Où placer le curseur entre penser à soi et penser aux autres ? Est-ce que toute forme de violence est (in)évitable ?
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Alinea7
le vendredi 05 mai 2023 à 11h14
J'ai une réflexion sous-marine depuis quelques temps et j'aimerais avoir des participation pour aider à mûrir tout ça parce que je trouve que ça traîne en longueur.
C'est en lien avec tous les posts d'aspirants poly ou aspirant à rester mono avec un aspirant poly, en lien aussi en fait avec tous les conflits qu'on peut expérimenter dans nos relations amoureuses ou non. En bout de ligne ce post a aboutit à la question que je me pose : où placer le curseur entre penser à soi et penser aux autres ?
Lorsque je veux quelque chose pour moi, lorsque ça correspond à un besoin que j'ai, jusqu'où est-ce que j'ai le droit d'aller pour l'obtenir de personnes aimées (ou non, mais encore plus pour les personnes aimées).
Est-ce que c'est violent d'imposer quelque chose à quelqu'un dont il ne souhaite pas que ça lui arrive ? Est-ce que c'est imposer dans sa vie quelque chose, est-ce qu'on a le droit de faire ça ? Est-ce qu'il y a des domaines dans lesquels oui et d'autres non, ou est-ce que c'est juste une question de dosage, mais alors quel dosage est acceptable et quel dosage ne l'est pas ?
Je remarque que j'ai tendance à vouloir à tout prix éviter d'imposer à autrui et préférer prendre de la distance. Mais prendre de la distance c'est sortir de la relation. Sortir de la relation lorsqu'il y a une frustration, est-ce que ce n'est pas à terme condamner toute relation ?
Est-ce que j'ai le droit d'accepter de quelqu'un qu'il fasse un effort qui lui coûte, pour moi ?
Est-ce que j'ai le droit d'imposer à quelqu'un quelque chose qui lui coûte, pour moi ?
Et comme on est rarement dans un cas ou l'autre,...comment ça se passe entre les deux, c'est quoi la limite ?
Est-ce que si la personne refuse, et que je ne lui impose pas alors que je pourrais, ça mine de toute façon la relation ? Et l'inverse ? Et entre les deux ?
Qu'est-ce qui est violent et qu'est-ce qui est ok si ça me permet à moi d'être bien ? Comment on fait pour savoir en fait, pour mesurer ?
J'ai l'impression que je pars dans tous les sens.
Si j'ai envie de quelque chose pour moi parce que ça m'apporte quelque chose. Et que ça impose quelque chose à quelqu'un qui compte pour moi.
Je vois deux cas simples : le cas où je le réalise, et celui où je ne le réalise pas.
Est-ce que ça draine forcément la relation, parce que ça coûte forcément à quelqu'un ? Est-ce qu'il y a un moyen pour que ça l'alimente au contraire ? Ce serait l'idéal évidemment.
Poussé à l'extrême, j'ai l'impression que ça revient à faire sa place dans ce monde qui tournerait très bien sans moi. Si je fais ce qu'il faut pour remplir mes besoin dans ce monde, je perturbe l'ordre établi et ce qui s'y passerait sans moi. Je vais perturber l'ordre établi en positif sur certains aspects et ça va coûter sur d'autres aspects. Est-ce qu'on peut éviter totalement que notre présence et notre bien-être "coûte" parfois à ceux qu'on aime ? Comment en sortir par le haut avec plutôt plus d'amour que moins ?
Comment faites-vous ?
Est-ce qu'exister au monde c'est forcément faire violence au monde ? Y a-t-il une façon douce d'exister et être soi ? Je voudrais que ce soit le cas mais je rencontre de la difficulté, j'ai l'impression qu'être doux revient à s'effacer. Des pistes pour s'affirmer sans être violent ??
Je voudrais arrêter la fuite, ce n'est pas satisfaisant de renoncer. J'abhorre l'imposition d'une volonté sur une autre.
Désolée si je suis brouillon, j'espère que ça parlera à certains !
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Alinea7
le vendredi 05 mai 2023 à 11h15
Je parle en utilisant le je pour simplifier mais je ne pense pas forcément qu'à moi, je pense aussi à la réciproque.
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Alinea7
le vendredi 05 mai 2023 à 11h16
Est-ce que quelque chose qui nous coûte est forcément une violence ? Ou est-ce le fait de l'imposer ? Ou est-ce le fait de ne pas être reconnaissant ? Ou de compenser d'une autre façon ? Y aurait-il une façon de compenser quelque chose qui coûte ?
...bon...j'arrête là hein.
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Siestacorta
le vendredi 05 mai 2023 à 12h02
Alinea7
Est-ce que j'ai le droit d'accepter de quelqu'un qu'il fasse un effort qui lui coûte, pour moi ?
Est-ce que j'ai le droit d'imposer à quelqu'un quelque chose qui lui coûte, pour moi ?
Et comme on est rarement dans un cas ou l'autre,...comment ça se passe entre les deux, c'est quoi la limite ?
Est-ce que si la personne refuse, et que je ne lui impose pas alors que je pourrais, ça mine de toute façon la relation ? Et l'inverse ? Et entre les deux(...)
Est-ce qu'exister au monde c'est forcément faire violence au monde ? Y a-t-il une façon douce d'exister et être soi ?
(...)
J'ai des ressentis similaires.
