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Discussion : Troublé et un peu perdu

GeorgyPorgy
le jeudi 14 juillet 2022 à 16h04
C'est pas de l'angelisme, juste un petit conseil additionnel. Pour avoir lu le bouquin, j'ai fais le rapprochement entre certains témoignag'e s'y trouvant et ce que raconte @ChicType.
Je ne dis pas que ca ca résoudre le problème de fond. Je dis juste que c'est une ressource parmi d'autres pour prendre un peu de distance, se donner quelques clés pas forcément intuitives qui permettent de désamorcer les réactions "épidermiques" que ces situations peuvent generer.
Ca fonctionne pour certains, et pas avec d'autres (cf la personne qui partage ma vie...)
Mais @Donald a raison, percer l'abcès je pense est nécessaire pour au moins te donner de l'air @ChicType. Tu peux pas garder ça en toi si ça te ronge.
Donald
Et donc, tu vas faire quoi concrètement ? À part te plaindre je veux dire... Tu te rends compte de la violence de tes ressentis? T'es naïf au point de t'imaginer qu'en lisant deux trois bouquins tu vas pouvoir chanter alléluia ? Tu penses redescendre sur terre? Bon, je m'arrete là, j'ai l'impression d'être sur une autre planète. Vraiment pas les mêmes valeurs, désolé et bon courage.
Message modifié par son auteur il y a une heure.
Discussion : Troublé et un peu perdu

GeorgyPorgy
le jeudi 14 juillet 2022 à 11h26
@ChicType j'ai me suis fait la même réflexion que @Siestacorta mais j'ai pas osé réagir là dessus, me disant que c'etait peut etre pas le moment...
Sur ces questions, j'avais lu le bouquin d'Esther Perel "Intelligence Erotique" qui donne pas mal de clés je trouve - ca permet de dépasser certains trucs évidents pour comprendre un peu mieux ce qui peut se jouer dans la sexualité
Discussion : Histoire familiale & représentations

GeorgyPorgy
le mardi 12 juillet 2022 à 15h57
@bonheur : dans ta citation, je trouve qu'on est dans le "vrai" mensonge, en conscience. Ce que j'essayais de décrire est plus fin, plus rentré, presque comme une attitude inconsciente, apprise où l'on va s'auto-censurer pour ne pas faire souffrir.
En gros, on n'a pas cette "culture" de la communication émotionnelle & ça se transmet de génération en génération.
Et même sur la phrase que tu cites, je pense qu'il y aurait matière à débat... Dans la construction que recoivent & suivent les garçons, je pense qu'il y a cette dimension qui dit que, à partir du moment où on a un engagement un peu solide, la seule manière de vivre "autre chose", c'est dans l'adultère. Ca fait presque partie du "référentiel" inconscient (?)
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Histoire familiale & représentations

GeorgyPorgy
le mardi 12 juillet 2022 à 13h33
Peut-être le constat que tu fais sur ta dernière réponse @bonheur ne se limite pas uniquement aux enfants ("les préserver de nous même, au lieu de leur faire profiter de notre vécu"). J'ai de plus en plus l'intuition que c'est beaucoup vrai également dans les relations entre adultes, notamments sur le plan sentimental.
En tout cas, je pense que c'est ce que j'ai pu faire, intuitivement, sans vraiment y réflechir, jusqu'à il y a peu. Avec mon regard d'aujourd'hui (qui du coup, a pas mal déconstruit), je trouve que j'ai intuitivement tendance à masquer mes propres émotions pour ne pas heurter celles de la personne en face. Ne pas faire de vague, prendre sur soi, préserver l'autre. Comme une forme d'évitement. Presque un reflexe, qu'il faut maintenant arriver à anticiper pour faire autrement, car cet "autrement", je sens qu'il est plus sain, qu'il est plus en accord avec moi-même.
Je le fais plus naturellement avec mes enfants, car ils sont jeunes, et qu'on est "encore" en train de batir cette relation. Mais avec les adultes, où il y a un enjeu émotionnel / sentimental plus fort, c'est encore pas évident-évident.
Je me demande d'où ça vient, mais c'est surement un truc que les parents font avec leurs enfants, et qui s'intègre en nous en grandissant, puis qu'on va continuer de reproduire en tant qu'adulte... La boucle est bouclée donc ah ah
En tout cas, pour revenir à mon "histoire", ça colle très bien avec la manière dont ma maman se comportait sur le plan des émotions. Ne rien laisser transparaitre, ne pas afficher ses felures auprès de ses enfants...
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Histoire familiale & représentations

GeorgyPorgy
le vendredi 08 juillet 2022 à 17h44
Siestacorta
Même si ton père te dit "on a un peu vécu ça", ce n'était pas pareil.
Se poser les mêmes options que nous à l'époque ne revenait pas au même. Peut-être que nous pouvons nous rendre plus malheureux d'avoir plus de choix possibles :-/
Bonjour @Siestacorta
Merci pour ton message, ça fait toujours du bien de lire tes points de vue, toujours éclairants je trouve :)
Oui, c'est vrai que l'époque est différente, ça joue probablement beaucoup. Je suis persuadé qu'ils ont conservé cet attachement dont tu parles à juste titre. Mais la question qui reste dans ma tête, c'est que je n'ai pas réussi encore à me faire une idée de ce son vécu à elle (je ne le pourrais peut être jamais cela dit...), à savoir :
- c'était une "passade", plutôt courte, pas forcément très signifiante comme beaucoup de personnes en vivent?
- ou bien c'était un truc plus profond, auquel elle a décidé de renoncer pour telle ou telles raison(s)?
Une phrase de mon père m'est revenue depuis mon post initial (j'avais un peu picolé ce soir-là, donc c'est un peu flou). Je me suis souvenu qu'il m'a dit "Je lui en fait baver". C'est une piste pour me faire une idée, mais faut que je creuse comme je disais...
Discussion : Troublé et un peu perdu

