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Situation difficile - début relationnel polyamoureux

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julliarde

le mercredi 13 novembre 2019 à 17h38

Bonjour,
Je vis actuellement une situation difficile, et j'ai du mal à démêler ce qui est éthique de ce qui ne l'est pas. C'est pourquoi je suis intéressée des avis qui m'aideraient.
Ca fait deux ans que je suis en relation avec mon amoureux et nous avons entre 20 et 25 ans. Il était en relation avec X quand je l'ai rencontré mais ça s'est terminé peu après. Nous avons défini notre relation comme polyamoureuse dès le début, et cette décision d'être non exclusifs a été ré-examinée régulièrement et toujours consensuelle. Nous avons connu plusieurs histoires chacun.e de notre côté mais sans jamais qu'il s'agisse d'autres relations amoureuses qui auraient le temps de se définir comme telles et dureraient. Nous étions donc un "couple" et un binôme. Il a toujours eu plus de facilité avec la compersion que moi. J'ai eu beaucoup de difficultés et de souffrance lors de sa relation avec X, et j'ai travaillé beaucoup pour vivre mieux les aventures qu'il connaissait (qui à part avec X sont toujours restées des histoires d'un soir ou peu orientées sur les sentiments). J'ai notamment lu beaucoup de livres sur le polyamour, l'éthique et la compersion, réfléchi, travaillé sur mes sentiments, etc.

Il y a deux semaines il a rencontré une "amie" à moi (dont je ne suis pas très proche et que je vois rarement). Ils ont passé la nuit ensemble et il m'a annoncé qu'ils se plaisaient et voulaient se revoir. Cette nouvelle m'a mis dans un état physique et émotionnel très difficile. J'étais submergée par une tempête d'émotions intenses, je pleurais beaucoup et je me sentais très mal. Il faut savoir que j'ai des troubles émotionnels ; je suis hypersensible et je souffre de troubles de l'anxiété, de crises de panique, d'angoisse, voire de tétanie. Cela n'arrive pas tout le temps et je suis heureuse la plupart du temps ; je travaille beaucoup à ce sujet et suis très en lien avec mes émotions et difficultés, et j'ai des manières de les gérer au mieux.

Ne sachant pas ce qui était éthique ou non, je lui ai dit que je ne pouvais pas le contrôler ni lui mettre de restrictions et il l'a revue quelques jours plus tard. Je pense que c'était une erreur de notre part à tous les deux car nous aurions dû écouter mes difficultés et prendre le temps de me calmer.
Cette deuxième nuit qu'ils ont passé ensemble, et était un début de relation amoureuse, m'a causé énormément d'anxiété, de souffrance, de tristesse, de mal être général. J'avais l'impression de subir la situation et que ma souffrance n'était pas prise en compte. J'étais effrayée à la perspective d'une relation future importante. Je pleurais toute la journée et la nuit sans parvenir à me calmer. Ils ont accepté de ne pas se voir pendant une semaine, et j'ai passé plusieurs jours entiers à travailler activement sur mes sentiments, mes peurs, la situation et ce qui pouvait arriver, et j'ai démêlé tout cela en écrivant. J'ai ensuite partagé mes sentiments, peurs, besoins,... avec mon amoureux. Je lui ai dit que j'avais besoin de discuter plus avant qu'ils se revoient, qu'on déconstruise des choses, qu'on me rassure et qu'on mette des choses en place pour faire attention à mes besoins de sécurité, contrôle, prévisibilité, inclusion,...
Mais le lendemain elle l'a appelée car elle souhaitait le voir une demi heure dans un café car elle avait un besoin pressant de parler de choses sur lesquelles elle se questionnait. J'ai fait cette concession pour remplir ses besoins à elle, étant clair qu'il ne s'agirait de rien de plus qu'une discussion, et j'ai fait confiance à mon amoureux. Il connaissait mes difficultés et savait que depuis une semaine et demi j'étais en état de panique et de tristesse intense : je pleurais beaucoup, j'avais mal à la poitrine et du mal à respirer, du mal à manger et dormir à cause du stress, que je pensais à ça tout le temps et que l'essentiel de mon temps était pris pour travailler sur moi pour me calmer corporellement et mentalement, voir les choses plus positivement et améliorer la situation.

