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Polyamour, le fruit du néo-libéralisme... ?

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clairobscure (invité)

le lundi 21 novembre 2011 à 11h57

TU dis que "quand quelqu'un se plaint, a besoin de parler, je sais faire, mais quand quelqu'un m'attaque, je n'y arrive pas."
En fait c'est la même chose: y'a un moment où on n'entend plus les accusations tellement elles sont énormes et on sait que c'est faux. La seule façon de vraiment entrer dans le coeur du problème que j'ai trouvée est de laisser parler un moment puis de dire "mais tu sais très bien que [ça] c'est faux, alors pourquoi tu dis ça?" et à force de demander "pourquoi tu dis ça?" et "pourquoi tu penses ça?" et d'écouter vraiment la réponse, on arrive au vrai noeud du problème, car tu as des réponses qu'il n'a pas et qu'il ne veut pas écouter car pour lui, si tu as raison, il a tord, or il a de bonnes raisons de souffrir, faut trouver lesquelles et c'est rarement celles qui semblent évidentes....
Bon courage, quand ça explose, c'est déjà un peu en bonne voie ;)

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Popol (invité)

le lundi 21 novembre 2011 à 13h34

Pas mal le coup du "pourquoi tu dis ça" - moi j'aime bien reformuler: "si je comprends bien, tu me dis ceci". Aussi une histoire d'écoute.

Pour avoir expérimenté, premiers échanges très houleux, qui perdent de la tension au bout d'un moment (faut s'accrocher pour ne pas repartir en défense, souvent l'autre tape quand même dans des endroits sensibles).

Mais bon, si le quotidien devient trop dur, se réfugier un moment chez des amis ou de la famille, pourquoi pas. En plus, ainsi on ressent mieux les enjeux d'une éventuelle séparation, je parle de ce que j'ai vécu: mon partenaire de l'époque a baissé le ton immédiatement, et on a pu causer de nos désaccords au lieu de nous jeter des reproches alternativement de pièce en pièce pour, soit échapper aux sentiments qui nous étouffaient de douleur, soit renouer le dialogue. On voulait! mais on ne pouvait pas.

Nous séparer quelques jours nous a donné un espace de dégagement émotionnel, a permis à chacun de dégager ses priorités, pour les poser plus calmement ensuite sur la table.

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Siestacorta

le lundi 21 novembre 2011 à 17h37

Janis
Siesta, je souscris à tout ce que tu écris, à cette micro-nuance près que là tu décris (fort bien) l'esprit originel du libéralisme et qu'il me semble que ce qu'on appelle néo-libéralisme n'a quasiment plus rien à voir avec les idéaux d'émancipation et d'autonomie que tu rappelles.
Repérer un lien entre polyamour et esprit des Lumières, good. Mais avec les néo-libéraux, on en est très très loin, non ?

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Le néo-libéralisme, par rapport au libéralisme, a l'esprit des Lumières en moins et la boursouflure scientiste en plus.
(elle est pas de moi, celle-là).

Mais ils ont en commun la liberté individuelle.
L'esprit des Lumières est censé compenser des excès d'individualisme par l'usage de la Raison.
Pour moi, la Raison n'est pas un moyen universel d'être bien avec son environnement, de construire de bons rapports sociaux ; c'est très facile de se réclamer de la Raison pour finalement faire chier le monde, pour n'avoir aucune indulgence, croire qu'avec ça on pourra comprendre toutes les situations des autres.

La Raison peut justifier le "tous contre tous", comme le "le bien de tous au prix du moins bien d'une minorité".

L'héritage d'individualisme me semble conservé du libéralisme au néo-libéralisme... Pas parce que l'individualisme est mauvais (je ne veux pas être une fourmi) mais parce que les valeurs qui l'entourent ne sont pas assez bonnes.

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patrice-86

le lundi 21 novembre 2011 à 22h12

Mon cher Siesta, je sens que l'on va encore se prendre le chou tous les deux :-(
Quand va-t-on appelé un chat un chat et un "néo-con" un "néo-con" ? Elle est où la pensée "libérale" chez des gens qui ne pensent que "création de valeur" et "accroissement du capital" ? Elle est où la pensée "individualiste" quand tout est mesuré à l'aune d'un "marché" peuplé de robots et qui ne connait que deux sentiments : l'euphorie ou la panique (ça, c'est pas de moi) ?
Avec des propos aussi englués dans le vocabulaire dominant, on comprend mieux comment la soit-disant "indignation" espagnole a pu servir la soupe au PP !

