Se mettre à la place de l'autre
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LuLutine
le mardi 29 septembre 2015 à 15h34
Il me semble que j'arrive assez bien à faire ça : même si je ne comprends pas forcément, à prendre en compte les ressentis ou la situation de l'autre, qui n'ont pourtant parfois rien à voir avec les miens.
Pour autant, je ne me considère pas comme un paillasson, et j'entends être prise en compte également. Je fais un pas, tu fais un pas aussi ; tu ne restes pas sur tes positions en attendant que je fasse tout le chemin !
Mon défaut peut-être, c'est que comme je sais assez bien me mettre à la place de l'autre (enfin surtout s'il explicite les choses parce que sinon j'avoue que c'est compliqué voire infaisable), j'attends de lui la même chose, qu'il se mette un peu à ma place, qu'il m'écoute, pour qu'on puisse dialoguer.
Dialoguer ce n'est pas juste parler, c'est aussi accueillir ce que l'autre a à dire. Celui qui initie le dialogue doit être écouté (ou alors si on n'est pas disponible pour écouter on le dit tout de suite, et je connais des personnes qui font ça très bien <3 ).
Seulement je crois que beaucoup ne savent pas faire, ils ne voient les choses que de leur point de vue (et en plus tu dois lire dans leur tête et voir les choses de la même façon qu'eux).
Poser sa vérité sur la table, c'est comme si ça faisait peur à certains. Pourtant mes relations qui se passent bien, pour certaines depuis des années, sont les relations où l'on dit tout de suite ce qu'il y a à dire (même quand ce n'est pas plaisant).
Est-ce bien cela, la vérité fait peur ?
Comment faire ?
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Nicolas_Fox
le mardi 29 septembre 2015 à 17h38
Comme tu le dis toi même, il y a des personnes qui sont incapable de voir les choses autrement que par leur propre point de vue.
Pire, elles prennent leur point de vue pour essayer de comprendre les actions des autres.
Je ne pense pas que la vérité leur fasse peur, juste qu'elles sont incapable de comprendre autrement que par leur point de vue sans de grand effort.
Est-ce un mal ?
Je ne pense pas. C'est juste une façon différente de fonctionner.
Comment faire...
Etre bien plus patient que l'autre serait déjà un bon début dans ce cas.
Personnellement, je n'y arrive pas forcément.
Un de mes amis par exemple est totalement obtus à ma façon de fonctionner. J'évite donc d'essayé de me faire comprendre et j’évite par la meme de me mettre à sa place et d'essayer de le comprendre.
Je pourrais le faire, cependant cela gâcherais totalement la relation amicale. Je lui dit ce que je pense, il me dit ce qu'il pense. Souvent je me heurte à un mur quand je lui parle de certaine choses parce qu'il ne comprend pas mais il accepte mon point de vue pour étant le mien et inversement bien sur.
Je crois que c'est là le plus important. chacun à sa façon de penser et de voir le monde. Certains arrivent, certes, à voir à travers les autres par leur mode de pensées, ou tout du moins pensent y arriver. J'en fait parti.
Mais au final, et après ?
Le meilleur n'est-il pas de laisser l'autre faire le chemin vers nous ? Or si il ne le fait pas, peut être n'en a t'il tout simplement pas envie ?
Si cela me chagrine j'en parle. J'essaie de montrer les choses et de faire comprendre. Cependant des fois cela ne suffit pas. Des fois cela fait même peur à l'autre (j'en ai fait les frais récemment)
Donc si malgré tout cela n'avance pas, c'est à moi de prendre sur moi, soit je l'accepte et on continue ainsi. Soit je ne l'accepte pas et dans ce cas autant faire ce qu'il faut pour arrêter les frais. Au moins jusqu’à ce que je l'accepte.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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LuLutine
le mardi 29 septembre 2015 à 19h13
Nicolas0207
Etre bien plus patient que l'autre serait déjà un bon début dans ce cas.
Qu'est-ce que tu appelles "être patient", concrètement ?
Nicolas0207
Je lui dit ce que je pense, il me dit ce qu'il pense. Souvent je me heurte à un mur quand je lui parle de certaine choses parce qu'il ne comprend pas mais il accepte mon point de vue pour étant le mien et inversement bien sur.