Le problème c'est que j'ai passé la soirée à me rassurer en me disant "ne t'inquiète pas, ne suis pas ta peur, il ne se passera rien de plus et tu peux faire confiance". Or, après avoir discuté, ils ont été ensemble à une soirée avec ses amis (qui sont aussi les miens), ont passé la soirée ensemble, se sont embrassés en public et ont dormi ensemble. Ils ont fait cela car elle lui a dit qu'elle avait besoin de le voir pour se rappeler que ça en valait la peine (d'attendre etc), et mon amoureux avait donc peur de la perdre s'il ne faisait pas ça. De plus, il lui a dit que j'avais des difficultés et ils ont donc parlé de moi, et évité de faire l'amour pour faire attention à mes sentiments. Mais je me suis sentie profondément blessée, mes besoins n'étaient pas remplis et je n'étais pas prête à vivre ça, et ça ne correspondait pas à ce qu'on avait convenu, ce qui me faisait me sentir trahie dans ma confiance. Pour moi c'était me mentir, me faire vivre des choses pour lesquelles je n'étais pas prête et de la mauvaise manière, et ne pas prendre assez compte ma douleur.
Pour mon amoureux, ce n'était en effet pas la meilleure décision, mais il estime n'avoir pas eu trop le choix car la situation était compliquée (il y avait aussi d'autres facteurs qui lui mettaient la pression ce soit-là) et qu'il pensait que s'il ne le faisait pas, elle stopperait tout. Je n'ai pas l'impression qu'il reconnaisse à quel point c'était une erreur vis à vis de moi.

Nous parlons énormément et sommes très transparents et honnêtes. De plus, j'ai été hier parler avec cette personne avec qui il a eu ces connexions, et nous avons énormément communiqué, dans l'écoute, l'honnêteté, la bienveillance et même l'affection. Nous souhaitons toutes deux le mieux pour tout le monde. Elle m'a dit que si elle avait su à quel point je souffrais elle aurait agi autrement.

Cependant, même si dans un monde idéal j'aimerais être prête à ce qu'ils vivent une histoire, je ne me sens absolument pas/plus capable qu'ils se voient dans un futur proche. Mon objectif à présent est de parvenir à me calmer physiquement et mentalement, penser à autre chose et de pouvoir faire les choses que je dois faire et n'ai pas pu faire depuis deux semaines à cause de mon état. Nous avons donc conclu elle et moi que la seule solution s'ils souhaitaient que ça puisse fonctionner un jour était de faire une pause et de me laisser du temps.
Mais nous avons peur qu'elle se sente mal d'attendre trop longtemps pour elle et préfère laisser tomber, ce qui les rendrait tous deux très tristes car ils se plaisent beaucoup et souhaitent beaucoup commencer quelque chose ensemble. Ma peur à moi est que même après cette pause, et du travail et de la réflexion, mes difficultés ne me permettent pas d'accorder nos deux temporalités : que ce que je suis prête à vivre sans avoir d'extrêmes malaises physiques et mentaux soit toujours trop peu par rapport à ce dont elle a besoin pour se sentir bien dans cette relation naissante, et pour que ça vaille la peine pour elle (et lui).

J'espère que cette narration n'est pas trop longue. Mes réflexions et questions sont donc par rapport à ce que vous pensez de cette histoire, au niveaux éthiques et pratiques. Cela sans volonté de me victimiser ou de me plaindre : nous sommes tous trois bienveillants, bien intentionnés, néophytes et un peu perdu(e)s. Mais dans une volonté d'essayer de comprendre des choses, d'apprendre de nos erreurs, de réfléchir à la suite,... J'ai beaucoup de questionnements sur ce qui est éthique ou non, et peur de faire des erreurs. Aurais-je dû demander clairement qu'ils me laissent du temps sans se voir dès le début? Dans More Than Two et "Compersion" de Hypathia, il est mention d' "aller à la vitesse du plus lent". Comment concilier les rythmes différents? Comment respecter ma souffrance sans contrôler les autres?