Et c'est pas ça qui va aider Bliss à retrouver l'estime de soi dont elle a bien besoin... Bliss, ton choix de vie est honorable et n'a rien à voir avec le consumérisme, l'égoïsme, et la déshumanisation actuelle... et tu n'as certainement pas de leçon de progressisme et d'humanisme à recevoir de quiconque.

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Coucou

le lundi 21 novembre 2011 à 23h19

bliss

Il me semble que ton compagnon a tout misé sur sa propre répression (de ses désirs) pour réussir sa vie, alors que toi tu explores tant bien que mal la voie inverse, celle de ta propre libération (de tes désirs) pour réussir ta vie. Par suite, il est évident que plus tu avances, plus tu t'éloigne de lui.

Je comprend son discours sur l'égoïsme, l'individualisme, etc, de la façon suivante : nous devons vivre en réprimant tous les désirs qui serait incompatibles avec le couple exclusif. Si l'un craque, l'autre ne doit pas craquer sinon c'est le couple se sépare. Il faut attendre sagement que celui qui craque revienne à la raison, et l'aider à revenir dans le droit chemin.

La voie que tu suis (celle de se libérer soi-même) est probablement impensable pour lui au point qu'il n'envisage même pas un millionième de seconde de l'emprunter, y compris dans son imaginaire. Il semble persuadé que tu poursuis la même voie que lui. On dirait qu'il considère juste que tu es dans la "faute" (dans le pêché). Une faute qui te détournerait provisoirement de la bonne voie (la seule possible dans ses convictions profondes). Il essayerait donc tout banalement, d'après ma théorie, de te ramener sur la bonne voie, celle qui consiste à se persécuter soi-même pour réussir. C'est pour cela qu'il chercherait à te culpabiliser, ce serait pour ton bien. En d'autres mots, il t'aiderait à te culpabiliser, par amour. D'ou l'ambiance un peu loufoque (des mots d'amour au beau milieu d'une persécution en règle).

Si, en plus, tu revendique de craquer à tout bout de champs, il se dit surement que tu vas être la seule à avoir des petits plaisirs et que lui va être le seul à se serrer la ceinture, comme si c'était impossible (impensable) que les deux puissent "craquer" de leur côté. Ceci expliquerait qu'il trouve cela égoïste de ta part. Il y a un certain nombre de "craquages" tolérés, et toi tu les veux tous pour toi. Méchante fille na.

Il pense probablement qu'il est déjà détruit par cette auto persécution, donc qu'il n'a rien à perdre dans cette bagarre qui peut durer des dizaines d'années, il se sent invincible car il a déjà perdu depuis longtemps, et il possède avec lui une arme redoutable, à savoir la masse des gens déjà détruits, qui ne vont pas manquer de se mettre une petite novice sous la dent, histoire de s'autoriser quelques petits plaisirs, du style, moi je n'ai droit à rien donc elle non plus. Et il a probablement raison. Tu es la seule à pouvoir perdre quelque chose dans cette bagarre, donc à la fin tu seras usée, et tu perdras. La seule façon de gagner ici, est de ne surtout pas jouer.

Pour toi, l'heure est donc venue de faire un choix. D'après toi, quelle est la plus probable des deux hypothèses ci-dessous ?
1) Pour être heureux, il faut se réprimer
2) Pour être heureux, il faut se libérer

Il y a assez de boulot dans la deuxième voie, pour ne pas suivre les deux voies en même temps.

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MetaZet_de_passage (invité)

le lundi 21 novembre 2011 à 23h41

Tous les libéraux ne sont pas pour le polyamour, bien au contraire. C'est plutôt chez les libertaires qu'on en rencontre pas mal, mais les libertaires ne sont pas libéraux.

