Relation triangulaire - je n'arrive plus à m'écouter
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Aquaria
le lundi 15 juillet 2019 à 13h55
Bonjour,
C'est mon premier post sur le forum, je suis tombée dessus en cherchant des réponses à mes questions, ou plutôt des opinions divergentes pour m'aider à avancer.
Mon témoignage va être très long (!), merci à ceux qui le liront en entier. L'ai besoin d'expliquer pas mal de détails qui sont à mon sens importants pour expliquer ma situation.
Je suis en couple quelqu'un que j'aime très fort depuis trois ans. Nous avons commencé de façon exclusive, avec l'envie mutuelle d'ouvrir le couple lorsqu'on le sentirai. L'an dernier, mon partenaire m'a signalé sa souffrance d'être dans un couple exclusif (j'étais à l'époque très possessive et jalouse). Après de nombreuses discussions nous avons consulté une super thérapeute pour tâcher de faire ça de la « bonne façon ». Elle nous a avant tout conseillé de mettre en place quelques règles de base pour respecter les limites de chacune. J’étais à ce moment là rassurée par cette idée, mais ma partenaire disait avoir trop souffert de ma jalousie pour devoir encore répondre à des « interdictions ». Nous n’avons donc pas vraiment mis de règles en place tout en sachant que nous étions en train de glisser vers la non-exclusivité.
A peu près au même moment, mon partenaire a commencé une transition de genre. L’apparition de sa féminité dans notre vie a réveillé un désir soudain et très fort en moi pour la féminité, et j’ai eu l’envie de me confronter à d’autres corps féminins, dans une exploration de moi-même qui a été pour moi une belle révolution, sexuelle et identitaire. Ceci étant dit, comme nous n’avions pas mis de règles en place, j’ai avant tout suivi mes envies et mes instincts, et j’ai causé beaucoup de tort à mon amoureuse qui a vécu nombre de mes actions comme des abandons. Ça a été extrêmement difficile pour moi à ce moment de m’écouter et d’essayer de faire la part des choses entre les peurs de ma partenaire, alors que c’est elle qui avait souhaité ce changement, et ma sexualité nouvelle qui se déployait. De plus, le fait que j’ai besoin de rencontrer des « filles biologiques » lui renvoyait parfois le fait qu’elle n’en était pas une. J’ai eu l’impression à ce moment que mon désir sexuel et ma quête identitaire très personnelle était soumise au jugement de l’autre, que mes « instincts » causaient plus de tort qu’autre chose. Pourtant, les moments que j’ai passé en dehors de mon couple on été véritablement libérateurs, même lorsqu’ils ne se passaient pas toujours favorablement pour moi.
Nous avons eu d’innombrables discutions et disputes par la suite, sur les limites de l’une et de l’autre, sur nos sentiments, mais toujours en ayant l’impression de grandir ensemble et d’apprendre de nos conflits. Et puis, parallèlement, durant toute l’année dernière, j’ai développé une amitié très forte avec une fille vivant dans la même ville que nous, pour laquelle j’ai compris bien trop tard que je développais des sentiments amoureux.
Tout ça s’est développé lentement et un peu en « sous-marin ». Au départ, cette personne – que j’appellerai Katia -, était ma confidente. J’avais une grande confiance en elle et je lui ai proposé de venir travailler avec moi et mon amoureuse sur un projet… Sans anticiper le fait que tout cela aller m’exploser à la figure ! A l’époque je n’étais pas consciente que je commençais à nourrir des sentiments pour elle, ou plutôt je n’ai pas voulu les prendre au sérieux.
Nous avons donc commencé à travailler toutes les trois. Il faut aussi savoir qu’avec mon amoureuse nous déméageons à la rentrée et avons proposé à Katia de reprendre notre maison.
Et…. ça a été très compliqué. D’un côté, mon amoureuse, qui avait senti avant moi peut-être mon attirance pour Katia, m’a donné son « accord » pour que j’entame une relation charnelle avec elle avant même que je ne l’ai envisagé. J’ai détesté me faire court-circuiter dans mon propre désir et je crois que cela a commencé à brouiller les choses pour moi. D’un coup, mon amoureuse me disait avant moi de qui j’avais envie. Et le pire c’est qu’elle avait raison.
