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Difficultés à accepter la sexualité de ma femme avec ses autres relations

Sexualités
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Hawkeye

le jeudi 11 avril 2024 à 11h02

Bonjour,

Petit contexte : quadragénaires en couple et mariés depuis plus de 20 ans, ouverture il y a un peu plus de 4 ans, des débuts chaotiques mais on a réussi à trouver un équilibre avec de la communication, de l'amour.
Cependant un sujet reste compliqué pour moi à vivre. Nous avons une sexualité assez classique de couple avec ma femme : 1 à 2 fois par semaine le soir avant de dormir une fois les enfants couchés. Ça se passe bien, ma femme a très souvent un orgasme mais c'est un peu toujours le même schéma, la même routine.

Exceptionnellement on va prendre du temps et sortir des jouets, de la lingerie, expérimenter d'autres façons de faire l'amour. Généralement cela se produit quand nous sommes en vacances ou sans les enfants et encore faut-il que ma femme soit en forme (fatigues, période autour des règles, soucis au travail ou familiaux, ...). Et même dans ces cas là cela reste assez limité et je dois être majoritairement à l'initiative.

Je devrais être satisfait de la situation et je pense que je le serai dans un contexte monogame. Mais dans un contexte libre/polyamoureux je vis assez mal de savoir qu'elle prend beaucoup plus d'initiative quand elle va rejoindre un amant, utilise des sous-vêtements, des accessoires qui ne sortent pas du tiroir avec moi. Parce qu'on en a parlé je sais qu'elle a des pratiques beaucoup plus variées avec eux qu'avec moi. Par ailleurs quand elle a fixé un rendez-vous avec un amant elle y va même pas en forme : eux n'ont pas droit aux explications du "pas ce soir".
Tout cela crée une forme de jalousie et un sentiment d'infériorité, de n'être pas désiré, d'être un mauvais amant, ... . Je m'en suis ouvert à elle, plusieurs fois, et sa réponse c'est "pas la même histoire, pas la même personne, pas le même corps, pas les mêmes envies". J'entends cette réponse mais j'ai du mal à l'accepter. Elle me dit qu'elle m'aime et qu'elle aime notre façon de faire l'amour mais qu'elle ne peut pas se forcer pour me faire plaisir. La seule porte qu'elle a entrouverte c'est de me dire que je dois prendre plus d'initiatives, plus verbaliser mes envies et accepter que si elle dit non ce n'est pas un non jamais mais un pas aujourd'hui.
Donc voilà je me sens tirailler entre ce sentiment de jalousie, d'envie d'une part et d'un profond respect d'autre part pour sa personne son consentement. Je sais que je n'ai aucun droit sur son corps et sur ce qu'elle veut en faire avec d'autres. Elle est libre. Mais cela reste difficile à vivre.

Une de mes craintes c'est qu'avec le temps la situation ne fasse que s'accentuer, que mes difficultés et mes sollicitations ne finissent que par nous éloigner et ne finir par ne plus qu'être des co-parents cohabitant et allant ailleurs vivre notre sexualité. Je lui ai d'ailleurs plusieurs fois indiqué que si cela finissait par arriver, je n'aurai d'autre choix que de prendre la décision d'une séparation malgré toute la tendresse, la complicité que nous avons. Je sens au plus profond de moi que je ne supporterai pas cette situation. Je consacre beaucoup de temps et d'énergie pour notre famille, pour son bien être et si notre sexualité finissait par s'éteindre pour n'exister qu'à côté de notre couple je ne réussirais pas à continuer ainsi malgré l'amour que j'éprouve pour elle.

Je ne sais pas trop ce que j'attends de ce message. Un point de vue extérieur ? Des vécus similaires ? Des pistes pour mieux vivre la situation ?

