Participation aux discussions
Discussion : [Livre] Élaboration d'une Bibliographie sur l'amitié

artichaut
le jeudi 27 mars 2025 à 20h00
- Un Désir démesuré d'amitié - d'Hélène Giannecchini, Seuil 2024
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le jeudi 27 mars 2025 à 18h09
Dis autrement, je pourrais dire : whoua génial, tu as la chance d'être jaloux.se. Archi, super !
(Moi j'adore ces moments, mais ça fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé. Alors je t'envie sincérement).
C'est le moment d'en apprendre sur toi-même, et avec le bagage que tu as déjà en non-exclusivité et en compersion, ça ne devrait pas être une tâche trop trop diffiçile (par rapport à la majorité des gens qui débarquent sur ce forum).
Tu es jaloux.se, donc, et tu te compares.
C'est le moment de creuser en toi pour comprendre tes fonctionnements intimes. Qu'est-ce qui amène ça et pourquoi ? Qu'est-ce que précisément ça vient toucher en toi ? Quelle faille en toi est touchée ? Quels besoins ne sont pas nourris chez toi ?
(en allant un peu plus loin que tout ce que tu as déjà nommé)
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le jeudi 27 mars 2025 à 17h44
…j'ai l'impression que tu te juges de comparer (tu sais que ce n'est pas comparable et qu'il ne faut pas le faire, tu connais la théorie, etc) et de ressentir ce que tu ressents.
Or tu as le droit de comparer et ressentir ce que tu ressents, et si tu compares, et si tu le ressents, c'est qu'il y a des raisons de comparer et de le ressentir.
Raisons qui peuvent liéés à la situation et au comportement d'autrui.
Raisons qui peuvent liéés à des choses spécifiquement liées à toi.
Ou même un peu de tout ça.
Plonger dans la pratique au lieu de rester à la surface de la théorie, serait peut-être accepter de regarder ce qui est là et chercher à le comprendre au lieu de le juger et chercher à l'éviter.
Discussion : Chagrin d’amour infini

artichaut
le mercredi 26 mars 2025 à 18h02
Le (poly)amour commence par soi-même.
Si tu ne peux pas t'aimer en tant que femme, c'est peut-être que tu n'es pas une femme ?
Ou pour être plus précis, peut-être que les critères que l'on t'as donné (ou pas donné), pour te permettre de t'apprécier, ne fonctionnent pas pour toi. Et qu'il te faudra en trouver d'autres qui te conviennent.
Tant que tu ne t'aimeras pas toi-même, personne ne t'aimeras.
Tu peux commencer par tout petit. Aimer des petites parts de toi, aussi infimes soi-elles. Qu'est-ce qui chez toi (peut importe ce qu'en pense les autres) te plaît au moins un peu ? Et dérouler à partir de ça. Le reste n'a pas d'importance.
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le dimanche 23 mars 2025 à 16h42
artichaut
il y a t-il de telles stratégies, y compris collectives ? Pour fuir un esseulement groupal… ?
Et pour prolonger cette réflexion à un plan collectif…
Ce que l'on vient de voir au niveau de l'individu (les 3 états de solitude), peut-il se penser au niveau d'un couple/famille/groupe/collectif/milieu/etc. voire au niveau de l'humanité toute entière ?
les 3 états se déclinent alors :
- isolement groupal, le fait d'être factuellement isolé (sans autre groupe autour) : un couple/famille/coloc chez soi, un groupe sur une île, ou dans un minibus en voyage, etc (l'isolement ne dure pas forcément longtemps, mais à un temps donné il existe)
- connexion au groupe, le fait d'être pleinement connecté aux autres (à chaque ?) personnes du groupe, ou au groupe en tant que tel, ou le fait de faire bulle, de faire corps
- esseulement groupal, quand le lien a d'autres groupe nous manque, quant l'entre-soi nous pèse, quand notre propre esseulement individuel connecte à un esseulement plus large qui se vit au niveau du groupe, etc
et de même cet esseulement groupal, n'est donc pas tant dû au fait qu'il y ai ou non concrétement d'autres gens/groupes autour, mais à notre capacité (en tant que groupe) à connecter avec d'autres gens/groupes
*
note : quand je dis capacité, j'entends aussi bien ce qui est totalement de notre ressort propre (en tant qu'individu, ou en tant que groupe), que ce qui est lié au contexte, à la situation, aux privilèges qu'on a ou qu'on a pas, aux autres personnes impliquées, etc.
