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Rennes (France)

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Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

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artichaut

le dimanche 16 mars 2025 à 16h49

Tiao88
Je vois passer des articles à ce sujet depuis une dizaine d'années, voir peut-être plus,

Des articles il y en a depuis longtemps, mais c'est une question de proportion (et aussi de traitement) qui a changé.

Ce que j'apelle mainstreamisation du polyamour c'est le fait de non plus regarder ça comme une bizarrerie (article ou reportage sur "les monstres que sont les poly"), mais d'en faire un effet de mode, et de faire des articles/reportages avec ce prisme-là.
Ceci alimentant celà.

Et donc oui, qui dit effet de mode dit réappropriation et usage de facade.
Même si bien sûr, depuis que le polyamour existe il y a toujours eu des gens pour le dévoyer (sciemment, ou inconsciemment), là n'est pas la question.

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Discussion : [Lexique] Définition(s) du polyamour

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artichaut

le samedi 15 mars 2025 à 19h35

Le Larousse (ajout en 2021 également) en donne une définition différente… et inspirée de la définition de notre site.

Larousse
polyamour
nom masculin

ou
polyamorie
nom féminin

(de l'anglo-américain polyamory)

Fait de vivre une relation intime (amoureuse et/ou sexuelle) durable avec plusieurs partenaires en parallèle, de manière consensuelle, franche et assumée.

Source : (1)

Les deux définitions (Robert et Larousse) utilisent l'expression "en parallèle". Ce qui connote une vision très particulière du polyamour selon ces dicos.

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Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

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artichaut

le samedi 15 mars 2025 à 15h13

Perso j'aurais tendance à dater la mainstreamisation du polyamour vers 2020 environ.
Et depuis, et même depuis un peu avant, je constate un basculement de sa dimension politique en une dimension presqu'exclusivement libérale.

À la fois le mouvement sociétal de fond se fait bien au delà du petit milieu poly, porté aussi par la vague #metoo depuis 2017 ; à la fois l'absorption assez brutale du polyamour par le mainstream n'a pas permis la lenteur nécessaire pour que ses fondements les plus importants puissent être visibilisés et valorisés.

C'est à la fois totalement de notre faute, et à la fois non. On s'est fait engloutir par la vague.
Pour autant ça a laissé des traces et semé des graines un peu partout.

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Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

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le samedi 15 mars 2025 à 14h42

Pour ma part j'ai le sentiment d'assister à une libération (a)sexuelle post #metoo.
Pour beaucoup, le sexe et l'amour-amoureux cessent d'être des critères totalisants.
Et l'on n'est plus prêt·es, comme jadis, à se laisser malatraiter, pour accéder à ces soit disant panacées sociales, corporelles, voire spirituelles.

Sexe ou pas sexe, amourrosité ou pas, peu importe. Ce n'est pas là l'enjeu. Ce qui par ailleurs n'empêche en rien d'explorer ces champs, au même titre que d'autres.
Mais ça n'est plus nécessairement associé à une ascencion sociale obligatoire, ou a une hypothétique auto-réalisation de soi.

Enfin, ça, c'est ce qui me semble irriguer en partie ce mouvement de fond. Quand je regarde les choses avec un oeil optimiste.

Mais j'avoue, n'avoir guère espoir d'un véritable changement sociétal en profondeur.

Car ces signes d'une libération s'accompagnent déjà de signes inverses réactionnaires et même presque, pourrait-on dire… contre-insurectionnel.

Et car on est loin d'en avoir finit avec nos bons vieux réflexes monogames.

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Discussion : Article de Libé. « Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle ». mars 2025

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le samedi 15 mars 2025 à 14h12

« Chez les 18-29 ans, le sexe s’invite dans les relations amicales, et l’amitié se greffe à la relation sexuelle »

Je n'ai pas pu lire l'article en entier car il est réservés aux abonnés.

Mais le titre est assez révélateur d'un profond besoin de sortir des cases normées sur l'amour, le couple et l'amitié : diversifier le champ de l'intime en expérimentant de nouvelles formes.

Et cet article semble avoir le mérite sortir du cliché de la binarité entre « génération hypersexualisée » ou «  génération no sex», tout en persistant de regarder les 18-29 ans comme des bêtes curieuses, et possiblement en ne comprenant rien de ce qui se joue réellement, et pas seulement pour les 18-29 ans.

Si la monogamie tente d'absorber le polyamour c'est bien qu'elle se sent menacée de toutes parts.

