotidienne, dans des rencontres 'dans la vraie vie', dans un agenda de défis...
Pour mettre cela en mouvements, pour passer de ' l'espoir de changement ' (théorique) à > la mise en enthousiasme d'actions dans sa vie .

- Et en ce qui concerne ta question ' aimer Vs être amoureux ' :
Si si ça me parle ! Là je manque de temps pour y répondre davantage, mais si cela t'intéresse, on pourrait continuer cet échange par mess@ge perso (parfois + simple pour moi, comme des ' courriels en tête-à-tête ' ) et/ou ici sur le forum, avec plaisir.

D'autant plus que la philosophie de vie & les multiples belles pratiques assez inédites du polyamory (que j'expérimente depuis 2009) sont pour moi une révolution intérieure, et qu'en effet, cela a beaucoup beaucoup fait changer ma manière de relationner et de ' conjuguer ' le verbe ' aimer ' , vraiment !

A bientôt pour la suite, si le coeur t'en dit, & la plume aussi ?

* Oui tout à fait d'accord avec toi sur la richesse et l'intelligence de la communauté ouverte présente sur ce forum, pour se grandir soi et faire grandir notre cercle de personnes confidentes :-) & (+) !

Belles journées à toi également !

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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LuLutine

le dimanche 19 octobre 2014 à 15h47

"aimer" vs "être amoureux" : oui je fais une différence, pareil pas trop le temps de développer là...

Mais bon, comme j'ai retrouvé une discussion privée que j'ai eue il y a un peu plus d'un an, alors je vais copier ici ce qui me semble en rapport avec le sujet. :) (Donc ça va être long au final ;) )

Je ne sais pas si c'est un "point de vue lutin" ; c'est juste mon point de vue, disons plutôt ma façon de vivre et ressentir les choses...

LuLutine, juillet 2013
Même si une lecture assidue de toutes mes interventions sur le forum depuis 2009 devrait t'aider à cerner ma façon de voir et de vivre les choses, je vais essayer de te la résumer un peu, ça sera quand même plus simple pour toi !

D'autant plus qu'on évolue tout le temps, et que j'ai forcément évolué, même un peu, depuis 2009.

[...]

Je fais une différence entre "être amoureuse"/"tomber amoureuse" et "aimer" (je parlais même d'amour et d'Amour, d'aimer et d'Aimer à une époque, si tu regardes des posts de 2009 par exemple).

Je ne peux "aimer" - au sens "Aimer", avec la majuscule, même si aujourd'hui j'ai tendance à la laisser tomber au fur et à mesure que mes relations deviennent plus floues et moins catégorisées (dans ma tête en tout cas) - je ne peux "aimer" donc, que quelqu'un que je connais bien, avec qui j'ai passé beaucoup de temps, et partagé pas mal de choses, entre autres des choses un minimum personnelles / intimes. [...]

Autre "détail" : je n'ai jamais cessé d'Aimer quelqu'un que j'Aimais. Je ne fais pas de pari sur le futur, je ne dis pas que ça n'arrivera pas, mais jusqu'à maintenant, lorsque j'Aime quelqu'un, c'est "pour la vie" (du moins factuellement, ça se vérifie jusqu'à maintenant, mais comme je le disais je ne prétends pas que ce soit une certitude absolue pour l'avenir).

Aimer, c'est quelque chose d'assez absolu, inconditionnel. De profond aussi, ancré en moi. Ca fait partie de moi.

Donc, je perds un peu le fil, mais je crois qu'il me reste à définir ce que j'appelle "être amoureuse" ou "tomber amoureuse" (les deux expressions étant équivalentes). Tomber amoureuse peut m'amener à Aimer quelqu'un dans l'avenir, mais seulement une fois que je le connaîtrai bien. Au moment où je tombe amoureuse, je dirais que le sentiment se résume à peu près à :

- j'aime ta présence, elle m'est agréable,
- j'aime penser à toi, cela m'est agréable également,
- j'ai envie de passer du temps avec toi,
- j'ai envie de partager une intimité physique ET intellectuelle/psychologique,
- j'ai envie de "développer" notre relation (ce qui au final se résume dans les faits à passer du temps ensemble lorsqu'on le peut et veut tous les deux),
- euh j'en oublie sans doute mais je ne sais plus quoi ajouter pour le moment.

C'est un sentiment qui s'inscrit beaucoup dans le présent.

Il peut y avoir un côté passionnel, mais ce côté n'est pas nécessairement aussi obsessionnel ou destructeur que le terme "passion" peut parfois le faire penser (j'ai entendu une fois une personne dire que pour elle la passion c'était forcément celle qui était destructrice, telle que décrite dans la littérature, etc. - or je pense avoir vécu des passions, mais je n'ai jamais laissé aucune d'entre elles prendre le pouvoir sur moi au point de rentrer dans une spirale destructrice, du moins il ne me semble pas...jusqu'à preuve du contraire, je suis encore là !).