GeorgyPorgy
le vendredi 08 juillet 2022 à 15h37
Bonjour @ChicType,
J'ai lu ton témoignage & je me permets de réagir sur l'aspect aide extérieure / psycho.
Pendant longtemps, j'ai moi aussi été plutôt allergique à l'idée d'aller voir un psy. Pourtant, dans mon passé d'ado / jeune adulte, il y aurait eu matière à - en tout cas, on m'y a incité régulièrement sans que je franchisse le pas. Je pense que je n'en avais pas spécialement besoin pour affronter ces moments précis de mon passé...
Le déclic pour moi s'est fait avec cette "entrée" secouante dans le monde des amours plurielles.
Je rejoins @PolyPasLeChoix quand il évoque l'opportunité de tenter l'expérience, de préférence avec quelqu'un dont tu sauras qu'il / elle a une certaine ouverture sur ces questions (je crois qu'il y a une liste ici, et certains sexo j'ai l'impression sont plutôt bienveillants sur ces questions).
J'ai vu 2 personnes différentes avant de trouver la bonne, de mon côté. Et ces deux tentatives initiales n'ont pas été une partie de plaisir, car il a fallu s'exposer (c'est le principe, tu me diras) mais les réactions en face étaient au mieux de l'incompréhension, au pire du jugement à peine masqué. En fonction de ce dont on a parlé donc, il est pas garanti de se trouver confortable y compris avec des gens a priori neutre & dont le métier est d'écouter / aider :)
Il faut donc y aller avec prudence, d'autant que le sujet peut rapidement toucher de fil en aiguille des traumas "enfouis" comme tu le préssens dans ton dernier message.
Mais ça vaut le coup je dirais.
La personne qui m'a accompagné, j'ai adhéré parce qu'avec elle il ne s'agissait pas simplement de "vider" mon sac. Elle m'a aussi fait prendre du recul, à l'aide d'outils pratiques, concrets sur pleins d'aspects. Elle m'a aidé à démêler des noeuds avec cela, chose que j'aurais été incapable de faire tout seul. Je sortais des séances avec le sentiment d'avoir avancé, pas en mode "ouais okay mais alors?" ou complétement anéanti.
Un dernier point peut être à considérer : consulter un thérapeuthe, tu peux le faire seul OU en couple. Peut-être aborder la démarche dans un contexte "couple" fera en sorte que vous vous concentrerez sur votre relation, les changements en cours & les émotions qu'ils suscitent etc. Ca peut être une manière de tenter la chose dans un premier temps, et de te sécuriser là dessus (?)
Discussion : Histoire familiale & représentations

GeorgyPorgy
le jeudi 07 juillet 2022 à 18h57
Merci @Ayna @bonheur pour vos réponses / contributions qui sont riches je trouve.
Je n'ai pas su trouver beaucoup de temps pour venir ici cette semaine mais je prévois d'y revenir & d'alimenter à mon tour :)
@April Merci aussi pour tes posts. Ils m'ont bien pris, je dois avouer.
Dans mon cas, j'ai eu la chance je pense de vivre dans un contexte malgré tout relativement heureux malgré tout - a minima au niveau de la cellule famille parents / enfants.
Mon interrogation réside vraiment dans le vécu réel de ma mère, qui était très très très discrète. Parfois je me dis qu'elle a traversé une partie de sa courte vie de couple potentiellement malheureuse, que c'est un scénario plausible & ça m'interroge beaucoup sur le sens de mes choix personnels.
L'interrogation que tu poses par rapport à mes propres enfants. Et bien, c'est quelque chose de très présent dans mon esprit.
Ce qui est sur c'est que leur radar a détecté au mieux de la tension occasionnelle entre leurs parents. Au pire, ils ont compris qu'un truc plus lourd clochait entre nous.
Mais ma compagne & moi-même avons toujours été au clair sur le fait qu'on devait les préserver au mieux de nos soucis affectifs d'adulte, et sur le plan de la parentalité on forme une super équipe. On continue de leur montrer qu'on a de l'affection, de la tendresse l'un envers l'autre malgré tout.
Et puis, on a à coeur de leur donner plus d'armes que nous avons nous-mêmes par rapport à ces difficultés de couple, et sur les injonctions en général (schéma de couple, sexualité, genre...). Par exemple, j'ai eu l'occasion d'entendre ma compagne expliquer à notre fille de 5 ans qu'il était ok pour elle d'aimer plusieurs amoureux, si tout le monde était okay avec cela. C'est à ce genre de petits signes que je me dis que malgré tout, quelque part, on se comprend un peu malgré les émotions désagréables qui sont soulevées...
Discussion : Histoire familiale & représentations

GeorgyPorgy
le jeudi 07 juillet 2022 à 18h46
Donald
C'est banal de le dire mais on est tous le fruit d'une histoire.
Parle à ton père, vite.
Moi j'ai pas eu le temps.
Et ma mère, qui souffre d'une maladie psychiatrique depuis toujours ne pourrait jamais communiquer sur ces choses là.
Je crois au sixième sens des enfants, à leur capacité d'observer finement les évènements car ils ne sont pas encore contraint, ils n'ont pas de certitude, pas de savoir. Tu as peut-être observé des choses que tu as oublié, mais qui ont eu à ce moment là une signification.
A peine sorti du berceau, je savais pour ma mère et ses multiples amants. Et bien sûr, cela a influencé mon comportement avec les femmes. Je suis à l'aise avec elles, car je me reconnais dans leur fonctionnement et en même temps je suis méfiant et je refuse d'approfondir mes relations.
Je vais faire un procès à ma mère.
Oui @Donald, je suis assez d'accord avec toi sur tes réponses.
Oui je prévois de parler à mon père. On vit loin, on se voit peu du coup les nouvelles à distance sont plutôt à l'image de nos relations "dans la vraie vie"...
J'ai failli le faire l'été dernier mais je n'ai pas su trouver la bonne occasion, le contexte où je me sentais en sécurité et puis peut être pas totalement prêt à poser les questions / recevoir les réponses. Mais ça me titille, donc ça devrait pas tarder.
Discussion : Comment expliquer les sentiments ?

