Le paradoxe d’Abilène et les relations affectives
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ScottBuckley
le samedi 18 mai 2013 à 13h02
Bonjour,
En sociologie, il y a un phénomène de prise de décision à plusieurs (au sein d’un groupe, d’une famille, d’un couple...) que l’on surnomme ‘ le paradoxe d’Abilène ’ (du sociologue Jerry Harvey).
Il décrit le cas d’une décision prise (à contrecoeur), avec l’apparence de l’accord d’une majorité de personnes, mais basée sur un malentendu, sur une mauvais communication, sur l’absence de choix pluriels réels proposés au groupe, ou sur une forme de prise de décision ou de démocratie biaisée, qui ne se révèleront souvent qu’après coup.
C’est le cas de nombreuses décisions de groupes de personnes qui discutent et-ou mangent ensemble, et qui partent toutes ensuite au même endroit (dans une brasserie, une discothèque, dans un voyage, dans une direction...), où chacun-e croit individuellement que cela plaît également aux autres, que du coup cela va peut-être lui plaire à titre personnel (convivialité imaginée avec les autres), et préférant donc se taire face au groupe, plutôt que de rompre cette harmonie (apparente).
... Mais se retrouvant par la suite dans une situation où finalement personne n’est vraiment satisfait de la décision supposée “collective” (la convivialité n’est pas là, le cadre proposé ne plaît que très moyennement, les autres possibilités de lieux, de cadres agréables possibles, de directions, ont été éliminées par défaut...).
Un exemple, imaginé dans le cas d’un couple avec enfants :
- “ Je ne suis pas favorable au mariage (suis plutôt volage), mais je me suis marié avec elle parce que je croyais l’aimer, et voulais être sûr de pouvoir avoir une relation stable, avec un foyer chaud le soir en rentrant du boulot ”.
- “ Je ne suis pas encore sûre d’être très amoureuse de lui, mais à mon âge, je me devais de me marier car pour une femme, l’horloge biologique tourne, et j’avais besoin d’un homme qui gagne sa vie pour payer le loyer et m’aider à nourrir les enfants que je rêve d’avoir un jour ”.
- “ Je ne suis pas d’accord avec la proposition de ma mère ou de mon père, mais je ne veux pas entrer en conflit avec mes parents qui se disputent déjà bien assez sous mon nez, donc je fais le choix d’obéir en silence ”.
Et pourtant, ils se marièrent, eurent des enfants, et divorcèrent quelques années plus tard, se rendant compte qu’ils n’étaient pas vraiment faits l’un pour l’autre. Et les enfants sont depuis ballotés depuis des années de l’un à l’autre couple, d’une région à l’autre, via la garde alternée. Suite à de nombreux malentendus invisibles, comme il en existe tant.
Notamment parce que la qualité de communication relationnelle n’est pas là, et que l’on ne dit pas vraiment ce que l’on veut au fond de soi, et aussi souvent par conformisme vis-à-vis de la “morale” ou de “la vie normale” supposées de la société.
Ce qui montre aussi que le silence, le conformisme et la résignation sont la mère de toutes les formes de dictatures, douces ou brutales.
→ Avez-vous déjà vu ou vécu des situations comme celles-ci, dans vos relations affectives, amoureuses ?
Comment l’avez-vous vécu ?
Et êtes-vous déjà arrivé-es à vous sortir de ce genre de situations et décisions paradoxales très insatisfaisantes ? Comment ?
( source : fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_d%27Abilene )
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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wacko
le samedi 18 mai 2013 à 13h51
GreenPixie
Ce qui montre aussi que le silence, le conformisme et la résignation sont la mère de toutes les formes de dictatures, douces ou brutales.
Oui je crois que c'est une tendance qu'on peut élargir à toute les cultures issus d'un terreau judéo-chrétien où le déni, la résignation, la douleur, la faiblesse (comme le définit Nietzsche) sont des valeurs qui sont mises en avant.
Pour répondre à tes questions :
Oui, j'ai été dans des situations de non-dit où le confort et la sécurité des protagonistes de la relation justifiait ceux-ci, cela débouchait sur des compromis non-explicité et oppressant.