J'ai donc dit que je différenciais "Amour" et "être amoureuse". Je dois rajouter que je différencie aussi chacune de ces deux expressions d'avec le désir (je parle du désir physique). Je peux désirer quelqu'un sans me sentir amoureuse. Et inversement, même si c'est peut-être plus rare. Pareil pour Aimer. Et puis, le désir, c'est fluctuant...bref.

[...]

Schématiquement, je différencie donc :
- le désir physique,
- le sentiment amoureux/la passion,
- l'Amour.

(Aujourd'hui je trouve ma majuscule un peu "prétentieuse" si je puis dire, mais ça permet d'appuyer la différence.)

Bien entendu ces trois ressentis ne s'excluent pas nécessairement l'un l'autre. On peut avoir désir + passion, désir + amour, amour + passion, amour + désir + passion, ou pourquoi pas un seul des trois...

J'ajouterais que pour moi désir et passion sont fluctuants, l'amour est beaucoup plus stable (comme je le disais, lorsque je l'ai ressenti pour quelqu'un, il n'a jamais cessé : j'aime toujours aujourd'hui les personnes que j'ai aimées un jour).

Après, ça reste finalement des distinctions encore assez grossières par rapport à la réalité des sentiments humains. J'avais un peu discuté de cette question avec J, qui m'avait parlé de quatre dimensions de l'amour évoquées par les grecs : eros, agape, philia, storge.

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Siestacorta

le lundi 20 octobre 2014 à 16h50

Salut !

astrogirl

dès lors qu'on se met dans le polyamour, on ne pense plus nécessairement au couple comme objectif (...). Et même, on ne pense plus nécessairement à 'construire' des choses ensemble, mais plutôt, disons, à 'vivre' des choses

Je suis pas certain que le polyamour exclue la construction.

Tu dis quelques messages plus loin

astrogirl
Je considère que cette relation a une épée de damoclès suspendue au dessus, et que le jour où sa compagne va découvrir la vérité, elle se brisera.

J'en conclue que toi, tu es poly, mais que la situation où tu es n'est pas une situation de polyamour pour les deux autres personnes.
J'insiste sur ce point, je m'excuse d'avance si c'est un peu rude, mais tes questions et ta situation doivent se recouper, ça me ferait bizarre de rien en dire.
Cette asymétrie dans vos pratique amoureuse fausse énormément tout ce que vous pouvez porter comme projets de construction, autant sur les moyens à mettre au présent (on ne peut pas construire si on refuse de partager temps et espace, comme tu le dis ) que sur les perspectives, les choix que vous pouvez faire ensemble (tu n'as pas eu voix au chapitre).
Bref, quand la personne te dit "je suis amoureux de toi, mais cela ne change rien dans ma vie", dans son cas précis, ce qui la contraint (et toi avec)dans sa façon d'aimer, c'est pas le polyamour ou la qualité du sentiment (amoureux ou aimant), c'est l'adultère.

Maintenant, qu'est-ce qu'on peut construire en polyamour, si on est dans la situation où tout le monde a assumé l'existence des autres ?

Ma première réponse fera écho à ce que tu dis : il y a, pour certains, dans un certain nombre de situations, une partie de la vie polyamoureuse où on ne vit pas en terme de but, de constructions, mais de moments amoureux.
Que ce soit parce qu'on est une personne qui ne souhaite par monter très haut sur l'escalator relationnel, ou parce que la relation elle-même est définie comme secondaire par les personnes concernée (pas superflue, éjectable ou dispensable... non : secondaire, c'est juste qu'il y en a une première qui de fait prend plus de temps et d'espace, le polyamour c'est aussi dire que dans la relation, représenter "plus" et "tout" c'est différent).

Mais évidemment, ces modes de relation ne représentent que certaines possibilités. C'est déjà beaucoup de les avoir, mais on peut bien sûr parler d'amour avec un temps long en tête.

Quand je partage la relation principale, il y a une transformation de la relation traditionnelle et de son "encouplement", pour se donner la marge correspondant à nos capacités de multiplicité amoureuse. Mais il n'y a pas beaucoup plus d'obstacles concrets ou théoriques pour aimer et construire que dans une relation exclusive. Ca dépend des rencontres. C'est souvent plus complexe que dans les histoires de monsieur et madame Toulemonde, mais c'est la complexité ou/et le confort affectif qui nous va, alors on fait le travail et les compromis quand même.