GeorgyPorgy
le mercredi 06 juillet 2022 à 22h23
Hello. Par rapport à la conclusion de ton message, peut être est-ce quelque chose que j'aurais du présenter comme essentiel en préalable dans ma démarche : le fait de considérer que les réactions des autres (ma compagne, la femme dont je suis tombé amoureux) restent toujours absolument valides, légitimes et prépondérantes.
Le fait d'arriver à renoncer à expliciter participe presque aussi de cela. Choisir de ne pas insister sur ce que je ressens pour ne pas tomber dans une logique d'argumentation (rationnelle) face à ce qui relève de l'émotionnel dans la réaction en face bien souvent.
La douleur, l'incompréhension n'est pas feinte. Et il s'agit donc de trouver les moyens de l'apaiser, non de mettre "l'autre" dans une position oú il se sent *en plus* responsable de ne pas entendre le discours de son partenaire.
Discussion : Histoire familiale & représentations

GeorgyPorgy
le mardi 05 juillet 2022 à 16h29
Bonjour à tous.tes,
En réflechissant à ma réponse au fil de @Donald hier sur la communication, notamment au sujet du type d'attachement & de la manière dont je communiquais mes émotions, j'ai retouché du doigt un bout de mon histoire personnelle.
Je me suis dit que ça méritait un fil ici, car le sujet me parait intéressant. Je ne sais si ça inspirera des volontés d'échange & de partage de votre côté...
Ca a à voir avec la représentation qu'on se batit de ce qu'est l'amour, de ce que sont les relations sentimentales sur la base des figures auxquelles on est exposé depuis l'enfance. Et de leur caractère possiblement incorrect, infidèle à la réalité des évènements.
Perso, la représentation que je m'étais construite en grandissant à travers le couple de mes parents s'est avérée radicalement contredite par la tournure des évènements dans ma propre histoire, dans mon propre rapport à l'amour. C'est probablement pareil pour beaucoup de monde, mais je trouve que c'est un sujet digne d'intérêt ici & souvent très signifiant quant à nos difficultés respectives. Qu'on soit poly ou pas...
Alors voilà un peu plus de mon histoire...
* Gros résumé des trucs déjà évoqués ici (qui a son importance) : *
J'ai compris & accepté d'être amoureux de 2 personnes à la fois, ma compagne depuis 20 ans & une autre femme dont j'ai croisé la route à un moment donné. Cette autre histoire (j'évite "deuxième" à dessein) s'est initiée de manière dissimulée, et a pris fin malgré la persistance de mes sentiments. Elle m'a permis de lentement admettre que j'avais des sentiments (différents) pour 2 femmes. Que j'ai acceptés en moi, et dévoilés à ces personnes. Tout ça m'a embarqué dans de grandes difficultés mais aussi de grandes remises en questions, et finalement m'a fait grandir sur plein d'aspects (communication, soin des relations, mes responsabilités, introspection sur mes privilèges, etc.)
* Maintenant le sujet que je veux aborder dans ce fil spécifiquement : *
Une recontre familialle a été l'occasion pour moi de discuter avec mon père de ce que je traversais. Evènement en soi, car on n'évoque quasiment jamais dans la famille de sujet compliqué. Il s'agissait pour moi de me confier, d'expliquer ce qui "se passait" & aussi d'avoir un peu de réconfort en bonus - sans trop y croire.
Et puis une phrase est sortie de la bouche de mon père, pour me rassurer, me faire relativiser j'imagine : "Tu sais, nous aussi avec ta mère on est passé par là".
La surprise totale pour moi. Qui n'avais jamais soupçonné quoique ce soit, qui m'étais dit "ces deux là s'aiment de cette façon" en pensant à leur pudeur éternelle devant nous les enfants. Presque jamais de disputes (devant nous?), très peu de souvenirs de tendresse entre eux. Une certaine absence de mon père dans la vie de la maison (là sans être là), et une maman qui porte BEAUCOUP de trucs. Vous voyez le tableau.
Un peu figé, j'ose finalement demander lequel de mes parents avait eu une histoire. Je pensais connaître la réponse en posant la question (mon père bien sur, ça ne peut être que lui...). Et là, deuxième choc : c'était ma mère. La personne (croyais-je) la plus raisonnable, la plus attentionnée envers sa famille, se tuant litteralement à la tache pour ses 3 enfants (souvent terribles), toute entière dédiée à son foyer. Y compris dans la maladie. Ensuite, j'ai uniquement réussi à apprendre que c'était quand on "était petits".
Précision, ma mère est décédée prématurément à l'aube de ma vingtaine. Elle n'est donc plus là pour que je l'interroge sur l'histoire familiale, l'histoire de leur couple.
L'image du couple de mes parents que je m'étais forgé au cours des 20 premières années de ma vie s'est donc avérée considérablement faussée. Ma perception d'enfant, qui m'a accompagné jusque dans l'âge adulte jusqu'à fonder une partie de mes représentations de l'amour est probablement loin d'être en accord avec la réalité.
Tout cela provoque un vertige certain pour être honnête, et pose de nombreux questionnements :
- Sur le bonheur "apparent" de mes parents auquel j'ai cru, il y a maintenant un scenario totalement opposé où leur pudeur était en fait peut être du désamour triste, le fameux "rester ensemble pour les enfants".
- Qu'est ce ça dit de mon propre parcours? Potentiellement, j'ai grandi aux côtés de cette tristesse amoureuse sans même en soupçonner l'existence. Ca a forcément influencé mon rapport à l'amour, aux relations (?)
- Au delà (et sans verser dans l'ésotérisme, dont je ne suis pas vraiment client), quels liens peut-on faire entre les lourds non-dits de nos parents (inconnus de nous) & nos parcours d'amoureux, des choix que l'on fait / ne fait pas ?
- Comment ma propre histoire, ma rencontre amoureuse avec une autre que ma compagne, s'imbrique dans cette histoire plus longue? Ca me donne l'impression d'avoir reproduit une histoire dont je n'avais même pas conscience...
Je sais qu'il faut que j'entreprenne de démêler un peu plus de l'histoire familiale - quand j'en aurai l'énergie, sans être non plus trop intrusif, auprès de la seule personne capable de m'éclairer là dessus (mon père). Ca viendra...
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Comment expliquer les sentiments ?