Ma version de la question, j'imagine asse proche tu me dis si oui ou non :
"toute relation passe-t-elle par du rapport de force, et est-ce qu'il peut y avoir du juste" ?
C'est une problématique que j'ai commencé à arpenter quand (en thérapie), j'ai compris que je ne faisais pas une différence de nature entre "désaccord", "expression du constat d'inadéquation des besoins", "opposition" "conflit" et "agression mutuelle" (et "compétition", par dessus le marché, mais là au moins j'assume plus mon rejet).
Alors que quand même, si les relations durent plus de 5mn, le sacrifice et la fuite doivent pas être les seules options fonctionnelles, et le conflit pas forcément une destruction.
Je tenterai d'y revenir plus tard, mais même avant de rentrer dans des bénéfices partagés en dépit desquels je passe trop d'énergie et de temps et de mauvaise adaptation à éviter ces "conflits", ça vaut le coup de dire que cette grille de lecture du rapport de forces, toute pertinente qu'elle soit dans un certain nombre de cas, est aussi vécue intensément pour nos raisons névrotiques ; cette grille est donc trompeuse et incomplète.
Bon j'y reviendrai quand j'aurai une seconde de plus, mais tu vois un peu la perspective.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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Alinea7
le vendredi 05 mai 2023 à 15h07
Siestacorta
"toute relation passe-t-elle par du rapport de force, et est-ce qu'il peut y avoir du juste" ?
Y a de ça oui. Même si je fuis pluss le conflit d'intérêt que le rapport de force, vu que la fuite est la plupart du temps une option de secours.
Et au delà de ça même, toute relation implique-t-elle des conflits d'intérêts (je pense que poser la question c'est y répondre) ? Comment les résoudre en alimentant la relation plutôt qu'en la dégradant...si c'est possible, même.
Par extension j'ai l'impression qu'on peut même ramener la question à la vie en général : est-ce qu'il est possible d'exister sans bousculer l'ordre en place, sans lui nuire dans certains aspects, même si on en nourrit d'autres ? Est-ce qu'il est inhérent au droit à l'existence d'avoir le droit de définir son espace et l'occuper, quitte à empiéter sur les éléments/personnes qui occupaient et/ou occuperaient cet espace ? Mais leur droit sur cet espace est aussi légitime alors on fait comment ?
Siestacorta
C'est une problématique que j'ai commencé à arpenter quand (en thérapie), j'ai compris que je ne faisais pas une différence de nature entre "désaccord", "expression du constat d'inadéquation des besoins", "opposition" "conflit" et "agression mutuelle" (et "compétition", par dessus le marché, mais là au moins j'assume plus mon rejet).
Alors que quand même, si les relations durent plus de 5mn, le sacrifice et la fuite doivent pas être les seules options fonctionnelles, et le conflit pas forcément une destruction.
Je tenterai d'y revenir plus tard, mais même avant de rentrer dans des bénéfices partagés en dépit desquels je passe trop d'énergie et de temps et de mauvaise adaptation à éviter ces "conflits", ça vaut le coup de dire que cette grille de lecture du rapport de forces, toute pertinente qu'elle soit dans un certain nombre de cas, est aussi vécu intensément pour nos raisons névrotiques, donc trompeuses et incomplètes.
Bon j'y reviendrai quand j'aurai une seconde de plus, mais tu vois un peu la perspective.
En effet je ne suis pas une personne très nuancée.
Et oui, tous ces questionnements sont en lien total avec ma construction psychique raisonnablement névrotique :-D .
Mais si j'arrêtais de me poser des questions comme je vois d'autres le faire, je ferais comme j'en ai envie sans me soucier de le mériter plus, moins ou autant que d'autres, ou de la violence que ça peut avoir pour d'autres. L'espace occupé de façon revendiquée et assumée est laissé plus facilement, il faut bien de toute façon. C'est du moins ce qu'il me semble voir chez les personnes à qui ces questions ne posent pas de problème.
Je sais pas pourquoi moi je trouve pas ça acceptable. Probablement le manque de nuance donc j'attends la suite :-) (+)
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De passage (invité)
le vendredi 05 mai 2023 à 18h18
Oui, je pense que toute relation quoi qu’on en pense passe par un rapport de force. Consenti ou pas. Exprimé, ou pas.
Il me semble nécessaire d'en prendre conscience.
C'est, il me semble, l'essence même des relations multiples ou monogames d'ailleurs. Amoureuses, donc.
Je t'aime, tu m'aimes. Et donc ?
Prenons les témoignages récents. Avez vous vu le moindre équilibre amoureux entre les différents protagonistes ?
Non. Du tout;
Pensez à l'autre revient il de fait à une forme de sacrifice consenti ?
Je ne sais pas, vraiment.
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GeorgyPorgy
le vendredi 05 mai 2023 à 19h20
Merci pour ce sujet @Alinea7 qui me parle beaucoup sur ce qui traverse ma vie depuis 3 ans maintenant (vie amoureuse, et vie "interieure"....).
Je me suis confronté à cette question dans un contexte particulier (vie de couple mono relativement heureuse qui se voit interrogée par la question de la non exclusivité pour les 2 partenaires - au meme moment, de maniere non "concertee"...). Donc impossible de monter en généralité, mais je partage...
Au fil du temps de *crise* (toutes les difficultés / remises en question profondes occasionnées par la situation), j'en suis arrivé à l'attitude suivante.
