L'abscence de compersion révèle t-elle une abscence d'amour ?
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artichaut
le vendredi 23 décembre 2022 à 05h15
Alabama
Donc être poly pour moi c’est aimer la liberté : la mienne et celles des autres, (…) Et je pense que c’est une définition du polyamour tout aussi valable.
Oui, certes. Tu vis bien ton polyamour (et le définit) comme tu l'entends.
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Alabama
le vendredi 23 décembre 2022 à 09h54
Artichaut
J'ai +envie de douceur des liens que de la liberté (la mienne et celles des autres).
Eh bien on se retrouve là dessus.
Peut-être faudrait-il définir le mot liberté : pour moi il est indissociable de l’amour, car la liberté sans l’amour c’est de l’égotisme. Donc je ne parle pas uniquement de la liberté d’avoir d’autres relations amoureuses et de les collectionner mais plutôt de la liberté d’être un être humain qui a une vie riche de relations, de projets, et qu’il n’y a rien de plus triste pour moi que de mettre sur le dos de l’amour la volonté d’empêcher cela.
Alors certes selon le genre, la liberté n’a effectivement pas le même sens concret. Peut-être parce que l’on incite la liberté sans les responsabilités chez les hommes. Mais est-ce une réelle liberté ? Pour moi non : ma liberté c’est comment je trace mon propre chemin avec les contraintes de la vie et non en les ignorant. Les contraintes sont parfois joyeuses: ce sont des liens d’amour choisis, et parfois moins, ce sont des devoirs envers des personnes qui nous entourent.
Je ne crois pas du tout à une liberté au dépens des autres : dans ce cas ça s’appelle de l’exploitation. Au niveau mondial ça s’appelle le capitalisme ou le colonialisme. Rien à voir avec la liberté. Moi dans liberté j’entends amour et responsabilité.
Je m’éloigne du sujet mais je trouve ça passionnant ces questions.
Quant à l’indifférence : ma foi je suis tout sauf indifférente alors je me suis peut-être mal exprimée. La compersion dans le cadre amoureux ne m’est pas si facile. Pour autant je ne suis pas du tout indifférente : ça me fait sacrément travailler.
Oui nous sommes déjà compersives dans nos vies, avec nos amies et nos enfants notamment. Et ça me trouble à plein de moments de voir que c’est bien moins simple en relation amoureuse pour moi et pour plein de gens. Et effectivement nous sommes déjà polyamoureuses. Je te rejoins là dessus.
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artichaut
le vendredi 23 décembre 2022 à 10h44
Alabama
Peut-être parce que l’on incite la liberté sans les responsabilités chez les hommes. Mais est-ce une réelle liberté ?
Bonne question.
Alabama
Je ne crois pas du tout à une liberté au dépens des autres : dans ce cas ça s’appelle de l’exploitation. Au niveau mondial ça s’appelle le capitalisme ou le colonialisme. Rien à voir avec la liberté. Moi dans liberté j’entends amour et responsabilité.
Quant à l’indifférence : ma foi je suis tout sauf indifférente
C'est que le concept de "liberté" a beaucoup d'acceptations. Alors oui, il n'est pas inutile de préciser ce qu'on entend par là.
Alabama
Oui nous sommes déjà compersives dans nos vies, avec nos amies et nos enfants notamment. Et ça me trouble à plein de moments de voir que c’est bien moins simple en relation amoureuse pour moi et pour plein de gens. Et effectivement nous sommes déjà polyamoureuses. Je te rejoins là dessus.
Voilà, tu as bien compris ce que je veux dire.
Ce trouble, vu sous cet angle là, me semble intéressant.
J'ai l'intuition que le regarder et l'acceuillir sous cet angle là, puisse l'adoucir.
Et de même j'ai l'intuition que présenter la compersion sous cet angle là à des personnes ne connaissant pas le mot, puisse la rendre tout à la fois moins mystérieuse, +banale, +facilement appréhendable, etc.
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bonheur
le vendredi 23 décembre 2022 à 11h12
Alabama
...ce sont des devoirs envers des personnes qui nous entourent.
Pourrais tu préciser, stp ?
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Alabama
le vendredi 23 décembre 2022 à 11h31
Je pense aux personnes dépendantes : enfants, vieux, personnes handicapées, ou tout simplement les personnes qui passent une mauvaise phase et dont nous sommes les proches.
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artichaut
le vendredi 23 décembre 2022 à 11h32
J'ai été en relation exclusive de fait, puis en relations non-exclusives, puis défenseur du mot et du concept du polyamour. Durant cette dernière période j'ai parfois relationné avec des "monos" et ça m'a plutôt désepéré et donné envie d'arrêter, pour ne relationner qu'avec des polys.
Aujourd'hui, et depuis disons 2 ans, je sens que quelque chose en moi s'inverse. Comme si à la fois je ressentais un contre-sens à me dire "poly" et à vouloir relationner avec des "monos" (marre de faire de la pédagogie ?), mais qu'à la fois je ne pouvais me résoudre à cesser de relationner avec la +grosse partie des gens (une espèce d'élitisme qui ne me convient pas ?).
