Changer de paradigme (relationnel)
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artichaut
le mercredi 21 décembre 2022 à 03h07
Préliminaires
Bon, ça fait plusieurs fois (. . .) que je dis que j'aimerais dessiner un changement de paradigme, alors je vais tenter de commencer à grifonner quelque chose. J'ai hésité sur la méthode : tout bien réfléchir, rédiger, relire, re-relire et poster un texte abouti, …ou ouvrir un fil de discussion et y griffoner des bouts. J'ai choisis la 2ème solution, malgré les inconvénients que j'y vois (suis-je au bon endroit sur ce forum ? vais-je être mal compris ? je vois déjà ce qu'on va me répondre, etc).
La problématique
Il me semble qu'on se plante sur la manière de concevoir nos relations affectives, que je me suis planté. Et que l'on complique beaucoup et inutilement les choses, car on les regarde sous un angle biaisé dès le départ.
Précautions
J'ai un regard tendre sur le chemin parcouru, et je ne veux pas oublier d'où je viens. Je sais aussi que chaque chemin est différent. Je n'ai donc aucune "vérité" à apporter. Tout au plus du partage d'expérience.
Le contexte
Nous sommes toutes et tous des handicapés affectifs. Nous sommes toutes et tous frustré·e·s. On trimballe nos traumas et nos casseroles. On galère avec les injonctions contradictoires de ce monde.
Le postulat
En fait on sait toutes et tous globalement s'y prendre relationellement (au moins à certains endroits). Tout le monde vit des relations multiples (au moins dans certains registres affectifs). Tout le monde vit parfois de la jalousie. Tout le monde vit parfois et déjà de la compersion. On sait faire tout ça, juste on ne se sert pas de ce savoir faire.
Mais alors pourquoi est-ce si compliqué de vivres des relations ?
Mon hypothèse c'est qu'on est complétement aveuglé par ce qu'on croit être des besoins vitaux, des passages obligés, des étapes indispensables, ou des minimums nécessaires …et que pour une grande part on se fourvoie soi-même dans ce qui deviendra nos tombeaux affectifs. Et que +on tente d'en sortir, +on s'enfonce (et même on enfonce les autres avec).
Pourquoi on s'y prend si mal ?
Je ne sais pas. Je dirais que c'est comme si on était toujours tendu vers un but (différent selon les personnes) ou des buts, et que ce(s) but(s) primaient sur tout le reste. Des buts comme avoir une relation, perdre sa virginité, se mettre en couple, avoir plusieurs relations, trouver tel type de personne ou de relation, partager de la sexualité, vivre telle expérience, etc. Et globalement ces buts sont ultras formatés par ce monde dans lequel on vit (et parfois les milieux que l'on fréquente). Et on est persuadé qu'on ne peut pas vivre sans.
Et quand c'est pas des buts en soi, notre ego et nos désirs nous incitent à en vouloir toujours+, à vouloir aller toujours +vite, à se foutre du consentement de l'autre, à ne même pas se considérer soi-même… j'en passe et des meilleures.
Et encore et toujours, on s'acharne à vouloir aller vers des choses qui ne fonctionnent pas, des choses bien au delà de nos capacités émotionnelles ou relationnelles, des choses pour faire comme le voisin, etc.
Et je propose quoi ?
Bah rien. Rien de spécial. Juste arrêter de s'acharner inutilement à vouloir essayer d'atteindre d'innacessibles étoiles. Mettre un peu de pragmmatisme dans nos vies. Y aller tranquillement. Aller vers ce que l'on sait déjà faire et/ou avec les personnes avec qui ça fonctionne déjà. Utiliser les compétences qu'on a déjà, et en apprendre d'autres au besoin. Mais cesser de foncer dans le mur, en se disant que Si, cette fois-ci, le mur va miraculeusement se volatiliser.
Concrétement ça ressemblerai à quoi ?
Je ne sais pas. Ça dépend de la vie de chacun·e. Quel est actuellement l'endroit affectif le +sécure dans ma vie ? Qu'elles sont les personnes avec qui c'est le +fluide, le +facile ? Sur quel plan affectif est-ce facile/fluide avec elles ? Qu'est-ce que je sais faire et que je fais bien ? etc. et avancer à partir de là.
À quel endroit suis-je compersif ? Dans quel cas ou cadre j'arrive à accueillir ma jalousie ? Est-ce que c'est avec des "potes", des "ami·e·s", des "amant·e·s", des "amour·s" ?