L'amitié serait un modèle bien plus attirant (voire pérenne) que le couple ?
Elle n'excluerait pas forcément la sexualité ?
Et cette dernière ne serait plus le chantre de l'amour-amoureux ?

Hypersuallité et no-sex ne serait pas incompatible (y compris chez une même personne) ?

C'est tous les modèles qui foutent le camp.
Gageons qu'il va y avoir des réponses fortes et appropriées pour remettre tout ça sur le droit chemin de la Norme.

Vouloir cantonner ça aux 18-29 ans en est déjà un signe.

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Discussion : Absence totale de jalousie : quelle peut en être la cause ?

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artichaut

le samedi 15 mars 2025 à 11h45

Cris
- Je ne suis pas jaloux parce que ma femme n'a plus d'importance pour moi, ou parce que je veux la pousser à me quitter le plus vite possible : certainement pas, au contraire je me suis rarement senti aussi proche d'elle que depuis cette situation nouvelle.

- Je suis en réalité jaloux, mais un mécanisme de protection m'empêche de ressentir cette jalousie pour éviter de me faire du mal : possible, je ne suis pas psy et je ne sais pas si mon cerveau est capable de me protéger de mes propres émotions.

- Je suis en réalité jaloux, mais je prétends ne pas l'être parce que j'ai passé trop de temps à lire ce site web (et d'autres ressources) : non, je ne pense pas être hypocrite avec moi-même... et ce que j'ai lu sur le polyamour me parle vraiment.

- Je suis content qu'elle soit passée à l'acte, ça me donne une bonne raison pour faire de même : ce n'est certainement pas ça, je déteste cette idée qui s'apparente à du chantage.

- Je suis content, ça l'aidera à comprendre ce qui m'est arrivé quelques mois plus tôt : il y a peut être un peu de ça, encore que dans mon cas c'est plutôt romantique, dans le sien c'est plutôt physique.

- Je suis content, ça lui fera entrevoir la possibilité qu'une nouvelle relation n'enlève rien à la première : ce serait un peu "manipulateur" de ma part, mais peut être qu'il y a aussi un peu de ça.

- Je suis "candauliste" : il me semble que ce mot, nouveau pour moi, implique de l'excitation sexuelle à voir ou savoir sa femme avec un autre, dans mon cas je ne peux pas vraiment parler d'excitation.

- Je suis heureux pour elle, tout simplement, comme je suis heureux quand elle va danser, faire du sport, et que je la sais épanouie : j'aimerais me convaincre que c'est la vraie raison, cette fameuse "compersion" (encore un nouveau mot...) que ressentent certaines personnes qui vivent en polyamour ?

Tout ça est possiblement en partie vrai, mais qu'importe.

Juste tu découvres une nouvelle émotion : la compersion.

Le plus important qu'il te faut savoir là, c'est que la compersion n'est pas le contraire de la jalousie (contrairement à ce qu'on peut lire ici ou là).

Tu revivra de la compersion, tu revivra de la jalousie.
Et un jour, tu vivra les deux en même temps.

*
Plus haut je dis "qu'importe", et ce n'est pas tout à fait vrai : tu peux chercher à comprendre les mécanismes, situations et configurations qui active ta jalousie ou qui active ta compersion.
Tu vas énormément apprendre sur toi même.

Mais tu peux aussi, te contenter de juste accueillir et vivres tes émotions (c'est pourquoi je disais "qu'importe").

*
Attention à la "NRE de la compersion".
Èvite de te jeter dedans à corps perdu. De croire à quelque chose de magique. De penser que tu n'es plus jaloux. De chercher à t'empêcher de l'être désormais. De te culpabiliser de l'être.
Il y aura des retours de bâtons.

Être compersif, c'est juste de l'amour. C'est le reste qui n'en est pas.

Bienvenu dans la compersion. Bienvenu dans l'amour.

*
Et surtout quand la jalousie reviendra : accueille-là aussi. Soigne-là. Chérie-là. C'est elle qui t'indiques comment aller vers encore plus d'amour (de toi-même et de l'autre). Elle te montre ce qui te fait mal et donc comment prendre soin de ça. Elle te met en garde : ne t'oublies jamais dans l'équation de la relation.

*
Tu ressens de la compersion quand à un endroit tu te sens parfaitement en sécurité dans la relation, et que ton amour pour l'autre peut s'y déployer librement.

Dès que des micros-insécurités reviendront, de la jalousie refera surface.

