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Discussion : Polyamour, asuexualité et frustration

Hofmann
le jeudi 01 septembre 2016 à 08h58
Bonjour,
Il y a quelques mois je pense avoir compris une chose importante vis à vis de mon couple. J'avais tendance à tomber beaucoup amoureux, à ressentir beaucoup de rancœur envers ma compagne et à la culpabiliser pour tout et rien.
Tout ça a bien changé et notre couple va beaucoup mieux, mais depuis j'ai d'autres problèmes, que je sais aujourd'hui liés à la frustration sexuelle.
J'ai enfin compris à force de dialogue que ma compagne n'était pas intéressée par le sexe. Au départ je lui en voulais et ressentais aussi une forme de frustration perverse, je m'explique : Pensant qu'elle n'aimait pas le sexe car elle n'y trouvait pas de plaisir, je me disais que c'était parce que nous faisions mal l'amour. Mais comme elle n'aimait pas ça, elle le faisait à l'époque finalement souvent à contrecœur, rendant l'amour aussi mauvais pour nous deux. Du coup je ne comprenais pas pourquoi elle n'essayait pas de me dire ce qui pourrait lui plaire et de me guider. En vérité ce sont des raisons purement physiques qui lui font ne pas s'intéresser aux sexe, et elle-même ne sait pas vraiment comment prendre réellement son pied au lit, ou tout du moins cela n'arrive que dans des circonstances rares (liées aux cycles, etc.). Je n'ai pas ce problème avec mon ex avec qui on peut parler de sexualité et de ses désirs personnels, et que j'ai pu faire jouir à égalité avec mon plaisir.
Beaucoup, depuis des années, m'ont conseillé de quitter ma compagne. Mais j'ai fait le choix de multiples fois de rester avec elle. Souvent je m'en voulais personnellement, m'accusant de préférer ma zone de confort. Mais je suis aujourd'hui sûr de vouloir réaliser un projet de vie avec elle.
Elle n'est pas polyamoureuse ou en tout cas n'a pas eu de relation parallèle à la notre, hormis une infidélité il y a très longtemps (au moment où mon comportement était le plus toxique), mais on peut désormais parler de nos sentiments vis à vis d'autres personnes sans que cela provoque de jalousie.
Je n'ai non plus noué de relation sérieuse en parallèle, n'ayant jamais su approcher les femmes ou leur montrer que j'étais disponible (toujours tendance à parler de ma copine --> fail).
Cela dit je me demandais votre avis sur cette histoire. J'aimerais rencontrer une autre personne avec qui je partagerai de nouvelles choses, avec qui je trouverai ce qui me manque pour sortir de cette frustration qui a des conséquences très mauvaises sur moi. Je ne sais pas si ça arrivera, mais je pense que ce serait une bonne chose.
Je comprends que le sexe puisse être le ciment du couple, mais je sais qu'il n'y a pas que le sexe dans le couple ! Et quitter quelqu'un qui n'aime pas le sexe, je comprends que ça puisse pousser des personnes asexuelles à faire semblant... C'est l'injonction à être sexué et performant sexuellement. Or cela n'amène qu'à des situations vraiment mauvaises. Faire l'amour avec quelqu'un qui le fait à contre-coeur ne peut pas être intéressant.
Voilà, peut-être que mon histoire éclairera d'autres personnes.
Message modifié par son auteur il y a 9 ans.
Discussion : Articles, livres, films...

Hofmann
le samedi 21 mars 2015 à 13h41
Hier j'ai regardé ce film : www.arkepix.com/kinok/DVD/YOSHIDA_Kiju/eros_massac...
Il parle d'un anarcho-écolo-féministe japonais du début du 20e siècle. C'est confondant. Il parle d'amour libre exactement comme j'ai commencé à le faire il y a deux ans et comme vous le faites sans doute. Tout ça n'a rien de bien nouveau. Tous ceux capables de remettre en cause la doxa et voulant se réapproprier un concept tel que l'amour peuvent en arriver à ces conclusions.
Discussion : Des cafés polys à la campagne en Midi-Pyrénées...

