Coming out pour sauver mon couple et ma famille
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coherence
le lundi 01 novembre 2021 à 10h45
Voici la situation:
J'ai 48 ans et bientôt 25 ans de vie commune avec ma compagne, deux enfants de 20 et 16 ans. Aucune relation extraconjugale de mon coté et c'est très certainement réciproque. Par contre je crois être amoureux de l'amour et avec les années l'attirance pour "la nouveauté" me taraude de plus en plus. Depuis quelques mois une complicité est née avec une collègue mariée (qui me dit avoir eu une seule relation extra-conjugale cachée de quelques mois il y a quelques années) et depuis quelques semaines nous nous embrassons sans aller plus loin. Clairement heureux de redécouvrir la joie du désir naissant, j'ai aussi peur de tout casser. Je ne veux pas mettre la charrue avant les boeufs et donc je fais durer cette belle phase. Je me dis que tant que nous n'allons pas plus loin, je peux avouer à ma compagne mes sentiments pour cette nouvelle personne en lui disant qu'il ne sait encore "rien" passé. Par manque de courage (j'ai clairement peur de sa réaction), il n'y a qu'un pas pour que mon histoire bascule du côté de l'adultère mais j'aimerai trouver la force de dire les choses. J'aimerais lire des témoignages de situations similaires ou obtenir des conseils. Merci d'avance
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bonheur
le lundi 01 novembre 2021 à 12h03
Bonjour cohérence,
Je m'aperçois que tu es dans la "bonne" démarche. Enfin à mes yeux.
Tu dis que ta compagne n'a jamais eu de relation extraconjugale... Je suppose que le mari de ta nouvelle amoureuse pense la même chose de sa femme...
C'est délicat de présupposer ce que l'on ne sait finalement pas. Le fait est que cette amoureuse n'aura certainement pas à coeur à dire à son mari quoique ce soit. Si tu n'aimes pas vivre dans le non-dit et le mensonge, je crois qu'il faut aussi que le mari de ton amoureuse soit informé. Autrement dit, le polyamour implique deux coming-out et deux couples à "sauver", suivant ton optique.
J'ai eu ce lourd fardeau et désagrément d'avoir été en complicité affective (rien de sexuel chez moi) avec un homme qui, comme je n'aurai pas divorcé, s'est mis en couple avec une autre femme. Je suis alors devenue cachée, parfois aimée quasi ouvertement, parfois l'amie qui doit rester à cette place d'amie. En fait, quand son couple allait mal (et c'était fréquent) il m'aimait et quand son couple allait bien j'étais l'amie.
Tout ça pour que tu comprennes que dans l'histoire vous êtes quatre et non deux. J'ai détesté cette histoire car je ne suis pas un jouet, un doudou, dont on use à l'occasion, suivant les besoins. Les émotions, on les ressent ou pas.
Concernant ton couple. Sache que j'ai indiqué à un homme dont j'ai pris conscience que je l'aimais (assez brutalement, j'ai eu peur pour sa vie). J'ai vraiment été mal envers moi-même. Cette phase d'introspection diminuant, je me suis demandée ce que je devais faire de cela. C'était fort et insupportable à garder juste en moi. Il fallait que je lui dise, à cet homme. Et il fallait que j'exprime à mon mari (depuis 18 ans, 3 enfants...). Cet autre homme ne savait pas. Je lui ai écrit, "profitant" d'un éloignement ponctuel géographique. J'ai voulu parler à mon mari et n'ai pas réussi. J'ai écrit en spécifiant bien que je l'aimais. Je voulais qu'il sache ce que je ressentais et que j'avais écrit mon amour à cet homme (il se connaissait un peu).
Cet homme m'a tourné le dos, au sens littéral du terme. Alors que nous étions toujours fourrés ensemble, là plus possible même de lui dire bonjour (lorsque nous sommes retournés à notre quotidien professionnel commun). Mon mari a eu mal, vraiment très mal. Il faut dire qu'il avait tout compris de travers. Il se voyait devoir vendre la maison, verser des pensions alimentaires, ruiner et seul... Scénario catastrophe. Nous avons discuter pendant des heures et des heures et des heures... pour dénouer tout ça. Nous avons mis beaucoup, vraiment beaucoup de temps et d'énergie.