Et quand tu aura apprivoisé la compersion, tu vivra les deux en même temps. À savoir qu'un peu de jalousie ne supprimera pas tes élans d'amour et de compersion.
Tu sauras être sécure et insécure à la fois. Entrer dans cette complexité-là. Et faire la part des choses.

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Discussion : Ayé on est foutus (ou comment le polyamour finit de se dissoudre dans la monogamie)

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artichaut

le vendredi 14 mars 2025 à 19h52

Et voilà, c'est l'extension du domaine de la monogamie.
Le capitalisme et la monogamie sont en train de définitivement absorber le polyamour.

On le savait déjà. Mais là ça devient patent.

Article de la BBC (en anglais)
Couple to Throuple: How polyamory is becoming a 'new normal'.
Du couple au trouple : comment le polyamour devient une « nouvelle normalité ».
9 February 2024
https://www.bbc.com/culture/article/20240209-coupl...

On pourrait y voir de bonnes nouvelles : la monogamie s'élargit, donc ses frontières pourraient paraître moins fermées.
Au contraire les frontières s'élargissent pour mieux absorber ce qui était en passe de créer de la dissension, et faire taire toute réelle remise en question.
C'est la colonisation par d'autres moyens.

Le capitalisme, comme le chistianisme, ont toujours été particulièrement doués pour se réapproprier les dissidences. Et ça se fait toujours par une normalisation. Le but c'est la norme. Peu importe à la limite ce qu'elle contient.

*
Alors étendons la notion de couple à celle de trouple. Militons pour le mariage ouvert (et surtout pas la désinstitutionnalition du mariage).

Vive le polyamour et la non-monogamie !

On va pouvoir être encore plus riche qu'on ne l'est déjà.

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Discussion : Retour vers la solitude

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artichaut

le vendredi 14 mars 2025 à 12h48

Ce sujet me trotant dans la tête, je me suis souvenu d'un texte dans le n°1 de la revue Timult.

D'abord il y a la chanson de Souchon Ultra moderne solitude (1988).

Pourquoi ce mystère
Malgré la chaleur des foules
Dans les yeux divers
C'est l'ultra moderne solitude

Pourquoi ces rivières
Soudain sur les joues qui coulent
Dans la fourmilière
C'est l'ultra moderne solitude

Et puis il y a ce texte de Lilian Stockel, qui en reprend le thème de départ.
Dont je vous livre quelques extraits.

Je plonge dans des bandes dessinées autobiographiques qui explorent le désarroi et la cruelle solitude postmoderne. Trop de choses sont dites dans le brouhaha du monde. Cette rumeur se mêle en moi telle un chant ou une mélopée. Des voix, des explications, des théories, des indignations me bercent, m’énervent, m’émeuvent parfois. Je guette une voix qui saura me parler et remplir un peu la poche d’espoir dont mon cœur est vide. Mais cette voix n’arrive pas. Je reçois des miettes qui m’inspirent mais ce sont des élans brefs et je reviens ensuite à ma condition de solitaire et sans pouvoir. Je me résigne à continuer à faire des choses sans cette voix ni cette foi. La vie malgré tout. Je sens mon corps bouillonner d’énergie et de désirs. Il n’y a pas quelque chose ou rien. Il y a de petites choses qui tissent et tiennent ma vie, en font le matériau particulier inséré dans la toile de ce temps. Mais je sens que c’est trop peu. Que je suis capable de plus et mieux.

