[Lexique] Comment définissez-vous l'amour ? comment ressentez vous l'attachement?
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Methaphysiciste (invité)
le mercredi 01 mai 2024 à 15h45
Bonjour,
Je suis en plein questionnement quant à ma manière d'être attachée. Suite au post du monsieur qui écrit une lettre à la femme qu'il aimait et qui l'a fait souffrir car polyamoureuse et semble-t-il manque de transparence quant à ses envies avec lui et vos réactions qui remettait en question son amour de cette dame, je me suis questionnée sur la vision de l'amour qu'avait les personnes sur ce forum ?
Je cherche à connaitre différente vision mais aussi différente manière de ressentir. C'est à dire non seulement votre construction intellectuelle de l'amour mais aussi les ressenti qui vous donne des indications sur votre amour ou non d'une personne.
Je partagerai après quelques réponses mon point de vue ainsi qu'un texte intéressant issu des sciences sociale traitant de l'attachement et de l'amour.
Merci d'avance pour vos réponses.
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Un non polyamoureux (invité)
le jeudi 02 mai 2024 à 20h31
Avis d'un non polyamoureux donc je ne sais pas si c'est ce que tu recherches.
Amour : état où la personne est capabe de se contrôler pour ne pas faire de mal à la personne avec qui il y a partage d'une relation sexuelle ou non sexuelle si l'attirance n'est pas réciproque, avec acceptation des limites de l'autre, accepter que la souffrance créée ne peut être supportable pour l'autre et donc d'être en capacité de pouvoir prendre sur soi pour maîtriser des effets néfastes que subirait autrui.
Cela implique aussi des pensées positives récurrentes et des sensations physiques comme la boule dans le ventre et avec une envie de revoir la personne plus forte que dans une relation affective. Cela s'accompagne d'une forme de pensées obsessionnelles. Tout ceci dans des proportions nettement supérieures à un partenaire de type plan cul.
Puis lorsque l'effet amoureux s'estompe, qu'elle soit liée avec une possibilité de conserver cet état dans le temps long avec une réflexion de remise en question de ce qui ne va pas et une recherche de solutions et d'entre aide qui puissent satisfaire le bonheur des deux partenaires.
Cette réflexion n'aboutie à rien si elle n'est pas pro-active.
Exception à l'étalement dans le temps : rupture suite à un événement qui y met fin pour des causes réellement impactantes comme quelqu'un en situation d'adultère qui n'aime pas son partenaire (ou ne l'a jamais aimé) mais qui met fin à la relation avec la nouvelle personne par peur de la perte liée à l'attachement. Mais dans ce cas précis, toujours dans ma définition, cela signifie qu'il n'y a jamais eu d'amour dès le départ ou que cet amour n'existe plus, juste de l'attachement.
Il y a donc une capacité à faire des consensus pour chacun pour trouver une solution à un problème rencontré. Co-construire ensemble.
Pour moi, toute personne incapable de contrôler ses actes négatifs en connaissant les souffrances que cela crée ou créera chez l'autre n'est pas dans l'amour de l'autre, mais dans l'amour de soi.
La dimension de la sexualité ne s'applique pas à la famille mais c'est la seule exception.
Attachement : peut se faire en parallèle d'aimer, à ceci prêt que l'on peut avoir de l'attachement pour ses parents, frères, soeurs , amis, son chien...
Distinction : je n'aime pas mes amis ou plans culs, je les apprécie et ai de l'attachement. J'aime ma famille mais sans désir sexuel. J'emploi donc le terme "j'aime mes amis" comme un tic de langage et non comme une réalité physique.
La comparaison vaut pour l'acte sexuel : j'apprécie un échange sexuel avec quelqu'un que j'apprécie, mais je n'aime pas cet acte sexuel parce que pas la même intensité.
