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Pourquoi la société voit elle le corps du partenaire comme une propriété?

Culture
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Blopblop

le jeudi 31 août 2023 à 04h59

Bonjour a tous,

le titre de ce topic resume ma question: je suis actuellement en train de me poser beaucoup de questions sur ce que la societe/religion veut nous faire croire est juste pour une personne. Typiquement, la notion de polyamour est mal vue et l'une des raisons a cela vient probablement du fait qu'en couple monogame, on voit le corps du partenaire comme la propriété de l'autre conjoint.

Par exemple, un couple dans lequel chaque partenaire pratique sa propre activité sportive ou ludique ne va pas être critique. Beaucoup de couples accepte également que son partenaire se fasse prendre dans les bras amicalement par ses connaissances, ou encore que ce dernier passe du temps avec ses amis. Tout ceci est donc bien vu; mais en revanche, lorsqu'il s'agit de parler de sex (le partenaire couche avec une/une autre), la pilule passe beaucoup moins bien. Tres souvent il y a une reaction très violente a cette discussion avec un rejet net de l'idee elle meme que le conjoint puisse avoir une relation avec une autre personne.

Mais au final, le corps du partenaire n'appartient a personne, sauf a lui-meme. Il est donc libre de faire ce qu'il veut, de s'adonner au plaisir qu'il/elle souhaite. Je suppose qu'une partie de ces convictions provient de notre education et du concept que la sexualité peut transmettre des maladies, mais de nos jour c'est beaucoup moins le cas et je pense que la société en general est éduquée sur ce sujet. Lorsque je parle de ce sujet avec des gens, des amis, je ne reçois jamais d'avis constructif (souvent j'entends des "je ne sais pas") sur la question, et j'aimerai beaucoup en avoir car je me pose cette question moi meme.

Je me pose cette question car je suis très nouveau dans le monde du polyamour, et je dois dire que je souffre moi aussi lorsque j'imagine ma femme avec un autre homme. Pourtant, lorsque je déconstruis mes emotions, je n'arrive pas a savoir pourquoi cela me derange. J'ai l'impression que c'est un mécanisme instinctif qui me fait dire qu'il y a peut être quelque chose de sale ou honteux dans le fait que ma femme ait une relation intime avec un autre.

Si vous souhaitez partager vos avis sur la question, je les prends tres volontiers et je vous en remercie d'avance.

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Lily99

le jeudi 31 août 2023 à 07h09

Bonjour @Blopblop,
Ce sujet m’intéresse aussi et je te propose mon témoignage, mes ressentis.
Quelque chose me chagrine depuis que j’ai l’occasion d’échanger sur le polyamour , et notamment avec la personne pour qui je développe des sentiments amoureux.
Je ressens une gêne lorsque l’on m’explique qu’assumer d’avoir des relations intimes avec plusieurs partenaires c’est lutter contre l’idée que le corps appartient à l’autre. En analysant mon propre inconfort (pour ne pas dire souffrance), j’ai réalisé qu’ils provenaient de ma sacralisation du partage intime dans la relation amoureuse. Je mets une signification sacré au sexe et je me livre dans toute ma force et ma vulnérabilité. J’imagine que je projette la même chose de mon partenaire. Aussi lorsque il a des relations intimes avec son autre compagne, cela vient atteindre l’image que je me fais du caractère unique, sacré de notre propre relation. Je ne me sens pas trahie dans la mesure où il est transparent sur son autre relation amoureuse. Cela ressemble plus à un sentiment d’humiliation provoqué par le constat que ce caractère sacré ne soit pas partagé. Je suis en train de décortiquer encore ces émotions donc ce n’est peut-être pas très clairs dans mes explications.
En tout cas, je suis convaincue que l’on se trompe en mettant tout sur le compte de l’idée de propriété comme construction sociale. Le développement psychologique de la signification que l’on donne à la relation amoureuse et à sa dimension intime doit également être prise en compte.
Bonne journée

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Intermittent

le jeudi 31 août 2023 à 07h30

Comme l'écrivait un psy connu dont je ne me souviens pas du nom :

"ce n'est pas tant qu'on voudrait être aimé, c'est aussi qu'on voudrait être préféré".

