Apprivoisement et anarchie
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bonheur
le vendredi 09 décembre 2022 à 13h19
Je désire ouvrir un nouvel fil de discussion afin de ne parasiter celui sur la séduction éthique.
Mes constats :
L'apprivoisement était devenu pour moi une base relationnelle. Sauf qu'il y a la faille de l'inconstance relationnelle. Je suppose que c'est dû au fait qu'une fois la relation sur les rails, tout déraille. Un confort s'est installé, celui de l'assurance relationnelle. D'un côté ça fait du bien, ça "soulage". D'un autre côté, ça s'effiloche.
Le bonheur lié à l'amour. Il révèle la personne sous un beau jour. Le sourire, la légèreté, surtout si l'on est dans cette optique d'anarchie. L'ouverture sur le monde, la non crainte de l'avenir émotionnel puisque l'amour est présent. Là où ça peut rejoindre le sujet, c'est que l'on est davantage attractif.
Qui dit attractif, dit métamour(s). Et c'est là que la personne change. Certes il est normal de laisser la temporalité à cette nouvelle découverte que l'autre vit. Le hic, peut venir du fait que effilochage d'un côté et NRE de l'autre, provoque un déséquilibre parfois trop important pour pérenniser la relation initiale, surtout si elle n'a aucun enjeu (sauf l'amour lui-même).
Loin de moi l'idée d'être directive ou cruelle, sauf que ce sujet doit être abordé en amont. Personnellement, je l'ai déjà fait et il m'avait été répondu qu'une nouvelle relation n'impacterai pas l'amour, l'intention de durée relationnelle, la volonté d'indépendance et d'autonomie de cette personne... Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Sauf que l'inconstance est venu tout balayer. Donc d'après moi, ni l'apprivoisement, ni l'anarchie, ne sont gages de quoi que ce soit. Les choix de vie ne sont pas figés. En tout cas pas pour tout le monde.
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Alabama
le vendredi 09 décembre 2022 à 14h45
Ce que ça m’évoque c’est que la vie fluctue, les humain.e.s aussi et qu’on ne peut rien prendre pour acquis.
C’est bateau mais en vérité on ne peut rien promettre à personne.
Je me connais pour l’avoir expérimenté : tomber amoureuse d’une autre personne n’amoindrit pas ma relation antérieure. Mais si je suis avec quelqu’un qui n’a encore jamais expérimenté cette configuration, quels que soient ses convictions, je ne présume de rien car seule l’expérience peut venir valider ou non ce qu’on pense être.
Et même en ayant déjà vécu cela, on peut être surpris par soi-même : on change et on fluctue.
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kill-your-idols
le vendredi 09 décembre 2022 à 15h52
bonheur
Qui dit attractif, dit métamour(s). Et c'est là que la personne change. Certes il est normal de laisser la temporalité à cette nouvelle découverte que l'autre vit. Le hic, peut venir du fait que effilochage d'un côté et NRE de l'autre, provoque un déséquilibre parfois trop important pour pérenniser la relation initiale, surtout si elle n'a aucun enjeu (sauf l'amour lui-même).
Dans le processus d'apprivoisement, il y a aussi l'apprivoisement des métamours. D'un côté, il est important de présenter les métamours aux nouvelles connaissances, de manière à le familiariser avec le concept et avec les personnes. De l'autre côté, il est aussi important de cadrer la NRE d'une manière qui ne soit pas destructrice pour les relations déjà établies.
Comment se concilient ces règles avec l'anarchie? De la même manière que l'etude des notes et des accords se concilie avec l'improvisation musicale: si je ne connais pas les notes et les accords je ne peux pas improviser et je sonnerai faux; et si je connais les règles de l'apprivoisement amoureux, je pourrai jouer librement, en êtant sûr au même temps de ne pas blesser mes partenaires.
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bonheur
le vendredi 09 décembre 2022 à 16h21
Ce qui me pose problème @kill-your-idols, avec ton raisonnement, c'est qu'il demeure figé. En polyamour, un-e métamour survient et d'autres disparaissent. Et tout le monde n'est pas dans cette optique. Donc on se voit infliger des impératifs.
Sans doute est-ce intrinsèque à moi, de vouloir tenir compte de tout le monde. D'une certaine manière, si j'en avais rien à foutre, je m'allègerai l'existence. Sauf que je ne suis pas ainsi. Ce n'est pas dans ma nature. Etre sûr de ne pas blesser ? Bravo, là j'avoue que j'admire. Je ne sais pas faire. :-(
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kill-your-idols
le samedi 10 décembre 2022 à 11h27
Ce n'est pas un raisonnement figé. C'est plutôt une série de réflexes à apprendre pour bien gérer sa famille élargie.