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artichaut
le vendredi 03 mai 2024 à 15h05
Le sujet est intéressant (Comment définissez-vous l'amour ?), même si je ne suis pas sûr de comprendre la deuxième question. Est-ce :
- Comment ressentez vous l'attachement ? (question du titre) / auquel cas il faudrait aussi définir l'attachement…
ou
- Comment ressentez-vous l'amour ? ("les ressenti qui vous donne des indications sur votre amour ou non d'une personne.")
Par ailleurs, si le sujet est intéressant, la promesse est étrange ("Je partagerai après quelques réponses mon point de vue ainsi qu'un texte"). Si un texte est intéressant, pourquoi ne pas le partager directement ? Et pourquoi conditionner le fait de donner ton point de vue, à la réponse préalable d'autres personnes ?
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Alabama
le samedi 04 mai 2024 à 09h49
Pour moi l’amour, c’est vouloir du beau et du bien dans la vie des personnes que l’on aime. Selon cette définition je peux dire qu’à priori j’ai de l’amour en moi pour à peu près tous les êtres vivants de cette planète. Mais ça c’est de l’amour comme sentiment, comme souhait, ce n’est pas de l’amour « materialisé ». Amour tendresse et empathie sont des concepts que je trouve très proches.
Ensuite je dirais que quand l’attachement se mêle à l’amour, cela devient plus concret, plus ancré dans quelque chose de tangible, de matériel. Quand j’aime et que je suis attachée, c’est là que commencent les problèmes. Je vais m’inquiéter lorsque l’autre a des problèmes dans sa vie, je vais culpabiliser si je suis à l’origine de sa tristesse ou de son mal-être. Je vais aussi attendre de la reconnaissance, de la réciprocité, et me sentir triste si les gestes d’amour de l’autre ne sont pas à la hauteur de mes attentes, que ce soit de l’amour familial, amical, amoureux. Simplement dans I amour amoureux ce type d’émotions est décuplé. Je ne sais pas si c’est décuplé « par nature », parce que l’attachement est particulièrement fort, ou c’est décuplé parce que c’est « autorisé », et moins toléré dans les autres relations. J’ai quand même le sentiment que c’est plus fort indépendamment de ce que je m’autorise ou non à exprimer dans une relation.
Je me sens attachée à une personne lorsque j’ai envie de la voir régulièrement, de recevoir de ses nouvelles, que je me sens un peu délaissée si j’en ai moins sans être prévenue etc…
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artichaut
le mardi 14 mai 2024 à 00h45
Bon, ben comme souvent, une personne initie un fil de discussion et ne reviens pas…
Allez, j'aime bien l'exercice des définitions.
Note préliminaire : je ne prétend à aucune objectivité, je ne fait la leçon à personne, je tente juste d'être au plus près de comment je ressent les choses, et prendre la peine de formaliser et mettre en mots.
Définition : sens donné à un mot par une ou plusieurs personnes, par un groupe, ou par une autorité, dans une culture donnée et à un instant donné.
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Amour : apprécier une personne pour ce qu'elle est, vouloir son bien, son bonheur, quelqu'il soit. L'amour est nécessairement empathique, compersif, multiple.
On peut aimer le chocolat, s'aimer soi-même, aimer d'autres personnes, etc.
Et j'ai envie d'ajouter qu'aimer l'autre c'est lui souhaiter le meilleur, meilleur qu'il ou elle trouvera par sa propre auto-détermination et qui inclut que ça se passe sans nous. Donc aimer l'autre c'est aussi — pas seulement accepter mais — encourager l'autre à partir quand c'est ce qu'il/elle souhaite.
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Quelques autres définitions :
"Amour" amoureux : pathologie affective, tendant à usurper le concept d'amour, pour décrire un état de dépendance à l'autre, ou à l'image-que-l'on-se-fait-de-l'autre. Sentiment ou illusion de fusion avec l'autre, dans une similitude ou une complémentarité fantasmée.