C'est le genre de situations que j'essaye de faire voler en éclat en disant franchement les choses (désormais), en utilisant un vocabulaire pertinent mais dur.
Ma solution a fait des dégâts, je le cache pas. Parce qu'avec les gens avec qui on est susceptible de se retrouver dans ce genre de relation, il n'y a pas l'habitude que les choses soient dites ou alors de manière tortueuse et elliptique.
L'idéal, c'est de pas se retrouver dans ces situations là, parce que si on y est et qu'on en prend conscience, soit on s'y résigne (hum ...) soit on commence à dire les choses qui ne vont pas. La qualité de la communication est essentielle comme tu le disais mais aussi la capacité de positionnement des uns et des autres aussi.
Car au delà d'une communication biaisée (c'est un risque non négligeable), il y a juste des gens qui ne se positionnent pas sur certains points ou qui sont dans le déni de leur tentative de positionnement et dans ce cas-là même avec une communication fonctionnelle, il ne sera pas possible d'arriver à des décisions communes.
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(compte clôturé)
le samedi 18 mai 2013 à 16h12
Ha ben merci beaucoup, ce truc va énormément me servir - mais pas dans un cadre poly et affectif, plutôt professionnel en fait... I fucking love sociology :-D
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Tcheloviekskinoapparatom
le samedi 18 mai 2013 à 17h50
Ça me fait penser à ce que m'a dit une amoureuse de mon (plus) jeune temps, et dont je lui en suis toujours reconnaissant : "Exprime-toi clairement stp, je n'ai pas envie d'avoir à deviner constamment ce que tu penses."
Simple non ? Mais ça contre efficacement la tendance à être évasif pour laisser l'autre prendre une décision. Évidemment dans ce genre de cas on est évasif dans l'idée de ne pas s'opposer à l'autre, de lui laisser prendre une décision - mais dans ce cas on peut parfaitement être précis, dans le genre "personnellement je préférerais manger une pizza, mais je peux parfaitement m'adapter à l'idée de manger des sushis, que j'aie aussi beaucoup. En ce qui concerne la cuisine tibétaine, j'ai essayé et c'est franchement pas mon truc, mais comme je t'aime, pas de souci, on peut y aller pour te faire plaisir - cela dit je pense que je trouverais juste dans ce cas que la prochaine fois nous allions manger une pizza ou des sushi".
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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aviatha
le dimanche 19 mai 2013 à 01h51
Avez-vous déjà vu ou vécu des situations comme celles-ci, dans vos relations affectives, amoureuses ?
Comment l’avez-vous vécu ?
Pour être tout à fait honnête, je pense que n'importe quel monogame un tant soit peu attentionné dont le partenaire se révèle être polyamoureux est dans cette situation.
Il décrit le cas d’une décision prise (à contrecoeur), avec l’apparence de l’accord d’une majorité de personnes, mais basée [...] sur l’absence de choix pluriels réels.
En effet, quel autre choix a un mono que d'accepter la situation, ou du moins donner l'apparence de l'acceptation, y a-t-il vraiment une autre alternative qui lui soit proposée (je veux dire, autre que "si ça te va pas, tu peux partir", qui n'est pas vraiment un choix envisageable pour une personne amoureuse) ?
Personnellement, je ne suis pas fan de dire que cela me va quand ce n'est pas le cas, en revanche je reconnais que le malentendu peut venir du fait que j'ai tendance à minimiser mon désaccord, pour tenter de préserver la liberté de l'autre et ne pas l'entraver. Inutile de dire que, tôt ou tard, c'est un échec...
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Anarchamory
le dimanche 19 mai 2013 à 10h07
Aviatha, qu'est-ce qui pourrait te faire accepter le polyamour ? Quelles sont tes craintes exactes ? Quelle est la nature précise du mal que ton compagnon te fait en voyant cette autre femme ? J'ai l'impression que tu as déjà de bonnes bases pour le polyamour, pourtant, vu ce que tu m'as dit sur l'autre fil. Je dirais même que tu es polyamoureuse sans le savoir : une polyamoureuse monosexuelle dirais-je. En effet, apparemment, il n'y a que la question des relations sexuelles qui semble te poser problème.