Merci en tout cas de m'avoir lu

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Rick47

le jeudi 11 avril 2024 à 17h40

Bonjour Hawkeye.
Je ne vis pas la même situation, mais il y a des points communs. Et comme j'apprécie ton partage, je me permets de te répondre et te dire ce que ton témoignage m'inspire.
Tout d'abord, je suis surpris que tu t'étonnes qu'il y ait davantage d'attractation entre ta femme et ses amants (ou un amant, je n'ai pas bien compris s'il y en avait plusieurs) et entre elle et toi. Je surpris, car tu dis avoir de ton côté également une sexualité avec d'autres partenaires. Ne connais-tu pas toi aussi une excitation supplémentaire à découvrir d'autres corps, d'autres pratiques, d'autres odeurs, d'autres caresses ?
Concernant les craintes que le temps vous éloigne, cela signifie-t-il que parmi ce qui vous unit, la sexualité à une place prépondérante ? Comment évalues-tu vos autres liens : sentimentaux, familiaux, domestiques, financiers, etc. ?

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Intermittent

le jeudi 11 avril 2024 à 22h48

Voici ce que j'ai écrit dans un autre sujet, qui rejoint partiellement tes préoccupations :

Intermittent
De personne centrale du couple, pour ton/ta partenaire, tu deviens une personne comme les autres, sans privilège particulier.
Tu te banalises en quelque sorte.
Ou alors, le rôle qui t'es attribué, ne te convient pas. Etre celui qui assure la vie quotidienne n'est pas toujours valorisant ....
La proximité quotidienne ne favorise pas l'intensité de la relation. Le fait d'être présent ne provoque pas de manque.
C'est un peu le problème des couples au long cours.
La seule solution que je vois, c'est de prendre le large au mois temporairement. Si tu ne manques pas, tu sauras ainsi que tu comptes peu dans la vie de ta partenaire ou alors seulement pour la gestion quotidienne.

Pour être plus clair, le sexe et les manifestations amoureuses sont les activités les plus "ludiques" du couple. Si on n'a plus ça ou si c'est phagocyté par une autre relation, qu'est ce qui reste du couple ?

Je ne suis pas dans cette situation mais au vu de ce que je lis ici, particulièrement le témoignage de Topper, qui parlait de charge mentale pour sa femme à faire des efforts pour lui, je ne suis guère optimiste ...

Il y a un effet de proximité permanente qui s'appelle l'effet Westermarck, bien décrit par l'auteur du Blog Les fesses de la Crémière dans un article :

D'autre part, ce dépend beaucoup de ton attractivité auprès des autres femmes.
Tant qu'elle ne se sentira pas menacée dans sa relation principale, elle ne sera pas poussée naturellement à faire des efforts pour te garder.

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Intermittent

le jeudi 11 avril 2024 à 22h54

Le lien vers l'article des Fesses de la Crémière :

https://lesfessesdelacremiere.wordpress.com/2016/0...

Au passage, ce blog que j'ai suivi depuis le début est passionnant bien qu'inactif depuis des années.

Cet auteur a été un polyamoureux militant, mais il fait bien constater que son histoire à débuté par une adultère de sa femme et s'est terminé par une séparation.

Voir le lien qui l'explique :

https://lesfessesdelacremiere.wordpress.com/2015/0...

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artichaut

le jeudi 11 avril 2024 à 23h22

Hawkeye
Difficultés à accepter la sexualité de ma femme…

…est-ce qu'au moins une partie du problème ne commencerais pas ici…?

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Hawkeye

le vendredi 12 avril 2024 à 12h06

Merci pour ton intervention, je réponds à tes questions.

Rick47
[...]
Tout d'abord, je suis surpris que tu t'étonnes qu'il y ait davantage d'attractation entre ta femme et ses amants (ou un amant, je n'ai pas bien compris s'il y en avait plusieurs) et entre elle et toi. Je surpris, car tu dis avoir de ton côté également une sexualité avec d'autres partenaires. Ne connais-tu pas toi aussi une excitation supplémentaire à découvrir d'autres corps, d'autres pratiques, d'autres odeurs, d'autres caresses ?