Un point clé, dans ce sens, est le fait de cadrer la NRE. La NRE est un sentiment agréable, mais potentiellement destructeur. Donc il est important de savoir la cadrer pour qu'elle ne préterite pas les relations existantes.
Cela va un peu à contre-sens de la culture dominante, qui glorifie l'amour comme sentiment suprême. Mais avec un peu d'effort, on peut très bien y arriver.
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bonheur
le samedi 10 décembre 2022 à 12h04
@kill-your-idols. Tu entends par là, que la NRE est à vivre pleinement, sans se laisser envahir par elle ?
De toute façon, l'énergie et l'agréable, jamais je ne lutterai contre. Après, des réflexes comme mettre son téléphone sur silencieux (par exemple), oui évidemment. Il ne faut pas être addictif.
Même quand on ne se sent pas dans une configuration de famille élargie, s'il y a vie commune, il ne faut pas faire supporter (ou réduire l'impact au maximum) sur les personnes les plus proches.
Je considère plutôt que je n'ai pas à gérer (à part moi vis-à-vis de moi). Informer, m'informer oui. Dans gestion il y a une notion de contrôle, d'emprise. Ce n'est pas ma façon d'être. Je désire trop ma liberté individuelle pour imposer. Dès que je me sens de trop ou que je doive imposer, je m'exclus de fait. En revanche, je sais ce que je veux pour moi, tout en laissant à autrui sa liberté individuelle.
Ce qui est destructeur dans la NRE, c'est quand elle supplante tout, y compris l'existant. Bon après, il reste le sujet de "l'élargissement", que l'on ne peut pas justement "cadrer" quand on est pas à la place centrale.
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kill-your-idols
le samedi 10 décembre 2022 à 12h59
bonheur
@kill-your-idols. Tu entends par là, que la NRE est à vivre pleinement, sans se laisser envahir par elle ?
De toute façon, l'énergie et l'agréable, jamais je ne lutterai contre. Après, des réflexes comme mettre son téléphone sur silencieux (par exemple), oui évidemment. Il ne faut pas être addictif.
Le gamin veut tout, et tout de suite. S'il n'a pas ce qu'il veut, il se fache, il crie et il pleure, de manière à embêter tout le monde, jusqu'à qu'il n'a ce qu'il veut. Plus il grandit, plus il apprend à maîtriser ses pulsions, de manière à les rendre compatibles avec la vie en société.
Malheureusement, on ne fait pas ce même travail de maîtrise avec la NRE: on la laisse courir librement, et elle fait des dégâts. On se retrouve donc avec des divorces, des subterfuges, des familles brisées et des gens qui viennent demander de l'aide sur ce forum.
bonheur
Ce qui est destructeur dans la NRE, c'est quand elle supplante tout, y compris l'existant. Bon après, il reste le sujet de "l'élargissement", que l'on ne peut pas justement "cadrer" quand on est pas à la place centrale.
Quand on n'est pas à la place centrale, on doit faire avec le fait que pas tout le monde possède notre sagesse et notre bienveillance. Dans ce sens, les amours plurielles sont une stratégie à long terme de préservation de la famille: si un de nos amours veut succomber à la RNE et à sa force déstructrice, on peut le laisser partir et l'accuellir une fois que la NRE est terminée (normalement, après 6-12 mois).
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bonheur
le samedi 10 décembre 2022 à 14h15
Les caprices ? J'avoue avoir un rapport de méconnaissance. Sans doute mon manque total de vouloir tout et tout de suite. Enfin je crois. Est-ce une question de générations ? Peut-être. Les gosses à colère, j'ai horreur de ça. Les adultes à caprices, aussi. Je laisse ce type de comportement hors de mon existence. Je ne condamne pas, je ne cautionne jamais. Seul la conciliation peut me combler.
Quand à cette façon de stop and go des relations, je n'y suis aucunement favorable. On ne joue pas avec mes émotions et je ne serai jamais un doudou que l'on sort du placard à besoin. Il faut un minimum de constance pour que je m'y retrouve. D'ailleurs, ce discours de la nouvelle personne qui "fait des efforts", j'ai des difficultés à l'entendre.