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le dimanche 23 mars 2025 à 16h25
remarquons que
- la connexion à soi, l'esseulement, (et idem pour la connexion à l'autre, même si pour le coup on sort du registre de la solitude) peuvent être vécus, que l'on soit ou non entouré physiquement d'autres personnes
et de même (ou inversement)
- l'isolement, fait factuel d'être seul·e, ne dit pas si cette situation est voulue, choisise ou non ; ne dit rien sur la présence ou abscence d'une connexion (à l'autre, ou à soi), ni de la présence ou abscence d'un esseulement
la sensation de manque n'est donc pas en soi déterminée par le fait d'être ou non entouré de personne, mais plutôt par cette capacité de connecter (à l'autre, ou à soi) en toute circonstance
et dans le registre de la connexion, j'aurais envie d'ajouter en plus des connexion à l'autre et à soi, une possibilité de connexion au monde (dans lequel on vit), à la nature (qui nous englobe), aux étoiles (au plus grand que nous)… voire même dans une dimension spirituelle, une connexion à une entité transcendante
*
@Alabama, vu que c'est toi qui a lancé ce fil, tu peux dire si tu trouve qu'on part dans des trucs trop intello (on peut aller causer ailleurs)
moi je trouve ça passionnant de mettre ainsi de la nuance sur ce qui caractérise le sentiment d'esseulement, et possiblement de mieux comprendre comment et pourquoi il nous arrive (parfois ou souvent)
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le samedi 22 mars 2025 à 16h10
Siestacorta
- solitude, un être-à-soi clair, ne pas être perdu dans le mouvement du monde (qu'on soit seul ou avec un ami choisi (un proche)).
- esseulement, quand le lien au monde nous manque
- isolement, quand c'est une question pratique : on pense au monde, mais il y a une distance (réelle ou recherchée).
Je me demande s'il ne faudrait pas plutôt un autre terme pour désigner ce que tu désigne par solitude, et que ces 3 termes serait alors 3 formes de solitudes, 3 déclinaisons ou 3 états de solitude.
Par exemple être-à-soi, pour reprendre tes termes, ou connexion à soi, pour reprendre ceux d'@Alabama.
Ça pourrait donner (en reformulant au passage certaines de tes propositions, ou d'Hannah Harendt) :
3 états de solitudes
- isolement, le fait d'être physiquement seul·e (avec personne d'autre autour).
- connexion à soi, le fait d'être pleinement avec soi-même, connecté à soi-même (peu importe qu'il y ai ou non d'autres gens autour)
- esseulement, quand le lien aux autres nous manque (peu importe qu'il y ai ou non d'autres gens autour)
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le samedi 22 mars 2025 à 15h49
Merci pour ces 3 concepts solitude, esseulement, isolement.
Je trouve aussi qu'esseulé·e au milieu d'autres, c'est pire.
Et qu'inversement la solitude en présence de l'autre, c'est (pas facile, mais) très beau.
Et comment nommer ce dont parle @Alabama, consistant à fuir, notamment dans les écrans ?
Serait-ce : être dans de l'isolement, et à défaut de réussir à assumer/habiter la solitude, utiliser des stratégies d'évitement… pour contrer l'esseulement ?
Et il y a t-il de telles stratégies, y compris collectives ? Pour fuir un esseulement groupal… ? Comme, je sais pas le small talk, et autres activités non impliquantes ?
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le samedi 22 mars 2025 à 12h03
Alabama
Je remarque que de ce fait, j'ai tendance à vouloir prolonger toujours plus les moments où je suis seule, comme si je n'arrivais pas à m'en rassasier.