Par extension, mélange d'amour et de dépendance, d'habitudes et d'histoire commune, sentiment d'amitié profonde apaisée, à laquelle on accède parfois après une phase pathologique plus ou moins bien vécue.
"Amour" romantique : idéalisation de l'autre dans une exacerbation du moi, au travers des sentiments et de la passion. S'accompagne généralement d'une appropriation de l'autre ou de son image.
"Amour" Disney ou "Amour" hollywoodien : idéalisation américaine d'inspiration romantique, dénaturée par la logique de la culture de masse et la recherche du profit.
"Amour" fusionnel : tentative désespérée de combler le manque d'amour de soi, par la recherche d'une "moitiée" censée s'unir symboliquement en un tout.
NRE : "énergie de la nouvelle relation", phase pathologique d'amour de soi, qui place en l'autre des espoirs fantasmés.
Attachement : manière dont on se lie à l'autre, aux autres. C'est à dire, manière dont on articule notre dépendance affective avec celle des autres.
Amitié : catégorie affective un peu fourre tout, regroupant aussi bien des amours profondes avec ou sans sexualité ; des relation consensuelles, codifiées et policées ; des amours affranchies de la socialisation monogame exclusive (couple, conjugalité…), etc.
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Des choses qui, selon moi, ne sont pas de l'amour (ou pas comme on le pense généralement) :
- Vouloir le bien de l'autre contre son gré, ou prétendre mieux savoir ce qui est bien pour l'autre : ce n'est pas de l'amour c'est de la domination ou du jugement.
- Sentir des papillons dans le ventre, sentir sa poitrine s'ouvrir : c'est de l'amour de soi, une reconnection par le miroir de l'autre à son propre ego ; c'est donc bien une forme d'amour, mais généralement mal interprêtée (on pense être amoureux de l'autre, alors qu'on est amoureux de certaines parts de soi).
- Jalousie : ce n'est pas de l'amour, c'est un signal émotif de notre corps, pour nous signifier un danger dans l'amour de soi, et nous inviter à revenir à soi.
- Expression monogame de la jalousie : ce n'est pas de l'amour c'est généralement de la possessivité
- Se sentir seul·e, triste, vide ou mélancolique en l'abscence de l'autre ; penser tout le temps à l'autre, ne voir le monde qu'à travers les yeux de l'autre : ce n'est pas de l'amour c'est de la dépendance affective, ou des troubles de la confiance en soi (le signe d'un manque d'amour de soi).
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artichaut
le mardi 14 mai 2024 à 01h44
On peut ajouter la définition de Barbara Fredrickson
L’amour est une manifestation éphémère de 3 phénomènes étroitement liés : le partage d’une ou plusieurs émotions positives avec quelqu’un d'autre ; une synchronie entre les réactions biochimiques et le comportement de deux personnes ; et une intention mutuelle de contribuer au bien-être de l’autre, qui entraine une sollicitude réciproque.
Je résume ce trio en une formule : la résonance positive.(Marabout Poche, p. 42, éd. de 2017)
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artichaut
le mardi 14 mai 2024 à 02h06
On peut ajouter la définition de Scott Peck citée par bell hooks (dans À propos d'amour, p. 29, Divergences 2022, de l'américain HarperCollins 2000)
The will to extend oneself for the purpose of nurturing one’s own or another’s spiritual growth. (…) Love is as love does. Love is an act of will -- namely, both an intention and an action. Will also implies choice. We do not have to love. We choose to love.
traduit par les éditions Divergences en :
La volonté de s’étendre soi-même dans le but de nourrir sa propre croissance spirituelle ou celle d’autrui. (…) L'amour, c'est ce qu'on fait. L'amour est un acte de volonté, c'est-à-dire désir et action. Et la volonté implique aussi un choix. On est pas obligés d'aimer, on le décide.
et bell hooks poursuit :`
Pour aimer vraiment, nous devons apprendre à mélanger plusieurs ingrédients : soins, affection, reconnaissance, respect, engagement et confiance, ainsi qu’une communication honnête et ouverte.
et plus loin :
Lorsqu'on comprend l'amour comme la volonté de nourrir sa propre croissance spirituelle ainsi que celle de autrui, il devient clair qu'on ne peut pas à la fois aimer une personne et se montrer blessant·e et maltraitant·e. L'amour et la maltraitance ne peuvent coexister.
