Non monogamie et en parler avec ses parents (et l'inverse?)
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Mark
le lundi 28 août 2023 à 01h35
J'ai vu passer cet article
https://www.francetvinfo.fr/societe/je-ne-vois-pas...
mais aussi l'appel à témoignages. J'ai remarqué qu'on parle beaucoup des nouvelles tendances relationnelles des jeunes générations, mais peu de celles des parents dans les médias. Alors qu'a l'inverse, il peut être également compliqué pour un parent de parler de ses choix aux enfants.
Le questionnaire en lien permet aussi de s'exprimer en tant que parent. Une idée pour donner un peu plus de visibilité aux parents concernés par la non monogamie?
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Ayna
le mercredi 30 août 2023 à 05h16
Effectivement.
Les tendances relationnelles des jeunes interpellent les médias, mais on parle peu de la génération au-dessus qui a beaucoup déconstruit ou interrogé les normes en matière de couple.
Je suis maman de grands enfants avec qui je parle ouvertement de ma situation pluriaffective, de mes tentatives fructueuses ou infructueuses d’instaurer mon idéal relationnel, de mes choix discutables.
Les discussions sont intéressantes et je m’aperçois qu’ils sont très lucides sur le fait que les normes dans lesquelles nous nous avons grandi imprègnent encore leur génération. Mes trois enfants (garçon/fille) sont sceptiques quand à l’idée d’avoir eux-mêmes des enfants (je ne sais pas comment je dois le prendre ha ha…) et si la première enchaîne les « couples », elle rompt aussi parce qu’elle ne parvient pas à mettre en place une situation polyamoureuse qui selon elle lui conviendrait mieux. Les deux autres « dorment en tas » avec leurs amis, ont des relations intimes sans sexe avec personnes du sexe opposé, mais ne semblent pas en prise avec leurs hormones sexuelles que l’on penserait assez actives à cet âge. Ils n’ont pas envie de petit copain/ petite copine, en tout cas ils ne le manifestent pas et ont même tendance à rejeter l’idée d’être contraint par une situation de duo. Ma fille surtout, le garçon s’exprime moins sur ce sujet, il a l’air satisfait de ses fortes amitiés avec filles et garçons et ceux qui sont ni l’un ni l’autre.
Pour leur regard sur ma situation ils me disent : « tant que tu es heureuse… ». Je crois effectivement que le fait de me voir réellement croquer la vie aujourd’hui les rassure beaucoup. Enfants ils ont trop porté ma fatigue de mère débordée qui tente d’être une épouse parfaite et un modèle de femme moderne qui travaille et nourrit la famille. L’échec du modèle patriarcal chez nous est évident. Plutôt que sur des « réussites» matérielles ou sociales, ils mettent donc aujourd’hui la priorité sur des curseurs visibles et vérifiables sur mon individu : la joie, l’épanouissement, la disponibilité, l’écoute.
Je trouve pour ma part que discuter de nos situations avec les générations suivantes est très enrichissant. Ils ont un regard libéré de toute une culpabilité dont personnellement j’ai mis des années à me défaire. Leur bien-être est très prioritaire et ça me réjouit pour mes filles dans un contexte familial où les femmes sont très sacrificielles (moi y compris, me défaire de cet héritage prend du temps).
Je suis curieuse de voir quel type de relations ils vont finalement mettre en place dans leur vie d’adulte.
Et je suis en tout cas très heureuse que notre confiance mutuelle nous permette d’échanger ouvertement sur ma pluriaffectivité et sur leurs envies à eux. Je crois que mes enfants sont les personnes par lesquelles je me sens le moins jugée!!!!