(…)
Il est un mal étrange qui frappe les gens dans les pays riches. Une mélancolie habite les êtres, jeunes ou vieux, de diverses conditions, une mélancolie faite de défaitisme et de solitude infinie. Les gens des grandes villes sont touchés, ceux des campagnes aussi. Ce sentiment est gluant et pénétrant, il tient à la fois du chewing-gum qui colle au talon, et du brouillard qui s’insinue dans la peau et les poumons. C’est quelque chose qui a à voir avec l’absence de sens et de stabilité. Cela tient tant du néant que de la saturation de choses inutiles. C’est la séparation brutale d’avec le monde vivant et les autres humains. C’est le sentiment que tout nous échappe, comme la poignée de sable qu’on essaierait de retenir dans sa main. L’impression douloureuse de ne pas vraiment habiter notre propre vie ni le monde. Nous avons tué dieu, la toute-puissance de l’État, de la famille, de l’autorité transcendante en général. Et nous nous retrouvons à errer comme des fourmis égarées. Nous errons dans la multiplicité de nos attachements, dans nos infidélités géographiques, nous pataugeons dans l’impossibilité que rien ne soit tenu pour acquis. Il n’y a aucune vérité universelle à laquelle prêter allégeance. Chaque lien, chaque engagement est temporaire. Il durera le temps que ça nous sera confortable, le temps que ça nous fera plaisir. Mais nous pouvons à tout moment tout quitter, l’amie ou l’amour qui devient irritant.e, la ville où nous nous ennuyons, le boulot pour lequel le contrat se termine. Et oui, c’est aussi l’ère des CDD pour nos amours et nos collectifs d’action directe ! Que nous acceptions ou non de le voir, nous sommes trempé.es jusqu’au cou dans les valeurs du monde capitaliste d’aujourd’hui : vitesse, efficacité, flexibilité, fugacité. Ces préceptes et schémas d’organisation traversent la société, depuis les entreprises internationales et les États jusqu’à nos doutes et déchirements intimes. Ce qu’on croit être notre liberté, la chose la plus précieuse, est en réalité aussi ce qui fait que nous sommes si désespérément seul.es. (…) Mais comment être à la fois émancipé.es et à la fois relié.es ?

(…)
Saboter l’ultra-moderne solitude : ceci est un point important de notre programme.

Lilian Stockel

in Timult n°1, rubrique Stratégies, Briques, mortier et courbatures. Octobre 2009.
Ultramoderne Solitude, pp 10 à 13.
Le numéro papier est épuisé mais disponible en pdf.

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Discussion : Vos plus belles ruptures, séparations, etc.

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artichaut

le mercredi 12 mars 2025 à 12h22

Peut-être quand même qu'il y a une distinction entre 2 sortes d'amour, 2 usages du mot aimer :
- j'aime une musique, un paysage, un aliment, pour ce que ça me fait ;
- j'aime une personne pour qui elle est.

Et que parfois (souvent) on confond l'autre avec un aliment, une musique, un paysage, et qu'on "l'aime" pour ce qu'elle nous fait, et non pas pour qui elle est.

On aime ce qu'elle vient combler, guérir, cajoller, adoucir, apaiser en nous.
Mais du coup ce n'est pas l'autre que l'on aime.

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Discussion : Vos plus belles ruptures, séparations, etc.

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artichaut

le mercredi 12 mars 2025 à 12h19

Et sur ce dernier point (rencontrer l'autre dans ce qui nous sépare de lui), ça me renvoie très fort à quelque chose de fondamental pour moi : aimer c'est vouloir le bonheur de l'autre, quelqu'il soit.
La compersion est presque un allant de soi dans l'amour, pour moi.
Si j'aime l'autre et que celui
- a une nouvelle histoire
- veut partir habiter loin
- ne veut plus relationner avec nous
- veut radicalement changer de vie
je ne peux que l'encourager et me réjouir pour lui de ça.
(Sauf cas exceptionnel, où l'autre se fourvoie, est manipulé, etc.)
Sinon ce n'est pas de l'amour que l'on vit. Ou pas que de l'amour, et quelque chose d'autre vient parasiter l'amour.

Ce que ça nous fait à nous, n'a rien à voir avec l'amour. Sinon c'est que l'amour est tourné vers nous et non vers l'autre. Ce qui n'est pas un mal en soi, mais c'est bien d'en avoir conscience.

Ça va aussi dans le sens d'aimer l'autre tel qu'il/elle est, avec ses spécificités, donc ses "défauts". Et donc tel qu'il/elle a envie de devenir. Aimer l'autre dans son devenir lui/elle.

Et de même que la jalousie est compatible avec la compersion (et n'est en aucun cas son contraire), de même la tristesse, le sentiment de rejet ou d'abandon, sont "compatibles" avec l'amour.
Mais il convient de ne pas confondre ces différentes choses. Ni en les fusionnant, ni en prétendant que l'une est le contraire de l'autre.

La jalousie n'est pas une preuve d'amour, pas plus que la possesivité, la tristesse, le sentiment de manque, de rejet ou d'abandon, la colère, etc, etc.

Aimer l'autre n'a rien à voir avec soi.
La souffrance ressentie lorsque l'autre nous quitte (ou pareillement lorsque l'on quitte l'autre, surtout si l'on quitte car l'autre n'est pas capable de le faire) n'est pas de l'amour, mais révèle (et reveille) nos failles, révèle un manque d'amour… de soi.

