Tous polyamoureux... A quoi ressemblerait cette société ?
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ERIC_48
le dimanche 11 avril 2010 à 01h47
Alors que si tout le monde était polyamoureux, il y aurait besoin de tout le monde.
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MelleChat
le dimanche 11 avril 2010 à 02h15
Le "seul" bouleversement que je constate (et non des moindres), c'est que je me sens dans une forme de vérité par rapport à moi-même. De ce fait, je me sens plus sereine mais aussi plus forte pour vivre ma vie et ce dans tous les domaines.
Alors forcément, cela doit avoir une incidence sur ma vie, mais je serais bien incapable de dire si je suis plus ceci ou moins cela, en terme de compétences sociales.
En terme d'épanouissement personnel, oui, c'est mieux.
Je pensais déjà "poly" quand je vivais "mono". A mon échelle personnelle (donc anecdotique), le polyamour n'est pas une compétence, ni un outil en plus. C'est une caractéristique de ma vie, comme mon lieu de naissance ou la couleurs de mes yeux, le métier que j'exerce.
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Boucledoux
le dimanche 11 avril 2010 à 09h23
Siestacorta
- "injonction normative". Ben non mais non quoi. Quand je dis "les hommes naissent libres et égaux", je ne dis pas que les femmes feraient bien d'être des hommes. JE ne le dis pas. Oui,
Très bon exemple !
TU ne le dis pas, bien sûr, je te fais assez confiance pour ça mais....
- déclaration universelle des droits de l'homme ("les hommes naissent libres et égaux...") : 1789
- droit de vote des femmes en france (pays des droits de l'homme, comme chacun -pas chacune- sait) : 1947
- égalité réelle : peut-être 150 ans de plus ? Même pas parce que aujourd'hui on repars plutôt en arrière
Alors bien sur, ca dépend du contexte, qui, quand, etc mais globalement, la formule "les hommes naissent libres et égaux" sous couvert de masculin neutre dit bien ce qu'elle semble dire : "les hommes (pas les femmes) naissent libres etc..."
auteurs peuvent devenir complètement bouchés quand ils abordes les questions liées aux genres, mais préciser que quand on dit "homme" on dit aussi femme dans le texte, c'est souligner qu'aujourd'hui ce n'est pas vrai... quand généralement ce n'est pas le sujet. Elle se noie, la fille, là, elle se noie. Que ce soit une personne avant d'être une fille, que les ouvrières se fassent licencier autant que les ouvriers, la question vient toujours "en plus" de la situation, et souvent, "neutraliser" à ce moment là ne
Ben non, aujourd'hui comme hier ce n'est ce n'est pas vrai et un des problèmes (c'est comme avec toutes les oppressions d'ailleurs) c'est que ce n'est JAMAIS le sujet. C'est comme les ouvrières : si on ne pose pas explicitement la question "en plus", on ne s'aperçoit pas qu'elles sont non pas autant mais PLUS licenciées, précarisées et que les salaires féminin sont (de tête) 25% en dessous de ceux des mecs...
Je comprend très bien qu'on doive faire la généalogie de nos propres pensées, avoir une critique de nos outils intellectuels. Mais je ne veux pas me priver de ces outils une fois que j'ai compris qu'il en existe de mauvais usage. Je continue à évoquer catégorisations blancs/noirs hommes/femmes pour décrire les situations qui concerne chacun d'entre eux, parce que je n'oublie pas que ces catégories sont insuffisantes, et que l'emploi que j'en ferai prend en compte cette insuffisance.
Là je crois qu'il y a une vraie incompréhension de fond. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de noirs, de blancs, d'hommes, de femmes et qu'ils ne faut pas utiliser ces mots parce que leur utilisation serait oppressive, je dis en fait exactement le contraire !
Simplement que la division (réelle, pas dans le langage, le langage suit) de l'humanité en hommes et en femmes n'est pas une donnée biologique si simple qu'il n'y parait mais est une création sociale consubstantielle de l'inégalité des sexes et de la domination d'un sexe sur l'autre.
Message modifié par son auteur il y a 15 ans.
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(compte clôturé)
le dimanche 11 avril 2010 à 10h20
Je ne capte pas bien ce que viennent faire dans ce fil la domination masculine et l'oppression féminine - mais bon... c'est un constat qui en effet démontre que toute déclaration bon teint a de la peine à s'accrocher du changement réel en remorque.
