Histoire familiale & représentations
#

GeorgyPorgy
le mardi 05 juillet 2022 à 16h29
Bonjour à tous.tes,
En réflechissant à ma réponse au fil de @Donald hier sur la communication, notamment au sujet du type d'attachement & de la manière dont je communiquais mes émotions, j'ai retouché du doigt un bout de mon histoire personnelle.
Je me suis dit que ça méritait un fil ici, car le sujet me parait intéressant. Je ne sais si ça inspirera des volontés d'échange & de partage de votre côté...
Ca a à voir avec la représentation qu'on se batit de ce qu'est l'amour, de ce que sont les relations sentimentales sur la base des figures auxquelles on est exposé depuis l'enfance. Et de leur caractère possiblement incorrect, infidèle à la réalité des évènements.
Perso, la représentation que je m'étais construite en grandissant à travers le couple de mes parents s'est avérée radicalement contredite par la tournure des évènements dans ma propre histoire, dans mon propre rapport à l'amour. C'est probablement pareil pour beaucoup de monde, mais je trouve que c'est un sujet digne d'intérêt ici & souvent très signifiant quant à nos difficultés respectives. Qu'on soit poly ou pas...
Alors voilà un peu plus de mon histoire...
* Gros résumé des trucs déjà évoqués ici (qui a son importance) : *
J'ai compris & accepté d'être amoureux de 2 personnes à la fois, ma compagne depuis 20 ans & une autre femme dont j'ai croisé la route à un moment donné. Cette autre histoire (j'évite "deuxième" à dessein) s'est initiée de manière dissimulée, et a pris fin malgré la persistance de mes sentiments. Elle m'a permis de lentement admettre que j'avais des sentiments (différents) pour 2 femmes. Que j'ai acceptés en moi, et dévoilés à ces personnes. Tout ça m'a embarqué dans de grandes difficultés mais aussi de grandes remises en questions, et finalement m'a fait grandir sur plein d'aspects (communication, soin des relations, mes responsabilités, introspection sur mes privilèges, etc.)
* Maintenant le sujet que je veux aborder dans ce fil spécifiquement : *
Une recontre familialle a été l'occasion pour moi de discuter avec mon père de ce que je traversais. Evènement en soi, car on n'évoque quasiment jamais dans la famille de sujet compliqué. Il s'agissait pour moi de me confier, d'expliquer ce qui "se passait" & aussi d'avoir un peu de réconfort en bonus - sans trop y croire.
Et puis une phrase est sortie de la bouche de mon père, pour me rassurer, me faire relativiser j'imagine : "Tu sais, nous aussi avec ta mère on est passé par là".
La surprise totale pour moi. Qui n'avais jamais soupçonné quoique ce soit, qui m'étais dit "ces deux là s'aiment de cette façon" en pensant à leur pudeur éternelle devant nous les enfants. Presque jamais de disputes (devant nous?), très peu de souvenirs de tendresse entre eux. Une certaine absence de mon père dans la vie de la maison (là sans être là), et une maman qui porte BEAUCOUP de trucs. Vous voyez le tableau.
Un peu figé, j'ose finalement demander lequel de mes parents avait eu une histoire. Je pensais connaître la réponse en posant la question (mon père bien sur, ça ne peut être que lui...). Et là, deuxième choc : c'était ma mère. La personne (croyais-je) la plus raisonnable, la plus attentionnée envers sa famille, se tuant litteralement à la tache pour ses 3 enfants (souvent terribles), toute entière dédiée à son foyer. Y compris dans la maladie. Ensuite, j'ai uniquement réussi à apprendre que c'était quand on "était petits".
Précision, ma mère est décédée prématurément à l'aube de ma vingtaine. Elle n'est donc plus là pour que je l'interroge sur l'histoire familiale, l'histoire de leur couple.
L'image du couple de mes parents que je m'étais forgé au cours des 20 premières années de ma vie s'est donc avérée considérablement faussée. Ma perception d'enfant, qui m'a accompagné jusque dans l'âge adulte jusqu'à fonder une partie de mes représentations de l'amour est probablement loin d'être en accord avec la réalité.
Tout cela provoque un vertige certain pour être honnête, et pose de nombreux questionnements :
- Sur le bonheur "apparent" de mes parents auquel j'ai cru, il y a maintenant un scenario totalement opposé où leur pudeur était en fait peut être du désamour triste, le fameux "rester ensemble pour les enfants".
- Qu'est ce ça dit de mon propre parcours? Potentiellement, j'ai grandi aux côtés de cette tristesse amoureuse sans même en soupçonner l'existence. Ca a forcément influencé mon rapport à l'amour, aux relations (?)
- Au delà (et sans verser dans l'ésotérisme, dont je ne suis pas vraiment client), quels liens peut-on faire entre les lourds non-dits de nos parents (inconnus de nous) & nos parcours d'amoureux, des choix que l'on fait / ne fait pas ?
- Comment ma propre histoire, ma rencontre amoureuse avec une autre que ma compagne, s'imbrique dans cette histoire plus longue? Ca me donne l'impression d'avoir reproduit une histoire dont je n'avais même pas conscience...
Je sais qu'il faut que j'entreprenne de démêler un peu plus de l'histoire familiale - quand j'en aurai l'énergie, sans être non plus trop intrusif, auprès de la seule personne capable de m'éclairer là dessus (mon père). Ca viendra...
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

