Critique de la relation socle
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Alabama
le mardi 17 décembre 2024 à 11h27
Aki
Qu'est-ce qu'une relation "non-socle", du coup, d'après vous ?
Je vais parler de ce que j'imagine, puisque je n'ai ni relation-socle, ni relation non-socle.
J'imagine une relation qui passe en deuxième, après la relation-socle, en cas de problème, notamment de jalousie du partenaire "socle". Ou s'il y a des enfants dans la relation socle.
Aki
En définissant une relation ainsi, est-ce que ça implique que les relations secondaires (ou plutôt "non-socles") seraient fragiles et éphémères (légères), qu'éventuellement on mettrait moins d'efforts pour la faire durer, prendre soin de l'autre, faire des projets ensemble, etc ?
Toujours de ce que j'imagine, je ne crois pas forcément que les relations sont plus éphèmères ou qu'on y met moins d'efforts, mais qu'en cas de crise elles risquent de sauter plus facilement, car le poids de la relation socle, souvent des relations de couple monogames qui se sont ouverts au polyamour, cumule pas mal d'élements d'attachement notamment matériels : enfants, maison, cercle amical, éventuellement mariage, etc...
Aki
Une relation "amicale" ou familiale peut-elle être considérée comme un autre type de relation-socle ?
Tel qu'est utilisé le terme dans le contexte poly, la réponse est non. Il s'agit toujours d'une relation amoureuse, la plupart du temps une relation de couple bien installée.
Aki
Que définit cet adjectif "socle", en somme ?
De mon point de vue, il définit une relation qui est plus ancrée que les autres, à laquelle on donne plus d'importance, pour différentes raisons. Cela induit une forme de hiérarchie.
Je pense que c'est une manière de se rassurer tout en ouvrant les possibles en termes de relations amoureuses. Je peux tout à fait comprendre, du point de vue d'une personne qui se fait ouvrir son couple, la nécessité de se raccrocher à quelque chose, en ce sens, être la relation socle de quelqu'un peut permettre de ne pas complètement partir en vrille. Mais à mon sens, c'est un aménagement de la monogamie, et cet arrangement produit de la hiérarchie. Pour ma part, j'apprécie l'engagement émotionnel dans mes relations, qu'elles comportent du sentiment amoureux ou non, du sexe ou non. Et devoir me conformer d'avance à une place (relation secondaire donc), ne me donne pas du tout envie de me lancer.
Ce qui ne signifie pas que toutes les relations doivent être hyper engagées, hyper intenses etc... mais qu'au moins, le degré d'engagement se décide ensemble, et n'est pas déterminé par la pré-existence d'une autre relation.
Je dirais que cela reproduit un des élements de la monogamie qui est de reléguer les amitiés à une place moins importante que le couple amoureux. Je vois bien dans mon entourage que mon rapport à l'amitié ne cadre pas avec la norme de couple ambiante : les gens habitent en couple, et c'est ce dernier qui passe toujours en premier en terme de temps passé ensemble, d'engagement émotionnel/matériel etc... ça me rend triste mais je fais avec, et cela me renvoit, d'une certaine manière, à moi aussi investir plus que je ne le souhaiterais la relation amoureuse, puisque c'est quasi le seul endroit où je sens une envie réciproque d'engagement fort.
La relation-socle reproduit ce système, mais cette fois-ci dans les différentes relations amoureuses. Il y a la relation-socle, disons le couple classique d'une certaine manières, ensuite viennent les autres relations amoureuses, et ensuite seulement, les amitiés.
La relation-socle empêche toute remise en question de cette hiérarchie.
Même si je peux entendre que pour le/la partenaire socle il peut y avoir de la frustration de ne vivre que le quotidien, etc... à mon sens, cela reproduit les écueils du couple monogame et des relations adultères : là aussi on retrouve le côté quotidien d'une part, et les "vacances" d'autre part.
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artichaut
le mardi 17 décembre 2024 à 12h23
Alabama
Ce qui ne signifie pas que toutes les relations doivent être hyper engagées, hyper intenses etc... mais qu'au moins, le degré d'engagement se décide ensemble, et n'est pas déterminé par la pré-existence d'une autre relation.
Tu pointe là, à mon avis, un point crucial (voire le point crucial).
Qui pour moi, définit et implique monogamie et hiérarchie (ou monogamie donc hiérarchie, si l'on préfère).
Quant le degré d'engagement d'une relation doit se définir en fonction ou à partir d'une autre relation. C'est que cette autre relation a du pouvoir (hiérachique) sur elle.
Ça me semble une grande caractéristique de la monogamie que de vouloir imposer, voire légiférer, la manière dont les autres relations doivent se définir (ou ne pas se définir) et être vécues (ou ne pas être vécues), et notamment sur le plan de l'engagement intime (sentimental, amoureux, corporel, sexuel, etc.)