C'est un mécanisme qui existe aussi chez les enfants.
Probablement que cela a un rapport avec la sécurité dans la relation.

Dans les relations multiples, on se sent parfois interchangeable ...

La plupart des couples sont monogames alors que dans nos sociétés occidentales, rien ne l'impose vraiment. Il doit bien y avoir quelques raisons ....

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Xyn

le jeudi 31 août 2023 à 10h39

Bonjour,

Lily99
[...] j’ai réalisé qu’ils provenaient de ma sacralisation du partage intime dans la relation amoureuse. Je mets une signification sacré au sexe et je me livre dans toute ma force et ma vulnérabilité. J’imagine que je projette la même chose de mon partenaire. Aussi lorsque il a des relations intimes avec son autre compagne, cela vient atteindre l’image que je me fais du caractère unique, sacré de notre propre relation.[...]

Je partage aussi cette analyse, tout en cherchant d'autres sources potentielles à ces souffrances. Je pense que c'est très lié à chaque histoire.
Pour ma part, je partage plus de 20 ans de vie commune et exclusive avec ma compagne, (nous explorons les relations plurielles éthique depuis un an) et je pense avoir construit une forme de "sacralisation" de nos relations intimes (c'est aussi la seule personne avec qui j'ai eu des relations sexuelles).

Par contre, de mon côté je ne ressens pas forcément un "sentiment d’humiliation" (ou bien ce n'est pas le sentiment le plus fort). Mon introspection a plutôt identifié l'activation d'une blessure d'abandon provenant d'un sentiment lié à la perte d'une part de mon identité. J'ai mis le doigt sur cette impression de perdre une partie de ce qui me définit en n'étant plus celui (le seul) qui procure du plaisir (sexuel) à ma compagne.

Tout cela étant, en plus, renforcé par le fait que mes langages de l'amour principaux soient les moments de qualités et le contact, je vous laisse imaginer l'importance que mes émotions accordent aux relations intimes et sexuelles.

Personnellement, je pense avoir assez vite évacué le mal être autour de la notion de "propriété" mais c'était déjà un sujet pour moi que ce soit avec ma compagne, nos enfants ou nos animaux de compagnie. Je ne me suis jamais vraiment senti "propriétaire" d'eux. Malgré tout, je ressens parfois cette construction sociétale sans vraiment avoir cherché à creuser le sujet et je ne pense pas que ce soit que le sexe, mais tout ce qui touche au corps en général.

Un exemple me vient en tête, ma compagne sait que j'aime les cheveux longs chez une femme et elle les a longtemps eu long. Puis est venu le temps où elle a apprécié avoir les cheveux plus court. Elle m'informe à chaque fois qu'elle va se couper les cheveux et me demande parfois si c'est ok. Cela a donné un jour une discussion où je lui ai clairement dit que peut importe la coupe de cheveux qu'elle voulait avoir ce n'est pas à moi de décider, je pouvais lui faire part de mes préférences, mais que je l'aimais quelques soit la coupe de cheveux qu'elle pouvait choisir, que c'était son corps, ses choix. Je pense la même chose pour d'autres aspects (tatouage, poil, maquillage, etc).

Et bien, en parlant de cela nous nous sommes rendu compte que ce n'était pas aussi évident pour tout le monde et que même certains choix aussi personnels étaient problématiques.

En écrivant tout cela je me rends compte qu'il serait intéressant que je me demande comment je réagirais vraiment le jours où un de mes enfants voudrait un tatouage ou un piercing :D

Message modifié par son auteur il y a 2 ans.