(compte clôturé)
le mardi 05 juillet 2022 à 18h06
C'est banal de le dire mais on est tous le fruit d'une histoire.
Parle à ton père, vite.
Moi j'ai pas eu le temps.
Et ma mère, qui souffre d'une maladie psychiatrique depuis toujours ne pourrait jamais communiquer sur ces choses là.
Je crois au sixième sens des enfants, à leur capacité d'observer finement les évènements car ils ne sont pas encore contraint, ils n'ont pas de certitude, pas de savoir. Tu as peut-être observé des choses que tu as oublié, mais qui ont eu à ce moment là une signification.
A peine sorti du berceau, je savais pour ma mère et ses multiples amants. Et bien sûr, cela a influencé mon comportement avec les femmes. Je suis à l'aise avec elles, car je me reconnais dans leur fonctionnement et en même temps je suis méfiant et je refuse d'approfondir mes relations.
Je vais faire un procès à ma mère.
#

bonheur
le mardi 05 juillet 2022 à 19h40
Aimer et la définition que cela ne puisse se concevoir que dans l'exclusivité ? Sans doute faut-il se pencher plus dans l'admissible sociétale que dans les vécus et les réalités.
Imaginons (simplement). Il n'existe qu'une seule personne sur cette Terre, durant le même laps de temps que celui de notre vie, avec un décalage d'âge pas trop important du nôtre et on rencontre cette personne, on la reconnait, on se dit qu'on s'aime et évidemment la réciprocité est là. Wahoo ! Comme l'indique YA Thalmann dans l'un de ses livres, il vaut mieux jouer au loto, on a plus de chance de gagner.
Il est peu probable qu'au cours d'une vie, un individu ne tombe amoureux qu'une seule fois. Après, il y a les circonstances et c'est là que l'admissible sociétale fait son entrée. Je suis déjà amoureux-se, donc je me place en posture d'indisponibilité pour autrui et je mets des œillères me permettant de ne pas voir.
L'amour et sa définition, l'amour et les émotions, sentiments...
J'ai déconstruit mon éducation, depuis longtemps par le rejet (esprit rebelle d'après ma mère). Mon annonce à mes parents s'est soldée par quelque chose comme ça "lorsque ton mari divorcera, car ça arrivera forcément, ton père et moi (qui était présent) seront là pour lui, et aussi pour vos enfants, mais certainement pas pour toi". Le rapport aux parents... Ca c'est un peu tassé. Du fait sans doute que j'ai campé sur mes positions et mon mari, devenu chéri de vie, également. C'était il y a dix ans, un peu plus. Aujourd'hui, face à la réalité de la non explosion de mon "couple officiel" et du bonheur qui règne chez nous, cette vision est désuète, en fait.
J'ai grandi dans un climat malsain où papa était un génie et maman une boniche au service de... Climat malsain, jeux de pouvoirs, etc. Je ne tire rien de mon enfance, uniquement ce que je ne désire pas, justement, reproduire.
#