Je suis parfaitement conscient de la supériorité inégalable de la nouveauté, du désir lié à la rareté des rencontres. Mais le risque c'est de céder à la facilité et de ne pas entretenir la relation quotidienne, l'enfermer dans une routine et la laisser péricliter.

Rick47
Concernant les craintes que le temps vous éloigne, cela signifie-t-il que parmi ce qui vous unit, la sexualité à une place prépondérante ? Comment évalues-tu vos autres liens : sentimentaux, familiaux, domestiques, financiers, etc. ?

Je ne sais pas quelle est la place de la sexualité dans notre relation. J'ai vécu des périodes, pas forcément simples, où il n'y avait plus de sexualité entre nous mais il n'y en avait pas non plus avec d'autres. Je crois que c'est vraiment ce besoin de ne pas être exclu d'une partie de la relation qui m'intéresse, que j'aime mais qui ne fonctionnerait plus entre nous pour n'exister qu'avec d'autres personnes.

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Hawkeye

le vendredi 12 avril 2024 à 13h27

Intermittent
Le lien vers l'article des Fesses de la Crémière [...]

Merci pour ce partage. Je connaissais de nom ce blog sans l'avoir vraiment parcouru. Il y a visiblement pas mal de résonnance niveau contexte. Je vais prendre le temps de me pencher dessus.

Intermittent
Voici ce que j'ai écrit dans un autre sujet, qui rejoint partiellement tes préoccupations :
[...]

En effet c'est bien la problématique. C'est un peu le côté négatif du polyamour hiérarchique où finalement la relation socle est bien celle avec qui l'on passe le plus de temps mais surtout du temps lié à l'organisation du quotidien : les enfants, la maison, les factures mais assez peu de temps de qualité. Je ne demande pas à être le préféré, le meilleur, mais avoir un sentiment d'égalité. J'aurai aimé qu'on s'offre des parenthèses à 2, du temps pour jouer aux amants. C'est arrivé très rarement.

Intermittent
Je ne suis pas dans cette situation mais au vu de ce que je lis ici, particulièrement le témoignage de Topper, qui parlait de charge mentale pour sa femme à faire des efforts pour lui, je ne suis guère optimiste ...

C'est un sujet qui est du point de vue de ma femme impossible. Elle ne peut pas faire un effort. Il faut qu'elle en ait envie et quand je lui demande ce que je peux faire pour susciter cette envie. La réponse est propose/demande et verbalise ce que tu veux, parfois il y aura un oui et accepte le non sans que ce soit un rejet.

Intermittent
Il y a un effet de proximité permanente qui s'appelle l'effet Westermarck, bien décrit par l'auteur du Blog Les fesses de la Crémière dans un article :

Je vais lire ça, merci.

Intermittent
D'autre part, ce dépend beaucoup de ton attractivité auprès des autres femmes.
Tant qu'elle ne se sentira pas menacée dans sa relation principale, elle ne sera pas poussée naturellement à faire des efforts pour te garder.

Je trouve la démarche de susciter la jalousie de sa partenaire historique et jouer sur la peur de l'abandon, la perte pas très poly, mais très humaine ;)
Cela n'a pas l'air très efficace mais surement parce que je n'ai jamais présenté mes différentes relations "secondaires" comme des menaces pour notre relation mais plus comme un équilibre.

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Hawkeye

le vendredi 12 avril 2024 à 13h32

artichaut
…est-ce qu'au moins une partie du problème ne commencerais pas ici…?

J'aurais pu écrire ma relation socle historique à la place de ma femme mais le titre était déjà long. :))
Je ne pense pas que le problème soit dans la possessivité. Je suis sincèrement heureux qu'elle puisse s'épanouir dans ses relations avec d'autres, tant qu'elle est heureuse de me retrouver.

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artichaut

le vendredi 12 avril 2024 à 14h33

Hawkeye
J'aurais pu écrire ma relation…

Je me demande s'il n'y a pas quelque chose comme un sentiment d'acquis, ou qui devrait être, un attendu, un pré-supposé.

