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Discussion : Que dois-je faire, je suis perdue ...

Siestacorta
le jeudi 28 novembre 2013 à 22h44
Caline
Euh, un buffet à volonté (j’aime pas beaucoup la comparaison) , je ne pense pas que ce soit le cas.
C'est pas fait pour être aimable, c'est une caricature qui serait valable si ton partenaire abusait de ta bonne volonté, que ses nécessités semblaient plus d'importance que les tiennes.
Apparemment, tu ne ressens pas la situation comme telle, et c'est tant mieux.
C'est pas que je te vois comme une femme-enfant, sans recul. C'est qu'à force d'entendre les témoignages de gens qui sont prêts à tout pour ne pas rompre, quitte à mentir/ se mentir sur leur capacité à vivre comme ça, je suis devenu un peu hypervigilant sur ce sujet.
Pour les dates à poser, non, c'est évidemment pas la peine de chercher un an à l'avance, mais c'est effectivement rassurant de projeter, dans l'immédiat ou à plus long terme, des échéances qui te rappellent la continuité de ta relation.
Comment ne pas penser à l'image du partenaire avec une autre... Même si j'avais des trucs, je sais pas si ça marcherait pour toi.
Je vais répondre un peu à côté : peut-être qu'il faut pas à tout prix éviter de penser à lui. Il ya des chances pour que ce ne soit pas tout rose. Mais très probablement, ce sera un moment dont tu pourras te remettre et qui ne cassera pas tes sentiments.
La bonne nouvelle, c'est que si votre relation continue à bien se passer, les prochaines fois où une situation comparable se présentera, tu auras moins de mal avec ça.
On n'empêche pas le manque ou la jalousie, on se sensibilise aux autres choses (constat que la relation continue à vivre, ressentir le bien être indépendant, se dire "rho je suis content que l'autre soit libre et puis me revienne....).
Puis ces autres choses prennent finalement assez de place pour que, s'il reste de la jalousie ou du manque, ça soit un truc "pas grave", pas oppressant.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Que dois-je faire, je suis perdue ...

Siestacorta
le jeudi 28 novembre 2013 à 18h24
Non, fixer d'autres dates pour toucher qu'il n'y a pas que la date manquante qui compte, ça me semble sain. A un moment, tu fixeras des dates parce que tu fixeras des dates, mais c'est normal aussi de chercher à être rassurée.
Que ce ne soit pas toi le jour du nouvel an, bon, ça peut se comprendre. Par contre, si ça doit être comme ça à chaque coup, c'est à dire qu'il y a durablement des priorités qui te font passer au second plan, il faut que ce soit verbalisé, et que tu saches dans quelle mesure tu es d'accord.
A priori c'est pas systématique.
Par contre, prends les trucs en main pour que ça soit égalitaire, pour que tu ne construises pas ce nouveau truc par défaut mais aussi en tenant compte de toi. Je me trompe peut-être, mais je crains que tu te sentes obligée d'accepter des choses pour ne pas tout perdre, et que du coup, tu n'oses pas toujours essayer de chercher des compromis.
La liberté que tu offres à ton compagnon en plus de l'amour que vous partagez, c'est pas un buffet à volonté, hein ? Tu as aussi le droit de dire ce que tu ne peux pas donner.
Discussion : Comment sortir de la “friend zone” ?

Siestacorta
le jeudi 28 novembre 2013 à 09h37
Green-Man-Outside
D/ si elle te trouve drôle, sympa, beau, intelligent, qu'elle aime ta compagnie, que vous êtes complices... pourquoi n'a-t-elle pas de désir ?
Je traduit "désir" en y incluant désir d'intimité, c'est à dire un désir physique dont la satisfaction n'est pas conditionnée, à court terme, par le sexe (restons prudents sur la "pureté" de nos attentes humaines).
On peut se demander si on se sent désirable, et si on sépare cette image de soi d'attendre d'être désiré et de vouloir faire connaître notre désir. Comme je le répète, être une personne fiable, vertueuse, intéressante, ouverte aux polyamour, c'est bien, mais si on ne s'intéresse pas à "pourquoi suis-je désirable", on va pas aller loin dans le " comment rendre mon intimité désirable".
Même en dehors de la question de la motivation sexuelle, c'est sur un rapport entre la confiance en soi et la compréhension que "séduire, ce n'est pas sale" que ça se joue.