Hofmann
le lundi 19 janvier 2015 à 11h06
Bonjour,
Je suis Ariège et ça serait intéressant de rencontrer d'autres poly dans le département. Mes amis poly vivent loin ! Et c'est tellement rare de pouvoir parler d'amour de ce point de vue là sans être mal vu !
Par contre je ne connais pas d'endroit cool pour ça, même si je pense qu'il y aurait moyen d'organiser un café-débat autour de ce sujet à l'Equi'Table par exemple à Foix, autant pour les initiés que les curieux.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : L'amour Libre (texte)

Hofmann
le mercredi 24 septembre 2014 à 10h56
Merci pour vos retours. C'est vrai que je devrais utiliser plus souvent l'interrogatif, c'est préférable face à des personnes qui ne sont pas dans la même optique et qui verraient ça comme une "leçon".
Ce texte c'est juste la mise en mots de ce que je ressens depuis certaines expériences et il a pour but d'être partagé en effet, pas de prêcher des convaincus ici
Merci. ;)
"Moins que soi". Oui j'utilise souvent cette expression quand je parle d'amour libre, de féminisme ou d'anarchisme. Ces trois philosophies très liées ont pour pour point commun d'essayer de retirer les entraves qu'ont les personnes à devenir elles-mêmes. Souvent sous la pression sociale et les normes, les gens ont tendance à accepter de laisser de côté des pans de leur personnalité, et d'abdiquer devant les règles implicites du monde. Parfois, on devient nous même ce qu'on déteste. On ressent des émotions contraires à nos valeurs telles que la jalousie et la frustration, qu'on sait néfastes. En tant qu'être sociaux, nous avons tendance à être capables de nous gommer pour mieux nous intégrer, ce qui bloque les progressions sociales.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
Discussion : L'amour Libre (texte)