Et je ne crois pas que pointer du doigt le non-épicénisme (ça se dit?) de la langue, et ses dérivés, comme faire suivre tout terme masculin de son féminin dans des textes sensibles (politiques, administratifs, etc) fasse autre chose que fatiguer les yeux, et la tête. Ca en devient grotesque, à la fin, au point de décrédibiliser certaines luttes importantes.
On le sait, qu'il y a des inégalités. Maintenant, s'il suffisait de le savoir pour obtenir qu'elles s'aplanissent, ça se saurait. J'ai tendance à privilégier les combats de terrain, comme engager une causette quand un lieu commun surgit dans la conversation, et qu'il y a une chance, même minime, de le désigner comme tel.
Le fait qu'on m'ait élevée comme femme m'a permis d'accéder spontanément à certaines richesses, mais aussi m'a conduite à creuser du côté de celles de l'éducation masculine - et à me les approprier peu à peu. Ce qui continue à m'intéresser, c'est de découvrir les endroits des éducations respectives, où les trésors reçus en tant qu'homme / en tant que femme paraissent tellement naturels à avoir qu'ils finissent par être des choses qu'on peut reprocher à l'autre sexe, de manière intrinsèque.
Par exemple, la liberté sexuelle qui selon qu'on est dans le bleu ou le rose, s'appelle encore "jeter sa gourme, être bon vivant, en harmonie avec sa sexualité, satisfaire des appétits naturels" ou "marie-couche-toi-là, mante religieuse, salope, fille facile".
Ou encore des qualités offensives, qui dans le monde du travail sont considérées comme des atouts pour un homme... mais à l'égard d'une femme, rendent les gens plus méfiants que respectueux.
Ce qui est curieux par exemple, c'est que le mot de "virago", alors qu'il veut dire littéralement "j'agis comme un homme", dénotant le courage et la force d'une femme qui prend certaines libertés, ait dès le XVII ème pris une connotation négative, pour virer au franchement péjoratif au XX ème.
Voilà où je trouve que l'on peut débusquer certaines choses intéressantes dans l'évolution des langues et des cultures qu'elles reflètent.
Par ailleurs, plus une chose a de l'importance dans une culture, plus il y a de noms différents pour la désigner. Chez les Masaïs et les Imbas, la vache en a plusieurs centaines, au moins... Et si l'on déplore que ces cultures soient vouées à la disparition avec leurs richesses de perception, leur finesse de pensée, leurs variations de sens infimes, je trouve juste de penser la même chose de notre langue, de celles de nos voisins immédiats. Sur Arte, je regarde parfois une petite émission clin d'œil qui souligne comment la perception du même item influence toute son expression "autour". Les proverbes ou les locutions, par exemple, sont assez marrants à décortiquer: comment exprimer, en allemand, la notion de couper les cheveux en 4? Littéralement traduit en français, la langue teutonne parle de "compter les petits pois" (die Erbsen zählen). Toutes ces nuances, pour se comprendre entre voisins qui n'ont pas la même langue maternelle, c'est précieux. Le mentalités sont si différentes quelques centaines de kilomètres plus loin! Une femme enceinte à terme qui se balade ici en vélo, c'est limite si on ne la considère pas comme folle inconsciente. Alors qu'aux Pays-Bas, vu la protection du cycliste, c'est le meilleur truc pour se préparer à l'accouchement!
Et voilà pourquoi j'aime bien la langue du point de vue culturel, oui, mais historique aussi. On vit beaucoup de changements majeurs en très peu de temps, ça pourrait bien s'accélérer juste parce que ça sent le roussi et la fin des haricots pour notre civilisation...
Pour faire raccord avec le sujet du fil, la notion de polyamour et tout ce qu'elle suscite, ici ou ailleurs, de remises en question au sujet des normes culturelles (et de ce simple miroir qu'en est la langue...), c'est plus intéressant que le débat sur la langue elle-même. Je trouve son évocation intéressante pour démontrer la lenteur nécessaire des changements... mais c'est bien tout ce que je lui trouve d'intéressant.
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(compte clôturé)
le dimanche 11 avril 2010 à 11h10
Boucledoux
- déclaration universelle des droits de l'homme ("les hommes naissent libres et égaux...") : 1789
"question d'littérature, qui a écrit que les hommes naissent libres et égaux ?
libres mais dans le troupeau,
égaux devant les bourreaux...
j'en sais rien, j'donne ma langue au chagrin,
si tu sais toi, souffle-moi,
si tu sais toi, souffre-moi..."