Si on conçoit le polyamour comme autre chose que de la multi-monogamie, il me semble en effet indécent de vouloir entamer une relation avec un·e mono, et lui demander de changer son paradigme relationnel (fut-il normé et non choisis). Et assez logiquement on se retrouve à ne relationner qu'entre poly.
Quand le polyamour est de la multi-monogamie, il ne m'intéresse pas, ou pour être +précis, il me désespère (on croit révolutionner le monde, et on le multiplie en pire).
Ni l'un ni l'autre ne me conviennent.
Il me semble aujourd'hui +intéressant de repenser le lien relationnel dans son ensemble (sans la séparation mono-poly). D'aller chercher ce qui moi m'intéresse aujourd'hui (notamment la compersion) là où elle se trouve déjà, quitte à me cantonner au besoin avec certaines personnes, à certains registres affectifs : peu m'importe, par exemple, que telle personne ai besoin d'enfermer ce qu'on partage dans une case "amitié", si ce que l'on vit est enthousiasmant et réjouissant (et je ne vais pas chercher à l'emmerner toujours +loin, vers de la multi-monogamie qui ne dit pas son nom).
Il me semble que la sur-focalisation sur la relation de type "amoureuse et sexuelle" nous fait, même en tant que poly, fabriquer celà : de la multi-monogamie. Et nous empêche de voir plein d'autres manières de créer du lien, et surtout de les vivre. Et finit par fabriquer un genre de polyfrustration.
Et ce que je veux dire, ce n'est pas que désormais je vais avoir "des relation d'amitié avec des monos et des relations amoureuses avec des poly" (même si ça pourrait y ressembler, et que d'aucuns le comprendront ainsi), mais plutôt que je veux repenser (en pratique, pas en théorie) ce qui fait lien et la manière de les vivre.
Bien sûr on va me dire, que ce que je cherche à vivre c'est de l'anarchie relationnelle, mais non, pour moi c'est encore autre chose, ou si ça y ressemble, l'emploi de ce terme (bonjour l'élitisme et la prétention) ne me convient pas du tout.
Ces derniers temps je dis juste que je veux vivre des relations affectives.
Mais même ça me semble affinable.
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Alabama
le vendredi 23 décembre 2022 à 11h35
Pourrais-tu dire en quoi ce dont tu parles est différent de l’anarchie relationnelle ?
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artichaut
le vendredi 23 décembre 2022 à 12h02
Alabama
Pourrais-tu dire en quoi ce dont tu parles est différent de l’anarchie relationnelle ?
- Je ressens du dogme, de la prétention et de l'élitisme, voire même du purisme politique, dans le concept d'anarchie relationnelle.
- L'anarchie relationnelle me semble quelque chose de très individualiste qui pense chaque relation séparément les unes des autres (comme s'il pouvait ne pas y avoir de liens entres elles), et donc l'anarchie relationnelle n'a par exemple, clairement pas besoin de la compersion.
- L'anarchie relationnelle veut supprimer les hiérarchies relationnelles, alors que ça me semble presque un faux problème, ou disons une conséquence (je dirais que le système monogame produit de la hiérarchie, mais que la hiérarchie ne me semble pas le coeur du problème).
- La permissivité (jusqu'au libéralisme s'il le faut) me semble le moteur principal de l’anarchie relationnelle, et me semble engender pas mal d'inconvénients.
- L'anarchie relationnelle, à force de dire "tout est possible, tout est permis" me semble éluder ce qui est possible et comment le rendre possible, comme une manière de ne pas se confronter à la réalité matérielle (et de rester dans de la théorie politique).
- Je cherche du commun et non pas de la différentiation, dans ce qui peut nous (peu importe que l'on soit "mono", "poly" ou autre chose) rassembler. Non pas le ppdc (+petit dénominateur commun), mais un commun enthousiaste qui nous redonne du pouvoir sur nos vies, car notamment depuis un endroit où nous sommes déjà compétents.
- Je ressens dans l'anarchie relationnelle une volonté de faire cission avec le monde, là où je cherche au contraire de la re-connection.
Bon c'est encore très brouillon comme réponse, mais je ressens intuitivement que c'est très différent. À minima dans ses intentions.
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Diomedea
le vendredi 23 décembre 2022 à 12h57
Bonjour @artichaut
La compersion (aux sens élargis) étant au centre de beaucoup de mes cogitations depuis un long moment, je te lis avec plaisir et avec la pensée qu'une bonne conversation l'un de ces jours pourrait être gaiement stimulant si ça te dirait !
La région de Rennes n'est pas si loin des Monts d'Arrée...
Bonnes fêtes...compersives et en bonne compagnie
🎶🎉
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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artichaut
le vendredi 23 décembre 2022 à 13h11
Diomedea
je te lis avec plaisir et avec la pensée qu'une bonne conversation l'un de ces jours pourrait être gaiement stimulant si ça te dirait !
La région de Rennes n'est pas si loin des Monts d'Arrée...
J'organise régulièrement des événements. Ça peut être à l'une de ces occasions-là. Y'a même une newsletter pour s'abonner.
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Diomedea
le vendredi 23 décembre 2022 à 18h11
Merci @artichaut
Je t'ai écrit pour l'abonnement et je t'ai inclus un MP