Hofmann
le vendredi 19 septembre 2014 à 14h48
Un texte que j'ai écrit sur l'amour libre :
Comment parler d’amour d’une manière générale tant cette question est individuelle et recouvre un nombre important de réalités culturelles et sociétales. J’ai décidé d’essayer de parler de ma vision personnelle des choses, valable à l’instant présent, moi qui suis constamment bousculé dans mes certitudes et mes idéaux par des émotions souvent contradictoires et sans doute autant liées à un conditionnement social qu’à la nature humaine.
D’un naturel très réservé, ma première relation sérieuse avec une femme a commencé tard, j’étais déjà majeur depuis deux ans et entrais dans un tourbillon mental encore en cours aujourd’hui, celui de la lente prise de conscience de mon individualité et des grandes questions de la vie humaine.
Aujourd’hui l’idée conventionnelle du couple me parait clairement un bête artefact sociétal ancré en nous. Nous n’avons presque tous connu qu’un modèle autour de nous, celui du couple et du mariage. La réalité entourant ce modèle n’est pas reluisante. Pour ne pas sortir de ce modèle (la question ne se pose quasiment jamais), des amoureux vont soit se mentir entre eux, se tromper et immanquablement se faire souffrir, soit ignorer et étouffer leurs désirs quitte à faire grandir en eux de la frustration, prête à éclater au moindre sentiment d’injustice et éventuellement à se venger ensuite, mais immanquablement se faire souffrir.
Pourquoi accepter cela juste parce que “c’est comme ça”, parce que ça paraît plus fou d’essayer autre chose que de se faire souffrir alors qu’on s’aime ? L’amour et l’amitié sont des moyens pour les Hommes d’échanger de l’intimité et donc de faire du “chemin ensemble”, pas seulement parmi les autres êtres mais aussi sur son chemin personnel.
Par l'interaction émotionnelle et sincère, on avance, on apprend à se connaître et à connaître l’Humanité et la Vie. Chaque relation du genre est un cadeau de la vie et l’enrichissement permis fait de nous des gens meilleurs. Quel sens y a t’il à demander à quelqu’un qu’on aime de ne pas aimer d’autres êtres, de se limiter dans son avancement personnel, alors qu’on souhaite pour lui le meilleur et que ceci peut se faire dans la complicité et le partenariat plutôt que le mensonge et les coups bas ?
Pour le seul sauvetage du mythe du prince charmant, du mariage (qui plus qu’un pacte d’amour est un pacte de possession) et la reproduction du modèle parental (dont on a pourtant eu tout le loisir d’observer les écueils), sommes-nous réellement prêts à limiter celui ou celle qu’on aime et à favoriser conflit et douleur ?
Il y a autant de formes d’amour possibles que d’êtres et une même personne peut avoir des relations amoureuses simultanées, différentes (avec ou sans sexe, etc.) et surtout non concurrentes du moment que chacun est à l’écoute des autres et leur accorde tout le respect auquel ils ont naturellement droit. Tout l’amour qu’on donne et reçoit n’est que du “plus”, jamais quelque chose qu’on retire à d’autres. Une personne voulant imposer sa vision unique et immobile de l’amour aux autres est fatalement dans l’erreur.
Quand on imagine l'amour libre, on pense souvent à quelque chose d'instable, de frivole voire sans consistance. Pourtant l'amour libre n'implique pas forcément de nombreuses relations et au contraire permet de développer des sentiments bien plus sincères que les relations conventionnelles permises par le concept de couple exclusif.
J'ai toujours dit à ma compagne que si elle éprouvait de l'attirance, des sentiments pour quelqu'un, elle ne devait pas les renier mais être sincère à ce sujet avec moi. J'avais déjà en moi malgré cela une peur que chacun connaît, celle de l'insécurité affective, qui dans mon cas s'exprimait de cette façon :
« D'accord, je veux qu'elle soit libre, mais étant une belle femme, elle risque d'avoir facilement de multiples relations tandis que moi, je serai bien seul et lésé dans cette histoire ».
Voilà la peur, à peu de choses près, qui fait du mal à de nombreux couples, d'une part le sentiment qu'on finira par tomber amoureux de quelqu'un d'autre, et parfois l'idée que ce serait malsain pour soi-même de refuser la chose, mais d'autre part l'inquiétude qu'on soit « perdant » dans l'affaire si cette possibilité s'offrait à nous deux.
Oui, effectivement une peur égoïste, et la honte pour soi-même de voir une relation comme un « marché » avec des gagnants, des perdants, un prix ou des bénéfices à obtenir.
En réalité, opter pour le couple exclusif implique forcément un certain manque de sincérité « pour protéger » l'autre comme on dit. Ne pas dire ce que l'on ressent pour un/une autre, et souvent se refréner, être moins que soi, du coup, ou parfois, le pire de tout, céder et tromper. Ce qu'il y a de triste dans le fait de tromper n'est pas tant d'avoir cédé à ce qu'on souhaitait au plus profond de soi (puisqu'on a été jusqu'à mentir à une personne qu'on aime) que d'avoir refusé de dire les choses en toute sincérité pour voir ce que l'on pouvait faire, soit disant pour protéger l'autre, pour au final faire un coup bas à l'autre et risquer de lui faire ressentir frustration, colère, humiliation. Car c'est tout ce qui résulte d'un marché qui demande à chacun de refuser ses propres sentiments par peur de l'insécurité, si l'un des deux échoue, il sera fatalement renvoyé à tout ce qu'il a enduré, tout ce qu'il a refoulé, tout ce qu'il aurait pu avoir s'il n'avait pas respecté ce marché.
Et si le marché, c'était tout simplement d'être sincère sur ce que l'on ressent, d'être ouvert et à l'écoute de ce que l'autre a à dire, d'être bienveillant à son égard (c'est à dire vouloir qu'il soit heureux) et en tirer du bonheur. Car du moment qu'on dit tout, ses peines, ses joies, on peut soulager les premières, et partager les dernières.
Cela ne veut pas dire que l'on va copuler à tout va, qu'on va chercher à faire péter les scores... Non, on va juste vivre sa vie, son amour normalement, comme il en a toujours été mais sans refuser ce qui nous arrive ou ce qui arrive à l'autre. Si ça se trouve, on passera quand même sa vie à deux, puisqu'on en a peut-être l'envie. Mais au moins, on ne se refusera pas à dire je t'aime à quelqu'un d'autre si on l'aime, ou à en faire part à sa compagne ou son compagnon, ce qui créera ou amplifiera d'emblée une complicité réelle et profonde. Et on réfléchira ensemble à ce que chacun veut, on discutera de comment il le vit, si ça lui fait du mal ou du bien.
Et ça redonne à l'amour des perspectives infinies. Dans l'idée du couple exclusif, il n'y a qu'une seule vision de l'amour. Celle à deux donc, celle impliquant une sexualité unique, et des marchés implicites. L'idée de l'amour libre, c'est aussi de réinventer tout ça, de ne plus avoir de barrières autres que celles qu'on choisira réellement de plein gré, mais qu'on pourra toujours faire sauter si on trouve finalement qu'elles ne conviennent pas, si l'autre est d'accord. En gros, c'est simplement la liberté de faire ce que l'on veut, après en avoir discuté sincèrement, et en respectant l'autre et soi-même.