Mais une fois qu'on a fait ces efforts-là, ce qu'il est souhaitable ou non de voir arriver, de sortir de la friend-zone, ça reste du domaine des affinités, c'est à dire aussi personnel que les goûts, mais sans que ce soit conscient
Je suis sans doute très chiant, mais je devient pas complice facilement, même avec des gens dont j'apprécie la compagnie. Je suis pire que le Renard et le petit prince, là dessus. Des séquelles d'esseulements, peut-être.
Bref... ca me mène à distinguer les qualités réelles des gens, mon goût pour eux, et la confiance affective qui autorise une intimité. Moi quand je trouve une possibilité d'intimité, je la prends pas forcément, même si c'est offert de bon coeur, et je n'ouvre la mienne qu'à des gens dont je ne crains pas la bienveillance - dont la bienveillance et l'intimité sont celles dont j'ai besoin, où je peux piocher sans que ça leur coûte et sans que ça conditionne la façon dont moi je dois être intime et bienveillant. Je suis chiant, vous dis-je.
Vu de cet angle un peu retranché finalement - dit comme ça ça semble pas forcément radical, mais ça se conjugue avec les reste de mes limites d'interactions - ce qui définit la zone d'intimité, c'est une rencontre entre mes attentes, les attentes de l'autres, nos capacités sociales, nos envies et besoin. La zone douce serait un territoire pas forcément ouvert, à l'ampleur directement dépendante des personnalités de ceux qui l'envisagent, de leurs affinités.
Et si les poly peuvent peut-être en concevoir l'intérêt plus facilement que les monos, ça ne leur rend pas la cartographie du lieu plus simple : il n'y a qu'à comparer au différentes configurations d'intimité et de compartimentation qui peuvent se rencontrer dans des amours multiples.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
Discussion : Comment sortir de la “friend zone” ?

Siestacorta
le mercredi 27 novembre 2013 à 16h34
Ce n'est pas parce que ce n'est pas définitif que c'est illusoire le temps que ça existe. Si une relation a commencé par une friendzone et en sort plus tard, ça veut pas dire que le besoin amoureux était là depuis le tout début pour les deux. La friendzone avait sa motivation.
Pourquoi en sortir ? La friendzone est perçue par l'un quand rien d'autre n'est souhaité par l'autre. Toutefois, si on en éprouve le désir, on peut faire valoir l'intérêt de passer à autre chose, se faire valoir en autre chose qu'ami désensualisé, que ce soit pour une vision de séduction traditionnelle, ou pour une vision de partage de tendresse. Rendre cela souhaitable (pas que par la rhétorique et la justification intellectuelle des beautés de l'amitié tendre, hein, par le comportement aussi).
Ca ne marche pas à chaque coup, mais ça ne veut pas dire que c'est bête d'essayer.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Comment sortir de la “friend zone” ?

Siestacorta
le mercredi 27 novembre 2013 à 14h21
Pour résumer, la friendzone, c'est quand il y en a un qui veut plus et l'autre qui n'en veut pas.
On peut cesser de proposer plus, ça ne veut pas dire que l'autre ne continue pas à pratiquer sa propre limite, à interpréter ce qui en sort.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Comment sortir de la “friend zone” ?

Siestacorta
le mercredi 27 novembre 2013 à 14h13
LuLutine
Moi, c'est pas pour ça que je disais que je pense que c'est un mythe.
Ma conclusion, je ne sais pas si c'est évident, c'est qu'il n'y a pas de friendzone unique, elle dépend des gens.
Mais, s'il s'agit de définir une sphère amicale où il n'y a pas de toucher sans que ça remettre en cause la qualité de l'amitié, alors pour moi c'est pas un mythe, ni un concept inopérant.
Quand la séduction fait plaisir mais qu'on ne souhaite pas qu'elle aboutisse, quand on veut dire "je ne souhaite plus vraiment te parler" mais que texto ça peut être mal pris (ça dépend des gens et des contextes), quand il s'agit en vrai de dire "on ne partagera pas un langage tactile parce que ça passe pas / parce que j'agis pas comme ça en général" mais que ça sort pas tout seul, alors, oui, il y a friendzone.
Ce qui est au centre de beaucoup de sites sur la séduction, c'est l'antinomie entre cette friendzone et le désir de séduction. C'est la période où on devient et demeure proche de quelqu'un, et où on a dans la tête que ça puisse évoluer, alors que dans la tête de l'autre, non.
Ca ne veut pas dire qu'on peut pas rester ami, mais ça veut dire qu'on renonce à se rapprocher différemment.