Merci beaucoup de vos réponses , réflexions, exemples, histoires, si vous en avez! :)

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Cerise_Sauvage

le mercredi 13 novembre 2019 à 18h27

Bonjour !
Je n'ai pas grand chose à dire sur les moyens pour toi de te calmer/d'aller mieux etc, pour la simple et bonne raison que je n'ai jamais connu ce genre de situation. En revanche j'ai un petit avis au niveau de l'autre fille, de la potentielle future relation :
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julliarde
j'ai été hier parler avec cette personne avec qui il a eu ces connexions, et nous avons énormément communiqué, dans l'écoute, l'honnêteté, la bienveillance et même l'affection.

Je pense que déjà la situation est bien "emmanchée" si je puis me permettre, cette communication et cette bienveillance sont des atouts majeurs pour que tout se passe bien des deux cotés, c'est cool ! :)

julliarde
Mais nous avons peur qu'elle se sente mal d'attendre trop longtemps pour elle et préfère laisser tomber, ce qui les rendrait tous deux très tristes car ils se plaisent beaucoup et souhaitent beaucoup commencer quelque chose ensemble

Je ne comprends pas trop comment cette personne pourrait se lasser, enfin je comprends cette appréhension vis à vis des premiers évènements (hâte du rdv etc) mais de mon point de vue la présence d'une nouvelle personne dans une vie ne devrait être que du bonus : appelons "A" la fille en question : A ne devrait pas attendre quoi que ce soit de ton copain, mais juste profiter des moments qu'ils auront ensemble; forcément l'attente est lassante lorsqu'une personne attend que l'autre se décide et qu'elle sait que le choix ne tournera pas forcément en sa faveur, mais nous parlons de situations poly, il n'y a pas vraiment de choix à faire si ce n'est de décider ou non de commencer une nouvelle relation... Si tous deux se plaisent, que le climat est bienveillant et qu'il y a de l'envie des deux cotés alors une complicité pourra se construire quel que soit le délai entre les rencontres, il "faut juste " que A comprenne qu'elle n'est pas seule dans l'équation et qu'elle n'attende pas une relation trop poussée pour le moment… Personnellement, pour m'être déjà retrouvée dans la situation de la "nouvelle" pas très bien acceptée par la "principale" (la situation était légèrement différente puisque je ne pouvais discuter qu'avec lui et pas avec elle), une fois la légère amertume du début passée et admis le fait que ce n'était pas moi qui fixait les règles, que je n'étais pas sur un plan d'égalité avec elle et que cela était tout à fait normal en y réfléchissant quelques secondes (j'ai eu cette réflexion seule, le garçon ne m'as en aucun cas dit ça, j'ai juste compris qu'elle avait de l'avance dans son cœur et qu'il agissait en conséquence ), j'ai juste profité des moments que le garçon m'accordait sans attendre rien de spécial de lui et tout s'est passé pour le mieux pour moi, sa présence me faisait toujours plaisir, qu'il y ait eu un mois d'attente avant ou non… Je pense que cela demande néanmoins une certaine réflexion sur soi, potentielle remise en question, et une capacité d'empathie vis à vis de "la principale" mais qu'une personne bienveillante qui tient au garçon en question en est tout à fait capable; donc pour moi vous ne devriez pas vous en faire vis à vis de A, si elle correspond à la description bienveillante et attachée que tu en as faite tout se passera bien et vous pouvez te laisser le temps, en veillant juste à prêter attention à son ressenti, à communiquer avec elle .
(Redis-moi si ça te paraît peu clair, j'essaierai de faire mieux , je me suis peut-être un peu laissé emporter dans la formulation de ma pensée)

Pour le reste je peux juste te soutenir et te souhaiter bon courage dans ta quête de réponses/ d'apaisement :)

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Siestacorta

le jeudi 14 novembre 2019 à 00h02

Au delà de ton hypersensibilité, je me demande quand même s'il y a pas une raison un peu, précise... quelque chose de pas nécessairement logique ou problématique, mais de significatif pour toi, en rapport avec cet amie-là, qui a allumé tes alarmes.