GeorgyPorgy
le mardi 05 juillet 2022 à 13h06
J'aime beaucoup la métaphore de l'Univers @bonheur, c'est assez parlant je trouve.
Encore une fois ça n'est que mon vécu personnel, mais pour me défaire de ce "noeud", j'en suis arrivé à interroger en moi ce qu'est vraiment l'amour.
Je m'explique.
A un moment, je sentais bien que j'avais ces sentiments pour 2 femmes sans que ca s'imbrique parfaitement dans mon mental. Dès lors, c'était aussi très difficile de l'exprimer à peu près correctement à l'extérieur. C'était comme si j'essayais de faire rentrer un cube dans un rond plus petit. Ca coinçait, ça marchait pas. Et ça m'épuisait, comme une sorte de casse-tête impossible à résoudre.
- J'ai l'impression que j'aime deux personnes...
- Mais c'est pas normal... Les autres me disent en tout cas que c'est pas normal...
- Peut-être que c'est une illusion, que je me raconte que j'aime 2 personnes par peur d'admettre que j'aime quelqu'un de nouveau & plus mon amoureuse historique..
- Mais si quand même, y'a ça... et puis ça...
- Etc.
Bref, ça tourne en rond.
Ma thérapeuthe m'a fait faire un pas de recul, de distance. Pour réflechir à ce que je voulais "mettre" dans "ma" définition de l'Amour.
Ce mot en soi est un problème, notamment en français dans la mesure, où il est utilisé à toutes les sauces (amitié, amour filial, romantique, faire l'amour, l'amour des timbres... je blague mais pas totalement). C'est très con, mais je me suis rendu compte que je ne m'étais jamais vraiment interrogé sur ce que je mettais là dessus, en 20 ans de vie de couple. Et puis aussi, que j'avais hérité de représentations qui - peut-être - ne me correspondait pas via les figures auxquelles j'étais exposé (parents notamment). Je traversais la vie un peu benoitement en me disant que ce que je vivais ca devait être de l'amour, parce que c'est à ça que j'avais toujours été exposé tout autour de moi.
C'est très con, mais même en ayant un certain bagage culturel, m'abreuvant de livres, de réflexions - j'ai compris que j'étais en fait empli involontairement de représentations faussées, et que je les utilisais malgré moi pour essayer d'exprimer maladroitement ce que je ressentais.
Savoir définir pour soi ce qu'on met dans ce concept de l'amour, c'est aussi être plus en accord & à l'aise avec ce qu'on va tenter d'expliciter au dehors, aux autres.
Du coup, la démarche a consisté à se poser ce genre de questions :
- Est-ce que cette personne suscite en moi une forme d'inspiration, d'admiration?
- Suscite-t-elle de l'étonnement, du mystère, une envie de découverte?
- Est-ce que sa présence dans ma vie me semble nécessaire?
- A revers, est-ce que la perspective de la voir disparaitre totalement de ma vie m'est douleureuse?
- Est-ce que j'ai le sentiment de la comprendre en profondeur?
- Est-ce que je me sens à l'aise pour lui dévoiler ma vulnérabilité, mes failles?
- Quelle place occupe-t-elle dans mes pensées? Souvent, très peu?
- Quel imaginaire j'associe avec cette personne?
- Est-ce que j'ai pu construire avec cette personne m'est source de satisfaction?
(c'est juste quelques exemples)
Ca ne veut pas dire que la personne en face va être en position de comprendre exactement ce que j'exprime. Là encore, ses propres représentations vont transformer mon discours.
Mais au moins, cela m'a permis de rassurer plus directement ma compagne en ayant des axes à même d'expliciter plus clairement / authentiquement en quoi consiste mon amour pour elle.
Pour l'autre relation, j'ai eu l'occasion de dire que j'aimais mais la communication étant rompue & beaucoup de biais parasitant nos échanges, je n'ai pas le sentiment d'avoir pu l'expliciter aussi clairement que j'aurais souhaité.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Comment expliquer les sentiments ?

