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Bouteille à la mer...

Témoignage
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Karabouh (invité)

le dimanche 12 mai 2024 à 10h21

Bonjour à tous.tes,

J’écris ces mots avant tout pour moi, je crois.
Je les écris pour répondre, et porter mes besoins, de soutien, d’assurance, d’expression, de liens.
A travers eux, je dis enfin, à moi, au monde, quels sont les rêves qui m’enchantent, je m’encourage dans cette voie, je me partage au monde, telle que je suis et telle que j’essaye de devenir, et si certaines personnes sentent résonner mon parcours en elles, je serais prête à vous accueillir tels que vous êtes, sans attendre les séquences de mots, que je suis seule à connaître, qui pourraient me soulager.

Il y a bientôt 1 an maintenant, j’ai quitté mon ancien compagnon avec qui j’avais une relation depuis 6 ans pour venir habiter chez mon actuel amoureux, compagnon de rêves, ma famille. Je suis partie, avec un sac de voyage et le cœur lourd, à plusieurs heures de trajet de tout ce qui avait fait ma vie, sans argent, lui laissant tout.

Je ne regrette pas d’être partie, j’ai quitté une vie qui ne me ressemblait pas et dans laquelle je me noyais, pour une autre où j’ai l’impression d’être un peu plus consciente, un peu plus vivante tous les jours.

J’ai quitté, dans l’urgence, un amoureux avec qui je partageais beaucoup de passé, de souvenirs, de tendresse, de rires, des contacts, mais aussi de sacrifices, de concessions, d’abandons, de chimères…
On s’est rencontrés vers nos 16 ans, lourds tous les deux d’un passé qu’on ne savait pas contenir, ni apaiser. Je me suis accrochée à lui, comme un naufragé à une bouée, et il a fait de même pour moi. On a arrêté nos consommations, du moins celles qui nous faisaient trop tourner la tête , et on a essayé de vivre comme si nos cassures n’étaient pas aussi intenses.
Mon âme hurlait, je sentais déjà à cette époque, l’appel du Vivant, de la Joie, de l’Amour, qui émanait du plus profond de mon être.
J’avais besoin de guérir les traces que les premières années de mon voyage sur Terre avaient laissée en moi, mais nous étions trop étrangers, trop prisonniers de nous-mêmes pour guérir ensemble. Lentement, je suis devenue une ombre, de plus en plus effrayée par mes rouages, que je n’arrivais pas à comprendre, appelée par les profondeurs de mon intérieur de plus en plus souvent.
Nous avions essayé plusieurs fois, d’ouvrir notre relation, attirés tous les deux par le mélange et les danses des pluralités, mais comment faire de la place, quand on est étranger à soi-même, et encore plus à celui qu’on chérit ?

Au sortir d’un détour par mes ombres, j’ai rencontré l’âme vagabonde avec qui je voyage aujourd’hui.

Nous nous sommes soudés autour de nos rêves et de nos guérisons.
Lui qui avait déjà commencé ce voyage vers la liberté, m’a aidé à commencer le mien, que je continue aujourd’hui. Nous avons grandis, expérimenté, dépassé nos peurs cent fois ensemble. Il m’a guidé vers moi, je l’ai guidé vers lui.
Moi qui m’étais mise aux fers, et en avais confié les clefs à ceux que je côtoyais, parent, compagnon, j’apprends aujourd’hui à être libre. Moi qui avais enfoui au plus profond mes démons, aujourd’hui, je leur tends l’oreille, et constate, encore avec étonnement, parfois, que les impulsions qui m’effrayaient au point de vouloir les entraîner dans le silence avec moi, sont des messages pour me guider vers mes lumières.
J’ai appris à écouter les rêves que mon âme me chuchote, des rêves d’amours et de famille, des rêves de sobriété et de conscience, des rêves de liens, intimes, vulnérables, des liens dans lesquels je grandis, j’apprends, à aimer d’abord, à aimer voire l’autre aimer, sans m’effacer, sans m’aliéner.
Un grand rêve, dans lequel nous ferions famille, mon voyageur et moi, avec ceux qui partagerons nos valeurs, dans lequel je vois le polyamour comme ma spiritualité, comme mon indépendance de monopoles, intérieurs et extérieurs, comme un chemin vers l’harmonie, la tendresse, la liberté.
Tous les jours, j’apprends à prendre la barre de mon bateau, 1 minute de plus chaque jour, à ne plus seulement suivre les courants, mais à devenir co-créatrice de ma vie, à la potentialiser, à oser.