C'est vrai qu'on peut même justifier l'exclusivisme sur un libéralisme un peu dévoyé (au moins autant que la vision du libéralisme comme avidité consumériste et cupidité mercantiliste) : si on considère le mariage comme un échange de titre de propriété sur nos propres corps, alors on peut admettre que l'"adultère" est un vol, que le conjoint qui "trompe" est un voleur et que l'amant est un receleur :)

Le mot "libéral" signifiant étymologiquement "généreux", je pense cependant qu'au contraire, tout libéral pleinement conséquent devrait non seulement ne pas persécuter les polyamoureux (ce qui n'est que du libéralisme politique et sociétal) mais également avoir des amis et pourquoi pas des amours polyamoureux et accepter leur mode de vie (ce qui serait un libéralisme éthique un peu plus difficile mais plus complet...).

Donc ton compagnon n'a pas entièrement tort de parler de "néo"-libéralisme, mais ce n'est pas pour les bonnes raisons : le polyamour n'est pas une marchandisation de l'amour et du corps, bien au contraire ; c'est la conséquence logique, pour ce qui concerne l'amour, des aspirations humaines à l'émancipation...

"La liberté d'aimer n'est pas moins sacrée que la liberté de penser. Ce qu'on appelle aujourd'hui l'adultère est identique à ce qu'on appelait autrefois l'hérésie. "
Victor Hugo, Tas de pierres (1901)

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eolemuseîon (invité)

le mardi 22 novembre 2011 à 09h43

1801 plutôt pour V.H. même si il est toujours d'actualité ce bon vieux Victor ^^

bon même si le sujet est passionnant je crois en effet qu'en ergotant sur les termes et définitions on s'éloigne du sujet pour bliss...la précision ne fait pas tout et on part dans des polémiques un peu stériles voire à qui aura le fin mot de "LA" vérité à coups de citations et de doctes exposés les plus proches du dico...on se bat pour ça depuis des millénaires il paraît (assez sanglant parfois ma foi) et je crois pas qu'on va réduire par une harmonie extatique nos positions ...Nous avons aussi établi qu'aucun de nous ici faisions partie des "think tanks" niveleurs et pour faire dans le schématique réclamons tous ici (j'imagine?) "le loisir naturel" d'aimer qui l'on veut partout et tout le temps même en ayant des responsabilités et des liens ^^

et avant tout pourquoi ce débat politisant à coup de ismes comme l'a dit un des intervenants ici?...ce qu'il cherche car il se sait peut être intuitivement plus fort sur le terrain théorique là où il perd parallèlement de l'emprise probablement dans le champs pratique?

voilà le véritable terrain comme l'a souligné coucou : guerre psychologique à coup de manip et de jalousie

pour bliss et son compagnon : je penche pour une perte de repères qui oui n'est pas le seul fait de leur couple, signe des temps (parce qu'on ne vit plus dans des villages isolés)...et on se raccroche aux branches qui passent pour faire mal et atteindre l'autre pour mieux le conserver en lui faisant un lavage de cervelle (en général c'est le contraire qui se passe...on perd l'autre même si il reste... par tristesse ou désespoir...on peut plus le voir en peinture et on finit par se détester soi même)

Bliss? jeter le discours politique déjà fera un grand bien (parce que je ne pense pas et personne ici que vous couchiez avec Marx, Comte ou Adam Smith ou alors votre compagnon est poly quelquechose sans le savoir ;-) )

et recentrer sur votre histoire et les sentiments me semblerait déjà un premier travail à effectuer et sans brandir l'enfant à bouts de bras comme otage me semblerait honnête de sa part...protéger avant tout l'enfant de vous deux et de la guerre civile autant que possible...car plus tard c'est lui qui vous sortira des ismes à tous les deux et pas forcément ceux à quoi vous vous attendiez :-)

comme dit siesta corta je crois ...quand on est au bord de la crise de nerf et qu'on se sent littéralement étouffer : une séparation temporaire peut parfois paradoxalement améliorer les choses...ou les empirer (la comédie "la crise" était pas mal sous cet angle de vue quand bien même une vision mono happy end à la fin...faut bien vendre et consommer :-P )

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eolemuse

le mardi 22 novembre 2011 à 09h45

zut..errata

désolé

on peut pas modifier en invité :-P

pour la séparation temporaire c'était popol et les autres se retrouveront dans leurs posts :-)

p.s. (pas le parti)

Bliss? pourquoi pas lui faire lire des sujets de ce forum et celui ci en particulier si ce n'est déjà fait ^^ ... maintenant si c'est une erreur que les autres commentent cette suggestion?