Si par exemple je suis compersive avec mes copines. Whaou, super ! Travaillons la compersion à partir de là, au lieu de s'inventer je ne sais quel challenge insurmontable pour faire ressembler ma vie à un film Hollywoodien bâclé. Rien qu'avec des "potes" y'a matière à travailler sur soi, à travailler la jalousie, les émotions et la compersion.
Idem avec le tactile. Trouvons les endroits où l'on est sécure et à l'aise, et travaillons le consentement à partir de là. Rien qu'à se coiffer mutuellement, on peut explorer toutes les nuances du consentement, l'affection, la tendresse, la sensualité, voire qui sait quelque chose de l'orde de la sexualité (si bien sûr c'est ok de partager ça).
Il n'y a pas un truc mieux qu'un autre. Tout est sujet a explorations incroyables. Et surtout : tout est sujet à progresser ensemble vers d'incroyables chemins.
Oui mais, avec qui vivre ça ?
Là encore, avec les "bonnes" personnes, c'est à dire celle(s) avec qui je suis à l'aise, et sur les plans affectifs dans lesquels on est mutuellement à l'aise.
Avec une personne qui dit se reconnaître dans des schémas de type "amoureux exclusif" (voire qui se dit "mono"), il n'est évidemment pas question de lui proposer une relation poly, libertine ou que sais-je, mais il est possible d'entretenir une relation "amicale" (sans ambiguité) complétement innovante, où travailler mille trucs émotionnels, voire tactile (tendresse etc).
Si l'on est sincère avec soi-même et que l'on ose demander des choses pour ce qu'elles sont (et rien de +), le champ des possibles peut s'avérer bien+ immensse qu'on a tendance à le penser.
Oui ça peut demander de travailler sur nos attentes, voire sur notre frustration. Ça tombe bien on en aura grandement besoin de ce savoir-faire là, si un jour on se retrouve à vivre avec quelqu'un·e_d'autre un truc mettant en jeu de l'émotionel +intense, typiquement des "amours plurielles".
On ne nous a rien appris, certes. Ni sur le consentement, ni sur les relations, ni sur la gestion émotionnelle, ni sur l'attachement, ni sur les traumas, ni sur rien de tout ça.
Mais c'est comme si on s'obstinait à vouloir ne rien apprendre, comme si on se croyait super fort·e et que l'on puisse se passer d'apprentissage ou d'entraînement dans tous ces domaines.
Pourtant ça tombe bien, on est entouré de novices en la matière. Alors y'a grave moyen d'apprendre ensemble.
Si on arrêtte d'espérer je ne sais quelle relation totalitaire (même en milieu poly on est totalitaires), si on arrêtte de vouloir tout tout de suite, si on arrête de se croire +doué que ce que l'on est, il est possible que tout à coup ce qui semblait un immense désert arride, devienne un joyeux et consensuel territoire d'explorations peuplé de sympathiques personnes voulant explorer également.
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jeanluc66
le mercredi 21 décembre 2022 à 07h14
Reéflexions très intéressantes, que je partage assez de mon côté. Merci @artichaut de les poser. D'autant plus que je me suis engagé dans le même type de pensées. Je n'oserais pas en faire un "paradigme", mais il y a là des propositions de solution intéressantes, reste à savoir si beaucoup pourraient s'en approprier.
Une chose pour moi qui est sûre, c'est que chacun doit s'orienter vers ce qu'il fait le mieux, dans les meileures circonstances pour ça. L'ouverture des portes passent par là pour se blesser le moins possible. J'ai aussi la pensée que ce n'est pas propre au milieu poly, mais que ce milieu là pourrait en être le plus propice.
Merci !
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Alabama
le mercredi 21 décembre 2022 à 09h37
Artichaut
Mais alors pourquoi est-ce si compliqué de vivres des relations ?
Mon hypothèse c'est qu'on est complétement aveuglé par ce qu'on croit être des besoins vitaux, des passages obligés, des étapes indispensables, ou des minimums nécessaires …et que pour une grande part on se fourvoie soi-même dans ce qui deviendra nos tombeaux affectifs. Et que +on tente d'en sortir, +on s'enfonce (et même on enfonce les autres avec).
Je trouve ta réflexion globalement super intéressante et je vais moi-même vers ce re-calibrage de mes relations affectives.
Pourtant je ne fais pas la conclusion que l’on s’aveugle avec des besoins vitaux, enfin je ne le vis pas tout à fait pareil.
