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Discussion : En parler aux enfants (ancien titre : Dire beaucoup, en peu de mots)

GeorgyPorgy
le lundi 23 mai 2022 à 18h05
Modération : ce sujet ayant dévié vers un sujet différent peu évoqué sur le forum et pourtant si important, le titre a été modifié pour lui donner plus de visibilité. Les premiers messages sont donc en rapport avec le sujet entre parenthèses.
Bonjour à tous.tes,
Ce matin je suis tombé sur un très joli post du compte loreillequijouit sur instagram.
Il m'a beaucoup touché, dans le sens où il résume beaucoup de choses en si peu de mots & de manière très poétique. Et notamment sur des choses dont beaucoup d'entre nous discutent ici...
"J'ai peur. J'ai peur que tu ne viennes pas. Que tu aies changé d'avis. Que tu ne puisses pas lui faire ça, à elle, mais à moi si."
Discussion : Cherche conseils pour réessayer le polyamour

GeorgyPorgy
le vendredi 20 mai 2022 à 10h58
D'accord sur ce dernier point. Le distinguo entre "protection" & "restriction" que tu fais Geraaldine dépend peut-être du point de vue où l'on se place. Pour le compagnon, on comprend bien qu'il va s'agir de mettre en place des moyens qui vont lui permettre de ne pas (re)vivre des souffrances déjà endurées. Pour @Nicka, dans la mesure où elle est en quête de plus d'ouverture, la tentative de geste de son compagnon (d'accord mais uniquement comme ceci, comme cela, et pas dans ces conditions...) sera probablement perçue comme une restriction.
Ca renvoie à un échange qu'on avait avec @lau93 sur une autre conversation & qui évoquait globalement "l'incommunicabilité" (appelons ça comme ça) entre deux individus qui vivent une même situation de manière très différente. Je parlais de dialogue de sourds, @lau93 évoquait l'image du caillou dans la chaussure... Ce qui est certain, à mon sens, c'est que bien souvent on ne se trouve pas là dans un dialogue, une conversation (au sens propre du terme), mais plutôt dans un débat - où des points de vue divergents se confrontent. Ce qui se transmet entre les 2 qui communiquent relève plus d'arguments (j'essaie de te convaincre, d'obtenir ce que je souhaite, de me protéger, de défendre ma position) que de l'expression de ce que je ressens en mon for intérieur. On est plus dans une dynamique de pouvoir (qui aura gain de cause?) que dans une dynamique de communication (comment j'essaie de te & me comprendre, comment tu essaies de te & me comprendre, et est-ce qu'on est capable de faire quelque chose de tout ça?)
Tout l'enjeu ici, est probablement de trouver une voix de communication entre eux, qui permettent à chacun à la fois de s'exprimer & de se sentir écouté.e de manière authentique.
On a parfois l'illusion d'être dans la communication, quand en fait on n'y est pas. Au lieu de cela, on se trouve dans un boucle qui se répète & qui entretient une souffrance de part et d'autre.
Avoir le sentiment "d'avancer", de progresser à l'issue d'échanges est ici essentiel.
Savoir trouver ou retrouver une forme d'empathie honnête & désinteressée vis-à-vis de son partenaire peut-être très difficile à mettre en place, d'autant plus quand on ne s'y est jamais habitué par le passé, qu'on n'a pas cette compétence émotionnelle, cette culture (?) ET d'autant plus quand cela doit se produire dans de telles situations (qui rajoutent toutes la couche d'émotions désagréables, souffrantes qu'on leur connait).
Il est extrêmement bouleversant pour un.e partenaire de se confronter à l'émergence chez son/sa conjoint.e de sentiments amoureux pour autrui. Cela renverse des "certitudes", cela révolutionne tout un eco-système émotionnel qui a pu se mettre en place tout au long des années passées ensemble. J'ai lu ce matin un post sur le "poly-bombing" qui résume bien ce que traverse le.la conjoint.e, qui se retrouve du jour au lendemain, propulsé dans quelque chose qu'il n'a pas souhaité, dans un monde émotionnel totalement inconnu de lui/elle, qui renverse les bases de son histoire, c'est une véritable tempête. Sans parler des nombreuses situations où a eu lieu préalablement de la dissimulation, du mensonge etc.
Confronté.e à cela:
- Soit il/elle peut totalement rejetter toute forme d'évolution de la relation (et c'est totalement valide, il/elle a ses raisons quand a été faite la démarche d'y réflechir "pour de bon").
- Soit il/elle peut, malgré la tempête, entrevoir ne serait-ce que des bribes de positif dans ce grand flou, des bénéfices dans une ouverture potentielle (la remise en cause de certains aspects installés intuitivement dans le passé peut présenter un semblant de sens pour lui/elle, malgré les souffrances occasionnées). Il/elle peut se mettre à simplement questionner son rapport à notre "monogamie internalisée" pour tenter de donner un sens plus personnel à sa manière de vivre son sentiment amoureux, ses relations etc.
L'enjeu est peut être d'arriver à déterminer si, quand tout cela a été mis sur la table, la dynamique globale se situe d'un côté ou l'autre de ce spectre. Et de continuer à entretenir la communication, préciser en soi et pour les autres ses motivations profondes, dans des moments propices et bienveillants, en se basant sur cette dynamique.
Un autre élément intéressant à considérer est le fait que, dans notre culture "romantique" occidentale, il y a une dimension de sacrifice pour l'autre, pour l'amour de l'autre...Ca peut être très inconscient. Mais il faut rester prudent sur l'acceptation "en apparence" de gestes d'ouverture qui font abstraction ou trahissent des besoins, émotions, limites réelles. Et qui s'avèrent être au fond des tentatives désespérées (vaines?) de protection personnelle. En cela, je trouve que la manière dont @cactus présente l'expression des limites est plus saine, car elle permet l'expression réelle des attentes & non pas une pseudo-autorisation à l'autre qui n'apportera de toute façon pas satisfaction (au risque d'entretenir le dialogue de sourds cité plus haut).
Au final, la politique des petits pas passe peut-être d'abord par essentiellement de la communication, plutôt que par la réalisation effective dans la pratique de la relation souhaitée, même si cela peut être difficile à digérer (car impliquant de la renonciation, une rupture du fait de sa relation qui cherche aussi à se protéger ou qui refuse de maintenir un lien).
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Cherche conseils pour réessayer le polyamour

