Parler des gens qu'on aime
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oO0
le samedi 24 septembre 2011 à 00h56
J'ai opté pour un entre-deux Françoise et Nounours, il y a longtemps, mais cela fait longtemps que je n'ai plus eu à y recourir.
1) D'abord, le prénom.
Peu importe la relation que j'ai avec la personne, elle est une personne à part entière. (En ce qui me concerne, le prénom emporte définitivement ma préférence, surtout à l'intérieur de la relation, mais effectivement il ne dit rien de la relation. Bien que, pour ma part, le prénom entretient le sentiment que la personne s'appartient comme au première jour de la rencontre, que rien n'a changé. Exception faite, peut-être d'un diminutif qui témoigne d'une certaine familiarité ou complicité.) Il y a moyen de s'en sortir juste avec le prénom, mais il faut que les personnes aient l'esprit suffisamment subtil que pour comprendre la parenthèse.
LESS IS MORE !
2) Si les personnes veulent plus, "amie".
3) Si elles insistent, "amie des plus intimes".
Si là, ils n'ont toujours pas compris qu'ils font intrusions dans une intimité qui ne les regarde pas et que, pour ma part, je n'ai pas envie de nommer davantage, pfouuu ...
... mais il ne s'agit pas toujours d'intrusions. Il y a des contextes où il est légitime que les personnes cherchent à se situer, voire soient intriguées. À elles de trouver la manière d'aborder la question et, à moi, de faire preuve d'indulgence pour leurs maladresses et de même pour eux quant aux miennes. Parfois, cela donne des échanges très nourrissants ou, parfois, juste embarrassants. Par contre, si je suis évasif sur la qualification d'une personne, je ne le suis pas sur la nature de la relation, mais faute de relation, cela fait longtemps que je n'ai pas eu à le faire.
Sinon, il y a des contextes où peu importe la manière : un grand sourire embarrassant, les yeux écarquillés faussement étonnés et un petit hochement de tête à chaque question, c'est parfait. Et si cela ne suffit pas, cela ne coûte rien de demander à quoi cela les avance de savoir ou en quoi cela les regarde, gentiment, juste histoire de les ramener en douceur à la réalité de la vie privée. Cela peut arriver de s'égarer sur certains fondamentaux.
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
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Lilly
le dimanche 25 septembre 2011 à 19h38
Merci à tou⋅te⋅s de partager vos témoignages, c'est très intéressant...
RIP
D'abord, le prénom. Peu importe la relation que j'ai avec la personne, elle est une personne à part entière.
Janis
J'utilise beaucoup le mot "ami". Ceux qui me connaissent savent qu'il est très ambigu dans ma bouche et les autres... Hé bien ils ne sont pas assez proches pour que ça les regarde.
C'est souvent la stratégie que j'adopte, parfois faute de mieux. Mais, après tout, ce sont des gens avec qui j'ai des relations amicales fortes donc parler d'amitié n'est pas nécessairement un euphémisme.
"Amante" j'aime bien, il y a la racine du verbe aimer et le côté sexuel. Mais au masculin, un amant ça devient celui qui se planque tout nu dans l'armoire quand le mari débarque à l'improviste (ou saute par la fenêtre en caleçon, suivant vos références...)
Hier lors d'une discussion avec des "ami⋅e⋅s" (oui, oui, ce genre-là d'ami⋅e⋅s !), M... a proposé de présenter quelqu'un d'un "Voici Bidule, mon polyamoureux !" ce qui serait une manière de dire à la fois "ce garçon est mon amoureux" et "nous entretenons d'autres relations". J'aime bien l'idée mais je ne suis pas sûre que le mot soit vraiment compris par beaucoup de gens et je ne m'identifie de toute façon pas entièrement à ce terme-là (mais ça, c'est une autre histoire...).
LittleJohn
Après une discussion prolongée avec mon amoureuse ( ^^ ), nous avions convenu que le seul moyen que nous laisse la langue française pour exprimer l'importance, le sérieux de cette relation était l'utilisation du possessif - ce qui dans le cadre du polyamour est savoureux.