Je pense que si besoin il y a, c’est intéressant de vraiment le regarder, le comprendre, le sentir. Et parfois , le besoin d’une relation romantico-sexuelle est un vrai besoin. Pour moi cela a été salvateur d’être pragmatique là dessus et d’admettre que bah oui, j’ai un manque à ce niveau-là, même si je le niais. Et clairement ce n’est pas un besoin vital, mais ça reste un besoin quand même. La question c’est que met-on derrière « relation romatico-sexuelle », que veut-on précisément ?
Là où l’on se fourvoie la plupart du temps c’est qu’on ne prend pas le temps de définir pour soi, même juste au travers de sensations corporelles, qu’est-ce qu’on recherche au juste.
Il peut y avoir mille buts derrière cela, et ces buts , je ne pense pas qu’il faille les mettre de côté comme étant des erreurs de jugement, mais plutôt les rendre explicites.
On peut vouloir un enfant par exemple. Eh bien ça peut être intéressant de regarder ce qu’on veut précisément à travers « un enfant ». Est-ce transmettre des valeurs ? Est-ce regarder grandir un petit être au quotidien ? Est-ce assurer la transmission du patrimoine familial ? Etc… en répondant à cela on est plus au clair sur ce que l’on désire réellement et on peut trouver des solutions « out of the box » que l’on aurait pas forcément imaginées , et qui ne seraient pas forcément, au final, d’avoir un enfant, ou peut-être que si, mais d’une manière qu’on avait pas imaginée au départ .
A mon sens, nous sommes super formatés et le nouveau paradigme dont tu parles, ne peut être accessible à tout le monde comme ça du jour au lendemain : parce que beaucoup de relations sont formatées et que plein de personnes seraient extrêmement mal à l’aise d’avoir les discussions dont tu parles .
Ou parce que le désir de relation amoureuse est un désir profond et qu’il mérite qu’on le prenne au sérieux.
A l’inverse de toi je pense que les buts peuvent être un excellent moyen pragmatique de mieux vivre ses relations : si je sais que j’ai besoin de pouvoir partager ma passion pour le basket et qu’autour de moi les gens ne jurent que par le foot, eh ben je me donne les moyens de rencontrer des gens passionnés de basket.
Depuis que j’essaie de fonctionner comme cela, et que je l’applique aux relations amoureuses, eh ben ça se passe beaucoup mieux pour moi, je souffre moins et mes capacités à changer sont plus grandes parce que je sais ce que je souhaite vivre et ce vers quoi je tends.
Je en crois pas qu’on se fourvoie en ayant des buts, mais on se fourvoie en ne les détaillant pas, en ne les regardant pas en face. Au lieu de cela on laisse l’extérieur les définir : avoir une relation amoureuse = ascenseur relationnel par exemple.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Alabama
le mercredi 21 décembre 2022 à 09h45
Sur la compersion : je suis d’accord avec toi qu’on en vit déjà etc.
Mais comme on est formatés, on ne peut pas « juste » décider d’en vivre aussi quand le/la partenaire fait du sexe ailleurs. Et je trouve plutôt intéressant la relation poly pour cela : c’est le seul endroit où je peux travailler ma jalousie sur cet angle précis. Je ne peux pas le faire dans mes amitiés car je n’ai aucune jalousie si ma super pote a trouvé un amant. Par contre je peux être jalouse si ma super pote a trouvé une autre super pote. Et donc je vais pouvoir m’exercer à cet endroit là à parler de ma jalousie et ce sera déjà quelque chose. Mais ça ne m’empêchera nullement d’être jalouse quand un.e amoureux.se aura un.e autre amoureux.se.
En fait je suis d’accord avec tout ce que tu dis mais la dimension que je ne comprends pas, c’est pourquoi ne pas rechercher de relation romantico-sexuelle, pourquoi mettre ce type de relation hors de l’expérimentation ? Mais j’ai peut-être mal compris.
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artichaut
le mercredi 21 décembre 2022 à 10h29
@Alabama : J'ai beaucoup hésité à mettre ces deux "Pourquoi ?" (pourquoi est-ce si compliqué de vivres des relations ? pourquoi on s'y prend si mal ?) et à proposer des réponses, …forcément parcellaires, personnelles et subjectives.
