Polyamour/polyrelations et relations toxiques
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louluna
le mardi 06 juin 2023 à 20h32
Désolée du bordel, apparemment appuyer sur "citer" ne suffit pas ??
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bidibidibidi
le mercredi 07 juin 2023 à 10h25
Je me permets de répondre même si je ne me considère pas comme un gros spécialiste de la déconstruction. Donc hésitez pas à me corriger si je me fourvois.
louluna
Ca me fait penser qu'il y a un truc assez étonnant sur le forum qui revient souvent, c'est l'idée qu'on n'est pas déconstruits si on est monogame...
Alors, c'est peut-être ce qu'on peut ressentir mais ce n'est pas exactement ça.
La déconstruction, c'est la remise en cause des modèles sociétaux, la reconnaissance qu'ils ne sont pas des lois universelles et qu'ils peuvent même aller à l'encontre de qui on est. Donc déjà, on peut se déconstruire dans plein de domaines (tu abordes la question professionnelle, par exemple) et chaque domaine doit être considéré séparément. Ensuite, la déconstruction n'est pas un processus linéaire : On peut par exemple déconstruire l'hétérosexualité sans déconstruire la monogamie, etc... Et bien entendu, une fois qu'on a déconstruit la monogamie, on peut réaliser que c'est en fait un modèle relationnel qui nous plaît (ou juste reconnaître que lutter contre est trop énergivore) et y retourner. Donc on peut avoir déconstruit la monogamie et être monogame.
louluna
Oui, on est (était) construits sur un modèle monogame mais bien des personnes ne suivent pas le modèle globalement
J'ai envie de dire : Tout le monde et personne ne suit le modèle. On est formaté avec un modèle donné et globalement on le suit tous (une personne qui ne suivrait jamais le modèle sociétal serait considérée comme folle à lier). Mais en même temps, on a certainement tous des domaines, parfois insignifiants, dans lesquels on ne suit pas le modèle et les injonctions.
Mais globalement, tout ça n'a pas vraiment à voir avec la déconstruction. La déconstruction, ça n'est pas le fait de ne pas correspondre exactement au modèle. La déconstruction c'est un travail, relativement conscient, pour dissocier ce qui vient de nous, notre moi profond, de ce qui nous est plus ou moins imposé par la société dans laquelle on vit. C'est une relecture de la société, une compréhension de ses lois souvent implicites et une reconstruction de comment on se positionne dans cette société. En l'absence de cet exercice, on ne peut pas vraiment parler de déconstruction.
De même, la déconstruction est souvent présentée comme un processus mais c'est en fait plus un état d'esprit. Être déconstruit n'est pas vraiment possible, déjà parce qu'il y a tellement de constructions sociétales que le travail est immense mais aussi parce qu'on a jamais la certitude d'avoir fini vu qu'on déconstruit en général des processus implicites, invisibles.
louluna
Il y a des personnes "déconstruites" par nature, parce que je sais pas, c'est pas leur nature de suivre, mais c'est leur nature de tout remettre en question, de rien croire de ce qu'on leur enseigne par exemple...Et il doit y avoir d'autres raisons...
Dans l'absolu, oui. A partir du moment où une personne remet tout en cause tout le temps elle a une démarche de déconstruction. Je suis juste dubitatif quand on parle de nature, parce que je pense qu'on peut aisément se positionner comme étant en déconstruction (ou pire, déconstruit) tout en ayant absolument pas de démarche de déconstruction. Je pense notamment aux hyper privilégiés (style milliardaires, célébrités) qui peuvent exprimer absolument n'importe quelle partie de leur personnalité sans filtre mais qui le font par l'entremise des processus de domination inhérents à la société.
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Polyamour.info
le mercredi 07 juin 2023 à 10h25
louluna
Désolée du bordel, apparemment appuyer sur "citer" ne suffit pas ??
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louluna
le mercredi 07 juin 2023 à 12h49
bidibidibidi
Je me permets de répondre même si je ne me considère pas comme un gros spécialiste de la déconstruction. Donc hésitez pas à me corriger si je me fourvois.
Alors, c'est peut-être ce qu'on peut ressentir mais ce n'est pas exactement ça.
La déconstruction, c'est la remise en cause des modèles sociétaux, la reconnaissance qu'ils ne sont pas des lois universelles et qu'ils peuvent même aller à l'encontre de qui on est. Donc déjà, on peut se déconstruire dans plein de domaines (tu abordes la question professionnelle, par exemple) et chaque domaine doit être considéré séparément. Ensuite, la déconstruction n'est pas un processus linéaire : On peut par exemple déconstruire l'hétérosexualité sans déconstruire la monogamie, etc... Et bien entendu, une fois qu'on a déconstruit la monogamie, on peut réaliser que c'est en fait un modèle relationnel qui nous plaît (ou juste reconnaître que lutter contre est trop énergivore) et y retourner. Donc on peut avoir déconstruit la monogamie et être monogame._Oui, d'accord avec ça, et pourtant le sujet de la déconstruction revient énormément dans les sujets, comme si être monogame impliquait de ne pas être déconstruit, alors que oui, nous sommes d'accord, ce n'est pas forcément lié.
louluna
Oui, on est (était) construits sur un modèle monogame mais bien des personnes ne suivent pas le modèle globalement
J'ai envie de dire : Tout le monde et personne ne suit le modèle. On est formaté avec un modèle donné et globalement on le suit tous (une personne qui ne suivrait jamais le modèle sociétal serait considérée comme folle à lier). Mais en même temps, on a certainement tous des domaines, parfois insignifiants, dans lesquels on ne suit pas le modèle et les injonctions._Oui bien sûr, mais au delà de ça il y a des personnes qui se sentent mieux en suivant ce qui leur a été enseigné et d'autres qui se sentent mieux en suivant ce qui vient d'eux même, dans la mesure du possible évidemment...