Plutot que de revendiquer ce que JE voulais coute que coute, j'ai plutot eu tendance à reconnaitre et affirmer l'autonomie totale de ma compagne. Sur tous les plans.
Bien sur j'ai aussi eu l'occasion d'exprimer où mon désir se situe, mais sans chercher à obtenir.
Dans mon experience, ca a eu pour effet de désamorcer certaines situations de rapport de force.
Et de permettre une empathie et un rapprochement mutuel progressivement sur des thematiques auparavant conflictuelle (dont la non exclu)
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artichaut
le samedi 06 mai 2023 à 16h29
Merci @Alinea7 pour ce post, qui me fait du bien à lire, et qui je trouve dénote dans l'univers répétitif et catastrophiste de ce forum.
Ça m'évoque ce changement de paradigme que je tente de dessiner depuis quelques temps.
Des rapports de pouvoir il y en a toujours, mais on peut choisir de les faire exister, ou non, d'en faire le moteur de nos relations, ou non.
Moi je suis fatigué de tout penser en terme de rapports de force, de conflits, de choses à gagner ou à imposer.
Et quand je dis ça, je ne prône pas une pseudo-neutralité, où la "communication (soit-disant) non violente" imposerait sa loi. Ni, non plus le règne du spontanéisme et de la soit disant fluidité magique. On sait malheureusement où tout ça mène (la perpétuation des oppressions, donc l'absolu nécessité des rapports de force).
Ce que je veux dire c'est au contraire, que je n'ai plus envie de vivre des configurations, des situations, où le rapport de force est constamment obligé de s'instaurer (lorsqu'on laisse les dynamiques systémiques dicter le jeu).
Et donc bien souvent désormais, je préfère moins vivre de choses, que vivre des choses allant vers ces terrains-là.
Pour moi, le curseur entre penser à soi et penser aux autres, se place plutôt dans le « penser ensemble ».
Je trouve qu'il n'y a quasi plus que des pensées individualistes en matière de relation (j'inclue les couples dans les dynamiques individualistes, quand les couples se pensent face au reste du monde). Et oui, pour moi, la violence est évitable. Il ne s'agit pas d'en faire un tabou, de la nier, ou de ne plus jamais l'utiliser, il s'agit de faire en sorte qu'il n'y ai pas besoin de la violence.
Pour celà je ne vois pas 36 chemins possibles :
- prendre en compte et atténuer les oppressions systémiques
- visibiliser au maximum les biais de pouvoir
- travailler à déconstruire nos désirs et abolir les injonctions
- repartir de zéro et s'engager dans une envie réelle de construire ensemble
Ce n'est plu un dilemne qui se pose entre penser à soi et penser aux autres, mais un paysage nouveau où ce qui se pense, se pense au pluriel.
Je pense aujourd'hui qu'il y a une façon douce d'exister… à plusieurs.
Alinea7
Si j'ai envie de quelque chose pour moi parce que ça m'apporte quelque chose. Et que ça impose quelque chose à quelqu'un qui compte pour moi.
Je vois deux cas simples : le cas où je le réalise, et celui où je ne le réalise pas.
Je vois deux cas simples à ton exemple : le cas où "je le réalise"… et on va dans le mur, et celui où "je ne le réalise pas"… et on va dans le mur. Dans les deux cas, pour moi, ça va droit dans le mur, car ça ne prend en compte que le "je".
Pour moi il y a un 3ème cas. Celui d'inventer ensemble quelque chose qui n'existe pas encore, et qui ne soit aucun de ces deux cas-là.
Pour ça, il faut se décentrer de cette envie de départ et de cette binarité de la solution.
Cesser d'aller sciemment dans le mur quand tout les indicateurs disent qu'on y va.
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louluna
le samedi 06 mai 2023 à 21h11
petite réponse ultra rapide qui va sembler simpliste, si j'avais le temps je développerais, perso j'ai vraiment cette ligne de mire du "ne fais pas aux autres ce que t'aimerais pas qu'on te fasse", c'est venu très jeune, pas du tout de façon religieuse (milieu familial scientifique méga anti religieux), pour moi c'est un repère, presque une ancre, qui m'est venu quand j'ai eu assez d'expériences pour en tirer quelque chose, vers la vingtaine, plus de vingt ans après je m'y suis toujours tenue parce que ça me parait naturel, je pourrais sans doute pas aller contre...voilà, juste pour témoigner de comment ça peut être vécu, même si ça ne résout pas tout, forcément (après j'ai pas lu les réponses)
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artichaut
le samedi 06 mai 2023 à 21h36
louluna
perso j'ai vraiment cette ligne de mire du "ne fais pas aux autres ce que t'aimerais pas qu'on te fasse"
Certes c'est déjà une bonne base.
Mais :
- d'une part on se croit tjs très fort·e et on fait à l'autre des choses, et on se rend compte après-coup qu'on ne les supporte pas quand il/elle nous les fait (!)
- d'autre part, toi et moi, supportons ou ne supportons pas, pas les même choses, car nous sommes des êtres différents…
Donc au final, cette maxime ne résoud pas grand'chose, je trouve.
Avant j'aimais dire : "ne fais aux autres que ce que tu aimerais qu'on te fasse" !
Je trouve que c'est une encore meilleure base.
Mais même ça, aujourd'hui, je trouve ça insuffisant…
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louluna
le dimanche 07 mai 2023 à 14h40
artichaut
Certes c'est déjà une bonne base.