GeorgyPorgy
le mardi 05 juillet 2022 à 09h13
Pour boucler sur les explications fournies par @Topper, qui m'ont inspiré d'autres réflexions :
Toujours sur la comparaison amour filial / amour romantique, un autre élément qui je trouve est de nature à neutraliser le but de l'argument ("c'est pareil avec tes enfants, tu les aimes tous de manière égale")... Le choix du mot "égal" évoque chez moi le champs lexical de la quantité, et de la comparaison. De la comparaison à la compétition, on n'est vraiment pas loin. Or c'est justement un des éléments principal sur lequel je me suis trouvé en bute dans mon expérience. Les personnes que j'aime se sentaient fatalement mises en compétition (en tout cas, c'est mon ressenti) : ma compagne par peurs des risques apportés par une nouvelle relation potentielle. Ma relation "extérieure" par sentiment de toujours devoir passer "en deuxième". Du coup, j'ai rapidement été très prudent avec cet argument de l'amour filial dans mes discussions. Jusqu'à ne plus l'utiliser du tout.
Progressivement, je me suis tourné vers une vision beaucoup plus nuancée des choses de part et d'autres, comme t'y invite aussi @Topper si je comprends bien son propos.
Pour moi, il s'est agit de réflechir à quelles dimensions se rattachaient chacun des amours que je ressens. Je trouve que c'est beaucoup plus fin, et que ça ne porte pas sur les personnes elle-mêmes (qualités, défauts) mais plutôt sur ce que représente chaque relation pour moi.
Je trouve que ça a l'avantage de contourner (un peu) ce paramètre "compétition" et rapport de force qui s'installe fatalement & vient parasiter grandement la communication.
Ainsi, tu peux trouver que la dimension d'engagement à long terme va être privilégiée avec tel.le ou tel.le relation. Et encore, on pourrait se dire qu'il y a différentes façons de s'engager avec quelqu'un, sur le long terme, pas forcément le schéma Escalator Relationnel on se rencontre > on va au ciné > on s'embrasse > on couche ensemble > on s'installe > on a des enfants > on veillit ensemble.
Tu peux aussi déceler qu'avec cette relation précise, tu te sens plus à l'aise pour vivre & laisser respirer des dimensions d'intimité (c'est quelqu'un avec qui tu partages peut-être une expérience de vie positive ou négative qui fait que vous vous sentez une connexion particulière, qui n'existe pas dans ta relation historique) ou la passion (qui fatalement pourra s'amenuiser avec le temps).
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Comment expliquer les sentiments ?

GeorgyPorgy
le lundi 04 juillet 2022 à 17h57
Hello @08ynoN
C'est marrant je suis passé récemment par exactement le même questionnement.
Perso, je suis pas super à l'aise avec la comparaison avec l'amour filial. Je sais qu'elle est très utilisée dans la "litterature" poly, et d'une certaine manière elle permet un peu d'illustrer cela. Mais je pense pas qu'elle soit super opérante. Je me demande même si elle ne produit pas, parfois, l'effet inverse. Il y a des dimensions différentes qui viennent jouer (parasiter?) le discours sur l'amour dans le cadre d'un amour romantique - qui n'existent pas dans l'amour filial : la possibilité de l'existence d'une sexualité (avec tout ce que ça peut soulever de peurs, d'enjeux entre plusieurs individus impliqués), la dimension de l'engagement respectif etc.
C'est uniquement mon ressenti, je ne généralise pas du tout. Mais, me trouvant moi-même dans cette situation & après avoir tourné le truc dans TOUS les sens, j'en suis arrivé à la conclusion que je n'avais aucun pouvoir là-dessus.
Je l'ai exprimé certes, mais je constate que c'est comme si la justesse de ma pensée se transformait en chemin dès qu'elle sort de ma bouche.
J'ai, pour le moment?, décidé de ne plus chercher à expliciter cela. Car le vécu, l'expérience, la vision des choses des personnes recevant l'information influencent forcément la perception de mon message en face.
Et je ne peux pas contrôler cela. Ma conclusion, c'est que pour le comprendre vraiment, il faut en faire l'expérience en soi-même.
Discussion : Que doit on dire ?

GeorgyPorgy
le lundi 04 juillet 2022 à 16h48
Je comprends la nuance que tu fais entre exprimer clairement ton ressenti et la manière dont on te pose la question.
Mais es-tu absolument certain que ca n'est une projection que tu fait? Peut etre qu'elle ne reflechit pas vraiment a la maniere dont elle pose la question? Que ca sort naturellement de cette façon...
Dans tous les cas, cette partie tu peux pas vraiment la controler.
Le mieux est-ce que ca ne serait pas de continuer a exprimer ton ressenti de la maniere la plus authentique possible, en s'efforçant de ne pas tenir compte de ce que tu induit être une question orientant ta propre réponse?
Discussion : Que doit on dire ?

