S'habitue-t-on aux ruptures/séparations ?
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MPB
le dimanche 29 décembre 2024 à 22h15
Bonsoir tout le monde !
Voilà un bon moment que je n'ai plus écrit par ici, d'autant plus pour ouvrir un post. J'espère d'ailleurs ne pas faire de redites !
Voilà donc ma pensée du soir : rendre plurielles des relations romantiques/amoureuses, c'est prendre le risque de multiplier les ruptures. Pour ma part, je crois que je suis le genre de personne qui met du temps à s'en remettre, tant mon engagement peut être important. Ma question est donc : pensez-vous que l'on "s'habitue" aux ruptures, ou est-ce plutôt une question de personnalité ? Style telle personne va être du genre à foncer dès le lendemain, et telle autre écrira des poèmes sur les coeurs brisés durant des mois, et ce quel que soit le nombre de relations passées.
N'hésitez pas à partager vos expériences !
Je me rends bien compte que c'est très large comme question, et que bien sûr cela dépend (et encore !) du temps qu'a duré la relation, de la personne qui y a mis fin, de l'état d'esprit à ce moment là, de la potentielle transformation du lien vs une coupure totale, etc etc.
Bref, à vos claviers ! Et j'en profite pour vous souhaiter deux très bonnes dernières journées de 2024 ;)
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Alabama
le lundi 30 décembre 2024 à 13h05
voici les éléments qui me semblent entrer en jeu dans le fait de bien vivre ou non les ruptures amoureuses
Sécurité intérieure : plus tu es convaincu.e de ta propre valeur et de ta capacité à rencontrer d'autres personnes, moins la rupture est difficile à digérer.
Idéalisation de l'autre : moins tu idéalises l'autre, moins tu te dis que tu ne rencontreras jamais quelqu'un d'aussi bien, et donc plus facile est la digestion de la rupture
Complicité : plus la complicité a été forte avec une personne, l'intimité profonde, les moments de joie nombreux, plus il me semble que la rutpure est difficile (et ça vaut pour toutes les relations, pas juste amoureuses)
Addiction : plus l'attachement était "passionnel", addictif, de l'ordre de la dépendance physique ou psychique, plus la rutpure est compliquée à dépasser
Type de rupture : une rupture progressive, avec différentes étapes, ou possibilité de garder certains élements de le relation, s'il n'y a pas trop de dimension addictive, je pense que ça permet que ce soit moins difficile à vivre, voire que ça ne soit plus vraiment une rupture mais simplement un aménagement de la relation.
Emprise : s'il y a eu emprise de l'un sur l'autre, ça peut être très dur. ça rejoint un peu l'addiction, mais avec la dimension de violences conjugales
Déni des émotions : certaines personnes ne ressentent pas vraiment leurs émotions, et pensent s'en sortir très bien alors qu'en fait cela évolue vers une forme dépressive puisque la tristesse/colère, en gros le deuil, n'est pas vécu
Et ensuite la capacité de chacun.e à traverser les moments difficiles. Selon le caractère et les périodes de la vie c'est plus ou moins facile.
Pour ma part, je digère une rupture amoureuse en 3 jours. Sauf une rupture, que j'ai digérée en 1 mois 1/2 (pour moi c'est long d'autant que la relation avait duré seulement 3 ou 4 mois).
quand je dis "digérer" ça signifie que je ne pleure plus, et que ça ne me fais plus souffrir au quotidien. Mais il peut y avoir des "restes" à digérer, comme la colère, le ressentiment. ça peut même rester toute une vie pour certains.
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MPB
le lundi 30 décembre 2024 à 15h48
Oh wahou, merci @Alabama pour tous ces éléments de réponse ! C'est très intéressant. Donc pour toi ça serait plus lié au caractère de la personne et à la relation en elle-même qu'à une forme d'habitude ("j'ai connu plein de ruptures donc je gère ça de mieux en mieux").
J'avoue t'envier un peu sur les trois jours, même si oui je me doute que les restes ne sont pas forcément simple à gérer non plus.
