De l'égoisme en amour
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titane
le mercredi 24 février 2010 à 10h12
Pour Nietzsche... le surhomme est, si j'ai bien tout compris, trop fait de responsabilité pour céder à l'amour par raison. Il le ferait sans doute parce que la passion peut être un dépassement, mais cela comme la libre association serait une situation temporaire. ...
Je n'ai pas eu la même lecture de Nietzsche: le surhomme est celui qui a cassé toutes ses croyances et certitudes qui niaient la réalité (le nihilisme) et qui du coup au lieu de se retrouver "nu" il se retrouve plongé dans une sorte de "confiance humaniste" et "naturelle"... le surhomme serait cet homme libéré de ses croyances, religions, certitudes et autres constructions et qui se entyirait suffisamment fort pour rester (redevenir) humain (au sens humaniste)...
le bouddiste ne dit rien de vraiment différent... dans les deux cas il y a une "discipline" pour y arriver.
Nietzsche considérait la passion amoureuse comme un aveuglement et donc comme une autre "croyance" dont il fallait se débarasser... en même temps il a cherché à libérer l'amour de cette passion pour y réhabiliter l'amitié "amoureuse" qui elle serait bien plus 'humaniste" car plus ouverte, moins exclusive, moins possessive...
juste une interprétation...
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titane
le mercredi 24 février 2010 à 10h19
J'ai toujours eu du mal, en partie parce que je suis un assisté, avec cette idée qu'on empêche les gens de grandir en les assistant...
Je ne crois pas que ce soit si hors sujet que cela... les constructions culturelles de l'amour pourraient en effet s'appuyer sur cette idée en proposant des constructions soient disante vertueuses ou morales dans le cadre dune assistance affective mutuelle... l'Etat ou la Religion viendrait alors "valider" et "promouvoir" ces constructions: le couple, la famille, l'engagement, le contrat... et l'Etat ou la religion se placera en arbitre...
Est-ce que ces constructions des relations amoureuses (qui parfois sont bien à côté de l'amour) ne sont pas mises en place pour nous "faire grandir" semlon un modèle coérent avec toutes les autres constructions sociales?
Ne dit-on pas régulièrement que l'amour est la chose la plus subversive ? Un Etat, une eligion chercherait alors à canaliser voire anéantir cette subversion... et un Gardia Civil qui poignarde une Carmen devient un héro !... ou un Roméo et une Juliette qui acceptent la seule solution "raisonnale", celle de se suicider, deviennent des modèles amoureux !
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(compte clôturé)
le mercredi 24 février 2010 à 18h17
@ Siesta
Après mon bac, je me suis retrouvée à cheval entre l'assistanat (rente d'orpheline) et l'urgence d'apprendre à me démerder seule, en quittant ma mère sans l'avoir vraiment choisi. Même s'il y a eu pas mal de pots cassés en route, je trouve que cette position hybride m'a obligée à mûrir vite et fort.
La question de l'Etat-providence est HS, tout comme celle du rôle parental tel que je le conçois, c'est-à-dire guidant vers l'autonomie. Mais ce que j'en ai appris pour le transposer dans les relations amoureuses, c'est d'être un support mutuel pour sortir de la dépendance dans le lien amoureux.
« L'altruisme, ce ne serait pas de live or let live, mais de décider qu'on est pas indifférent, accepter qu'on est là, dans le même réel que les gens, et que tant qu'a faire, autant que ça se passe bien. »
Je suis assez raccord… Je vais plus loin: la jungle, elle commence dès qu’un cas de figure dépasse ce qu’on a envisagé; et de ses erreurs, on apprend. Donc si je sors quelqu’un d’une sale situation, j’ai soin aussi de lui montrer comment ne pas s’y remettre, ou comment s’en sortir seul la fois suivante, cas échéant.
Message modifié par son auteur il y a 16 ans.
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Siestacorta
le mercredi 24 février 2010 à 20h44
Oui, le proverbe "si tu donnes un poisson à quelqu'un, il n'aura pas faim un jour, si tu lui apprends à pêcher, il n'aura plus faim de sa vie".
Je reviens à "cette position hybride m'a obligée à mûrir vite et fort".
Je comprend parfaitement que tu aimes ton propre parcours. Mais je te relance sur ce questionnement : est-ce que souhaiter mon mûrissement aux autres, leur souhaiter qu'ils s'éduquent eux même pour plus d'autonomie... est-ce que c'est un avis qui serait plus légitime que de leur souhaiter une assistance, l'état-providence ?
Avec mon histoire de jungle, ce que je veux dire, c'est que cette question d'éthique est une question qui passe après l'assurance des droits naturels (manger, dormir sous un toit, avoir accès aux moyens locaux, être enterré avec sépulture.... Je pique à Onfray, qui pique à Rousseau).
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(compte clôturé)
le mercredi 24 février 2010 à 21h06
Siestacorta
Je reviens à "cette position hybride m'a obligée à mûrir vite et fort".