Je suppose que ça peut être simple de mettre vite les choses au clair. Mais je crois que la complexité des rapports humains fait qu'il n'est pas toujours évident de vouloir sortir de l'ambiguïté, de vouloir en sortir l'autre, de "se contenter" d'une amitié qui ne correspond pas à la façon dont on la vivrait si ce n'était qu'à nous de décider.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Comment sortir de la “friend zone” ?

Siestacorta
le mercredi 27 novembre 2013 à 13h36
Et moi, "friend zone", du point de vue poly, je trouve ça bien qu'on en parle.
Ce n'est pas parce que le concept nous vient de l'extérieur, et même d'une forme de rapports sociaux avec laquelle nous somme en désaccord que cette pratique n'a pas d'effet telle quelle sur nous.
Quitte, effectivement, à ce que la réponse poly soit la redéfinition de cette zone.
Pour un mono, "friend zone", ça se situe en opposition à la zone de L'amant par amour. On peut envisager en mode mono soft avoir plusieurs friends with benefits et/ou amants, mais si un amour se présente, les autres seront remis à la case friend (s'ils sont encore tolérés dans le paysage !)
Pour certains polys, et ce qui a été posté ici en témoigne, il y a un problème, dans le sens où il peut y avoir le souhait d'une intimité avec les amis.
Du coup, ils ont l'impression, avec la notion de friend zone, non seulement d'être exclus sexuellement - ce qui n'est pas forcément le soucis - mais de devoir observer pour l'amitié aussi des codes monos.
Mais derrière cette revendication d'une liberté d'intimité et de tendresse en amitié, il y a l'idée que sortir de la friendzone, en termes poly, ça voudrait dire partager cette liberté là.
Pour moi, c'est pas si simple.
Avoir une vision touche-touche de l'amitié, ça ne se confronte pas seulement à une morale trop compartimentaliste, à une "ouverture" pratique des langages affectifs, mais aux simples affinités, attirance et logique d'attachement des gens.
Bien sûr que les codes sociaux sont construits, éduqués, donc parfois pas conscients. Ca ne veut pas dire qu'ils sont complètement inadaptés à la vie sentimentale.
Concrètement, avoir une capacité d'amitié sensuelle ne me donne pas le désir de m'exprimer tactilement avec tous mes amis, ou la capacité durable d'accueillir leur tendresse.
Déjà parce que ce toucher ne se fera pas de même manière avec mes amis hommes ou femmes.
(uui, c'est hétéro-centré, et j'admets que ça se pose différemment pour d'autres mais) pour dire ça clairement, entre deux amis tactiles et sans attente sexuelle, un homme et une femme, je n'espère pas des deux pouvoir passer la soirée lové contre dans un canapé, ou de leur tenir la main dans la rue.
Je sais, puisque j'aurais pu être éduqué dans des lieux ou des époques où ça se faisait ... "en théorie", je peux le faire. En théorie, le pays où tout se passe bien.
Mais en pratique, je ne le désire pas. Et surtout, je comprend qu'on ne le désire pas. Qu'on ne soit pas attiré, qu'on soit plus à l'aise avec d'autres qu'avec moi, que la confiance qui permet l'intimité ne s'installe pas mais puisse s'installer avec d'autres. Même en imaginant que j'aie plein de vertus qui pourraient faire de moi l'ami le plus chouette que les autres voudraient avoir, c'est pas ce qui décide de comment il vont agir avec moi. Il y a des parents qui n'ont pas le même comportement physique avec leurs enfants, selon l'âge qu'ils sont, leur sexe, et leur personnalité. Les affinités qui font que ça passe bien ou pas, ça se décrète pas, c'est pas d'un seul bloc "personne fiable = intime = personne que j'ai envie de toucher".
Après, on peut réapprendre, essayer de proposer sa tendresse, expliquer ce qu'on fait. Mais ça s'arrête a ce que l'autre désire prendre, et ça, ça n'est pas seulement dépendant de son éthique affective.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le mercredi 27 novembre 2013 à 00h42
Je tiens à rappeler que je spécule, attitude qui peut être excessivement désinvolte, et je m'excuse encore de toucher à des nerfs à vifs... Il est toujours possible de m'envoyer paître.
Bon, en dehors des radicalités dont on parle, tu as bien sûr tes propres penchants, personnels, pas fabriqués par la part maladive.
Mais tu dis qu'elle peut beaucoup accentuer certains trucs.
Notemment, se faire souffrir pour éviter de faire du mal à l'autre. Dans un premier temps, c'est juste une inversion d'un élan émotionnel.
Mais est-ce que ça peut pas être devenu un genre de pensée magique, c'est à dire, le "besoin de se faie mal pour protéger, si je me fais mal je conjure le mal en général ?