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Alabama
le lundi 30 décembre 2024 à 17h08
Je pense pas qu'on puisse s'habituer aux ruptures non.
Je pense pas qu'on se poserait cette question en ces termes-là pour les amitiés ? Si on aime fort quelqu'un,que cette personne sorte de notre vie est quand même souvent difficile. Je pense que si "habitude" il y a, ça ne peut être que de mettre des barrières, de ne pas s'engager émotionnellement pour ne pas souffrir. C'est une manière de se protéger mais ça rend la relation moins intéressante, et le sentiment de solitude risque de devenir fort et souffrant, donc pas sûr que ce soit un bon calcul à long terme.
En fait, c'est comme si tu te demandais si on peut s'habituer à voir les gens mourir autour de soi ? Oui on peut "s'habituer", si on se blinde, mais à quel prix ?
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artichaut
le mardi 31 décembre 2024 à 03h29
Sur le thème de la rupture, on peut aller voir aussi les liens listés ici.
Alabama
En fait, c'est comme si tu te demandais si on peut s'habituer à voir les gens mourir
Justement en lisant ta liste précédente je me disais que tout ce que tu citais me semblait valable dans le cas d'un décès.
Et pour le coup, je trouve que la mort, on s'habitue (même si c'est à chaque fois différent). Donc je pense que les ruptures aussi on peut "s'habituer" (apprendre de ses expériences). Et je dirais même qu'on peut s'y entraîner pour tâcher de vivre de belles séparations.
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Perso, avant je digérais les rupture en 3 jours, comme toi @Alabama, voire même quelques heures. Aujourd'hui c'est variable (comme quoi on peut aussi se "déshabituer", se déblinder).
Aujourd'hui j'aurais plutôt envie d'anticiper la rupture, vivre avec dès le début. Car j'ai le sentiment que si la rupture est tragique, c'est qu'on a voulu vivre avec l'illusion de la non-rupture, l'illusion de la permanence relationnelle. Et chaque rupture tragique vient re-appuyer sur cette blessure-là : celle qui nous empêche de voir que toute histoire à une fin, que toute relation à une fin.
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Alabama
le mardi 31 décembre 2024 à 13h46
Bon je n'ai pas vécu beaucoup de morts de personnes proches dans ma vie, donc je ne vais pas pouvoir tenir la comparaison longtemps.
@artichaut :
Je ne te rejoins pas sur le fait qu'anticiper la rupture la rendrait moins douloureuse. Je pense cependant comme toi que c'est important d'être au clair avec le fait que tout se termine un jour. Absolument tout. Mais c'est une des choses les plus difficiles à "avaler" pour beaucoup d'êtres humains, ça fait partie des 5 contraintes existentielles (la finitude).
Je pense qu'accepter la fin, c'est accepter de se lancer en sachant que l'on souffrira, en acceptant de souffrir, en acceptant l'idée de traverser la tristesse, la colère, etc...
Toi-même tu dis qu'on peut se déshabituer, se déblinder. Donc ça ne va pas forcément dans le sens d'avoir moins mal, mais plutôt d'accepter ce qui se passe.
Moi-même, ma rupture la plus difficile est venue après 5 ou 6 autres ruptures, qui n'avaient pas été particulièrement difficiles à vivre. Je sais pourquoi elle a été particulièrement rude : un côté addictif, le fait d'avoir partagé beaucoup de vulnérabilité de part et d'autre, le fait d'avoir été quittée et non d'avoir quitté (tiens je ne l'ai pas mis dans les éléments qui peuvent jouer mais je le rajouterais bien), les raisons de la rupture.