April
le mardi 05 juillet 2022 à 22h32
Le thème que tu abordes m'interpelle beaucoup; j'ai moi-même l'intuition diffuse que je reproduis en quelque sorte un épisode de l'histoire familiale...
Je devais avoir 9 ou 10 ans (à peine plus que ma propre fille !), je m'étais liée d'amitié avec une copine d'école d'un an ma cadette...J'allais quitter ma petite école du village, pour entrer en septembre dans le collège où mon père avait lui-même étudié...Cet été-là, mon père s'est "rapproché" de la mère de ma copine. Lui qui n'avait pour ainsi dire aucun ami, aucune vie sociale (mon père était maniaco-dépressif, et avait des phases violentes où il nous terrorisait et battait ma mère...), passait soudainement des soirées entières à philosopher avec cette mère séparée...Je le revois en train de faire faire ses devoirs à mon frère et lui faire réciter l'alphabet grec, assis autour de la table de la salle à manger, dans cette petite maison sans jardin, qu'occupaient mon amie et sa mère.
Je ne sais pas jusqu'où est allé cette "amitié" avec cette dame plus âgée...Mais je sais que c'était suffisamment dérangeant pour que ma mère avertisse le curé du village qui était venu un soir jusque chez nous pour "faire la leçon" à mon père...
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

April
le mardi 05 juillet 2022 à 22h33
Contrairement à toi, je n'ai pour ainsi dire jamais vu mes parents "heureux", j'ai grandi avec l'espoir qu'un jour ma mère ait le courage de quitter mon père violent et instable...j'ai le souvenir d'avoir très jeune - je devais avoir à peine 8 ans- compris que notre famille n'était pas "normale" et que la seule perspective de connaître un peu de sérénité et de bonheur, ce serait de fuir... Il aura fallu attendre 8 années supplémentaires pour que ma mère ose enfin se libérer de l'emprise de son mari...Elle a attendu que ses propres parents soient décédés - à cette époque, c'était encore mal vu de divorcer- et que la violence atteigne un niveau dramatique pour enfin "foutre le camp".
Lorsque mon père est décédé, et que j'ai récupéré les clés de la maison familiale dans laquelle j'avais grandi, le policier qui m'a reçue avec ma mère se souvenait encore - plus de 20 ans après que nous ayons quitté la région- des interventions pour nous permettre de regagner la maison après les crises de colère du paternel.
Du coup, j'aurais tendance à dire, comme @bonheur, que le choix de l'homme qui partage ma vie, s'est fait en totale opposition au modèle parental que j'ai eu...surtout ne pas reproduire ce que j'ai vécu...
Ce qui est fou, c'est que je commence seulement à comprendre maintenant combien je ressemble à mon père sur certains points (hypersensibilité, tendance à la dépression, rapport au travail, perfectionnisme, anxiété, créativité,...)...et avec mes yeux d'adulte, je perçois leur relation différemment (notamment le rôle de ma mère dans ses accès de violence (enfant, j'ai systématiquement pris la défense de la victime, celle qui prenait les coups,...)
"rester ensemble pour les enfants", "rester ensemble pour le confort matériel", je sais que ce ne serait pas possible pour moi...ce n'est pas sans risques pour autant, quand on doit patienter autant d'années pour retrouver un semblant de sécurité et de sérénité, le risque ne serait il pas de tolérer des situations toxiques pendant trop longtemps, sous prétexte qu'il n'y a pas de violence physique dans la relation?
Pourquoi toutes ces réflexions viennent-elles maintenant? pourquoi ce besoin de déconstruire si criant, alors que je prends à peine un peu de recul avec tout ce que la société nous "vend" comme le bonheur universel (la relation exclusive avec le prince charmant (!), la belle maison, la "carrière", la famille de deux enfants, ...)
En quoi la relation toxique et destructrice que j'ai eu sous les yeux pendant mon enfance a t'elle influencé mon rapport à l'amour? Si je me place du côté de cette relation plurielle potentielle - qui ne se concrétise pas, dans mon cas- Je me demande si je n'ai pas un peu trop bien intégré cette notion d'attente interminable, pendant laquelle on idéalise une relation amoureuse (plus rêvée que vécue...)
J'ai envie de te demander @GeorgyPorgy, comment penses tu que tes propres enfants perçoivent ou ont perçu ce que vous avez traversé toi, ta compagne, et cette personne dont tu es tombé amoureux...
Quand je repense à la petite fille que j'étais et au trouble ressenti cet été là, je m'interroge sur ce que ma propre fille perçoit inconsciemment de ce qui se passe entre ses parents depuis plusieurs mois...
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