GeorgyPorgy
le jeudi 19 mai 2022 à 09h20
Bonjour @Nicka,
Désolé de lire tes nouvelles, qui ne semblent pas franchement en accord avec tes attentes :-/
Je reviens donc sur ce que je disais précédemment : ta relation avait effectivement des attentes, son refus des limites fixées (imposées?) en témoigne... Le fait qu'il se définisse comme polyamoureux ne l'exempte pas d'avoir des désirs, des attentes, des aspirations à ton égard & peut-être sent-il que les modalités offertes vont être plutôt source de difficultés / frustrations / souffrances que le contraire.
Quelque chose de frappant dans la manière dont tu écris, retranscris les choses ("mon compagnon a défini avec moi des limites que je ne devais pas dépasser"). Je ne sais pas si la tournure de la phrase est faite à dessein, ou si c'est juste sorti comme cela, mais en tout cas elle laisse clairement transparaitre ce que décrit @cactus & ce que je questionnais dans une précédente réponse. A savoir : est-ce que les "limites" en question relèvent de la tentative de contrôle ou d'une approche prudente des petits pas. Ta tournure de phrase laisse penser que les limites te sont imposées, et que tu les acceptes à défaut de mieux. Dans le fond, elles donnent l'impression de te laisser une possibilité de vivre la relation, quand dans les faits, elles auront probablement l'effet de t'en empêcher (peux-tu vraiment te contenter de voir quelqu'un qui t'attire au délà du platonique dans ces circonstances, sans jamais partager un moment de proximité seule à seul?)
Il y a une phrase que j'aime beaucoup sur ce sujet (que je traduis ici de l'anglais) : "Les murs permettent de garder les intrus dehors. Les limites enseignent aux gens où se trouve la porte".
Discussion : Cherche conseils pour réessayer le polyamour

GeorgyPorgy
le mercredi 18 mai 2022 à 15h48
Hello @Nicka,
Je comprends mieux pourquoi tu ne citais pas la tierse personne - compte tenu de ta réponse, c'est donc probablement que cette dimension n'est pas problématique en soi (et c'est heureux de ce point de vue...)
La situation était l'opposée dans ma propre histoire (la personne n'était pas ok avec le polyA), et je pense qu'avec elle, nous n'avons pas su trouver le moyen de nous communiquer "correctement" les attentes respectives... Ou peut-être ont-elles évolué différemment en cours de route... En tout cas, j'en garde un fort sentiment d'inachevé, y compris longtemps après la rupture. Cela a rajouté de la difficulté car j'ai du apprendre à gérer cela sur les deux "fronts" pour moi-même & dans le respect des autres...
Je vous souhaite en tout cas, à toi & à ton compagnon, de trouver les moyens de vous entendre & vous épanouir.
Discussion : Cherche conseils pour réessayer le polyamour

GeorgyPorgy
le mardi 17 mai 2022 à 09h49
Bonjour @Nicka,
Je rejoins @Geraaldine sur son constat.
Tu peux mettre en place tout un tas de choses dans ton attitude, ton comportement, tes mots à l'égard de ton compagnon. Cela participera bien entendu à sa ré-assurance, s'il sait les noter, les voir et les recevoir.
Mais, fondamentalement, il y aura une part de la question sur laquelle tu n'auras aucune prise personnellement, qui est difficile à définir / délimiter, mais qui en tout cas le concerne LUI en premier lieu. Qui relève uniquement de son individualité, de son vécu, de ses émotions.
Ce que je veux dire, c'est que pour que cela se passe relativement "bien" (j'imagine), il faut que ton compagnon en tire quelque chose qu'il ressent comme bénéfique pour lui-même. S'il se lance là dedans uniquement dans le but de te satisfaire, ou dans le but de conjurer ce qu'il perçoit comme un risque que tu t'éloignes de lui si tu n'obtiens pas ce que tu désires, alors il se peut qu'il soit compliqué que cela fonctionne...
Il y a aussi une dimension que tu n'évoques pas du tout dans ton post, qui pourtant est fondamentale & pourrait apporter une couche de complexité supplémentaire à tout cela : quid de cette troisième personne? Cet homme a probablement des attentes, conscientes ou inconscientes, vis-à-vis de cette relation naissante. Echanger autour de tout cela me parait tout aussi important...
Ce que je pense avoir tiré de ma "courte" expérience d'une telle situation, c'est que la personne chez qui naissent ces sentiments pour plusieurs personnes peut développer l'illusion qu'il lui appartient de gérer ces questions & que, par ses actions de sécurisation des autres personnes impliquées, sa communication, elle aura en quelque sorte un certain "pouvoir" pour faire évoluer la situation favorablement. C'est d'ailleurs ce que nous incite à faire les ressources, la litterature sur le sujet - et ça reste bien entendu absolument nécessaire. Mais il faut à mon sens rester prudent.e, conscient.e du fait que tout ne repose pas sur nous. La manière dont les autres personnes vivent la situation est une dimension critique, et il est parfois bien difficile de percevoir cela en toute bonne foi, sans s'encombrer de ses propres attentes (qui sont en plus boostées par nos émotions en cours, un certain souci d'urgence, une NRE ou que sais-je encore).
Il faut apprendre peut être à intégrer un certain lacher-prise là dessus & s'efforcer de se faire aussi une idée plus ou moins claire de ce vivent ces autres personnes, s'assurer que pour eux/elles la balance de cette situation est plus positive que négative (je ne sais pas si je parviens à exprimer mon idée clairement - je l'espère en tout cas :) )
Concernant les limites elles-mêmes, ce forum donne un bon aperçu du fait qu'il n'y a "pas de règle" : chaque histoire est différente, et chacun.e doit pouvoir fixer des modalités qui leur convienne. Cependant, quand tu évoques ce point précis, on a l'impression que ton homme ne vit pas la relation sereinement : d'un côté il semble lacher (uniquement les pauses déj) pour te permettre de vivre cette histoire, d'un autre côté tu sembles t'en accomoder à défaut de mieux (au risque de rapidement t'en sentir frustrée). Soit c'est un moyen d'y aller à petits pas pour, ensemble, se rassurer, ça passe finalement, on arrive à le gérer & vous vous accorderez pour étendre ces limites progressivement vers quelque chose de plus satisfaisant? Soit c'est une tentative de maintenir un contrôle sur le situation afin d'éviter qu'elle n'aille "plus loin", qu'elle n'évolue vers quelque chose de plus engageant émotionnellement?
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : [Presse] Amour : que faire si on aime deux personnes en même temps ? Medisite, mai 2022