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Siestacorta

le jeudi 31 août 2023 à 10h55

Lily99
En analysant mon propre inconfort (pour ne pas dire souffrance), j’ai réalisé qu’ils provenaient de ma sacralisation du partage intime dans la relation amoureuse. Je mets une signification sacré au sexe et je me livre dans toute ma force et ma vulnérabilité. J’imagine que je projette la même chose de mon partenaire. Aussi lorsque il a des relations intimes avec son autre compagne, cela vient atteindre l’image que je me fais du caractère unique, sacré de notre propre relation. Je ne me sens pas trahie dans la mesure où il est transparent sur son autre relation amoureuse. Cela ressemble plus à un sentiment d’humiliation provoqué par le constat que ce caractère sacré ne soit pas partagé. Je suis en train de décortiquer encore ces émotions donc ce n’est peut-être pas très clairs dans mes explications.

En passant, j'ergote : je dirais pas qu'on sacralise, mais qu'on sanctuarise. C'est à dire : tous les exclusifs ne mettent pas quelque chose de mystique là-dedans. Alors que le sexe sacré c'est tout un discours aujourd'hui.
Sanctuariser, c'est dire que l'intime et le sexe appartiennent à l'idée de couple. Le couple amoureux comme micro-église d'une micro-religion d'amour.
C'est pas qu'on est propriétaire de l'autre, mais qu'on croit que l'amour bénit une co-propriété de la relation, la sanctuarise, y donne un intérieur et un en-dehors, avec un tabou sur cette limite.

Mais si l'intimité, comme concept (on y met pas tous les mêmes gestes), appartient au couple, la limite se définit par du tangible. Le corps, les actes, les lieux, les personnes. Et donc cette sanctuarisation devient appropriation de fait...
Comme dans notre société ça tombe bien sur comment le couple et la famille nucléaire se construisent aussi par le matériel, qu'en se séparant on sépare aussi le piano et le chien, la question de propriété demeure bien emmêlée à notre culture amoureuse.

Par ailleurs, c'est lisible pour les infidèles jaloux. Ils se sentent attaqués quand l'autre a lui-même vécu quelque chose. Donc dans l'idée d'une sacralisation ils seraient hypocrites... Moi je vois surtout un égoïsme, un égotisme aussi, de projeter comment on se définit sur l'autre sans qu'il ait droit à définir sa liberté. Donc, appropriation quand même.

Ou, par un autre bout : on peut "sacraliser" sa propre exclusivité, lui donner un sens, mais le faire pour celle de l'autre de façon permanente dans le temps, c'est déjà mettre ce sens choisi avant d'autres choix potentiels de l'autre. Et s'il "trahit" ça, c'est un "pêché", parce qu'il nous prend "en acte" un droit de croire. Donc bref c'est peut-être existentiel mais forcément lié au matériel. La personne n'est pas "à moi", mais comme j'estime qu'il y a des limites à ce qu'elle peut faire en dehors de "nous", elle est déjà un peu plus objet et un peu moins personne (c'est pas grave, c'est de toute façon très difficile de concevoir une autre personne comme un tout et pas juste ce qu'on pense d'elle).

@Lyly99 , je te recommande Les sentiments du Prince Charles, un BD qui ne fait pas forcément la promo du poly, mais qui décortique super bien ce qu'on met dans amour et couple.

Message modifié par son auteur il y a 2 ans.

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Blopblop

le jeudi 31 août 2023 à 12h24

Énormément de choses très intéressantes, merci beaucoup à tous. Je me rends compte dans mon cas que j'ai également une forme de sacralisation de la sexualité au sein du couple.

Ayant été éduqué par une mère narcissique et par définition hautement immature, je n'ai pas appris à communiquer ou même montrer mes émotions. Dans mon couple, et ne sachant pas comment communiquer ce que je pouvais ressentir, j'utilisais le sex comme forme de connection à l'autre, ce qui est fondamentalement faux sachant que ce n'est qu'une infime partie de l'intimité d'un couple. Mais ça je ne l'avais pas compris.

La résultante de ma croyance et que lorsque notre coupe s'est ouvert, je me suis senti voler de la seul façon que je connaissais de connecter avec ma femme. Et mon monde s'est alors effondré, mes croyances avec.