Je ne regrette pas d’être partie, mais je regrette que ça se soit fait autant dans l’urgence. Je sais que même si j’avais repoussé le chemin que m’a proposé mon âme-oureux, je n’aurais pas pu rester avec lui, car j’ai choisi d’être libre et responsable de mes choix. Je n’avais simplement pas assez de recul sur moi-même pour être gardienne des mots choisis.

Lorsque j’ai commencé à suivre ce chemin vers l’émerveillement et la découverte de moi-même, ma famille m’a d’abord félicité, encouragé, sentant que la flamme de vie se ranimait en moi.
Mais au bout de quelques mois, j’ai acquis assez de stabilité pour ne plus seulement résister à mes noirceurs, et j’ai commencé à me poser des questions sur mon futur et je suis arrivée sur ce rêve, ce projet de vie, doux mélange entre soin du Lien et soin du Vivant, qui se prépare à l’effondrement de la vie sur Terre et au Renouveau, et alors j’ai compris que je ne pourrais jamais (du moins je l’espère) reprendre la voie plus large, tracée, du schéma qui mène à ce que d’autres que moi appellent «  sécurité ».
J’étais devenue une dissidente dans les rangs, je refusait de renoncer à cette liberté, si belle, si fraîchement et durement acquise, alors je me suis éloignée pour protéger ces rêves et ma relation, pour protéger l’enfant qui pleurait en moi, et qui voulait tant être compris et qui désespérait. J’apprends à devenir ma mère, puisque celle qui m’a mise au monde ne comprends pas ni n’encourage mes choix. (Je vais quand même essayer de retrouver une certaine connexion, mais pour l'instant, c'est compliqué)

Aujourd’hui, après un an de travail avec moi, d’efforts, de pleurs, d’encouragements, d’écoutes et de célébrations, je me vois de mieux en mieux, me rends compte que plein de mes secrets sont encore dans l’ombre, à m’attendre.
Pourtant, je sais que ces rêves que je vous partage me font vibrer jusque dans mon âme, et je sens que plus je vais vers eux, plus je me trouve belle, sage, désirable, créative.
Je n’ai plus rien, plus de possessions, plus vraiment de famille, plus d’amis non plus, rien d’autre qu’un rêve qui me porte jour après jour, rien d’autre qu’un espoir qui me souffle que cette famille que je cherche existe bien, quelque part, rien d’autre qu’un bonheur que je n’aurais jamais cru possible il y a quelques années, rien d’autre qu’une relation merveilleuse avec un partenaire, un ami, une famille, avec qui j’apprends à me reconnecter à moi, pour pouvoir me connecter à d’autres.

Mais parfois, je me demande, si d’autres personnes ont des rêves qui se rapprochent de ce que je décris, comment ils vivent ces rêves, quelles relations ont changé pour eux, avec eux-mêmes et avec les autres… parce que moi, parfois, même si mes rêves m’entourent et me font grandir, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui se cherche avec autant d’intensité, qui donne autant de valeur aux liens… Et comme avec mon ami nous avons deux «  structures » très différentes, les difficultés que l’on rencontre ne sont pas les mêmes, et si je pouvais parler avec d’autres rêveurs, je crois que ça pourrait m’aider à mieux me comprendre et m’accepter.

Est-ce qu’il vous arrive de sentir que vous êtes un peu perdus, que vos espoirs sont trop grands, trop beaux, et puis cette vague d’émerveillement vous reprend et, le souffle coupé, vous vous lancez comme un enfant jette une bouteille à la mer  ? Sans savoir si vous aurez une réponse un jour, mais les yeux pétillants d’espoir...

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