Ayna
le mercredi 06 juillet 2022 à 10h42
Merci pour ce fil très intéressant.
Pour ma part c’est étonnant mais je crois que ce n’est pas (uniquement) l’histoire de mes parents qui influence ma (dé)construction relationnelle, mais le premier mariage de ma mère ! (Dans lequel je n’existais pas encore donc…)
Ce premier mariage, j’en ai une perception très toxique, ma mère étant allée jusqu’à la TS, « abandonnant » à ce « père terrorisant » son fils de 7 ans, mon frère de dix ans mon aîné.
« Poursuivie par cet homme » qui l’a « laissée crever sur le plancher », elle s’est sauvée dans un autre pays (ma perception de cet homme « dangereux » n’en est qu’accentuée) où elle a rencontré les bras rassurants de mon « papa adoré »
Il y a donc dans mon esprit d’enfant le gentil et le méchant.
Il y a donc dans mon esprit d’enfant une association homme = danger (bien entretenu par ma mère, verbalement et à travers ce « sixième sens » de l’enfant, effectivement)
Le lien avec les amours plurielles?
Je n’y ai jamais vraiment réfléchi mais c’est là où ça m’intéresse.
Ma mère m’a raconté qu’elle a fait sa TS suite à découverte d’un papier contenant la « liste » des amantes de son mari, avec une « note sexuelle », ou un classement je crois, et elle était en position 7 ou 8 je crois…
Mes parents à moi sont pour le coup (je crois en tout cas, mais ça m’intéresse de leur poser la question bientôt) dans un schéma très « fidèle ».
Bref, dans quelle mesure cette histoire influence-t-elle ma manière d’aimer? J’ai eu plusieurs relations toxiques dans ma vie, comme si je voulais COMPRENDRE l’homme en face. Et aujourd’hui j’ai compris énormément de choses et j’ai une compassion infinie pour ces hommes, même si je m’en tiens dorénavant éloignée. Depuis que j’ai fini cette exploration profonde du couple dans toute sa toxicité (je parle du couple avec prises de pouvoir, manipulation etc), j’ai subitement une transformation de mon mode relationnel que je n’aurais pas imaginé : mon amour devient partageable, la sexualité est démystifiée, je deviens peu à peu capable de parler à l’autre et de faire des choses qui peuvent mettre en danger la relation sans que je me sente en danger moi… Peut-être un début de guérison d’une lignée maternelle meurtrie, en extrayant de mes schémas psychiques la victime et le bourreau (et le sauveur du coup aussi) et en les rendant à une simple humanité en devenir…
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

GeorgyPorgy
le jeudi 07 juillet 2022 à 18h46
Donald
C'est banal de le dire mais on est tous le fruit d'une histoire.
Parle à ton père, vite.
Moi j'ai pas eu le temps.
Et ma mère, qui souffre d'une maladie psychiatrique depuis toujours ne pourrait jamais communiquer sur ces choses là.
Je crois au sixième sens des enfants, à leur capacité d'observer finement les évènements car ils ne sont pas encore contraint, ils n'ont pas de certitude, pas de savoir. Tu as peut-être observé des choses que tu as oublié, mais qui ont eu à ce moment là une signification.
A peine sorti du berceau, je savais pour ma mère et ses multiples amants. Et bien sûr, cela a influencé mon comportement avec les femmes. Je suis à l'aise avec elles, car je me reconnais dans leur fonctionnement et en même temps je suis méfiant et je refuse d'approfondir mes relations.
Je vais faire un procès à ma mère.
Oui @Donald, je suis assez d'accord avec toi sur tes réponses.
Oui je prévois de parler à mon père. On vit loin, on se voit peu du coup les nouvelles à distance sont plutôt à l'image de nos relations "dans la vraie vie"...
J'ai failli le faire l'été dernier mais je n'ai pas su trouver la bonne occasion, le contexte où je me sentais en sécurité et puis peut être pas totalement prêt à poser les questions / recevoir les réponses. Mais ça me titille, donc ça devrait pas tarder.
#