Je pense que t'as pressenti un truc particulier.
Parce qu'il y a des amis communs plutôt qu'un environnement plus anonymisant ? Ou parce qu'il y a quelque chose que tu vois chez cette fille, une comparaison, ou une association que tu fais entre elle et des comportements ? Ou que tu sais d'avance que ton partenaire peut accrocher à un truc ? Ou parce qu'il a dit/ fait quelque chose qui d'emblée, avant le rendez-vous, t'a fait tilter qu'il y avait une étincelle ? Ou simplement qu'il prenne la peine de prévenir au lieu que ce soit au fil de l'eau, te faisant plus anticiper que d'habitude...

Bref, ça pour dire que si tu peux être un peu précise sur le moment où une corde a vibré un peu plus en toi, sur quoi ç'a été d'emblée intense alors qu'il se passait encore rien d'autre de notable, tu auras peut-être une bonne piste, pour savoir quoi dire à qui par la suite...

Message modifié par son auteur il y a 6 ans.

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julliarde

le mardi 26 novembre 2019 à 17h07

Merci pour vos réponses, auxquelles j'ai mis du temps à répondre car la situation est très chargée émotionnellement pour moi.
Siestacorta, ce qu'il y a de particulier c'est que c'est la première fois que le courant passe bien entre lui et quelqu'un d'autre et qu'il s'agit de sentiments et qu'il faut envisager la possibilité d'une relation amoureuse qui se développe, et pourrait durer. C'est cela qui est le cas pour la première fois et qui a fait que c'était intense pour moi. D'autre part je pense avoir peut être surestimé la part de mon hypersensibilité dans cette histoire et je commence à me dire que beaucoup de gens ont des difficultés à gérer ces premières fois, qu'elles sont difficiles à gérer, et que c'est logique. (*)

Cerise sauvage, je pense aussi que la communication et la bienveillance sont des grands atouts.
Pour le reste de ce que tu as écrit, je comprends ce que tu veux dire, qui m'a fait du bien à lire et me permet de me sentir plus légitime. Ce qu'il y a c'est que mon amoureux et la personne en question, "A" comme tu l'as appelée, ont envie de se voir et souffrent de se retenir. Elle doit faire un travail de patience, et aussi un travail par rapport au polyamour (par rapport au fait de commencer quelque chose avec quelqu'un qui est déjà en couple). Mon amoureux quant à lui prend de l'énergie et du temps pour discuter avec moi, et voit ma souffrance qui n'est pas très gaie à vivre et notre relation qui n'a pas un décor très gai avec ces difficultés. Ils disent que le fait de faire ces efforts, se retenir, avoir ces discussions etc., leur donnent envie d'avoir aussi des choses positives qui se passent pour montrer que ça vaut la peine, comme se voir. Je crois que c'est pour ça qu'elle ne voit pas que du "bonus" positif aux choses qui sont possibles/seront possibles petit à petit entre eux, comme tu le disais. Je crois qu'ils considèrent tous les deux que ne pas se voir pour le moment est un effort qu'ils font pour moi, et qu'ils ont besoin aussi de récompenses/compromis avec leurs envies et besoins.
Moi je considère qu'il faut savoir passer par des émotions difficiles et inconfortables pour évoluer vers le polyamour, mais pas par des souffrances extrêmes. Et donc pour moi, on a pas le choix d'agir au rythme de la plus lente, c'est-à-dire moi, car ce ne serait pas éthique de me faire passer par ces souffrances extrêmes. Là c'est un peu compliqué car je suis toujours anxieuse à cause de ça et stressée tout le temps, je dois déjà faire beaucoup d'efforts pour me calmer, digérer ce qui s'est passé, penser à la suite,... malgré le fait qu'ils ne se voient pas. Et je suis stressée par le fait qu'ils ont l'air pressé.e.s et que ça aille trop vite pour moi, et j'ai peur d'encore plus mal vivre la suite. Et malgré toute la bienveillance que j'essaie de me donner, je suis aussi un peu honteuse de les retenir, de vivre ces difficultés et de ne pas être en pratique comment je voudrais être en théorie.
C'est fou à quel point la théorie et la pratique sont différentes.
Je vous remercie beaucoup pour vos réponses et pour vos encouragements :)

(*) Je veux dire logique que ça puisse être difficile vu les normes sociétales et culturelles omniprésentes vis à vis de l'amour, de la monogamie, et vu tout le travail personnel sur la confiance en soi, la sécurité, etc.