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Xyn
le mardi 14 mai 2024 à 09h34
Sachant que Scott Peck et bell hooks (et bien d'autres) différencient "aimer" et "être amoureux" (ou le sentiment amoureux).
Les définitions précédentes étant celle d'aimer.
Je n'ai plus le bouquin sous la main, mais Scott Peck exprime même que le sentiment amoureux réciproque est presque antinomique avec le fait d'aimer car il fige les "participants" dans une volonté de rester dans cet état (et donc empêche la croissance)
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Alabama
le mardi 14 mai 2024 à 11h31
Je vais amener de la nuance dans vos visions super négatives du sentiment amoureux.
Pour ma part, quand je suis amoureuse (et je ne parle pas des papillons dans le ventre, mais bien de ce qui différencie pour moi une relation non-amoureuse d'une relation amoureuse), ma curiosité est démultipliée. Je peux m'intéresser à des sujets que j'aurais pu balayer du revers de la main en d'autres circonstances, par simple intérêt de découvrir ces sujets à travers le regard de la personne dont je suis amoureuse. Cela m'a ouvert à des univers qui me seraient restés totalement étrangers sinon. En cela, j'aime être amoureuse, et je souhaiterais avoir cette curiosité intense à peu près tout le temps, mais force est de constater que je ne l'ai qu'avec certaines personnes.
Je vis cette forme de curiosité à la fois dans le sentiment amoureux, et dans l'amour parental : j'ai aussi cette grande curiosité pour les intérêts de ma fille. Ce que j'ai en plus, dans mon amour parental, c'est un bonheur sans cesse renouvelé lorsque ma fille vit de nouvelles aventures de vie. Je le ressens comme un enrichissement de ma propre vie, comme une extension par procuration . Je ne le vis pas tout à fait comme ça dans l'amour amoureux. J'entends par "aventure" toute nouveauté, choix... Comme changer de collège, faire un choix d'orientation scolaire / professionnel, etc...
@artichaut tu sembles considérer la dependance affective comme quelque chose de négatif. Ce n'est pas mon cas. Je pars du principe que c'est dans la nature humaine d'être dépendant affectif, matériel et tout ce qu'on veut. Nous ne sommes pas des animaux solitaires, nous sommes des animaux sociaux, et en ce sens la dépendance affective me semble être quelque chose d'inhérent à notre existence. Le souci ce n'est pas d'être dépendant affectif, nous le sommes tous. La question c'est est ce qu'on s'en sert pour violenter autrui ou non. Et c'est là que la différence entre amour et violence se situe pour moi.
Et je ferais une différence entre la passion, et l'amour amoureux. On peut être amoureux et ne pas être dans une volonté de fusion ou une histoire passionnelle. Faudrait définir passion, et j'ai la flemme d'être rigoureuse mais en gros ça rejoint la définition d'amour fusionnel qu'artichaut propose plus haut.
Je vais définir ce que signifie être amoureuse pour moi.
C'est l'envie de voir une personne très souvent, une curiosité plus grande pour cette personne, un sentiment de bien être à côtoyer cette personne y compris sur des durées assez longues, c'est à dire que côtoyer cette personne est plus agréable qu'avec les personnes dont je ne suis pas amoureuse, cela implique aussi pour moi du désir sexuel, une envie de proximité physique plus forte. Ceci étant pour la proximité physique je ne sais pas ce qu'il en serait dans mes amitiés sans sexe si c'était moins tabou socialement.