Imaginer une relation 'socle' non hiérarchique, serait a minima, une relation qui laisserai la possibilité (de principe, mais aussi concrète et matérielle) que d'autres relations 'socles' puissent exister simultanément. Comme c'est le cas par exemple de l'amitié : une amitié aussi intense et engageante soit-elle, n'empêche pas de développer d'autres amitiés.
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Alastor
le mardi 17 décembre 2024 à 13h26
Polyamour.info
/-gS-/Comment-utiliser-ce-site/#Citer
Merci je ferais attention à faire correctement la prochaine fois.
Du coup désolée pour le côté illisible et pas correct, on a l'impression que ce n'est que le message d' @Aki ce qui n'est évidemment pas le cas.
Je te prie d'ailleurs de bien vouloir pardonner mon intervention ainsi dans ton message @Aki je ne voulais que répondre à tes questions.
Bonne journée à tous
Charlie.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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Alastor
le mardi 17 décembre 2024 à 16h14
Alabama
Ce qui ne signifie pas que toutes les relations doivent être hyper engagées, hyper intenses etc... mais qu'au moins, le degré d'engagement se décide ensemble, et n'est pas déterminé par la pré-existence d'une autre relation.
Voilà pour moi c'est aussi le sujet, le point important : une relation à un pouvoir sur l'autre.
Quelque soit c'est autre relation d'ailleurs.
artichaut
Tu pointe là, à mon avis, un point crucial (voire le point crucial).
Qui pour moi, définit et implique monogamie et hiérarchie (ou monogamie donc hiérarchie, si l'on préfère).
Quant le degré d'engagement d'une relation doit se définir en fonction ou à partir d'une autre relation. C'est que cette autre relation a du pouvoir (hiérachique) sur elle.
Ça me semble une grande caractéristique de la monogamie que de vouloir imposer, voire légiférer, la manière dont les autres relations doivent se définir (ou ne pas se définir) et être vécues (ou ne pas être vécues), et notamment sur le plan de l'engagement intime (sentimental, amoureux, corporel, sexuel, etc.)
Je pense pareil a ce sujet et c'est quelque chose que j'ai du mal à faire comprendre à mes partenaires actuels.
L'un veut se sentir socle et ça le rassure de penser qu'il a un "pouvoir" sur mon autre relation.
L'autre qui donne du pouvoir à l'une de ses relation sur la nôtre.
Tout en en voulant pas le reconnaître.
Il ne comprend pas que cette notion de "socle" donne du pouvoir sur toutes ses autres relations car dans notre culture c'est la relation de "couple cohabitant où officiel" qui domine sur les autres.
Un peu comme tu le dis @Alabama :
C'est vraiment compliqué à vivre en ce moment pour moi.
( Pardon je mets du "réel" sur du "théorique" parce que cette discussion fait fortement écho à ce que je vis actuellement.)
artichaut
Imaginer une relation 'socle' non hiérarchique, serait a minima, une relation qui laisserai la possibilité (de principe, mais aussi concrète et matérielle) que d'autres relations 'socles' puissent exister simultanément. Comme c'est le cas par exemple de l'amitié : une amitié aussi intense et engageante soit-elle, n'empêche pas de développer d'autres amitiés.
Là je mets un petit bémol même en amitié certains préfèrent qu'on soit exclusif.
C'est étrange mais ça peut arriver.
Au final je n'ai rien à ajouter de nouveau à ce sujet mais je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à m'interroger et à tenter de définir nos relation avec des cases moins "rigides".
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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Siestacorta
le mercredi 18 décembre 2024 à 00h33
Je me disais aussi que la stabilité évoquée dans le terme "socle" suppose une stabilité dans la durée.
L'attente ou l'affirmation, c'est donc que l'équilibre d'avant la non-exclusivité ne soit pas rompu... voire ne change pas du tout.
C'est là où ça entraîne une hiérarchie, le besoin de conserver une vision de la relation, de ce qu'on aime, de ce qu'on a construit (la part matérielle que symbolise le mot), donc refuser que le tiers-aimé vienne mettre trop de mouvement.
Par ailleurs, c'est la relation qui est censée avoir cette qualité, pas lea partenaire.
J'interprète qu'on attend pas d'être des sources individuelles d'équilibres individuels - des équilibres autonomes posés côte à côte - mais qu'on en a fabriqué un ensemble.
J'ai une approche plutôt solo - individuelle de la non-exclusivité, mais je comprends bien pourquoi beaucoup de gens perçoivent la relation comme une construction qui a pour fonction de les soutenir - durablement, donc. J'ai mes névroses sociales, mais attendre ça de la relation, cette part solide, je comprends.
Et évidemment, c'est solide ET trop difficile à bouger, un socle.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.