Ton concept de micro-rupture, je trouve ça chouette sur le papier, et je trouve ça intéressant d'y réfléchir, d'expérimenter quand ça peut se présenter. Mais honnêtement, il m'arrive encore parfois de pleurer juste parce que mon amoureux rentre chez lui (et on va se revoir pas très longtemps après). En l'écrivant ici, j'ai presque honte tellement ça me semble démesuré. Mais j'accepte ça, j'accepte que bah oui, parfois simplement se quitter, le moment de se dire au revoir, est difficile. Pour autant je peux vivre ma vie, c'est juste un moment. Mais le moment de la séparation est parfois, pas toujours, triste et un peu douloureux. Je ne me l'explique pas, et je ne cherche pas à diminuer cette douleur. Je l'accueille, je pleure et après ça va mieux. Et ce n'est pas à chaque fois, c'est parfois. Je ne peux pas l'anticiper et je m'en fous de l'anticiper. Et je ne me suis pas habituée, puisqu'on se quitte à peu près 2 ou 3 fois par mois, et donc 30 ou 40 fois par an. C'est juste que parfois la charge émotionnelle est plus forte pour x ou y raison.
ça me le fait, dans une moindre mesure, avec les amies proches. Ou quand il y a du monde à la maison, que c'est chouette, et que d'un coup tout le monde part. C'est parfois dur. Et je doute que multiplier volontairement ces moments les rendent plus faciles.
Après, oui si on parle de rupture qui nous emmène dans des tréfonds insondables, il y a lieu de vouloir moins souffrir, mais je ne sais pas si les micro-ruptures peuvent aider à ça, il me semble que ça parle de choses plus profondes, et que ça demande un accompagnement psy.
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artichaut
le mardi 31 décembre 2024 à 14h00
Alabama
ça fait partie des 5 contraintes existentielles (la finitude).
Je me suis demandé de quoi tu parlais.
J'ai fait une recherche, et j'imagine que tu parle des contraintes existentielles de la Gestalt (issu de l'existentialisme sartrien, si j'ai bien compris) : contraintes de solitude, (im)perfection, responsabilité, sens, et finitude. Parfois est citée la liberté.
C'est marrant certaines ne me semblent pas tant des contraintes.
Avant de faire ma recherche, je me suis demandé quelles seraient pour moi des contraintes 'existentielles', et j'aurais plutôt dit : contrainte de finitude certes, mais sinon contrainte de devoir se nourrir, de devoir se soigner, de devoir relationner avec d'autres… (et il m'en manquerait une pour faire 5).
…peut-être de devoir se reproduire (en tant qu'espèce)
…ou plutôt… de devoir se protéger (du froid, des agressions du monde, etc)
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Alabama
le mardi 31 décembre 2024 à 14h41
Oui désolée j'ai pas explicité, mais c'est bien ça.
Liberté va avec responsabilité, dans ce que j'ai lu, ce qui me plaît bien car je ne concevais pas comment on pouvait parler de liberté sans responsabilité.
devoir se protéger, dans quel but ? ne pas mourir non ? du coup pour moi ça rejoint la finitude. Ou solitude selon de quoi on parle.
se reproduire aussi.
Mais c'est vrai qu'on pourrait en débattre. Je n'ai pas encore beaucoup lu sur le sujet mais ces 5 contraintes me parlent, en terme de comment on mène sa vie, quels choix existentiels on fait, etc.
J'y vois des questionnements philosophiques, voire éthiques, tandis que dans se nourrir, se se soigner, j'y vois plus des contraintes matérielles. Relationner aux autres pourrait entrer dans "solitude" : quels choix faisons-nous autour de cette notion de solitude.
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Alabama
le mardi 31 décembre 2024 à 15h19
Bon du coup, je suis partir lire sur ces 5 angoisses existentielles (je préfère à contraintes).
https://shs.cairn.info/revue-gestalt-2003-1-page-4...
Vincent Béja
En tant que thérapeute en particulier il me paraît qu’il vaut mieux travailler à permettre le lien, à le rechercher et à l’entretenir quand il est défaillant que de mesurer la maturité du client à son degré d’acceptation de sa solitude.
Il critique dans son texte cette histoires d'angoisses existentielles. Ce qui ne m'arrange pas puisque je ne connais pas bien ce que ça implique, en terme de vision de l'humain, ces 5 angoisses. Donc commencer par la critique du concept sans maîtriser le concept, pas ultra pratique.