GeorgyPorgy
le jeudi 07 juillet 2022 à 18h57
Merci @Ayna @bonheur pour vos réponses / contributions qui sont riches je trouve.
Je n'ai pas su trouver beaucoup de temps pour venir ici cette semaine mais je prévois d'y revenir & d'alimenter à mon tour :)
@April Merci aussi pour tes posts. Ils m'ont bien pris, je dois avouer.
Dans mon cas, j'ai eu la chance je pense de vivre dans un contexte malgré tout relativement heureux malgré tout - a minima au niveau de la cellule famille parents / enfants.
Mon interrogation réside vraiment dans le vécu réel de ma mère, qui était très très très discrète. Parfois je me dis qu'elle a traversé une partie de sa courte vie de couple potentiellement malheureuse, que c'est un scénario plausible & ça m'interroge beaucoup sur le sens de mes choix personnels.
L'interrogation que tu poses par rapport à mes propres enfants. Et bien, c'est quelque chose de très présent dans mon esprit.
Ce qui est sur c'est que leur radar a détecté au mieux de la tension occasionnelle entre leurs parents. Au pire, ils ont compris qu'un truc plus lourd clochait entre nous.
Mais ma compagne & moi-même avons toujours été au clair sur le fait qu'on devait les préserver au mieux de nos soucis affectifs d'adulte, et sur le plan de la parentalité on forme une super équipe. On continue de leur montrer qu'on a de l'affection, de la tendresse l'un envers l'autre malgré tout.
Et puis, on a à coeur de leur donner plus d'armes que nous avons nous-mêmes par rapport à ces difficultés de couple, et sur les injonctions en général (schéma de couple, sexualité, genre...). Par exemple, j'ai eu l'occasion d'entendre ma compagne expliquer à notre fille de 5 ans qu'il était ok pour elle d'aimer plusieurs amoureux, si tout le monde était okay avec cela. C'est à ce genre de petits signes que je me dis que malgré tout, quelque part, on se comprend un peu malgré les émotions désagréables qui sont soulevées...
#

Siestacorta
le vendredi 08 juillet 2022 à 16h20
GeorgyPorgy
Mon interrogation réside vraiment dans le vécu réel de ma mère, qui était très très très discrète. Parfois je me dis qu'elle a traversé une partie de sa courte vie de couple potentiellement malheureuse, que c'est un scénario plausible & ça m'interroge beaucoup sur le sens de mes choix personnels.
Même si ton père te dit "on a un peu vécu ça", ce n'était pas pareil.
Se poser les mêmes options que nous à l'époque ne revenait pas au même. Peut-être que nous pouvons nous rendre plus malheureux d'avoir plus de choix possibles :-/
Par ailleurs, "on reste ensemble pour les enfants" n'est qu'une dimension de la réalité. C'est pas nécessairement faux, mais c'est rarement une explication suffisante. Je crois que l'attachement se fait.
Mon père a été infidèle. Et de fait, son ancienne maîtresse est aujourd'hui sa femme.
De son vivant, cela a été une douleur sans nom pour ma mère.
Et oui, une grande partie de leur vie amoureuse, je ne saurai dater où, était pas heureuse.
Mais malgré tout ce que je peux savoir de triste là-dessus, je sais aussi que leur attachement a été réel. Je ne sais pas ce qu'ils mettaient vraiment dedans, comme sentiments et comme qualités personnelles, mais ça comptait.
Est-ce que ça nous a impacté, moi et mon frère, dans nos façons d'aimer ? Sûrement. Nous somme très différents à ce niveau-là. Il est plus sentimental et exclusif, pas moi. Et pourtant, c'est lui le plus jeune, c'est donc lui qui pourrait moins croire au Couple.
Bref... On se construit quand même avec nos besoins propres. L'histoire connue ou devinée ou ressentie inconsciemment compte, mais ça ne suffira pas je crois à expliquer ce qu'on en fait ensuite en amour.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