Un autre aspect qui me semble important au sujet du nom à donner à ses partenaires, c'est ce qu'en pensent les différent⋅e⋅s partenaires. Ça m'embêterait beaucoup que quelqu'un soit vexé⋅e que je l'aie présenté⋅e seulement comme un⋅e ami⋅e. Ou au contraire qu'ille prenne peur face à un mot trop "engageant".
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LuLutine
le dimanche 25 septembre 2011 à 20h37
Lilly
Un autre aspect qui me semble important au sujet du nom à donner à ses partenaires, c'est ce qu'en pensent les différent⋅e⋅s partenaires. Ça m'embêterait beaucoup que quelqu'un soit vexé⋅e que je l'aie présenté⋅e seulement comme un⋅e ami⋅e. Ou au contraire qu'ille prenne peur face à un mot trop "engageant".
Oui, moi aussi.
Lors d'un événement où deux de mes amoureux étaient présents, et l'un d'entre eux parti assez tôt (tout en s'étant comporté de façon non ambigüe avec moi), celui qui restait a dû répondre à une de mes connaissances qui lui demandait s'il était mon frère (!) (enfin, la question a été posée plus ou moins en s'adressant à nous deux, et ne sachant pas comment il voulait être défini "publiquement", je l'ai laissé répondre).
Il a répondu : "Non, un ami."
Si c'est la réponse qui lui va, moi ça me convient très bien.
Le reste nous regarde... :)
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Clown_Triste
le dimanche 25 septembre 2011 à 20h54
C'est sans doute mon côté pinailleur mais j'ai du mal avec l'emploi des mots "amoureux" et "amoureuse" pour parler de quelqu'un d'autre.
Pour moi, être amoureux est un sentiment que l'on ressent envers une personne.
Donc, je peux dire que je suis "amoureux de X" mais si je dis "Y est mon amoureuse" alors pour moi ça veut dire "Y m'aime".
Difficile pour moi de définir une personne par ce que je pense qu'elle ressent envers moi. Ça reviendrait à quelque chose du genre : "Je te présente Z, mon admirateur" ou "voici W, ma plus grande fan".
Mais j'admets que mon rapport aux mots interfère sans doute à plein ici et que les gens savent très bien ce qu'il faut en comprendre. C'est d'ailleurs bien le problème dans cette situation : nous avons tous conscience du poids des mots et du sens implicite que beaucoup véhiculent, dans le sens de l'exclusivité.
Rien à voir entre "voici F, ma copine" et "voici F, une copine".
Bref, pour l'instant, je présente les gens par leur prénom et il m'arrive parfois de dire (si la personne n'est pas là) que je passe du temps avec "une petite-amie", l'absence du "ma" sous-entendant l'exclusivité étant ici révélatrice.
C.T.
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
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Siestacorta
le lundi 26 septembre 2011 à 10h08
amoureux....
Oui, je comprend Clown Triste, ça pique un peu le droit de l'autre de se définir et de définir la relation.
Pour moi, c'est un glissement assumé du sens.
"C'est unetelle et son amoureux", . Déjà, il y a un côté "tromignon" dans cette phrase, on parle des sentiments plutôt que du statut. Comme le mot "polyamour", d'ailleurs.
En disant "c'est mon amoureux", ça se dit de l'extérieur.
jJai conscience d'outrepasser cette position.
C'est une façon justement d'affirmer que le rapport se définit par le sentiment, et que donc, si on me pose des questions, que je répond "mon autre amoureuse" pour décrire une situation, j'aurai déjà introduit tout ça dans le débat, et pourrait plus facilement repousser les idées de fidélité : "comment, mais votre fiancée laisse qu'il y en ai une seconde ?" "ben oui, elles sont un peu amoureuses, elle font ce qu'elle veulent de leurs sentiments, non" ?