Mais du coup, ce que je trouve intéressant dans cet extrait, c'est qu'il considère que la réponse à l'angoisse existentielle, notamment de solitude, ce n'est pas de bien vivre la solitude, mais de mieux s'entourer. Donc, en cas de deuil, par exemple une rupture, ou même des micro-ruptures pas si simples à vivre, le mieux c'est encore de diversifier l'entourage, pour avoir du soutien dans les moments difficiles. Ce qui rejoint le concept de "polyamour" selon la définition que j'en ai.
Je trouve que ça a ses limites cependant, et que faire face à l'angoisse, la traverser, avec de l'aide thérapeutique si elle est vraiment trop intense, c'est selon moi ce qui permet de ne pas la subir, et qu'elle n'envahisse pas chaque instant.
Et peut-être que dans un sens, les micro-ruptures peuvent aider à ça : si je m'impose de ne pas dormir avec un amoureux, même si on est dans la même maison, je vais me retrouver face à moi-même, face à un peu d'angoisse peut-être, et l'absence homéopathique de l'autre me permettra de l'observer et de trouver d'autres moyens d'y répondre que par la présence de l'amoureux. Ce n'est pas ce que j'ai compris en lisant ton texte sur les micro-ruptures mais peut-être que c'est aussi de ça dont tu parles ?
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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Neels
le mardi 31 décembre 2024 à 15h39
Ce post est très intéressant. Merci.
Pour témoignage, je peux dire que la seule chose qui me gène et le regard des autres. Car de mon côté j'ai digéré le concept d'avoir de belles histoires qui se terminent un jour : comme un film. Et je garde beaucoup de respect pour mes "ex"... cela n'enlève pas la beauté et de ce que l'on a vécu !!!!
Mais le monde est faible et veut que l'acquis perdure pour se rassurer ! c'est une grosse faiblesse !
Alors on a dans nos gênes (ou est-ce sociétal???) que se positionner en victime et souffrir EST ce qu'il faut ! Bein non, je ne suis pas d'accord !
S'il fallait qu'on se morfonde à chaque fois qu'on termine une tartiflette pour passer à la fondue... on serait jamais contents AD VITAM ETERNAM !!!
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MPB
le dimanche 05 janvier 2025 à 18h28
Merci à vous pour vos réponses !
C'est drôle, sur le papier certains concepts me parlent énormément, et pourtant je sens que sur le principe je bloque. Je pense notamment au fait de se dire "cette histoire commence mais elle finira à un moment" : pour moi, en ce qui me concerne, je trouve ça dur d'avoir cette vision des choses. J'ai presque envie de me dire "bon ben autant ne pas y aller, vu qu'il va y avoir de la souffrance". Disons qu'après coup, je me retrouve souvent à me dire "potentiellement je vais rerencontrer des gens, me montrer vulnérable, les voir vulnérables, on va faire des projets, et ça va finir, donc autant ne plus relationner". Mais en effet, qu'est ce que j'attends alors ? Une relation qui ne terminerait jamais ? Avant oui, c'est sûr. Aujourd'hui je ne sais pas. Je pense être consciente qu'elles finissent toutes un jour, quel qu'en soit le mode. Ou alors elles se transforment.
Je crois que mes expériences jouent aussi dans cet état d'esprit : j'ai l'impression d'être souvent la personne qui va s'impliquer, se donner (trop sans doute), et finalement en souffrir le plus, comme si l'autre, blindé.e dès le début, ne faisait en effet face qu'à quelques heures de "oh ben c'est dommage. Allez, suivante !", comme si la personne n'avait finalement pas vraiment été là. Je pense que mon niveau d'investissement fait que je vis de toute façon des relations intenses (ou de manière intense ?), et la seule fois où je ne suis pas tombée amoureuse d'une de mes relations, nous l'avons arrêtée d'un commun accord car les sentiments arrivaient de son côté. En ce sens, ça me parle ce que tu disais @Alabama : j'accueille aussi ce qui vient, sans forcément trop me protéger, car je veux rester moi et vivre pleinement ce qu'il y a à vivre. C'est peut-être là le problème tout de même.