Un attendu, sinon de propriété (possesivité), du moins un attendu de relation, et d'un certain type de relation. D'attention, de joie de sa part, etc.
Un attendu de sexualité, même (puisque tu dis que tu ne pourrais pas continuer sans ça).

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Suze (invité)

le vendredi 12 avril 2024 à 15h40

Ce dont vous parlez dans votre témoignage relève effectivement du besoin d'être exceptionnel pour l'autre. Il s'agit d'une configuration possible en polyamour mais il apparaît bien souvent que cette explosivité soit diluée entre les différents partenaires.

Ne vous inquiétez pas, vous êtes bien loin d'être le seul.

Il me semble nécessaire de bien comprendre un point : la liberté offerte ne peut se lier avec une égalité relationnelle. Ces deux concepts ne sont pas liés. Or, les hormones de la sexualité répondent à des stimuli exogènes qui peuvent être plus ou moins intenses en fonction des individus et des partenaires.

Vous vous retrouvez dans une situation d'inégalité par rapport à d'autres partenaires qui provoquent chez votre relation socle des stimuli exogènes plus prononcés.
Il est dès lors tout à fait normal d'en souffrir si vous vous attaché à l'idée d'une relation égalitaire.

Vous demeurez toutefois d'une importance considérable pour la gestion de sa survie puisque vous partagez le même lieu de vie, ce que ne peuvent produire ses autres relations.

Vous avez, vous aussi votre importance dans un autre domaine lui permettant de profiter davantage de la vie. Soyez-en heureux.

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Hawkeye

le vendredi 12 avril 2024 à 18h41

artichaut
Je me demande s'il n'y a pas quelque chose comme un sentiment d'acquis, ou qui devrait être, un attendu, un pré-supposé.

Un attendu, sinon de propriété (possesivité), du moins un attendu de relation, et d'un certain type de relation. D'attention, de joie de sa part, etc.
Un attendu de sexualité, même (puisque tu dis que tu ne pourrais pas continuer sans ça).

Effectivement avec ces développements tu touches effectivement à un point les attentes d'une relation dans un contexte poly/libre et même si l'un des principes poly est de ne pas faire reposer toutes ses attentes sur une seule personnes comme en monogamie, rien n'empêche d'arrêter une relation ou de la laisser devenir une amitié platonique. Mais si cette relation est celle à laquelle tu consacres le plus de temps et d'énergie et qu'elle limite ta capacité par la même à vivre, développer d'autres relations qui répondrait mieux à tes attentes, pourquoi ne pas le faire.
Cela ne veut pas dire que la sexualité est un du dans le couple. Pour autant si les attentes des deux personnes en relation ne sont plus en phase, il peut être nécessaire de revoir le cadre de la relation. Ce qui est nécessairement très impactant dans une situation comme la mienne où nous partageons lieux de vie, enfants, finances, ...

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Hawkeye

le vendredi 12 avril 2024 à 19h02

Ce dont vous parlez dans votre témoignage relève effectivement du besoin d'être exceptionnel pour l'autre. Il s'agit d'une configuration possible en polyamour mais il apparaît bien souvent que cette explosivité soit diluée entre les différents partenaires.

Ne vous inquiétez pas, vous êtes bien loin d'être le seul.

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Intermittent

le vendredi 12 avril 2024 à 23h23

Hawkeye
Je trouve la démarche de susciter la jalousie de sa partenaire historique et jouer sur la peur de l'abandon, la perte pas très poly, mais très humaine ;)
Cela n'a pas l'air très efficace mais surement parce que je n'ai jamais présenté mes différentes relations "secondaires" comme des menaces pour notre relation mais plus comme un équilibre.

Je n'ai pas parlé de susciter "volontairement" la jalousie de ta femme. J'ai employé le terme "naturellement".