Mais globalement, tout ça n'a pas vraiment à voir avec la déconstruction. La déconstruction, ça n'est pas le fait de ne pas correspondre exactement au modèle. La déconstruction c'est un travail, relativement conscient, pour dissocier ce qui vient de nous, notre moi profond, de ce qui nous est plus ou moins imposé par la société dans laquelle on vit. C'est une relecture de la société, une compréhension de ses lois souvent implicites et une reconstruction de comment on se positionne dans cette société. En l'absence de cet exercice, on ne peut pas vraiment parler de déconstruction._Oui, bien sûr, (encore), et je dirais même que c'est un travail très conscient, par essence, mais pour oser ne pas coller au modèle il faut forcément avoir fait ce travail, il me semble... Si aucune remise en question de ce qui est enseigné alors il y a reproduction de cet enseignement.
De même, la déconstruction est souvent présentée comme un processus mais c'est en fait plus un état d'esprit. Être déconstruit n'est pas vraiment possible, déjà parce qu'il y a tellement de constructions sociétales que le travail est immense mais aussi parce qu'on a jamais la certitude d'avoir fini vu qu'on déconstruit en général des processus implicites, invisibles.
_ Oui, c'est sans doute un état d'esprit, et oui on n'a jamais fini (que finit on en une vie? Dans quel domaine peut on aller jusqu'au bout?? Musique, Jardin, Langue, Psychologie, rien n'a de "bout", de fin, c'est LE truc génial de la vie, il n'y a rien qui puisse arriver au bout, on peut toujours aller plus loin)
Dans l'absolu, oui. A partir du moment où une personne remet tout en cause tout le temps elle a une démarche de déconstruction. Je suis juste dubitatif quand on parle de nature, parce que je pense qu'on peut aisément se positionner comme étant en déconstruction (ou pire, déconstruit) tout en ayant absolument pas de démarche de déconstruction. Je pense notamment aux hyper privilégiés (style milliardaires, célébrités) qui peuvent exprimer absolument n'importe quelle partie de leur personnalité sans filtre mais qui le font par l'entremise des processus de domination inhérents à la société.
Disons que ce que tu appelles "état d'esprit", je l'ai appelé "nature"... Et oui, c'est sans doute plus facile de s'affranchir des codes de société quand il y a une facilité économique derrière pour supporter, mais j'imagine que cette facilité économique doit amener à respecter d'autres codes...
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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louluna
le mercredi 07 juin 2023 à 12h51
Je me suis encore foiré avec la dernière question sorite du cadre mais il y a un petit mieux
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MPB
le mercredi 07 juin 2023 à 13h17
artichaut
Ton histoire avec cette personne était vouée à l'échec, polyamour ou non.
(puisque c'est ça que tu cherches à te dire, autant te le dire)
Merci ;) (vraiment)
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MPB
le mercredi 07 juin 2023 à 13h23
Siestacorta
Et autant je crois que l'amour lubrifie pas mal les caractères, autant il ne suffit pas. L'illusion amoureuse reste pour moi la même, poly ou mono.
Pas parce que l'amour serait illusoire, ya en général trop de ressentis là-dedans pour dire qu'ils sont indifférents pour chercher à vivre quelque chose.
Mais de n'y voir que cette force qui ne demande que d'être embrassée pour que tout se passe bien, non. Ça suffira pas si on est pas honnête sur qui on est, les efforts possibles et ceux que nous ne désirons pas faire, et ne désirerons jamais faire.
Bon.
Des généralités, sorry, j'aurais aimé avoir une réponse concrète à une question floue, pas facile ! (8E
Pour le coup, c'est une réponse très concrète, et plus j'y réfléchis, plus j'en arrive là : à l'honnêteté. L'honnêteté sur les attentes, sur ce qu'il nous est possible de faire. Ce qui est complexe, c'est quand on se voile la face à soi-même : on croit être honnête en se disant que tout ne peut que fonctionner, qu'on va y arriver, alors qu'il est parfois clair que c'est voué à l'échec. Est-ce de là que vient la fameuse citation "l'amour rend aveugle" ? :P
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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MPB
le mercredi 07 juin 2023 à 13h41
Je me rends compte que j'aimerais faire une immense réponse, parce qu'il y a plein de points hyper intéressants qui ont été soulevés, mais c'est comme si je n'avais pas encore intégré tout ce que j'avais lu. Je vous rejoins sur les films, romantiques ou non, et ce qu'il transmettent, et me souviens m'être agacée pas plus tard qu'hier soir devant une vidéo Youtube où un jeune homme avait honte d'avouer à sa copine qui lui montrait la photo d'une autre femme que oui, s'il n'avait pas été en couple avec elle et si la fille sur la photo n'avait pas été avec son copain, il aurait pu désirer cette deuxième femme. Cette vidéo a été vues de très nombreuses fois, et oui, cela induit l'idée que "l'Autre" doit être la seule personne regardée, désirée, aimée. Je sais que certaines personnes en relation exclusive ne sont absolument pas attirée par d'autres personnes (j'en faisais partie), mais l'ériger en tant que règle absolu me semble dangereux.