À la limite, on pourrait dire : la jalousie est une preuve… d'un manque d'amour de soi.
Du reste, perso, j'aime ma jalousie pour ça : elle me fait toujours revenir à moi. M'invite à re-prendre soin de moi, à ne pas m'oublier dans l'équation relationnelle.

Finalement, j'ai envie de dire, que si l'on souffre d'une rupture, c'est non pas qu'on aimait l'autre (peut-être qu'on l'aimait, peut-être pas, mais c'est indépendant), mais qu'on aimait que l'autre nous aime. Voire qu'on avait substitué une partie de notre amour de soi, par ce qui nous semblait être l'amour de l'autre.
Je comble mes failles avec "l'amour" de l'autre, donc lorsque celui-ci (nous semble) disparaît(re), ça crée un vide, qu'il n'est pas toujours aisé et rapide, de re-remplir avec de l'amour de soi.

La NRE serait un remplissage de nos failles par "l'amour" de l'autre. Et la NRE_de_rupture le temps nécessaire à un re-remplissage par de l'amour de soi (ou une fuite dans la recherche d'un autre être pour venir re-remplir nos béances).

Je mets des guillemets à "l'amour" de l'autre, car j'ai le sentiment que ce n'est pas l'amour de l'autre qui remplis nos failles, nos béances, mais l'image que l'on s'en fait (ou ce que l'on fabrique à partir de ce qu'il nous donne).
Le véritable amour de l'autre, nous aime pour ce qu'on est, veut notre bonheur quelqu'il soit, est bien même sans nous (donc peut nous quitter, ou être quitté, sans cesser de nous aimer).

J'ai le sentiment qu'on confond l'amour réciproque avec de la co-dépendance cultivée. Voire dans le pire des cas avec de l'utilitarisme (j'utilise l'autre pour combler mes béances) et de la possessivité (je ne supporte pas que l'autre soit libre de ne pas combler en permanence mes béances).
Là où l'amour pour moi rime nécessairement avec liberté. Aimer, c'est vouloir l'autre libre (avec ou sans nous ne rentre pas en compte dans l'équation).

Et donc je ne parle pas d'un "amour-amoureux" (qui pour moi n'est rien d'autre qu'un substitut d'amour de soi déguisé), mais bien d'un amour sincère, désintéressé (vis à vis de soi, ou d'une quelconque réciprocité).
Un amour comme c'est le cas (comme ça devrait être le cas) avec nos enfants, avec nos ami·e·s, etc.

Certain·e·s diront un amour universel, ou inconditionnel (moi j'aime pas trop ces termes).
Pour moi c'est juste ça l'amour.

J'aime un arbre, un paysage, une personne… pour ce qu'ils sont, pour leur devenir.
À la limite je peux un jour cessser de les aimer, ou les aimer moins (par exemple si ce qu'ils sont devenus est devenu trop éloigné de moi, ou si moi-même je me suis éloigné d'eux).
Mais cet amour qui a existé ne peut disparaître du jour au lendemain. Et même, au passé il existera toujours (sauf cas de manipulation avérée).

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Discussion : Vos plus belles ruptures, séparations, etc.

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artichaut

le mercredi 12 mars 2025 à 02h31

Et peut-on alors penser cette rupture comme une nouvelle rencontre (ou une continuation de la dynamique de rencontre) :
- se re-rencontrer soi, déplacer la dynamique de rencontre à des parts de soi quelque peu oubliées, délaissées, mise de côté
- rencontrer l'autre dans ce qui nous sépare de lui (et mettre de la compersion là-dedans), que la relation se transforme, ou que les êtres se séparent définitivement

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Discussion : [Décortiquons la NRE] Énergie de la nouvelle… Rencontre.

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artichaut

le mercredi 12 mars 2025 à 02h21

À propos de NRE, et de changer la lettre R de l'acronyme, je me suis demandé :
- il y a t-il une NRE de la rupture, une Énergie de la Nouvelle Rupture ?

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Discussion : La NRE, vous connaissez ? Si oui, ça se passe comment concrètement ?

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artichaut

le mercredi 12 mars 2025 à 02h20

À propos de NRE, et de changer la lettre R de l'acronyme NRE, je me suis demandé :
- il y a t-il une NRE de la rupture, une Énergie de la Nouvelle Rupture ?

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Discussion : Vos plus belles ruptures, séparations, etc.

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artichaut

le mercredi 12 mars 2025 à 02h19

À propos de NRE, et de changer la lettre R de l'acronyme, je me demandais :
- il y a t-il une NRE de la rupture, une Énergie de la Nouvelle Rupture ?

