Comment en finir avec la culpabilité?
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Anouk
le mercredi 22 février 2012 à 16h50
Non, ça, rien n'y fait...
Même si, à chaque fois que le sentiment de culpabilité m'envahit, mon intellect sort l'artillerie lourde: inutile de refouler des envies que le déni ne fera qu'exaspérer, la liberté permet au désir de respirer, si je renonce à la liberté je dépéris, il n'a qu'à faire la même chose, ce qui compte c'est la sincérité, je ne l'ai pas pris en traître, il a toujours su que je ne me priverais pas au nom de la fidélité, déjà cent fois bafouée quand la question vient à se poser...
Et pourtant.
Impossible de n'être pas torturée par la voix de la culpabilité, qui me désigne son petit air chiffonné, son ton discrètement attristé, et même sa façon si douce, si résignée, d'accepter mes frasques indignes. Indignes de sa bonté, de sa patience, de son sacrifice... Car qu'est-ce, sinon un sacrifice, que de construire sa vie avec une infidèle?
Et l'intellect de revenir à ma rescousse: infidèle mais franche, infidèle mais sexy, joyeuse, vivante! En somme, infidèle mais... fidèle!
Alors je m'éloigne, le coeur gros. Arrachée à mon pauvre amour délaissé. J'y vais par principe, même plus par envie. Je n'ai plus envie de rien. M'enterrer avec lui (car si je "cède", je renonce pour lui: catastrophe) ou me perdre avec un autre (si je résiste, je le blesse: c'est entendu)... Je choisis de résister, et de vivre ma vie, mais ce sale sentiment de culpabilité a gâté mon plaisir, saboté ma fête... Du moins, au départ. Il me faudra un amant bien divertissant pour me rendre à l'insouciance!
Voilà des années que je vis ainsi, et j'ai fait le coup à plusieurs hommes. "Faire le coup": voyez!...
Comment en finir avec la culpabilité?
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lilitu
le mercredi 22 février 2012 à 17h39
Pas de solution, juste une jolie chanson que j'écoute en boucle en ce moment:
www.youtube.com/watch?v=BLtGDFTOLCs
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Popol (invité)
le mercredi 22 février 2012 à 17h48
Si si, y'a des solutions;: une thérapie, par exemple.
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LittleJohn
le mercredi 22 février 2012 à 17h49
Pour que ta culpabilité existe, il faut une victime, réelle ou imaginaire. Donc 2 axes pour t'en débarrasser :
- si ta victime est réelle, se débarrasser de la victime, ou lui demander, s'il a officiellement accepté la situation, d'éviter de te faire sentir le poids de son sacrifice (non mais oh ! :D )
- si c'est toi qui exagère ou imagine son état de victime, arrêter de se faire des films.
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lilitu
le mercredi 22 février 2012 à 17h59
Popol
Si si, y'a des solutions; : une thérapie, par exemple.
zut, je voulais pas dire qu'il n'y a pas de solution... loin de moi, cette idée! Juste que moi je n'en ai pas ;-)
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yellow
le mercredi 22 février 2012 à 18h08
Génial ton message Anouk................
Ajout d'un autre phénomène en plus de celui que tu décris: l'amoureux ne comprend pas pourquoi il ne peut être de la fête lui aussi. Il n'a pas le désir d'une autre et a mal, mais trouverait moins pesant d'être présenté, associé, voire peut-être amoureux lui aussi de cet autre, en tout cas l'espère-t-il, à moins qu'il n'aille y chercher des fantasmes. Bref, tout ce qui casserait définitivement ton envie d'aller aimer ailleurs ou de garder ton amoureux... Comment lui expliquer? On le dit peu.. et culpabilise..
Je ne sais pas si ça colle à ta réalité.
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wotan
le mercredi 22 février 2012 à 21h24
Je viens de lire un bouquin super bien sur le sujet 'au diable la culpabilité' Yves-Alexandre Thalmann.
Il a par ailleurs écrit un livre sur 'les vertus du polyamour'
Je vous les conseille !
w.
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Anouk
le samedi 25 février 2012 à 19h40
Bon, bon, bon.
Merci Lilitu pour la chanson, que j'ai bien sûr écoutée la larme à l'oeil. Merci Yellow, pour ta compréhension (et ton doux éloge!)... C'est vrai, l'effet siamois que recherche le pauvre amoureux peut être plus que pesant, lorsqu'on a envie de s'envoler vers d'autres bras.
