Sex at Dawn: The Prehistoric Origins of Modern Sexuality
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superpseudo
le jeudi 18 août 2011 à 18h39
Je signale la parution du livre au titre ci-dessus, dont le site est ici, accompagné de recensions diverses et variées:
www.sexatdawn.com/
Dans pas mal de discussions de ce forum et d'ailleurs, se pose la question de ce qui est "naturel" pour l'espèce humaine, la monogamie, la polygamie, le polyamour, etc. Avec à la clé beaucoup d'arguments plus ou moins fumeux, plus ou moins bien informés, plus ou moins imprégnés de darwinisme naïf, de psychologie évolutionniste, de psychanalyse et autres pseudo-sciences de l'être humain. Mais si on veut avoir des discussions un peu rationnelles, il faudrait pouvoir se baser sur de véritables connaissances scientifiques sur la sexualité humaine.
C'est visiblement l'ambition de ce bouquin (dont le premier auteur est un chercheur tout à fait compétent), avec des conclusions qui intéresseront les gens ici, puisqu'ils argumentent contre le caractère naturel de la monogamie.
Personnellement je l'ai commandé (pas cher sur amazon.fr) mais je ne l'ai pas encore lu, donc je ne peux pas en dire plus. Que le premier qui l'a lu nous en parle!
Bon je signale aussi que pour se faire un point de vue indépendant il faudrait aussi lire le livre de Picq et Brenot, qui, lui semble argumenter dans une direction différente: une déflation de la sexualité humaine, sans que je sache si c'est contradictoire avec Sex at Dawn ou pas... Pas de miracle, il faudra lire les deux...
www.amazon.fr/sexe-lhomme-l%C3%A9volution-Pascal-P...
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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Popol (invité)
le jeudi 18 août 2011 à 18h52
Et y'a pas, "Love at Dawn:The Prehistoric Origins of Modern Loving"?
Histoire de ne pas se mono-focaliser sur un mono-aspect du polyamour?
:-)
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superpseudo
le vendredi 19 août 2011 à 10h26
Bah je sais pas moi, c'est pas moi qui ai choisi le titre.
Mais je peux supputer que ça découle naturellement du point de vue scientifique adopté par les auteurs: la fonction biologique en question, qu'on peut comparer entre les espèces, c'est la reproduction, donc le sexe. L'amour c'est déjà plus un épiphénomène, c'est la manière dont nous interprétons ce que notre système cérébral de motivation et de récompense nous fait ressentir...
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Popol (invité)
le vendredi 19 août 2011 à 11h01
La sexualité à la base de l'amour en somme? Mmh, ça me gratouille l'esprit critique, ça...
Je préférerais dire, la sexualité comme voie de reproduction des espèces qui utilisent ce mode, et ensuite faut bien arriver à expliquer pourquoi, malgré l'envie satisfaite ou même passée, des couples restent formés, parfois pour la vie, comme les oies cendrées... ou les humains...
Enfin voilà, tu parlais des parfois fumeuses théories sur l'amour (poly, mono, etc) et tout-à-coup sans avoir rien vu venir, on parle de sexualité comme terrain scientifique de base - alors que la sexualité est autant un épiphénomène de l'amour que l'inverse. Et que le titre ne laisse en rien supposer qu'on y parle d'autre chose que de sexualité.
Enfin voilà, si quelqu'un a quelque chose à proposer, et qui compile les derniers travaux en la matière... Denis de Rougemont et "L'amour et l'Occident", ça fait loin, et plutôt couleur locale.
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Siestacorta
le dimanche 21 août 2011 à 11h10
La reproduction comme base pour comprendre l'amour ?
Ben... Disons que si la reproduction es généralement constituante de l'amour (même quand, justement, on la refuse, comme dans le cas des contraceptifs), c'est "aussi vrai" que dire que l'origine mammifère explique les comportements de l'homme. C''est à dire pas assez vrai pour être une Vérité, quoi.
Spa "faux", mais c'est souvent un cadre explicatif largement insuffisant : j'ai jamais vu un mammifère donner rendez-vous plusieurs jours à l'avance à un autre juste pour le plaisir d'aller ensemble regarder un autre mammifère faire un truc gratuit, comme jouer avec une pomme de pin, tiens.
Par contre, un ami ou un amoureux qui donne rendez-vous à un autre pour se faire un ciné, une expo, une rencontre avec un tas d'autres gens, c'est courant.