Ici, si je supporte cette situation intenable longtemps, je me donne un sentiment de contrôle sur la violence que j'éprouve, sur les hauteurs des trapèze où je suis montée ?
Par ailleurs, même si tu m'as dit que la fidélité pour toi n'était pas une garantie mais un ressenti de l'unicité, le côté "terrifié par l'abandon" (et là, même si c'est plus vrai pour toi que pour d'autres, ça reste très vrai pour plein de gens), est-ce que ça ne conditionne pas en amont le désir de vivre avec un type extraordinaire, une relation extraordinaire parfaite depuis le premier jour, et de tenter d'en maintenir le côté surhumain même quand le réel est venu remettre ça au niveau du plancher des vaches ?
C'est pas le fondement de tes sentiments que je cherche à questionner, comme je te dis, ils sont ceux de tout le monde au départ, même des polys, même des adultères les plus honteux, même ceux des monos classiques...
C'est plus le côté déterminé d'une partie du scénario qui mène à la situation actuelle et la maintient.
Pas pour dire "c'est aviatha qui merdoie", mais pour regarder l'histoire sous les angles qu'on voit pas quand on la serre très très fort contre soi, voir ces bouts là pour que cette histoire soit pas comme une bestiole qui panique encore plus quand tu la serres trop, qui se défend contre l'étreinte quand elle pourrait s'apaiser ou moins ne pas blesser si on la saisit par la peau du cou.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le mardi 26 novembre 2013 à 22h14
aviatha
La psy dit que sur certains points je suis dans un déni de la maladie.
Ca peut concerner la violence de tes réactions émotionnelles aux évènements ? Et ou le jusquauboutisme dans certains cas ?
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le mardi 26 novembre 2013 à 13h34
En revanche, on peut bien comprendre que le rapport de confiance soit sérieusement affaibli après.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le mardi 26 novembre 2013 à 01h14
aviatha
C'est une forme qui donne tout, et qui exige tout en retour.
C'est ce que je comprend. Et je comprend pourquoi cette exigence est fragile, demande à être protégée. C'est sûrement sain ta manière de chercher ton équilibre.
Mais tu cherches un équilibre dans un cadre qui est pensé pour être casse-gueule ; c'est en partie la conséquence logique de cette vision d'un amour "rare", qui met intégrité physique et mentale en jeu, qui met tout sur le tapis, qui fait risquer la mort, qui emmène tout ça très en hauteur.
Si vous étiez deux trapézistes et que lui faisait une connerie en se mettant à jongler en plus d'essayer de te rattraper, ça serait sa connerie, son inconscience, son mépris de sa partenaire, mais à la base, si tu veux vivre l'amour sur un trapèze, tu prends sur toi une part de responsabilité dans les chutes que tu risques, une part qui n'est pas réduite par le fait que ton partenaire n'ait pas assuré la sienne de son côté.
Et, tel que j'interprète ton récit, une partie du stress qui est là, de sentiments violents qui te traversent, c'est pas seulement parce que tu vois un partenaire qui déconne, c'est face au risque de départ auquel le risque nouveau n'a fait que s'ajouter : à la base faire les malins si haut c'est risqué, le moment est critique par une prise de risque supplémentaire, mais aussi parce que le risque était grand avant.
Le potentiel de chute était déjà trop fort avant qu'il l'augmente.
aviatha
Je ne sais pas mettre un terme à ces amours là. Le premier je l'ai vécu jusqu'à ce que la mort nous sépare, au sens propre. Le deuxième, on me l'a arraché de force, parce que l'histoire allait se répéter, sauf que c'était moi que la mort visait à ce moment là, et un soir c'est passé si près que mes amis les plus proches ont décidé de trancher dans le vif avant qu'il soit trop tard. Et maintenant lui. Mais ce n'est pas une question d'assurance, la fidélité.
Peut-être pas, mais j'avoue qu'ici, j'ai du mal à ne pas mettre en rapport ton passé douloureux avec la façon que tu as de réagir à la relation d'aujourd'hui.
La fidélité ne serait pas qu'une assurance, mais comment pourrais-tu vivre sa remise en cause sans que ces violences passées ne rejaillissent et ne déforment la perception du présent ? L'amour n'est pas fait pour être un rempart, mais tu le sens attaqué.
Pour moi, la difficulté que tu as de réagir d'une façon sainement égoïste n'est pas qu'une question d'amour et de Grand Destin, mais aussi de continuer à aimer du même amour que dans des cycles précédents, en pensant qu'en y allant de toutes tes forces, ça en changera le déroulement.