Mais :
- d'une part on se croit tjs très fort·e et on fait à l'autre des choses, et on se rend compte après-coup qu'on ne les supporte pas quand il/elle nous les fait (!)
- d'autre part, toi et moi, supportons ou ne supportons pas, pas les même choses, car nous sommes des êtres différents…
Donc au final, cette maxime ne résoud pas grand'chose, je trouve.
Avant j'aimais dire : "ne fais aux autres que ce que tu aimerais qu'on te fasse" !
Je trouve que c'est une encore meilleure base.
Mais même ça, aujourd'hui, je trouve ça insuffisant…
ah oué,ok, c'est marrant....
Perso j'ai pas ces problèmes (j'en ai d'autres lol), j'ai pas de regrets de choses que j'ai faites aux autres, pas sur toute ma vie mais sur les dernières années, même décennies...
J'ai mes douleurs à gérer comme tout le monde, mais pas de culpabilité liée aux autres sur les derniers temps ( à moins qu'on se soit mal comporté avec moi, là évidemment je me défends et ça peut être si saignant que je peux le regretter, mais c'est dans le cadre de la défense) et ouah, j'en suis plus qu'heureuse, c'est un des trucs qui prime pour moi, sûrement parce que je gère encore très mal de vieilles culpabilités liées à ça (le "mauvais" traitement à l'autre)...
Peut être que je supporte rien qui ressemble de près ou de loin à un mauvais traitement lol, c'est très possible, et que c'est pour ça que j'en inflige peu, à moins qu'on m'attaque mais là c'est la fin de l'histoire de toute façon.
Ca me parait évident que personne n'aime qu'on lui mente, que personne n'aime être trahi, il y a des choses qui me semblent communes à chacun...
Mais bien sûr je comprends que chacun ait ses questions, même si je les comprends pas toutes, par exemple la postante parle "d'imposer à l'autre ce qu'il ne veut pas" et demande si c'est violent, pour moi il est évident que oui, et je vois mal comment on peut accepter quelque chose qu'on ne veut pas alors que c'est imposé, du coup pour moi c'est très simple, je ne le fais pas, et si je le fais bah je suis tout à fait prête à en payer le prix, ce qui équivaut , dans mon expérience car j'ai connu cette situation il y a bien longtemps, à une rupture, qui m'a fait mal mais que j'ai acceptée sans broncher puisque j'avais chié dans la colle, bref, pour moi c'est, relativement, simple (et ouah, je me rends compte de la chance que j'ai)
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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Alinea7
le mardi 09 mai 2023 à 15h33
GeorgyPorgy
Plutot que de revendiquer ce que JE voulais coute que coute, j'ai plutot eu tendance à reconnaitre et affirmer l'autonomie totale de ma compagne. Sur tous les plans.
Je trouve cette démarche admirable et en même temps je ne sais pas comment l'appliquer sans avoir l'impression de me soumettre d'avance à tout rapport de force qui pourrait s'installer, pour que la relation reste bien lisse. Parce que j'ai l'impression que ce qui en découle c'est que tu prends sur toi que les impacts sur toi de sa liberté ne rejaillissent pas sur elle.
Et puis je pose la question dans le cadre du polyamour mais aussi au delà et je crois que c'est vrai d'une manière générale : il y a des conséquences pour les individus de tout le polycule dans chaque décision individuelle. Accepter que chacun prenne les décisions qui s'imposent pour lui en fonction des décisions des autres, ça peut aller tout droit au rapport de force aussi et en tout cas pas forcément au mieux global (ni même individuel).
Je prends un exemple : si quelqu'un n'est pas suffisamment disponible et que pour ne pas souffrir l'autre s'éloigne, si ça se trouve ce n'est pas ce que préfère la personne qui est indisponible, peut-être qu'elle préférerait se rendre disponible. Mais peut-être que ce qui se passe est ce qui doit se passer et que mettre davantage de communication revient juste à essayer d'avoir du contrôle sur ce qui advient.
artichaut
Moi je suis fatigué de tout penser en terme de rapports de force, de conflits, de choses à gagner ou à imposer.
Je suis fatiguée aussi, et je crois que je suis fatiguée surtout de chercher comment faire autrement. J'ai l'impression que les conflits de tranchées se cachent de partout.
J'en viens à me demander si, moi comme un peu tout le monde, on n'est pas devenus intransigeants. Si on vit pas dans un tel luxe qu'on veut un droit de regard sur tout dans le moindre détail. Peut-être que c'est une piste de solution : prendre du recul et regarder le but global plus que les détails de réalisation. Parce que s'entendre sur le but global c'est déjà un beau résultat.
Je dis ça et je n'y crois pas vraiment. j'ai l'impression qu'il y a quelque chose de l'ordre du féminisme qui sait pas trop quoi construire d'autre que ce qu'il a appris de patriarcat : c'est qu'à force d'être invisible et de m'ignorer, maintenant j'ai envie de m'affirmer. C'est facile pour un groupe de fonctionner sur la base d'une minorité qui s'oublie pour les autres. Comment on fonctionne quand y a pas la moitié du groupe qui trouve sa joie de vivre dans le fait de rendre l'autre moitié heureuse ? Comment on fait si tout en s'émancipant de cette façon de vivre abnégationiste, on n'a pas envie de piler sur les autres dans un rapport de force ?
artichaut
Ce que je veux dire c'est au contraire, que je n'ai plus envie de vivre des configurations, des situations, où le rapport de force est constamment obligé de s'instaurer (lorsqu'on laisse les dynamiques systémiques dicter le jeu).