Ce topic,vos avis, sont essentielles pour moi afin de pouvoir changer mes horizons et comprendre au final ce qu'est l'amour. Et je comprends également de plus en plus ce que m'a femme veut dire quand elle me dit que le corps de chacun est sien.

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Siestacorta

le jeudi 31 août 2023 à 13h30

Intermittent


Dans les relations multiples, on se sent parfois interchangeable ...

Là dessus, il y a vraiment un basculement de perception entre exclusivité et non-exclusivité.
On peut dire que si on sanctuarise l'intimité et le sexe, c'est justement pour se donner à soi-même la preuve qu'on est pas interchangeable.
Mais, d'un point de vue non-exclusif, les relations et les gens ne sont pas par nature interchangeables (sauf consommation du sexe sans investissement de lien), donc pas besoin de forcer la preuve.
(on peut même pousser l'idée assez loin : si la personne est identifiée comme "notre partenaire", elle peut perdre un peu son statut de personne complète, susceptible d'être, parfois, un de ces jours, quelqu'un d'autre que notre partenaire. D'abord par catégorie sacralisée, puis dans le temps : "ho, si tu fais ça, ce n'est plus nous, ce n'est plus le toi que je veux". Et donc c'est être partenaire exclusif qui le rend interchangeable, puisque c'est ce cadre qui décide de sa valeur d'amour, quand on peut être souple avec d'autres de ses aspects (il bosse loin, il a déjà des enfants, il est stérile, hors-la loi, ne mange que des aliments moisis) sans que ça remette autant en cause le caractère amoureux de la relation).
.
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La deuxième relation n'est jamais la même chose mais en mieux, parce que dans ce cas la solution c'est d'être encore plus investi qu'avant. C'est toujours, même dans le cas de similarités, une deuxième expérience, quelque chose de plus, d'autre. Déjà différent parce que ça vient en plus.

Par contre, là où le sentiment d'interchangeabilité et d'insécurité se rejoignent, c'est l'abandon. Admettre d'emblée qu'il y aura quelqu'un d'autre, c'est admettre que peut-être l'autre restera et pas soi.
Mais ça c'est pas "interchangeable", c'est déjà ce qui arrive dans la monogamie en série la plus classique, sauf qu'on s'est promis (à l'autre, mais surtout à soi) que ça ne devait pas arriver.

Là où je suis pas forcément sûr qu'être poly revient à être plus pragmatique, c'est que cette illusion de unicité/durabilité, n'est peut-être pas moins solide que celle d'un amour "non-exclusif car unique" qui serait imperméable aux rencontres.
Ça dépend des gens et des histoires, plus que des croyances relationnelles.
(et oui, trouver LA/LES personne.s avec qui tout ça ne compte pas, je le met dans la case croyance).

Message modifié par son auteur il y a 2 ans.

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Lily99

le samedi 02 septembre 2023 à 09h23

Bonjour,
Je viens de relire les contributions de ce fil, c’est très intéressant!
Parler de sanctuarisation plutôt que de sacralisation me semble très juste. Est-ce que j’aurais envie d’aborder l’amour autrement que comme ça? Alors là, je n’en sais rien encore. J’ai encore le sentiment que ça l’appauvrirait. Et pourtant, je ne peux que constater que je n’avais jamais vécu une relation aussi riche en terme de transparence et de qualité de communication. J’ai du mal à lâcher le côté spontané, intense, fou, anesthésiant d’un amour qui se promet l’exclusivité, se compare avec les autres relations d’avant, se convainc que c’est enfin «  la rencontre ». Je réalise qu’il n’y a rien d’adulte dans tout ça 😅.
Pfiou, il faut que je digère là!

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Siestacorta

le samedi 02 septembre 2023 à 14h53

Lily99

J’ai du mal à lâcher le côté spontané, intense, fou, anesthésiant d’un amour qui se promet l’exclusivité, se compare avec les autres relations d’avant, se convainc que c’est enfin «   la rencontre ». Je réalise qu’il n’y a rien d’adulte dans tout ça 😅.

