Une nouvelle qui chamboule
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Cysseal
le lundi 14 août 2023 à 04h43
Bonjour à tous,
(Je m'excuse par avance si mon post n'est pas à sa place ou si je n'ai pas respecté quelque chose, j'ai lu la charte j'ai l'impression que c'est ok mais n'hésitez pas à me reprendre)
Je viens ici car beaucoup de choses se passent dans nos vies, et j'ai comme le besoin d'en parler, alors que paradoxalement, tout semble simple.
Lorsque je dis "nous", je parle de mon copain avec qui je suis depuis 5ans, appelons le J.
Il est incroyable. Je me suis souvent surprise à me demander comment il pouvait être aussi serein face à des choses qui me semblent des montagnes, être toujours aussi à l'écoute, alors même que je suis parfois revêche voir carrément insupportable (je travaille dessus, mais vraiment, ce n'est pas pas évident lorsqu'on a toujours été élevé à crier ou se braquer violemment dans le conflit). Il comprend tout, tout le monde, sauf l'intolérance ou l'agression envers les plus faibles qui le rendent à contrario extrêmement dur. Il m'a souvent répété avoir subis être trop "gentil" pour la société, se sentir marginal car il ne comprend pas la violence et s'en sent incapable, qu'on le considère comme un 'simplet' parce qu'il est toujours 'a la cool'. Bref. D'une douceur et d'une écoute sans limite.
Dans le même temps, son idée de vie idéale, qu'il avait co-construite avec une personne très proche (bien qu'il y ait eu une rupture très violente car un abus clair de cet ami qui se servait de lui, rupture qui a laissé des séquelles car J est aujourd'hui très seul en-dehors de moi) a toujours été de tendre vers une idée de communauté, un peu comme dans l'idée de créer une "safe place" ou tout le monde vie ensemble et 'kiffe' ses meilleurs moments, que ce soit pour se retrouver autour d'un jeu, ou pour manger, ou pour discuter, faire de la musique. Dans le même temps, c'est aussi pour lui la meilleure façon d'être "forts" : chacun apporte ce qu'il a à apporter, s'entraide, peut poser ses problèmes pour qu'ils deviennent 'nos' problèmes,...
Alors forcément, quand il a découvert l'idée du polyamour, ça n'a pas été une 'nouvelle' c'était logique, comme ce truc qui dit "ah bah voilà, ça c'est un mot qui va m'être bien pratique parce que je parle tout le temps de cette notion", même si ce n'est pas "que" son propos, qui est plus large (et plus engagé politiquement).
Il me l'a abordé, à deux reprises, même pas par envie ou besoin, mais naturellement comme on a l'habitude de parler société, vie, écologie... Et pour moi la réponse était toujours assez admirative de "ces gens là", mais catégorique (quoi que robotique avec du recul) : ça me ferait trop de mal de te voir avec une autre.
J'ai toujours été élevé dans TOUTES les idées classico-classiques du couples, et des injonctions faites aux Femmes : soit pas trop grosse tu feras comment après avoir fait un gosse,"un mari s'attrape par la b... Et se conserve par la ventre" (merci grand-mère), c'est normal qu'un homme ne sache pas faire à manger ou le ménage, c'est anormal de partir en vacances ou de sortir avec ses amis sans son mari. Bref... Imaginez-en une autre, et y'a quasi toutes les chances que j'ai été élevée avec.
Alors autant vous dire que chaque femme était (est ? Spoiler alert : La transition ne sera sans doute pas facile) une rivale, mes besoins on s'en fiche, et mon avenir ben c'est les gosses.
Puis... Il y a ces quelques hommes qui ponctuent ma vie alors même que je suis en couple et qui me 'titillent'. Impossible, je réfréne, je suis vraiment une mauvaise personne, c'est quand même pas croyable d'attendre que quelqu'un vienne te parler, voir de créer l'occasion au boulot avec un petit papillon dans le bidou alors que tu es en couple ET heureuse. Je suis vraiment une p.... Jusqu'au jour où tout s'accumule, il y a quelques semaines.