De son côté, Katia a commencé à développer une attitude très ambivalente envers moi et mon amoureuse, tantôt super amicale et dans le soutien, tantôt jalouse (surtout en soirée). Je comprends seulement maintenant qu’il y a quelque chose de l’ordre du « territoire » et de la possession qui était en jeu très tôt dans cette relation triangulaire. De mon côté, j’ai passé des mois à tâcher d’apaiser les tensions potentielles entre elles deux, ayant le rôle de médiatrice, en excusant Katia quand elle ne venait pas travailler, en excusant mon amoureuse quand elle se montrait injuste en réunion. Je n’ai pas pu – je ne voulais pas – prendre parti, c’était trop dur.
Je précise qu’il ne s’est rien passé de sexuel, ni même un baiser échangé, entre Katia et moi. Mais la tension était très forte et a progressivement monté au fil de l’année, nous nous rapprochions de plus en plus en soirée notamment et j’ai fini par lui faire des avances sous l’effet de l’alcool. A plusieurs reprises. Auxquelles elle a répondu par la négative en me disant que le fait que j’étais déjà en couple ne lui convenait pas.
Le problème pour moi est qu’elle continuait à être extrêmement proche de moi, tactile et « séductrice » à mes yeux. Elle l’était aussi avec d’autres personnes, elles aussi en couple, et ce jeu d’ambivalence à commencé à me rendre assez jalouse et malheureuse.
J’ai peu à peu perdu confiance en elle, ayant l’impression d’être un pion sur un échiquier.
J’ai fini par lui dire que j’avais besoin de prendre de la distance, parce que je tombais amoureuse d’elle et qu’être à ses côtés m’était pour l’instant trop douloureux.
Lorsque j’ai confié ça à ma partenaire, ça a malheureusement libéré un fiel que je n’avais pas soupçonné et elle s’est mise à avouer qu’elle ne faisait pas non plus confiance à Katia, qu’elle trouvait que c’était une personne manipulatrice, et qu’elle s’était sentie exclue de notre trio dans le projet professionnelle que nous avions ensemble. Sachant que l’avis de mon amoureuse compte énormément pour moi, c’était très difficile d’arriver à l’écouter sans m’énerver ou prendre la défense de Katia. J’avais l’impression encore une fois d’être culpabilisée dans mon désir.
En voyant la peine que nous éprouvions toutes les deux vis à vis de Katia, nous avons décidé de ne plus lui laisser reprendre la maison, car nous y gardons une chambre et nous allons y revenir régulièrement. Je ne veux pas partager un bien immobilier avec elles deux sachant que c’est déjà super compliqué.
Mais Katia l’a pris comme un acte de violence et depuis m’envoie des mails plein de reproches pour négocier que JE la laisse habiter dans cette maison (sans jamais inclure la troisième personne impliquée).
Je me retrouve à nouveau prise entre deux feux, je me sens coupable de priver une personne très précaire de son habitation – bien que ce soit annoncé trois mois à l’avance. Je me sens très triste de terminer cette relation sur un conflit. Tout cela me semble être un énorme échec. En plus d’avoir repoussé « l’objet » de mon désir, j’ai l’impression de devoir payer pour cela. Les discussions avec mon amoureuse à ce sujet ne sont pas sereines non plus.
Je trouve en plus que symboliquement ça sonne un peu comme un mauvais présage. Je n’ai pas envie de commencer une nouvelle vie dans une autre ville avec ma partenaire en laissant derrière nous un conflit aussi moche.
Que dois-je faire ? Est-ce qu’une discussion à trois vous semble une bonne idée ? Ma partenaire me demande cela depuis des mois maintenant mais j’ai toujours eu peur que ça me mette encore dans cette position horrible d’être la médiatrice entre deux personnes que j’aime.
Je vous remercie pour votre écoute et vos conseils. <3
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Aquaria
le lundi 15 juillet 2019 à 13h59
PS : désolée pour toutes les fautes d'orthographe, cela a été écrit sous le coup de l'émotion !
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bonheur
le lundi 15 juillet 2019 à 14h37
Bonjour Aquaria,
Déjà, ton texte est très lisible, ne te formalise pas pour la forme, c'est bien et explicite pour moi.