Pour mon mari, ce fut comme recevoir un coup de masse. Il était effondré et ne comprenait plus rien. Il m'a dit que j'avais cassé quelque chose en lui, d'irréparable. Il avait raison. Il a perdu ses illusions, ses rêves, ses repères. J'ai compris cela, moi-même j'avais vécu une période seule avec mes pertes de repères, mes questionnements. D'un côté j'étais survoltée par cette émotion qui devenait sentiment et prenait une place en moi, s'ancrant définitivement, d'un autre côté, je me sentais tellement mal.
Il faut du temps et énormément de communication pour avancer. Notre commun, avec mon mari, devenu aujourd'hui chéri de vie, fut notre amour, indéfectible. J'ai traversé un désert, ne connaissant pas le polyamour, me sentant comme ce vilain petit canard qui ne se sentait à sa place nulle part, et rejeter à chaque fois qu'il tentait d'être lui-même. Nous avons fait endosser tout ceci sur la fameuse "crise de la quarantaine". Sauf que ça ne m'est jamais passé. L'amour appelle l'amour. Lorsque le coeur s'embellit de nouveau, il éclot et cette éclosion, je n'ai jamais voulu la quitter, car elle me rend tellement plus vivante.
Je viens de raccrocher (téléphone) d'avec mon chéri (qui est à quelques centaines de kilomètres de moi :-/ ). Mon chéri de vie était dans la pièce. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Je mettrai à table une part de gâteau pour mon amoureux, je prendrai en photo pour lui envoyer. A sa demande, je partagerai sa part à mes invités. Si tout le monde est d'accord, nous lui adresserons un merci commun. Ca peut devenir cela, le polyamour (polyaffectivité pour ma part).
Il faut faire attention avec les coming-out. Ca complique l'existence. Je suppose que tu parles, dans ton cas, de ta femme avant toute chose. Les annonces sont délicates à faire (enfants, parents, collègues...). Tu n'en n'es pas là.
En résumé, vous êtes 4 dans l'équation et non 2, puis 3. La sexualité est une étape que je ne connais pas, je suis polyaffective seulement. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu sexe, qu'il n'y aura de dégâts dans ton couple. Rien n'est simple, en amour, multiplier les amours, les métamours éventuels, complexifie davantage.
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coherence
le lundi 01 novembre 2021 à 18h38
Merci bonheur pour cette réponse rapide fournie et touchante. Si je comprends bien ton chéri actuel n'est pas l'homme qui t'a décidé à faire ton "coming out". Ce qui montrerait bien qu'une fois libérée de ce poids même si comme tu le dis cela n'a pas été facile, au final cela t'a permis d'avancer comme ta situation actuelle en témoigne.
Dans mon cas j'ai bien conscience qu'on est 4 et j'aborde le sujet progressivement avec mon "amoureuse" sans sentir beaucoup d'ouverture pour l'instant. Elle est persuadée que son mari ne supporterait pas, en tout cas si il est mis devant le "fait accompli" et qu'il la "fouterait" dehors. Bref c'est mieux quand tout est claire au début mais là je ne suis pas magicien ;-).
Sans jouer la montre, je souhaite prendre mon temps pour bien sentir et analyser les "forces" en présence. Il n'y a pas de recette c'est juste ma "position" du moment pour tenter d'avancer. Une chose est cependant en train de faire son chemin chez moi, je ne veux pas passer à côté de cette sensation d'être vivant, comme tu le dis si bien.
Merci encore ça fait du bien !
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bonheur
le mardi 02 novembre 2021 à 09h18
coherence
Si je comprends bien ton chéri actuel n'est pas l'homme qui t'a décidé à faire ton "coming out".
Je crois que l'on n'a pas la même définition du coming-out.
Mon mari est devenu mon chéri de vie et l'on se connait depuis mon début d'école primaire, alors que j'ai soufflé hier mes 53 bougies. Autrement dit, ça fait bientôt 50 ans que l'on se connait et notre relation a débuté en 1986. Juste, le mot mari et le mariage ne nous convient plus du tout. C'est trop normatif pour définir notre couple qui s'est transformé bien au-delà du fait d'être marié. Nous avons évolué lentement et difficilement durant 4 ans, car pour se transformer, il faut avoir des conditions optimales. Le vilain petit canard n'a pu se révéler qu'en découvrant qu'en présence des cygnes. Ce fut un peu ainsi pour moi. Un jour, avec mon chéri, nous avons découvert qu'il existait une "nouvelle espèce", celle des polyamoureux. Et là, nous avons pu entreprendre de poursuivre notre développement commun.
