Depuis toujours, même sans avoir les mots
#

Panpoly16
le dimanche 07 mai 2023 à 09h26
Bonjour à toutes et tous,
Après avoir créé mon compte, j'ai cherché sans la trouver une section "Bienvenue" ou "Présentation", généralement présente sur les forums de toutes sortes. Ne trouvant pas, je me suis résolue à publier ici.
Je suis née en juin 1982. Je suis donc encore dans ma quarantième année.
J'ai toujours su que ma conception des relations amoureuses différait de celle de la plupart des gens.
Très tôt (à l'école primaire) je me suis demandée pourquoi on pouvait aimer les membres de sa famille (ascendants, descendants, collatéraux), tous de manière différente, mais pas être amoureux de plusieurs personnes.
Il me semblait évident que le désir n'était pas exclusif et je ne comprenais pas pourquoi le sentiment amoureux, aussi puissant fut-il aurait du être unique, et sinon réfréné.
Je n'ai pas grandi selon des critères moraux judéo-chrétiens.
Le seul dogme qui importait était le respect de soi et des autres.
Si ma façon d'être et d'aimer ne nuit à personne, en quoi y aurai-t-il quelque chose de mal?
Mes parents avaient 17-19 ans en mai 68. Ils étaient donc jeunes majeurs dans les années 70. Ceci explique peut être cela. Mon père a grandit dans une famille profondément laïque (voire anticléricale). Ma mère a vécu plusieurs histoires d'amour successives, y compris au féminin. Peut être également des relations libres. Mon père a eu des relations amoureuses libres, en parallèle. Il a également testé son orientation sexuelle mais il s'est avéré hétéro.
J'ai eu une grande liberté de connaître les différents "modèles" amoureux, bien avant ma majorité.
Il m'a fallu malgré tout des décennies pour comprendre véritablement mon identité en la matière.
Je suis pansexuelle: mon attirance pour une personne, qu'elle soit sexuelle ou romantique ne dépend pas de son identité de genre, mais bien de la personne elle même. Qu'elle soit homme cis, femme cis, trans, intersexe ou autre importe peu.
Je suis polyamoureuse: j'ai toujours eu la capacité à développer des sentiments très forts et variés pour plusieurs personnes en parallèle. Pour moi c'est comme des tableaux. La variété des émotions qu'on peut ressentir sont une palette. Chaque relation se construit d'une façon unique, créant un tableau tout aussi unique.
Les différents amours que je ressens ne se retirent rien les uns aux autres. Au contraire, ils s'additionnent. "Chaque relation a sa raison d'être et sa richesse, sans comparaison possible" (F. Simpère)
Je suis libertine: j'apprécie avoir une sexualité ludique, qui me permet de rencontrer une grande diversité de personnes, ayant souvent l'esprit bien plus ouvert sur les relations libres et le polyamour que la moyenne des gens.
Je suis très compersive: je me réjouis profondément du bonheur des autres, même quand je n'y participe pas le moins du monde.
Je suis un peu sapiosexuelle: je suis davantage attirée par les personnes qui démontrent un bon niveau intellectuel.
Mais... entre les convictions et la capacité à vivre les choses, il existe parfois un gouffre.
J'ai été imprégnée du mythe du Prince charmant, Amour avec un grand A, idéal et éternel. Je me sentais monstrueuse et anormale, de ne pas savoir "choisir" entre les êtres, entre mes désirs, entre mes émotions.
Autre élément de ma personnalité intrinsèque: je souffre de troubles anxio-dépressifs depuis aussi loin que je me souvienne, et je suis "très probablement" neurodivergente (HPI ou autre, je n'ai jamais passés les tests...).
J'ai depuis toujours des troubles des habiletés sociales: aller vers les autres, nouer le dialogue, montrer mon (réel!) intérêt pour mes interlocuteurs. Dans l'enfance je compensais en allant vers les adultes, plus instruits, plus cultivés, plus intéressants. Malheureusement c'est une stratégie qui n'a pas tenu dans le temps.
Étant extrêmement critique envers moi-même, j'en ai tiré la conclusion hasardeuse et erronée que j'étais asociale, avec le temps.
Bref.
Depuis six ans et demi je suis dans une relation amoureuse et libre avec Max, lui même marié, profondément amoureux de son épouse. Les choses sont facilitées par le fait que sa vie familiale est en Auvergne et sa vie professionnelle en Charente. Depuis que nous nous connaissons, j'ai eu plusieurs relations amoureuses secondaires, pas forcément identifiées comme telles, souvent avec des personnes étant par ailleurs en couple. Ma meilleure amie est l'une de mes amoureuses, mais bien que nous ayons des liens très forts, c'est un amour très platonique tant que son conjoint n'est pas également présent. Nous nous sommes rencontrés via un célèbre site de rencontres échangistes.
Max a longtemps travaillé du lundi au vendredi à Angoulême et nous avions donc environ 4 tranches d'une douzaine d'heures à partager. Récemment, on lui a imposé de travailler sur deux autres villes, les lundis et vendredis. Pour une foule de raisons, il a tenu un temps puis fait un burnout. À présent en mi-temps thérapeutique il n'est plus présent que trois jours par semaine, à raison de deux soirées, nuits et matins avec moi.
J'en souffre d'un point de vu affectif, mais je l'aime encore plus fort.
J'en souffre surtout mentalement car mon l'équilibre de mes troubles psychiques en est affecté, avec une recrudescence de l'aspect dépressif de la maladie.
Je ne veux pas d'amoureux "médicament".
Mais je m'épanouis en partageant des choses avec les autres, ce que je peux moins faire, en l'état actuel des choses. Malheureusement ma peur de l'inconnu entrave ma liberté d'être telle que je suis, et cela crée une certaines souffrance, que je ne veux en aucun cas imposer à l'autre.
Être polyamoureuse, ça ne me simplifie clairement pas la vie.
Mais pour rien au monde je ne souhaiterais être monogame exclusive.
Je suis telle que je suis.