Je pourrais te répondre par ex. sur la question des "besoins", ou de la relation "romantico-sexuelle". Mais je trouve que tu y réponds toi-même : derrière un soit-disant "besoin" il y a souvent d'autres choses. Accueillir cette idée de besoin c'est comme accueillir nos émotions (jalousie par exemple), c'est finalement, comme tu le dis, aller vers +de compréhension de qui on est et de ce que l'on veut vraiment. Je ne dis pas qu'il faut mettre la relation "romantico-sexuelle" hors de l’expérimentation, mais à ne focaliser que sur ça on oublie tout le reste. On se met des oeillères, on reste in the box, justement. Et on passe à côté tout à la fois, d'un immentissisme champ d'exploration, d'un terrain pédagogique tout trouvé, voire de découvertes affectives innatendues.
Ce qui m'intéresse, bien+ que de donner des explications et trouver des causes, c'est de proposer positivement de nouvelles façon de faire. Car je pense qu'il n'y a besoin de rien pour commencer et que tout le monde peut le faire avec tout le monde.
Comme l'exemple que tu donne avec la compersion et ta super pote.
La question que je propose n'est pas Vers quoi je veux aller ? (ça je ne doute pas qu'elle est là de toute façon, cette question), mais Qu'est-ce que concrétement je peux expérimenter là et avec qui ? Ici et maintenant.
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Siestacorta
le mercredi 21 décembre 2022 à 14h01
@artichaut : en tout cas content d'avoir fait partie des stimulants pour que tu lances ton exploration.
J'adhère sur la partie "apprentissage empirique en milieu confiant".
Je suis pas certain que les relations où on peut se permettre d'explorer comme ça soit assez nombreuses, dans une vie sociale, pour que le progrès soit conséquent. Comme tu le dis, on est touse casserolés, blessés, donc les relations même amicales où tu ne retrouveras pas, selon le geste, le mot, la demande trop grande ou trop prolongée les contraintes que tu veux dépasser me paraissent pas courantes.
Mais je pense que le désir d'apprendre plutôt que la certitude que l'Hamour va être une révélation spontanée d'un bonheur formule illimitée, c'est un point de départ.
Moins chaud pour considérer mes/les attentes comme illusoires.
Enfin : si, dans l'absolu elles le sont, mais dans un rapport au monde full-bouddhiste contemplatif. Et bon, ça me laisserait peut-être en paix 😅
Mais plus raisonnablement, je me sens plus de chances de tomber amoureux, faire avec les désirs des autres, que d'envies de m'en désolidariser.
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Lili-Lutine
le mercredi 21 décembre 2022 à 21h20
artichaut
Préliminaires
Bon, ça fait plusieurs fois (. . .) que je dis que j'aimerais dessiner un changement de paradigme, alors je vais tenter de commencer à grifonner quelque chose......
Merci de lancer des discussion passionnantes !
artichaut
La problématique
Il me semble qu'on se plante sur la manière de concevoir nos relations affectives, que je me suis planté. Et que l'on complique beaucoup et inutilement les choses, car on les regarde sous un angle biaisé dès le départ.
Oh que oui, mais au fond de moi il y a un petit quelque chose qui me dit que c’est tant mieux si c’est compliqué souvent de relationner, parce que perso ça me fait rudement grandir et progresser que de me cogner aux autres !
artichaut
Précautions
J'ai un regard tendre sur le chemin parcouru, et je ne veux pas oublier d'où je viens. Je sais aussi que chaque chemin est différent. Je n'ai donc aucune "vérité" à apporter. Tout au plus du partage d'expérience.
Merci pour ça aussi, ça fait du bien parfois de partager nos vulnérabilités, être et se sentir vulnérables
artichaut
Le contexte
Nous sommes toutes et tous des handicapés affectifs. Nous sommes toutes et tous frustré·e·s. On trimballe nos traumas et nos casseroles. On galère avec les injonctions contradictoires de ce monde.
J’ai tellement à apprendre des autres ! Pour enfin peut-être un jour mieux me connaître et peut-être même mieux aimer ?
artichaut
Le postulat
En fait on sait toutes et tous globalement s'y prendre relationellement (au moins à certains endroits). Tout le monde vit des relations multiples (au moins dans certains registres affectifs). Tout le monde vit parfois de la jalousie. Tout le monde vit parfois et déjà de la compersion. On sait faire tout ça, juste on ne se sert pas de ce savoir faire.
C’est un peu quand je suis arrivée à cet endroit-là début 2016, que j’ai commencé progressivement à amorcer une nouvelle trajectoire dans ma manière de penser et de vivre mes relations
artichaut
Mais alors pourquoi est-ce si compliqué de vivres des relations ?