Et donc bien souvent désormais, je préfère moins vivre de choses, que vivre des choses allant vers ces terrains-là.
Et donc quand tu vois que ça s'instaure, tu prends de la distance ?
Comment fais-tu pour ne pas être frustré de ne pas être pris en compte ? Pour accepter que les parties restantes trouvent un fonctionnement bon an mal an, sans t'inclure ?
J'imagine que tu es particulièrement à l'aise avec la solitude.
Je crois que c'est la dualité que j'ai du mal à conjuguer : j'ai vécu beaucoup de solitude et d'abnégation à la fois, et maintenant je voudrais arrêter de quitter l'espace collectif et le regarder trouver un équilibre et fonctionner sans moi. Je voudrais apprendre à faire en sorte d'être prise en compte dans l'équilibre.
Et d'un autre côté, peut-être que la solitude c'est pas si mal finalement, si ça permet au moins de ne pas se faire imposer ce qu'on ne veut pas. Ça reste ne pas faire ensemble puisque ça revient aussi à ne pas réaliser à plusieurs ce qu'on aurait pu apprécier voir se réaliser.
En tout cas tout ça fait que je découvre les dynamiques de groupes tardivement et je ne sais pas trop comment faire pour m'y retrouver. Peut-être que c'est pas trop mon truc et que j'avais fait le bon choix avec la solitude. (+)
Ce qu'il y a c'est qu'on n'est jamais un atome isolé et les décisions de groupes finissent toujours par nous affecter d'une manière ou d'une autre, ne serait-ce qu'en tant que citoyen. Donc il y a un degré d'implication et de détachement à trouver. Je me cherche encore là dessus : qu'est-ce que je peux laisser tomber, qu'est-ce qui me tient à cœur.
Mais c'est peut-être une autre piste et que c'est ce dont tu parles : mélanger implication et détachement pour s'éloigner des enjeux de pouvoir ?
artichaut
Pour moi il y a un 3ème cas. Celui d'inventer ensemble quelque chose qui n'existe pas encore, et qui ne soit aucun de ces deux cas-là.
Pour ça, il faut se décentrer de cette envie de départ et de cette binarité de la solution.
Cesser d'aller sciemment dans le mur quand tout les indicateurs disent qu'on y va.
Ça demande de chacun d'être drôlement détaché de ce qu'il souhaite, et accessoirement, ça frustre tout le monde, non ?
Même si en théorie je suis d'accord, j'ai l'impression que le surcroît d'imagination et de charge mentale fait que c'est difficilement le chemin choisi.
louluna
Ca me parait évident que personne n'aime qu'on lui mente, que personne n'aime être trahi, il y a des choses qui me semblent communes à chacun...
Mais bien sûr je comprends que chacun ait ses questions, même si je les comprends pas toutes, par exemple la postante parle "d'imposer à l'autre ce qu'il ne veut pas" et demande si c'est violent, pour moi il est évident que oui, et je vois mal comment on peut accepter quelque chose qu'on ne veut pas alors que c'est imposé, du coup pour moi c'est très simple, je ne le fais pas, et si je le fais bah je suis tout à fait prête à en payer le prix, ce qui équivaut , dans mon expérience car j'ai connu cette situation il y a bien longtemps, à une rupture, qui m'a fait mal mais que j'ai acceptée sans broncher puisque j'avais chié dans la colle, bref, pour moi c'est, relativement, simple (et ouah, je me rends compte de la chance que j'ai)
Je suis assez envieuse de ta situation. Ce qui est amusant c'est qu'il y a 20 ans je n'avais pas non plus de problèmes avec les conflits.
Je ne sais pas pourquoi maintenant ça me coûte. Peut-être que c'est parce que je suis trop dans une démarche de prendre tout le monde en compte jusque dans les détails.
Ma perception maintenant c'est que, autant il y a des choses communes (personne n'aime être trahi, personne n'aime qu'on lui mente), autant les seuils et déclencheurs peuvent être très personnels. Et par dessus le marché, tout le monde peut merder à un moment ou à un autre, et même, sur la durée tout le monde finit par merder à un moment ou à un autre, et si c'est pas selon ses propres critères ça peut être du point de vue d'une autre partie impliquée, ce qui ne simplifie rien. Et que la rupture n'est pas toujours l'issue souhaitée ni souhaitable au global.
En tout cas c'est chouette si ça t'a permis de réaliser qu'il y a quelque chose de chouette dans ton mode de vie ! (+) :-D
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artichaut
le mardi 09 mai 2023 à 18h05
Alinea7
J'imagine que tu es particulièrement à l'aise avec la solitude.
Oui.
Même si ça peut trouver sa limite, bien sûr.
Alinea7
J'en viens à me demander si, moi comme un peu tout le monde, on n'est pas devenus intransigeants. Si on vit pas dans un tel luxe qu'on veut un droit de regard sur tout dans le moindre détail.
Oui, je pense qu'il y a quelque chose de cet ordre là.
Alinea7
Ça demande de chacun d'être drôlement détaché de ce qu'il souhaite, et accessoirement, ça frustre tout le monde, non ?
Pour moi ce monde (capitaliste) tient avec cette idée de la frustration, justement.