GeorgyPorgy
le lundi 16 mai 2022 à 12h23
Aki
Oui, c'est stupide comme faux dilemme.
C'est d'ailleurs le sujet de cette BD.
@Aki
Merci pour le lien vers le fil cité, j'étais passé à côté :)
Discussion : [BD] A polyamorous person’s guide to coming out to your monogamous partner

GeorgyPorgy
le lundi 16 mai 2022 à 12h22
Jack Haddy
Rien à voir avec la BD, mais trop envie d'en remettre une couche par dessus la couche de @Siestacorta .
J'ai eu quelques réactions de dégoût, parfois des larmes, en lisant certains témoignages de monos poly-aspirés, et en échangeant avec certain-e-s par d'autres canaux. Dans un contexte où le mot "amour" revient si souvent.
Je me questionne parfois sur la manière dont ce mot est perçu par le quidam lambda. Dans la mono-cyclopédie intégrée à mon cerveau, l'amour est avant tout une chose altruiste, l'élan irrépressible et sincère de faire fleurir l'autre, sans se soucier de soi. Et la joie de cet accomplissement et de ce don. Comment l'application de ceci peut-il générer tant de souffrance?
Comment le/la polyamoureu-x-se peut-il prétendre aimer plusieur-e-s alors qu'il échoue si souvent, au vu des témoignages ici, à aimer et prendre soin de sa relation historique? C'est quoi, "prendre soin", d'ailleurs? J'entends ces mots 46 fois par jour, je n'arrive pas à y mettre une once de sens.
(l'inclusif est en train de me saouler, nda)
Ma définition de l'amour est-elle trop élitiste, trop pure, trop idéale? Je n'en sais rien, mais c'est la mienne, et elle fait partie intégrante de moi.
Polyamoureux, soyez reconnaissants du travail et des souffrances de vos mono-suivants. Sentez-vous honorés de recevoir ces dons. Ils sont bien plus importants que ce que vous percevez.
J.
@jack Haddy,
C'est la première fois que je décide d'interragir avec toi, mais j'ai suivi ici la plupart de tes interventions avec attention & souvent presque avec "plaisir" (malgré la complexité des sujets abordés) du fait de la qualité de ta prose, de la manière éclairante dont tu tournes tes idées & ce sens de l'humour ô combien important....
Ta dernière intervention ci-dessus me parle beaucoup & me pousse ce matin à y réagir.
Je me sens, intellectuellement, en accord avec la définition de l'amour que tu nous donnes. Mon expérience relativement récente d'acceptation de mon inclination poly, sur laquelle je ne reviens pas ici, m'a cependant amené à percevoir nombre de difficultés m'empêchant d'appliquer cette définition dans la pratique.
La difficulté pour moi a été de faire le tri entre ce qui relève du sentiment amoureux (dans cette fameuse définition "idéale", altruiste, désintéressée) et ce qui relève de passions / émotions plus "égotiques" (ce dont j'ai profondément envie, ce que j'aspire à voir se réaliser dans mon existence, ce que je n'accepte pas que les circonstances me refusent). Je pense que c'est un des aspects avec lesquels je me suis le plus débattu mentalement au cours des 2/3 dernières années, qui coincident avec mon entrée & mon cheminement dans ces questions. Arriver à différencier tout cela, y voir plus clair, détecter & neutraliser ces "débordements" qui ne participent pas de l'amour, mais en sont peut être les parasites au final - quel combat.
Tu poses la question du sens du "prendre soin". Chacun peut en avoir sa propre définition, mais pour moi, le fondamental en ce domaine a vraiment été de faire l'apprentissage de l'altérité en mon for intérieur (expérience que je ne pensais pas avoir faite jusque là). Non que je sois dépourvu naturellement de sensibilité à la base (bien au contraire), mais je pense que cette expérience de l'autre me passait probablement au dessus... J'avais l'impression d'écouter ce qu'on me disait, de voir ce qu'on me montrait, mais avec mon regard d'aujourd'hui, je sais que ça n'était pas ENTIEREMENT le cas. Parvenir à se débarrasser du biais, du prisme de son propre regard sur les choses, surtout en cette époque qui exacerbe l'individualisme, doit rester, en plus, un souci permanent pour réellement parvenir à prendre soin. Quand à savoir si les autres (notamment ces relations intimes qui comptent, ont compté pour moi) font l'expérience de l'altérité en elles à mon égard, cela reste une grande question qui continue de me tourmenter, mais j'arrive à vivre avec en m'efforçant de ne pas leur en faire porter quelque responsabilité...
Je me dis souvent, aujourd'hui, que je m'épuisais mentalement & physiquement à essayer de faire advenir des choses qui relevaient fondamentalement de mes envies, aspirations, fantasmes (je ne parle pas ici de sexualité) personnel.les. Tout cela renforcé par des projections sur l'apparente validité, solidité, cohérence de l'éthique poly.
Mes relations (la personne dont je suis tombé amoureux, ainsi que ma compagne) aspiraient toutes deux à autre chose.
L'amour ne fait pas tout. Il peut y avoir de l'amour. Mais il est aussi possible, qu'au delà, TOUT le reste s'avère impossible. L'amour peut continuer à exister, en nous, tout en acceptant qu'il n'advienne pas dans les circonstances escomptées.
Je ne m'interdis pas de penser que les choses puissent évoluer, mais cela ne m'appartient pas (ou pas complétement) et mes aspirations n'ont pas plus de légitimités que celles des autres parties impliquées.
Discussion : [Presse] Amour : que faire si on aime deux personnes en même temps ? Medisite, mai 2022