Ce "à toutes forces" là, volontaire ou inconscient, c'est cette crispation dans le danger qui augmente le danger, dont je parlais tout à l'heure en parlant des exercices d'équilibre.
C'est un réflexe sain à la base, mais pas nécessairement adapté, si tu penses que tu ne peux que continuer à vivre des sentiments aussi forts.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le lundi 25 novembre 2013 à 22h48
Une hypothèse de dernière minute.
A plusieurs reprises, tu parles d'une "intégrité" amoureuse, avec des mots que je ne sais pas apprécier. J'ai une méfiance assez spontanée envers les Grands Trucs à Majuscules, que ce soit le Grand Amour de certains monos avec les Toi ou le Néant, comme avec l'Amour Total Omnitranscendantal des amoureux de l'amour avec tout ceux qui veulent, où l'amour est la solution à tous tes problèmes, si tu arrives à entrer en contact avec ta Lumière Intérieure (rose).
Mais ça, c'est aussi mes limites. Du coup, je me suis demandé si ça me faisait pas passer à côté d'un truc sur le caractère, hm, bigger than life des sentiments que tu exprimes. Le fait que c'est peut-être la passion elle-même qui peut faire apparaitre l'exclusivité comme nécessaire...
Est-ce que finalement tu essaies pas de sécuriser de ton propre abandon dans ton rapport à ton homme ? C'est à dire, puisque dans tes comportements récents, tu as continué à te donner malgré toi, à essayer d'aller au bout du truc... tu as été inconditionnelle, même dans la douleur. Ton amour, c'est comme ça, avec tous les jetons sur le tapis.
Du coup, cette tourmente dans tes tripes, est-ce que c'est pas un genre de garde-fou contre ça : tu sais que tu te donnes sans filet de sécurité, lui crée une situation "dangereuse", tu te sens encore plus vulnérable que si tu avais juste mis quelques jetons.
Seulement, se rendre vulnérable, c'est ce qu'on fait tous en aimant quelqu'un. Ya pas d'assurance tous-risques contre ça, la possibilité de se ramasser est proportionnelle à notre propre investissement, quelle que soit la promesse que fait l'autre.
Du coup, si on ne sait aimer qu'à fond complètement, on peut accepter d'être dans le risque. Le plaisir des sports extrêmes, c'est en assumant que les gadins font très très mal.
Je n'affirme pas "puisque j'aime à fond, je laisse tomber l'idée d'une assurance de fidélité" est facile à assumer. Pour d'autres raisons, je me laisse pas aller facilement aux vulnérabilités et sensibilités qu'engendrent l'amour.
Mais si pour ta part tu ne sais pas aimer autrement qu'avec cette mise en jeu complète, est-ce que le risque n'est pas en grande partie indépendant de ce que joue l'autre ? Est-ce qu'une partie de toi n'a pas déjà décidé qu'elle était amoureuse, et que vouloir mettre des garde-fous à cette puissance sentimentale, c'est augmenter les risques en se cabrant ? Par exemple, dans les sports où l'équilibre compte, quand tu stresses, le reflexes c'est de se crisper, de tendre les muscles partout. Mais c'est ce mouvement de tension qui te déséquilibre, au final, parce que tu t'adaptes plus à ta peur de te casser la figure qu'au fait de tenir debout sur le fil, la planche de surf, les patins...
Je sais pas, comme d'hab j'essaie d'exprimer une intuition, mais si ça se trouve ya que moi qui peux comprendre à quoi je pense :-/
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le lundi 25 novembre 2013 à 16h50
C'est probablement une vision de dehors, donc excessivement simplifiée, mais tel que tu nous le décrit, vivre cette situation, les déceptions, les questionnements mal compris par une partie de ton entourage et le simple fait d'être dedans semble te prendre beaucoup d'énergie en soi.
Je comprend bien que dans l'amour que tu vis par ailleurs, il y a une part des forces dont tu estimes avoir besoin, mais ce qui fait que tu considères qu'il y a une trahison, une violence, c'est aussi justement que vivre ainsi te coûte. C'est par défaut, mais ça se vit aussi dans un gros rapport de force, ce choix par défaut.
Il y a peut-être des bonnes raisons énergétiques de rester dedans, mais le coût de la dépasser, il se mesure quand même au coût d'en rester au même point.
Une comparaison, pour rester dans l'ordre des idées discutées sur le forum : un gars qui ment pour commettre un adultère, et qui ne peut pas révéler la vérité, parce qu'il pense que, sur le moment, les dégats seraient trop difficiles à gérer. Donc, il préfère vivre avec les complications du mensonges, plus que de prendre en main une réalité assumée et ses conséquences.
