Polyamour.info

Bonjour à tous,

C'est une première pour moi mais je ressens le besoin de partager avec vous mon expérience du Polyamour. Peut-être parlera-t-elle à certains.

PREMIER AMOUR

Il y a 7ans, j'avais alors 18ans et je rencontre le premier amour de ma vie. Il est charismatique, plus âgé d'une vingtaine d'années, il a une belle expérience de la vie et beaucoup d'autres à me partager et à me faire vivre. On débute alors une histoire à distance, Il bosse à l'étranger et rentre régulièrement me voir. Début compliqué, peur de l'engagement de son côté, notamment à cause de la différence d'âge, on finit au bout de 2ans à se considérer vraiment comme un couple et il revient vivre en France ou l'on commence à vivre sous le même toit. On décide même de prendre un petit chien comme symbole de cette stabilité trouvé. 2ans plus tard, notre couple est consolidé comme jamais mais toujours adepte de nouvelles expériences il me propose d'aller vivre en Espagne où je le suis avec joie.

PREMIERS QUESTIONNEMENTS

C'est précisément à cette période là, peu avant notre départ, que je commence à ressentir le besoin d'autres rencontres. Je l'aime mais je n'ai connu que lui et même s'il me comble sur beaucoup de points, en exigeante et curieuse que je suis j'en vois encore d'autres à combler. De même la relation instable et excitante du début a laissé place à une routine, agréable par moment mais angoissante à d'autres. Vu de l'extérieur on est un couple harmonieux, un peu perché et déjà pas tellement dans la norme mais en phase et amoureux.
La communication et la connaissance de l'autre étant la force principale de notre couple, je lui fait part de mes ressentis et on décide de s'autoriser une liberté sexuelle si l'opportunité se présente. De part mon caractère et le sien, cela nous semble une parfaite idée. Seulement voilà, c'est un homme de 45ans, moi une femme de 23 et les opportunités ne sont pas les mêmes. Première expérience de mon côté, son ego est touché, il le vit mal et veut me quitter, mais après une longue discussion il comprends qu'il réagit à chaud, se calme et s'en trouve même excité. 4mois plus tard c'est à son tour, c'est à moi de paniquer, je remets tout en question, je me demande ce qui m'a pris de rentrer là-dedans. Mais là encore, on discute, il me rassure et nos liens s'en trouvent plus renforcés. On est fataliste, si on est fait pour passer notre vie ensemble on la passera, il faut faire confiance au destin.

OFFFICIELLEMENT POLYAMOUREUSE

Quelques mois passent de nouveau, ainsi qu'un nouveau confinement. L'Espagne c'est bien mais on ne peut pas rentrer en France et on se retrouve h24 tous les deux...que tous les deux. On ne se dispute jamais, on s'entend toujours aussi bien mais j'ai 24 ans, j'ai besoin de vivre et là j'ai un peu l'impression d'être à la retraite. Suite au déconfinement je reprends les activités qui m'ont manqué et qui impliquent que je doive rentrer en France de temps à autre.
Et là nouvelle rencontre. Cette fois c'est différent. Ce n'est pas que physique, c'est avant tout intellectuel. Cette homme partage de nombreux points communs avec moi. Je ne l'avais pas vu venir mais c'est là, c'est fort.

De retour en Espagne, je raconte ma rencontre et j'émets le désir de revoir cette personne dans un futur proche. Premier coup dur pour mon amoureux mais je le rassure, mes sentiments pour lui n'ont pas changé, j'en suis persuadée. Même s'il ne peut avoir tout mon coeur il en a un gros bout. Oui mais voilà, lui était d'accord pour partager mais il voulait garder la plus grosse part et il commence à sentir que cette fois ce sera différent.
Passé les premiers mois d'adaptation, les multiples risques de séparations et les très nombreuses discussions, ça y est, je suis officiellement en polyamour. J'ai deux amoureux et je partage à égal mes semaines entre l'Espagne et la France. Nos amis et nos familles sont au courants. Mon amoureux en a parlé à tout le monde c'est sa manière de se faire à l'idée et il profite de son célibat quand je suis absente. En ce qui concerne mon nouveau chéri il ne voit que par moi pour l'instant. Il connaît la situation et il l'accepte pleinement. Je lui manque quand je ne suis pas là mais ça fait partie de l'équilibre et il est tellement content de m'avoir rencontré qu'il chérit chaque moments passés avec moi.

LA FIN D'UNE BELLE HISTOIRE?