Je ne suis pas sûr de comprendre cette phrase dans le contexte.
Tu remarques que tu as tendance à vouloir prolonger les moments où tu es :
- "seule" et où tu fuis, dans les écrans particulièrement ?
- seule, ces moments où tu connectes réellement à "toi" et où l'angoisse disparaît ?
Discussion : Mariée dans un couple lesbien et pourtant…

artichaut
le mercredi 19 mars 2025 à 12h25
Bienvenue ici @Lunebleue.
Il faut que tu ai conscience et anticipe, que pour ta femme, tu l'as possiblement déjà trompée :
(tromper n'est pas juste "coucher", embrasser, partager du sexe)
- lui as-tu a elle déjà parlé de cette histoire ancienne ?? (si non , ça va être dur à encaisser)
- que tu redevienne "Bi", elle peut vivre ça comme une tromperie (a minima que tu lui ai menti et te soit menti à toi-même)
- tu as déjà engagé beaucoup avec cet "ex"… en as-tu parlé à ta femme dès le début (envie de reprise de contact, reprise de contact réelle, échanges de messages, …) ? sinon pourquoi ?
- tu semble t'emballer un peu vite pour cet homme que tu connais peu (dans le passé) et pas (dans le présent)
Même en étant "tolérante", ça fait déjà beaucoup.
Donc prépare toi à ça, avant, d'aller discuter avec elle.
Prépare-toi aussi, à ce que sa réponse — a minima dans un premier temps — puisse être radicale, excessive, catégorique (se sentir trompée c'est pas agréable, ça active nos défenses, pas toujours de la plus belle manière).
Prépare-toi à ce qu'il faille du temps, beaucoup de temps pour digérer tout ça. Exactement le contraire de ce que tu vis toi, avec ta néo-NRE. Et même si ça se passait "bien", attends-toi à des rechutes. Ne prend rien pour acquis. Le plus dur sera de toute façon de concilier vos 2 vitesses, forcément différentes. Tu va avoir envie d'aller vite, elle vas avoir besoin d'aller lentement.
Évite de te projeter dans un rêve de "je me sentirais entière" (qui est une tromperie monogame, versus Bi). Et évite de dire ça à ta femme. En tout cas pas tout de suite.
Ai conscience que quoi que ça provoque dans votre couple, tu en es la seule responsable. Tu ne peux rien, en soi, lui reprocher. Ni lui demander de porter cette responsabilité.
Ai conscience que renouer avec un "ex", c'est possiblement pire pour elle que si tu rencontrais une nouvelle personne. Car il était là avant elle. Cette antériorité peut générer des peurs spécifiques et difficilement contrôlables. En plus c'est un mec, donc la norme hétéro menace. C'est un peu le pire cas de figure.
Bref, vas-y, racontes-lui, mais avec beaucoup de soin. (envers elle et envers toi-même).
J'imagine que tu connais déjà les conseils pour les conversations difficiles (1, 2, 3…).
Et surtout surtout n'y va pas pour obtenir quelque chose, mais pour lui raconter et savoir ce que ça lui fait.
Et prends soin aussi de ton "ex" = ne lui vends pas du rêve à lui !
Le temps des décisions, s'il doit y en avoir, viendra après.
Là c'est le temps de l'accueil des émotions.
r-a-l-e-n-t-i-r
Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

artichaut
le dimanche 16 mars 2025 à 16h49
Tiao88
Je vois passer des articles à ce sujet depuis une dizaine d'années, voir peut-être plus,
Des articles il y en a depuis longtemps, mais c'est une question de proportion (et aussi de traitement) qui a changé.
Ce que j'apelle mainstreamisation du polyamour c'est le fait de non plus regarder ça comme une bizarrerie (article ou reportage sur "les monstres que sont les poly"), mais d'en faire un effet de mode, et de faire des articles/reportages avec ce prisme-là.
Ceci alimentant celà.