Ah mais là au moins même s'il a du mal à se mettre à ta place, il accepte que tu peux avoir un point de vue différent, un ressenti différent, vivre les choses différemment de lui !
Du coup ça n'empêche pas la relation.
Mais il y a des situations où on n'arrive tellement pas à se mettre à la place de l'autre qu'on lui renvoie à la figure quelque chose comme quoi son point de vue ou son ressenti n'est pas valide !
Et ça à mon sens c'est problématique.
Je dirais que ton ami et toi êtes au degré minimal de "se mettre à la place de l'autre" : ok, vous ne vous "comprenez" pas, mais vous vous acceptez.
Certains n'acceptent pas qu'on ne vive pas les choses comme eux.
Nicolas0207
Le meilleur n'est-il pas de laisser l'autre faire le chemin vers nous ? Or si il ne le fait pas, peut être n'en a t'il tout simplement pas envie ?
C'est vrai, et en même temps j'ai du mal à comprendre les gens qui font le chemin une fois et pas la suivante...
Nicolas0207
Si cela me chagrine j'en parle. J'essaie de montrer les choses et de faire comprendre. Cependant des fois cela ne suffit pas. Des fois cela fait même peur à l'autre (j'en ai fait les frais récemment)
On est deux, on peut fonder une association ;)
Nicolas0207
Donc si malgré tout cela n'avance pas, c'est à moi de prendre sur moi, soit je l'accepte et on continue ainsi. Soit je ne l'accepte pas et dans ce cas autant faire ce qu'il faut pour arrêter les frais. Au moins jusqu’à ce que je l'accepte.
Accepter de ne pas toujours être comprise me semble naturel. D'ailleurs je peux penser à l'instant à plusieurs relations de qualité que j'entretiens et dans lesquelles on a eu parfois de la peine à se comprendre !!! (Voire on est en désaccord total sur certaines choses)
Accepter de ne pas être vue ou entendue, moi ou mes ressentis (ce qui revient un peu au même) : ça me semble juste suicidaire.
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bouquetfleuri
le mardi 29 septembre 2015 à 19h15
J'ai du mal avec le titre de cette discussion : à supposer qu'on arrive à se mettre à la place de l'autre, où va l'autre pendant qu'on est à sa place ?
Cela ressemble à une boutade, mais c'est particulièrement sérieux. Se mettre à la place de l'autre me semble le moyen le plus sûr d'éviter le dialogue.
Pour le coup, ta contribution me rassure LuLutine, c'est bien un dialogue que tu cherches à établir...
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LuLutine
le mardi 29 septembre 2015 à 19h19
bouquetfleuri
J'ai du mal avec le titre de cette discussion : à supposer qu'on arrive à se mettre à la place de l'autre, où va l'autre pendant qu'on est à sa place ?
Je viens d'en discuter il y a deux heures avec une personne qui m'a dit sensiblement la même chose, enfin plutôt dans l'autre sens, ça pourrait donner en substance :
Si on arrive à se mettre à la place de l'autre, qu'en est-il de notre place ?!
bouquetfleuri
Pour le coup, ta contribution me rassure LuLutine, c'est bien un dialogue que tu cherches à établir...
Tout-à-fait, d'ailleurs je cherche le dialogue dans toutes mes interactions (et là je ne parle même pas de relations), je me nourris d'échanges, pas d'unilatéralité !
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Tigre (invité)
le mardi 29 septembre 2015 à 19h25
Hello
Cest rigolo ce fil, j'ai commencé a relire un essai de Marina Castaneda Ecouter
Il y a ce passage ou elle parle de la fiction de.l'autre Personnellement, je considère crucial pour la communication, la solidarité et la bonne entente, de prêter attention aux fictions des gens. Même si on ne les croit pas, même si on n’est pas d’accord, il faut les écouter. Pourquoi ? Pour deux raisons. En premier lieu parce qu’à l’époque actuelle, pour de nombreux motifs passionnants mais hors sujet ici, le plus important pour beaucoup de personnes est leur fiction, leur narration personnelle : d’un point de vue psychologique, leurs illusions comptent davantage que leur vie ou leurs succès réels.