D'ailleurs, la monogamie non déconstruite me semble aujourd'hui une illusion, une sécurité à laquelle on s'accroche comme si rien ne changerait jamais. Les propos de @bidibidibidi me semblent donc être extrêmement pertinents, merci pour ça.
Pour en revenir à mon sujet d'origine, je continue mes lectures, sur les différents types d'attachement notamment, et cela rejoint finalement pas mal de points que vous avez toustes soulevés, chacun.e à votre manière : en cas d'attachement anxieux/insécure, même une relation mono serait difficile, car désir de fusion, inquiétude dès que l'autre personne n'est pas avec soi, etc. En rajoutant le polya, voire une NRE mal gérée, voire d'autres casseroles encore, la toxicité des comportements en découlant est quasiment inévitable.
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artichaut
le lundi 12 juin 2023 à 22h30
Topper
Par exemple, pour moi, les comédies romantiques sont désormais qu'une accumulation de comportements manipulatoires, malaisants et toxiques.
bidibidibidi
les comédies romantiques se basent en général sur une grande quantité d'illusions, de non-dits et des tas d'aberrations qui pourtant construisent et façonnent l'univers amoureux sociétal (monogame, mais c'est pas la monogamie qui est en cause nécessairement, elle n'est qu'une partie de tous ces composants).
Les mariées s'enfuient toujours pendant leur mariage (best rupture ever), les nerds piquent les pom-pom girls aux quarterbacks (qui s'avèrent toujours avoir un énorme vice caché totalement plus inacceptable que l'appareil dentaire et les boutons desdits nerds),
Le cinéma holywoodien, a besoin de drama autant qu'il a besoin de pailettes ou de rêve, pour être captivant. Donc il tend a exagérer les conflits, les comportements problématiques, etc de même qu'il tend à exagérer le bonheur (personnages au corps parfaits, situation idéale, etc). C'est une necessité commerciale (ou au minimum "narrative").
Une histoire d'amour où tout l'on réussirais à faire en sorte que tout se passe bien, ne présenterai aucun intérêt pour le cinéma (alors que ça serait sympa dans la vie).
Et je vois plusieurs conséquences à ça (vu qu'on a tendance à s'identifier aux personnages) :
- bien sûr, on tend à rechercher des situations relationnelles "idéales" (qu'il serait plus juste de nommer irréalistes) telles qu'on en a vu dans ces films, et ça mène inélucatblement à la frustration et à la recherche de nouvelles relations (encore plus en polyamour)
- mais aussi je me demande s'il n'y a pas d'une part une banalisation des problèmes (c'est normal d'avoir tant de problèmes relationnel), d'autre part une systématisation des problèmes (je préfère avoir des émotions négatives, ou une relation pourrie, que pas d'émotions ou pas de relation), voire même une idéalisation des problèmes (pour vivre l'intensité de l'émotion de réconciliation, je dois vivre des conflits intenses)
J'ai le sentiment que tout ça nous conduit —même si l'on rejette les clichés scénaristiques hollywoodiens— à modéliser une structure cognitive sur l'établissement et le fonctionnement des relations. À savoir :
- la recherche d'un idéal (le prince charmant, la licorne, le trouple, la deuxième ou troisième relation poly, peu importe) dont la fin justifie les moyens (dont le mirage justifie de foncer dans le mur).
- et donc l'inéluctabilité des problèmes à venir (banalisation et systématisation), voire la recherche inconsciente de ces problèmes (idéalisation) pour vivre des émotions intenses
…structure cognitive qui contient en soi même, l'échec (ou la toxicité, pour rester dans le sujet du fil) de la recherche fantasmée.
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bidibidibidi
le mardi 13 juin 2023 à 09h48
C'est pas vraiment sur ça que je réagissais. Je comprends complètement qu'un film ait besoin de drama, et je pense que les problèmes relationnels sont somme toute banals et suffisamment nombreux pour écrire plein de films. Je réagissais plutôt aux aberrations de scénarios qui deviennent des codes, l'un des plus emblématiques étant : Toute réponse autre qu'un oui enthousiaste et immédiat à une demande en mariage est un non doublé d'une rupture. Ce genre de codes (filmesques) deviennent des codes sociétaux malgré leur aberration complète.
Et puis, j'aimerai bien voir un jour un film sur un magnifique quarterback qui galère socialement (il peut même être neuroatypique, style Asperger) et se fait martyriser par les geeks.