Message modifié par son auteur il y a 6 ans.

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Bouleau (invité)

le dimanche 18 septembre 2022 à 14h58

Merci pour ce partage ! Je me reconnais tellement dans ce que tu dis. Je vis exactement la même chose que toi pour le moment et c'est extrémement difficile. Je veux le bonheur de mon compagnon. Lui même se sent perdu dans cette situation qu'il n'a jamais vécu, il sait juste qu'il a besoin de cette nouvelle relation. Je dois arriver à vivre un baiser entre eux qui s'apparente pour moi à une trahison (car je n'étais pas au courant et que la règle jusqu'a présent entre nous etait celle de l'exclusivité) et la possibilité de la continuité de cette relation qui semble tellement spéciale et importante pour mon compagnon et B (appelons la comme ça). Je vais retenir ce truc du rythme du plus lent. Meme si étonnement, c'est moi qui m'empresse de lire sur le sujet, de poser des règles, d'exprimer des sentiments, de chercher à comprendre... mon compagnon voudrait juste la voir pour comprendre ce qu'il ressent. Mais il soutient qu'il m'aime, et qu'il n'a jamais mis en question le fait d'etre avec moi.
Ma stratégie actuelle est d'aller voir des amis, faire des choses qui me nourrissent moi, qui m'epanouissent. Essayer de me sentir bien seule et dans d'autres relations importantes (amis, famille) et puis je lui ai demander de me rassurer quand il n'etait pas avec moi (un petit message, une proposition d'activité ensemble...), d'être pleinement ensemble quand on est ensemble (et pas au téléphone avec elle), de ne pas se voir dans notre maison... je en sais pas si c'est trop contrôlant, je veux juste sentir notre relation en sécurité. Je veux le laisser comprendre, la voir,... Je vis des imenses montagnes russes, j'espere avoir laisser assez de temps à mes sentiments... )j'ai appris la nouvelle il y a 5 jours..

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Siestacorta

le lundi 19 septembre 2022 à 17h51

Bonjour @Bouleau

Bouleau
Je dois arriver à vivre un baiser entre eux qui s'apparente pour moi à une trahison (car je n'étais pas au courant et que la règle jusqu'a présent entre nous etait celle de l'exclusivité)

Avant tout, je voudrais m'assurer que tu comprends que ce que vous vivez n'est une situations polyamoureuse que si tu es consentante : que tu as réellement le choix, non pas seulement de rester ou partir, mais de demander à ce que la relation soit exclusive ou non.
Si ton compagnon ne te laisse pas de choix, il ne cherche pas à être dans une situation de polyamour, il veut juste SA non-exclusivité, sa bigamie, comme ça l'arrange.
Pareil si dans ce cadre tu n'as pas toi l'option d'avoir d'autres relations : ce n'est plus du PA, mais de la polygynie.

Bouleau
Meme si étonnement, c'est moi qui m'empresse de lire sur le sujet, de poser des règles, d'exprimer des sentiments, de chercher à comprendre...

Ce n'est pas étonnant, tu cherches à trouver des mots et un cadre pour que votre relation se poursuive.
Mais il faut qu'il comprenne que lui doit autant et plus que toi prendre en charge ce travail sur la relation.
C'est bien gentil de se déclarer étonné de ce qu'il fait, mais bon, maintenant c'est fait, il doit se mettre... au boulot (désolé).

Je crains pour toi que tu suives le mouvement par peur de devoir rompre. J'insiste : s'il ne te laisse pas le choix, c'est lui le responsable, pas toi : il a amené cela, l'a commencé sans te le dire et souhaite apparemment s'installer dans un cadre sans avoir lui-même beaucoup de propositions pour que toi aussi vives dedans.
Bref. Prends le temps, quand le train sur la montagne russe décélère un peu, de te demander si indépendamment de ton compagnon, tu te vois avec un mode de vie qui peut se montrer très différent du cadre classique.
On n'ouvre pas la relation seulement par amour pour l'autre, mais aussi parce qu'on ressent en soi une vraie possibilité de vivre les relations de cette manière. L'amour pour l'autre motive à explorer, mais si on ne découvre rien de bon pour soi, si on n'y devine pas son propre épanouissement, on peut venir à manquer de bonnes raisons quand le partenaire à l'initiative n'en manquera plutôt pas.