Humainement, ça se comprend. Mais en termes pratiques, sans jugement, il n'a pas de repère pour se dire "maintenant c'est le meilleur moment pour y aller", et toutes les autres circonstances peuvent être vues comme justifiant de ne pas décider. Tant qu'il reste du même côté de son obstacle, il gagne des raisons de ne pas le passer.
Pour faire mon yodha, "même un chemin de mille lieues commence par un pas".
Donc, j'ai bien compris que tu étais dans une période de "ressaisissement" et de protection.
Cela dit, je crois qu'en parallèle à ton analyse des difficultés, de ta "prise en charge" de ton chagrin, tu peux définir des conditions dans lesquelles tu pourras (seras capable, ne pourras plus faire autrement que) décider de ce qui est le moins pire pour toi.
Pas ce qui serait mauvais ou bon dans les conséquences de la décision, mais qu'est-ce qui te permettrait de la prendre.
Du coup, avec cette idée là, tu vas te retrouver à définir en creux les conditions de l'intervalle pendant laquelle tu ne peux pas décider. Simplement dire que ce temps d'indécision, tu décides qu'il est là, que, selon toute probabilité, tu ne vas pas y mettre fin ce soir, et ton compagnon non plus. On peut constater que, en l'état, vous n'arrivez pas à débloquer la situation, et que demander l'un à l'autre de le faire n'a pas abouti.
Comme tu n'as pas de contrôle sur sa capacité et sa motivation à débloquer les choses, c'est sur tes conditions d'action à toi que tu travailles.
Si ça veut dire te soigner et laisser la situation durer pendant l'intervalle, en te protégeant de x manières pratiques, tu le fais, et tu décideras quand tu estimeras ça possible.
Si la décision est plus difficile à vivre que l'indécision, autant dire : l'indécision est là jusqu'à tel moment, et je choisis de faire avec tant que la situation ne change pas et que je ne peux pas faire autrement que la subir.
Ce sur quoi j'insiste, c'est sur la nécessité d'imaginer une circonstance où c'est toi qui prend la main, ne pas rester sidérée par les alternatives où tu es passive - celle où ta santé lâche complètement, celle où c'est l'autre qui décide (dans un temps et pour des motivations qui ne peuvent correspondre qu'à sa vision).
Je comprend que ce sont les éventualités qui font le plus peur, et sont les plus imaginables: soit tu craques, soit il se barre, soit il décide de renoncer à cette autre histoire. Ou, la version féérique, il a la révélation et il comprend le mal qu'il fait, et il prend LA bonne décision, revient vers toi sans que tu aies pris un parti.
Mais la conséquence de ne pas écrire ton rôle là-dedans, de ne pas déterminer ce que toi tu désires et refuses quitte à arrêter là, c'est que même après le changement de situation, tu devras en tenir un qui n'a pas été assumé.
Tu pourras être une femme quittée, et t'en vouloir et lui en vouloir.
Ou, s'il reste avec toi, qui sera tu pour lui après cette longue période ? Comme ferez vous pour être ensemble, si lui a choisi le couple, mais toi tu en restes au moment où tu lui en as voulu de ne pas l'avoir fait ? Tu disais, il y a un moment, que tu ne sais pas si tu pourrais jamais pardonner ce qui a été cassé. Comment vivrez vous si dans ton rapport au couple d'après il n'y a pas le moment où toi tu as décidé avec lui de conserver le couple, juste sa faute et sa rédemption ?
Pardon d'être un peu sévère, moralisateur... Je me trompe peut-être en essayant de débusquer un impensé, quand si ça se trouve ça ne peut pas t'aider.
Comme souvent, je ne "sais" rien que ce que je peux lire, je ne peux pas envisager la réalité sensible de ce que tu vis. Je pars du principe que les discours de réconfort et de soutien, tu les auras aussi, et que même sous cette forme un peu inquisitrice, il y a quelque chose à tirer.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le lundi 25 novembre 2013 à 13h09
aviatha
j'ai tout simplement pas la force nécessaire à une prise de position/décision ferme, c'est juste au-dessus de mes forces en ce moment.
En quoi la force nécessaire à ne pas prendre position est plus facile à mobiliser ?
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le lundi 25 novembre 2013 à 00h28
aviatha
Donc il reste l'approche du milieu, arriver à lui donner une pleine conscience de la situation, ce qui, à mon sens, devrait le faire se bouger un peu. En fait, j'avais oublié ce bout-là.