GeorgyPorgy
le vendredi 08 juillet 2022 à 17h44
Siestacorta
Même si ton père te dit "on a un peu vécu ça", ce n'était pas pareil.
Se poser les mêmes options que nous à l'époque ne revenait pas au même. Peut-être que nous pouvons nous rendre plus malheureux d'avoir plus de choix possibles :-/
Bonjour @Siestacorta
Merci pour ton message, ça fait toujours du bien de lire tes points de vue, toujours éclairants je trouve :)
Oui, c'est vrai que l'époque est différente, ça joue probablement beaucoup. Je suis persuadé qu'ils ont conservé cet attachement dont tu parles à juste titre. Mais la question qui reste dans ma tête, c'est que je n'ai pas réussi encore à me faire une idée de ce son vécu à elle (je ne le pourrais peut être jamais cela dit...), à savoir :
- c'était une "passade", plutôt courte, pas forcément très signifiante comme beaucoup de personnes en vivent?
- ou bien c'était un truc plus profond, auquel elle a décidé de renoncer pour telle ou telles raison(s)?
Une phrase de mon père m'est revenue depuis mon post initial (j'avais un peu picolé ce soir-là, donc c'est un peu flou). Je me suis souvenu qu'il m'a dit "Je lui en fait baver". C'est une piste pour me faire une idée, mais faut que je creuse comme je disais...
#

Ayna
le vendredi 08 juillet 2022 à 18h40
Merci pour vos témoignages, c’est intéressant.
Je suis pour ma part plutôt en réflexion sur mon besoin de donner et recevoir un « amour plus grand », plus pur, moins possessif ou inversé (parent qui a besoin de son enfant pour se sentir aimé). Je crois que mes parents se sont soutenus dans leurs fragilités psychologiques mutuelles et que j’ai reproduit la même chose dans mon mariage.
Aujourd’hui je ressens une sécurité intérieure que ma polyacceptance des 4 dernières années a fait grandir. Je me sens sortir du schéma familial par cette manière d’aimer plusieurs hommes et femmes aujourd’hui. J’ai le sentiment d’avoir un amour à donner qui donne vraiment. Et de recevoir de plus en plus ce don d’amour de la part d’autres personnes.
Je crois qu’à travers mes amours plurielles j’apprends à véritablement aimer l’autre. A l’aimer dans son unicité, à prendre soin de son ressenti et du mien, ce que je n’ai pas reçu réellement de mes parents, bien qu’ils m’aient profondément aimée !! (Mais pas comme je voulais!)
Donc oui, il y a une influence de mon histoire familiale, il y a ce truc à dépasser de la « tromperie », mais il y a surtout une recherche d’amour vrai, je crois.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

(compte clôturé)
le samedi 09 juillet 2022 à 11h06
Si j'ai si mal vécu l'infidélité de mon épouse c'est parce-que j'ai particulièrement souffert des infidélités de ma mère. je me revois, enfant, pleurer dans ma chambre, des nuits entières. Adolescence pourrie.
Cela a été un vrai traumatisme, du coup j'ai voulu vivre ma vie de couple dans une sorte de super exclusivité en développant un sentiment de possession exacerbé et une jalousie maladive (et d'un ridicule, avec le recul !)
J'ai sans doute provoqué, sans le vouloir, l'infidélité de mon épouse ( le mensonge est un autre débat).
Donc oui, pour ma part, le vécu de mes parents a considérablement influencé ma propre vie de couple. pas en bien.
Et oui, j'ai beaucoup de rancœur envers ma mère, je n'arrive toujours pas à lui pardonner, nos relations sont de plus en plus distantes.
#

bonheur
le samedi 09 juillet 2022 à 13h48
Ce que m'inspire le témoignage de @Donald (et pas que lui), c'est cette façon que des parents ont de vouloir "préserver" les enfants, au lieu d'expliquer.
Moi je pense qu'une éducation passe aussi par là. Idem pour la sexualité (attention, je ne parle pas de "reproduction").
Comme toujours, ce n'est que mon opinion.
Les enfants ne sont pas stupides, il ressentent, comprennent des choses. Sauf qu'on ne leur explique pas ce qui se passe, alors ils imaginent (à tort ?), etc.
#