Message modifié par son auteur il y a 15 ans.
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lam
le dimanche 11 avril 2010 à 11h33
ERIC_48
Et si tout le monde était féministe ? ça serait vivable comme société ?
ERIC_48
Alors que si tout le monde était polyamoureux, il y aurait besoin de tout le monde.
Alors pour joindre les deux bouts, puisque le polyamour se base sur un prérequis d'égalité entre les sexes, je dirais qu'il est logique que les polyamoureux réfléchissent à la question du genre dans leur vie (vu là où en est globalement notre société sur la question...)
Par rapport à la question du fil, je pense que si le polyamour était largement accepté dans la société, en conséquence la réflexion et la pratique antisexiste le seraient aussi.
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(compte clôturé)
le dimanche 11 avril 2010 à 11h40
arnaud
"question d'littérature, qui a écrit que les hommes naissent libres et égaux ?
libres mais dans le troupeau,
égaux devant les bourreaux...
j'en sais rien, j'donne ma langue au chagrin,
si tu sais toi, souffle-moi,
si tu sais toi, souffre-moi..." Message modifié par son auteur il y a 20 minutes.
De qui est-ce ?
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(compte clôturé)
le dimanche 11 avril 2010 à 11h47
je vais te faire une réponse à ma sauce: "d'un voiturier qui s'est aujourd'hui vendu au plus offrant".
tu as un clip qui illustre bien les paroles mais c'est pas plus gai que cet extrait...
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(compte clôturé)
le dimanche 11 avril 2010 à 19h37
lam
Par rapport à la question du fil, je pense que si le polyamour était largement accepté dans la société, en conséquence la réflexion et la pratique antisexiste le seraient aussi.
On pourrait arriver au même résultat sans que le polyamour y soit spécialement pour quelque chose. J'ai déjà trop tendance à faire dépendre mon mieux-être de ma procrastination...
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lam
le lundi 12 avril 2010 à 10h43
Clementine
On pourrait arriver au même résultat sans que le polyamour y soit spécialement pour quelque chose.
Oui... je vois un avantage au polyamour car cela bouscule déjà plusieurs dogmes établis (monogamie, fidéllité, rôles dans le couple ...) et engendre des réflexions de fond sur notre rapport aux autres - donc le polyamour soulève la question du genre implicitement.
Clémentine
J'ai déjà trop tendance à faire dépendre mon mieux-être de ma procrastination...
yé capte pas trop???
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Drya
le lundi 12 avril 2010 à 10h57
lam
Oui... je vois un avantage au polyamour car cela bouscule déjà plusieurs dogmes établis (monogamie, fidéllité, rôles dans le couple ...) et engendre des réflexions de fond sur notre rapport aux autres - donc le polyamour soulève la question du genre implicitement.
Je suis contente d'être tombée sur ce forum pour deux choses: 1) je me sens moins extraterrestre, 2) bousculer toutes ces conventions sociales là où je n'en voyais pas vraiment avant m'aide à être lucide: c'est le début de la recherche du chemin qui me conviendra! Le PA est une voie comme une autre de ce point de vue.
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(compte clôturé)
le lundi 12 avril 2010 à 11h43
lam
Clémentine
J'ai déjà trop tendance à faire dépendre mon mieux-être de ma procrastination...
yé capte pas trop?? ?
Voué, pardon, j'ai les lobes qui jouent au bilboquet, là! ^^
Je suis du genre à me dire "Ha, quand que j'aurai réglé ce problème, cet autre problème va se régler tout seul". Alors que c'est juste des manœuvres d'évitement, quoi.
Ayé? :-)
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Tchu
le lundi 12 avril 2010 à 12h08
MelleChat
Le "seul" bouleversement que je constate (et non des moindres), c'est que je me sens dans une forme de vérité par rapport à moi-même. De ce fait, je me sens plus sereine mais aussi plus forte pour vivre ma vie et ce dans tous les domaines.
Alors forcément, cela doit avoir une incidence sur ma vie, mais je serais bien incapable de dire si je suis plus ceci ou moins cela, en terme de compétences sociales.
En terme d'épanouissement personnel, oui, c'est mieux.