Je ne dirais pas que c'est plus immature que d'attendre des harmonies idéales avec plus de gens.

La seule attitude adulte, au fond, c'est de faire ses choix en connaissance de cause, les assumer, et prendre soin de la relation et de la personne choisies (des...) sans considérer que notre attachement les oblige à se conformer à notre idéal amoureux.

On assume ses émotions et besoins, on les communique, on fait ce qu'on peut pour que ça soit épanouissant pour chacun.
Autant choisir les efforts dont on se sent capable.

Message modifié par son auteur il y a 2 ans.

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De passage (invité)

le samedi 02 septembre 2023 à 15h31

Ce n'est évidemment pas la "société" qui estime que le corps de l'autre nous appartient.
Cette affirmation est fausse.

C'est souvent l'autre qui nous promets, parfois, souvent, l'exclusivité sur son propre corps. Sans le dire. Une sorte de contrat moral, informel.

On y crois, sans vraiment être convaincu. M'aime tu entièrement comme je t'aime ?
Et puis le temps passe. Le temps est un assassin n'est ce pas ?

Les promesses d'exclusivité corporelles deviennent impossible à tenir. Mais quoi ? mon plaisir m'appartient.
Oui, il t'appartient.
Il m'appartient aussi de ne plus souffrir. Je suppose. J'en sais rien.

J'aime bien les westerns de mon enfance. THE END vous voyez ? tout s’arrête à ce moment là, précisément. Et l'on est heureux de cette fin.

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De passage (invité)

le samedi 02 septembre 2023 à 15h52

Siestacorca, non, on assume pas forcément ses émotions. C'est un travail difficile.
On peut les ressentir et les regretter tu le sais. Parfois, on se laisse envahir sans être capable de trouver les origines de celles-ci. C'est un gros boulot.

Tout le monde n'a pas les capacités intellectuelles de prendre autant de recul. . Je te reconnais cette qualité, notamment d'abstraction, mais non, c'est pas facile pour tout le monde.

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Siestacorta

le samedi 02 septembre 2023 à 17h00

Ah je ne dis pas que c'est facile, clairement.
Je dis que c'est la façon mature de faire.
Le contraire de facile, souvent !

Et en vrai, les difficultés poly et monos sont pas les mêmes, mais yen a pas plus ni moins. C'est pour ça que je propose de choisir celles qu'on se sent capable d'endurer (résoudre serait parfois une attente de trop).

Assumer ses émotions n'est pas une garantie et pas facile.
Mais je crois que c'est de toute façon ce qu'on a de mieux à faire. Pendant si possible, et après quand ça le sera. On fait (que) ce qu'on peut, c'est déjà ça.

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Mark

le samedi 02 septembre 2023 à 17h14

Je vous ai lu.es et envie d'ajouter ceci en complément de lecture, quelques réflexions.

https://www.lapresse.ca/arts/livres/201705/03/01-5...

https://www.slate.fr/story/252456/apres-metoo-rein...

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Peace-Shark

le samedi 02 septembre 2023 à 17h34

Je ne suis pas certain que ce soit la société. En fait, je considère plutôt que la société est plus complexe, un peu comme des strates.

La société est suffisamment "diverse" pour que l'on trouve un milieu qui nous correspond.

Si l'on veut une liberté totale, rien de mieux que d'avoir son chez soit et relationner comme on le souhaite en toute liberté.

Parfois on se met des contraintes tout seul comme un grand 😅. J'avoue que je suis champion pour ça.
Bref, notre propre corps nous appartient, tout dépend ce que l'on fait avec et à qui on décide de le confier.

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De passage (invité)

le samedi 02 septembre 2023 à 17h53

@Siestacorta, ok, je crois comprends mieux. Assumer une forme de maturité émotionnelle c'est aussi renoncer à la spontanéité, c'est ce que tu veux dire ?