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(compte clôturé)
le mardi 29 septembre 2015 à 19h27
Tigre
Hello
Cest rigolo ce fil, j'ai commencé a relire un essai de Marina Castaneda Ecouter
Il y a ce passage ou elle parle de la fiction de.l'autrePersonnellement, je considère crucial pour la communication, la solidarité et la bonne entente, de prêter attention aux fictions des gens. Même si on ne les croit pas, même si on n’est pas d’accord, il faut les écouter. Pourquoi ? Pour deux raisons. En premier lieu parce qu’à l’époque actuelle, pour de nombreux motifs passionnants mais hors sujet ici, le plus important pour beaucoup de personnes est leur fiction, leur narration personnelle : d’un point de vue psychologique, leurs illusions comptent davantage que leur vie ou leurs succès réels.
Elle prend comme exemple le cas de proche ou de patient qui croit posseder des talents de soigneur ou de devin...
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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(compte clôturé)
le mardi 29 septembre 2015 à 19h29
le titre complet:
ECOUTER
Vers la compréhension des autres et de soi-même
La suite
L’amitié, et même le respect, passent parfois par le mensonge partagé. En second lieu, parce qu’on doit prendre au sérieux les fictions des gens autour de soi car, finalement, on est pareils qu’eux, que cela nous plaise ou non . On invente également des versions idéalisées de nous-mêmes, on désire que soient prises au sérieux nos illusions et aspirations. Et si nous voulons être écoutés dans nos fictions , nous devons respecter celles des autres.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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LuLutine
le mardi 29 septembre 2015 à 19h39
Tigreminou
le titre complet:
ECOUTER
Vers la compréhension des autres et de soi-même
ECOUTER, oui c'est bien là le maître mot, merci Tigreminou !
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(compte clôturé)
le mardi 29 septembre 2015 à 19h48
Je crois que si on est trop plein de ses propres certitudes; on ne peut vraiment écouter, accueillir.
L'aller retour avec la pensée ou l'emotion de l'autre permet en creux de mieux se comprendre, de comprendre ce qui nous lie ou nous différencie.
Sans un temps de silence du soi, pas d'accueil de l'alterité, pas de dialectique possible.
Sans compter que découvrir son bavardage intérieur comme on découvre le bavardage de l'autre sans lui donner moins ou plus de crédit, c'est une grande respiration en général dans la vie.
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oO0 (invité)
le samedi 03 octobre 2015 à 16h21
Salut Lulutine,
si je ne me trompes pas, tu mets en jeu la déception d'attente d'une écoute réciproque. Se mettre à la place de l'autre contient implicitement l'attente que l'autre se mette à notre place.
Je pense pouvoir dire que je comprends ta situation, vu que j'ai l'impression de connaître assez souvent la même situation. Je doute cependant que cela puisse passer pour de l'écoute, de l'empathie. J'ai tout simplement l'impression que je pourrais être le genre de personne avec qui tu rencontres ce genre de déception et vice-versa sans pour autant mettre en cause ta bonne volonté ou tes capacités d'écoute. Pour ma part, j'ai arrêté de fréquenter le forum plus de deux ans parce que je n'en rencontrais pas l'écoute attendue et que j'en avais assez d'écouter ou essayer d'écouter.
Faire un pas, je comprends la métaphore, du moins je crois comprendre. Chacun, chacune a ses métaphores. Pour ma part, c'est celle de se situer dans l'espace, situer l'autre, permettre à l'autre de nous situer. A la différence du monde physique, le monde psychique de chacun, chacune est une boîte noire pour l'autre. C'est comme guider une personne aveugle dans une maison inconnue. Le vécu propre de chacun, chacune est une évidence immédiate alors que pour l'autre, c'est l'obscurité.
C'est possible de voire les autres faire un pas, mais si le pas va dans la mauvaise direction ? Pour ma part, j'essaie aussi de faire ce pas quand j'attends ce pas, mais j'ai souvent l'impression de faire un pas dans le vide ou dans la mauvaise direction, voire de marcher sur les pieds de quelqu'un.
Je pense aussi comprendre tes attentes de communication parce que j'ai moi-même pas mal d'attentes de communication. Donc, oui, j'ai l'impression de pouvoir savoir ce que c'est de vivre la déception de ce genre d'attentes. J'aurais même tendance à dire que je provoque moi-même ces déceptions. Trop de communication tue la communication. Je me demande parfois si je parle français, si je sais ce que c'est communiquer. De temps à autre, je vois que j'arrive à comprendre, voire que j'arrive à me faire comprendre.