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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Siestacorta

le mardi 22 novembre 2011 à 11h04

Il y a deux choses :
- la questions que pose Bliss
- l'argument que lui a exposé son mari.

Je suppose bien que, en direct, la réflexion politique ne va pas résoudre les problèmes de relation entre Bliss et son mari.
Il fait juste flèche de tout bois pour l'emmerder, et c'est bien le "pourquoi tu dis ça", proposé par clairobscure, qui peut aider à arriver à la source du problème.

ici, à peu près :
- le polyamour est consumériste !
- pourquoi tu dis ça ?
- parce que tu te comportes en irresponsable égoïste !
- pourquoi tu dis ça ?
- parce que tu tiens pas compte du mal que tu fais !
- pourquoi tu dis ça ?
- parce que tu me fais mal.

et plus ou moins à partir de là, on peut causer de ce qui se passe entre les gens.
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Mais Bliss et son mari ont touché le coeur de cet échange plusieurs fois, déjà ! Leur situation dure depuis longtemps. Je trouve plus ce que je lui ai dit auparavant, et si je n'ai pas répondu en priorité sous un angle personnel, c'est que je sais que mes bons compagnons ici le feraient déjà ; et ayant moi-même proposé du solide à Bliss à d'autres moments, je trouve pas plus mal de donner une carte différente dans le jeu, même si sa portée immédiate semble secondaire.

Donc, oui, réagir en cherchant la racine du mal est la bonne façon de pas se laisser enfermer dans un tel procès d'intention.

Ca n'empêche pas que la question-titre est bonne à débattre, et qu'avoir intégré le rapport polyamour/ éthique / politique dans notre réflexion peut nous aider à nous positionner, à moins nous sentir pris à défaut.
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Pour répondre à Patrice : le néoconservatisme est une idéologie de droite, qui, malgré ses différences de fond avec le néolibéralisme, ne mène pas ceux qui la soutiennent à voter très différemment des néolibéraux.
Les néoconservateurs croient à la Morale, ils viennent à l'origine d'une pensée de gauche, avec un Etat Fort... enfin surtout côté flics. Ce qui les a rapproché des conservateurs traditionnels. Ils croient à un ordre de la société où il y a toujours une plèbe à gérer...

Les néolibéraux, dans l'idéal, préfèreraient encore moins d'Etat, en pensant que la liberté d'exercer ses facultés apporte presque à lui seul, notemment dans la vie économique, un état de la société qui tombe juste.
Chacun pour soi, on verra bien qui s'en tire le mieux.
Mais comme ils remarquent bien que cette gestion comptable de la société ne rend pas les gens particulièrement respectueux de leurs voisins ou des notables (après tout, quoi de plus néolibéral qu'un braqueur de banques), ils apprécient quand même la présence de la police, de contrôle des populations...

De fait, ce sont bien des néoconservateurs qui dirigent le monde politique et stratégique, via les USA. Mais le monde économique, quotidien, est plus dirigé selon une pensée néolibérale. On te fait rentrer dans le jeu ce la compétition sans contrainte autre que "si tu le fais pas, tu survis pas".
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Le consumérisme dont Bliss est accusé convient aux deux camps. Un néoconservateur trouve très bien que les gens soient fasciné par cette roue pour cochons d'indes, et fassent ainsi tourner le pays ; un néolibéral trouve que c'est carrément le sens de la vie.
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Il faut relever à cette occasion que le polyamoureux s'autorise l'hédonisme mais n'en fait pas sa seule préoccupation, puisqu'avec la recherche d'honnêteté et d'égalité qu'il y a derrière, on propose un espace où construire, quelque chose qui dépasse le simple "je prend je jette". C'est une façon de conserver et développer des modes de vie, pas une façon de prendre tout et de se tirer.

On le dit régulièrement : si notre fonctionnement était consumériste, ce serait plus simple de ne pas chercher à être honnête, de parler de tout ce fratras... On ne tenterait aucun dialogue, on n'expliquerait aucune éthique, on chercherait et trouverait tout le temps du neuf,,sans besoin d'aucune relation qui se prolonge.