Les femmes sont très fines psychologiquement pour reconnaitre très vite si une autre relation menace leur couple, à des signes que nous même ne saisissons pas toujours consciemment.
Je ne sais pas si tes relations "secondaires" ont duré suffisamment longtemps pour que ta femme puisse s'inquiéter ...
Même dans les histoires d'adultères, elles peuvent pardonner un accroc dans le contrat de fidélité mais beaucoup moins une liaison durable.

Ceci dit, on sera toujours moins en capacité d'avoir des relations secondaires qu'une femme qui a beaucoup plus d'opportunité que son conjoint sauf si le déséquilibre d'attractivité est nettement à son désavantage.
Un post sur ce site l'avait montré ou une femme qui avait ouvert le couple reprochait à son mari son succès, que je ne comprenais jusqu'à ce qu'il explique qu'il vivait dans le sud-est asiatique où les européens sont plutôt recherchés.

Message modifié par son auteur il y a un an.

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Intermittent

le vendredi 12 avril 2024 à 23h30

Hawkeye
Ce qui est nécessairement très impactant dans une situation comme la mienne où nous partageons lieux de vie, enfants, finances, ...

Les chiffres sont cruels dans ce domaine, les femmes ont beaucoup plus à perdre financièrement dans une séparation que les hommes

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artichaut

le samedi 13 avril 2024 à 00h20

Hawkeye
tu touches effectivement à un point les attentes (…)
Pour autant si les attentes des deux personnes en relation ne sont plus en phase, il peut être nécessaire de revoir le cadre de la relation.

Si j'appuie sur ce point, c'est que j'ai l'impression qu'en mode "mono", il est assez convenu d'avoir ce type d'attentes (parfois non-dites, mais considérées comme allant de soi, un genre d'attendu sociétal). Mais qu'il n'y a pas d'évidence à ce que ces attentes soient encore là, en prenant de la distance avec la norme mono. Et du coup ça peut valoir le coup de s'assurer que l'autre ai les même (où le cas échéant, comme tu dis, revoir le cadre de la relation). En tout cas, ne surtout pas considérer que ça va de soi, que les choses sont comme avant, et/ou qu'elles sont autre chose qu'une spécificité personnelle.

Par ailleurs, mon expérience personnelle, m'a appris que lorsque l'on a de tels attentes, même avec un profond respect pour l'autre et son consentement, on peut sans s'en rendre compte se retrouver à mettre la pression à l'autre et fabriquer malgré soi une relation moins désirable pour l'autre, voire s'engoufrer dans des dynamiques de non-consentement.

Au final, j'ai tendance à penser que vouloir aller vers cette forme de liberté, qu'est le contexte libre/polyamoureux, implique d'accueillir la liberté de l'autre non seulement en théorie et en pensée, mais surtout dans son corps et ses tripes. Et donc que ça passe quasi nécessairement par le fait de réduire pour ainsi dire à néant, nos attentes impliquant le corps et la vie de l'autre, y compris dans le lien à nous-même.
L'autre (re)devient un être radicalement indépendant de nous, la relation (re)devient mouvante et ne se base sur aucun acquis, sinon une mémoire commune de ce qui s'est déjà vécu. Tout, non seulement peut sans cesse être remis en question, mais même est sans cesse remis en question, ou pour être plus précis, le socle selon lequel des choses étaient acquises et attendues, vole tout simplement en éclats. Il n'y a plus aucune certitude, juste une relation mouvante, en pérpétuel changement et qu'il nous appartient de construire à chaque instant.

Ce qui à mon sens est de toute façon une forme de vérité en matière relationnelle. Mais que nos traumas, ou les normes sociétales en vigueur (par ex. la monogamie) tentent, avec plus ou moins de succès, de nous en épargner la vision, parce que ça fait trop mal à voir. Et donc on fait ce qu'on peut avec qui on est.

Le sentiment que j'ai en te lisant, c'est que tu n'es pas prêt (en tout cas pour l'instant) à cette liberté-là.