GeorgyPorgy
le lundi 04 juillet 2022 à 14h37
Je dis pas que ça marche à tous les coups, mais il existe des exercices pratiques pour dépasser un peu les automatismes de communication qu'on a pu développer au fil des années. Ca vaut le coup d'essayer si tout le monde est d'accord...
Il y en a un qui m'a paru pertinent dans ce sens, c'est la "l'écoute mirroir".
Ca peut paraitre un peu artificiel par rapport à nos conversations traditionnelles, mais ça a ses vertus je pense.
Il faut :
- choisir un sujet en particulier à aborder ensemble (un truc dont j'ai besoin de parler)
- se sentir disponible pour écouter
- un émetteur : c'est elle / lui qui va aborder le sujet, parler de ce qui est ressenti de son côté
- un récepteur : celui / celle qui écoute
L'émetteur va parler (seul.e) et le récepteur va écouter. L'émetteur devra formuler sous forme de : "Quand il se passe ça... j'ai le sentiment de (émotion)...", "dans mon corps, je ressens que...", "j'ai ressenti ça quand..." etc. L'autre ne doit pas réagir, il / elle regarde, peut toucher, tenir la main mais ne doit pas renvoyer ses propres perceptions. Le but est de se placer en observation du monde de l'autre.
Ensuite, le récepteur va pouvoir basculer en émetteur mais sans contre-argumenter. Plutôt en réagissant sur sa compréhension de ce qu'il / elle a entendu, écouté, presque en reformulation: "si j'ai bien compris, tu ressens cela .... quand....", ou encore "ce qui m'a touché dans ce que j'ai entendu...".
L'autre est à ce moment là en miroir à son tour.
Le but est vraiment de créer un terrain & des règles du jeu propices à éviter l'utilisation d'arguments / contre-arguments, les projections, les réactions en "direct" qui jouent & ont pour effet soit qu'on s'auto-censure (on anticipe les réactions de l'autre) soit qu'on parte dans une spirale du conflit.
Ca parait tout con présenté comme ça, mais c'est vraiment pas évident.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Que doit on dire ?

GeorgyPorgy
le lundi 04 juillet 2022 à 13h14
Bonjour @Donald,
Tes questionnements me parlent beaucoup, et ce sont des interrogations qui m'habitent beaucoup depuis le début de mon "histoire" avec le polyamour.
C'est très perturbant de se heurter à ses ambivalences : faut-il dire? pas dire? dire seulement ceci ou cela?
Exprimer tes ressentis, les trucs qui te font flipper, ce qui te convient / ne te convient pas, surtout dans ta situation est je pense indispensable. T'auto-censurer en considérant que ça va générer de la culpabilité en face ne fera que perpétuer une situation qui te fait souffrir. Tu ne peux pas préjuger de la réaction de ta femme, face à cela. Mais au moins elle aura les éléments en sa possession pour évaluer en conscience ce qu'elle en fera, si elle ajuste son comportement à ce que tu as exprimé. Ce sera de sa responsabilité. Ca ne veut pas dire que tu lui enlèves de l'autonomie.
De mon côté, sans avoir été capable à me rendre à des conclusions tranchées, je me suis convaincu qu'arriver à "dépasser" ma manière de communiquer sur des sujets compliqués était la bonne approche.
Mais force est de constater qu'on est pas tous équipés de la même façon pour se frotter à des changements pareils.
Je m'explique.
J'ai grandi dans une famille avec quasiment zéro communication émotionnelle. C'était vrai pour mes parents (chose que j'ai toujours pris pour de la pudeur, mais en grandissant je me suis rendu compte que beaucoup plus de choses se jouaient là dedans - faudra que je pose un fil là dessus d'ailleurs à l'occase). Et ça s'est transmis aux enfants - fatalement. On ne sait tout bonnement pas se parler de nos émotions, de nos attentes respectives, ou alors quand on le fait on est super maladroits, le peu de fois où c'est arrivé ça m'a donné l'impression qu'on se trouvait un peu comme des cons avec un bordel sur les bras dont on ne savait que faire... On a plutôt tendance à se focaliser sur les "bonnes" choses (souvenirs, plaisanteries) quand on se retrouve en famille. Et pourtant, comme tous, on aurait notre lot de trucs à démêler si on était plus "compétents" et qu'on acceptait de les sortir du placard. Mais les années passent, et ça ne bouge pas.
Je travaille encore beaucoup dessus. Tout ça n'est pas encore limpide pour moi, mais je pense que j'ai développé au fil des années des mécanismes d'évitement dans à la fois ma communication envers les autres ET aussi la communication envers "moi-même" (dans le sens relation à soi-même, écoute & respect de mes émotions). C'est lié à cette histoire qui est la mienne, à quel profil d'attachement je me suis rattaché en grandissant.
C'est l'entrée dans ces questions d'amours plurielles qui m'a permis d'évoluer sur ces aspects.
C'est un travail de dingue, mentalement épuisant à mon goût, de parvenir à être au plus juste là dessus.
Je me suis depuis toujours affiché comme très "flexible" quand il s'agissait de donner mon avis sur une décision. Genre "c'est okay pour moi si c'est ce que tu préfères". Mon côté raisonnable, je veux te faire plaisir, je suis un bon petit qui va pas faire de vagues, pas provoquer de tracas. Y compris dans ma relation de couple. Le souci avec ça, c'est qu'en apparence, ça satisfait tout le monde MAIS qu'en fait ça a 2 effets pervers :
- Ca habitue les autres avec qui je suis en relation avec ce type de réponses neutres & diplomates. C'est bien pratique quand même. Et puis, quand on change, qu'on évolue un peu là dessus, qu'on affirme plus qui l'on est, ce que l'on veut / ne veux pas... Ben ça n'est pas compris, pas entendu, c'est pris pour une lubbie. Ca fonde presque la relation si on y réflechit : chaque protagoniste a pris un rôle historiquement, je suis ce personnage là & tu es ce personnage ci dans notre pièce - ça fout le bordel si je change de costume à un moment donné.
- Dans le cadre de sujets plus profonds, ca m'empêche d'être à l'écoute des mes attentes réelles, ça m'entraine à prendre sur moi, et ça m'empêche de me sentir "entendu" (normal car je NE dis PAS). Mais au fond, au delà du mental que je peux arriver à contrôler, dans les tripes, ca créée une colère sourde, une frustration qui reste bien tapie, enfouie cachée...
Mais dire ce que l'on ressent soi-même, ce que l'on voudrait, souhaiterait au final, même si c'est parfois inconfortable, source de conflit etc. c'est ce qui donne une place dans une relation en particulier. C'est se respecter & respecter les autres.
Ne pas dire, c'est poursuivre (dans mon cas en tout cas) le jeu des projections, des intuitions forcément (au mieux) approximatives, (au pire) totalement à côté de la plaque.
J'ai dit la vérité à ma compagne, j'ai dit aussi la vérité à la personne dont je suis tombé amoureux. Ce que ça a provoqué n'est pas conforme à l'idéal (euphémisme). Mais au moins, j'ai le sentiment d'avoir été entendu - et ça, je me rends compte que c'est nouveau comme sentiment pour moi.
Discussion : Relation libre non polyamoureuse mais développement de sentiments