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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Siestacorta

le mardi 22 novembre 2011 à 11h44

Coucou
Il pense probablement qu'il est déjà détruit par cette auto persécution, donc qu'il n'a rien à perdre dans cette bagarre qui peut durer des dizaines d'années, il se sent invincible car il a déjà perdu depuis longtemps, et il possède avec lui une arme redoutable, à savoir la masse des gens déjà détruits, qui ne vont pas manquer de se mettre une petite novice sous la dent, histoire de s'autoriser quelques petits plaisirs, du style, moi je n'ai droit à rien donc elle non plus.

Ca, ça touche très juste, je crois...

Par contre, dans ce post où la voie de la libération et celle de l'autolimitation différent tant, on pourrait croire que la conclusion est "je décide de me libérer, je ne joue pas ton jeu, donc, je me casse".

Pragmatiquement : ça arrive. Parfois on a pas la force de changer soi, de vivre tel qu'on est, et de faire parallèlement face à quelqu'un qui trouve qu'on est pas sur le bon chemin.
Mais pragmatiquement aussi, le moment où tu décides que tu es sur ton chemin, qu'il est pas pire qu'un autre, il peut être puissant, généreux.
Tu peux y être si bien que tu peux trouver la ressource de donner de toi malgré les moments de conflit.

Ca marche pas toujours, toutes les situations ne le permettent pas, mais dans le choix "je reste ou je pars", il y a cette variable de richesse de bien-être en plus de "je me libère de limites ou je les respecte".

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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clairobscure (invité)

le mardi 22 novembre 2011 à 11h55

Faudrait pas non plus oublier que, quand on veut justifier quelque chose, on trouve toujours des arguments. Lesquels sont "acceptables" dépend des principes importants à chacun, et coïncident souvent avec "the pensée du moment". Même si tout le monde sait au fond que tout est relatif, on a besoin de repères, ne serait-ce que pour parler de la même chose. S'il parle ici de néo-libéralisme, quelle que soit sa véritable définition (notez au passage que ce terne a des définitions parfois diamétralement opposées en anglais et en français!), c'est que pour lui c'est négatif. Si selon ses principes c'était positif (au hasard, disons "progressiste"), il ne prendrait pas cet argument-là.

Pour revenir aux "pourquoi tu dis ça", en fait ça devient intéressant après le "parce que j'ai mal" -> pourquoi? parce que j'ai besoin que tu dépendes autant de moi que moi de toi, sinon j'ai peur que tu m'abandonnes, etc. (c'est juste un exemple, mais c'est souvent cette impression d'inégalité qui se dessine).

Il me semble qu'il faut aussi mettre en parallèle à chaque fois le "pourquoi tu veux fonctionner autrement" que pourrait à son tour demander ton mari, Bliss. Pour trouver un terrain d'entente faut bien commencer par avoir conscience et comprendre ce qui est important pour chacun. Si un changement se profile, c'est aussi parce que tu en as besoin. "Pourquoi?" -> parce que je ne voudrais pas passer à côté de ça ou ça/je voudrais expérimenter une autre dimension du couple/etc. (des exemples au pif encore)

Si l'écoute est importante, c'est surtout que si ça ressemble à une joute verbale avec un perdant et un gagnant en fin de compte, on finit par se protéger, éventuellement en attaquant pour obtenir gain de cause, plutôt qu'être honnête (avec soi-même et avec l'autre).
On revient un peu à la discussion sur "le droit d'être jaloux"...