On n'est frustré que d'une chose que l'on nous enjoint d'avoir.
Alinea7
Même si en théorie je suis d'accord, j'ai l'impression que le surcroît d'imagination et de charge mentale fait que c'est difficilement le chemin choisi.
Malheureusement, oui. C'est un constat qui me semble judicieux.
Alinea7
Mais c'est peut-être une autre piste et que c'est ce dont tu parles : mélanger implication et détachement pour s'éloigner des enjeux de pouvoir ?
Je pense qu'il nous faut essayer de trouver des complices qui auraient envie de tenter d'autres manières de faire.
Pas besoin que ces complices soient d'accord sur tout, juste sur ce qui sera partagé.
Donc pour commencer, je dirais que c'est mieux de faire ça avec des choses que la société considère comme peu impliquantes, et où le détachement est donc plus facile à convoquer.
S'entraîner en des endroits faciles, avant d'essayer la même chose, en des endroits plus émotionnants.
As-tu une relation (peu importe sa nature) où tu as le sentiment qu'il n'y a pas de violence, et où le curseur se place facilement ?
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Poca
le mercredi 10 mai 2023 à 01h15
Bonjour,
Sur la violence, Je pense que la réponse s'établit en fonction de comment on la définit. Je pense que la violence est là où il n'y a pas l'écoute, la reconnaissance, l'accompagnement, la liberté. Que ce soit vis à vis de soi-même, ou de l'autre. Pouvoir s'écouter soi-même, reconnaitre ce qui nous traverse, s'accompagner pour nourrir et satisfaire nos propres besoins. Ca passe donc aussi parfois par demander de l'aide à d'autres personnes, par partager ses ressentis avec d'autres etc. Sauf qu'on ne peut pas contrôler les réactions des personnes autour de nous. Elles ont leurs propres seuils, sensibilité, perception. Le fait d'imposer, me dérange, et peut-être que parfois c'est nécessaire ? (comme au moment d'une rupture par exemple, je viens de passer par là). Je pense qu'il vaut mieux partager à l'autre ce que l'on souhaiterait, nos envies, comment on souhaiterait être accompagnée, expliquer, et réciproquement, avec le plus de lucidité possible, du respect et de l'empathie, et en fonction, à chacun de choisir si ça lui va, ou non, c'est être libre soi et laisser à l'autre sa liberté aussi. Et ce genre de discussion, les décisions qui en découlent peuvent parfois être désagréables, très insécurisantes, très éprouvantes (je ne parle pas ici des violences physiques, de violence dans les propos etc), mais je pense que ce n'est pas un mal en soi, et je pense que cela est inévitable et que quelque part, il en découle quelque chose de positif, un changement vers une tentative de mieux être, bien être.
Je suis moi même dans une situation où je sais ce que j'aimerais aujourd'hui explorer dans la relation libre et polyamoureuse (il y a tellement de manières de le vivre). Je viens de me séparer de mon amoureux qui était ma relation socle, car il était sur cette dernière année assez indisponible (projets pro, associatifs, etc), il n'y pouvait rien, ça prenait beaucoup de place , plus ses quelques aventures, il a fait de son mieux. Des priorités différentes donc. J'ai fait aussi de mon mieux pour le soutenir, pour m'adapter, parce que c'était important pour moi d'être présente pour lui, tout en ayant partagé avec lui mes besoins du moment. Et j'ai atteint ma limite, et on s'est séparés. et ce n'est pas une mauvaise chose, même si c'est triste et éprouvant. Aujourd'hui j'essaie d'être encore plus attentive à mes besoins et limites.
Avant de nous séparer, j'ai rencontré un autre homme avec qui je suis toujours, ça fait 3 mois. Il découvre la relation libre avec moi, et il a envie d'explorer, faire des rencontres amoureuses. Ce n'est pas un bien ou mal en soi. Mais je pense que je ne suis pas prête à être déstabilisée et à accueillir ses aventures pour le moment. Mes ressentis, et ma vision de la relation libre et du polyamour sont très clairs : ce qui m'intéresse davantage c'est la relation à deux, et la possibilité de vivre d'autres relations si la vie le propose. je n'ai jamais été dans une recherche active d'autres partenaires ou relations amoureuses, et c'est tout à fait personnel. Ca a toujours été des surprises.
Donc maintenant la question c'est qu'est-ce que je fais. Il veut en même temps être avec moi, construire quelque chose, chose dont j'ai aussi envie, et en même temps il veut faire d'autres rencontres amoureuses, il les cherche, j'ai peur qu'il en fasse pleins et que ca me déstabilise trop. Est-ce que j'arrête ? parce que même s'il dit vouloir être avec moi, et je le sens bien, il veut aussi autre chose et qu'aujourd'hui je ne me sens pas prête à ca, j'aurais aussi l'impression de reproduire ce qui nous a mené à la séparation avec mon ex-compagnon. Est-ce que j'attends de voir ? Sachant que même si un moment, on va dans le mur, on vit aussi des choses qui sont extraordinaires, ma relation avec mon ex-compagnon en témoigne.
Jusqu'où des directions différentes peuvent converger? A partir de quand elles divergent? Je n'ai pas la réponse.