Ca fait 9mois maintenant que j'expérimente le polyamour. Ca ne s'est pas fait sans doutes et sans pleurs mais il me semblait avoir trouvé un semblant de stabilité. La distance pendant 2semaines avec chacun de mes amoureux n'est pas toujours facile à gérer, le moment de switch prend toujours un peu de temps et le manque est présent que je sois avec l'un ou avec l'autre mais les moments de bonheur et de partage sont multipliés. L'amour n'est pas le même c'est évident mais je ne cherche pas à le hiérarchiser. L'un est plus affectueux, il est plus profond et s'est construit sur des années de partages et de connaissances réciproque. L'autre est plus passionnel, il est frais mais se vit comme une évidence.

Mais voilà, mon premier amoureux doute encore. Il me dit qu'il sait que c'est voué à l'échec, mais surtout il a l'impression que je le bloque. Il m'aime mais lui aussi il veut vivre une relation plus passionnelle, il n'est "pas encore mort" et s'il ne se libère pas maintenant se sera trop tard. Il ne trouvera peut-être pas mais il se dit que finalement il lui faut quelqu'un d'exclusif et que continuer avec moi le bloque.
Alors même que je suis sa plus longue relation car j'ai toujours sur comment le prendre...Il est peut-être là le problème...était-ce vraiment à moi de savoir comment le prendre. Au final si je fais la rétrospective de notre relation c'est toujours moi qui y ai plus cru pour deux. Est-ce un mal en soit? Je connais son fonctionnement, il n'a jamais était très expressif et s'enfuit au premier obstacle. Seulement là l'obstacle est plus conséquent. Il a quand même accepté ces 9mois par amour pour moi et parce que je lui ai démontré par a + b que c'était la meilleur solution pour nous deux, la meilleure manière de vivre.

Mais aujourd'hui je ne suis plus si sure. Je suis fatiguée de chercher constamment à déconstruire ses normes, mais surtout, j'ai compris une chose, ce qui m'importe avant tout c'est son bonheur, et par amour je vas devoir accepter, que peut-être, il passe par des attentes différentes. Je sais qu'à l'issu d'une longue discussion je pourrais encore le convaincre de faire durer notre histoire mais je ne suis plus sure que ce soit la bonne solution. Non pas que je doute de mon amour pour lui mais plutôt car je doute que ce soit pour lui la voie la plus heureuse. Aimer quelqu'un c'est parfois le laisser partir, je comprends enfin le sens de cette phrase.
Si aujourd'hui il a besoin de temps je lui laisserai, si demain il a besoin de moi je serai là, l'amour ne devrait pas être plus compliqué que ça.
Et même si secrètement j'espère qu'il change d'avis et qu'il se sente enfin complètement à l'aise avec cette notion de polyamour, je suis prête à accepter sa décision et surtout je suis reconnaissante de ses 7années passées à ses côtés et de ces belles expériences qui m'ont fait grandir.

Aujourd'hui je quitte peut-être le polyamour pour un temps mais je ne regrette rien. Je n'ai plus peur de dire je t'aime, je sens que mon cœur a gonflé dans ma poitrine et je peux l'affirmer, le véritable amour ne se divise pas, il se multiplie.

Très beau retour et belle analyse. Je vous souhaite à tous trois de trouver son bonheur. Ensemble ou séparément !

Alex Erual
Aimer quelqu'un c'est parfois le laisser partir, je comprends enfin le sens de cette phrase.
Si aujourd'hui il a besoin de temps je lui laisserai, si demain il a besoin de moi je serai là, l'amour ne devrait pas être plus compliqué que ça.

Bonjour Alex, bienvenue ici.
Je partage ton point de vue. Aimer ce n'est pas enfermer (ou plutôt : enfermer ce n'est pas aimer). Aimer est quelque chose qui ne demande rien en retour. Donc oui, aimer profondément, c'est parfois le laisser partir (comme avec nos enfants). Je dirais même que c'est souvent (toujours) le laisser partir : le laisser partir, plusieurs fois par jour, par semaine, par mois, par année. Et le laisser revenir aussi.
Enfin, plutôt que "le laisser partir", je dirais : le laisser être et vivre sa vie, quelque qu'elle soit, avec, et y compris sans nous.

Après, l'amour s'accompagne souvent d'une autre chose — et qui n'a pas trop de nom —, qui est : vouloir partager des choses ensemble. Et qui bien souvent va apporter son lot de malentendus, incompréhensions, pression, frustration, rage et désespoir… (et aussi parfois bonheur, jouissance, émulation, etc) …mais pour moi c'est autre chose que de l'amour. Quoi ? Je ne sais pas.