Un homme au travail sur qui je crush vraiment beaucoup, et où j'ai l'impression (avec BEAUCOUP de doutes car cela m'a toujours semblé impossible que je puisse plaire, j'ai toujours vu ça comme une anomalie, même si J passe son temps à me rassurer) que quelques regards volés passent, appelons le D. Dans le même temps il m'émoustille BEAUCOUP, sexuellement quelque chose se passe, vraiment vraiment.
Un jeu video, ou nous jouons à deux avec J, mais où chacun a établi une romance de son côté et la vie de son côté tout en se retrouvant ensuite.
Pleins de sorties seule et sans aucuns tabous ou rancœurs de J qui lui est assez casanié et au contraire me dit à chaque fois que je culpabilise "mais arrête enfin, fais toi plaisir, je te le dirai si j'ai besoin que tu restes avec moi" (nouvelle équipe ultra cool au travail, festivals, évènements, expos...).
Et on reparle du Polyamour. Et la, ça me bouleverse plus que ça me fait peur, mais aussi et surtout parce que ça me tente. Dans le même temps je fais un lapsus sur D, et J sourit sans relever.
On en rereparle.
On en rerereparle.
Et parle et parle et parle...
Et voilà, c'est posé.
Je crush carrément, je dis que je suis ouverte à l'idée d'essayer le polyA, je lui explique que c'est notamment motivé par D, et J me dit "okay".
Pas un okay blasé ou quoi hein. Un Okay naturel genre 'pesto rouge' plutôt que pesto vert ce soir.
"tu n'es pas jaloux ?" "ben pour le moment non, au contraire, je serais ultra content si tu arrives à t'épanouir dans d'autres relations, la seule chose qui m'importe c'est que tu me laisses une place romantique dans ta vie et qu'on s'aime. Je dois même dire que te voir si chamboulée, et émoustillé, ça me plaît plutôt en fait, ça te rend encore plus pétillante"
Et voilà, c'est posé, et aussi simple que de dire ''boarf, on pourrait partir en vacances en Vendée plutôt qu'en Bretagne".
Depuis, on discute beaucoup avec J, souvent à mon initiative, car je suis toujours très anxieuse (de manière générale). J. n'a pas de crush, pas d'envie d'en chercher assiduement, il me dit que maintenant il se laisse juste ouvert aux rencontres imprévues de son côté, et moi je me prends le chou comme une ado à essayer de comprendre mon revirement qui l'amuse : "enfin quelque chose où c'est moi qui peut te taquiner", parce que d'habitude c'est l'inverse.
Et J. Est ultra a l'écoute de tout... Y compris de mes échanges avec D. Il analyse avec moi son comportement "ouais nan mais c'est clair que la y'a un truc je pense" "t'as essayé de lui proposer ça ?", "Non mais il a peut-être juste désactivé ses notifs. T'es pas encore friendzone", "bah non mais s'il se passe qqchose si tu veux m'en parler tu m'en parles mais en soit c'est toi et ta relation, tu as pas besoin de me tenir au courant de chaque step".
Ses quelques interrogations et réticences me semblent tellement à des kilomètres des miennes :
- si on a plusieurs PolyA faut faire attention aux bébé-chats, ils ont besoin de jouer, faudra pas les oublier... Boarf t'facon ça leur fera du bien de ne pas se focaliser que sur un seul être humain,
- bah, par contre si il ou elle ne veut pas entendre parler de toi ou de moi... C'est dommage. Moi j'aimerais qu'on soit tous amis. Et ça veut pas dire coucher tous ensemble, ça me plairait pas je crois, je ne suis pas attiré par les hommes. Mais si vraiment il ne veut pas entendre parler de moi... Ca me ferait bizarre, c'est comme si il installait une rivalité, alors qu'on pourrait partir tous ensemble en vacances et se partager nos nuits si y'a que ça...
Bref, tout est simple pour lui, et tout est compliqué pour moi.
Je me redecouvre dans la sur-analyse de chaque gestes de D, et dans le même temps, comment lui annoncer si jamais il se passe vraiment qqchose ? En plus c'est un collègue, je ne me vois pas assumer ça au travail, alors que tout le monde sait voir connaît déjà J, donc qu'elle serait la place de D ? Et puis, comme 'tout le monde sait' pour J, est-ce que je suis même 'possible' dans la tête de D ? Et si nos familles l'apprennent ? Ce serait un drame pour la mienne. Et si je ne m'entends pas avec la future potentielle polyA de J ?