(peut-être que tu as déjà répondu à ces questions sur d'autres fils, en ce cas toutes mes excuses...)
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Anarchamory
le dimanche 19 mai 2013 à 10h13
aviatha
En effet, quel autre choix a un mono que d'accepter la situation, ou du moins donner l'apparence de l'acceptation, y a-t-il vraiment une autre alternative qui lui soit proposée (je veux dire, autre que "si ça te va pas, tu peux partir", qui n'est pas vraiment un choix envisageable pour une personne amoureuse) ?
Si, dans les couples mariés, il y a une autre possibilité : vouloir mettre la pression sur son compagnon ou sa compagne pour qu'elle/il renonce au polyamour en arguant de l'engagement du mariage (il ne suffit pas de se dire : "je pars" pour cesser d'être marié, et le mariage, surtout religieux, contient un engagement d'exclusivité, même si c'est implicite et indirect : le fameux engagement à la fidélité conjugale... que pour ma part j'ai accepté en jouant sur les mots, contre l'interprétation commune du mot lorsqu'il est utilisé dans le cadre du mariage)
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aviatha
le dimanche 19 mai 2013 à 15h36
Si, dans les couples mariés, il y a une autre possibilité : vouloir mettre la pression sur son compagnon ou sa compagne pour qu'elle/il renonce au polyamour en arguant de l'engagement du mariage
J'ai dit "un tant soit peu attentionné". Faire pression sur quelqu'un pour qu'il aille à l'encontre de ses sentiments, ce n'est pas être un amoureux attentionné. C'est volontairement infliger de la souffrance à l'autre, ce qui à mon sens (et que cela soit en imposant la monogamie ou en imposant le polyamour à un monogame) n'est pas "aimer". Faire volontairement et en toute connaissance de cause un choix qui crée de la souffrance chez l'autre, ce n'est pas aimer l'autre, c'est aimer son nombril.
Pour les questions que tu me pose, peut-être y a-t-il une part sur le fil que j'ai crée, mais je veux bien reformuler.
Ce qui me ferait accepter le polyamour ? La même chose que toi le monoamour. Je pense que c'est quelque chose que nous sommes, pas que nous choisissons
Mes craintes, le mal que cela me fait ? Du chagrin, parce que cela heurte profondément comment j'aime, ce que je suis et ce que je crois. Parce que pour moi aimer c'est être "the both" "les deux ensemble qui sont un seul ensemble", et que cette forme d'amour tolère mal un tiers, de quelque côté que ce soit.
Quand à la sexualité, je crois que c'est tout le contraire^^ Je savais qu'il avait un côté coureur et séducteur, je me disais qu'il aurait des coups d'un soir, et alors ? On n'aime pas des coups d'un soir (et puis mon histoire personnelle fait que je distingue beaucoup sexualité et amour, mais ça...). Qu'il couche avec une autre une fois, où est le problème ? Qu'il est un plan cul sur le côté pendant un mois ou deux parce qu'on ne se voit pas beaucoup, et alors ? Mais qu'il l'aime... ça, je ne peux pas. J'essaye, je comprend, je me résonne, mais je ne peux pas.
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Anarchamory
le dimanche 19 mai 2013 à 19h59
aviatha
Si, dans les couples mariés, il y a une autre possibilité : vouloir mettre la pression sur son compagnon ou sa compagne pour qu'elle/il renonce au polyamour en arguant de l'engagement du mariage
J'ai dit "un tant soit peu attentionné". Faire pression sur quelqu'un pour qu'il aille à l'encontre de ses sentiments, ce n'est pas être un amoureux attentionné. C'est volontairement infliger de la souffrance à l'autre, ce qui à mon sens (et que cela soit en imposant la monogamie ou en imposant le polyamour à un monogame) n'est pas "aimer". Faire volontairement et en toute connaissance de cause un choix qui crée de la souffrance chez l'autre, ce n'est pas aimer l'autre, c'est aimer son nombril.
