Passer de relation libre à polyamour
#

Sowan (invité)
le mardi 09 janvier 2024 à 06h55
Bonjour la commu!
Je découvre ce site avec plaisir car je me pose des questions sur ma situation actuelle.
Je m’appelle Sowan.
Je suis depuis 18ans avec ma compagne. Nous n’avons pas d’enfants (elle n’en veut pas). Pour des raisons professionnelles, elle a du partir à l’étranger pour un an minimum et m’a alors proposé d’ouvrir le couple.
Ça ne m’a pas plu au début car le manque d’elle m’avait mis dans une posture de rejet. Mais aujourd’hui je suis ok avec ça car nous avions déjà fais le test lors d’une séparation géographique antérieure.
Elle voit 3 hommes en ce moment et ça passe plutôt bien pour moi. On en parle librement et tous les partenaires sont au courant de la situation.
De mon coté, les plans cul, c’est drôle un moment mais j’aime l’intimité, la complicité et surtout l’amour. Donc je pratique beaucoup moins fréquemment que ma femme. Et ça ne me gêne pas plus que ça. J’ai une vie bien remplie et beaucoup de loisirs. J’accorde donc beaucoup d’importance à choisir à qui je consacre mon temps. Cad je n’envisage pas de multiplier les relations au delà de deux ou 3 personnes.
Mon dilemme se situe ici : J’ai rencontré récemment une personne et je sens que ce n’est pas que sexuel. Elle me plait beaucoup et c’est réciproque. Nous flirtons depuis plusieurs semaines. Nous nous voyons assez régulièrement sans forcément qu’il y ait d’ébats sexuels à chaque fois et nos sentiments sont réciproques et se développent. Ça ressemble beaucoup à un début de relation amoureuse.
Cette autre femme est exclusive mais hésite à explorer ce que cette relation peut nous apporter.
J’en ai parlé à ma compagne qui m’a dit qu’elle ne serait pas contre le polyamour. Mais ce n’est pas sa démarche pour l’instant. On est en couple ouvert. Donc à la base, on partage de l’affection et du sexe mais pas de vraie relations amoureuses.
Rien n’est officiel pour l’instant car ma deuxième relation est naissante.
Les questions que je me pose sont :
- comment passer de couple ouvert à polyamour ? Ça peut se faire en douceur compte tenu de l’éloignement géographique ? Je ne voudrait pas qu’elle croit que je la remplace car je l’aime et cela n’a rien changé pour moi. Elle me manque tout autant.
- la notion de hiérarchie me dérange un peu d’un point de vue éthique. Est il possible de composer sans blesser l’une ou l’autre? Ou est on, dans cette configuration, destinés à un polyamour hiérarchique ?
- comment se développe une relation polyamoureuse sur le long terme en respectant les besoins de chacun en terme de foyer, d’engagement, de relation, désir d’enfant…? Sachant que le femme et moi apprécions chacun l’idee d’un logement séparés. Je ne sais pas encore ce qu’il en est du côté de ma relation naissante.
Merci pour tous les éclairages et partages que vous pourrez m’apporter.
Et belle année à tous.
#

Topper
le mardi 09 janvier 2024 à 16h47
Bonjour Sowan, vous êtes dans un cadre de relations multiples et vous êtes sexuellement non-exclusifs. Désormais, la question des sentiments se pose.
Pour moi, cela ne change absolument rien. Mais ça, c'est pour moi et c'est peut-être parce que je l'ai décidé ainsi.
J'ai toujours eu des relations qui étaient au départ indéfinies. Je me suis jamais lancé dans une histoire en me disant que ce serait de telle façon ou telle autre. J'ai simplement laissé faire les choses et parfois des sentiments amoureux se développaient, parfois non. Néanmoins, j'ai toujours adopté un fonctionnement polyamoureux dans mes relations.
J'ai pu constater que lorsque ça devenait une relation amoureuse, ça ne changeait rien. La relation demeurait inchangée, simplement on se disait qu'on s'aimait et on exprimait différemment notre attachement.
J'ai pu constater aussi que pour certaines personnes, rien que d'être en relation, les besoins et attentes étaient très importantes. Il fallait qu'on se voit très souvent mais aussi de manière totalement spontanée. Je ne pouvais pas combler ça. On devait alors se rendre à l'évidence : nous n'étions pas compatibles et devions mettre un terme à la relation.
Il y a des personnes pour qui tomber amoureux, n'implique rien de particulier. Il y en a d'autres pour qui cela signifie une implication particulière dans la vie de l'autre, des attentes, ou un escalator relationnel.
Il faut composer avec ce que tu peux offrir en temps et énergie, et les besoins et attentes de tes partenaires.
Je suis hiérarchique, je n'ai pas de conseil à donner sur le fonctionnement des anarchistes relationnels.
#