J'entends par là possiblement 2 choses :
- une énergie dite négative : combien de temps met-on à se remettre d'une rupture ? de quoi est fait ce laps de temps ? comment cette "énergie" agit sur nous ? est-elle le miroir de la NRE intiale qui a présidé à la rencontre et à la mise en relation ?
- une énergie dite positive : une sensation de libération, de se retrouver soi (une NRE avec soi-même ?!), une griserie à cette liberté retrouvée ? Une amie m'a même proposé : une Nouvelle Reconstruction Egotique.

Ces deux "énergies" pouvant se juxtaposer, se compenser partiellement, etc.

Finalement tout ça revient à étudier comment nos relations se transforment, et par quelles phases émotionnelles récurentes nous passons… En quoi celà concerne à chaque fois, notre ego, ou la construction de soi ?
Ça peut aussi permettre de regarder les phases de rupture sous un autre angle.
Si elles sont le miroir de la NRE intiale, agir par anticipation sur cette NRE nous permettrait-il de guérir (ou adoucir) nos ruptures à venir ?

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Discussion : Comment garder son rythme , son centre ...

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artichaut

le mercredi 12 mars 2025 à 00h45

katai
La relation s'intensifie et on est partie pour habiter ensemble , et peut être même plus.

Ça me paraît précipité, au vu de la polyrythmie de coeurs décrite…
Un polyhabitat et un engagement réduit me semblerait plus sage.
La sensation de se perdre soi même est un très gros warning, qui devrait inciter à une infinie prudence, à une encore plus grande lenteur…
S'oublier dans la relation est le risque numéro 1 de tout début de relation.

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Discussion : Ohé les mecs

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 23h02

Un doux parfum
Ce qui m'amène à répondre à ta question :
"Qu'entends-tu par "relations engageantes" ?"
J'entends : m'engager dans une certaine durée, dans une certaine fréquence, et m'engager à être là aussi dans les mauvais moments, les besoins de soutien, et pas juste vouloir prendre plaisir et basta.

Eh bien j'aurais envie de te dire : développe des relations d'amitiés où ces composantes sont réunies.
D'une part c'est plus facile, d'autre part ce que tu décris me semble correspondre tout à fait au schéma amical.
Elles seront nourissantes, et elle prouveront en acte ce que tu affirme en mots. Elles participeront socialement, collectivement, à créer un monde meilleur.
Puis, soit tu découvrira par ce biais, d'autres façon de relationner amicalement, soit tu pourra dans celle(s) où vous vous sentez le plus à l'aise — et où tu n'aura plus à prouver ton engagement sincère — ajouter d'autres dimensions (sexuelle, amoureuse, etc). Soit encore, par ce qui se dégagera alors de toi, tu rencontrera, d'autres types de personnes, moins méfiantes/prudentes à ton égard.
Bref au lieu de chercher un impossible Eldorado, tu construira le monde désirable dont tu as envie.

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Discussion : Retour vers la solitude

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 22h32

Alabama
Je me demandais comment vous vivez, vous, la solitude ? Comment vous équilibrez sociabilité/solitude ? Vous arrive t'il de souffrir du sentiment de solitude ? Ou au contraire est-ce un refuge pour fuir le contact avec les autres ? Et comment cela s'articule avec vos différentes relations amicales/amoureuses/familiales... ?

Comment vous vivez, vous, la solitude ?
Globalement plutôt bien.
Et depuis longtemps. J'en avais même fait, dans ma jeunesse, avec les romantiques (Rilke & co) un but en soi, un privilège (de pouvoir l'être), une force (à l'habiter pleinement)…

Comment vous équilibrez sociabilité/solitude ?
Je passe beaucoup plus de temps seul, que de temps passé avec la somme de toutes les sociabilités : démarches logistiques (courses & co), relations (tout type confondus), etc.
Actuellement, à la louche, je dirais qu'en moyenne je croise d'autres humains environs 2 jours par semaine. Donc les 2/3 du temps environ, je suis… seul. C'est beaucoup, peut-être un peu trop. Je me pose la question de réduire un peu ce pro-rata (approximatif).