Est-ce que ce que tu dis s'adresse aussi à mon acceptation à contre-coeur et en jouant sur les mots de la fidélité conjugale ? Il est possible que j'ai été pas suffisamment attentionné à certains moments, je veux bien l'admettre sans peine, puisque, de toute façon, et sans vouloir me livrer à des comptes d'apothicaire, il me semble que ça a plutôt été, chez moi, l'exception que la règle, tandis que chez ma femme, j'ai l'impression contraire. Du reste, ce n'est pas comme si je m'étais caché de mes idées / aspirations. Jusque dans ma déclaration d'intention pour notre mariage, j'ai exposé mes idées, mes aspirations, ma conception personnelle de la fidélité distincte de l'exclusivité, le fait que je voyais cette dernière comme un compromis douloureux, que j'entendais circonscrire au strict minimum...
aviatha
Pour les questions que tu me pose, peut-être y a-t-il une part sur le fil que j'ai crée, mais je veux bien reformuler.
Ce qui me ferait accepter le polyamour ? La même chose que toi le monoamour. Je pense que c'est quelque chose que nous sommes, pas que nous choisissons
Mes craintes, le mal que cela me fait ? Du chagrin, parce que cela heurte profondément comment j'aime, ce que je suis et ce que je crois. Parce que pour moi aimer c'est être "the both" "les deux ensemble qui sont un seul ensemble", et que cette forme d'amour tolère mal un tiers, de quelque côté que ce soit.
Quand à la sexualité, je crois que c'est tout le contraire^^ Je savais qu'il avait un côté coureur et séducteur, je me disais qu'il aurait des coups d'un soir, et alors ? On n'aime pas des coups d'un soir (et puis mon histoire personnelle fait que je distingue beaucoup sexualité et amour, mais ça...). Qu'il couche avec une autre une fois, où est le problème ? Qu'il est un plan cul sur le côté pendant un mois ou deux parce qu'on ne se voit pas beaucoup, et alors ? Mais qu'il l'aime... ça, je ne peux pas. J'essaye, je comprend, je me résonne, mais je ne peux pas.
Pourtant, tu me dis qu'il a des amies proches et que ça ne te gène pas, donc je me suis dit que ce n'était pas le fait qu'il aime une autre femme qui te gênait, car assurément, il aime ses amies, et à mon sens, ce type d'amour est le même que l'amour "amoureux", c'est juste une question de degré. En outre, tu me dis que ça ne te gène pas s'il exprime de la tendresse envers ses amies, donc je me suis dit que ça ne te gênait pas non plus qu'il exprime cet amour dans une certaine mesure, ou que cet amour lui-même ne te gênait pas, du moment qu'il n'était pas d'un degré trop profond, c'est-à-dire : du moment que son expression corporelle "adéquate" ne consistait qu'en tendresse. J'en ai déduit que ce qui te gênait, c'était uniquement le sexe, ou du moins un degré d'amour suffisamment profond pour s'exprimer sexuellement.
Parce que finalement, dans votre relation, qu'y a-t-il de plus que :
de l'amitié très proche + de la tendresse (qui n'est d'ailleurs qu'une conséquence de l'amitié à mon sens) + du sexe (et j'inclus l'érotisme dedans) ? Si on analyse froidement la chose, peux-tu me le dire ?
Autre question : si ton compagnon avait un plan cul (chose que tu acceptes) avec l'une de ses amies les plus proches, comment réagirais-tu ?
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aviatha
le lundi 20 mai 2013 à 11h55
Alors, pour ce qui est de savoir si ce que je disais s'applique ou non à toi personnellement, j'en doute, puisque finalement au départ, si je comprend bien, tu as accepté à contre-cœur pour elle, donc dès le début, c'était toi qui subissait une forme de violence (toute proportion gardée s'entend). De plus, là je parlais surtout des cas où un équilibre non-violent existait au départ et où l'un veut le modifier alors que cela est violent pour l'autre. Quelque part, chez toi, il n'y a jamais vraiment eu d'équilibre non violent, non?