Et donc oui, qui dit effet de mode dit réappropriation et usage de facade.
Même si bien sûr, depuis que le polyamour existe il y a toujours eu des gens pour le dévoyer (sciemment, ou inconsciemment), là n'est pas la question.
Discussion : [Lexique] Définition(s) du polyamour

artichaut
le samedi 15 mars 2025 à 19h35
Le Larousse (ajout en 2021 également) en donne une définition différente… et inspirée de la définition de notre site.
Larousse
polyamour
nom masculinou
polyamorie
nom féminin(de l'anglo-américain polyamory)
Fait de vivre une relation intime (amoureuse et/ou sexuelle) durable avec plusieurs partenaires en parallèle, de manière consensuelle, franche et assumée.
Source : (1)
Les deux définitions (Robert et Larousse) utilisent l'expression "en parallèle". Ce qui connote une vision très particulière du polyamour selon ces dicos.
Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

artichaut
le samedi 15 mars 2025 à 15h13
Perso j'aurais tendance à dater la mainstreamisation du polyamour vers 2020 environ.
Et depuis, et même depuis un peu avant, je constate un basculement de sa dimension politique en une dimension presqu'exclusivement libérale.
À la fois le mouvement sociétal de fond se fait bien au delà du petit milieu poly, porté aussi par la vague #metoo depuis 2017 ; à la fois l'absorption assez brutale du polyamour par le mainstream n'a pas permis la lenteur nécessaire pour que ses fondements les plus importants puissent être visibilisés et valorisés.
C'est à la fois totalement de notre faute, et à la fois non. On s'est fait engloutir par la vague.
Pour autant ça a laissé des traces et semé des graines un peu partout.
Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

artichaut
le samedi 15 mars 2025 à 14h42
Pour ma part j'ai le sentiment d'assister à une libération (a)sexuelle post #metoo.
Pour beaucoup, le sexe et l'amour-amoureux cessent d'être des critères totalisants.
Et l'on n'est plus prêt·es, comme jadis, à se laisser malatraiter, pour accéder à ces soit disant panacées sociales, corporelles, voire spirituelles.
Sexe ou pas sexe, amourrosité ou pas, peu importe. Ce n'est pas là l'enjeu. Ce qui par ailleurs n'empêche en rien d'explorer ces champs, au même titre que d'autres.
Mais ça n'est plus nécessairement associé à une ascencion sociale obligatoire, ou a une hypothétique auto-réalisation de soi.
Enfin, ça, c'est ce qui me semble irriguer en partie ce mouvement de fond. Quand je regarde les choses avec un oeil optimiste.
Mais j'avoue, n'avoir guère espoir d'un véritable changement sociétal en profondeur.
Car ces signes d'une libération s'accompagnent déjà de signes inverses réactionnaires et même presque, pourrait-on dire… contre-insurectionnel.
Et car on est loin d'en avoir finit avec nos bons vieux réflexes monogames.
Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

artichaut
le samedi 15 mars 2025 à 14h12
Je n'ai pas pu lire l'article en entier car il est réservés aux abonnés.
Mais le titre est assez révélateur d'un profond besoin de sortir des cases normées sur l'amour, le couple et l'amitié : diversifier le champ de l'intime en expérimentant de nouvelles formes.
Et cet article semble avoir le mérite sortir du cliché de la binarité entre « génération hypersexualisée » ou « génération no sex», tout en persistant de regarder les 18-29 ans comme des bêtes curieuses, et possiblement en ne comprenant rien de ce qui se joue réellement, et pas seulement pour les 18-29 ans.
Si la monogamie tente d'absorber le polyamour c'est bien qu'elle se sent menacée de toutes parts.
L'amitié serait un modèle bien plus attirant (voire pérenne) que le couple ?
Elle n'excluerait pas forcément la sexualité ?
Et cette dernière ne serait plus le chantre de l'amour-amoureux ?
Hypersuallité et no-sex ne serait pas incompatible (y compris chez une même personne) ?