Vous arrive t'il de souffrir du sentiment de solitude ?
J'aime bien l'idée de différencier solitude (être seul·e) et isolement (se sentir seul·e).
Il a pu m'arriver de ressentir de l'isolement, du fait d'habiter en campagne et que peu de gens viennent jusqu'à chez moi. Également depuis le départ des mes enfants du foyer, ne vivant pas en couple et n'ayant pas d'animaux domestiques, je suis véritablement seul chez moi, la plupart du temps. Il a pu m'arriver de ressentir de l'isolement (notamment le syndrome du nid vide).
Mais globalement la solitude, non seulement je la vit bien, mais j'en ai foncièrement et très régulièrement besoin.
Et par certains côtés j'ai adoré le 1er confinement lié au Covid, qui arrivait pile au printemps (une saison que j'aime moins, car trop de sollicitations à la fois). Et pour une fois, alors que je redoutais un peu l'arrivée du printemps : enfin tout s'arrête, enfin on reste chez soi, et on n'a pas à s'en justifier.

Ou au contraire est-ce un refuge pour fuir le contact avec les autres ?
C'est clairement un refuge, mais pas tant pour fuir le contact avec les autres, que pour me retrouver moi, et être ensuite capable d'avoir des interactions avec les autres.
Je suis de très loin ma relation principale.

Et comment cela s'articule avec vos différentes relations amicales/amoureuses/familiales... ?
Idéalement à chaque moment passé avec une de mes relations, j'aurais besoin de repasser un temps solo au moins équivalent au temps passé avec elle.
Dans la pratique ça ne se passe pas comme ça : je dois souvent composer (pour des histoires logistiques et financières) et enchaîner plusieurs RV à la suite, avant de pouvoir me retrouver enfin seul, et pouvoir décanter ce que je viens de vivre.

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Discussion : Retour vers la solitude

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 21h51

Alabama
- Les nouvelles solitudes de Marie-France Hirigoyen
Je l'ai trouvé intéressant car elle étudie comment les avancées féministes ont accentué la solitude des femmes et des hommes, pour des raisons différentes. Je ne l'ai pas beaucoup aimé car je trouve qu'elle fait des affirmations et des interprétations sans vraiment se baser sur des sources solides. Par exemple elle parle du comportement des hommes en partant de ce que disent ses patientes femmes en séance (elle est psy). Autant je suis féministe, autant ça ne me paraît pas très sérieux de procéder de cette façon pour avancer un point de vue étayé.

Perso j'aime bien les 2 dernières pages de ce livre.

À tort, on associe la solitude à l’égoïsme et à l’égocentrisme, alors que la vie seul, et en particulier le célibat, peut permettre une ouverture au monde que ne permet pas la vie de couple, et la solitude joue parfois un rôle de propulseur pour aller vers quelque chose d’autre. La difficulté d’établir des relations solides dans un monde incertain amène les personnes à se replier vers d’autres aspirations. Le manque, l’échec, la souffrance servent alors de levier pour progresser. On peut y puiser la force pour inventer d’autres liens.

La capacité d’être seul, parce qu’elle nous rend disponible à l’autre, nous rapproche de l’amour, non pas au sens du coup de foudre passager, mais beaucoup plus d’une communion avec l’autre. Alors que beaucoup s’imaginent que l’amour va mettre fin à leur solitude, c’est au contraire la capacité d’être seul qui permet la disponibilité pour l’amour. Quand on cesse de croire que l’autre va vous réparer, qu’on n'attend plus de lui qu’il vienne mettre fin à vos angoisses, de nouveaux liens peuvent se mettre en place.

Les solitaires sont plus exigeants sur la qualité des relations qu’ils entretiennent avec les autres. Face à un monde où les rapports humains tendent à se réduire au travail et au sexe, c’est-à-dire des rapports d’intérêt et de séduction, ce sont développées de nouvelles formes de sociabilité, d’autres modes de relation plus intimes, de solidarité, d’amitié : des relations désintéressées, juste pour le plaisir d’être ensemble. C’est une façon de se tenir à l’écart de la superficialité des rencontres éphémères, pour privilégier les amitiés profondes.

Ce sont ainsi créés nombre de petits groupes associatifs non traditionnels pour lutter contre l’isolement et la précarité relationnelle, des lieux d’échanges intergénérationnels, des initiatives locales pour créer du lien social. Se développent également les relations amicales plus solides que les vies de couple. Elles se poursuivent au gré des différentes étapes de la vie, des changements de couple : il y a les amis, les copains, les relations et, en pointillé, parfois des relations de couple. Avec Internet, il est possible de rencontrer des gens que l’on n’aurait pas croisé ailleurs et avec qui on peut véritablement échanger, même si cet échange ne concerne qu’une facette de nous. Dans un monde de plus en plus précaire, il vaut mieux investir dans plusieurs relations à la fois, ce qui permet d’adapter chaque lien aux différentes facettes de notre personnalité. Dans ce nouveau mode de vie, il y aura plusieurs personnes qui compteront, on ne sera pas l’ «  unique ».