Ensuite, et je crois que nous avons déjà eu cette discussion, là où nous ne sommes pas d'accord, c'est qu'à mes yeux l'amitié et l'amour sont deux choses fondamentalement différentes. Exemple le plus extrême, histoire que tu comprennes bien, pour moi, il est normal d'être tendre avec des amis (je parle ici des vrais amis, ceux qu'on compte sur les doigts de la main, pas les amis facebook), comme on est tendre avec ses frères et soeurs, en revanche l'équation amis + sexe me fait presque l'effet de l'inceste.
Pour te répondre, dans notre relation, bien sûr qu'il y a de l'amitié, de la tendresse, de l'érotisme, mais il y a aussi bien plus. Il y a de l'admiration l'un pour l'autre, ce qui est rare avec nos amis, il y a une capacité commune de création artistique, ce qui est rare pour moi et unique pour lui, un degré de communion entre nous, jamais atteint avec personne d'autre et un inexplicable sentiment de complémentarité, également unique dans nos relations.
Pour la dernière question, il ne pourrait pas, il a une vision proche de la mienne. Il a peu d'amies très proches, et il les considère comme des sœurs.
Désolée GreenPixie, je crois qu'on fait dévier le post, hésite pas à recadrer quand tu veux^^
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Anarchamory
le lundi 20 mai 2013 à 12h22
aviatha
Alors, pour ce qui est de savoir si ce que je disais s'applique ou non à toi personnellement, j'en doute, puisque finalement au départ, si je comprend bien, tu as accepté à contre-cœur pour elle, donc dès le début, c'était toi qui subissait une forme de violence (toute proportion gardée s'entend). De plus, là je parlais surtout des cas où un équilibre non-violent existait au départ et où l'un veut le modifier alors que cela est violent pour l'autre. Quelque part, chez toi, il n'y a jamais vraiment eu d'équilibre non violent, non ?
Hum... effectivement, je crois qu'il y a toujours eu des rapports de forces, que ça soit psychologique, cognitif, physique (avec modération tout de même, je suis loin d'être un violent, hein, mais une fois je l'ai un peu brusqué parce qu'elle m'avait poussé à bout, psychologiquement et m'avait agressé de manière sonique avec un avertisseur de stade... je résume).
aviatha
Ensuite, et je crois que nous avons déjà eu cette discussion, là où nous ne sommes pas d'accord, c'est qu'à mes yeux l'amitié et l'amour sont deux choses fondamentalement différentes. Exemple le plus extrême, histoire que tu comprennes bien, pour moi, il est normal d'être tendre avec des amis (je parle ici des vrais amis, ceux qu'on compte sur les doigts de la main, pas les amis facebook), comme on est tendre avec ses frères et soeurs, en revanche l'équation amis + sexe me fait presque l'effet de l'inceste.
OK, je comprends. N'ayant pas de frère et sœur, je ne sais pas si je pourrais pratiquer l'inceste avec eux, cependant il est clair qu'avec mes parents, je ne pourrais pas... A noter néanmoins que l'inceste ne me pose pas de problème éthique à partir du moment où il a lieu entre adultes consentants.
aviatha
Pour te répondre, dans notre relation, bien sûr qu'il y a de l'amitié, de la tendresse, de l'érotisme, mais il y a aussi bien plus. Il y a de l'admiration l'un pour l'autre, ce qui est rare avec nos amis,
Ah, pas moi : je suis souvent admiratif de mes vrais amis. Je dirais même que ça va bien avec l'amitié.
aviatha
il y a une capacité commune de création artistique, ce qui est rare pour moi et unique pour lui, un degré de communion entre nous, jamais atteint avec personne d'autre et un inexplicable sentiment de complémentarité, également unique dans nos relations.
Pour la dernière question, il ne pourrait pas, il a une vision proche de la mienne. Il a peu d'amies très proches, et il les considère comme des sœurs.