Je ne me vois pas du tout lui dire "je ne veux pas tu ais des aventures pour le moment". Je préfère parler de mes insécurités d'aujourd'hui, pour lui laisser la liberté ou non de s'adapter, et en fonction, prendre mes décisions. S'il décide de lui même de ne pas avoir d'autres aventures alors qu'il en a envie de base, c'est son choix, c'est un effort, pour créer un lien, un pont avec moi, pour renforcer le "nous". Ca coute oui, et en même il faut bien investir. il saura pourquoi il le choisit, pourquoi il le fait. Et il faut aussi pouvoir le reconnaitre et faire confiance. et de toute façon rien n'est figé.
J'ai aussi cette réflexion sur le fait d'être intransigeante. Ou de peut-être être trop attachée à certaines envies. J'ai sans doute un travail de détachement à faire; et en même temps, fixer une direction c'est quand même un moteur. Idem, je pense que la frustration est inévitable, on ne peut pas satisfaire tous ses désirs, mais si elle prend trop de place c'est qu'il y a problème, peut-être reconsidérer le désir, où on le place...
merci pour ce post en tout cas, ça fait écho avec ce que je vis en ce moment.
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louluna
le mercredi 10 mai 2023 à 01h26
Je suis assez envieuse de ta situation. Ce qui est amusant c'est qu'il y a 20 ans je n'avais pas non plus de problèmes avec les conflits.
Je ne sais pas pourquoi maintenant ça me coûte. Peut-être que c'est parce que je suis trop dans une démarche de prendre tout le monde en compte jusque dans les détails.
Ma perception maintenant c'est que, autant il y a des choses communes (personne n'aime être trahi, personne n'aime qu'on lui mente), autant les seuils et déclencheurs peuvent être très personnels. Et par dessus le marché, tout le monde peut merder à un moment ou à un autre, et même, sur la durée tout le monde finit par merder à un moment ou à un autre, et si c'est pas selon ses propres critères ça peut être du point de vue d'une autre partie impliquée, ce qui ne simplifie rien. Et que la rupture n'est pas toujours l'issue souhaitée ni souhaitable au global.
En tout cas c'est chouette si ça t'a permis de réaliser qu'il y a quelque chose de chouette dans ton mode de vie ! (+) :-D
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louluna
le mercredi 10 mai 2023 à 01h28
Moi c'est il y a vingt ans (plus) que j'avais d'énormes conflits.j'étais bien déchainée toute jeune enfin j'ai bien profité quoi, et j'ai bien merdé aussi (en même temps à vingt ans, est ce qu'on merde), tellement que ça m'a presque rendue "pure" lol.
Par exemple j'ai énooooooormément menti quand j'étais gamine et du coup ai passé une vie adulte sans quasiment mentir, sur des choses insignifiantes mais que je vis tellement mal que je me fais griller, ce qui fait que je mens encore moins, et toujours sur des conneries.
Et c'est vrai que je le vis comme une chance, ça a quelque chose de confortable, moi qui y suis pas très attachée au confort celui ci je l'aime bien.
Pour ce qui est de "toujours finir par merder", je suis pas d'accord, déjà les jamais les toujours j'essaie de pas trop les utiliser, j'en ai même fait une chanson lol (je suis chanteuse), parce que tout existe.
Après justement, je suis dans un conflit pro là, de moi à moi, où on veut me faire bosser sur un projet mais sans mon compère, ça porte sur un morceau qu'on a ensemble (mais que j'ai amené).
Je pensais qu'il s'en foutrait parce qu'il a d'autres groupes (de musique donc).
Evidemment je pensais ça parce que moi je m'en foutrais. Or, il s'en fout pas du tout.
ALors je sais pas comment je vais gérer ça pour l'instant, mais je me vois mal faire le truc sans rien lui dire et continuer mine de rien avec lui jusqu'à ce qu'il le découvre , quelle trahison de ouf ce serait, je pourrai même pas me regarder dans le miroir ou le regarder dans les yeux.
Donc c'est clairement pas une option, ce serait la fin de notre groupe, et pire, de notre amitié.
Mais de l'autre côté aussi il y a amitié (et même beaucoup plus ancienne), dans cet autre projet aussi il y'a progression, opportunité, création, collaboration, bref, c'est riche aussi...
Bon, on parle d'enlever ce morceau de notre répertoire pour me donner libre cours d'en faire autre chose, pour l'instant on en est là...
C'est pas simple car c'est le morceau d'entrée en matière, la chanson qui amène les autres, mais la vie c'est toujours des sacrifices.
Ca fait chier ces sacrifices, c'est sûr, moi c'est entre le nomadisme et la vie sédentaire que je balance, l'éternel problème de toute ma vie (d'adulte) et qui sera jamais résolu parce que c'est deux situations contradictoires, je peux pas avoir les bénéfices de l'un sans les inconvénients, je peux aller de l'une à l'autre situation (et c'est compliqué) mais je peux pas vivre les deux ensemble, donc je fais l'équilibriste, je pèse le pour et le contre et j'équilibre...
Quand je suis nomade j'ai pas de jardin (potager) mais je rencontre plein de gens, découvre plein de trucs et chaque journée est différente, quand je suis sédentaire c'est moins fun mais je m'éclate au jardin et me régale, prends plus facilement soin de moi etc... (par exemple) Mais si y avait possiblité de voyager en roulotte avec mon jardin potager de 3000 m 2, je préfererais... (et tout ça n'est rien à côté des relations "amoureuses")
On peut tourner le truc dans tous les sens y a toujours des sacrifices, on peut pas être jeune parent et sortir comme on veut, on peut pas avoir une grande carrière et être super présent en famille. C'est pas que ça heurte ma morale hein (heurtée par rien si ce n'est l'abus de force mais du coup heurtée parfois ici car il y en a) c'est que c'est mathématiquement , techniquement impossible.
