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Lausanne (Suisse)

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Discussion : Agressions sexuelles. La parole (manquante) des hommes.

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TDC

le mardi 17 novembre 2020 à 07h56

Je lis ce matin, dans mon canard local, un article concernant un psychiatre accusé de viol sur deux ex-patientes.

La loi, par chez moi, a fait foi dans la réponse de la commission de déontologie que l'une des patientes a contactée: l'abus rapporté ayant eu lieu longtemps après la fin de la relation thérapeutique, la plainte n'est pas recevable. Il a fallu un immense courage à cette patiente pour aller plus loin, car même le médecin cantonal est bloqué dans un cas pareil, même s'il a de bonnes intentions.

Ceci posé, comme cadre pour comprendre le lieu psychique où se sont déroulés les faits, je percute sur deux remarques faites par la plaignante:

- "Je ne pouvais pas décevoir mon psy, un dieu pour moi"

Un acte sexuel apparemment consenti, peut donc se jouer sur la peur de voir la relation casser, bien plus que par désir réel. Même dans un couple solide...

- "Après 5 ans de thérapie, mon psychiatre me connaissait mieux que moi-même; il a pu méticuleusement préparer mes moments de faiblesse."

Le psy en question, pourtant spécialiste d'un trouble de la personnalité qu'il n'a jamais diagnostiqué chez la patiente, qui a découvert sa pathologie en consultant un autre psy plus tard, a donc évité de poser un cadre qui aurait clarifié pourquoi il devait en rester à des relations professionnelles, et utilisé des moments de détresse psychologique pour arriver à ses fins.

C'est un cas extrême; mais du coup ça me renvoie au fait que consciemment ou pas, une relation de pouvoir peut s'installer, et que consentir à une relation peut être de l'ordre de la peur sous-jacente de perdre la relation.

Comme sexagénaire, j'ai assez d'heures de vol pour me rappeler des circonstances où, sans désir réel, j'ai pu céder à des pressions du genre "t'es pas libérée", "faut pas laisser s'installer les toiles d'araignée", "l'équilibre passe par la sexualité". Ou alors, même sans paroles, des circonstances où je me suis dit "pourquoi pas", tout simplement. En étant parfaitement consciente que je n'étais pas dans un moment de désir, mais de conformité à des messages reçus depuis l'enfance.

La part de "faute", qui désigne victime et agresseur, devient ainsi difficile à poser. D'autant plus que la violence psychologique est difficile à déterminer, et peut s'exercer de manière bilatérale, et de façon si ténue qu'on ne s'en rend compte qu'après coup, en réfléchissant à ce qui fait qu'on sort d'un acte sexuel avec la sensation d'avoir été, ou de s'être, "sali(e)" plus qu'amusé ou d'avoir partagé une réelle intimité. La violence psychologique de cet ordre, est finalement tellement intégrée à la personnalité de la victime, qu'elle ne peut voir que quelque part, elle est victime... d'elle-même.

Message modifié par son auteur il y a 5 ans.

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Discussion : Agressions sexuelles. La parole (manquante) des hommes.

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TDC

le lundi 16 novembre 2020 à 08h40

Bonheur, je me réfère à un de tes posts de juillet 2019 (celui du 1er).

Indiquer à quelqu’un que l’on ne peut résister à une certaine caresse n’est pas anodin. Il y avait là un appel du pied assez net, même s’il était inconscient de sa part (et là, je doute un peu…)

Après… en discutant il y a bien longtemps avec un spécialiste de l’éducation sexuelle, j’ai été soulagée de mettre des mots sur un truc que je sentais confusément : en chacun, il y a l’Eros et l’Aphrodite. On parlait, en formation de soins, d’être confronté à une érection lors de la toilette intime.

L’Eros serait l’excitation-réflexe, qui ne s’adresse à personne en particulier ; l’Aphrodite est plutôt du ressort de l’élan personnalisé, qu’il soit passager ou durable.

L’excitation-réflexe, masculine ou féminine, est du même ordre que l’arc-réflexe - un message nerveux qui ne monte pas au cerveau, mais fait un aller-retour immédiat entre le point de contact corporel et la moelle épinière, et provoque par exemple le retrait immédiat de la main qui vient de se piquer à une épine de rose.

Par ailleurs, il me semble que l’on est conditionné à voir dans une érection un signe indubitable de consentement ; c’est visible, tangible, imparable et source de pas mal de malentendus. Chez les femmes, rien de tout cela, mais peut-être de la mouille, et pour qu’un (e) partenaire puisse s’en apercevoir, il faut au moins y mettre les doigts…

De l’extérieur, la confusion peut s’installer, si le corps dit « oui », mais que la tête et les tripes disent « non ».