GeorgyPorgy
le jeudi 12 mai 2022 à 16h39
A propos de cette expression "sortir de sa zone de confort", je ne sais plus où j'ai lu cela (peut être ici?) mais la personne disait préférer utiliser le verbe "étendre" que "sortir"
=> "étendre sa zone de confort" - j'y vois là une manière plus pertinente de parler de ces processus d'interrogation, de cheminement qu'on évoque. Sortir ca me fait penser à s'aventurer dans un endroit risqué, pour revenir au plus vite possible se remettre à l'abri... Etendre à un aspect plus perenne, on est devenu plus à l'aise dans une zone plus large qu'initialement :)
Discussion : [Presse] Amour : que faire si on aime deux personnes en même temps ? Medisite, mai 2022

GeorgyPorgy
le jeudi 12 mai 2022 à 12h20
Je suis d'accord avec toi @Aki sur le fait que le discours de l'article est très centré sur la cellule du couple. C'est très problématique & symptomatique de l'emprise qu'a cette structure sur les représentations de la vie amoureuse je trouve.
Quasiment à aucun moment n'est envisagé le fait que ce qui se joue dans ces situations ne concerne pas uniquement un individu A et un individu B. Il y a aussi toujours au moins une autre personne C dans l'équation. Cela invibilise totalement son expérience de la situation, ses émotions, ses attentes, son vécu. C'est super violent & brutal, et c'est probablement la manière dont ça se passe pour une grande majorité de gens qui se tournent vers une "thérapie de couple".
Bien sur, dans le contexte où dans un couple pré-existant, quand l'un (ou les deux!) des partenaires développent des sentiments pour une tierse personne, se tourner vers une aide extérieure peut être aidant, salutaire, source de dépassement de difficultés... Mais pour l'avoir vécu moi-même, j'ai souvent ressenti AUSSI dans ce cadre un vide autour de cette question, pour ne pas dire un malaise. On parle et on traite des difficultés posées au couple par la relation de A avec C, en l'absence de C, sans tenir compte de ce qu'il / elle traverse. On annule complétement sa propre individualité.
Au final, dans une certaine mesure, même notre manière d'essayer de se faire "aider" par un thérapeuthe bienveillant envers ces questions, s'avère problématique.
Un truc qui me gêne beaucoup aussi dans l'article, c'est l'incapacité à envisager l'ajout d'une nouvelle relation comme un possible valide. En gros, si tu développes des sentiments pour un tiers quand tu es déjà avec quelqu'un, soit tu te fais violence pour les tuer, soit tu quittes ta relation historique. Sinon, c'est que tu es faible, incapable de prendre des décisions "d'adulte", de sortir de ton petit confort. L'exclusivité est la seule voie possible et souhaitable pour les gens "normaux" (sic).
Au nom de quoi vouloir que les deux co-existent serait tellement impossible??
Ah ah, plus je pense à cet article, plus je me sens révolté désolé les amis.
Discussion : [Presse] Amour : que faire si on aime deux personnes en même temps ? Medisite, mai 2022

GeorgyPorgy
le mercredi 11 mai 2022 à 14h22
lau93
mais TELLEMENT!
D'où l’intérêt de décrypter la langue de l'autre et de pouvoir envisager ses représentations a l'aide de ce nouveau vocabulaire mais il y a du taf... Le parallèle que je fais c'est que le deux se baladent dans un paysage grandiose mais le mono a un caillou dans sa chaussure, ils ne voit plus trop bien le paysage à cause de ce caillou qui le belsse à chaque pas et le poly, lui, ne voit pas en quoi un caillou pourrait empêcher d’apprécier le paysage: "enfin, regardes tu vois bien que c'est magnifique!, profites!"
L'image du caillou & la manière dont chacun s'en occupe est très bien choisie @lau93
Ca renforce aussi l'idée selon laquelle celui qui galère le plus (à cause de ce fichu caillou) doit être prioritaire - ce serait nécessaire de s'en débarasser pour pouvoir apprécier ce paysage. Lui dire "enfin regarde...oublie ton caillou" ne produira jamais l'effet escompté, et sa souffrance perturbera de toute façon sa capacité à profiter du paysage.
Après il y a aussi les gens qui refusent d'emblée la fameuse balade... caillou ou pas :)
Discussion : [Presse] Amour : que faire si on aime deux personnes en même temps ? Medisite, mai 2022