Je réfléchis aux axes de réflexion bien rationnels de LittleJohn. Certes, il faut mettre les choses à plat, et se demander s'il y a victime... Pour se rendre compte que la sincérité du polyamour n'autorise justement pas qu'il y ait un dindon de la farce. La franchise inhérente à notre éthique rend chacun libre de décider de son rôle... Cependant, c'est RATIONNEL! Moi, je parle d'une lame de fond émotionnelle!
Allez! Je m'attaque au bouquin de Wotan.
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Anouk
le samedi 25 février 2012 à 19h42
Ah oui! Pour Popol! J'ai fait psychanalyse et hypnose... Pour l'instant, je reste dans l'impasse!
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Popol (invité)
le samedi 25 février 2012 à 20h11
Moi je pensais plutôt à la psychothérapie, ça donne plus de résultat que les psychanalystes qui te laissent nager sans trop intervenir - ça peut donc durer des années sans qu'on avance, et tu passes ton fric dans leur poche en te donnant l'illusion de faire quelque chose, et le message c'est que s ça ne marche pas, c'est bien que tu ne veux pas changer, mais penser le faire.. et plus que l'hypnose - qui pour moi, revient à espérer gagner à la loterie pour ne plus avoir à travailler.
Valà, c'est mon avis pour avoir expérimenté pas mal de méthodes, y compris les séminaires à l'américaine censés te lever les blocages en un week-end. :-)
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yellow
le samedi 25 février 2012 à 21h27
Bonsoir à tous, bonsoir Anouk,
J'ai cherché le bouquin de Wotan hier, sans succès. J'ai lu des critiques qui parlent de méthode Coué revisitée, mais j'ai bien l'impression que c'est plus que ça. Tu nous diras ce que tu en penses après lecture..? :)
Pour le reste, je vais m'étendre un peu plus, allez..
J'ai connu la même situation que toi. A l'époque (il y a 3, 4 ans), j'ai vécu la plus belle des aventures amoureuses, tout était grand. Mon amoureux, aujourd'hui père de mon enfant, aimait cette partie de moi qui osait s'écouter et retrouver un être autrefois passionnément aimé, et jamais eu... Cela l'intéressait, il voulait suivre l'évolution de tout ceci sans trop savoir dans quoi il s'engageait. Moi j'étais confiante, je faisais le trajet entre mes rendez-vous et ma "maison" le coeur plein, ma joie était immense, ma gratitude envers ces 2 hommes sans limites. Je pouvais être moi-même, et différemment, avec chacun d'eux. Je me découvrais plus riche que la veille, plus bienveillante, plus coquine, plus tout...
Et puis peu à peu "mon" homme s'est éteint, je le retrouvais inquiet ou détaché, déstabilisé par ma joie, ses peurs reprenaient le dessus. Je suppose qu'être heureuse ailleurs mettait en péril notre avenir, même si je tentais de l'assurer du contraire. Tout le monde aura vécu ça ici j'imagine mais pour moi c'était très dur à assumer: mon bonheur immense contre son extinction lente, je ne pouvais rien y faire. Cela le regardait, c'était son expérience à lui dans ce cadre. Et je m'en sentais, quoi que je fasse, responsable.
Pour ne pas salir mon autre relation, je n'ai pas accepté qu'ils se voient, ou de trop en dire. L'un et l'autre se sont sentis délaissés et la jalousie est née. Chacun a voulu se réapproprier mon avenir, avec eux seuls bien sûr... Alors j'ai quitté ma parenthèse, que j'étais seule à vivre sans entraves. Les entraves, c'étaient les autres...
Je suis retournée à mon premier amour qui avait le mérite d'avoir essayé, et pas pu. J'ai fait souffrir l'autre, j'en ai mal encore, j'y pense très souvent, bien que sans regrets. J'ai la sensation de n'avoir pas eu de solutions une fois le bonheur trouvé et impossible à faire tenir...
Avec le recul, je me dis que j'aurais pu insister, imposer encore plus mes besoins et point de vue, rassurer, emmener... si j'avais moins culpabilisé. Certainement. Mais (est-ce honnête de ma part..?) je ne regrette pas d'avoir fait un choix par respect pour celui que j'ai rencontré et avec lequel je voulais rester longtemps, le plus longtemps possible.