Sowan. (invité)
le mercredi 10 janvier 2024 à 07h14
Merci @Topper pour ton témoignage. pour résumer, tu me conseil de laisser venir les choses.
En fait je sais que je réfléchi trop car je ne veux blesser personne.
Pour ce qui est de la hiérarchie, je n’ai rien contre, car je sais que ce qu’on appelle l’anarchie relationnelle n’est pas envisagée dans ce contexte. je me pose juste la question de comment ça peut s’organiser dans les autres couples.
En tous cas merci pour ton message, cette période est particulièrement stimulante et me rend de plus en plus curieux des témoignages comme le tien.
#

Topper
le mercredi 10 janvier 2024 à 11h37
Sowan.
Pour ce qui est de la hiérarchie, je n’ai rien contre, car je sais que ce qu’on appelle l’anarchie relationnelle n’est pas envisagée dans ce contexte. je me pose juste la question de comment ça peut s’organiser dans les autres couples.
La hiérarchie, c'est simplement que tu priorises une ou des relations par rapport à d'autres.
Pour moi, c'est à la fois un fonctionnement personnel, un investissement et une organisation.
Pour le fonctionnement personnel, j'ai tendance à m'investir énormément dans une relation et à tourner toute mon attention autour d'une partenaire peu importe le type de relation. C'est ce que je fais avec ma compagne mais comme je vis avec elle au quotidien, ce n'est pas un problème. Si j'ai une autre partenaire, je vais vouloir m'investir de la même manière et ça va déjà se heurter à une infaisabilité qui est que je ne peux pas être présent à n'importe quel moment. Si je rajoute encore une autre partenaire, ça va être pire, et ainsi de suite. Je ne suis pas omnipotent et je ne vais pas disposer de temps et d'énergie suffisante. Et au-delà de ça, mon cerveau va complètement saturer.
Hiérarchiser me permet de déterminer le niveau d'implication que je vais avoir dans la vie de chaque partenaire. Cela m'aide à m'auto-modérer dans mes actions et ça me tranquillise sur la pression que je me mets à propos du soin que je donne à mes relations.
Pour ce qui est de l'investissement des relations, on peut imaginer que tu as un sac de 10 billes. Ces billes représentent le temps et l'énergie que tu mets dans une relation. La façon dont tu places ces billes dans chaque relation vient d'un tas de paramètres. Cela peut être l'historique de la relation, l'attachement lié au vécu commun, les projets de vie, la complicité, les activités partagées, etc. Egalement, le niveau de sécurité et pérennité que tu as dans la relation.
Par exemple, dans une relation tu vas mettre 6 billes parce que c'est ta relation la plus ancienne que tu as déjà une vie en commun, des enfants, des projets en cours. Dans une autre relation, tu vas mettre 3 billes parce que tu t'entends super bien va avec, tu passes de très bon moments mais tu sais pertinemment que tu ne pourrais pas vivre avec. Dans un autre relation, tu vas mettre 1 bille parce que cette personne est formidable et tu veux la garder dans ta vie car tu passes toujours des moments extraordinaires avec, mais elle habite loin, a beaucoup de partenaires et peu de temps à t'accorder.
Et voilà, tu as ta hiérarchie avec une relation 1, 2 et 3 en fonction de l'investissement. On peut voir ici que cette hiérarchie n'est pas qu'un choix personnel. Elle est aussi tributaire de ce que les autres peuvent t'offrir.
Pour ce qui est de l'organisation, je décide avec ma compagne quand je vais voir une autre relation. Elle peut alors me dire si ça lui va ou si ça lui pose problème, éventuellement on peut voir si il y a moyen d'organiser les choses autrement pour que ce soit plus confortable. Comme c'est ma partenaire de vie, elle a une influence importante sur l'organisation de mes sorties. Pour une relation 2, je vais m'organiser pour la voir assez régulièrement mais ce sera en fonction des contraintes de la relation 1. Pour une relation 3, je vais m'organiser pour la voir occasionnellement en fonction des contraintes de la relation 1 mais aussi de la relation 2.
Cela peut permettre de définir plus précisément ce qui est atteignable en terme d'attentes pour chaque relation et éviter au mieux les frustrations.
Je te donne des exemples totalement hypothétiques et très schématiques pour que ce soit compréhensible. En plus, je donne des valeurs numériques à des relations alors j'imagine qu'il y en a qui sont en train de s'arracher les yeux derrière leur écran. Déjà que les notions de relation primaire et secondaire sont déjà insupportables pour certaine personnes. En ce qui me concerne, je n'ai jamais eu de problème à être une relation secondaire et je n'ai jamais trouvé ça péjoratif.
Bref, dans la vraie vie, ce n'est pas aussi rigide que ça. Si on a une relation qui n'est pas bien, c'est un moment où beaucoup d'attention sera dirigé vers elle, peu importe sa place dans la hiérarchie. Il y a aussi des exceptions en fonction des aléas de la vie.
Certaines personnes pensent que la hiérarchie empêche le développement d'une relation. Je ne suis pas de cet avis. Déjà la hiérarchie peut être mouvante en fonction de ce qu'il se passe dans chaque histoire. Et si une histoire ne se développe pas, c'est que l'autre personne n'a pas envie de mettre plus de bille dans la relation. Il faut simplement l'accepter. Le temps et l'énergie sont limités et il faut bien faire des choix.
Tout ce qui précède, c'est ma façon de voir les choses. C'est un sujet qui m'a beaucoup questionné pendant un moment.
Pour finir, chaque relation hiérarchique va avoir son fonctionnement propre, avec ses lignes de conduite, ses règles, ses privilèges. Cela peut concerner certaines pratiques sexuelles réservées, une sexualité sans protection, des vacances, des projets, des limitations de durée, des droits de véto, etc. Chacun est libre d'y mettre ce qu'il veut et cela peut être autant très libre que très coercitif.
#