Mon hypothèse c'est qu'on est complétement aveuglé par ce qu'on croit être des besoins vitaux, des passages obligés, des étapes indispensables, ou des minimums nécessaires (…)et que pour une grande part on se fourvoie soi-même dans ce qui deviendra nos tombeaux affectifs. Et que +on tente d'en sortir, +on s'enfonce (et même on enfonce les autres avec).
Oui pourquoi ? Et en même temps nous avons peut-être toustes au fond de nous la réponse ? Au fond de nous ça cause souvent beaucoup, ce sont certainement nos croyances, toutes les histoires que l’on se raconte au fil du temps, qui nous plombent et nous freinent, font de nous des personnes relou souvent dans nos relations ?
artichaut
Pourquoi on s'y prend si mal ?
Je ne sais pas. Je dirais que c'est comme si on était toujours tendu vers un but (différent selon les personnes) ou des buts, et que ce(s) but(s) primaient sur tout le reste (....)Et encore et toujours, on s'acharne à vouloir aller vers des choses qui ne fonctionnent pas, des choses bien au delà de nos capacités émotionnelles ou relationnelles, des choses pour faire comme le voisin, etc.
Là de suite, pour moi, je me dis que c’est peut-être ce que nous interprétons et projetons sur nous, sur nos relations, sur les autres gens, sur nos vies, sur les leurs de vies etc etc qui fait que nous vivons et pensons-en désillusionné·e·s trop souvent, et que de fait on s’emmêle les pédales dans nos ressentis, besoins, limites, on se trompe de sens ? Avec ce que l’on a toustes eu comme modèles relationnelle pour nous construire... je doute qu’une seule vie va nous suffire à savoir qui on est et comment on pourrait fonctionner sans passé, sans traumas ?
artichaut
Et je propose quoi ?
Bah rien. Rien de spécial. Juste arrêter de s'acharner inutilement à vouloir essayer d'atteindre d'innacessibles étoiles (....) cesser de foncer dans le mur, en se disant que Si, cette fois-ci, le mur va miraculeusement se volatiliser.
Oui voilà, j’ai commencé par cela, arrêter de croire et de m’acharner à vouloir relationner avec des personnes et avoir des relations parfaites qui dureraient et où l’on s’aimerait sans trop se blesser etc etc ahah
artichaut
Concrétement ça ressemblerai à quoi ?
Je ne sais pas. Ça dépend de la vie de chacun·e. Quel est actuellement l'endroit affectif le +sécure dans ma vie ? (.....) Il n'y a pas un truc mieux qu'un autre. Tout est sujet a explorations incroyables. Et surtout : tout est sujet à progresser ensemble vers d'incroyables chemins.
Oui voilà aussi, faire du tri, se replier, s’isoler un temps, réfléchir, tout poser sur la table, le bon et le mauvais, faire des listes, mettre à la poubelle, demander de l’aide, des conseils, des avis, se forger une opinion, sentir dans son corps ce qui est bon ou pas, choisir des personnes ressources et commencer à s’expérimenter relationnellement avec d’autres codes, d’autres fonctionnements et d’autres besoins, pour moi de nouvelles envies et désirs sont apparues dès que j’ai pu de nouveau me sentir en sécurité alors que je m’éloignais tranquillement de ce que je connaissais le plus !
artichaut
Oui mais, avec qui vivre ça ?
Là encore, avec les "bonnes" personnes, c'est à dire celle(s) avec qui je suis à l'aise, et sur les plans affectifs dans lesquels on est mutuellement à l'aise (....) Si on arrêtte d'espérer je ne sais quelle relation totalitaire (même en milieu poly on est totalitaires), si on arrêtte de vouloir tout tout de suite, si on arrête de se croire +doué que ce que l'on est, il est possible que tout à coup ce qui semblait un immense désert arride, devienne un joyeux et consensuel territoire d'explorations peuplé de sympathiques personnes voulant explorer également.
Oui à tout ce que tu écris là (je n'ai pas tout recopié, allez au post de départ, sinon c'était je pense trop long ici) comme de ne plus ou carrément bien moins « rêver ou fantasmer» la relation ou la personne, par exemple, pour moi ça a rudement bien fonctionné ! Même si au début je sentais cruellement qu’il me manquait de l’intensité dans mes nouvelles façon de relationner, j’ai appris auprès de personnes de confiance que je connais depuis longtemps à vivre mes relations avec une nouvelle intimité plus respectueuse je pense de mes besoins et de ceux de mes partenaires, long processus qu’un jour j’expliquerai certainement avec plus de détails
Ce que j’aime vivre et savoir, c’est que je suis encore loin de tout savoir, d’avoir tout compris, que je vais peut-être même encore beaucoup changer dans mes façon de relationner, et ça c’est rudement bon et excitant de m’en rendre compte ! J’ai bien moins peur des changements aujourd’hui qu’hier ! Les apprivoiser en les comprenant m’a permis de me sentir bien plus autonome et détendue affectivement et amoureusement, émotionnellement et sensoriellement aussi !