Il y a en effet énormément de facteurs de mutation et d'évolution. Tu découvres tellement en finalement peu de temps et ta compagne également. En tant que gender fluid, je sais que l'identité est peu aisée dès que l'on sort de la norme. En tout cas bravo de vous accepter/encourager/conforter dans votre développement personnel.
Il m'est arrivé que mon compagnon de vie (ah oui, je suis officiellement une femme, pour l'Etat Civil et la Sécu) devine que je sois amoureuse. Il me connait merveilleusement et dit explicitement ce que moi, je suis encore au niveau de soupçonner ou du moins à un stade d'acceptation de mes ressentis. C'est déconcertant, mais au fond, ça aide car l'initiative de la discussion vient de l'autre. Ainsi, on n'a pas besoin de solliciter le consentement d'une écoute. Celui-ci nous est accordé d'office. Personnellement, j'apprécie même si je ne choisi pas l'instant de la discussion et que oui, en effet, je suis "parasitée" dans mon cheminement qui du coup est faussé. Je dirais qu'il y a du bon malgré tout, bien que l'on se sente privé quelque part de ce que l'on a à dire.
Je pense que le polyamour commence vraiment à plus de deux et quand on pose tout sur la table. Par contre, il faut que tout le monde soit consentant. Tu vois, le consentement est un mot important, y compris celui de débuter une discussion.
Quelque soit l'issue de tout ça, l'expérience fera que tu sortiras grandi et ta compagne aussi. Sincèrement, assumer à la fois une transition ET l'acceptation d'un amour extérieur (un tiers), ça fait beaucoup dans un enchainement rapide.
En tout cas, vous prenez soin d'une de l'autre ET aussi, il faut que chacune prenne soin d'elle-même, car prendre soin de soi, est essentiel également.
Je stoppe ici, car il y aura d'autres réponses, je suppose, différentes. En tout cas, vous communiquez dans votre couple, c'est bien. Après, si tu ne connais pas, renseigne toi sur la CNV (communication non violente).
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bovary3
le lundi 15 juillet 2019 à 14h54
bonjour Aquaria,
je tombe par hasrad sur la discussion que tu viens d'ouvrir, et je suis très touché par ce que tu relates.
D'abord je n'ai pas repéré de fautes d'orthographe, mais cela n'aurait aucune importance !
Ensuite il y a plusieurs points qui me frappent:
1 bravo pour ta compréhension de ton compagnon , qui est devenu , si je comprends bien, une femme, toutes les personnes ne supporteraient pas un tel changement; quelle belle preuve d'amour tu lui as donnée!
2 je crois que tu n'as pas du tout à te sentir coupable de refuser de laisser Katia prendre pied dans ce lieu qui est le vôtre, les sentiments personnels et les problèmes sociaux ne sont pas du même registre, tu n'es pas responsable d'un problème collectif qui dépasse largement le cas de Katia!
3 il me semble que le moment n'est pas venu de faire une discussion à trois, parce que tu ne maitrises pas ta place; j'explique: comme tu le dis, tu es déchirée entre deux personnes que tu aimes, tu crains de faire souffrir chacune, mais malheureusement il arrive qu'il soit utile faire souffrir l'Autre, par exemple quand celui-ci est amoureux et qu' on ne partage pas ses sentiments. Comme tu l'annonces, tu n'arrives plus à savoir ce que tu désires, c'est la première chose qu'il faut que tu te réappropries!
Je m’arrête là, j'attendrai que d'autres te répondent, il y a certainement bien des points à creuser, mais j'attendrai que tu en aies dit plus sur toi-même, et ton histoire passée.
Vraiment ce n'est pas facile pour toi , il me semble que nous passons tous par des moments de déchirement si nous aimons; par ailleurs je trouve que tu as beaucoup de lucidité , de compassion et de retenue, ce qui te rend fort sympathique.
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(compte clôturé)
le lundi 15 juillet 2019 à 15h42
je dirais simplement, défini tes propres priorités, vois ce qui te tiens le plus à cœur avant de discuter avec tes deux partenaires, tu as besoin aussi de te retrouver toi-même, c'est plus facile ensuite pour éclaircir la situation