OK. Mais s'il avait un plan cul avec une femme, que ce plan cul devienne régulier, et qu'il occasionne, ce qui ne serait pas anormal, qu'avec cette femme ils finissent par mieux se connaître, puis s'apprécier, puis s'admirer, puis discuter de choses et d'autres, etc. bref, tu vois où je veux en venir : si des sentiments d'amitié venaient à se nouer entre eux, est-ce que tu serais choquée ? Car peut-être qu'il considère ses amies comme des sœurs, et toi tes amis comme des frères ; néanmoins, l'existence de sentiments d'amitié, chez lui, et même chez toi, ne semble pas nécessairement impliquer le passage au statut d'ami(e)-vu(e)-comme-un-frère-ou-une-soeur, puisque tu admets qu'entre vous deux, il existe bel et bien de l'amitié (mais, pour autant, vous n'êtes pas simplement amis au sens que vous donnez à ce mot, puisque vous avez des relations sexuelles entre vous).
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aviatha
le lundi 20 mai 2013 à 15h06
Ah ouais, ça a l'air d'avoir été mouvementé entre vous, tu m'étonnes que tu te sentes à bout...
Sur le sujet de l'inceste, c'est plus une question de ressenti que d'éthique, ça fait juste partie des trucs où "non" (je sais pas trop comment l'expliquer mieux que ça^^).
Pour répondre à ta dernière question, je ne serais sans doute pas "choquée" parce qu'on est choqué que des trucs qu'on voit pas venir, et quelque chose comme ça, il m'en aurait forcément parlé depuis le début.
Ensuite, avant j'aurais peut-être laissé les choses filer, mais maintenant que je suis échaudée, sans doute que je lui aurais demandé, avant justement que cela ne devienne quelque chose de véritablement important, de mettre un terme, ou du moins un frein à tout cela, car je sais qu'il y a des situations que je ne suis pas capable, émotionnellement, de gérer. Et je pense qu'il aurait compris et respecté cette limite chez moi.
Pour ce qui est de notre amitié, c'est différent. Nous n'étions pas amis avant. Nous nous sommes rencontrés en vacances, ça a été le coup de foudre, c'était sensé durer 8 jours, le temps du séjour... et nous n'avons pas réussi à nous séparer, malgré les 250km de distance physique, c'était chimique, électrique, magnétique, ce que tu veux, nous avons appris à nous connaître dans ce contexte, l'amitié est venue progressivement se greffer à tout ça, elle n'a pas suivi le chemin "classique" chez nous.
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Anarchamory
le lundi 20 mai 2013 à 15h47
aviatha
Pour répondre à ta dernière question, je ne serais sans doute pas "choquée" parce qu'on est choqué que des trucs qu'on voit pas venir, et quelque chose comme ça, il m'en aurait forcément parlé depuis le début.
Quand il a commencé à avoir des sentiments amoureux pour... euh... sa maîtresse ? ta rivale ?... je ne sais trop comment la nommer :) enfin cette autre femme avec qui il a une relation amoureuse présentement en plus de toi, il ne t'en a pas parlé ?
aviatha
Ensuite, avant j'aurais peut-être laissé les choses filer, mais maintenant que je suis échaudée, sans doute que je lui aurais demandé, avant justement que cela ne devienne quelque chose de véritablement important, de mettre un terme, ou du moins un frein à tout cela, car je sais qu'il y a des situations que je ne suis pas capable, émotionnellement, de gérer. Et je pense qu'il aurait compris et respecté cette limite chez moi.
Intéressant. Donc :
- S'il n'y avait pas eu cette fameuse femme dans sa vie dont il se dit amoureux, il aurait pu développer, néanmoins, des "amitiés sexuelles" : mais au fond, quelles raisons as-tu de penser qu'avec cette autre femme, ce n'est pas de l'amitié sexuelle, tout simplement ? (quelque soit le chemin que ça ait pris pour en arriver là).
- Il semble (en tout cas à présent) que ce qui te dérange, ce n'est pas le cul hors couple de ton compagnon, ce n'est pas l'amitié hors couple de ton compagnon, c'est lorsque les deux se conjuguent pour une même personne. Donc deux trucs qui ne te dérangent pas deviennent un truc qui te dérange. Deux faisceaux de lumière mélangés deviennent de l'ombre... J'essaye de te faire réfléchir sur la bizarrerie de la chose.