Bouleau
Ma stratégie actuelle est d'aller voir des amis, faire des choses qui me nourrissent moi, qui m'epanouissent. Essayer de me sentir bien seule et dans d'autres relations importantes (amis, famille) et puis je lui ai demander de me rassurer quand il n'etait pas avec moi (un petit message, une proposition d'activité ensemble...), d'être pleinement ensemble quand on est ensemble (et pas au téléphone avec elle), de ne pas se voir dans notre maison... je en sais pas si c'est trop contrôlant, je veux juste sentir notre relation en sécurité.

Ce n'est pas contrôlant (c'est même assez adapté, et dans un sens ça me met une alerte sur tes émotions). En tout cas pas plus contrôlant que ne le sont les autres formes de relation. Sauf que tout ce qu'on fait sous l'étiquette de la monogamie est censé être normal, tout ce qui va être lié à la non-exclusivité et à ce qu'on fait pour s'adapter apparait comme étrange. Alors que non, l'intimité change, donc les actes qu'on fait pour qu'elle existe changent aussi.

Quand tu dis que tu as appris la nouvelle date d'il y a cinq jours... De quand date la relation ? Parce que si elle est toute récente, même s'il y a une place pour ça, tu participes à sa définition.

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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Topper

le lundi 19 septembre 2022 à 20h20

Bonjour @julliarde,

Selon ma propre sensibilité, et parce que c'est un de tes questionnements, je ne considère pas que ton amoureux ait eu un comportement éthique en voulant relationner avec ton amie. Peu importe que ce soit une amie avec qui tu as un lien très fort ou une amie que tu ne vois pas souvent. Le fait est que tu avais un lien particulier avec cette personne.

Au même titre que je ne relationnerais pas spontanément avec un ou une partenaire de partenaire, je ne le ferais pas non plus avec un ou une amie de partenaire, sans en discuter avec la personne concernée au préalable. Cela me parait être la moindre des choses de demander à la personne avec qui je suis en relation si c'est susceptible de lui poser problème. Si c'est le cas, je passe à autre chose bien avant d'engager quoi que ce soit d'émotionnel.

Sinon, forcément ensuite on se retrouve avec une situation qui va forcément être compliquée à gérer. Que ce soit en continuant, et en impactant notre partenaire qui ne veut pas de cette relation, ou que ce soit en arrêtant, ce qui peut à la fois affecter et frustrer la personne tierce et/ou nous-même.

Parfois la personne concernée peut s'en foutre, et dans ce cas là tant mieux (j'aurais quand même tendance à être très prudent parce que cela peut devenir problématique avec le temps). Parfois ça l'affecte et peu importe les raisons. C'est ton cas, et cela prouve bien que c'est une situation qui aurait dû être anticipée, cela aurait évité les difficultés actuelles avec tout le monde qui est en souffrance.

julliarde
Mais nous avons peur qu'elle se sente mal d'attendre trop longtemps pour elle et préfère laisser tomber, ce qui les rendrait tous deux très tristes car ils se plaisent beaucoup et souhaitent beaucoup commencer quelque chose ensemble. Ma peur à moi est que même après cette pause, et du travail et de la réflexion, mes difficultés ne me permettent pas d'accorder nos deux temporalités : que ce que je suis prête à vivre sans avoir d'extrêmes malaises physiques et mentaux soit toujours trop peu par rapport à ce dont elle a besoin pour se sentir bien dans cette relation naissante, et pour que ça vaille la peine pour elle (et lui).)

Oui, elle peut se lasser. C'est une possibilité. Ce serait dommage mais c'est comme ça.

J'ai été dans une situation qui a des similitudes avec la tienne. Ce qui a été la source de difficultés sur l'acceptation de l'autre relation n'a strictement rien à voir. Toutefois, ma partenaire principale a demandé une pause d'un mois parce que émotionnellement ce n'était plus possible d'endurer ce qui se jouait en elle. J'ai moi-même prolongé cette pause pendant deux mois supplémentaires.