Et si et si et si.
Tout est si simple et si complexe, que j'avais besoin de parler, je ne sais pas trop pourquoi car en même temps tout est clair, "y'a plus qu'à"... Mais moi, je suis toujours compliquée.
Je terminerais par le résumé qu'à pu me faire J, au détour d'une balade : "on va se confronter à des trucs pas forcément faciles, c'est sûr, on va découvrir ce que c'est que d'être en marge... Mais c'est aussi une réponse à ça le PolyA, parce que s'il se passe quelque chose de pas bien avec une relation, nous, toi et moi, et/ou nos autres polyA, on sera toujours là en cocon et safeplace. Il y'a qqn en parachute, et notamment moi pour sûr, je serai là. Parce que notre couple il est sain et il n'y a aucuns tabous"
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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windfield
le lundi 14 août 2023 à 07h07
Bonjour et bienvenue Cysseal,
En lisant ton témoignage j'avais l'impression de lire ce que ma douce aurait pu écrire il y a une vingtaine d'années meme si nous ne parlions pas de polyamour mais d'amours plurielles.
Comme ton ami, j'ai souvent été qualifié de "trop gentil" et j'ai dès les premiers mois de notre relation exprimé que je ne pouvais pas garantir une exclusivité. D'un autre côté il était hors de question pour moi de la faire souffrir. J'ai donc patienté.
J'étais par ailleurs le "premier homme de sa vie" et je l'ai encouragée à s'ouvrir à d'autres car il me semblait important de ne pas être son unique référence.
Il n'y avait aucune urgence dans nôtre démarche. Et cela nous a pris de nombreuses années avant de franchir le pas.
Et puis un jour elle a dit oui à un homme. Il y avait de beaux sentiments et ça a duré quelques mois
Plusieurs années plus tard, ce fut un autre homme avec lequel ce fut plus physique.
A chaque fois nous en avons beaucoup parlé. C'était compliqué pour elle de briser les codes dans lesquels elle était enfermée.
Elle avait l'impression de me tromper alors même que nous étions d'accord sur les termes.
Entre ces 2 relations à elle, j'en ai eu une de mon côté ("il faut bien que le corps exulte" chantait Jacques Brel). Encore beaucoup de dialogue entre nous.
Des peurs il y en a eu : et encore une fois, nous ne parlions pas de polyamour, "juste" de relations ouvertes et transparentes. Peur de casser notre couple (il n'en a été que plus fort à chaque fois), peur de se faire mal (nous sommes toujours resté très attentif aux ressentis de l'autre).
L'année dernière, ma douce a rencontre un nouvel homme. Tout de suite nous avons senti que la chose était différente, que de forts sentiments s'installaient. Après quelques semaine de relation j'ai ressenti le besoin de le rencontrer lui.
Bien entendu, comme pour les précédentes relation l'amant sait que j'existe et que ma douce ne fait pas ça "contre moi" ou par insatisfaction dans notre couple. Ceci dit, l'amoureux de ma douce était très étonné de ma démarche car lui n'est pas du toit dans ce schéma.
Comme la relation s'installe entre ma douce et lui j'en suis venu a ressentir très fortement le besoin d'avoir également une tierce relation de mon cote.
Cela m'a pris un peu de mots pour poser notre situation et je pense que tu pourras y voir le voisinage avec la vôtre.
Nous y avons été très progressivement (bon... Entre temps nous avons en plus eu des enfants...). Et aujourd'hui nous nous confrontons effectivement à "comment en parlons-nous ?" (et à qui ?). À ce jours seuls nos enfants (jeunes adultes, plus à la maison) sont au courant.
Je pense vraiment qu'il existe une multiples de modèles (peut-être autant qu'il y a des couples :-) ) et que la clé réside dans le dialogue et l'écoute.
Je te souhaite, je vous souhaite, une belle aventure et des belles découvertes.
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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Topper
le lundi 14 août 2023 à 09h28
Bonjour @Cysseal, tu as beaucoup d'interrogations et d'incertitudes et c'est normal. Le polyamour est très loin de ce que l'on t'a inculqué plus jeune. Les références dans la culture populaire sont rares même si cela tend à évoluer dans le bon sens. Tu navigues donc à vue et il va falloir que tu trouves toi-même tes réponses.