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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artichaut
le vendredi 23 décembre 2022 à 18h31
Lili-Lutine
nous vivons et pensons-en désillusionné·e·s
Oui. C'est même pas que ça se passe mal et que du coup on est frustré. C'est qu'on est frustré avant même que ça se passe.
Lili-Lutine
on s’emmêle les pédales dans nos ressentis, besoins, limites, on se trompe de sens ?
Je pense que oui, on se trompe souvent de sens.
On veut définir la relation avant même d'avoir rencontré la personne.
On veut des choses pour nous que l'on ne souhaite pas à l'autre.
On se croit dans la dèche, alors qu'on ne fait pas grand'chose pour changer la situation.
On cherche autre chose, ailleurs, au lieu de revaloriser ce qui est déjà là, ou à portée de main.
On veut tellement+ qu'on ne sait pas apprécier les toutes petites choses.
etc.
Lili-Lutine
arrêter de croire (…) avoir des relations parfaites qui dureraient
Je n'en suis même pas encore là. La durée reste encore pour moi une valeur de preuve.
Ahlala, toutes ces choses que l'on sait, et qu'on n'arrive pourtant pas à dépasser.
Merci de citer ça. Ça me donne envie de travailler ça justement. Et alors si je prends ma logique de changement de paradigme :
Je sais faire, je vit déjà des relations qui ne durent pas (et qu'il conviendrait mieux d'appeler des moments relationnels) ou n'ont aucune garantie de durée, et j'y vit des choses super. Je pourrais choisir d'en faire exister+, en lâchant ce truc de vouloir les faire durer à tout prix.
Ça devient assez vertigineux de simplicité de penser comme ça.
Lili-Lutine
choisir des personnes ressources et commencer à s’expérimenter relationnellement avec d’autres codes,
Tout à fait. D'autres codes, ou peut-être même des codes déjà connu mais réinvestit autrement.
Lili-Lutine
ne plus ou carrément bien moins « rêver ou fantasmer» la relation ou la personne, par exemple, pour moi ça a rudement bien fonctionné !
Vaste programme !
Lili-Lutine
vivre mes relations avec une nouvelle intimité plus respectueuse
Tout à la fois un but, un moyen et une conséquence.
Lili-Lutine
long processus qu’un jour j’expliquerai certainement avec plus de détails
Vivement que ce jour-là arrive !
Lili-Lutine
J’ai bien moins peur des changements aujourd’hui qu’hier !
Là peut-être est une des clefs majeures.
Arrêter de vouloir tout enfermer dans le marbre.
C'est pas facile, c'est confrontant, mais c'est salvateur.
Lili-Lutine
me sentir bien plus autonome et détendue affectivement et amoureusement, émotionnellement et sensoriellement
Youpi !
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artichaut
le vendredi 23 décembre 2022 à 18h43
Ça me donnerais presque envie de documenter, ce que dans les prochains temps, je vais vivre, je vais expérimenter.
Car je sens bien que tout ça est trop théorique là, et que seule la pratique peut convaincre (je parle de se convaincre soi-même, pas de convaincre l'autre) que c'est possible, que c'est faisable et à portée de main.
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Alabama
le samedi 24 décembre 2022 à 13h04
J’espère grandement que tu vas le faire !!! Si c’est en ligne via un blog je le lirai avec grand plaisir.
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artichaut
le samedi 24 décembre 2022 à 22h11
Ouhla un blog, je ne pense pas avoir la régularité et la persévérance pour ça.
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Siestacorta
le vendredi 15 décembre 2023 à 12h53
@artichaut , bien que pas sur ce chemin là, j'ai pensé que cette réflexion pourrait être tangeante à la tienne, quand je suis tombé dessus dans mes rézos.
Ça parle de dépasser la structure familiale, mais comme c'est pour définir les soins aimants d'une commune, je pense que ça doit laisser un début de reflexion pour des outils d'aimants pluralistes.
Peut-être un bon moyen de définir ton eutopie amoureuse ?