Quand je suis amoureuse mes élans de tendresse et d'attention sont plus nombreux et plus fréquents. C'est elle un effort pour moi de les limiter et de les rediriger consciemment vers d'autres personnes.
@artichaut : tes définitions théoriques m'intéressent, mais je crois que je serais encore plus intéressée par tes définitions personnelles, dans le sens, comment toi tu vis les choses.
@Xyn : dans mon cas le sentiment amoureux m'aide au contraire à m'accrocher et à "supporter" la croissance spirituelle. C'est le moteur qui m'aide à ne pas abandonner quand les insécurités de moi et de l'autre viennent compliquer la relation. Je ne crois pas que sentiment amoureux et amour sont antinomiques, je pense qu'ils peuvent se nourrir l'un l'autre. D'ailleurs je ne serais pas contre avoir du sentiment amoureux plus souvent pour mes amies. Je trouve que je n'en serais qu'une meilleure amie.
Sans doute ne mettons nous pas la même chose derrière le sentiment amoureux. Les papillons dans le ventre, l'idéalisation, je ne suis pas sûre que cela soit propre au sentiment amoureux. Je lisais quelqu'un récemment qui disait que les papillons dans le ventre ne sont rien d'autre que de l'anxiété. Quant à l'idéalisation, on peut idéaliser sans être amoureux •se.
Message modifié par son auteur il y a un an.
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GeorgyPorgy
le mardi 14 mai 2024 à 16h40
Je suis assez d'accord avec @Alabama (encore!)
Aussi, je trouve de plus en plus que le terme "unique" d'amour utilisé en français pour couvrir un nombre important de situations différentes complexifie beaucoup nos représentations, et du coup nos interractions dans la sphère relationnelle et plus particulièrement, "amoureuse".
On voit bien qu'avec 4 ou 5 participants dans ce thread, on a 4 ou 5 visions assez différentes de ce qu'est (pour chacun.e) l'amour.
Les grecs ont 3 mots différents au moins, pour notre unique "amour" en français.
J'aurais tendance à définir l'amour en y introduisant des nuances qui peuvent se traduire par des "axes", des "dimensions" qui m'aident à situer plus facilement mes ressentis dans un contexte d'amour ("romantique") : l'intimité, la passion, et l'engagement/l'attachement. Chacun des axes peut avoir sa propre importance (et évoluer dans le temps).
Ca m'a permis à une époque de situer une relation ou une autre, de mieux comprendre la teneur de mes sentiments - notamment dans une période de grande confusion...
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artichaut
le jeudi 16 mai 2024 à 19h52
Alabama
@artichaut : tes définitions théoriques m'intéressent, mais je crois que je serais encore plus intéressée par tes définitions personnelles, dans le sens, comment toi tu vis les choses.
Je ne sais pas si c'est tant du théorique (sinon à théoriser ma vie).
Comme j'écrivais, j'ai tenté d'être au plus près de comment je ressent les choses.
Donc c'est du "théorique" à l'aune de mon vécu, de mes ressentis.
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Alabama
le jeudi 16 mai 2024 à 21h38
Théorique= généraliser, donner des définitions
Ressenti = comment tu vis les choses, concrètement ?
Tu vis du sentiment amoureux ? Si oui ça se traduit comment ? De l'attachement ? De la dépendance ? Etc...
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artichaut
le jeudi 16 mai 2024 à 22h41
Alabama
Théorique= généraliser, donner des définitions
Ah ok. Comme tu disais vouloir mes définitions personnelles, ça m'a perdu.
Alabama
Tu vis du sentiment amoureux ?
Ça m'arrive. Mais plutôt j'aime pas trop, ou en tout cas, je m'en méfie beaucoup. Car l'expérience m'a montré que ça tend à fabriquer incompréhensions, quiproquos, conflits inutiles, etc.
Je préfère l'amour au sentiment amoureux.
Alabama
Si oui ça se traduit comment ?