Pourtant aujourd'hui quelque chose manque. ce n'est pas cette autre ou une autre relation, c'est l'ouverture d'esprit du polyamour qui devient pour moi une évidence si on est à l'aise avec soi et "son" monde. Et je regrette de ne pouvoir le partager. Je sais que dans mon quotidien cette vision des choses manque à ma joie, je suis seule avec mes certitudes et mes espoirs. Parfois j'espère bien que nous avons une deuxième vie... et plein d'autres... Parce qu'en une seule, si je quitte mon ami pour vivre mon rêve, je casse tout de même une chose que j'affectionne tout autant: notre histoire. Je choisis d'espérer évoluer sans me donner le droit de changer l'autre non plus. J'essaye de tout vivre bien, et de nous ouvrir, au moins à deux, à davantage d'authenticité, de nous pousser à être clairvoyants sur ce que nous sommes, à réfléchir un peu plus. Repousser le cadre, ce qui n'empêche pas le respect. Bref de faire tout ça, sans le polyamour vécu. Parce que chacun a ses limites, et on peut aimer quelqu'un qui a des limites autres que les siennes.
J'ai bien conscience qu'on peut se dire que j'ai manqué de courage, d'affirmation. Je crois que j'ai pêché par optimisme. Et je n'arrive pas à m'en défaire, sans savoir si c'est un mur qui m'attend ou la récompense de ces efforts d'espoir.
Voilà. ça ne fait pas bien avancer le débat, mais je voulais juste dire que le temps que tu gagnes à poursuivre ton idéal, même si cela ne se passe pas comme tu le souhaiterais, c'est un temps précieux pour que les autres fassent leur chemin. Si j'avais été moins pressée, si je n'avais pas abandonné... je ne sais pas où je serais aujourd'hui.
Comme a dit Popol, "vi, vi, no problemo... "(je me permets la reprise d'ac?)
Bon courage et profite... t'as un bon bouquin à lire en + ;)
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Popol (invité)
le samedi 25 février 2012 à 21h45
Comme a dit Popol, "vi, vi, no problemo... "(je me permets la reprise d'ac?)
Vi, vi, no problemo.
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PolyEric
le dimanche 26 février 2012 à 19h49
Anouk
Comment en finir avec la culpabilité ?
Tu as bien décrit ta situation, c'est vraiment bien tourné. Je n'ai pas lu le reste de la discussion, mais j'ai quelque chose à te dire;
J'ai connus de nombreuses fois la même situation que toi, ce qui veut dire qu'elle ne t'est pas propre. Au passage, on peut aussi en conclure que cette situation n'a pas de rapport avec le fait d'être un homme ou une femme (je ne sais pas si c'est utile de le constater, mais bon, on ne sait jamais ce qui peut être utile aux autres).
A l'époque, j'avais longuement réfléchi, et j'ai trouvé une piste, valable pour moi, mais je ne sais pas si ça peut se transposer.
D'après moi, ce n'est pas de la culpabilité.
C'est pour ça qu'en cherchant à échapper à de la culpabilité, on ne s'en sort pas.
C'est donc autre chose mais quoi ? D'après moi, c'est la frustration qui résulte de ne pas pouvoir partager le polyamour avec bonheur avec quelqu'un.
Je voulais vivre avec une polyamorueuse, une vrai, et je ne vivais "que" avec quelqu'un qui me laissait vaguement faire, ce qui n'est absolument pas pareil. Non pas pareil du tout. Mais alors, pas du tout.
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PolyEric
le lundi 27 février 2012 à 00h34
Ben, je veux bien, mais je ne sais pas ce que tu veux savoir. Je vais essayer.
Au début, lorsque l'on se découvre polyamoureux, on remarque très nettement que nos partenaires ont tendance à nous pointer du doigt, ou à vouloir nous restreindre, ou les deux. Du coup, nous rêvons de quelqu'un qui nous laisse vivre notre vie. Etant donné que c'est difficile à trouver, on focalise sur ce problème jusqu'à trouver la perle rare qui nous offre cette liberté. Une fois trouvé, on se croit arrivé.
Sauf qu'en focalisant sur le problème, on a confondu "résolution du problème" avec "trouver le bonheur".
La seule résolution du problème ne suffit pas. Il ne s'agit pas de trouver quelqu'un qui nous laisse tranquille, mais de trouver quelqu'un qui aime vivre l'amour librement, bref, qui conçoit le polyamour comme une évidence.
Le profil d'une telle personne est très différent d'une personne qui respecte notre liberté, ça n'a rien à voir. Si je caricature outrageusement, l'un met le cap sur "l'amour libre" alors que l'autre met le cap sur "la liberté", donc ce sont deux caps bien différents. Si l'on confond "liberté" et "polyamour", on a sans cesse l'impression de se faire avoir. On nous dit "qu'est ce qui ne va pas, encore ? Je te laisse libre, alors soit content". Et on aboutit au découragement évoqué par Anouk, car on ne voit pas ce qui ne va pas, et pourtant, ça ne va pas.