Implicitement le contrôle de ses émotions revient finalement à celui qui les éprouve ?
Sincérement désolé de ce HS, c'est un sujet sur lequel je m'interroge et qui me provoque beaucoup de culpabilité.

Aussi, l'avis de siestacorta m'interresse particulièrement et je ne voudrais pas me tromper sur ce qu'il exprime.

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Ayna

le vendredi 08 septembre 2023 à 00h06

Merci pour ces réflexions.
Je voudrais juste apporter un peu d’eau au moulin car ce sujet m’interpelle aussi.
Les témoignages semblent tous mettre la limite de la propriété au niveau sexuel. C’est là où la personne avec laquelle j’ai choisi de vivre mettait sa limite de propriété dans le discours. Dans les faits elle était bien moins loin que ça! Ayant eu de nombreuses discussions à ce sujet - Il nie fermement ce concept de propriété, perso j’insiste lourdement dessus parce que pour moi il y a forcément de ça ET je ne suis pas d’accord avec l’idée! - on en est venu à la notion de «  priorité » c’est presque le même mot. Et pour moi tout aussi choquant même si je comprends. Récemment le deuxième amant, qui depuis le début sait que je vis avec qqn, me voit avec le troisième (il était pourtant prévenu) et c’est l’effondrement. Je ne comprends pas : il n’a jamais été heurté par la présence du premier???? Ah mais il était là AVANT (donc lui c’est ok car premier arrivé….). On passe de «  propriété » à «  priorité » puis à être le «  premier ». Je précise que mes relations «  secondaires » sont non sexuelles. Mais tout le monde se comporte exactement de la même manière que si elles l’étaient j’ai l’impression !!! (À ma grande surprise car je pensais naïvement que ça passerait mieux comme ça!).
Bon tout ça pour dire que être le premier (ou le deuxième mais surtout pas être détrôné !) c’est ça le thème par chez moi!
Une peur viscérale d’être détrôné (ils ont tous un petit frère ou une petite sœur, ça doit être là qu’on se sent détrôné pour la première fois et ça peut être violent comme sensation à 3 ans je pense…).
Mon «  first » a eu une relation avec une autre durant 6 mois et je l’avoue humblement, j’ai été heureuse de me sentir «  choisie ».
Avoir du plaisir à se sentir choisi, est-ce encore une question de propriété ? Probable que cela touche à cette nécessité fondamentale du petit mammifère qui pour survivre doit «  séduire » sa mère, être «  choisi » par elle. On sait que l’enfant met tout en œuvre pour provoquer des montées d’ocytocine chez ses parents et ainsi créer un lien d’attachement qui va tout simplement l’empêcher de mourir abandonné. On recrée bcp de ce lien dans nos relations amoureuses. L’enjeu de survie est moindre, nous savons marcher et nous nourrir, mais toutes nos parts n’ont pas toujours fini de grandir.
L’autre ne serait donc pas ma «  propriété », mais ma «  sécurité », et pour garder cette sécurité je dois m’assurer de rester sa «  priorité ».
Sujet en réflexion par chez moi, j’ai dit… à mûrir encore !

Message modifié par son auteur il y a un an.

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Ayna

le vendredi 08 septembre 2023 à 00h06

Doublon supprimé

Message modifié par son auteur il y a un an.

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LeGrandStyle

le vendredi 08 septembre 2023 à 04h10

La possessivité me semble être un trait humain. Dès petits, nous avons "nos" affaires, "notre" papa et maman, et si jamais on ramasse un joli caillou sur la plage, soudainement nous souhaitons le garder pour nous.
C'est probablement une stratégie pour s'assurer que nos besoins, matériels et affectifs, sont comblés. Par exemple, il est bien connu que l'aîné, devant partager l'attention de ses parents, sera jaloux du cadet lorsqu'il naît.
Il n'est donc pas étonnant que certains extrapolent cette stratégie dans leur relation, tu es "mon" ami / partenaire.