GeorgyPorgy
le mercredi 11 mai 2022 à 13h31
Hello,
merci @bonheur pour le partage de cet article que je viens de lire.
Il m'inspire des sentiments (très) mitigés par rapport à ma propre expérience de cette situation, que j'ai vécue, que je vis encore au fond - mon avis reste donc subjectif mais je trouve qu'il y a quand même pas mal d'élèments problématiques dans le discours tenu.
En vrai, lorsque je cherchais l'aide d'un thérapeuthe, j'ai eu à me confronter à ce genre de points de vue qui au final relève quand même d'un "parti pris" & peut avoir tendance à poursuivre le processus d'auto-culpabilisation de beaucoup de personnes qui se retrouvent, malgré elles, dans ces situations...
Il y a quelques éléments qui se tiennent dans le constat général...Les enjeux sont évoqués, mais la manière dont ils sont traités est globalement orientée je trouve.
Certains éléments sont par ailleurs assez consternants, notamment lorsque l'article explique que la survenue d'un sentiment amoureux "en dehors" du couple établi arrive forcément lors d'une crise. Comme s'il était impossible que la situation inverse existe, que quelqu'un puisse se découvrir un nouvel amour même s'il est globalement heureux dans sa relation "historique" ou de couple?
Et puis, au delà, qu'est-ce qui définit une situation de "crise" dans le couple? Chaque étape de la vie apporte son lot de difficultés : l'arrivée des enfants, une maladie, des difficultés au travail, variabilité de la libido... J'ai le sentiment de la permanence de certaines de ces choses dans une vie de toute façon. Alors, n'a t-on pas trop facilement tendance à se dire : c'est à cause de ci ou de ça que c'est arrivé? Est-ce que ça n'est pas plutôt une explication facile et acceptable à se faire dans le couple quand survient l'apparition de sentiments pour un tiers?
Décrire les gens qui se sentent polyamoureux comme des personnalités évitantes, fuyantes , en quête de réassurance narcissique est totalement arbitraire je trouve (même si ça peut exister bien sur)... Ca enlève beaucoup de complexité à la question...
La question de l'adultère mériterait d'être vraiment interrogée aussi, et pas survolée comme cela est fait dans l'article. Dans mon expérience de socialisation de garçon, je pense que pour beaucoup de mecs c'est implicitement la "seule" manière qu'on voit intuitivement pour vivre des choses en dehors du couple, quand on n'a pas travaillé / déconstruit. C'est très inconscient bien sur, mais je pense que c'est un truc très valide pour pas mal d'hommes (genre c'est pas bien, mais c'est okay si ca reste secret).
Au final, tout ça a tendance à donner des explications "rassurantes" qui prolongent peut-être la soit-disant validité de tout ce qui fait les injonctions sociales autour de l'amour romantique.
Je suis très surpris que ce discours provienne d'un thérapeuthe / sexologue, qui a pour mission d'aider des personnes potentiellement en grande difficulté à s'interroger, dépasser, avancer.
Je suis d'accord avec @lau93 sur la possibilité d'aimer plusieurs personnes, quand cet amour est basé sur des dimensions différentes. Arriver à percevoir cela nécessite cependant d'accepter intellectuellement qu'il n'y pas une UNIQUE définition de ce qu'est (ou doit être) l'amour. Les dimensions de passion, d'intimité ou d'engagement peuvent diverger et coexister sur des proportions différentes.
Depuis quelques temps, tout ça me fait aussi penser qu'il est très difficile d'avoir une discussion (et pas une dispute, ou un argumentation / contre-argumentation) sur le sujet avec des personnes qui n'ont pas fait l'expérience émotionnelle d'une telle situation. Je le ressens souvent comme un dialogue de sourds, comme si les langages étaient incompatibles, les cadres de référence trop antagoniste pour que les paroles respectives puissent s'entendre...
Discussion : Besoin de conseils

GeorgyPorgy
le samedi 30 avril 2022 à 02h37
Pour répondre à ta question, je ne pense pas m'en être encore "remis". Je ne suis même pas sûr que ce soit un horizon envisageable, cette histoire m'ayant "transformé" je dirais... Je pense à cette personne tous les jours, malgré l'absence totale de contact quelconque entre nous. Cette histoire fait partie de moi désormais, j'imagine. Simplement, j'avance dans l'acceptation de la situation... Je suis progressivement moins frustré par l'absence de contact, de communication, de gestes, de signes. C'est un chemin difficile mais qui n'est pas propre au monde poly, c'est une rupture, voila tout. J'assimile cela a une sorte de deuil fait de pas en avant, de pas en arriere, d'effets de boucle emotionnelle qu'il faut apprendre a voir venir pour les desamorcer.
J'ai essayé d'entretenir un lien ne serait-ce que platonique à un moment mais je me suis heurté à beaucoup de froideur, d'indifférence ( à dessein je suppose) donc j'ai décidé d'accepter. C'est dur, mais avec le temps on vit avec, on fait en sorte en tout cas.
J'ai trouvé une thérapeuthe qui m'a beaucoup aidé en ce sens, je lui suis d'une infinie reconnaissance pour cela.
Voir un thérapeuthe en couple, quand on arrive a trouver quelqu'un qui "fonctionne" pour les 2 peut aussi être d'une grand e aide...
A tes autres questions :
- non je n'ai pas eu d'autres relations depuis. Je ne cherche pas a le faire dans l'absolu. La vie m'a fait croiser la route de quelqu'une dont je suis tombe amoureux, voila tout....
- oui, j'ai clairement posé le mot de polyamour sur la table avec ma compagne. J'ai ete honnête sur l'expression de mes différents sentiments auprès d'elle, a partir du moment oú j'ai réussi a me l'avouer "interieurement". Ca n'a pas été une partie de plaisir de recevoir une telle info pour elle, mais je reste convaincu que c'etait une bonne chose de le dire vraiment. C'est un des trucs que j'ai tiré de cette expérience : taire sciement ou inconsciemment ses propres émotions dans une relation est dangereux, stérile... au final, ca n'avance a rien, et ca ne rend pas une image fidele de la personne qu'on est en realite aupres du partenaire. J'ai fait ca toute ma vie, car dans la fratrie j'etais l'enfant "raisonnable". Mais maintenant, j'essaie de ne plus le faire et de dire les choses telles que je les ressens.
On dit pouvoir s'aimer dans le meilleur et dans le pire, dans la santé ou la maladie... qu'est ce qui justifierait que l'amour "disparaisse" si le partenaire développe des sentiments, un attachement pour un tiers? C'est absurde de mon point de vue.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
Discussion : Besoin de conseils