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bliss

le mardi 22 novembre 2011 à 15h13

Waou... beaucoup de choses dans tout ce que vous écrivez qui vont m'aider. Merci. Mille fois.
Je vais tenter le " pourquoi tu dis ça ? ", essayer de ne pas me faire désarmer par ses attaques.
La séparation, on l'a déjà vécu cet été. Moi j'étais malheureusement résigné à l'avoir définitivement perdu, c'est lui qui l'avait décidé. Et puis il est revenu, parce qu'on est heureux autour de notre enfant aussi ( Pour te rassurer @Eolemuseion, on avait décidé de se séparer mais que notre enfant reste dans sa maison, et c'est nous qui alternions chez lui, 3 jours avec son père, 3 jours avec moi, tout ça dans une ambiance plutôt sereine. Ça se présentait bien. L'équilibre du biboundé étant pour nous deux primordial, on sait faire abstraction de nos histoires quand on est avec lui ) et que je crois qu'on s'aime profondément. J'ai pas envie qu'on se sépare. Je peux avoir envie de ne pas vivre avec lui sous le même toit, je sens que j'aspire à ce mode de vie. Mais je peux aussi continuer à vivre avec lui, si je sens qu'il ne souffre pas de la situation et qu'il me laisse vivre mes autres amours sans que ce soit trop douloureux pour lui. J'ai beau suivre nombreux de vos conseils ( merci @Siesta, depuis des mois sur la brèche..;-)) je culpabilise quand même... de le faire souffrir autant et qu'il ait une du coup une si piètre image de moi, qu'il me voit en monstre d'égoïsme...
Et oui, merci @Clairobscure pour ta remarque, je suis d'accord, il faut qu'on arrive à aller plus loin que "parce que j'ai mal", puisque c'ets là que ça devient intéressant. mais comme il le formule toujours dans quelque chose d’agressif, qui me fait mal, sur le mode " reproche", je n'arrive pas moi à le dépasser.
Quand à lui faire lire ce post.. on en est pas là. Il a lu "pour me faire plaisir" les bouquins de Françoise, a bien compris, et est même d'accord sur le principe..mais répète qu'il n'arrive pas à le vivre ( et je suis témoin qu'il essaie..) . Je crois qu'il ne serait pas content du tout de savoir que je discute de tout ça avec vous... Et je crois que j'aime aussi cet espace pour cela, je sais que je peux partager ce que je vis avec lui, sans me soucier de veiller à ce que je dis au cas où il le lise.
je pense @Coucou que tu vois clair quand tu dis :

coucou
"On dirait qu'il considère juste que tu es dans la "faute" (dans le pêché). Une faute qui te détournerait provisoirement de la bonne voie (la seule possible dans ses convictions profondes). Il essayerait donc tout banalement, d'après ma théorie, de te ramener sur la bonne voie, celle qui consiste à se persécuter soi-même pour réussir. C'est pour cela qu'il chercherait à te culpabiliser, ce serait pour ton bien. En d'autres mots, il t'aiderait à te culpabiliser, par amour. D'ou l'ambiance un peu loufoque (des mots d'amour au beau milieu d'une persécution en règle)."

C'est certain, selon lui il n'y a que moi qui suis dans la faute et qui suis responsable de tous nos malheurs. Je vais essayer de parler avec lui à nouveau de nos besoins, sentiments, sans me faire bouffer...
Au fait, c'est pas "mon mari", mais mon compagnon. On est pas marié. Et ça me va très bien :-) .

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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LuLutine

le mardi 22 novembre 2011 à 21h20

clairobscure
On revient un peu à la discussion sur "le droit d'être jaloux"...

C'est drôle, j'y pensais en lisant ton message ;)

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oO0

le mercredi 23 novembre 2011 à 01h37

Salut Bliss,

plaisir d'avoir de tes nouvelles, même si elles ne sont pas des meilleures. Je ne vois pas grand chose à ajouter à ce qui a été dit, sinon ce qui suit.

Égoïste et irresponsable ? Non seulement il s'agit d'une image qui te fait souffrir, mais je pense qu'il ne se rend pas compte qu'il ne fait qu'ajouter à sa souffrance en entretenant une telle image de toi. Pour ce qui est de ton sens des responsabilités, il peut facilement se rendre compte qu'il y en a de nombreuses que tu continues à assumer. Le fait de continuer à répondre présente dans la situation de crise qui est la vôtre en est un signe et non des moindres. Certes, tu ne répond pas présente comme il l'attend, mais tu n'en restes pas moins fidèle à votre projet de vie ainsi qu'à lui...

... à cette différence que cette fidélité ne lui est plus exclusive. Là, réside ton sentiment de culpabilité, mais peut-être aussi le sien. Votre situation est assez complexe, car en plein dans la zone de flou propre à la révisabilité et rétractabilité du consentement. Dans votre cas, c'est d'autant plus flou parce que vous avez révisé ensemble l'exclusivité sur laquelle reposait votre relation - si je ne m'abuse, pour adopter la non-exclusivité - puis il s'est rétracté, même si sur le principe il ne s'est pas ravisé. Bref, là où il semble ne plus y avoir eu de consentement, c'est lorsqu'il s'est s'agit de vous rétracter ensemble sur la non-exclusivité de votre relation.