Cependant ceci n'explique pas tout, la plupart des personnes ne sont pas dans un logique de possessivité avec leur amis, alors pourquoi la société a-t-elle évolué dans le sens ou nos partenaires seraient nos propriétés.

On pourrait s'attarder sur des causes historiques (e.g. ou les enfants / hommes étaient littéralement des propriétés), mais je ne pense pas que ce soit pertinent.

A mon avis, la peur du changement et de l'incertitude est un des facteurs principaux. Le problème n'est pas tant de partager son partenaire, que les implications que cela pourrait entraîner. Les relations sexuelles, pour la majorité, sont aussi affectives, et il me semble raisonnable de dire que cela pourrait chambouler le statu quo. En y réfléchissant, si nous apprenons que notre amitié avec une personne est mise en danger par une autre, alors des comportements possessifs pourraient aussi émerger envers notre ami.
J'ai aussi souvent rencontré la volonté d'être "le plus important" chez mes partenaires, et je me demande si cela n'est pas un moyen de réduire l'incertitude en s'assurant que notre intérêt primera toujours sur l'intérêt de quelqu'un d'autre.

La dépendance affective a aussi probablement un rôle important et rejoint la peur du changement et de l'incertitude, mais en y ajoutant une dimension émotionnelle voire irrationnelle.

Il y a aussi peut-être d'autres explications plus individuelles, par exemple quelqu’un pourrait ne pas supporter que son partenaire est plus que lui, et dans ce cas précis, plus de plaisir sexuelle.

En somme, il n'est pas forcément si mauvais que l'exclusivité sexuelle soit la norme dans nos sociétés, bien que cela ne soit pas arrangeant pour la communauté polyamoureuse.

Blopblop
Mais au final, le corps du partenaire n'appartient à personne, sauf a lui-même. Il est donc libre de faire ce qu'il veut, de s'adonner au plaisir qu'il/elle souhaite.

Dans notre société, toute personne est libre de faire ce qu'elle veut de son corps. Cependant, si jouir de notre liberté blesse ceux qu'on aime, cette liberté en vaut-elle vraiment la peine ? Il n'y ni de bonne ni de mauvaise réponse, à méditer…

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Aki

le vendredi 08 septembre 2023 à 11h46

Ha ha, ça me rappelle quand mon premier frère est né (je suis l'aîné de 2 ans) et qu'à la maternité j'ai demandé à ma mère : "c'est quand qu'il s'en va ?"

A part ça, c'est vrai que dans une logique généralisée de performance, une personne lambda n'a aucun intérêt à laisser "son/sa" partenaire partager du sexe avec quelqu'un d'autre, pour la simple raison qu'il est facile de trouver quelqu'un de plus "désirable", d'avoir "plus" de plaisir, avec quelqu'un d'autre. Le risque étant d'être remplacé par ce "meilleur" partenaire, l'exclusivité (et la propriété) sexuelle permettent de couper court à ce problème et de maintenir l'illusion que tout est parfait.

En réalité, en ce qui concerne les interactions physiques, dont la sexualité, il me semble nécessaire de sortir de ce calcul de performance et de cette peur d'être "remplacé" par d'autres personnes. Chaque interaction est unique, chaque façon d'aimer, de toucher, de caresser, de prendre soin, de danser, de masser, de faire du sexe appartient à chacun. Il faut sortir d'une vision "évaluatrice" des échanges, (comme on mettrait des étoiles à un film ou un livre). Bien sûr il peut exister des préférences, mais ce sont surtout des particularités. Les corps des autres ne nous appartiennent pas et ielles en font ce qu'ielles veulent.

Personnellement, j'encourage mes partenaires à expérimenter tout ce qu'elles veulent, avec qui elles veulent. L'idée qu'elles puissent s'en empêcher et croire qu'elles "m'appartiennent" me gêne au plus haut point.

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Ayna

le vendredi 08 septembre 2023 à 18h03

Effectivement @Aki : paradigme de l’avoir et paradigme de l’être… merci de la piste.

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