Cette pause n'a pas réglé le problème de fond parce que malgré le travail qui a été fait pendant cette période, on a pas réussi à tout décortiquer comme il fallait (cela a pris 9 mois de plus). On a donc continué tant bien que mal, jusqu'à ce que ça se termine avec la rupture de l'autre relation avec des dégâts dans tous les sens.

Maintenant que c'est derrière moi et que j'ai un peu de recul, je peux te donner quelques conseils par rapport à ta situation :

- Fais dégager la culpabilité de ta tête. C'est PRIMORDIAL ! Et tu vois, je le mets en majuscule tellement c'est important. Dis-toi que, aussi longue soit la pause, si à l'issue de celle-ci, l'un ou l'autre est passé à autre chose, tant pis. Ce sont des choses qui arrivent. Ils n'ont pas de relation impliquée existante. Tu n'arrêtes qu'une potentialité. Alors oui, c'est embêtant pour toi et ça te fait te sentir pas cool. Oui, c'est frustrant pour eux. Mais ne fais pas rentrer cette culpabilité dans ton jugement. Tu pourrais faire de mauvais choix à cause de ça.

- La personne dont tu dois prendre le plus soin, c'est toi. Tu es la personne la mieux placée pour prendre soin de toi. Ne compte pas sur les autres. Compte sur toi. Tu sais ce que tu as dans ta tête. Tu connais tes angoisses. Tu connais tes besoins. Fais en sorte de privilégier ta santé mentale et physique. Si tu ne fais pas ça, le résultat sera forcément désastreux. Si tu veux avancer, tu as besoin de toutes tes capacités mentales et physiques.

- Fais cette pause, en réglant tous les problèmes. Et je dis bien TOUS ! C'est probablement pas évident aujourd'hui pour toi d'identifier tout ce qui se joue en toi, mais tu devrais sentir quand tu te sens plus apaisée. Pour ça, il va falloir creuser encore et encore, jusqu'à identifier la ou les raisons qui font que tu vies très mal cette relation. Lorsque ce sera identifié, tu pourras en parler avec ton partenaire, tu pourras travailler dessus, mettre en place des mécanismes pour pas que ça se reproduise, ou alors tu pourras savoir si cette relation est inenvisageable sans que ça te foute en l'air.

- Ne force pas au-delà de tes capacités. Ayant eu moi-même à travailler sur la jalousie, la possessivité, la dépendance affective, je sais très bien qu'il est nécessaire d'encaisser beaucoup de choses pour se rendre compte que l'on survit à tout ça et que petit à petit on arrive à gérer et à changer de mode de pensée. Ecoute-toi. Il peut y avoir des moments très difficiles à gérer et selon les personnes c'est normal. Néanmoins, trop forcer peut aggraver la situation actuelle et faire beaucoup de dégâts. Ce qui peut sembler être un acte positif de force, de courage et d'abnégation peut s'avérer être totalement contre-productif pour la suite.

- Fais en sorte de ne pas faire de cette problématique le sujet récurent avec ton amoureux. Vous allez devoir en parler longuement, mais accordez-vous des moments où vous en parlez (par exemple quand tu as cheminé de ton côté ou que tu as des questions), et accordez-vous des moments de qualité où ce sujet n'existe pas.

- Sois honnête sur ce que tu ressens lorsque c'est important. Tu peux garder des choses pour toi pour ne pas faire peser constamment tes insécurités sur ton partenaire, mais lorsque ton état ou le contexte est susceptible d'avoir des conséquences, dis-le. Si tu sais pertinemment que tu n'es pas ok pour quelque chose, dis que c'est pas possible pour toi. Ne dis pas que ça ira en serrant les dents. Sinon, ça ne fera que rajouter une couche de problèmes à régler sur l'existant. Mal réagir alors que tu as donné ton consentement, cela ne ferait qu'attaquer encore plus ta confiance en toi et accentuer tes insécurités.

- Fais en sorte de prendre ton temps et ne pas prendre de décisions qui seraient prématurées. Même si tu penses que c'est bon et que tu as pris ta décision, laisse-toi un peu de temps avant de donner le feu vert/rouge. Personne n'apprécie les ascenseurs émotionnels. Il vaut mieux un "oui" ou un "non" franc qui met du temps à venir plutôt qu'une succession de "oui/non".

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