Breflaref :
https://editionslatempete.com/produit/abolir-la-fa...
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artichaut
le samedi 16 décembre 2023 à 20h43
Merci @Siestacorta.
Siestacorta
Peut-être un bon moyen de définir ton eutopie amoureuse ?
Mon eutopie… affective,
ou mon eutopie… relationnelle, plutôt…
Le fait que tu me propose le terme eutopie (le lieu du bonheur), pour évoquer quelque chose de relationel, me renvoie à l'idée d'ici et maintenant.
Ça m'évoque l'idée qu'on a tendance à chercher un ailleurs, au lieu de commencer à vivre les choses là où l'on est.
La maison du bonheur commence ici.
Sur la réf proposée (Abolir la famille, capitalisme et communisation du soin) je ne sais pas.
Je ne suis même pas sûr, qu'il soit nécessaire d'abolir (ou d'attendre les ruines du capitalisme pour reconstruire dessus). Aujourd'hui, je me dis qu'on peut commencer à construire, ici et maintenant, malgré la prégnance du capitalisme, ou les modèles relationnels dominants.
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artichaut
le mercredi 31 janvier 2024 à 12h07
Je me dis que ce post (que j'ai écrit en répondant à une demande) explique un peu ce que je cherche à exprimer ici
artichaut
Ensuite, n'y a-t-il pas une sorte de binarité dans la façon de penser les choses : vivre une histoire ou ne pas vivre une histoire avec Rose ?La question ne serait-elle pas plutôt à chercher du côté de : qu'est-ce qui est concrètement possible entre Rose et toi ?
Non pas « est-ce possible ? », mais « comment c'est possible ? »De fait, à force de passer du temps ensemble, tu as déjà une relation avec Rose. Qu'est-ce qui donc dans cette relation est bloqué, ne peut pas évoluer, et qu'est-ce qui peut évoluer, et vers quoi ?
Qu'est-ce qui est déjà possible (il y en a puisque, pour moi, vous êtes déjà en relation, ça vaut le coup de les nommer) et qu'est-ce qui n'est pas encore possible, et pourquoi ? Parler de choses très concrètes (disucter, aller au cinéma, se prendre dans les bras, dormir dans le même lit, prendre des bains ensemble, s'embrasser sur la bouche, partir en vacances, avoir un enfant…), plutôt que de cases "toutes faites" (amour, ami, couple, "coucher ensemble", etc) qui, à mon sens, ne veulent pas dire grand'chose.Comme souvent, la lenteur, voire la grande lenteur, voire la très très grande lenteur, peut permettre parfois d'envisager l'impossible.
La lenteur et la rassurance.Et envisager d'autres formes de relations, au delà des poncifs du monde normé (même en polyamour), permet de découvrir de nouvelles créativités relationnelles.
Quelle relation créative pouvez-vous vivre avec Rose qui soit réjouissante pour tout le monde (donc aussi pour vous deux !) et qui ne blesse personne ??
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artichaut
le mercredi 31 janvier 2024 à 12h08
Et ce fil que j'ai récemment lancé, est proche aussi du sujet : Vos plus belles ruptures, séparations, etc.
Je pense que dans nos relations amoureuses, on est très souvent dans un déni de réalité.
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Tuya
le mercredi 31 janvier 2024 à 21h51
La juxtaposition de ton fil de discussion avec les échanges de @Siestacorta pour savoir si les relations polys étaient ou pas capitalistes m'a fait penser à un truc.
J'ai l'impression que tu veux tendre un idéal où il y aurait pas de hiérarchie du tout, pas une multiplication des relations monogames.
Je crois que c'est peut-être là que ça coince. Toute relation est hiérarchique.
Débat d'idées ? ==> la personne qui "gagne" le débat prend l'ascendant.
Comportements liés à la personne. Ex : retards, tâches ménagères ==> hiérarchie
Temps qui est pas extensible ==> prioriser une relation à d'autres
Si le souhait est d'avoir des relations sans hiérarchie c'est impossible parce qu'elles sont toutes en permanence faites de hiérarchie même si c'est hiérarchie changent en fonction du temps et des moments.
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artichaut
le jeudi 01 février 2024 à 00h11
Tuya
tu veux tendre un idéal où il y aurait pas de hiérarchie (…) avoir des relations sans hiérarchie c'est impossible
Et donc ?
Je veux tendre… vers l'impossible ?
J'ai l'impression que je dis le contraire justement.