Je sais pas.. J'ai l'impression que la description de la situation sous l'angle très prégnant de la violence par toi, et sous l'angle des avenirs impensables pour lui, c'est deux façons de ne pas décider qui s'entretiennent mutuellement.
Je ne nie pas qu'il aurait dû décider, mais je rejoins un peu Lulutine, ya un moment où toi tu ne décides pas d'arrêter les frais. Comme si la menace que tu lui fais de partir avait plus de sens que de te préserver toi.
Ce n'est pas une analyse logique de ce que tu décris, ni "comment tu devrais faire", c'est qu'à travers une partie de ton discours, je vois les façons de chacun conserver l'indécision, de dire "la responsabilité passée est à lui, donc la responsabilité à venir est à lui, parce que la conséquences des deux est ma souffrance". Alors que la conséquence de toi ne pas décider de te barrer est aussi une violence que tu décides de continuer à subir, comme si souffrir était une telle évidence en amour que ce serait une validation que l'histoire en vaut la peine.
"Tu ne prends pas de petits joueurs à ta table" parce qu'il faut "miser son intégrité physique et mentale" : la beauté tragique de ce point de vue me semble survalorisée. Si l'amour n'est vrai qu'en prenant un risque de roulette russe, alors accuser l'autre de ne pas désirer perdre n'est pas très juste, non ?
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le dimanche 24 novembre 2013 à 22h18
Oui, à la relecture je suis pas limpide...
D'un côté, tu ne veux pas exercer la violence de pousser ton homme à la décision.
De l'autre, tu estimerais violent qu'il soit conscient de sa position et ne prenne pas de décision.
Donc, il n'y aurait pas d'approche non-violente de la situation. Pour moi il y a un paradoxe, parce que ça revient à dire que dans cette histoire que quoi que l'on fasse, ça serait volontairement destructeur.
Je pense que cette lecture enferme les actes dans une interprétation qui ne prend en compte qu'un seul aspect de ce qui est vécu: la souffrance.
Oui, il y a des souffrances fortes, et des responsabilités à prendre face à elle, mais ne raconter l'histoire que sous l'angle de la violence, c'est peut-être condamner d'avance tout ce qui peut être fait pour en sortir, tout ce qui dans la vie ne réagit pas à la souffrance uniquement en mourant.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le dimanche 24 novembre 2013 à 13h55
Kajal
Ce que je te conseille Aviatha, avec tout mon coeur, est de laisser tomber les Psychiatres, les médocs, ça sert a rien, tu peut sans l'aide de personne, faire une déprogrammation de conditionnement reçu,
C'est une erreur de jugement, mais il faut lire aviatha depuis assez longtemps pour le savoir.
Par ailleurs, il n'y a pas d'un côté l'amour monogame avec des status quo et de l'autre le polyamour inconditionnel. Ca, oui, ce serait noir/blanc.
Discussion : Paumée avec un polyamoureux

Siestacorta
le dimanche 24 novembre 2013 à 04h07
aviatha
Quand je lui ai parlé de mes réticences à demander à mon cher et tendre de prendre une décision parce que cela me semble "violent" quelque part, elle m'a demandé s'il était adulte. Étonnée, je lui ai répondu que oui, bien sûr. Elle m'a donc expliqué qu'en pensant ainsi je l'infantilisais beaucoup. "Quand on est adulte,on sait que nos choix ont des conséquences, et avant de les faire, on doit prêts à en assumer les conséquences. Le choix qu'il a fait, quoi qu'on en pense, est une cause, votre état, quoi qu'on en pense également, une conséquence qu'il se doit d'assumer."
(...)
Pour moi, rendre quelqu'un aussi malheureux, le savoir, avoir les moyens de mettre un terme à cela et s'y refuser pour son bien-être personnel, c'est de la trahison au dernier degré.
Les deux passages précédents ne sont pas censés parler de la même personne, mais je me demande si ça le fait pas un peu quand même ?
C'est à dire : tu ne souhaites pas lui demander de prendre une décision, parce que pour toi c'est exercer une violence, et d'un autre côté, tu pense que si il se rend compte de ce qu'il fait, c'est de la maltraitance "aggravée" de trahison.
Du coup, tu ne lui demande pas d'agir, parce que dans ton optique, ce serait
- lui donner l'occasion d'être violent affectivement
- être violente toi-même en le poussant à ça.
C'est pas parce qu'il y a un paradoxe que ça ne rend pas compte de la réalité de la situation, hein, au contraire même (une perception entièrement cohérente des choses a un haut risque d'ignorer la complexité humaine).