Enfin soit, ceci m'amène à ces deux questions :
"- Avez-vous choisi d'ouvrir votre relation, soit qu'elle repose sur un principe de non-exclusivité ? (Une chose est d'être d'accord sur le principe, une autre, de l'adopter.)
- Si, oui, ce choix était-il à l'essai ?"
Ces deux questions pourrait éclairer en partie la manière dont votre relation est devenue non-exclusive et plus particulièrement le moment où elle l'est devenue malgré lui. À cela, s'ajoute le fait que, oui, effectivement, cela se rapproche du fil "le droit d'être jaloux" puisqu'il ne s'est pas ravisé sur le principe, mais qu'il n'arrive pas à le vivre bien d'où le fait qu'il s'est rétracté, préférant remettre à plus tard l'éventualité de l'adopter comme s'il s'agissait d'un essai manqué.

P.-S.: Désolé, pour la connotation juridique du vocabulaire. À part çà, Biboundé, ce ne serait pas un pingouin ?

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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lilitu

le vendredi 25 novembre 2011 à 00h12

En lisant la suite de vos interventions, je me demandais, qu'est-ce qu'il y a de mal à être égoïste?
Finalement, en effet, on est sûrement tous égoïstes.
Et ou est le mal là-dedans? On est les seuls à pouvoir prendre soin de nous même, à savoir ce qui est bon pour nous. Je trouve ça assez sain l'égoïsme somme toute.

Bliss, j'avais une autre suggestion. Lui donner raison. Ok tu es égoïste, il a raison, et maintenant, quoi? Lui demander si ce qu'il veut c'est avoir raison à tout prix, où trouver un mode de fonctionnement qui vous convienne à tous les deux.

Aussi, je me suis rendue compte que plus j'arrivais à m'affranchir de ma culpabilité, plus mes partenaires acceptaient mon mode de vie avec considération. Mais bon, j'avoue que je ne sais pas comment je me suis désempêtrée de cette culpabilité de faire souffrir ceux que j'aime, donc pas de recette à ce niveau là, si ce n'est rencontrer d'autres gens qui vivent leur polyamour sans s’embarrasser de ce genre de complexes, comme si au final leur manière d'être avait déteint sur moi.
Pour moi, une fois qu'on ne laisse plus prise à la culpabilité, les partenaires n'y voient plus une faille à exploiter. Du coup ils se retrouvent face à eux même et à leurs propres choix.

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tentacara

le vendredi 25 novembre 2011 à 01h39

@lilitu : J'aurais pas mieux dit! (+)

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Mezrahi (invité)

le vendredi 25 novembre 2011 à 06h03

Moi non plus!

Franchement, penser autant à soi-même qu'aux autres équilibre simplement les rapports humains.

Je cherchais un mot pour désigner ce sain égoïsme... le mieux que je vois: "prendre soin de soi". Faudrait presque en inventer un: s'il n'existe pas, c'est que la morale ne lui a pas fait de place dans le langage!

Un mot qui désigne de manière positive cette faculté à bien traiter la personne la plus proche de soi - soi-même.

Le concours est lancé: qui dit mieux?

Quant à la culpabilité, je crois que je l'ai virée à force de me sentir trop coupable, justement, tout en sentant que ça ne pouvait plus continuer à m'empoisonner la vie et à "toxifier" mes rapports avec ma famille: d'une manière ou d'une autre, quelqu'un arrivait toujours à me mettre en tension avec ses arguments à lui! Alors j'ai pris un peu de temps pour réfléchir à mes valeurs à moi. Un petit brainstorming qui m'a écarté aucune possibilité.Quel bien fou ça fait!

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Tchu

le vendredi 25 novembre 2011 à 09h44

Être sa propre personne formidable ?

Ce n'est pas égoïste, c'est tendre à être meilleure avec soi même. Et par ricochet, avec les autres.

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clairobscure (invité)

le vendredi 25 novembre 2011 à 10h14

C'est vrai qu'être "généreux" avec les autres par culpabilité, ça n'a jamais apporté une relation équitable.

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lilitu

le vendredi 25 novembre 2011 à 23h51

@tentacara: merci :) Doublement, car il y a deux ans quand j'avais été à ma première réunion poly, je t'avais écouté raconter comment tu vivais ça, et juste entendre ton expérience m'avait beaucoup aidée à m'affirmer dans ce choix de vie, à l'époque ;)

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