Marie-France Hirigoyen
Les Nouvelles solitudes - La Découverte 2007, éd. poche Marabout 2008 pp 246-247.

C'est moi, artichaut, qui souligne.

D'une part elle inverse un poncif rétif : les relations solides sont les relations d'amitiés, et les relations de couple ne sont là qu'en pointillés.
Reconsidérer ces dernières avec cette donnée, permet de relativiser grandement leur bienfait sur nos vies.

D'autre part j'aime beaucoup comment elle décrit que c'est la solitude, ou plutôt la capacité d’être seul qui permet la disponibilité à l’amour. Et j'y entends un amour sain, qui ne crée pas — ou ne se fonde pas sur — une croyance que l'autre mettra fin à notre solitude inaliénable et existentielle.

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 20h31

Alabama
J'ai eu un "crush" récemment sur une personne, qui m'a dit qu'elle ne souhaitait pas qu'on "sorte ensemble". Je n'ai pas osé lui demander quelle était sa définition toussa toussa, car j'aurais eu l'impression de vouloir la convaincre d'un truc qu'elle refusait et comme on se connaît peu, je ne voulais ps prendre le risque d'être mal comprise.
Mais en réalité, je trouvais que l'enthousiasme de la rencontre était très fort des deux côtés, et que pour ma part, je me sentais un peu amoureuse. Et sincèrement je me suis dit que "ne pas faire de sexe" (ce que j'entends dans "ne pas sortir ensemble") n'allait pas changer grand chose à l'enthousiasme et aux sensations fortes que je ressentais en sa présence.

Je trouve justement que ça aurait valu le coup de lui demander ce qu'iel entendait par "sortir ensemble" (aller faire des courses ? aller au cinéma ?)
Et c'est probablement ce que j'aurais fait… mais je suis du genre à mettre les pieds dans le plat, et mettre l'autre mal à l'aise.
Je suis vraiment allergique à cette "pudeur langagière" systémique.

Tu déduis que c'est "ne pas faire de sexe" , mais aussi bien çà inclut plein d'autres choses (comme "ne pas être amoureux", "pas de sensualité", "pas se tenir la main dans la rue", etc …et peut-être des choses que tu ne peux pas imaginer, toucher telle partie de son corps, utiliser tels mots, te savoir amoureuse, même un peu, etc).
Et cette ambiguïté risquerait de produire des situations bien plus génantes (en tout cas ce serait ma peur) que le petit malaise lexical (refuser les sous-entendus soit-disant implicites).

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le mardi 11 mars 2025 à 20h19

Alabama
La seule chose qui me fait peur, dans ces relations où je ressens des choses fortes sans qu'il y ait d'étiquette "relation amoureuse", c'est le manque d'engagement de l'autre. (…)
En cela, le mot "relation amoureuse" moi me sécurise, car pour la plupart des gens cela rime avec de l'engagement à travailler sur la relation

Et quel dommage !
Ça m'attriste de lire ça.

C'est pour ça, que globalement, mon changement de paradigme (en simplifié et pour être facilement compris par tout un·e chacun·e) se résume finalement à revaloriser l'amitié et proposer d'élargir le cadre, en y amenant des choses habituellement réservées au couple (les meta discussions, les mots d'amour, la proximité physique, etc) …quitte à renoncer au sexe (pour ne pas créer d'ambiguïté malaisante, de flou anxiogène, ou de bascule émotionnelle vers un champ ultra scripté, donc borné) et parfois renoncer aux mots d'amour, en tout cas les plus connotés, tels que les "je t'aime" (pareil, pour ne pas créer de flou autour de l'amour-amoureux et de tous les scripts associés).

Alinea7
Il me semble que dans le script de la relation amoureuse, il y a une injonction au bisou/sexe pour acter l'existence de la relation, et la bascule dans le champ relationnel qui donne ensuite droit à un certain nombre d'attentes et privilèges.

Et j'aime bien justement ce changement vers une construction des relations et du soin à l'autre qui ne découle pas d'injonctions permettant de prétendre au titre de "couple".

C'est exactement ça !

Et ta bascule dans le champ relationnel me renvoie à ma réflexion sur la rencontre vs la relation (1, 2).

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