J'imagine que ces rapports sociaux, ce besoin d'être ensemble pas du tout basé sur la reproduction est aussi présent dans l'amour, non ? Ce serait notre façon humaine de constituer et défaire des meutes ? C'est inédit, notamment dans les motivations. Donc, pas analysable avec la seule grille "animalière".
Donc les connaissances scientifiques que la sexualité humaines... sont justes quelques pièces du puzzle. La richesse de nos vies déborde encore beaucoup de ce cadre, je crois.
Même si ces observation valent le coup d'être connues, ça, d'accord.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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lam
le mardi 23 août 2011 à 13h21
Je rappelle juste qu'il existe beaucoup de personnes, pour qui sexualité et reproduction sont disjointes.
Il s'agit de personnes qui n'ont pas le tort de se croire 'normales' comme les hétéro (ou les monos ;-) ) mais qui se voient comme des personnes.
Y'a pas besoin de pourquoi au sexe (à part l'action gratifiante que cela procure, si vous voulez parler animaux demandez aux bonobos).
bref, je suis peut-être virulente mais je me sens mal à chaque fois que je lis des propos hétérocentrés qui font l'apologie de la 'normalité'. Il parait que justement le 'normal', le 'en général' c'est dangereux...
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Siestacorta
le mardi 23 août 2011 à 13h58
Non, non, lam, je te sens pas du tout virulente, sur ce coup-là, juste claires. Cela dit, même si comme toi je crois que certains appels à la science sont "normatifs", l'info scientifique ne l'est pas toujours, quand elle reste "info" et qu'elle devient pas scientiste.
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superpseudo
le mardi 23 août 2011 à 15h38
Popol
La sexualité à la base de l'amour en somme ? Mmh, ça me gratouille l'esprit critique, ça...
Je préférerais dire, la sexualité comme voie de reproduction des espèces qui utilisent ce mode, et ensuite faut bien arriver à expliquer pourquoi, malgré l'envie satisfaite ou même passée, des couples restent formés, parfois pour la vie, comme les oies cendrées... ou les humains...
Je ne vais pas essayer de défendre un bouquin que je n'ai pas encore lu. Mais pour recadrer, toute réflexion biologique sur l'homme se situe nécessairement dans le cadre d'une comparaison entre espèces, de la théorie de l'évolution, et des fonctions biologiques susceptibles d'être sélectionnées naturellement.
Dans le cas de "l'Amour", il s'agit de la sexualité, qui est sélectionnée pour la fonction reproductive (dans les espèces à reproduction sexuée...), et de l'attachement entre partenaires sexuels, qui est sélectionné dans les espèces (minoritaires) dans lesquelles la coopération des 2 parents sur une longue durée est importante pour l'élevage des petits. Après la sexualité et l'attachement prennent des formes particulières dans chaque espèce, et peuvent avoir des prolongements qui ne sont plus nécessairement reliés à la fonction initiale (l'exemple du sexe chez les bonobos). Et chez l'homme la fonction peut être carrément détournée, comme c'est le cas avec la dissociation entre sexualité et reproduction depuis la généralisation de la contraception. Evidemment il faut bien distinguer le "pourquoi" une fonction est sélectionnée, qui relève de l'histoire des espèces, du "pourquoi" les gens font ce qu'ils font, qui ne relève que de leurs motivations propres. Le 1er pourquoi a une influence sur le second, mais seulement indirecte et inconsciente.
Bien sûr, rien de tout ceci n'implique un jugement normatif. En biologie, la norme, c'est ce qui est majoritaire, c'est la moyenne, c'est ce qui est sélectionné et qui fait que l'espèce se perpétue. Ce n'est pas particulièrement "bien", pas plus que détourner les fonctions biologiques de ce pourquoi elles ont été sélectionnées n'est "mal".
Et j'ajoute que le cadre de réflexion biologique explique ce qu'il peut expliquer, mais pas plus. Les facteurs culturels sont tout aussi importants pour comprendre ce que les gens appellent l'amour, les polys en savent quelque chose, eux qui ne cessent de ramer à contre-courant de la culture dominante! Mais c'est pour ça qu'il me paraît d'autant plus intéressant que des arguments biologiques puissent aller à l'encontre de la culture dominante. J'arrête là, tant qu'on n'aura pas lu le livre cette discussion ne pourra que tourner un peu plus en rond.