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Lili-Lutine

le samedi 13 avril 2024 à 10h48

Chaque récit et point de vue partagé sur cette plateforme est le reflet d'une expérience personnelle, propre à chaque individu·e. Ces témoignages offrent des perspectives enrichissantes et des exemples précieux, mais il est crucial de reconnaître que chaque histoire est unique à son auteur·e et ne peut être généralisée. En plus de partager mes expériences personnelles, je présente également mes points de vue sur les sujets abordés. Mon propre récit n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, et il est important de le considérer comme tel. Je partage simplement mon expérience dans l'espoir qu'elle puisse éclairer certains aspects des non-monogamies, sans prétendre qu'elle soit représentative de toutes les expériences. L'objectif est d'ouvrir un dialogue respectueux et inclusif, où chacun·e peut partager ses propres perspectives et apprendre des autres

@Hawkeye, changer notre perspective et redéfinir les modalités de nos relations prend du temps, beaucoup de temps... et aussi beaucoup de patience et d'amour !

Par exemple, dans des relations non-exclusives consensuelles, si notre partenaire principal·e ou pas ne répond pas ou plu à toutes nos envies du moment en matière de jeux sexuels, nous avons la possibilité d'explorer d'autres jeux et aspects de notre sexualité avec d'autres partenaires, qu'iels soient éphémères ou à plus long terme, en relation amoureuse ou non

Dans mon cas, certain·e·s de mes partenaires préfèrent des relations sexuelles plus conventionnelles, dites "vanille", tandis que certain·e·s se situent sur le spectre de l'asexualité, et que d'autres, comme moi, nous sommes plus attiré·e·s par des pratiques sexuelles BDSM plus intenses en jeux D/s ou S/m

Ce qui compte le plus pour moi, ce sont les liens affectifs profonds, les engagements et la confiance mutuelle
Les sentiments, la tendresse et la confiance priment pour moi sur les jeux sexuels

Toutes mes relations actuelles sont informées de la diversité de ma sexualité, qui diffère de la norme hétéronormative ou conventionnelle
Chacun·e sait que j'ai d'autres relations, certaines avec des sentiments profonds, d’autres moins, où je m'exprime différemment sur le plan sexuel, notamment dans des pratiques BDSM qui ne seraient pas appréciées par mes autres partenaires

Le consentement et le respect des besoins et des désirs sexuels de mes partenaires sont des valeurs cruciales pour moi
Je m'engage à ne jamais demander, encore moins exiger ou mettre de pression sur une personne pour qu'elle participe à une activité sexuelle qu'elle n'apprécierait pas, voire qu'elle n'a tout simplement pas envie ou n'a pas envie à un moment donné, de partager avec moi mais avec d'autres

Ce qui me plaît dans les relations non exclusives consensuelles, qu'elles soient basées sur le sentiment amoureux ou non, c'est la découverte de nouveaux univers intellectuels et-ou érotiques, la rencontre de nouvelles personnes et l'épanouissement personnel tout au long de la relation, quelque soit son format et sa durée

Si l'un·e de mes partenaires souffre de ne pas pouvoir me "fournir" de son point de vue ce que d'autres m'apportent sexuellement, ou s'iel ressent de la jalousie, et que nos discussions et sentiments ne suffisent pas à apaiser ses craintes, je suis prête à transformer la relation en amitié amoureuse platonique, voire à la terminer

Pour être plus explicite, dans certaines de mes relations, les jeux érotiques sont au cœur de notre intimité, tandis que dans d'autres, c'est la tendresse et la douceur qui dominent

Pour moi, ce qui importe le plus, c'est la connexion émotionnelle et intellectuelle autant que de me sentir libre et respectée dans mes choix