Quand au coming-out, pour moi, cela revient à tomber le masque et assumer sa différence. C'est au contraire mon chéri de vie (donc mon mari) qui le premier a pris la décision et l'initiative d'en parler en premier lieu à nos enfants (ados à l'époque). J'entends par là qu'à mes yeux, le coming-out est au reste du monde, et non à mon mari (devenu chéri de vie).
Tu parles d'analyser les "forces". C'est d'amour dont on parle. Il est aisé de perdre l'essentiel de vue, mais il ne faut pas, à mon avis. Personnellement, j'ai exprimé avec mon coeur. Ce que je ressentais. Si tu analyses ta démarche et surtout ce qui se passe en toi bien avant de t'ouvrir à ta femme, tu te retrouveras avec un cheminement abouti et non plus avec une découverte à réaliser et un chemin à faire ensemble. Tu auras avancé seul, sans elle. Tu aboutiras à une conclusion et elle devra digérer celle-ci sans accompagnement de ce qui t'arrive (émotionnel), de ce que tu découvres (le polyamour, nouvelle philosophie) et ce à quoi finalement tu aspires (ta version du polyamour). Tu es sur une ligne de départ, enfin tu es déjà un peu avancé, sans elle ! Elle sera passive et non participative, le jour où tu t'exprimeras. Je dirais qu'il ne faut pas que tu es trop d'avance, sinon tu créeras un décalage. Celui-ci pourra se transformer en une sorte de trahison : tu as tout prévu, jusqu'au moindre argument, alors qu'elle devra en premier lieu faire face à l'annonce et à l'électrochoc.
Ne tarde pas trop quand même, ce serait mon "conseil". D'autres membres t'apporteront peut-être d'autres témoignages et propos différents. Je le souhaite.
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coherence
le dimanche 12 décembre 2021 à 21h07
Bonjour
Je tenais à vous raconter la suite de mon histoire, car je crois qu’elle montre l’intérêt capital de ce site polyinfo. Grâce à nos échanges en bonne partie, j’ai trouvé le courage de parler à ma compagne il y a deux semaines un vendredi soir, pour faire simple je lui ai dit que je pensais être capable d’aimer deux personnes à la fois, que je donnerai toujours priorité à l’intérêt de notre famille et que je pensais que je l’aimerai toujours. Elle a juste posé la question qui à quoi j’ai répondu qu’elle ne la connaissait pas qu’il ne s’était encore « rien » passé mais qu’il y avait une « vraie connexion ». Après une nuit blanche, quelques clarifications le matin, une sieste silencieuse, je l’ai convaincu d’ aller au restaurant le samedi soir. Dans une ambiance chaleureuse, les bons souvenirs sont remontés et sans parler de la nouvelle situation, la bonne humeur était palpable signe d’un début d’acceptation de la nouvelle donne. J’étais très heureux de voir la vitesse à laquelle la communication pouvait faire évoluer une situation qui stagnait depuis des années. Comme un fruit mûr qui doit tomber, c’était le bon moment pour moi, même si beaucoup auraient penser que c’était bien tard.
Depuis le « sujet » est en quelque sorte tabou, mais c’est déjà un énorme pas qui me redonne de l’énergie pour la maison et la famille. Rien n’est gagné je le sais bien. C’est sur le temps que l’on pourra juger du réalisme de cette nouvelle situation. La bonne humeur et les projets sont de retour. Cependant je la connais bien et je sais qu’elle a toutes les chances de ne rien dire et la situation risque de stagner à nouveau. Comme tu le disais bonheur le vrai coming out celui d’exposer la nouvelle situation aux enfants au copains…etc ne se fera sans doute pas de si tôt. D’autant qu’une règle s’impose à moi, c’est à ma compagne de sentir quand et comment en parler aux autres. Je n’ai d’ailleurs pas encore trouver le bon moment pour lui dire cette règle que j’espère elle applique de son côté (ce qui est probable). Bref comme prévu, je n’ai franchi qu’une étape assez déterminante et même grisante sur le moment, mais qui n’est que le départ d’un nouveau mode de relations qui n’est pas simple. D’autant que du côté de ma nouvelle relation, il n’y a pour l’instant aucun espoir de transparence. Pas évident de ne pas pouvoir partager pour l’instant ce qui nous anime au plus profond avec ses proches. Merci d’avance si vous avez des réactions conseils…etc
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coherence
le vendredi 03 octobre 2025 à 17h53