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
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Clarisse
le mardi 27 septembre 2011 à 19h51
J'ai la sensation que c'est irresoluble comme question... et je pense que je ne vais pas m'y confronter rapidement car 1) Ceux qui me connaissent bien, connaissent ma vie sentimentale
2) Ceux qui ne savent pas, c'est qu'ils n'ont pas à savoir
3) Ceux qui ne savent pas mais me connaissent un peu tout de même, doivent largement se douter de ce que je vis +/- car je ne fais pas réellement de tabou sur ce que je vis ou au moins sur comment j'envisage le monde
4) Si je dis mon amoureux, mon amant etc je m'en fiche, c'est que j'ai eu envie de le dire
:-)
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(compte clôturé)
le lundi 03 octobre 2011 à 16h34
Question intéressante! Je suis contente de voir que c'est une réflexion partagée.
En arrivant dans un soirée, on me demande souvent mon prénom et "tu es qui?" sous-entendu "tu es la copine ou l'amie de qui?". J'essaie de répondre avec humour: je suis une star du rock/ je suis la 8ème réincarnation du dalai-lama / [ton énigmatique] c'est une grande question philosophique, qui sommes nous? Spinoza aurait justement rappelé que ... Ou je retourne la question.
Et si on me demande qui est la personne qui est avec moi je donne le prénom et pour les plus insistant je déroule un arbre généalogique imaginaire + un "je connais très bien sa grande tante".
Les plus observateurs tireront leurs propres conclusions, les autres ne sont pas intéressés.
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dragonphoenix
le mardi 04 octobre 2011 à 13h13
ladys
Il n'empêche que sous une avalance de "mon coeur, mon amour", j'ai toujours tendance à me figer et à chantonner la chanson "Appartenir", de J-J. Goldman :
Mon doudou, mon chéri
Mon amour
Mon amant, mon mari
Mon toujours
Des mots si doux
Mais qui m'effraient parfois
Je ne t'appartiens pas
Des mots si chauds
Mais à la fois si froids
Je n'appartiens qu'à moi
Ah, cette chanson... Mon époux (comme dit Janis, c'est le seul avec ce statut, et je n'en veux pas d'autre ^^) a beaucoup de mal avec... A chaque fois que je la chante, c'est lui qui se fige... Il le prend un peu comme une attaque, comme un "tu m'envahis", alors que c'est juste le reflet de ma façon de fonctionner... Goldman m'étonne toujours d'ailleurs par sa faculté à mettre des mots sur toutes les situations, tous les ressentis, avec beaucoup de justesse.
Sinon, pour en revenir au sujet, j'utilise plutôt les prénoms/noms quand les gens connaissent, et "mon époux","mon amant", "mon ami", "mon patron", "ma ville", quand ils ne connaissent pas. Car, s'ils ne m'appartiennent, utiliser le lien qui nous unit pour en parler est le meilleur moyen d'être clair... Mais à part pour "mon" époux, je n'ai que rarement besoin de le faire, car je considère que ma vie privée ne regarde que peu de gens en fait, je laisse assez peu la possibilité d'être intrusif^^.
Donc, pour parler de lui, je dis "mon époux", ou parfois aussi "mon homme", très rarement "mon mari", car mari est un mot sans réelle équivalence féminine. En effet, le féminin d'époux est épouse, et inversement. Le féminin de mari c'est femme, mais le masculin de femme, c'est avant tout homme. Donc c'est mon époux, et comme il dit que je suis sa femme, c'est aussi mon homme...
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Clown_Triste
le mardi 04 octobre 2011 à 14h14
Ainour
Question intéressante ! Je suis contente de voir que c'est une réflexion partagée.
En arrivant dans un soirée, on me demande souvent mon prénom et "tu es qui?" sous-entendu "tu es la copine ou l'amie de qui?". J'essaie de répondre avec humour : je suis une star du rock/ je suis la 8ème réincarnation du dalai-lama / [ton énigmatique] c'est une grande question philosophique, qui sommes nous ? Spinoza aurait justement rappelé que ... Ou je retourne la question.
Et si on me demande qui est la personne qui est avec moi je donne le prénom et pour les plus insistant je déroule un arbre généalogique imaginaire + un "je connais très bien sa grande tante".
Les plus observateurs tireront leurs propres conclusions, les autres ne sont pas intéressés.
Je m'incline devant ta capacité à répondre élégamment par l'humour. Je pourrais même t'emprunter cette histoire de grand-tante imaginaire, à l'occasion :)
C.T.