Je pensais déjà "poly" quand je vivais "mono". A mon échelle personnelle (donc anecdotique), le polyamour n'est pas une compétence, ni un outil en plus. C'est une caractéristique de ma vie, comme mon lieu de naissance ou la couleurs de mes yeux, le métier que j'exerce.
Ha bah voilà. Pas mieux hein (+)
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Romy
le lundi 12 avril 2010 à 19h21
Mon fils de 7 ans me demande toujours pourquoi je dis les 'hommes' préhistoriques ou l'histoire de l'homme ou les droits de l'homme. Il me questionne à chaque fois parce qu'il ne comprend tout simplement pas le sens de dire homme si on réfère aux humains.
Puis il dit : "le monsieur brun". Il n'est pas noir, il est brun.
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tentacara
le lundi 12 avril 2010 à 20h06
Il a l'air futé ton petit, Rosalie. En effet, tous les humains ne sont pas des hommes et les "noirs" sont plutôt une déclinaison de plusieurs nuance de brun.. il oppose son observation de la réalité à un langage connoté.. mais il est aussi influencé par la société dans laquelle il évolue.
Le Québec a beaucoup travaillé sur la lutte contre les discriminations. C'est une société qui enseigne une certaine "prudence" sémantique à sa population ("minorités visibles", "accommodements raisonnables", etc..).
Mais pour l'anecdote, pendant l'année que j'ai passée au Québec, alors que personne n'avait semblé remarquer ma couleur de peau, j'ai entendu mon lot de "Maudits Français" dès que l'on remarquait mon accent "pointu".. (cf un fabuleux épisode de "Pure Laine" sur le même sujet pour lequel j'aurais bien sauté au cou de l'auteur).
Tout ça pour dire qu'un langage politiquement correct n'élimine pas nécessairement la discrimination ou l'intolérance.. il se contente parfois de les déplacer.. on est toujours le "Maudit" de quelqu'un.
Je conclus en saluant ce que les remarques de ton fils montrent de l'éducation qu'il a reçue. Remettre en question le vocabulaire, c'est le début de la pensée autonome.
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lam
le jeudi 15 avril 2010 à 12h54
Rosalie
Mon fils de 7 ans me demande toujours pourquoi je dis les 'hommes' préhistoriques ou l'histoire de l'homme ou les droits de l'homme. Il me questionne à chaque fois parce qu'il ne comprend tout simplement pas le sens de dire homme si on réfère aux humains.
Puis il dit : "le monsieur brun". Il n'est pas noir, il est brun.
tentacara
Je conclus en saluant ce que les remarques de ton fils montrent de l'éducation qu'il a reçue. Remettre en question le vocabulaire, c'est le début de la pensée autonome.
Complètement d'accord! Quelles jolies perles dans la vision du monde ton garçon Rosalie.
C'est précisément cette remise en question des dogmes et cette belle candeur que je souhaite à tou-te-s de ne pas perdre en grandissant
Et cette histoire de "hommes" pour "humains" aurait aussi sa place dans les fils qui traitent de genre...
Message modifié par son auteur il y a 15 ans.
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Siestacorta
le jeudi 13 mai 2010 à 22h58
Mon amante (plutôt polytolérante que poly pour l'instant) m'a passé ce "plaidoyer pour la RTT des couples, que j'avais pas lu auparavant".
Je le met là, ça va bien avec la question du modèle sociétal.
C'est le versant "hédoniste" ou individualiste du polyamour. Je sais pas si cette façon d'en parler est la plus attirante. Ca me rappelle les CDI et CDD évoqués sur adopteunmec.com , ça a un côté un peu trop matérialiste, presque.
Mais ça reste une façon d'en parler, et comme à force de répéter "le PA permet l'engagement" on pourrait zapper qu'il n'y oblige pas non plus, je linke.
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Siestacorta
le jeudi 13 mai 2010 à 23h02
Et ce passage me parle beaucoup :
Luc le Vaillant, dans libé
Evidemment, tout n’est pas sentimentalo-sexuel dans la vie. Et les RTC pourront être mises à profit pour reconquérir une solitude nécessaire ou pour revendiquer des embardées que le consensus forcément mou du couple tolère mal. Se faire ermite des alpages quand l’habitude est au bronzage tropézien. Revoir des copains-copines mis à l’index par la doxa commune. S’esquiver en tête à tête avec un enfant toujours perçu comme un tiers- étant, un tiers-exclu. Ou vivre dans le désordre le plus complet quand le chasse-poussière est l’occupation usuelle.