Tu parles de rupture 'pas souhaitée, pas souhaitable'', je comprends bien mais dans ce cas faut pas la mettre en danger, enfin ça dépend de tes priorités, je dis pas qu'il ne faut pas en soi, mais si tu veux avoir toutes tes chances de la garder bah faut la protéger, si tu la maltraites t'as plus de chances de la perdre, tout simplement.
Ca me frappe beaucoup cette façon de tout vouloir, j'en avais déjà parlé ici et forcément je me suis faite atomiser, et je peux comprendre, car je suis pas tendre.
J'ai l'impression d'être devant des enfants gâtés qui, leurs besoins primaires totalement comblés (fait exceptionnel dans l'histoire de l'humanité telle qu'on la connait, et accordée à une toute petite minorité) s'emmerdent par trop de confort et vont chercher la merde pour s'occuper.
Je comprends bien que c'est le propre de l'humain que de vouloir toujours plus, je comprends ô combien la difficulté d'être en couple sur le long cours, les intérêts trop lourds à perdre, et tant de choses, mais devant les trois quarts de l'humanité à crever la dalle, devant la transformation de notre monde à réinventer, j'avoue ça me parait bizarrement auto centré. Et en plus je connais malheureusement juste trop bien les ravages que ça peut causer donc je dirais en plus méfiance, mais c'est un autre sujet.
Oué je vois pas trop comment réinventer le fait que la vie c'est des priorités, des choix, des choix qui changent , ou pas, qui ont forcément des conséquences, qui amènent forcément des renoncements, la vie c'est forcément des pertes et quelque part il 'suffit' "juste" de l'accepter.
De toute façon ça pique et ça brûle
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Message modifié par son auteur il y a un mois.
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GeorgyPorgy
le vendredi 12 mai 2023 à 15h45
Alinea7
Je trouve cette démarche admirable et en même temps je ne sais pas comment l'appliquer sans avoir l'impression de me soumettre d'avance à tout rapport de force qui pourrait s'installer, pour que la relation reste bien lisse. Parce que j'ai l'impression que ce qui en découle c'est que tu prends sur toi que les impacts sur toi de sa liberté ne rejaillissent pas sur elle.
Hello @Alinea7
C'est vrai que ça pourrait être une manière de voir les choses. Et je pense que ça dépend de comment tu le vis quand tu le fais de cette manière. Moi j'y trouve plus de satisfaction & de sentiments positifs, qu'à une époque où j'étais plus dans la confrontation, dans la revendication de ce que je pensais souhaiter "dans les tripes".
La manière dont je le conçois, c'est plus de prendre acte du fait que jouer le jeu du rapport de force "frontal" n'apporte pas de satisfaction. Dans mon expérience, ça a plutôt contribué à dégrader la situation, malgré tous les efforts honorables de communication etc. A la fin souvent, la conclusion c'est qu'on n'arrive pas à se mettre "d'accord" (le peut-on jamais?), et que ça engendre de la frustration et de la souffrance de chaque côté.
Du coup, j'ai fait le choix de faire ce pas de côté, pour annuler (ou tenter de minimiser) ce jeu à somme nulle. C'est plus une histoire de positionnement, qui fait le pari qu'instiller dans la relation une autre donne fera respirer la relation vers d'autres horizons globalement plus positifs & satisfaisants pour tous.
Dire par exemple "mon désir c'est d'ouvrir mon couple, vivre une relation amoureuse en dehors, avoir une non-exclusivité sexuelle, bla bla bla... et je refuse de céder là dessus, c'est légitime etc" - je trouve que ça entretient la confrontation, les vélléités de contrôle par l'autre pour peu qu'il / elle soit pas partant(e) au mieux, voire hostile à l'idée au pire.
Dire au contraire à l'autre : "je considère que je n'ai aucune espèce de contrôle à avoir sur ce que tu peux ressentir à un moment donné, si un jour tu ressens du désir pour un / une autre, sois sur.e que je considère que c'est tout entier dans ton autonomie, et c'est à toi de décider de ce que tu feras de ça" - ben au fil du temps, ça installe un autre terrain sur lequel se joue une relation.
Ca ne décrète pas par avance (par contrat?) qu'on s'autorise à jouir individuellement, à consommer de la relation "extérieure" comme beaucoup semblent essayer de le faire.
C'est plus lent peut-être, moins dans l'immédiateté du tout tout de suite, mais ça laisse l'air qu'il faut pour laisser des possibles s'installer en douceur, moins dans une certaine violence et plus dans un truc qui convient plus aux protagonistes.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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GeorgyPorgy
le lundi 15 mai 2023 à 17h37
En y re-réflechissant ce matin dans les bouchons, pour appuyer mon raisonnement par une formule, je peux en détourner une qui a été employée plus haut dans ce fil.
Plutôt que "NE fais PAS aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse", ce que je tente de décrire ce serait plutôt : "PERMETS aux autres de faire ce que tu voudrais qu'on TE LAISSE faire" ou quelque chose comme ça.
Je pense que la distinction des deux tournures (négatif vs positif) peut paraître anodine, superflue mais est plus porteuse de sens & de bienfaits qu'il n'y parait de prime abord.