Quand je ne ne partage pas la relation racine, fondatrice d'un mode de vie (le mien ou celui de mon amant), ce qu'on peut construire ensemble a
- des limites à court terme. On peut parler de projets communs (soirées, w-e, vacances)
- un cadre nouveau de moyen terme : on peut se faciliter la vie, prévoir d'habiter plus près, ou de se donner les moyens d'une régularité (s'organiser pour l'autre, c'est s'engager aussi).
- un autre type de long terme : on se dit " ma vie avec toi c'est ça, et je veux que ça demeure, donc on fait des projets où on se promet qu'on compte pas éjecter l'autre, on peut effectivement rentrer sur un fonctionnement "familial" avec le partenaire et ses partenaires (vacances communes, réflexion commune sur l'emménagement, tâches ménagères échangées ou partagées...)

Ya aussi l'option "on vit tous ensemble parce qu'on s'aime", mais disons que le vivre ensemble à plus de deux est un gros pari, que je ne vendrais pas sans être sûr que les personnes savent être rassurantes, bienveillantes, patientes, capables de se faire oublier et de fiche la paix aux cohabitants... Que les gens "se trouvent". Et pour moi, les gens qui pensent s'être trouvés l'un l'autre dans les relations avec un "objectif couple" ont souvent pas fait le boulot sur soi et sur la compréhension des autres que ça demande.

Or, justement, une fois passés
- la première période romantico-hormonale
- le changement autoréalisateur : on s'engage parce qu'on a un sentiment fort et la peuve, on s'engage !
aimer c'est justement continuer à vivre son sentiment d'attachement malgré et avec les contraintes matérielles. Est-ce que l'autre en est capable, en général, et qu'est-ce qui en moi m'assure que ça va être agréable pour lui de le faire vivre pour moi en particulier.
C'est là où on parle de pratiques et de rapports, sans que le sentiment suffise à les rendre bons, épanouissants, constructibles...
Oui, je crois qu'en polyamour on peut très bien faire ça, chacun à sa manière, dans chaque relation d'une façon un peu différente.
Polyaimer, c'est pas du tout incompatible avec vivre dans un temps long et pas juste dans le moment, mais ça demande un travail plus gros. Il faut se sentir capable de ça, et c'est là que le principal argument de l'amour monogame n'est pas du tout romantique, mais pratique : pas penser à ce qu'on fait avec des autres amoureux, c'est quand même plus simple au quotidien. Moins de questions, de changements autres qu'intérieurs, une promesse qui trace bien proprement les limites des changements amoureux... c'est irréaliste (on change quand même amoureusement), mais au moins, on sait quand le changement est pas désiré (puisqu'on la dit au début : on reste entre nous et on ne donnera jamais de droits durables à d'autres amants sur notre situation).

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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Siestacorta

le lundi 20 octobre 2014 à 17h39

(il y a un mélange, dans mon intervention, de ce que chacun pourrait expliquer pour parler de polyamour et de ma conception personnelle des sentiments et des relations, c'est à dire que tout ça est juste mon écho, pas un truc indiscutable et monolithique)

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bouquetfleuri

le lundi 20 octobre 2014 à 19h36

LuLutine
Je ne sais pas si c'est un "point de vue lutin" ; c'est juste mon point de vue, disons plutôt ma façon de vivre et ressentir les choses

Siestacorta
c'est à dire que tout ça est juste mon écho, pas un truc indiscutable et monolithique

vous dites bien ce que j'avais envie de préciser en marge de ce beau sujet.
Il n'y a pas de point de vue polyamoureux, il peut y avoir plusieurs points de vue de différentes personnes qui peuvent se dire ou se reconnaître polyamoureuse, mais la diversité parfois très nuancée des expressions indique bien qu'il n'y a pas un point de vue polyamoureux, et heureusement pour la vitalité de notre réflexion

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(compte clôturé)

le lundi 20 octobre 2014 à 20h27

Je rebondis sur ce que Siesta a écrit : pour moi il est en effet tout à fait possible de construire quelque chose avec un second partenaire tout en étant polyamoureux, marié et en vivant avec son conjoint.

Et c'est tout comme Siesta l'a décrit : projets de weekends, vacances, sorties, soirées ensemble, s'organiser l'un pour l'autre, se dire qu'on a envie que cette histoire dure longtemps, prendre l'autre en compte quand on décide des choses pour soi qui l'impacteront, etc.

En fait les éventuelles limitations ne sont pas, à mes yeux, liées au polyamour mais à ce que chaque partenaire a envie de faire de la relation et comment il/elle veut la vivre avec l'autre. Et ça c'est le cas de toutes les relations, exclusives ou pas.

Message modifié par son auteur il y a 9 ans.

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