En soi, et contrairement à ce que certaines personnes pensent, le polyamour n'est pas normatif et contraignant. C'est une manière de définir des relations amoureuses multiples dans la transparence et l'honnêteté. Il y a une notion d'éthique qui incite les polyamoureux à adopter des comportements respectueux envers les différents partenaires. Car on ne va pas se leurrer, plus on a de partenaires, plus il y a de personnes impliquées, plus des complications inédites peuvent survenir et plus on peut faire du mal aux autres (ou soi-même) en gérant mal les choses.
Et c'est là qu'est la principale difficulté. Tu seras confrontée à des situations que tu n'as jamais eu à gérer ou que tu n'as jamais vu autour de toi. C'est donc compliqué de tout anticiper. Mais pas de panique, c'est normal et on passe tous par là, notamment en faisant des erreurs et en apprenant de celles-ci. Tu pourras venir à loisir te confier ici et exprimer tes doutes.
Tu verras que certains questionnements que tu as aujourd'hui n'ont pas lieu d'être et que certaines choses vont se faire naturellement. D'autres vont s'imposer naturellement à toi et tu ne les auras pas vu venir. Cela concernera essentiellement tes propres modes de pensée monogame qu'il va falloir déconstruire avec le temps.
Plutôt que sur l'extérieur, concentre-toi surtout sur toi et tes partenaires potentiels. Leurs besoins et envies, tes besoins et envies, et que tout ça puisse s'accorder ensemble. Il y a presque autant de façon de vivre le polyamour que de polyamoureux. J'exagère volontairement mais c'est une façon de te dire que chaque relation crée le fonctionnement qui lui convient avec ses propres spécificités (et à ce niveau là, on retrouve la même chose dans les relations monogames). Vous devrez tâtonner pour découvrir quel niveau d'information sur les relations de l'autre vous êtes capable d'entendre, quel niveau de contact avec les autres relations vous souhaitez, comment organiser les temps de chacun, etc.
Evite d'être trop dans le contrôle et de mettre des règles pour le moindre truc. Le polyamour implique un certain lâcher-prise, une confiance en soi et en l'autre.
Prends ton temps. Ne te précipite pas emportée par l'euphorie de la découverte. Faites très attention à la gestion de la NRE.
Enfin, essaie de penser en miroir. C'est à dire que la liberté que tu expérimentes, il faut que tu aies la capacité de l'offrir aux autres (et pas que en théorie). Beaucoup de personnes se vautrent violemment car elles imaginent le polyamour formidable tant qu'elles sont les seules à en profiter. Quand vient le tour de leurs partenaires, c'est le drame.
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coeurpourpre
le lundi 14 août 2023 à 13h26
@Cyssealle
bonjour, je ne vais pas faire de pâtés et vous vois bien anxieuse d'essayer ; c'est légitime mais vous avez une chance extraordinaire avec votre copain : profitez et faites votre propre cuisine ;-)
un petit bémol! (pas mon style en général) mais les relations dans le cadre du travail faire un peu plus attention, j'entends bien votre "emballement" mais bien prendre la mesure des conséquences sur son cadre pro, j'ai connu plus d'une personne qui ont quitté leur boulot suite à des histoires intimes en interne : tant que cela se passe très bien no soucis et tant que ça le reste tant mieux entre gens intelligents ; poser des cadres?
changer ce que l'on vous a inculqué est un beau challenge (pas tout à jeter non plus, faire sien ce qui élève) mais apprenez à vous défendre aussi dans vos relations futures (tout n'est pas toujours tout blanc passé la NRE) et comme vous avez cette chance parlez en avec votre partenaire actuel si cela peut vous aider selon les situations (un appui en or!) ;-)
et pour la note d'humour plus d'un homme fait la lessive, cuisine, ménage etc : visez ceux là :D dans notre couple c'est surtout lui qui fait les taches ménagères (la chance d'avoir eu une mère féministe) :-)
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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Cysseal
le vendredi 18 août 2023 à 22h06
Rebonjour à tous !
Je viens vous donner quelques nouvelles, suite à la lecture de vos réponses.
Tout d'abord merci, d'avoir pris le temps de me lire et me répondre.