C'est tous les modèles qui foutent le camp.
Gageons qu'il va y avoir des réponses fortes et appropriées pour remettre tout ça sur le droit chemin de la Norme.
Vouloir cantonner ça aux 18-29 ans en est déjà un signe.
Discussion : Absence totale de jalousie : quelle peut en être la cause ?

artichaut
le samedi 15 mars 2025 à 11h45
Cris
- Je ne suis pas jaloux parce que ma femme n'a plus d'importance pour moi, ou parce que je veux la pousser à me quitter le plus vite possible : certainement pas, au contraire je me suis rarement senti aussi proche d'elle que depuis cette situation nouvelle.
- Je suis en réalité jaloux, mais un mécanisme de protection m'empêche de ressentir cette jalousie pour éviter de me faire du mal : possible, je ne suis pas psy et je ne sais pas si mon cerveau est capable de me protéger de mes propres émotions.
- Je suis en réalité jaloux, mais je prétends ne pas l'être parce que j'ai passé trop de temps à lire ce site web (et d'autres ressources) : non, je ne pense pas être hypocrite avec moi-même... et ce que j'ai lu sur le polyamour me parle vraiment.
- Je suis content qu'elle soit passée à l'acte, ça me donne une bonne raison pour faire de même : ce n'est certainement pas ça, je déteste cette idée qui s'apparente à du chantage.
- Je suis content, ça l'aidera à comprendre ce qui m'est arrivé quelques mois plus tôt : il y a peut être un peu de ça, encore que dans mon cas c'est plutôt romantique, dans le sien c'est plutôt physique.
- Je suis content, ça lui fera entrevoir la possibilité qu'une nouvelle relation n'enlève rien à la première : ce serait un peu "manipulateur" de ma part, mais peut être qu'il y a aussi un peu de ça.
- Je suis "candauliste" : il me semble que ce mot, nouveau pour moi, implique de l'excitation sexuelle à voir ou savoir sa femme avec un autre, dans mon cas je ne peux pas vraiment parler d'excitation.
- Je suis heureux pour elle, tout simplement, comme je suis heureux quand elle va danser, faire du sport, et que je la sais épanouie : j'aimerais me convaincre que c'est la vraie raison, cette fameuse "compersion" (encore un nouveau mot...) que ressentent certaines personnes qui vivent en polyamour ?
Tout ça est possiblement en partie vrai, mais qu'importe.
Juste tu découvres une nouvelle émotion : la compersion.
Le plus important qu'il te faut savoir là, c'est que la compersion n'est pas le contraire de la jalousie (contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là).
Tu revivra de la compersion, tu revivra de la jalousie.
Et un jour, tu vivra les deux en même temps.
*
Plus haut je dis "qu'importe", et ce n'est pas tout à fait vrai : tu peux chercher à comprendre les mécanismes, situations et configurations qui active ta jalousie ou qui active ta compersion.
Tu vas énormément apprendre sur toi même.
Mais tu peux aussi, te contenter de juste accueillir et vivres tes émotions (c'est pourquoi je disais "qu'importe").
*
Attention à la "NRE de la compersion".
Èvite de te jeter dedans à corps perdu. De croire à quelque chose de magique. De penser que tu n'es plus jaloux. De chercher à t'empêcher de l'être désormais. De te culpabiliser de l'être.
Il y aura des retours de bâtons.
Être compersif, c'est juste de l'amour. C'est le reste qui n'en est pas.
Bienvenu dans la compersion. Bienvenu dans l'amour.
*
Et surtout quand la jalousie reviendra : accueille-là aussi. Soigne-là. Chérie-là. C'est elle qui t'indiques comment aller vers encore plus d'amour (de toi-même et de l'autre). Elle te montre ce qui te fait mal et donc comment prendre soin de ça. Elle te met en garde : ne t'oublies jamais dans l'équation de la relation.
*
Tu ressens de la compersion quand à un endroit tu te sens parfaitement en sécurité dans la relation, et que ton amour pour l'autre peut s'y déployer librement.