(compte clôturé)
le samedi 09 juillet 2022 à 14h31
@bonheur, ma sœur ainée a posé la question à mon père, moi, je ne le pouvais pas.
"Pourquoi est tu resté ?"
Négation totale de la situation. On s'est fait des idées...Pitoyable. Quel con.
La famille est un buisson d'épines dans lequel on n'a pas choisi de tomber.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

bonheur
le samedi 09 juillet 2022 à 15h23
Donald
La famille est un buisson d'épines dans lequel on n'a pas choisi de tomber.
Tout à fait. Et parfois les enfants rajoutent sciemment des épines au buisson des parents, malheureusement. Les épines, on peut s'en protéger (communication et si impossible, partir). Celles des enfants, on ne s'en protège pas, sauf en foutant à la porte (une fois majeur, et il est déjà trop tard, les dégâts sont là).
Après, les buissons à épines, ça saute peut-être des générations ? :-/
#

Ayna
le mardi 12 juillet 2022 à 07h42
C’est drôle mais mes propres enfants n’ont aucun problème avec ma manière de relationner, je suis très transparente à ce sujet avec eux et j’ai le sentiment de ne rien avoir à justifier ou expliquer, cela coule de source pour eux. Et pourtant, ils sont issus d’un mariage bien classique, d’un milieu très hétéronormé, et le divorce avec leur papa a été rude pour eux.
J’ai l’impression que la génération en dessous de moi est comme « libérée », au moins en partie, des schémas familiaux qu’on se trimballe, nous la génération Y. Hier j’étais encore chez la kinésiologue et je porte encore en mémoire dans mes cellules la blessure d’abandon de 5 générations côté père……….. ça veut dire qu’effectivement on récolte les valises de nos parents, grands-parents et plus loin encore. Et pas juste parce qu’on a vu notre mère « tromper » notre père ou autre épisodes dont on a été témoin enfant. Le transgénérationnel - si on y croit - influence très certainement nos comportements amoureux.
#

(compte clôturé)
le mardi 12 juillet 2022 à 10h39
C'est pas l'infidélité ou le polyamour le problème. Pour un môme, le problème c'est le mensonge. Le mensonge tout le temps. Le mensonge des grands, ceux à qui tu devraist faire confiance, ceux qui te parlent de moral, ceux qui te punissent parce que toi, un jour tu as menti sur une mauvaise note ou un devoir pas rendu.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
#

bonheur
le mardi 12 juillet 2022 à 11h46
Le problème des enfants, c'est que l'on veut les préserver de nous-mêmes, au lieu de leur faire profiter de notre vécu. Peur du jugement, par exemple. Peur de se retrouver confronter à leurs émotions. Un peu comme le "dois-je dire à mon (ma) conjoint(e)... ?"
En fait, l'éducation consiste à cacher toutes les ombres, alors qu'il suffirait de les éclairer.
#

GeorgyPorgy
le mardi 12 juillet 2022 à 13h33
Peut-être le constat que tu fais sur ta dernière réponse @bonheur ne se limite pas uniquement aux enfants ("les préserver de nous même, au lieu de leur faire profiter de notre vécu"). J'ai de plus en plus l'intuition que c'est beaucoup vrai également dans les relations entre adultes, notamments sur le plan sentimental.
En tout cas, je pense que c'est ce que j'ai pu faire, intuitivement, sans vraiment y réflechir, jusqu'à il y a peu. Avec mon regard d'aujourd'hui (qui du coup, a pas mal déconstruit), je trouve que j'ai intuitivement tendance à masquer mes propres émotions pour ne pas heurter celles de la personne en face. Ne pas faire de vague, prendre sur soi, préserver l'autre. Comme une forme d'évitement. Presque un reflexe, qu'il faut maintenant arriver à anticiper pour faire autrement, car cet "autrement", je sens qu'il est plus sain, qu'il est plus en accord avec moi-même.
Je le fais plus naturellement avec mes enfants, car ils sont jeunes, et qu'on est "encore" en train de batir cette relation. Mais avec les adultes, où il y a un enjeu émotionnel / sentimental plus fort, c'est encore pas évident-évident.
Je me demande d'où ça vient, mais c'est surement un truc que les parents font avec leurs enfants, et qui s'intègre en nous en grandissant, puis qu'on va continuer de reproduire en tant qu'adulte... La boucle est bouclée donc ah ah
En tout cas, pour revenir à mon "histoire", ça colle très bien avec la manière dont ma maman se comportait sur le plan des émotions. Ne rien laisser transparaitre, ne pas afficher ses felures auprès de ses enfants...
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.