J'idéalise l'autre, je ne vois que les bons côtés de la personne. Je peux éventuellement ressentir des papillons dans le ventre. Je pense beaucoup (trop) à l'autre (trop car ça en devient envahissant même si initialement ça semble joyeux et empouvoirant comme sentiment). Je peux me sentir seul, triste, vide ou mélancolique en l'abscence de l'autre.
Parfois ça me donne de l'énergie et me motive à faire plein de trucs, parfois ça me cloue au lit.
Alabama
De l'attachement ?
Oui.
Je pensais avoir un attachement sécure (je vis plutôt assez bien les abscences de l'autre, je suis compersif, je ne fuis pas la relation et j'ai le sentiment d'être quelqu'un qui s'engage).
Ma psy m'a dit que j'avais un attachement insécure.
Il est vrai que plus je me rends vulnérable, plus je vis d'anxiété.
Alabama
De la dépendance ?
Oui. De façon variable.
Et je tâche de la travailler.
À savoir : accepter qu'il y en ai (on est des êtres sociaux interdépendants), essayer le moins possible de la vivre avec une (ou des) personne(s) nominative(s) (=rendre ma dépendance adaptable, transposable à d'autres), revenir sans cesse à moi, tâcher de diversifier la manière de nourrir mes besoins, etc.
Alabama
Etc...
Je disais : je préfère l'amour au sentiment amoureux.
Ce que je nommais dans mes définitions : apprécier une personne pour ce qu'elle est, vouloir son bien, son bonheur, quelqu'il soit.
J'aime ce sentiment, et j'ai envie d'en ressentir plein dans ma vie. Et de fait j'en ressent plein, avec pas mal de personnes, même si c'est de façon variable, selon les personnes (avec certaines personnes c'est presque tout le temps, avec d'autres c'est de temps en temps, avec encore d'autres c'est très ponctuel).
Ce sentiment m'aide énormément à résoudre les conflits quand il y en a. Et m'aide beaucoup à accepter les choix de l'autre quand ils me semblent étranges, ou quand ils sont contradictoires avec mes envies.
J'aime sentir que c'est réciproque, mais ça n'est pas indispensable. Je dirais même que quand je le ressent ça n'est pas dans la réciprocité, c'est à sens unique, dirigé vers l'autre. Mais sans doute que la réciprocité nourrit ce sentiment sur la durée.
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artichaut
le vendredi 17 mai 2024 à 10h21
Xyn
Je n'ai plus le bouquin sous la main, mais Scott Peck exprime même que le sentiment amoureux réciproque est presque antinomique avec le fait d'aimer car il fige les "participants" dans une volonté de rester dans cet état (et donc empêche la croissance)
Je serais assez de cet avis. Être amoureux empêche d'aimer complétement.
Être amoureux pour moi, c'est s'aimer soi à travers l'autre, et du coup si par exemple l'autre veut s'éloigner (nous quitter, aller voir ailleurs, désintensifier le lien, etc), on le vivra mal et on risque de se sentir rejeté. Là où l'amour au contraire, va encourager l'autre à s'éloigner, si c'est ce qui est bien pour lui/elle, si c'est — selon les termes de Peck — ce qui encourage la croissance de l'autre.
Je prends souvent cet exemple de l'autre qui veut s'éloigner, car il me semble particulièrement significatif et signifiant.
Ce qui ne veut pas dire que je sois personnellement exempt de sentiments de jalousie à cet endroit, ou de sentiments de rejet, mais pour moi c'est un marqueur que je ne suis pas dans l'amour de l'autre. En prendre conscience, parfois ça me recentre sur mon amour pour moi (plus important, plus primordial), parfois inversement ça me reconnecte à mon amour pour l'autre, me reconnecte à ma compersion et évacue mon sentiment de rejet ou de détresse affective.