Dès que des micros-insécurités reviendront, de la jalousie refera surface.
Et quand tu aura apprivoisé la compersion, tu vivra les deux en même temps. À savoir qu'un peu de jalousie ne supprimera pas tes élans d'amour et de compersion.
Tu sauras être sécure et insécure à la fois. Entrer dans cette complexité-là. Et faire la part des choses.
Discussion : Ayé on est foutus (ou comment le polyamour finit de se dissoudre dans la monogamie)

artichaut
le vendredi 14 mars 2025 à 19h52
Et voilà, c'est l'extension du domaine de la monogamie.
Le capitalisme et la monogamie sont en train de définitivement absorber le polyamour.
On le savait déjà. Mais là ça devient patent.
Article de la BBC (en anglais)
Couple to Throuple: How polyamory is becoming a 'new normal'.
Du couple au trouple : comment le polyamour devient une « nouvelle normalité ».
9 February 2024
https://www.bbc.com/culture/article/20240209-coupl...
On pourrait y voir de bonnes nouvelles : la monogamie s'élargit, donc ses frontières pourraient paraître moins fermées.
Au contraire les frontières s'élargissent pour mieux absorber ce qui était en passe de créer de la dissension, et faire taire toute réelle remise en question.
C'est la colonisation par d'autres moyens.
Le capitalisme, comme le chistianisme, ont toujours été particulièrement doués pour se réapproprier les dissidences. Et ça se fait toujours par une normalisation. Le but c'est la norme. Peu importe à la limite ce qu'elle contient.
*
Alors étendons la notion de couple à celle de trouple. Militons pour le mariage ouvert (et surtout pas la désinstitutionnalition du mariage).
Vive le polyamour et la non-monogamie !
On va pouvoir être encore plus riche qu'on ne l'est déjà.
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le vendredi 14 mars 2025 à 12h48
Ce sujet me trotant dans la tête, je me suis souvenu d'un texte dans le n°1 de la revue Timult.
D'abord il y a la chanson de Souchon Ultra moderne solitude (1988).
Pourquoi ce mystère
Malgré la chaleur des foules
Dans les yeux divers
C'est l'ultra moderne solitudePourquoi ces rivières
Soudain sur les joues qui coulent
Dans la fourmilière
C'est l'ultra moderne solitude
Et puis il y a ce texte de Lilian Stockel, qui en reprend le thème de départ.
Dont je vous livre quelques extraits.
Je plonge dans des bandes dessinées autobiographiques qui explorent le désarroi et la cruelle solitude postmoderne. Trop de choses sont dites dans le brouhaha du monde. Cette rumeur se mêle en moi telle un chant ou une mélopée. Des voix, des explications, des théories, des indignations me bercent, m’énervent, m’émeuvent parfois. Je guette une voix qui saura me parler et remplir un peu la poche d’espoir dont mon cœur est vide. Mais cette voix n’arrive pas. Je reçois des miettes qui m’inspirent mais ce sont des élans brefs et je reviens ensuite à ma condition de solitaire et sans pouvoir. Je me résigne à continuer à faire des choses sans cette voix ni cette foi. La vie malgré tout. Je sens mon corps bouillonner d’énergie et de désirs. Il n’y a pas quelque chose ou rien. Il y a de petites choses qui tissent et tiennent ma vie, en font le matériau particulier inséré dans la toile de ce temps. Mais je sens que c’est trop peu. Que je suis capable de plus et mieux.