GeorgyPorgy
le vendredi 29 avril 2022 à 14h53
Bonjour @Unpeuperdue
Ton histoire resonne pas mal avec la mienne à te lire. J'ai également noué une relation et suis progressivement tombé amoureux d'une femme. J'ai mis du temps a comprendre, admettre intellectuellement et émotionnellement cela, tout en admettant que je pouvais aussi continuer à aimer ma compagne.
La vie et nos socialisations ne nous apprennent pas cela, que c'est possible tout simplement, et pas anormal. C'est tout un travail qui a pris des mois et des mois de mon côté de l'admettre en moi même, puis d'être capable de le formuler aux principales intéressées...
Je précise qu'à l'époque, dans mon couple, differents evenements de vie ont pu me faire penser à tort que l'amour pour ma compagne avait disparu (quotidien chargé, problème de santé, évenements familiaux, toute une source de tensions...). Tu mélanges ca avec nos représentations "classiques" de l'amour romantique et une liaison adultère et tu as vite fait d'en tirer la conclusion qu'il faut quitter l'ancienne histoire pour la nouvelle. Seulement j'ai compris que ca n'etait pas aussi simple ou binaire.
Au final, ma relation s'est également éloignée de moi, les ponts sont coupés, pour des raisons qui forcément lui appartiennent, mais que je n'ai pas le sentiment d'avoir reçues de sa part. Avec le recul, cela a été brutal émotionnellement pour moi - mais en même temps c'est surement le propre de la rupture...
Je voulais arriver à créer une forme de relation forcément atypique mais qui aurait permis à cette histoire de vivre (car les sentiments étaient réciproques me semble-t-il) tout en ne détruisant pas mon autre amour et ce qui s'etait construit autour.
Je parviens à avancer malgré tout.
Le fait que cette histoire (qui m'a fait prendre conscience de mon polyamour, déconstruire des schémas romantiques potentiellement absurdes ou toxiques) se soit arrêtée dans la douleur ne m'a par contre pas éloigné du polyamour. Car, sans avoir plusieurs relations, on peut quand même appliquer cette ethique au quotidien (dans le care de ses relations, dans le refus de perpetuer des visions toxiques de l'amour - notamment auprès de ses propres enfants...). Cela peut etre plus intellectuel que pratique, même si une douleur émotionnelle persiste suite à la rupture.
J'ai pris l'habitude d'envisager mes émotions sous la forme d'une assemblée (genre le Senat) où plusieurs sensibilités (émotions) peuvent coexister avec des importances relatives en fonctions de périodes. Tout n'est pas blanc ou noir. Apprendre à les entendre toutes régulièrement à hauteur de leur % respectif me permets d'y voir plus clair.
Sans jugement aucun @Geraaldine : je pense que les gens qui cherchent de l'aide ici (qu'ils soient poly ou "subissant") cherchent à denouer des noeuds de complexité et ont l'intuition que ce qu'ils traversent ou font traverser à d'autres se situe au delà de constats évidents comme celui de ta phrase. La recherche du bonheur de certains ici je pense (c'est mon cas) passe par le depassement du tout ou rien amoureux / relationnel qui s'infiltre en nous dès le plus jeune âge et guide nos actes / décisions d'adultes ...Evidemment que se sacrifier, nier ses propres emotions par amour pour l'autre est dangereux que ce soit en situation poly ou mono :)
Discussion : Gérer l'absence

GeorgyPorgy
le vendredi 25 mars 2022 à 17h38
bonheur
J'ignore si tu disposes aussi de cela. J'aime les félins, et ce n'est pas pour rien : je retombe toujours sur mes pattes ET j'ai déjà eu plusieurs vies.
Est-ce que ce dicton a été imaginé par une personne comme moi, comme toi (peut-être) ? :-D
La résilience est indispensable lorsque l'on se sent ainsi.
@bonheur : je ne sais pas dire si je retombe toujours sur mes pattes, mais il est certain que j'ai le sentiment d'avoir déjà eu plusieurs vies.
Discussion : Gérer l'absence

GeorgyPorgy
le vendredi 25 mars 2022 à 13h03
@bonheur : j'ai envie de te faire le même retour, beaucoup de tes interventions que j'ai pu lire ici m'ont parlé, éclairé, sur des choses dont j'avais l'intuition sans vraiment parvenir à me les formaliser.
Discussion : Gérer l'absence