La vérité est un élément essentiel du polyamour. En effet, si la vérité, n'était pas essentielle, il nous suffirait de mentir. Quelle est donc la différence avec une situation de mensonge ? En se cachant, on peux avoir la paix. Mais on ne partagera jamais le même amour, donc il nous manquera toujours quelque chose.
Mais ce n'est pas tout. La vérité, bien qu'essentielle, ne suffit pas. Elle permet juste de savoir. La plupart du temps, on découvre, grâce à ce principe de vérité, que l'on n'a toujours pas ce que l'on cherche. La vérité nous montre souvent en effet que l'autre souffre, ou qu'il consent sans vraiment en profiter, ou que ce n'est pas son rêve de vivre ainsi. Bref, tout est à recommencer, ou à tout est à construire, je ne sais pas ce qui est le pire.
Bref, la liberté et la vérité ne sont que des étapes vers le polyamour.
La perle rare qui nous laisse notre liberté, n'est encore pas assez belle à nos yeux. Et nous préférons ne pas accepter cette dure constatation, car les polyamoureux sont difficiles à trouver, surtout que tous les polyamoureux ne peuvent pas nous plaire, et je ne parle pas du fait que tous les polyamoureux sont différents, y compris parfois sur les notions de base. On se demande si on va y arriver un jour, et la réponse nous apparaît pourtant de façon éclatante. La réponse est non, ou alors il faut vraiment bien chercher, sans faire de demi tour, sans détour, en disant "c'est ça ou rien", et en acceptant de ne pas céder à la tentation de se ranger pour quelques temps. Autant dire que c'est quasiment impossible.
Dans un autre post, j'ai résumé mon point de vue par la phrase "un polyamoureux, poly-aime". Autrement dit, l'amour d'un polyamoureux, est un amour très spécial. Enfin, à mon sens.
Chacun sait ici, que je ne suis pas représentatif des polyamoureux. Mais bon, je dis ce que je sais de mon vécu. Si ça peut servir, il n'y a qu'à demander.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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PolyEric
le lundi 27 février 2012 à 00h49
yellow
J'ai la sensation de n'avoir pas eu de solutions une fois le bonheur trouvé et impossible à faire tenir...
Avec le recul, je me dis que j'aurais pu insister, imposer encore plus mes besoins et point de vue, rassurer, emmener... si j'avais moins culpabilisé.....aujourd'hui quelque chose manque. ce n'est pas cette autre ou une autre relation, c'est l'ouverture d'esprit du polyamour qui devient pour moi une évidence si on est à l'aise avec soi et "son" monde. Et je regrette de ne pouvoir le partager. Je sais que dans mon quotidien cette vision des choses manque à ma joie, je suis seule avec mes certitudes et mes espoirs.
Je viens de lire, et je vois donc que je ne suis pas le seul à penser que ce qui manque au final , c'est de partager le polyamour lui-meme.
A défaut de partager le polyamour, ça fait du bien de savoir qu'on partage au moins la frustration de ne pas pouvoir partager une telle évidence.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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Popol (invité)
le lundi 27 février 2012 à 07h03
Si je récapitule bien, à force de vouloir un partenaire poly-absolument, on finit par confondre le but et le chemin. Le bristol d’invitation n’est pas une garantie de soirée géniale…
Mmmmhh. Je me dis depuis longtemps que la recherche de la liberté va avec l’élargissement de l’ouverture à rencontrer des gens pas forcément polyconscients - on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise.
Je mettrais moins en avant la vérité comme ingrédient incontournable que l’authenticité, dans le sens d’être franc, de dire avec justesse son ressenti ; ce qui suppose un certain courage pour affronter ses démons.
Le polyamour a été un déclencheur pour moi dans ce sens, et pas le contraire.
Et pour ce qui est de faire machine arrière parfois, je parlerais plutôt d’accepter de faire du sur-place, le temps de se refaire des forces pour continuer la route. C’est plus indulgent et ça compose plus avec la réalité, en posant des objectifs atteignables ; sinon, c’est l’auto-mise en échec programmée permanente.
Entre autres, penser que la solution pourrait consister en « insister, imposer encore plus ses besoins et points de vue, rassurer, emmener », ou penser le polyamour comme en évidence me paraissent des chemins plein d’embûches semées par le polyamoureux lui-même.
D’un côté, ça me parle de ne pas tenir compte des besoins du partenaire, qui arrive dans la relation, comme tout un chacun, avec son sac de merdes existentielles. Et plus chargeant encore pour soi-même, d’endosser un rôle de leader et de figure maternelle-refuge : un peu comme de vouloir partir en expédition de montagne avec une valise à chaque main et un nourrisson en sac-kangourou. Ca me parle d’un autre côté de partir dans cette aventure avec une carte du Tendre poly irréaliste et idéaliste. Plutôt qu’avec une vraie carte de rando, tout en restant conscient que les névés fragiles et prêts à démerder sous le pied n’y figurent pas forcément.