(…)
Il est un mal étrange qui frappe les gens dans les pays riches. Une mélancolie habite les êtres, jeunes ou vieux, de diverses conditions, une mélancolie faite de défaitisme et de solitude infinie. Les gens des grandes villes sont touchés, ceux des campagnes aussi. Ce sentiment est gluant et pénétrant, il tient à la fois du chewing-gum qui colle au talon, et du brouillard qui s’insinue dans la peau et les poumons. C’est quelque chose qui a à voir avec l’absence de sens et de stabilité. Cela tient tant du néant que de la saturation de choses inutiles. C’est la séparation brutale d’avec le monde vivant et les autres humains. C’est le sentiment que tout nous échappe, comme la poignée de sable qu’on essaierait de retenir dans sa main. L’impression douloureuse de ne pas vraiment habiter notre propre vie ni le monde. Nous avons tué dieu, la toute-puissance de l’État, de la famille, de l’autorité transcendante en général. Et nous nous retrouvons à errer comme des fourmis égarées. Nous errons dans la multiplicité de nos attachements, dans nos infidélités géographiques, nous pataugeons dans l’impossibilité que rien ne soit tenu pour acquis. Il n’y a aucune vérité universelle à laquelle prêter allégeance. Chaque lien, chaque engagement est temporaire. Il durera le temps que ça nous sera confortable, le temps que ça nous fera plaisir. Mais nous pouvons à tout moment tout quitter, l’amie ou l’amour qui devient irritant.e, la ville où nous nous ennuyons, le boulot pour lequel le contrat se termine. Et oui, c’est aussi l’ère des CDD pour nos amours et nos collectifs d’action directe ! Que nous acceptions ou non de le voir, nous sommes trempé.es jusqu’au cou dans les valeurs du monde capitaliste d’aujourd’hui : vitesse, efficacité, flexibilité, fugacité. Ces préceptes et schémas d’organisation traversent la société, depuis les entreprises internationales et les États jusqu’à nos doutes et déchirements intimes. Ce qu’on croit être notre liberté, la chose la plus précieuse, est en réalité aussi ce qui fait que nous sommes si désespérément seul.es. (…) Mais comment être à la fois émancipé.es et à la fois relié.es ?(…)
Saboter l’ultra-moderne solitude : ceci est un point important de notre programme.Lilian Stockel
—
in Timult n°1, rubrique Stratégies, Briques, mortier et courbatures. Octobre 2009.
Ultramoderne Solitude, pp 10 à 13.
Le numéro papier est épuisé mais disponible en pdf.
Discussion : Vos plus belles ruptures, séparations, etc.

artichaut
le mercredi 12 mars 2025 à 12h22
Peut-être quand même qu'il y a une distinction entre 2 sortes d'amour, 2 usages du mot aimer :
- j'aime une musique, un paysage, un aliment, pour ce que ça me fait ;
- j'aime une personne pour qui elle est.
Et que parfois (souvent) on confond l'autre avec un aliment, une musique, un paysage, et qu'on "l'aime" pour ce qu'elle nous fait, et non pas pour qui elle est.
On aime ce qu'elle vient combler, guérir, cajoller, adoucir, apaiser en nous.
Mais du coup ce n'est pas l'autre que l'on aime.
Discussion : Vos plus belles ruptures, séparations, etc.

artichaut
le mercredi 12 mars 2025 à 12h19
Et sur ce dernier point (rencontrer l'autre dans ce qui nous sépare de lui), ça me renvoie très fort à quelque chose de fondamental pour moi : aimer c'est vouloir le bonheur de l'autre, quelqu'il soit.
La compersion est presque un allant de soi dans l'amour, pour moi.
Si j'aime l'autre et que celui
- a une nouvelle histoire
- veut partir habiter loin
- ne veut plus relationner avec nous
- veut radicalement changer de vie
je ne peux que l'encourager et me réjouir pour lui de ça.
(Sauf cas exceptionnel, où l'autre se fourvoie, est manipulé, etc.)
Sinon ce n'est pas de l'amour que l'on vit. Ou pas que de l'amour, et quelque chose d'autre vient parasiter l'amour.
Ce que ça nous fait à nous, n'a rien à voir avec l'amour. Sinon c'est que l'amour est tourné vers nous et non vers l'autre. Ce qui n'est pas un mal en soi, mais c'est bien d'en avoir conscience.
Ça va aussi dans le sens d'aimer l'autre tel qu'il/elle est, avec ses spécificités, donc ses "défauts". Et donc tel qu'il/elle a envie de devenir. Aimer l'autre dans son devenir lui/elle.