Bientôt 4 ans que j'ai initié cette discussion et je m'excuse d'avance de n'avoir pas raconter la suite. C'était trop beau, en fait nous sommes tellement doués qu'on s'est mal compris. Un soir de janvier 2022 elle a senti que je ne rentrai pas du travail directement et je lui ai dis quelque chose comme "tu sais bien" et c'est là que l'énorme malentendu a été mis jour. Elle m'a demandé de choisir et j'ai tout stoppé en la choisissant. Sauf que quelques mois plus tard j'ai "rechuté" dans le mensonge cette fois-ci. Ca a duré un peu plus d'un an avec des pauses et ce n'est que quelques mois après avoir arrêté cette relation extra-conjugale (à mon initiative il y a presque deux ans) que ma compagne m'a fait "passer au aveux" et j'ai tout raconté. On a vraiment failli se séparer mais on s'est donné une dernière (?) chance. Sauf que depuis elle déprime, me dit qu'elle a perdu l'homme de sa vie. De mon côté je lui disais qu'il fallait foncer mais elle ne retrouve pas l'enthousiasme et s'isole socialement. J'étais vraiment positif jusqu'à cet été où elle a encore renforcé son éloignement des amis et de la famille. Elle ne veut pas aller chez le psy elle est contre les médicaments. De mon côté après avoir vraiment eu peur de la séparation et fait tout ce que je pouvais pour reconstruire notre confiance, je commence à me décourager avec en plus la peur qu'elle tombe dans une vraie dépression qu'on se quitte ou pas. On fait chambres séparées depuis une semaine suite à une petite dispute sur les projets de fin d'année qu'elle n'a pas supporté. Elle sent je crois que mon renoncement au polyamour n'est pas fiable. Ce en quoi elle a peut être raison. J'étais vraiment prêt je crois à y renoncer après la presque séparation mais après 18 mois de morosité (même si il y a de bons moments) et sa négativité par rapport aux autres en général je suis proche de la rupture.
J'avoue je suis un peu perdu. C'est peut être simplement d'une belle nouvelle histoire dont j'ai besoin plus que de polyamour.
Cependant, cette phase de chambre séparée depuis une semaine nous permet de mieux discuter. Elle veut qu'on aille à des soirées Alpha sur les valeurs du couples etc....j'ai accepté car la communication ne peut être que bonne.
J'espère que c'est à peu près clair, je ne suis pas sûr qu'après tout ce temps ce soit intéressant mais c'est pas grave rien que de l'écrire ça fait un peu de bien. Merci pour vos réactions conseils si vous en avez.
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Caellan
le vendredi 03 octobre 2025 à 18h56
Bonjour coherence
En te lisant, ce qui me frappe c'est l'écart entre ce que tu dis au sujet de ta compagne et les questions que tu te poses. Je ne reviens pas sur les messages de 2021 parce que ça ne me semble pas pertinent de creuser là-dessus. Ce qui compte c'est votre relation d'aujourd'hui.
Tu dis que ta compagne ne va pas bien. Alors il faudrait prendre soin de ça. Peut-être qu'effectivement c'est lié aux événements d'il y a 4 ans. Mais le tableau que tu décris me fait penser que ce n'est pas la seule explication.
Elle dit qu'elle a "perdu l'homme de sa vie". C'est une expression très forte. Deux options : soit c'est vrai, au sens où ce en quoi elle croyait vous concernant est irrémédiablement perdu et alors autant renoncer, soit c'est une exagération qui souligne sa douleur et alors elle a besoin d'être profondément rassurée sur sa place dans ta vie. Je ne suis pas sure que la réponse à cette question (sa place dans ta vie) soit totalement claire pour toi. Quoi qu'il en soit, vous ne retrouverez pas la relation telle qu'elle était avant. On n'efface pas les événements. On évolue. On fait bouger la relation. C'est quelque chose qu'il faut accepter.
En tout état de cause, je pense qu'il y a d'autre éléments qui peuvent concourir au fait qu'elle se sente mal de façon si durable et qu'il est nécessaire d'aller regarder aussi de ce côté là. Par exemple, si je compte bien, votre deuxième a 20 ans. Cela a du être un gros changement pour vous, les enfants qui grandissent, font leur vie... C'est une période qui peut être très difficile. D'une certaine manière, il faut redéfinir ce que l'on est.
Pour dire les choses plus clairement : ce que tu décris au sujet de ta compagne ressemble à une dépression. Est-ce que tu es prêt à l'accompagner face à cette maladie ? Si elle n'en est pas sure, il lui est forcément difficile de se sentir en confiance.