Siestacorta
le mercredi 10 janvier 2024 à 11h58
Topper
Déjà que les notions de relation primaire et secondaire sont déjà insupportables pour certaine personnes. En ce qui me concerne, je n'ai jamais eu de problème à être une relation secondaire et je n'ai jamais trouvé ça péjoratif.
Et puis "relation", c'est la matérialité et l'histoire du lien, c'est pas de la personne dont on parle.
C'est pas la personne qui est secondaire dans nos sentiments, c'est la relation qui va l'être dans l'organisation d'un quotidien.
Ca ne se se détache pas mais ça aide à comprendre. Oui, ça peut parfaitement être injuste si on se fait des promesses intenables. Mais inversement, tout me monde peut aussi y trouver son compte, il suffit que la personne dans la relation secondaire ne souhaite pas avoir une place plus importante.
"Il suffit" : ah bah oui j'imagine pas que ça soit par magie. Mais c'est pas une injonction qu'on ferait à quelqu'un, hein, c'est juste souvent envisageable :
- on est déjà dans un couple poly et on entre en relation avec quelqu'un pour qui c'est pareil, donc chacun sera heureux de ne pas avoir "que" cette place
- on est quelqu'un de très indépendant ("solopoly") qui va préférer se lien à quelqu'un de déjà pris
- c'est un moment d'une l'histoire, des marées basses et des marées hautes du besoin l'un de l'autre
La difficulté, de la question des relations hiérarchiques c'est
- soit c'est une façon d'aménager la monogamie et le confort peut être payé, d'abord par la nouvelle personne, puis les deux en relation secondaire, puis tout le monde. Donc comme je précise, faut que ce soit adapté
- soit même quand ça convient, notre éducation mono nous fait valoriser une préférence qui n'est pourtant pas celle qui nous irait
- soit on veut les abolir pour sortir vraiment de la monogamie, mais on fait ça dans une société qui ne l'est pas, en étant soi-même pas un parangon de l'équilibre entre liberté et responsabilité.
Bref, perso je condamne aucun modèle, faut juste dire ce qu'on fait, le faire là où c'est pertinent, et l'assumer plutôt qu'avoir des attentes et des comportements qui ne prennent pas les situations en compte.
Message modifié par son auteur il y a un an.
#