Par contre, ce qui n'est pas forcément précis, c'est de ne penser la souffrance que comme une violence.
Que chacun de vos gestes ne seraient que ça, de la violence, et qu'il n'y ait pas d'autre façon de qualifier ce que vous vous faites. On n'interprète les choses que comme ça, et on reste enfermé dans le triangle dramatique...
On peut souffrir de quelque chose sans être violenté, mais parce que c'est une situation difficile, qu'on aime pas, qu'on a peur de ce qui vient ensuite. Il peut y avoir la responsabilité de quelqu'un qui quitte quelqu'un d'autre, ou un deuil, ou une déception, et toutes les souffrances qui s'ensuivent, sans que la source de ces souffrances aient été un acte violent, intentionnellement ou par négligence. Si une bouteille tombe elle casse, même si on ne l'a pas lancé vers le sol... On est fragile même si les gens ne nous frappent pas.
Ya donc deux responsabilité :
- la sienne, qu'on t'a souvent souligné ici, de décider de ne plus te faire souffrir (même si ça signifie te quitter et te faire souffrir... mais en projetant que ce sera la dernière souffrance échangée),
- la tienne, ne pas chercher à te protéger de ta façon de penser la violence et la souffrance en évitant par "indécision" que la souffrance te vienne de quelqu'un que tu aimes. C'est à dire : avec une idée assez idéaliste de votre couple, de lui peut-être, tu as pu vouloir mettre de la force pour protéger tes fragilités. Mais la force, elle vient pas de l'innocuité du couple, ou de ton homme, mais de toi-même. Oui, ça fait du bien de croire que l'autre peut te sauver, de toi-même, mais il y a des situations où il ne pourra pas le faire. Tu peux lui en vouloir, te sentir trahie plus dans l'idée que tu te fais de sa morale que dans l'adultère lui-même, mais malgré tout, la personne qui aura la responsabilité de te faire encore avancer demain, et après-demain c'est toi.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Que dois-je faire, je suis perdue ...

Siestacorta
le jeudi 21 novembre 2013 à 09h49
Le libertinage et le besoin d'aller vers l'autre ne sont pas les mêmes choses.
Le désir, le désir de variété dans le désir peuvent se mélanger à notre curiosité envers les gens, et la séduction est, en elle-même, un comportement qui n'est pas forcément fait que de désir érotique.
Si par "naturel", tu entends "est-ce que tout le monde le ressent comme ça", alors on peut te répondre : ça arrive à la plupart des gens de le ressentir, plus ou moins souvent, mais la plupart des gens ressentent aussi tout un tas d'autres choses. La "nature" humaine est composée de plein de trucs contradictoires, mouvants. Donc on se détermine pas d'un seul bloc.
J'ai souvent des envies de séduction, mais j'ai pas une libido très forte. D'autres ont une forte libido, aiment batifoler, mais ne veulent pas vraiment "connaître" un autre, avoir une relation affective développée. D'autres ont besoin de plein de relations développées, mais ont besoin d'en assurer une en priorité.
Si par "naturel" tu entends "est-ce qu'il faut ressentir ça" pour être complètement humain, la réponse est non.
Discussion : Entre la tête et les tripes...

Siestacorta
le jeudi 21 novembre 2013 à 09h39
Caline, c'est dans ce message de dominik.
"Le crocodile" est le terme pour utilisé par un psychiatre pour désigner notre cerveau archaïque. Une partie de notre cerveau qui ressemble le plus à d'autres animaux, à des types d'animaux plus anciens que les mammifères et les hominidés.
On parle encore parfois de "cerveau reptilien". Bon, c'est pas une théorie médicale à prendre au pied de la lettre, on a pas plusieurs cerveaux distincts dans la tête, mais un seul qui a changé au fil de l'évolution animale.
Mais ça permet de dire qu'il y a certaines de nos pulsions très primaires, qui ressemblent à celles qu'un oiseau ou un reptile manifestent dans leur survie quotidienne : attaque, fuite, repli sur soi...
On peut comprend qu'on tend parfois vers ces pulsions. Mais si on est évolué au point de
- distinguer nos pulsions intérieures des menaces présentes, que ce que nous vivons ne se resume pas à ce que nous ressentons,
- être capable de communiquer cette distinction, la remarquer chez autrui
- avoir un tas d'autres réflexes beaucoup plus humains (compassion, coopération à long terme, besoins "abstraits")
alors on peut utiliser nos pulsions primaires d'une façon fine au lieu de les subir et les faire subir aux autres.