Bref, j’y vois beaucoup de rigidité et de ghettoïsation à l’égard de tout le monde, soi-même y compris.
La culpabilité est un ressort si bien intégré qu'il peut tout activer; et le boulot à faire, ce n'est pas de se soustraire aux situations, mais de rendre le risque de s'y plonger pour apprendre à désactiver le mécanisme.
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PolyEric
le lundi 27 février 2012 à 10h56
Popol
Si je récapitule bien, à force de vouloir un partenaire poly-absolument, on finit par confondre le but et le chemin. Le bristol d’invitation n’est pas une garantie de soirée géniale…
D'après moi, ça ne récapitule pas tout à fait bien ce que j'essaye de dire.
Si je reprend ton approche, il faudrait dire :
A force de vouloir la liberté-absolument, on finit par se tromper de chemin, ce qui a pour effet de ne pas pouvoir arriver au but. Le bristol libertaire n'est pas une garantie de vie géniale.
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Popol (invité)
le lundi 27 février 2012 à 12h50
OK, j'ai capté ton point de vue, je crois.
Sur la même lancée: qu'est-ce qui te dérange dans la relation que tu décris?
Que ce quelqu'un qui est d'accord de t'accorder de la liberté, n'en ait pas la même conception...
...ou que sa perception personnelle de la liberté fasse peser à tes yeux un déséquilibre sur votre relation (j'essaie de m'imaginer le genre de dialogue que vous avez pu avoir, où en même temps elle te répéterait que tu fais ce que tu veux, mais d'une manière qui te culpabilise... et en quoi elle te culpabilise).
Ce sont deux choses bien différentes, mais cumulables, donc pas forcément cumulées.
Et je pose la question, parce que ce qui revient régulièrement dans les fils, c'est la quête - à mon avis vouée à l'échec la plupart du temps - de quelqu’un qui a exactement les mêmes vues polyamoureuses, comme en garantie de paix des ménages. Alors que tout reste à faire... amoureusement parlant.
D’un autre côté, on a quand même ici quelques exemples encourageants au sujet de la cohabitation paisible de ces différences au sein d'une paire d'amoureux, chez les polys comme chez les monos.
Perso, j'ai plus foi en une histoire avec une personne qui accepte mon polyamour tout en se vivant comme mono avec moi, et me prouve tous les jours que soit elle est en paix avec ça, soit elle se débat avec un bout de problème que ça lui pose sans se cacher ni me cacher-la merde-au-chat.
La culpabilité là-dedans, elle peut surgir à partir de l’imagination, et non pas de quelque chose de réel. Une personne culpabilisable culpabilisera, quelle que soit l’assurance que lui donne son partenaire que tout va bien. Donc je trouve que c’est en soi un truc assez prioritaire à bosser, Anouk, et je comprends l’ouverture de ce fil dans ce sens : ça fait tellement partie des meubles de famille qu’on se trimballe qu’on finit souvent par le considérer comme une fatalité.
D’expérience, ça se largue mieux avec de l’aide de la part de quelqu’un de compétent et d’extérieur ; mais c’est du boulot quand même pour toute la vie car la première partie c’est de réaliser à quoi elle sert… et le reste du temps, c’est d’arriver à la repérer pour la désamorcer. Mais il arrive qu’elle nous arrange plus qu’elle ne nous dérange, et là, c’est pas mal de boulot aussi pour comprendre pourquoi elle nous arrange. Ce que j’ai décrypté pour ma part, c’est que tant que j’ai eu besoin de pouvoir démontrer que j‘en ressentais, c’était pour continuer à faire partie d’un groupe social ou familial : je prouvais que j’étais « dans la norme », que j’avais les mêmes fils rouges moraux.
Du moment que la libération de la culpabilité est survenue, il y a eu exposition automatique de ma manière différente de penser les rapports sociaux en général. Et cette libération est survenue justement parce que je m’en sentais la force ; pas « juste assez de force », mais une force immense, une espèce de fontaine de jouvence éthique qui m’a redonné un élan incroyable, inattendu, comme une quatrième dimension totalement insoupçonnée.
Ma manière de communiquer est devenue plus abrupte, elle est parfois perçue comme ça en tout cas, mais la plupart de temps, ce qui m'est reflété c'est "merci de la franchise". Comme le bénéfice que j’en retire dépasse toutes mes espérances en matière de liberté, alors le jeu en vaut trèèèèèèèès largement la chandelle.