Personnellement, je ne ressens aucune jalousie, envie, ni de comparaison si l'un·e de mes partenaires partage avec d'autres personnes une sexualité qui me ferait envie, voire même des sentiments ou engagements plus importants qu'avec moi, que ce soit à un moment donné (par exemple, lors des périodes de NRE) ou sur du plus long terme
Pour moi, c'est le sentiment de sécurité et l'expérience partagée dans cette relation qui priment
Je suis même souvent très heureuse quand iels partagent avec moi ce qu'iels vivent ailleurs, car cela enrichit notre relation et la rend encore plus sûre et épanouissante pour moi
Ce sont les non-dits, les mensonges ou les comportements qui tendent à me mettre de côté ou à m'isoler qui sont pour moi les plus destructeurs
L'absence de communication claire sur ce qui se passe, et par extension le manque de prise en compte de mes besoins d'explicites, peuvent avoir des conséquences néfastes sur notre relation

Comme le souligne Françoise Simpère dans ses ouvrages, dans une relation de longue durée, voire dans celles où nous partageons une vie de famille, un logement, ou même une gestion financière, il est courant de traverser des périodes de "basse marée" sur le plan sexuel et sentimental
Il peut arriver que l'un·e ou l'autre des partenaires se trouve dans une telle période, ou parfois les deux
Nos libidos sont rarement constantes sur le long terme, notamment lorsque nous partageons un foyer et des responsabilités familiales depuis longtemps
Tout est en mouvement, que ce soit nos sentiments ou nos désirs sexuels, et il est normal que chacun·e d'entre nous vive ces fluctuations à un moment donné, que ce soit de manière temporaire ou sur le long terme

Cependant, de mon point de vue, ces fluctuations ne devraient pas remettre systématiquement en question la relation, tant que les autres aspects de celle-ci nous apportent satisfaction
Par exemple, mon partenaire de nid, avec qui je partage un appartement, des enfants, et la gestion financière de notre quotidien depuis plusieurs décennies, ne comble pas toutes mes envies sur le plan sexuel, et réciproquement
Pourtant, c'est la seule personne à ce jour avec laquelle je me vois continuer à vivre de cette manière, nous deux dans le même appartement, pendant encore de nombreuses années

Plus précisément, cette dynamique est possible avec cette personne parce que nous avons toustes les deux accepté·e·s nos différences en matière de sexualité, sans chercher à ce que l'autre nous apporte sexuellement tout ce dont nous avons envie
Au contraire, c'est une source de joie partagée (et de soulagement dans notre cas) de savoir que nos autres partenaires peuvent nous offrir ce que l'autre ne peut pas
Nous n'avons plus besoin de nous forcer à quoi que ce soit par peur de perdre la relation, ce qui serait impossible à vivre sur le long terme

En résumé je pourrais comparer tout cela à la cuisine : je choisis des plats qui plaisent à mes partenaires et qui me plaisent aussi, adaptant mes choix en fonction de leurs goûts et de nos interactions

Avec plusieurs partenaires, j'ai la chance de varier régulièrement les plaisirs, ce qui me comble de joie

Message modifié par son auteur il y a un an.

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Suze (invité)

le samedi 13 avril 2024 à 13h18

Je cite : "sera toujours moins en capacité d'avoir des relations secondaires qu'une femme qui a beaucoup plus d'opportunité que son conjoint sauf si le déséquilibre d'attractivité est nettement à son désavantage."

Il en est (hélas pour nous) régulièrement ainsi.

Le déséquilibre entre les témoignages masculins et féminins sur ce forum en est une illustration.

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Lili-Lutine

le samedi 13 avril 2024 à 16h04

Ce déséquilibre @Suze (invité) est pour moi le reflet des normes que notre société nous impose, façonnées par le patriarcat et ses injonctions à la jeunesse, la beauté, la santé, les études, et bien d'autres encore, souvent bien plus discriminantes...