GeorgyPorgy
le vendredi 25 mars 2022 à 10h01
Bonjour @Lunaison
Merci pour ton mot.
Je te rejoins sur ton propos:
"Très souvent l'on garde ces choses pour nous pensant que l'autre les à deviné et on passe à côté de choses intéressantes à vivre à cause de scénarios interprétatives."
C'est ce qui m'a poussé à essayer de communiquer le plus clairement possible mes sentiments à un moment donné, que ce soit à M (cette personne dont je suis tombé amoureux) mais aussi auprès de ma compagne. Je sais que recevoir cela, pour ces deux personnes n'a pas été anodin - pour des raisons évidemment différentes compte tenu de leur situation respective. Mais j'ai abouti au constat que je leur devais, et me devais, d'être honnête & authentique sur mes sentiments et ce que je vivais.
Ne pas le faire, ça aurait été aussi pour moi permettre d'alimenter des projections, des interprétations potentiellement faussées, empêcher de se parler des choses telles quelles sont véritablement etc.
J'aurais espéré évidemment recevoir en retour, une expression tout aussi "authentique", plus claire, des émotions, du ressenti - en faisant abstraction des modalités possibles de la relation.
Or je pense que c'est exactement ce dernier élément qui a pris le dessus dans cette conversation : l'impression d'impossibilité de la relation au sens "classique" (selon les normes & structures sociales dominantes) étaient souvent au centre des échanges, elle les monopolisait même. La rupture s'est faite sur cet axe de mon point de vue, ce qui est okay dans l'absolu (car cela peut être un facteur critique pour l'autre personne), mais contribue à alimenter mon sentiment d'absurdité, d'inabouti... Comme si on ne s'était pas tout dit.
La thérapie que j'ai suivi, ainsi que toutes les ressources "ayant du fond" autour du polyamour m'ont amené à interroger en profondeur mes valeurs, ma vision de l'amour, ce que des relations (pas uniquement amoureuses) représentent, m'apportent dans ma vie. Et ainsi, à prendre conscience que c'était bien de l'amour que je ressens pour l'une ET pour l'autre (chose que j'ai nié inconsciemment pendant longtemps, par conformisme appris, par absence d'attention à mes émotions, par un recours trop fréquent à l'intellect & à la rationnalité)... Un amour forcément différent, qui touche à des dimensions propres à chacune des histoires, des relations - mais amour quand même. Au delà du schéma "classique" rencontre > sorties > attachement > passion > mise en couple > mise en ménage etc. Mais évidemment, tout le monde ne souscrit pas à cette vision, ce qui est entièrement respectable, mais reste douleureux à "digérer" émotionnellement, quand cela implique de voir disparaitre de sa vie la personne qui est précisement le sujet de cet amour.
J'ai dévoilé ce que je suis, ce que je ressens, aux deux personnes que j'aime. En cela, j'ai pris un risque conséquent, je me suis exposé, cela m'a fait grandir, étendre ma zone de confort et me permet de me sentir plus en accord avec moi-même.
Cependant, le revers de la médaille reste lourd à porter :)
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GeorgyPorgy
le mercredi 23 mars 2022 à 12h16
@cactus : merci pour tes mots.
C'est exactement le récit que je me fais intérieurement quand j'essaie de me (ré)expliquer ce qui s'est passé, ce qui se passe de son côté. Cela fonctionne en partie comme je disais, ça génère une acceptation "intellectuelle" de ses décisions, de son positionnement dans la relation - je comprends et accepte cette "altérité", cette différence dans les attentes & les aspirations.
C'est vraiment sur le plan émotionnel & intérieur que se situent mes difficultés. Peut-être, comme d'autres l'ont dit, l'un des outils sera le temps qui passe ...
Discussion : Gérer l'absence