Enfin, bref, je ne serais pas étonné de compter parmi les personnes qui peuvent te faire sentir comme si tu étais un paillasson même si ce n'est pas mon intention, que je pense essayer prendre en compte ta position ou celles d'autres personnes, d'ajuster ou réajuster ma position, ...
... mais cela ne m'empêche pas d'avoir l'impression d'échouer. Comment vivre avec ce genre d'échecs ? C'est une question que je me pose de plus en plus souvent depuis plusieurs années. J'en suis là, c'est tout ce que j'ai à proposer, même si je continue à croire que la communication est importante.
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LuLutine
le dimanche 04 octobre 2015 à 13h18
oO0
A la différence du monde physique, le monde psychique de chacun, chacune est une boîte noire pour l'autre.
On en revient à la communication c'est sûr...
Quand on arrive à se parler, ne serait-ce qu'un peu, ça peut faire tellement de bien :)
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oO0 (invité)
le dimanche 04 octobre 2015 à 16h44
Oui, tout à fait, il n'y a pas besoin de me convaincre, j'en ai toujours été convaincu.
Cependant, mon expérience me montre que la communication n'est pas toujours une ressource possible, que c'est même parfois possible d'arriver soi-même au bout de ses ressources bien que la communication constitue pour soi une valeur forte.
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oO0 (invité)
le dimanche 04 octobre 2015 à 17h52
Sinon, oui, s'il y a lieu de se parler, même un peu, j'espère que cela pourra se faire :) En tous cas, c'est ce que je te souhaite, là où tu en as besoin.
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hazdi (invité)
le jeudi 08 octobre 2015 à 16h57
Bonjour,
j'interviens, juste parce que je vis en ce moment de grandes difficultés à dialoguer et me dit que peut-être mon expérience peut contribuer à enrichir ce fil. Je vais un peu rejoindre ce qu'a pu dire 000 sur la quasi impossibilité parfois à se comprendre, et l'intervention, sur un autre fil (la compersion peut-être?), affirmant que, attention, la bienveillance peut quelquefois être considérée comme "un comportement suspect."
(Pour situer les choses, les difficultés à dialoguer sont avec une personne que je connais vaguement depuis près de 20 ans et avec qui j'entretiens des rapports intimes, quoique intermittants _déjà deux ruptures à notre actif, et entre temps du silence, des absences physiques, du platonique, etc_ depuis 4 ans. Donc à la fois on se connaît un peu quand même, et parallèlement notre histoire crée des filtres qui peuvent aussi compliquer la compréhension.)
Suite à une dispute violente (sujet politique ;-) ) nous avons eu de nombreux échanges depuis près de 3 semaines (échanges quotidiens de mails), au terme desquels la personne aimée déclare que je cherche à la manipuler, qu'elle ne sait plus ce que je pense (et que du coup elle ne sait plus quoi penser de moi, et donc si une relation est encore envisageable).
J'aurais du mal à juger moi-même de mon manque de sincérité ou d'authenticité. Pour ma part, je ne crois pas en avoir manqué. Par contre il est vrai que j'ai constamment tenté de réfléchir aux critiques (par exemple j'ai modifié très largement mon point de vue sur la question politique qui nous opposait), rappelé ce sur quoi nous étions d'accord, et réaffirmé mon affection, estime, tenté d'user de communication non-violente, etc. Apparemment tout ceci est compris comme un manque de clarté, voire d'hypocrisie. Cette personne, de son côté, dans le cadre du conflit (pas habituellement) se montre au contraire très brutale, agressive, critique.
Je ne vais pas modifier ma manière de faire (d'autant qu'elle est certainement aussi liée à des ressorts psychologiques intimes concernant la difficulté à voir souffrir l'autre, et au désir de me faire accepter par l'autre), mais j'apporte simplement ce témoignage pour rappeler que tout le monde n'interprète pas de manière identique les tentatives de dialogues et les formes de celles-ci...
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oO0
le jeudi 08 octobre 2015 à 22h26
En effet, les intentions de la communication importent tout comme le contexte que tu as eu besoin de préciser dans ton cas. Les intentions sont sujettes à interprétation comme la communication et elles peuvent être mal vécues de part et d'autres comme leurs interprétations. A contenu identique, l'interprétation de la communication change selon les intentions et le contexte.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.