Et de même que la jalousie est compatible avec la compersion (et n'est en aucun cas son contraire), de même la tristesse, le sentiment de rejet ou d'abandon, sont "compatibles" avec l'amour.
Mais il convient de ne pas confondre ces différentes choses. Ni en les fusionnant, ni en prétendant que l'une est le contraire de l'autre.
La jalousie n'est pas une preuve d'amour, pas plus que la possesivité, la tristesse, le sentiment de manque, de rejet ou d'abandon, la colère, etc, etc.
Aimer l'autre n'a rien à voir avec soi.
La souffrance ressentie lorsque l'autre nous quitte (ou pareillement lorsque l'on quitte l'autre, surtout si l'on quitte car l'autre n'est pas capable de le faire) n'est pas de l'amour, mais révèle (et reveille) nos failles, révèle un manque d'amour… de soi.
À la limite, on pourrait dire : la jalousie est une preuve… d'un manque d'amour de soi.
Du reste, perso, j'aime ma jalousie pour ça : elle me fait toujours revenir à moi. M'invite à re-prendre soin de moi, à ne pas m'oublier dans l'équation relationnelle.
Finalement, j'ai envie de dire, que si l'on souffre d'une rupture, c'est non pas qu'on aimait l'autre (peut-être qu'on l'aimait, peut-être pas, mais c'est indépendant), mais qu'on aimait que l'autre nous aime. Voire qu'on avait substitué une partie de notre amour de soi, par ce qui nous semblait être l'amour de l'autre.
Je comble mes failles avec "l'amour" de l'autre, donc lorsque celui-ci (nous semble) disparaît(re), ça crée un vide, qu'il n'est pas toujours aisé et rapide, de re-remplir avec de l'amour de soi.
La NRE serait un remplissage de nos failles par "l'amour" de l'autre. Et la NRE_de_rupture le temps nécessaire à un re-remplissage par de l'amour de soi (ou une fuite dans la recherche d'un autre être pour venir re-remplir nos béances).
Je mets des guillemets à "l'amour" de l'autre, car j'ai le sentiment que ce n'est pas l'amour de l'autre qui remplis nos failles, nos béances, mais l'image que l'on s'en fait (ou ce que l'on fabrique à partir de ce qu'il nous donne).
Le véritable amour de l'autre, nous aime pour ce qu'on est, veut notre bonheur quelqu'il soit, est bien même sans nous (donc peut nous quitter, ou être quitté, sans cesser de nous aimer).
J'ai le sentiment qu'on confond l'amour réciproque avec de la co-dépendance cultivée. Voire dans le pire des cas avec de l'utilitarisme (j'utilise l'autre pour combler mes béances) et de la possessivité (je ne supporte pas que l'autre soit libre de ne pas combler en permanence mes béances).
Là où l'amour pour moi rime nécessairement avec liberté. Aimer, c'est vouloir l'autre libre (avec ou sans nous ne rentre pas en compte dans l'équation).
Et donc je ne parle pas d'un "amour-amoureux" (qui pour moi n'est rien d'autre qu'un substitut d'amour de soi déguisé), mais bien d'un amour sincère, désintéressé (vis à vis de soi, ou d'une quelconque réciprocité).
Un amour comme c'est le cas (comme ça devrait être le cas) avec nos enfants, avec nos ami·e·s, etc.
Certain·e·s diront un amour universel, ou inconditionnel (moi j'aime pas trop ces termes).
Pour moi c'est juste ça l'amour.
J'aime un arbre, un paysage, une personne… pour ce qu'ils sont, pour leur devenir.
À la limite je peux un jour cessser de les aimer, ou les aimer moins (par exemple si ce qu'ils sont devenus est devenu trop éloigné de moi, ou si moi-même je me suis éloigné d'eux).
Mais cet amour qui a existé ne peut disparaître du jour au lendemain. Et même, au passé il existera toujours (sauf cas de manipulation avérée).