Pour rebondir sur la suite de la conversation dans le fil, je dirais que seule la personne qui subit ou accepte le contact est à même de dire comment elle l’a ressenti, mais pas forcément de manière nette sur le moment. Et si l’Eros et l’Aphrodite s’emmêlent et se superposent, la confusion peut être déroutante, parce que les idées reçues ne permettent pas de faire le tri. Bander n’est pas forcément un signe de désir, pas plus que le fait de ne pas bander est un signe de non-désir, d’ailleurs.

Et puis, ceci : « Ma femme peut être excitée en moins de 10 secondes. Les hommes n'ont pas de ressenti différents des femmes. » me paraît intéressant à relever. Ce n’est pas une question de genre… mais d’individus. Partant, le même geste a des moments différents peut être reçu de façon différente. Pour moi il est plus question de sortir ses antennes, et d’avancer prudemment dans la montée de la manifestation contenue dans la réponse : un verre de bière en pleine gueule, c’est net.

Voici quelques situations où je me suis trouvée confrontée à des audaces plus ou moins bienvenues : une fraîche connaissance, un peu imbibé de bière (pas les vêtements, mais l’organisme !) me met un doigt dans la bouche, de manière inopinée, devant témoins. Je l’ai stoppé à la moitié de la première phalange, en mordant et en le fixant ; et progressivement, jusqu’à ce qu’il grimace de douleur et retire son doigt. Il a pris ses distances immédiatement, et n’y est jamais revenu.

Autre situation : sur un site de rencontres, le contact épistolaire avec un personnage particulier était de telle qualité que quand il m’a avoué son élan corporel (en des termes assez crus), je l’ai bien pris – au contraire d’autres messages du même tonneau, de la part d’autres hommes qui m’ont déplu.

On en a rediscuté… on s’est rencontrés bien plus tard, et comme je l’avais pressenti, il se trouve que cette personne a besoin de fumer de la weed et de boire pas mal d’alcool pour oser manifester son désir. Nos relations se sont alors installées dans un retrait prudent de part et d’autre, et nous tentons actuellement de faire connaissance IRL pour laisser évoluer la relation.

Après tout ça, j’ose enfin le dire : si j’ai eu des comportements du style que tu décris, artichaut, et en tant que femme, je le souligne… c’est que j’étais en apprentissage de communication sur tous les plans. Le chemin peut être très long pour conscientiser que l’on a agi en intimidation, manipulation (inconsciente ou pas), et surtout en se fondant sur des comportements masculins. Par exemple : si eux peuvent, pourquoi ne le pourrais-je pas…(un exemple de parité malsaine !)

En ce sens, la réflexion que tu proposes peut profiter aux deux genres, du moment que le bourrinage n’est pas une exclusivité masculine…et OUI, vouloir forcer l’explication peut simplement perpétuer la situation d’abus.

Autre chose : « incivilité sexuelle », j’aime bien le terme. Et cette espèce de lieu commun qui fait que le ventre des femmes enceintes est une sorte de zone publique… me renvoie à l’idée générale que les femmes, nous sommes éduquées à ne pas relever les incivilités. Il y a un double travail à faire : pour les femmes, manifester le « NON », même sur des choses qui semblent anodines. Pour les hommes, repérer les signes qu’une audace qui peut être bienvenue de la part de quelqu’un, dans une situation particulière, peut être de trop même avec cette même personne, à un autre moment. Rien n’est acquis, même dans un couple !

Ensuite, partager sur de telles conscientisations : car les femmes peuvent également commettre des incivilités sexuelles…et les hommes qui font ce travail de s’interroger, de remettre en question leur communication verbale, comportementale, eh bien ils ont déjà pris le virage d’une saine réflexion. Et comme qui peut le plus peut le moins, le genre humain pourrait être en bonne voie.

Surtout à réfléchir que c’est le genrisme qui est dommageable aux relations. Au-delà de notre paire de chromosomes sexuels individuels, c’est la qualité de la rencontre qui doit primer, quelle que soit la manière, l’endroit, le lieu psychique de la relation.

Et ton dernier post, artichaut, qui date de quelques mois… relance des pistes d’introspection. Jamais trop tard pour évoluer !

Message modifié par son auteur il y a 5 ans.

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Discussion : Ce sentiment d’être bien plus que monogame comment vous est il venu ?

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TDC

le dimanche 15 novembre 2020 à 14h20

Comment ça m'est venu?

A force de constater que même des relations fortes m'enfermaient tellement dès le départ avec des projections multiples (les miennes, les leurs) que ça devenait un vrai repoussoir, au final.

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