- Je dirais même que ce qui te dérange (actuellement), ce n'est même pas tant l'amitié sexuelle hors couple, mais que celle-ci prenne trop d'importance, puisque tu concèdes que tu lui aurais demandé, du moins, de mettre un frein.
Le véritable problème ne serait-il pas que tu crains de perdre ton statut de "préférée", de "numéro 1" ? Si c'est le cas, il me semble que tu pourrais peut-être réussir à te satisfaire d'une situation de polyamour "hiérarchique" avec une relation primaire (toi et lui) et des relations secondaires (lui et son autre amoureuse, par exemple). Mais peut-être as-tu des raisons de croire ou de craindre que votre "statut", à toutes deux, est équivalent à ses yeux, voire, pire, que c'est votre relation à tous les deux qui passe au second plan ?
aviatha
Pour ce qui est de notre amitié, c'est différent. Nous n'étions pas amis avant. Nous nous sommes rencontrés en vacances, ça a été le coup de foudre, c'était sensé durer 8 jours, le temps du séjour... et nous n'avons pas réussi à nous séparer, malgré les 250km de distance physique, c'était chimique, électrique, magnétique, ce que tu veux, nous avons appris à nous connaître dans ce contexte, l'amitié est venue progressivement se greffer à tout ça, elle n'a pas suivi le chemin "classique" chez nous.
C'est pourquoi, du coup, je t'avais proposé cet exemple non-classique d'émergence d'une amitié sur la base d'un plan cul ^^
Désolé d'être aussi bavard, au fait ;)
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aviatha
le lundi 20 mai 2013 à 16h55
Ne t'inquiète pas c'est tout à fait intéressant ^^
Alors premièrement, oui, il m'en a parlé. Plus encore, il a été "en lutte" contre lui même pendant 8 mois avant de finir par se déclarer, presque sur un coup de panique, de peur de la perdre. Et, plus que cette matérialisation dirons-nous, c'est la proportion que cela a pris qui me dérange.
Comment je sais que ce n'est pas juste de l'amitié sexuelle ? Parce qu'il me le dit. Il me dit qu'il est amoureux, passionné, et qu'en ce moment c'est assez fusionnel, et quand il me dit quelque chose, je le crois.
Encore une fois, du coup, ce n'est pas la question du sexe ou de l'amitié, mais je crois que toi et moi avons un problème de définition là-dessus :-) le problème est qu'il l'aime, d'amour, et que l'amour est autre chose que de l'amitié et du cul mis en ensemble. Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, chez moi c'est un ressenti, d'une évidence si limpide, que j'ai du mal à définir cela.
Soyons honnêtes, sans doute pourrais-je me contenter du statut de "primaire", mais je sais que je peux m'en contenter un temps, le temps pour lui de vivre cela, je ne peux pas m'en satisfaire, c'est incompatible avec ce que je ressens et ce que je suis. C'est tout. Cela ne veut pas dire que je ne peux pas m'en accommoder un certain temps, mais j'ai déjà bien épuisé mes réserves, et je sens que le temps file. Le vrai problème est que, si ce n'est notre "statut", du moins son ressenti pour toutes les deux est équivalent (encore une fois, je n'imagine rien, il le dit lui-même). Pire encore, c'est une mono. Au début de leur relation, elle a espéré, au début du premier soir, mais il tout de suite été très clair là-dessus, qu'il me quitterait pour elle. Et déjà, depuis quelques jours, elle ne supporte plus d'être "dans mon ombre", elle veut plus de temps, plus de place, et j'ai déjà beaucoup donné. Plus, je ne peux pas.