Bref, je vous raconte ma vie ! Mais tout ça me rappelle cette question de "vaut-il mieux connaître un immense amour et en souffrir après, ou ne jamais l'avoir connu". Pour ma part la réponse varie selon les jours !
Et @Neels, sache que tu m'as donné envie de plats d'hiver 😅
Mais sinon, je pense que toi et moi avons effectivement une grande différence dans le vécu de nos relations ! Mais c'est ce qui fait la richesse de ce forum !
Et sinon, je ne connaissais pas les 5 contraintes existentielles, je vais aussi lire dessus je pense !
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MPB
le dimanche 05 janvier 2025 à 18h30
@artichaut Mille mercis pour tes liens sur la rupture, je découvre et je trouve ça passionnant (oups, j'aurais dû chercher à la loupe avant d'ouvrir mon sujet !)
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artichaut
le dimanche 05 janvier 2025 à 18h37
MPB
en ce qui me concerne, je trouve ça dur d'avoir cette vision des choses. J'ai presque envie de me dire "bon ben autant ne pas y aller, vu qu'il va y avoir de la souffrance".
Oui, en un sens, autant ne pas y aller.
Ça me semble une bonne base.
Au moins pour un temps.
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artichaut
le dimanche 05 janvier 2025 à 23h53
MPB
Et ce jusqu'à quand ? 😅
Je ne sais pas.
Ça dépend des chemins de chacun·e.
Mais j'ai l'impression que pour que quelque chose d'autre puisse advenir, il faut laisser de la place, laisser du silence, laisser du temps.
Apprendre aussi à ne pas.
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artichaut
le lundi 06 janvier 2025 à 00h27
C'est pas tant qu'il faille choisir entre connaître un immense amour et en souffrir après, ou ne jamais l'avoir connu. Ce serait plutôt refuser le jusqu'auboutisme de cette question… menant à l'alternative entre tout tenter, tout donner au risque de s'oublier soi-même, ou… au refus de s'engager, si courant aujourd'hui (notamment chez les mecs, mais pas que).
Perso je cherche d'autres voies.
Par exemple qu'appelle t-on s'engager et à quoi s'engage t-on ?
Peut-on définir ça autrement que par les réponses habituelles ?
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MPB
le lundi 06 janvier 2025 à 09h20
@artichaut, je posais la question car ta formulation titillait ma curiosité, mais à vrai dire je suis dans le "ne pas" que tu décris actuellement, et ça me fait du bien. Enfin, non, je suis avec moi, je fais des week-end avec moi-même, je vais explorer des choses qui me sortent de ma zone de confort mais me font du bien (la danse intuitive par exemple), je refais ma chambre pour qu'elle soit mon cocon...J'ai envie de me donner à moi, car en effet j'ai beaucoup donné à d'autres sans respecter l'équilibre, je pense. J'ai envie d'apprendre, d'être plus posée et plus accueillante à ce qui vient.
Et moi aussi, je réfléchis beaucoup à l'engagement. D'ailleurs, je pense qu'avec la communication, c'est peut-être la chose la plus importante dans une relation : le niveau d'engagement. Peu importent tous les points communs si l'on ne veut pas s'engager de la même façon, ou à la même intensité, ou si l'on ne met pas les mêmes choses derrière ce mot. Enfin je pense ! Mais je me demande aussi ce qu'on est "en droit" d'attendre. Des personnes diront qu'être en relation, c'est forcément devoir se parler tous les jours. Je cherche à comprendre jusqu'où il est possible de déconstruire ce que la société nous a inculqué concernant les relations amoureuses, et jusqu'où c'est souhaitable. Mais là encore, ça dépend forcément des personnalités. Pour ma part je pars avec un solide bagage mono-romantique-"mamoitiépourlavie", et je suis heureuse de me rendre compte que je peux sincèrement me réjouir que ma femme ait passé son premier Noël avec son amoureuse, pendant que je mangeais des pâtes avec un ami devant le DVD de Mylène Farmer ! J'aime ce chemin, même s'il m'amène beaucoup de questionnements. Donc oui, prendre le temps 😊
Message modifié par son auteur il y a 8 mois.