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artichaut
le vendredi 17 mai 2024 à 10h27
Alabama
Je vis cette forme de curiosité à la fois dans le sentiment amoureux, et dans l'amour parental
Mais du coup je ne vois pas trop la différence que tu fait.
Perso, j'ai tendance à mettre une barrière psychologique avec la famille : je ne peux pas être amoureux de membre de ma famille.
Comme pour le sexe, c'est ce qui me permet de poser la frontière.
La sexualité/sensualité c'est les partages de corps et d'émotion que je m'interdirais, ou qui me mettrais mal à l'aise, de vivre/ressentir avec des membres de ma famille (typiquement mes enfants).
Le sentiment amoureux c'est les partages de sentiment et de projection que je m'interdirais, ou qui me mettrais mal à l'aise, de vivre/ressentir avec des membres de ma famille (typiquement mes enfants).
Or comme les sentiments que je vis pour certains membres de ma famille sont en tout point identiques à ce que je vis avec mes multiples relations, ce n'est pas du sentiment amoureux, c'est de l'amour. CQFD.
Alabama
D'ailleurs je ne serais pas contre avoir du sentiment amoureux plus souvent pour mes amies. Je trouve que je n'en serais qu'une meilleure amie.
Présenté, comme tu le présente (le sentiment amoureux), oui, ça a l'air super d'avoir du sentiment amoureux avec ses ami·e·s (curiosité élargie et envie de proximité physique, notamment).
Ça n'est peut-être rien d'autre que ça mon changement de paradigme : élargir les champs de la curiosité et de la proximité physique, à énormément plus de personnes que ce qu'on a l'habitude de faire (typiquement les seuls liens de couple)
…mais sans imposer, sans quémander, sans réclamer, …juste en allant chercher ce qui est possible là où c'est possible.
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Alabama
le vendredi 17 mai 2024 à 11h03
artichaut
Je serais assez de cet avis. Être amoureux empêche d'aimer complétement.
Être amoureux pour moi, c'est s'aimer soi à travers l'autre, et du coup si par exemple l'autre veut s'éloigner (nous quitter, aller voir ailleurs, désintensifier le lien, etc), on le vivra mal et on risque de se sentir rejeté. Là où l'amour au contraire, va encourager l'autre à s'éloigner, si c'est ce qui est bien pour lui/elle, si c'est — selon les termes de Peck — ce qui encourage la croissance de l'autre.
Je prends souvent cet exemple de l'autre qui veut s'éloigner, car il me semble particulièrement significatif et signifiant (ce qui ne veut pas dire que je sois personnellement exempt de sentiments de jalousie à cet endroit, ou de sentiments de rejet, mais pour moi c'est un marqueur que je suis en train de perdre mon amour pour l'autre).
Oui l’amour c’est vouloir ce qui est bon pour l’autre, et sans imposer quoi que ce soit. Selon tes termes, je perçois plutôt de la compersion dans ce que tu dis. Qui fait partie de l’amour, mais qui n’empêche pas de ressentir de la jalousie, de la tristesse etc… Quand une personnne très proche s’éloigne géographiquement, oui je suis contente pour cette personne car c’est ce dont elle a besoin, mais ça n’empêche en rien que j’en sois triste, que j’aie un deuil à traverser de ce que je projetais dans notre relation. Ce n’est pas du tout réservé à la relation amoureuse de mon expérience ! Pour moi c’est lié à l’attachement que l’on éprouve pour quelqu’un.
C’est intéressant de réfléchir à pourquoi je ne suis pas amoureuse de ma fille. Peut-être que je n’utilise pas bien ce terme. Car ça ne me paraîtrait pas bizarre d’être amoureuse de ma fille. Je n’y mets aucune connotation sexuelle quand je le dis comme ça. C’est plus une manière de désigner un amour très fort par moments, très joyeux, qui me donne envie de serrer l’autre dans mes bras.
Peut-être que je comprends enfin ce que ça veut dire être amoureux pour une personne asexuelle ?!