GeorgyPorgy
le jeudi 30 juin 2022 à 22h32
Bonsoir @Mojito,
ok mea culpa, j'avais cru comprendre qu'ils étaient sur ce mode depuis 5 ans maintenant. Pendant 2 ans, il peut se passer beaucoup de choses (si leur vie est faite de rencontres effectives), ou pas grand chose (si l'ouverture de leur couple est plus "théorique", qu'ils se sont mis okay sur le principe mais n'ont pas eu beaucoup d'occasions de "mettre en pratique").
Cependant, dans ce que tu racontes, ils ont quand même été exposés à l'éclosion de sentiments (de la part de ces filles que ton amoureux rencontrait comme tu le cites).
De mon point de vue, tes explications viennent peut-être même renforcer les éléments qui m'ont "frappé" initialement. Je parlerai pas forcément de red flags, mais presque. A te lire, on voit bien que leur accord d'ouverture a quelque chose de bancal peut-être? C'est comme s'ils avaient décidé d'occulter la possibilité de survenance de sentiments forts dans une relation suivie, pour le confort de leur relation fusionnelle. Je veux pas insister lourdement sur le terme que j'ai utilisé précédemment ("objectifier les relations") mais ça s'approche quand même pas mal, dans la mesure où on devine que les fameuses filles "précédentes" ont été écartées car survenance de sentiments plus forts.
Ca peut être okay d'un certain point de vue, mais perso ça provoque quand même en moi un certain malaise cette façon de concevoir les relations. A la limite dans le libertinage tel que décrit par @bonheur, c'est plus sain & simple car on met en place une stratégie qui permet d'éviter concrètement ce genre de situation.
Dans ce que tu décris, c'est comme s'il refusait d'envisager la dimension possible des sentiments jusqu'à qu'elle "explose" à la figure des protagonistes. Et qu'en plus, on ne sache pas trop quoi en faire (au risque de faire du mal...). C'est en cela @08ynoN que la compagne a aussi une responsabilité - comme le souligne Bonheur. Ici, la responsabilité ne consiste pas en des actes réalisés par la compagne elle-même, mais plutôt dans le fait de ne pas avoir envisagé cette situation, de l'avoir laissée s'installer en l'ignorant...
Ce qui pourrait être pertinent à ce stade, ce serait que ce couple assume sa responsabilité affective, émotionnelle envers les êtres qu'ils cotoient, avec qui ils relationnent - en tant qu'êtres humains avec des émotions, des attentes, des intentions, un parcours, des traumas potentiels. Qu'ils parviennent à interroger le pourquoi du rejet de l'émergence de sentiments pour un tiers. Ne pas être okay avec ça, c'est valide, mais ça mérite d'être explicité par des motifs, d'autant plus quand d'autres personnes sont impactées & peuvent en souffrir.
Ce qui est plutôt positif @Mojito, c'est que visiblement vous allez en parler avec ton amoureux.
La manière dont tout ça se présente à toi @Mojito me fait penser à un papier intéressant que j'ai lu il y a quelques temps sur les C (C étant la troisième personne par rapport à A & B qui sont en couple). Ca parle d'une certaine façon de l'influence de la pensée monogamique y compris dans des contextes d'apparente ouverture.
J'espère en tout cas que ce rdv avec ton amoureux sera positif pour dénouer ces difficultés.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Relation libre non polyamoureuse mais développement de sentiments

GeorgyPorgy
le mercredi 29 juin 2022 à 15h22
Hello @Mojito,
Je me permets de rebondir à ton témoignage, qui a soulevé pas mal d'interrogations
Quelques points m'interpellent dans ce que tu nous raconte.
D'abord, un truc surprenant à la lecture de ton témoignage c'est le fait que ce couple ait été en relation libre depuis 5 ans... Mais on n'arrive pas à déterminer si c'est la toute première fois qu'ils se confrontent à une éclosion de sentiments de l'un ou de l'autre? Ce serait surprenant, mais pas impossible le cas échéant... Mais il serait surprenant qu'ils n'aient pas du tout envisagé cette possibilité... S'exposer à des rencontres, platoniques et/ou sexuelles, avec possibilité de revoir les personnes de manière prolongée, c'est quand même prendre le risque de s'exposer à la naissance de sentiments.
Peut-être serait-il pertinent que tu en discutes avec lui pour interroger ce qui fait que : relation libre "c'est okay", mais que sentiments "c'est pas okay"... Il est naturel qu'il veuille la préserver d'émotions désagréables, qui la mettent en insécurité mais ça mérite d'être explicité maintenant que tu fais partie du "tableau"
Couple libre, ca peut dire tout et n'importe quoi. Sans mettre d'étiquette, peut-être qu'il pourrait préciser auprès de toi les modalités qu'ils ont mis en place, les règles (libertinage exclusivement etc.) et si celles ci sont discutées & discutables en fonction de l'évolution des choses dans le temps... Ca te permettrait d'y voir plus clair :)
Ensuite, je suis d'accord sur ton ressenti en fin de témoignage : tu as le droit d'exprimer un point de vue, des attentes, des limites. Sa copine ne peut pas simplement "imposer" des règles qui lui rendent la chose moins compliquée... Après plusieurs semaines, mois de relations, tu dois pouvoir exprimer ces choses là & qu'elles soient entendues, prises en compte. Sinon tu es objectifiée...
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Suite et fin