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artichaut
le lundi 06 janvier 2025 à 11h47
MPB
D'ailleurs, je pense qu'avec la communication, c'est peut-être la chose la plus importante dans une relation : le niveau d'engagement.
…et si le niveau d'engagement était juste ça : communiquer. Ne pas gohster, ne pas disparaître (sans explication), ne pas refuser le dialogue, s'engager à communiquer en cas de conflit, etc.
C'est à dire que tout est en soi possible et recevable (se séparer, se distancier, moins inverstir la relation, transformer la relation) à condition de prendre la peine de communiquer sur ça avec les personnes impliquées.
Mais avec des réserves toutefois
- l'autre n'est pas une marionette à qui l'on peut tout faire vivre pour peu qu'on communique avec elle ;
- inversement s'engager à communiquer n'est pas s'engager à être disponible à toute heure de la journée pour répondre à des sollicitations (ni même tous les jours, toutes les semaines).
Et aussi j'ai appris à mes dépend, pour l'avoir beaucoup pratiqué, que demander à l'autre, de tout communiquer (de tout dire, de ne rien cacher de ce qui serait mal vécu dans la relation), c'est exercer une forme de pouvoir sur l'autre.
Donc ça fait beaucoup de nuances à la proposition de départ (l'engagement à communiquer, comme seule modalité d'engagement).
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Du reste, une rupture/séparation (pour rester dans le thème), ne peut-elle pas être bien (mieux) vécue s'il y a suffisamment de communication ?
Ce qui peut par exemple parfois permettre que la relation soir transformée, au lieu d'être simplement arrêtée. Ou arrêtée, car l'on ne peut pas faire autrement, mais que le dialogue adoucisse la souffrance ressentie.
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artichaut
le lundi 06 janvier 2025 à 11h57
Ça pourrait me donner envie de prolonger la question de départ (S'habitue-t-on aux ruptures/séparations ?) par un Comment rompre ?
On ne nous apprend pas à entrer en relation. On ne nous apprend pas à relationner. Et on nous apprend encore moins à rompre.
Anticiper la rupture dès la mise en relation, comme je disais précédemment, certes. S'entraîner soite.
Mais de fait, parfois, on est devant le fait accompli. Il faut rompre (ou a minima questionner la possibilité de la rupture). Alors comment qu'on fait ça ?
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artichaut
le lundi 06 janvier 2025 à 12h09
MPB
j'ai l'impression d'être souvent la personne qui va s'impliquer, se donner (trop sans doute), et finalement en souffrir le plus, comme si l'autre, blindé.e dès le début, ne faisait en effet face qu'à quelques heures de "oh ben c'est dommage. Allez, suivante !", comme si la personne n'avait finalement pas vraiment été là. Je pense que mon niveau d'investissement fait que je vis de toute façon des relations intenses
J'ai envie de réagir aussi à ça. Notamment en souligant le mon.
Qu'est-ce qui dans cette souffrance t'appartient ? Qu'est-ce qui est lié à ton niveau d'investissement ? Est-ce que ce niveau d'investissement avait été discuté, validé par les deux parties, ou c'est toi seule qui t'embarque là-dedans ? Et même si c'est le cas, est-ce ok qu'il soit rediscuté, transformé, déséquilibré ? Est-ce que l'investissement c'est de l'engagement ? Qu'est-ce qui dans nos manières d'habiter le sentiment amoureux, peut être trop pour l'autre ? Et l'autre a-t-iel été ok avec ça ? etc.
J'aimerais qu'on puisse arriver à décortiquer un peu tout ça. Sans faux semblant. En partant du principe qu'on est entre personnes qui ont envie de travailler aux relations, et sont prêtes à y consacrer du temps, même si on s'y rapporte de manière différentes. En prenant en compte les dynamiques de pouvoir (privilège de genre mais pas que), les injonctions (à la monogamie, donc à la relation totalisante), les blessures (de chacun/chacun·e), le consentement relationnel, etc.
Mais là je m'écarte, et ça nécessiterais sans doute un autre fil de discussion.