Ensuite, pour le bilan quelques jours plus tard, je me sens beaucoup moins anxieuse.
Tout d'abord je dois dire que rien que le fait d'avoir écrit le message a été un très bon moyen de prendre du recul et de rendre la chose moins "énorme".
Vos messages m'ont aussi beaucoup rassuré ; ils posent des visions que je n'avais pas forcément.
Je me suis beaucoup reconnue dans votre relation @windfield. Nous sommes jeunes (pas encore tout à fait 30ans). Nous avons du temps et de l'écoute à revendre alors plutôt que de me sentir comme "plongée dans le bain"; je veux voir plutôt ça comme une porte ouverte mais une porte qui reste existante. Mes mots sont peut-être maladroits, mais comme après quelques années à en avoir parlé avec un "non" et avoir finalement remis moi-même la chose sur la table j'avais comme une sorte d'impératif en tête de devoir mener ça et d'assumer la chose, alors que pas du tout. Ca devra être au feeling, sereinement et pas forcément maintenant, demain, ou même dans un an. La vie continue et ce n'est pas un changement de voie, mais la possibilité de voir d'autres voies venir la ponctuer plus ou moins durablement. Et comme tu dis @Topper, lâcher un peu prise ; ce dont j’ai je pense cruellement besoin dans ma vie dans l’absolu.
En discutant avec mon ami, nous avons abordé encore pleins de sujets. Je vous épargne les détails, parce qu’en plus ça a souvent bifurqué plus largement que le sujet qui nous concerne, mais il y a une pensée qui me marque et à laquelle, pour le moment du moins, j’adhère.
L’idée globale tournait autour de : et si je me sens mieux avec une autre relation, et que je souhaite finalement être avec lui plutôt que toi ? J’aurais dit oui au polyamour ; qui aura finalement détruit notre couple. C’est pareil pour toi d’ailleurs, on le voit déjà, il y a des choses sur lequel toi ou moi ne sommes pas tout à fait en phase ; même si c’est rare (rajouter ici un exemple concret de ce que je sais ne pas apporter à mon ami, sans vouloir rentrer dans le détail). Jusqu’à aujourd’hui ; on n’avait pas d’élément de comparaison, mais si maintenant on en a un ? Et si finalement nos sentiments ne se sont pas juste étiolés, et comme nous sommes naturellement concilients tous les deux, nous nous cachons la vérité sous couvert de cette idée de polyamour ?
Mon ami a simplement répondu : « eh bien, ce sera simplement une accélération de ce qui nous pend au nez et qui nous aurait séparés dans quelques mois, années, … et ça serait encore pire ; parce qu’on pourrait avoir des regrets d’avoir laissé la chose en suspens »
Je ne vais pas réargumenter longtemps sur quelque chose avec lequel je suis d’accord, mais cette pensée m’a rassuré. Oui, on peut s’y brûler les ailes, mais au fond, nous dialoguons énormément, alors il n’y a pas de raisons que les choses changent du jour au lendemain sans précurseurs. Et même si finalement la conclusion est mauvaise ; on la cheminera gentiment, avec tact. On ne la découvrira pas brutalement et on s’y dirigera en pleine conscience car il est vrai que s’il y a bien quelque chose sur laquelle je suis rassurée c’est notre capacité a TOUT nous dire, même ce qui fait mal, et essayer réellement de construire dessus ou de se soigner. Les non-dits et contrats non éclairés nous ont beaucoup trop fait de mal à l’un comme l’autre par le passé.
Pour le moment, dans notre cas précis, je crois que le chemin est plutôt positif. Mon ami comme moi nous nourrissons de « mon » NRE, et intimement, c’est plus que plaisant … ! D’ailleurs, je crois qu’avoir discuté ici m’a clairement posé (j’en reviens au début du poste d’ailleurs). Comme tu le dis @coeurpourpre, il s’agit d’un collègue alors autant dire que je suis EXTRÊMEMENT frilleuse vis-à-vis de ça. Alors, l’attirance est toujours là, l’envie est toujours là mais … je ne ferai pas le premier pas ; et sans garantie d’une « safe place » (même si on n’est jamais vraiment sûrs). Je vais continuer de me (nous ?) nourrir de ce flirt, et si ça reste là ça en restera là. Et si ça se transforme en amitié, je l’accueillerai avec plaisir. Et s’il entre-ouvre une porte (ce qui n’est pas dit, encore une fois je n’ai aucune assurance que ce ne soit pas « dans ma tête » tout ça), eh bien je verrai comment et ce qu’il en dit lui. Au fond, toutes ces discussions, toutes ces nouveautés sont beaucoup plus large que "lui".