Je fais autant que je peux pour respecter ses désirs et ses sentiments, j’attends aussi en retour qu'il respecte les miens. Je pense qu'il a, en amour comme partout, des choses sur lesquelles on peut céder, des choses qui nous importent et d'autres pas. Pour résumer trèèèèès grossièrement, je peux me contenter d'être la "préférée" (même si on sait tous les deux que c'est plus compliqué que cela), mais ce n'est pas ce que je veux. Je veux être la seule, "the one" (décidément je trouve les expressions anglaises très parlantes) "l'unique numéro 1 élue", et cela d'autant plus qu'il est dans la même attente (va lire sur mon fil, il doit être en page 2, le bout de conversation avec lui que j'ai rapporté dans le dernier post, ça te donnera une idée) : si j'en aimais un autre avec qui j'envisageais de vivre une partie de ma vie, il serait dévasté.
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Anarchamory
le lundi 20 mai 2013 à 18h09
Merci pour tes éclaircissements. Du coup, je comprends BEAUCOUP mieux le problème que ça te pose. Je ne pense pas, du coup, que ton compagnon soit polyamoureux — et, du coup, je ne suis pas persuadé qu'on puisse t'être utiles pour le comprendre : je dirais même que, d'un seul coup, je me sens beaucoup plus proche de toi que de lui — puisqu'il ne supporterait pas que tu fasses comme lui. Et sinon, effectivement, nous avons un problème de définition : je crois que ce que tu appelles "amour", c'est ce que j'appelle "passion amoureuse". Si je refais ma vie avec quelqu'un un jour, je ne souhaite pas qu'il y ait de la passion amoureuse entre nous. Pour moi, c'est à l'amour ce que l'eau de vie est à l'eau de source : ça plonge dans l'ivresse mais ça détériore la santé physique et mentale à la longue. C'est donc à consommer avec modération :) Je pense que la passion amoureuse peut difficilement se conjuguer au pluriel, au contraire de l'amour-amitié. Je sais que d'autres ici ne sont pas d'accord, mais Françoise Simpère est de cet avis aussi.
Le fait qu'elle soit, elle aussi, une mono, et te voit donc, également, comme une rivale, est excessivement malsain pour l'équilibre relationnel de ce "triangle amoureux", à mon avis.
Cela fait combien de temps, déjà, que vous êtes ensembles ?
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aviatha
le lundi 20 mai 2013 à 18h30
Effectivement, je finis par le penser de moins en moins, au fur et à mesure que je vous lis. Je finis par croire ma première impression : nous nous sommes connus trop tôt, il a eu très peu d'expériences avant moi et, peut-être, besoin, pour se construire, de ce décrochage.
En même temps, les problématiques que nous rencontrons sont semblables aux vôtres (ne pas vouloir choisir, ne pas se laisser déborder par la jalousie...). De son côté, sans doute, il "supporterait" parce qu'il voudrait que je sois heureuse, mais cela le rendrait très malheureux... exactement la situation inverse de maintenant en fait.
Pour la définition, sans doute, à l'inverse que je ne conçois pas de "véritable amour" sans "passion amoureuse" dans ce cas. Mais, étrangement, pour moi cette passion est très bénéfique :-) je l'ai dit sur l'autre fil, mon esprit est assez... instable, mais il a réussi à créer quelque chose autour de nous qui stabilisait tout cela. Aussi, sans doute, depuis que la situation est instable, je vis très mal le retour de mes symptômes, comme on a peur de la rechute d'une maladie dont on a beaucoup souffert. Et je crois aussi, que la "passion" est une chose trop fusionnelle pour supporter longtemps un tiers.
J'essaye de ne pas la voir comme une rivale. Elle n'y est pas pour grand chose, et s'il l'aime c'est que c'est quelqu'un de bien, je n'ai aucun doute là-dessus. Elle s'est inquiété de mon état au plus fort de la crise et j'essaye de ne pas la faire se sentir coupable. J'aurais aimé en faire mon amie sans doute, mais c'est au-dessus de mes forces.
En juillet cela va faire 6 ans, 6 ans sur les tout juste 22 de ma vie, dont 5 ans presque sans nuage, dont 8 mois avec cette petite épine dans le cœur et bientôt 4 mois de cette "boule" permanente au fond de moi... et de lui aussi, il a tant de mal de me savoir comme ça.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.