GeorgyPorgy
le mercredi 23 mars 2022 à 12h10
Bonjour
@Lunaison Pour répondre à tes (nombreuses) questions
- Oui cette personne est au courant de mes sentiments, qui ont été partagés clairement avec elle. C'est un des aspects sur lesquels je pense avoir "grandi" via mon cheminement, à savoir une expression plus limpide de mes émotions, de mes ressentis (et pas seulement dans la sphère amoureuse). Auparavant, j'aurais eu tendance à étouffer inconsciemment ce genre de sentiments je pense, du fait de mon éducation familiale & de ma "socialisation" de garçon. Ma thérapeuthe m'a beaucoup aidé à progresser là dessus... Il y a aussi eu un moment où je me suis dit que si je voulais être en mesure de "dire au revoir" à la relation, il fallait d'abord que j'accepte de reconnaître honnêtement ce qu'elle représente pour moi. Bref, cela a été dit effectivement. Je pense avoir eu beaucoup plus de mal à obtenir une expression "aussi claire" de ses sentiments, j'ai l'impression de beaucoup m'être basé en conséquence sur des signes, des non-dits, des intuitions - ce qui a pu favoriser une certaine frustration à un moment donné. Mais j'ai laché là-dessus, en me disant qu'on est tous différents là dessus.
- Concernant les efforts que j'ai pu mettre en place pour créer un espace pour cette relation... Je dirais que oui, je pense pouvoir dire qu'elle en a été également consciente. Notamment, mon cheminement vers l'éthique poly est le fruit de cette relation. C'est précisemment le bouleversement qu'elle a provoqué chez moi, qui m'a amené à m'interroger, à déconstruire, à travailler sur mes sentiments réels en profondeur (pour elle, pour ma compagne...) sans me raccrocher intuitivement à des normes sociales ou autres. J'ai clairement communiqué le fait que je me dirigeais dans une acceptation du fait que j'étais polyamoureux, à plusieurs reprises dans mon parcours. Simplement, ma compréhension des évènements est que ça n'était pas okay de son côté. Je pense qu'elle recherche autre chose dans l'absolu. Les espaces possibles, forcément atypiques, ne convenaient tout simplement pas. Et c'est peut être un des gros noeuds de cette histoire : pour moi, la relation elle-même importait plus que sa structure possible, quand pour elle c'était probablement le contraire. Ce qui est totalement OK pour moi, d'autant que j'ai conscience de voir cela depuis une position privilégiée. C'est juste douleureux...
- Concernant ma vie de couple, oui également. Pas de secret là dessus, nos situations respectives étaient connues avant même le début de la relation via nos échanges informels, amicaux, professionnels. Je ne pense pas pouvoir dire qu'elle a accepté la situation à l'époque, je dirais plutôt qu'elle a composé avec mais que ça n'était pas l'idéal forcément. Disons qu'elle a peut-être décidé d'occulter cette dimension par envie qu'on puisse aller plus loin...
- Je pense qu'on s'est lancé dans cette relation sans vouloir trop réflechir aux conséquences possibles, chacun à notre façon. On a probablement laissé les choses se faire. Ce que je perçois à la fois comme une expérience enrichissante & peut-être un peu une erreur si je mets mes nouvelles lunettes d'aujourd'hui. C'est vrai au moins pour moi, et oui j'ai été surpris par l'éclosion des sentiments (le mot est faible en fait : j'ai été destabilisé dans mes certitudes acquises, j'ai traversé une grande phase de confusion avant d'arriver progressivement à remettre de l'ordre intérieurement dans tout ça - merci la thérapie)
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GeorgyPorgy
le mardi 22 mars 2022 à 11h55
Merci pour vos mots et réflexions, c'est toujours appréciable et bénéfique de pouvoir lire des témoignages ou des points de vue autres, cela remet de la perspective je trouve.
@bonheur : oui tu touches juste, je pense effectivement que tout cela s'apparente à la logique de deuil - c'est comme cela que je me le représente en tout cas, quelque chose sur lequel on n'a pas de prise & qu'il faut apprendre à accueillir en tant que tel, accepter qu'on ne transformera pas la situation. J'ai déjà bien avancé dans ce processus, même si je sens que (pour moi en tout cas) tout ça se joue en mode "boucle" plutôt que dans une logique très "séquentielle" (une étape après l'autre). Certaines phases que je croyais avoir dépassées se sont régulièrement rappelées à moi - j'apprends donc à les détecter & à les laisser passer du mieux que je peux.
@lau93 : effectivement, tu vois juste en comparant avec le parcours de ton amoureux - la description que tu fais de son vécu me parle beaucoup. Aussi, tu touches du doigt un élément important avec le concept d'impermanence auquel j'essaie aussi de me raccrocher / rapprocher. Je pensais - à tort - être plutôt bien armé pour l'accueillir, ayant déjà vécu au moins 2 situations bouleversantes par le passé (quitter le lieu de mon enfance / adolescence de manière brutale, puis le décès d'un parent quelques jours avant mes 20 ans). Mais force est de constater qu'elle peut se manifester dans tout domaine de la vie, sans crier gare & qu'on doit bien y faire face malgré tout...
Merci pour la référence aux Maoureuses, que j'avais vu passé sur Instagram il y a quelques semaines & qui m'avait réchauffé le coeur :)
Discussion : Gérer l'absence

GeorgyPorgy
le lundi 21 mars 2022 à 15h55
Bonjour à tous,
Je me permets un post ici pour partager une nouvelle fois avec vous mes difficultés... Il s'agit peut être plus de "vider mon sac" que d'obtenir des conseils à proprement parlé - mais connaissant la bienveillance de certains d'entre vous pour vous lire régulièrement
Sans refaire un exposé détaillé de mon histoire, voici quelques bribes de celle-ci qui pourraient aider à mieux comprendre ce que je traverse. Il y a environ 3 ans, j'ai rencontré une belle personne dans le cadre professionnel (Appelons là M). De fil en aiguille, nous avons tissé une proximité dépassant ce cadre professionnel : au delà de la relation de collègue, s'est nouée une attirance mutuelle qui s'est concrétisée dans une histoire belle, intense mais courte et malheureuse.
Elle était célibataire (et très seule), j'étais (et suis toujours) en couple. Mais cette histoire m'a fait comprendre, prendre conscience, et expérimenter dans ma "chair" qu'il est possible d'aimer deux personnes en même temps.
Ma compréhension, mon acceptation de cela a été un long chemin, éprouvant sur le plan mental, car il s'est accompagné d'une rupture pour ainsi dire totale avec cette même personne. Ainsi que des difficultés dans mon propre couple, la situation ayant été communiquée auprès de ma compagne.
Sans arriver à totalement me l'expliquer, son parcours, ses attentes, ses aspirations, ses valeurs ont amenée M à considérer qu'elle n'était pas prête à poursuivre un quelconque lien avec moi et a donc totalement coupé le lien avec moi.
J'en viens à l'objet même de mon post : je réalise que même si j'arrive à poursuivre mon chemin, j'ai du mal à "accepter" la disparition totale d'une personne qui a tant compté pour moi.
Un sentiment d'inachevé et d'absurdité demeurre malgré le temps qui s'écoule.
J'arrive à concevoir intellectuellement la volonté de s'éloigner de moi pour poursuivre sa route de manière sereine, mais sur le plan émotionnel c'est beaucoup plus compliqué. J'arrive à accepter de m'effacer de sa vie, pour lui permettre de se concentrer sur d'autres choses / personnes, mais l'absence est parfois extrêmement lourde.
La quasi ironie de l'histoire est que mon cheminement vers la deconstruction, l'acceptation de l'éthique poly etc m'a amené à considérer que cette relation avait une grande importance dans ma vie, que je souhaitais la nourrir & conserver un lien avec M dont je suis tombé amoureux (en essayant d'inventer un lien possible dans le respect de chacun.e). Alors que de son côté, M a abouti à la conclusion contraire, en décidant de me faire disparaitre de sa vie. J'ai laissé respirer & vivre cet amour en moi, quand elle a décidé de l'étouffer...
J'imagine que certains d'entre vous ont déjà traversé de tels épisodes.
Sur quels ressorts vous êtes vous appuyés? Comment êtes-vous arrivés à dépasser ce genre de situation?
Merci à tous ceux qui m'auront lu jusqu'au bout.