GeorgyPorgy
le jeudi 23 juin 2022 à 11h25
@Donald : et j'ai pas dit que c'était facile de se "mettre" à fonctionner comme cela :)
Je suis comme toi dans l'absolu : d'un naturel très pudique dans ma communication, notamment émotionnelle. Je ne sais dire si c'est par tempéramment ou par éducation, probablement un peu des deux. Mais me retrouver dans ces situations & la volonté d'avancer, de ne pas m'enfouir la tête dans le sable, me force à me dépasser dans ce domaine. Je le fais pas avec aisance (loin de là), je galère, je suis plus à l'aise avec certain.e.s qu'avec d'autres etc. Mais ça reste une intention générale de devenir meilleur là dessus - être indulgent avec moi-même & envers les autres, améliorer mon rapport à mes émotions & à celle des autres, et surtout être plus à l'écoute de ce que je ressens pour permettre aux autres de me considérer en conscience.
Petit, puis plus grand/adolescent, j'ai toujours été le "raisonnable" de la fratrie. On m'a & je me suis construit comme cela, et je pense que ca a conduit à ce que je ne m'écoute pas assez, que je ne m'exprime pas assez. C'est très dur de dépasser cela, d'autant plus en étant maintenant adulte avec tout ce bordel de constructions / schémas / comportements intuitifs à contrer. Ca m'amène aussi à encourager mes jeunes enfants à exprimer ce qu'ils ressentent, chose que je ne pense pas avoir reçu dans mon éducation.
Et, comme je disais, je galère dans cette communication avec y compris les 2 femmes pour qui je ressens de l'amour. La perspective même de devoir communiquer (car il y a un noeud quelque part) m'est source d'insécurité : pour l'une parce que ca va potentiellement déclencher une crise / une dispute, pour l'autre parce que je pense m'être confronté à un certain mutisme/évitement qui m'a laissé en plan - en quelque sorte.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Suite et fin

GeorgyPorgy
le jeudi 23 juin 2022 à 09h49
Geraaldine
.C'est con hein ?
Je trouve que c'est très con.
Pour un non poly, ce n'est pas con.
Pour un poly, ça peut l'être.
Chaque réaction est à considérer en fonction de ses convictions.
Quelque soit l'orientation relationnelle (poly ou pas), il est normal que des insécurités s'expriment en nous en fonction du contexte, de l'environnement, de ce qui est en train de se passer dans nos interractions.
Perso, me sentent plus "poly" que le contraire, je ne dirais pas que la réaction de @Donald soit "con". Elle est signifiante. Elle a un sens, et il faut savoir l'écouter... Juste marquer des émotions comme "con" ou "pas con", ça n'aide pas beaucoup je pense. Le fait d'envisager d'assister à des marques d'intimité de l'être que tu aimes avec un autre, voire de la laisser poursuivre la soirée avec cet autre t'interroge, tu ne sais pas si tu es prêt à le vivre sereinement. Moi je dirais que c'est valide compte tenu de ce que tu traverses... C'est la manifestation de certaines insécurités dans la relation, et face au tour que prennent les choses.
Il ne faut pas se "forcer" à se dire que c'est toi qui à une réaction "con", et que tu devrais être capable de le vivre sereinement si tu sens que ça n'est pas vrai. Sinon, ca revient à se rajouter des injonctions juste pour se conformer à un "modèle" qui en fait n'existe pas. Ca dit que tu as besoin d'être rassuré, qu'on te considère là dedans comme un individu qui vit les choses d'une façon qui lui est propre - et qu'il faut en tenir compte.
Tout l'intérêt que je vois dans l'éthique poly est justement d'apprendre à se mettre à l'écoute de soi & des personnes avec qui on est en relation, de près ou de loin, pour faire en sorte de mieux vivre ces relations.
Ensuite décider si tu veux affronter ces insécurités en t'y confrontant ou prendre plus de temps...
Au final, si on extrapole bien à fond, ta réaction est liée aux émotions inconfortables que font naitre la situation & tout ca n'est pas lié au poly / pas poly, ce peut se produire dans n'importe quel type de relation. Peut-être le monde poly (j'idéalise?) se propose de dépasser certaines réactions & de fournir des outils pour accompagner tout ça dans le contexte des relations plurielles.
Ma maigre expérience personnelle me fait dire que, même en me sentant "poly", j'ai pu ressentir de grandes insécurités dans les relations sentimentales, encore récemment, pour des raisons différentes & malgré mon appétence pour déconstruire, comprendre, me détacher des injonctions. Notamment dans ma récente relation "tierce", j'ai beaucoup beaucoup galéré avec ces insécurités qui étaient liées à l'histoire même de cette relation.
Simplement parce que ça ne dépend pas que de soi. Il y a aussi une part qui relève des autres. On peut se définir poly & se trouver être en relation avec des personnes qui, consciemment ou non, ne participent pas à nous mettre en sécurité, ne communiquent pas en authenticité ou n'ont pas les outils pour cela. Ont simplement des attentes divergentes qui suscitent des peurs en nous.
Aussi, ces autres ne peuvent pas "deviner" nos insécurités si on ne les exprime pas clairement, ou si on s'auto-censure.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.