Du côté de mon ami, je crois que j’attends avec envie autant que j’en ai peur qu’il ait une occasion… C’est assez bizarre. Mais comme tu dis @Topper ; j’ai envie de – et je dois - penser miroir, et la solitude de mon ami que j’exprimais dans mon premier poste me fait mal pour lui, et ça dur depuis un moment déjà. J’aimerais qu’il rencontre une autre femme, homme et qu’il se sente plus entouré. Qu’il ou elle puisse lui apporter l’idée que non, il n’est pas inintéressant comme il peut le croire, bien au contraire (et je ne parle pas que romantiquement, je parle au sens large même dans les amitiés). Il m’exprime être heureux entre nous, mais être la seule personne de sa vie (amicalement, amoureusement, tout en fait) fait qu'il se sent parfois isolé, et je le comprends. Tout notre entourage est globalement de mon fait et ça n’est pas évident, surtout lorsqu’on sait à quel point il porte une attention particulière à l’idée de communauté.
Cela me permettrait aussi de me tester ; et si aujourd’hui j’ai l’impression d’être capable, sait-on jamais ? Je suis sûre que j'aurais des petits pics et des besoins d'être rassurée, parce que je ne me sens pas complètement à l'aise avec moi-même contrairement à lui (physiquement et cie). Mais je sais qu'il fera tout pour me rassurer, et ces difficultés me semblent pouvoir me nourrir, s'il part avec un.e autre mais qu'il revient, c'est qu'il m'aime vraiment moi aussi pour moi et moi-même. Mon vrai moi et pas par injonction. De plus si finalement cela se fait d’abord de mon côté, j’aurais toujours peur de mes réactions jusqu’à ce que la situation se profile de son côté, et je m’en voudrais de ne pas être capable de lui apporter tout le soutien qu’il m’apporte depuis ces quelques semaines à tourner autour du sujet.
Pour finir @coeurpourpre, mon ami aussi fait nos lessives et cie à la maison ! Les tâches sont plutôt bien réparties… mais ma mère n’y comprend rien. Elle est sidérée de savoir que parfois, lorsque j’ai la flemme de cuisiner eh bien… il se débrouille. Et si j’ai envie de cuisiner quelque chose et qu’il n’aime pas, pareil il se débrouille de son côté. Quant à partir seule en week-end, vacances et cie ; là où ma mère était révoltée il y a quelques années, elle a fini par me lâcher récemment « bah au fond c’est vrai que t’as pas tort, au moins il ne bride pas ta vie, ni toi la sienne… c’est pas si bête, mais c’est pas ma génération ». Pfiiou !
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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Topper
le dimanche 20 août 2023 à 16h44
Cysseal
Mon ami a simplement répondu : « eh bien, ce sera simplement une accélération de ce qui nous pend au nez et qui nous aurait séparés dans quelques mois, années, … et ça serait encore pire ; parce qu’on pourrait avoir des regrets d’avoir laissé la chose en suspens »
Oui c'est vrai. D'ailleurs lorsque j'étais en difficulté avec la jalousie, c'est le genre de chose que je me disais. "Si ça se termine mal et qu'elle me quitte, c'est que ce serait arrivé tôt ou tard et finalement mieux vaut tôt que tard."
Une chose que l'on découvre aussi, c'est que lorsqu'on relationne avec de nouvelles personnes on peut avoir tendance à embellir notre perception car nous ne les connaissons peu, nous partageons pas de vie commune, pas de quotidien, de gestion de galères, etc.
Forcément, les relations extérieures paraissent beaucoup plus satisfaisantes et légères. La comparaison peut alors être cruelle. Il ne faut pas être dupe que ce n'est qu'une illusion. Avec le temps et l'expérience, on découvre que chacun à des qualités mais aussi des défauts. Il n'y a pas untel est mieux que machin. Ce n'est pas aussi simple.