Je comprend parfaitement que tu aimes ton propre parcours. Mais je te relance sur ce questionnement : est-ce que souhaiter mon mûrissement aux autres, leur souhaiter qu'ils s'éduquent eux même pour plus d'autonomie... est-ce que c'est un avis qui serait plus légitime que de leur souhaiter une assistance, l'état-providence ?
Pas plus, mais tout autant. Quand je dis hybride, ça veut dire que c'est ça qui est intéressant: suppléer tant que l'individu ne peut se suffire, mais accompagner sans faillir dans la quête vers la sortie de l'assistance. Je ne connais personne qui soit fier de dire qu'il ne se suffit pas à lui-même, d'ailleurs. Les mômes passent également par une période où si l'on s'avise de les aider, ils manifestent qu'ils veulent faire Tousssseul!
Avec mon histoire de jungle, ce que je veux dire, c'est que cette question d'éthique est une question qui passe après l'assurance des droits naturels (manger, dormir sous un toit, avoir accès aux moyens locaux, être enterré avec sépulture.... Je pique à Onfray, qui pique à Rousseau).
Droits naturels? C'est notre société qui a décidé des bases morales qui les désignent ainsi... Dans une autre société, à d'autres époques, de tels droits se conquièrent après une épreuve d'initiation dont la sanction peut être la mort. Ils font d'ailleurs parfois partie du même packsack que le droit d'avoir des relations sexuelles, de se marier et d'avoir des enfants.
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Siestacorta
le mercredi 24 février 2010 à 21h14
ouioui, "droits naturels" est une construction sociale, pas de doute là dessus.
L'expression est un oxymore volontaire. Le droit est un concept moral, civique, à l'opposé de la nature. Donc dire "je revendique le droit naturel de..." c'est pour insister sur le dépassement de la survie par le droit de ne pas ramer pour survivre.
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(compte clôturé)
le mercredi 24 février 2010 à 21h32
Et c'est un luxe que notre société a pu s'octroyer: secourir les plus faibles au lieu de les abandonner parce qu'ils freinent la meute. La notion de survie a changé de cible, la meute, différenciée, peut désormais penser à soutenir l'individu, qui a ainsi accès à ce qui restait précédemment de l'ordre du privilège du plus fort.
Ca, c'est de l'ordre des besoins essentiels auxquels répondre.
Mettons qu'on ait accès à présent à un tel niveau de vie qu'on peut se permettre de transposer le processus de rendre un gosse autonome pour répondre à ces besoins basiques, à celui de soutenir un adulte en quête d'autonomie affective; ce qui passe, selon moi, par l'apprentissage d'un égoïsme, ou du moins, de son individualisme.
Je vois une logique entre la meute qui s'occupe de l'individu, et le fait que celui-ci soit amené à se libérer en amour, de la même manière (comme d'autres scories )... et de manière de plus en plus pointue.
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Romy
le jeudi 25 février 2010 à 03h08
Siesta: "Ca me fait repenser au "vitalisme" de Vaneigem. Il a une idée de l'individu très "sensuelle", le plaisir étant, finalement, amélioré parce que chacun est matériellement libre de le partager. En fait, il ne peut accepter que l'autre ne soit pas libre : les contraintes qui lient autrui peuvent potentiellement l'immobiliser, donc on doit lutter pour que l'autre ait accès à la même liberté que soi. Juste parce que le plaisir sera meilleur.
Cette tension entre individualisme et altruisme fait de Raoul un de mes penseurs favoris... "
C'est quel bouquin qui traite de ça? Est-ce dans "Le livre des plaisirs"?
Message modifié par son auteur il y a 15 ans.
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Siestacorta
le jeudi 25 février 2010 à 08h03
C'est un thème récurrent chez lui.
Attention, hein, je parle de sensualité, vitalisme et altruisme chez Vaneigem, mais c'est quand même un auteur virulent, dont le sujet principal est la révolte.
Normalement, oui, tu trouves dans le Livre des plaisirs un développement de la sensualité qui porte son individualisme, mais le plus important de ses bouquins c'est "traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations", qui décrit plutôt comment "le vivant" est nié (vainement) par la société industrielle et communicante....
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sissi (invité)
le jeudi 25 février 2010 à 12h16
j aimerais participer a ces discussions sur l egoisme!!!!!
quoi que je suis presque sure que si il y a egoisme il n y a pas de partage total!!!!
mon souci c est que je suis assez "primaire"
titane est assez complexe a comprendre
je pense que si vous voulez que les gens viennent a vous il faudrait vous mettre a leur portee!!
ceux qui viennent ici pour la premiere fois ont du mal a acceder a vos hautes pensees un peu trop psy et literaires!
alors pour ne pas nous faire peur il faudrait simplifier!!!!
laissez nous enfin moi participer sans nous croire coincés par votre inaccessibilité!
moi je dis ca!!!!!!
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sissi (invité)
le jeudi 25 février 2010 à 12h18
j espere fortement qu on peut etre polyamoureux sans etre poly intelligent!!!!
je ne suis pas bete je peut comprendre mais faut m expliquer longtemps!!!!
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(compte clôturé)
le jeudi 25 février 2010 à 12h29
Volontiers!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
On va faire notre possible!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ^^
Pour l'égoïsme, ce n'est pas de l'égoïsme (au sens commun de ne penser qu'à soi), qu'on parle ici, je crois.