Je ne veux pas fantasmer un ersatz de monde hollywoodien au carré… je suggère de vivre ce qui est possible ici et maintenant.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faut réduire les caractéristiques de ce possible au néant, ou à un vécu déprimant, sous prétexte qu'il ne ressemble pas au mirage que l'on nous vend.
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Siestacorta
le jeudi 01 février 2024 à 00h32
Des oiseaux ayant passé leur vie en cage pourraient bien croire que voler est une maladie, pour dire ça comme ça (et paraphraser Vaneigem).
J'adhère pas au côté informel de la recherche d'artichaut, pour moi les relations ont des consistances et des horizons (culturels ou psycho ou whatever) qui obligent.
J'adhère en revanche à l'ouverture conceptuelle qu'elle permet, de ne pas chercher à ne vivre que ci ou ça bien classifié, mais en fonction de ce qui est possible, de ce qui se passe dans la rencontre.
Et non, c'est pas tout à fait la question de la hiérarchie qui est posée. Les anarels (partisans d'une anarchie relationnelle, sans hiérarchie des relations entre elles) la posent. J'y crois... si je le vois. Rarement, parce que la revendication et la responsabilité de ce genre se rencontrent pas facilement, que ce soit conscient ou non.
C'est une question de nature de la multiplicité relationnelle. Multiple dans le sens où les liens sont pas juste toi, MAFAM, toi MONAMANTE, toi UNPLANKU, toi UNAMIEDOUCE et si on déborde c'est mal. Non. On fait ce qu'on peut, selon ce que chacun peut, à tel moment.
Multiple, donc, dans le sens "protéïforme" de ce qui peut être vécu entre deux personnes.
Là où l'artidigme me convainc pas, c'est qu'on désire pas que ce qu'on peut, et que ne pas nommer ce qu'on désire ne rend pas forcément ce qu'on fait plus libre. Enfin ça peut, peut-être pour certains, mais c'est une question de croyance en sa propre façon d'aimer et dans une facilité de cadre... que je n'ai pas. Un genre de panthéisme du lien qui ne me nourrit pas de sens ni ne s'ajuste à mes penchants. Tant pis, c'est pas grave, je comprend quand même qu'on puisse chercher dans ce sens-là, c'est sans doute plus simple que de se buter dans des attentes jamais satisfaites... mais là encore on retombe sur un rapport au désir (relationnel, hein, au sens très large).
Message modifié par son auteur il y a un an.
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artichaut
le jeudi 01 février 2024 à 01h07
Siestacorta
on désire pas que ce qu'on peut
Et pourquoi pas ?
Ce qu'on peut, délimite par définition, le champ des possibles. Au sein de ce champ-là, comment s'exprime notre désir ? Là est ma question.
Si je prends l'exemple du consentement. Je le conçoit comme l'intersection entre les envies et les possibles de l'un·e et les envies et les possibles de l'autre (ou des autres). Aussi minime soit cette intersection. Ce qui est désir en dehors de cette intersection, j'aurais tendance à appeler ça fantasme.
Passer sa vie à courrir après ces fantasmes, non seulement met la pression à l'autre, aux autres (quant ce n'est pas pire), et de surcroît nous assure une vie nécessairement râtée et déprimante. Telle la flèche de Zénon, le but ne sera jamais atteind.
Je ne dis pas pour autant qu'il faut réduire son imagination. Au contraire, cesser de ne regarder que les grosses cibles rouges au fond du champ, peut permettre de (re)découvrir toute la richesse du champ.
Je ne sais pas, peut-être que ce dont il est question c'est de défocaliser. Non pas se nier à soi-même ce qu'on désire, mais travailler à transformer nos désirs, tant il est vrai qu'ils sont socialement construits. Et faire un peu plus cas de la réalité, de ce qui est là. Lui donner de la consistance. Et inventer ensemble à partir de là.
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artichaut
le jeudi 01 février 2024 à 01h18
…la non exclusivité permettant qu'il n'y ai aucune complétude à chercher avec qui que ce soit, puisqu'il est possible de chercher ailleurs d'autres bouts de notre mosaïque* affective.
À quoi bon quitter la monogamie, si c'est pour ne pas s'affranchir de ce besoin de complétude, qui nous fait vouloir toujours forcer l'autre à vivre ci ou ça, à être comme ci ou ça, à nous donner ci ou ça ?
* J'ai commencé par écrire puzzle affectif, et je me suis repris pour écrire mosaïque affective, qui évite justement cette idée de pièces devant correspondre à une attente précise, et d'un but final à atteindre.