Je ne nie pas la difficulté de la déconstruction, de ses aléas et de ce que cela implique. Je ne suis pas jugeant non plus. Sauf que "efforts" me pose problème. Embrasser l'amour avec une personne déjà engagée, c'est avoir cette chance de pouvoir aimer. Si la personne ne supporte pas, je proclame l'amour vainqueur. Moi je ne suis personne face à l'amour. Je ne me battrais pas et je n'espérerai rien. Un choix est un choix et il faut le savoir.
"Mettre en pause", je dis purement et simplement NON. C'est à la personne centrale de concilier l'existant et le nouveau. C'est à elle de fournir les efforts de conciliation, d'adaptation... C'est mon opinion et évidemment, comme toujours, elle m'est très personnelle. On ne me jette pas pdt des mois, ou alors on me rejette une bonne fois pour toute. Surtout si c'est en cascade.
En cela, le mot de "préserver" ne me parle pas. L'amour est, il vit à travers la relation. L'amour demeure qu'il y ai eu ou pas relation, d'ailleurs. Mais les émotions en pointillés, certainement pas. Préserver, revient à cela pour moi. Maintenir et vivre. Une NRE n'implique pas une exclusivité "provisoire".
La vie n'est pas figée. Toutefois personne n'oblige à ce type d'interruptions. De toute façon, la nouvelle personne, ayant justement obtenue gain de cause à son "caprice", n'aura aucune envie de faire sa part de déconstruction, puisqu'il lui suffit de faire comprendre que ce sera sans personne d'autre, pour rester dans sa zone de confort.
Je sais ici que quelque soit la formulation "sortir" ou "élargir" sa zone de confort, c'est indispensable. Les questionnements, les évolutions... sont indispensables. Si on ne peut pas, alors c'est la personne centrale qui fait le choix. Et s'il y a indécisions, c'est à la personne en marge, qui finalement subit également, de prendre la décision. Cette façon de ne rien décider, de ne pas être clair avec soi-même et avec les autres, est à mon sens davantage destructeur que la NRE.
Camper sur des positions qui n'appartiennent plus au présent, tout les réitérant, ça fait largement autant de dégâts que ceux occasionner lors d'une nouvelle relation avec une personne non poly. Au final, souffrance pour tout le monde. Bravo, vive l'indécision et ce qu'occasionne les "doubles discours". Et oui, la période d'apprivoisement peut permettre de dépasser ces ambiguïtés et ambivalences.
En RH, les entreprises ne portent pas assez l'accent sur l'intégration. Là aussi, on veut tout et tout de suite. Quand on est confronté aux changements, la rapidité est une forme de violence. Tout comme les aprioris et les idées reçues, qui ont valeur de dictats. Je mets au point actuellement une forme de CV (candidatures spontanées) où aucun point de discrimination n'apparait. J'aspire à répandre, diffuser ce processus... mais c'est un autre débat.
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bonheur
le lundi 19 décembre 2022 à 06h50
Je reviens ici, pour ne pas détourner un fil potentiellement en cours, non initié par moi.
L'inconfort du polyamour vient il des autres ou de soi. Je m'explique : mon polyamour est dissimulé et du coup, dans mes relations, j'affiche un lien officiel et tous les autres liens sont dans la confusion de l'anonymat.
Que l'on souhaite une anarchie relationnelle ou non, tant que l'on ne s'affiche pas poly ouvertement, il existera systématiquement une hiérarchie. Pas celle du coeur, celle du mode de vie.
En fait, c'est aussi cela qui pourri l'existence. Si untel est caché, alors untel est sur un siège éjectable permanent.
L'amour est confiné dans cette dissimulation. Ok, par dissimulé aux autres amours. Dissimulé tout de même. Ce qui n'a pas de légitimité, n'a finalement aucune valeur. C'est comme posséder un tableau de maître illégalement, acheté au marché noir. Est-ce qu'un peintre réalise son œuvre dans cet objectif ? Le propriétaire tombe dans le délire de cette possession, impartageable. Au final, soit une forme d'obsession prend le dessus et c'est malsain (à mon avis). Soit l'œuvre tombera dans l'oubli et l'abandon. Le propriétaire s'offrira finalement une œuvre publique. La métaphore est sans doute maladroite puisque je n'y connais rien en art. Et l'œuvre, dans tout ça ?
Est-ce que l'amour souffre de cette forme de malveillance, d'enfermement réducteur, comme si l'amour devait porter le poids de la honte, de l'illégitimité ?