Intermittent
le jeudi 11 janvier 2024 à 16h13
Une des question qui peut se poser est la suivante :
Citation :
"comment se développe une relation polyamoureuse sur le long terme en respectant les besoins de chacun en terme de foyer, d’engagement, de relation, désir d’enfant…? Sachant que le femme et moi apprécions chacun l’idee d’un logement séparés. Je ne sais pas encore ce qu’il en est du côté de ma relation naissante."
Ta femme ne souhaite pas avoir d'enfants, mais on ne connait pas ton avis sur la question.
Si la relation avec le deuxième personne perdure et s'approfondit, comme elle est monogame/exclusive, peut être souhaitera-t-elle en avoir ?
Il est possible qu'elle espère peut être de toi que la première relation se délite ou passe au second plan en raison de la distance et de votre désir de vivre séparément.
La question vaut d'être posée ....
#

Sowan1 (invité)
le jeudi 11 janvier 2024 à 23h39
@Topper, un grand merci pour ton message. C’est exactement le type d’information que je recherche. Et tu me rassures beaucoup sur l’idée que de toute façon, que je le veuille ou non, une organisation s’imposera d’elle même selon chacun.
#

Sowan2 (invité)
le vendredi 12 janvier 2024 à 00h17
je pense jusque-là que je suis plutôt une parenthèse qu’elle aimerait prolonger. Je pense qu’elle retournera en couple monogramme dès qu’elle aura décidé que c’est le bon. Je m’efforce de ne lui donner aucun espoir que cela arrive un jour.
Par contre , @Intermittent, tu soulève une question très intéressante, car je sais qu’entre ce qu’on veut faire, ce qu’on dit et ce qu’on fait, il peut y avoir un univers de circonstances.
Merci pour ton message. Je tacherais d’y faire très attention.
#

Sowan3 (invité)
le vendredi 12 janvier 2024 à 00h46
@Intermittent « Ta femme ne souhaite pas avoir d'enfants, mais on ne connait pas ton avis sur la question »
Il y a beaucoup d’enfants autour de moi. C’est un vrai bonheur de faire partie activement de leur vie et de les voir grandir, de jouer, de parler avec eux, mais ne me projette pas sur mes amis qui ont des enfants même si je sais que c’est la plus belle chose pour eux et que j’en suis heureux.
#

Siestacorta
le vendredi 12 janvier 2024 à 02h02
Hello Sowan,
Sowan
- comment passer de couple ouvert à polyamour ? Ça peut se faire en douceur compte tenu de l’éloignement géographique ?
Difficile de répondre de façon générique.
Ta relation avec ta compagne semble confiante et transparente, puisqu'elle se maintient dans des conditions assez dématérialisées, ou la non-exclusivité est acquise.
Je comprends que pour toi la situation représente un gros changement, mais vous êtes toujours ce couple confiant.
Je pense donc que parler avec ta compagne de ton implication actuelle, nouvelle, serait entendable, pour ta partie sentimentale, sauf si vous aviez un engagement sur des limites d'implication justement.
Sowan
est on, dans cette configuration, destinés à un polyamour hiérarchique ?
Là encore ça va dépendre de vos attentes de couple historique.
Mais la configuration se résume pas à historique à distance et nouvelle relation. La nouvelle relation est mono, et ce sera une relation plus... locale, donc plus suivie au quotidien. Ça va être difficile pour elle de pas se vivre comme la relation socle et de ne pas regarder ta relation à distance comme le potentieo passé d'un amoureux redevenu mono. Déjà que bcp ont du mal à intégrer qu'un.e partenaire plus présente soit vouée à le demeurer...
Moi c'est cette partie-là de l'histoire que je trouverais délicate et qui m'allumerait quelques warnings.
Sowan
- comment se développe une relation polyamoureuse sur le long terme en respectant les besoins de chacun en terme de foyer, d’engagement, de relation, désir d’enfant…?
Pareil que plus haut, pas vraiment de réponse générique à ça, c'est les demandes de chacun d'entre vous qui vont délimiter l'histoire.
Idéalement : en étant honnête à chaque étape.
C'est bien de vouloir réfléchir en amont, mais je me demande s'il y a quoi que ce soit qui fait que tu te sens pressé de poser ces questions de long terme ?
Message modifié par son auteur il y a un an.