C'est de bien penser à soi, à se soigner, autant qu'à penser aux autres et en prendre soin. Un peu comme ça: si j'ai un gros rhume, que j'éternue sans arrêt, bonne idée de ne pas aller travailler - ils auront plus de boulot parce que je ne suis pas là... mais ne tomberont pas malades à cause de moi.
Boutade: "Un égoïste, c'est quelqu'un qui ne pense pas à moi", qu'est-ce que tu en penses?
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Drya
le jeudi 25 février 2010 à 12h46
En fait, l'égoïsme, comme on en parle ici, c'est plutôt se mettre en condition pour pouvoir donner volontairement de l'amour (en fait ici: de l'attention, de la tendresse, etc., ce qui "montre" et "transmet" l'amour), pas par obligation ou comme une concession frustrante, pas non plus pour créer une dette, mais parce qu'on a envie de faire plaisir.
Enfin, je le vois comme ça sur cet échange.
Message modifié par son auteur il y a 16 ans.
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(compte clôturé)
le jeudi 25 février 2010 à 13h08
Se faire plaisir de faire plaisir, Drya?
Si c'est ça, j'ai envie d'être bien sûre que ça me fasse plaisir, et pas parce qu'on m'a dit que je le devais, ou que c'est socialement correct. Ce qui me demande toujours un petit temps d'arrêt pour examiner mes motivations.
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Drya
le jeudi 25 février 2010 à 13h38
Oui, on en revient là. Donner quand quand ce n'est pas une obligation, c'est tout de suite "plus" pour les deux, puisqu'on ne doute pas non plus de la motivation de l'autre.
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sisi (invité)
le jeudi 25 février 2010 à 13h40
sicialement correct????
esque ca nous preoccupe a ce point la d etre socialement correct??
si c est le cas on avencera jamais
je pense qu il faut etre correst envers soi meme et envers nos motivations!!!!sinon on finit sur le bucher de la societé!!!
mieux vaut celui de la societé ou celui de l enfer!!!
en faisant notre paradis sur terre on aura au moins la satisfaction d avoir vecu pour notre ideal!!!!satan attendra pour allumer le feu
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(compte clôturé)
le jeudi 25 février 2010 à 13h45
sissi
j espere fortement qu on peut etre polyamoureux sans etre poly intelligent!!! !
je ne suis pas bete je peut comprendre mais faut m expliquer longtemps!!! !
Bonjour Sisi, rassures-toi, tout le monde ne lis pas tous les fils en détails, et il n'y a pas besoin d'avoir un QI de 140 pour participer. Je ne me vois pas comme quelqu'un de très intello, et donc je lis parfois en diagonale ou même pas du tout. Et j'interviens quand j'ai envie de parler, même si je sais que j'écris plus "simplement" que la personne à laquelle je réponds. Pas grave.
Mais un p'tit conseil, sans vouloir te vexer : vas-y doucement sur les points d'exclamation et d'interrogation, ça donne une impression "affolée" :-)
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Siestacorta
le jeudi 25 février 2010 à 13h57
sissi
laissez nous enfin moi participer sans nous croire coincés par votre inaccessibilité !
moi je dis ca!!!!! !
D'abord, sois rassurée, il y a des fils moins compliqués à suivre que celui-ci, et beaucoup de membres du forum n'abordent que ceux-là.
Ensuite, va faire un tour sur le tchat (lien en haut à droite, sur la page d'accueil du site), il y a des gens qui ne parlent pas ici qui se croisent là-bas, sans doute aussi parce que la simplicité des échanges leur convient mieux aussi.
Pour donner envie de mieux connaître, il y a aussi les rencontres (les fils avec marqué [évênement] ), peut-être plus accessibles que des échanges qui remontent parfois à loin.
Enfin... Comme je sais être un de ceux qui écrivent "compliqué", je vais justifier un peu. Le polyamour demande généralement une communication très fine entre les personnes impliquées. Donc il y a une chance que les gens qui viennent ici soient intéressés par une pratique assez développée de la communication.
Par ailleurs, je crois qu'ici nous passons pas mal de temps à nous définir, nous et notre polyamour. Et on a envie d'être précis... Donc on pousse parfois les questions assez loin, parfois jusqu'à une certaine intellectualisation.
Pour terminer, bienvenue.
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Romy
le jeudi 25 février 2010 à 15h02
Fernando Savater dans son essai "Éthique à l'usage de mon fils" dit qu'on peut être égoiste sans être un imbécile. Celui qui est égoiste sans être un imbécile est celui qui veut le meilleur pour lui-même, c'est-à-dire, la belle vie. Par exemple, Kane dans Citizen Kane qui devient extrêmement riche mais sans amis est perçu comme un égoiste, mais on ne peut pas dire qu'il s'est offert la belle vie puisqu'il finit par devenir l'ennemi de lui-même, sans amour. Même chose pour Caligula... Ils voudraient être égoistes (s'offrir la belle vie), mais au fond ce sont des personnages qui vivent mal.