En découvrant la communauté Queer il y a environ 5 ou 6 ans, à travers différentes associations et activités, j'ai trouvé un refuge où l'aspect physique, le genre, l'orientation sexuelle, les particularités sexuelles ou relationnelles, l'âge, le handicap, la neurodiversité ou le niveau social ne sont pas au centre de l'attention ou de l'attraction intellectuelle et sexuelle

Au début, cela m'a presque semblé surréaliste de rencontrer ces personnes qui existent vraiment dans ce monde !
Bien qu'iels soient peut-être minoritaires dans notre société, iels parviennent à se rassembler et à s'entraider
Découvrir autant de personnes partageant des expériences aussi souvent similaires aux miennes était une révélation !

Malheureusement, dans les relations hétérosexuelles, les critères de genre, de beauté, de jeunesse, de santé, etc., dictent souvent les affinités affectives et sexuelles

À moins de démanteler entièrement le patriarcat et de reconstruire par exemple une société basée sur l'égalité de tous les genres, une tâche qui impliquerait une révolution profonde et potentiellement violente pour les plus vulnérables, je n'ai pas trouvé encore d'autre explication plausible ni d'autre solution...

Peut-être devrions-nous accorder plus d'attention aux œuvres et aux productions culturelles des personnes Queer, et nous en inspirer ?

Par exemple, voici une de mes folles suggestion du moment pour commencer à changer les mentalités et les préjugés : un homme cishétéro pourrait essayer de "changer son regard" pour s'intéresser à des femmes cis bien bien plus âgées que lui, ou une femme cis hétéro pourrait tenter de "surmonter sa peur du jugement" pour s'intéresser à des hommes cis bien bien plus jeunes qu'elle ? Qu'en pensez-vous les hétéros cisgenres :-D ?

Il est certainement possible d'y parvenir, il suffit juste d'essayer, ça serait un bon début pour construire une société plus inclusive n'est-ce pas ? :-D <3 :-D

Message modifié par son auteur il y a un an.

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Intermittent

le samedi 13 avril 2024 à 16h23

Suze
Il en est (hélas pour nous) régulièrement ainsi.

Le déséquilibre entre les témoignages masculins et féminins sur ce forum en est une illustration.

Lili-Lutine
Au contraire, c'est une source de joie partagée (et de soulagement dans notre cas) de savoir que nos autres partenaires peuvent nous offrir ce que l'autre ne peut pas
Nous n'avons plus besoin de nous forcer à quoi que ce soit par peur de perdre la relation, ce qui serait impossible à vivre sur le long terme

En résumé je pourrais comparer tout cela à la cuisine : je choisis des plats qui plaisent à mes partenaires et qui me plaisent aussi, adaptant mes choix en fonction de leurs goûts et de nos interactions

Avec plusieurs partenaires, j'ai la chance de varier régulièrement les plaisirs, ce qui me comble de joie

Voilà justement décrit tout le problème y compris dans les couples polyamoureux ...
Certain(e)s ont accès aux meilleures tables et à la carte et d'autres sont au menu voire au régime ...

Mais que dire des relations qui sont gardées pour leur caractère pragmatiquement utilitaire ?
Ca a été décrit ici et relevé il n'y a pas si longtemps ...

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Profil

Lili-Lutine

le samedi 13 avril 2024 à 16h33

Intermittent


Mais que dire des relations qui sont gardées pour leur caractère pragmatiquement utilitaire ?
Ca a été décrit ici et relevé il n'y a pas si longtemps ...

C'est là tout le problème de notre société : malheureusement, il y a de nombreuxses laissé·e·s-pour-compte, dans tous les domaines... affectifs, sexuels, professionnels, etc.
Les relations dont tu parles, @Intermittent, qui sont maintenues pour leur caractère pragmatique ou utilitaire, ne sont pas des relations amoureuses à mes yeux, qu'en penses-tu @Intermittent ?
Pour moi se sont des relations où un·e des partenaires abuse de l'autre et ne lae respecte pas
Les personnes qui subissent ces relations pourraient même être sous l'emprise ou la menace de la personne qui impose ses seuls choix... :-/ Il y en a beaucoup trop, trop souvent, chez les poly et ailleurs... partout dans le monde !

Message modifié par son auteur il y a un an.

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